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PREOCCUPATIONS
ET PRIORITES DES
CITOYENS DE LA
RD CONGO

CEPAS
PREOCCUPATIONS ET
PRIORITES DES
CITOYENS DE LA RD CONGO

RAPPORT DE RECHERCHE

CEPAS
Octobre 2022
CEPAS, Octobre 2022
Rapport rédigé par Prosper Nzekani Zena
Mise en forme par Patrick Mavinga
REMERCIEMENTS

Cette recherche constitue la première étape du projet triennal intitulé


“Redevabilité, Participation et Engagement citoyen Responsable en Ré-
publique Démocratique du Congo” (REPERE 2024) du plan triennal
du Centre d’Etudes Pour l’Action Sociale (CEPAS) 2021-2024.

Le contenu de ce rapport reste de la responsabilité unique du CEPAS et


ne reflète pas les vues des bailleurs de fonds.

Ce rapport est aussi le résultat de l’engagement du CEPAS convaincu


du rôle qu’il est appelé à jouer dans la recherche des solutions en vue de
résoudre les priorités et les préoccupations des citoyens de la République
Démocratique du Congo.

Le CEPAS exprime sa gratitude aux nombreux participants des panels


de discussion et à toutes les personnes qui, de loin ou de près, ont con-
sacré de leur temps à ce travail en partageant leurs points de vue avec
l'équipe de la recherche. Nos remerciements vont particulièrement au
Père Directeur de CEPAS, Alain NZADI-a-NZADI, SJ, pour son im-
plication totale dans cette recherche.

Nos remerciements vont aussi aux organisations de la société civile, et


aux huit partis politiques, les plus représentés à l’Assemblée Nationale,
ayant accepté de se joindre à notre démarche.

Nous sommes aussi reconnaissants pour la coopération des habitants de


la Ville Province de Kinshasa, particulièrement ceux des Communes de
Bandalungwa Tshibangu, Limete Q. Résidentiel, Ndjili Q7, Limete
Kingabwa, Maluku Kimpoko et Ngaliema Camp Luka, pour leur dé-
vouement et contribution durant la phase de collecte des données et
dont le présent rapport traduit le résultat de leur perception des priori-
tés et préoccupations sus-évoquées.

-1-
Enfin, nous exprimons aussi notre profonde gratitude aux différentes
personnes non citées mais ayant contribuées de loin ou de près, d’une
manière ou d’une autre à la réalisation et la réussite de cette recherche.

-2-
ACRONYMES

ADSKA : Association pour le Développement So-


cio-économique du Kasaï
AJP : Adjonction des Jeunes Pragmatiques
CAFILODED : Centre d’Appui et de Formation aux Ini-
tiatives Locales de Développement Du-
rable
CECIPAC : Centre d’Education Civique pour la Par-
ticipation Citoyenne
CENI : Commission Electorale Nationale Indé-
pendante
CEPAS : Centre d’Etudes Pour l’Action Sociale
FG, FGD, FGDs : Focus Group, Focus Group de Discus-
sion, Groupe de discussion
IDH : Indice de Développement Humain
MEC : Mouvement pour l’Emergence du Camp
LUKA
MLC : Mouvement de Libération du Congo
MORESO : Mouvement pour la Reforme Sociale
NDI : National Democratic Institute
PCD : Parti des Congolais pour le Développe-
ment
PPRD : Parti du Peuple pour la Reconstruction
et la Démocratie
Q. : Quartier
RCD/GOMA : Rassemblement Congolais pour la Dé-
mocratie/GOMA
RDC, RD Congo : République Démocratique du Congo

-3-
REPERE 2024 : “REdevabilité, Participation et Engage-
ment citoyen REsponsable en Répu-
blique Démocratique du Congo” projet
triennal CEPAS
SMIG : Salaire Minimum Interprofessionnel Ga-
ranti
SPSS : Statiscal Package for Social Sciences
UDPS : Union pour la Démocratie et le Progrès
Social
UNAJAC : Union Nationale des Jeunes Acteurs du
Changement
UNC : Union pour la Nation Congolaise

-4-
TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ........................................................................... 1
ACRONYMES .................................................................................... 3
TABLE DES MATIERES ................................................................... 5
RESUME EXECUTIF ......................................................................... 7
I. INTRODUCTION ET CONTEXTE ............................................ 13
II. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE ............................................ 19
2.1. OBJECTIF GLOBAL ......................................................... 19
2.2. OBJECTIFS SPECIFIQUES .............................................. 19
III. METHODOLOGIE .................................................................... 21
3.1. PLANIFICATION ET CONDUITE DE L’ETUDE ........ 21
3.2. CRITERIUM....................................................................... 22
3.3. DEPLOIEMENT SUR TERRAIN .................................... 23
3.4. PHASES DE LA MISE EN ŒUVRE ............................... 24
IV. RESULTATS ............................................................................... 29
4.1. PAR RAPPORT AUX ENJEUX (PREOCCUPATIONS)
SOCIOPOLITIQUES ET ECONOMIQUES DE LA
POPULATION.................................................................. 29
4.2. PAR RAPPORT A LA PERCEPTION DES PARTIS
POLITIQUES CONGOLAIS PAR LA POPULATION
ET LA PRATIQUE DEMOCRATIQUE ......................... 29
4.3. PAR RAPPORT A LA PERFORMANCE DES PARTIS
POLITIQUES FACE AUX ENJEUX IDENTIFIES ........ 31
V. RECOMMANDATIONS ........................................................... 33
5.1. CONCERNANT LE SOCIAL : ....................................... 33

-5-
5.2. CONCERNANT L’ÉCONOMIE : .................................. 36
5.3. CONCERNANT L’EDUCATION .................................. 37
5.4. CONCERNANT LA SECURITE, ................................... 39
5.5. CONCERNANT LA DEMOCRATIE, ........................... 42
VI. CONCLUSION .......................................................................... 45

-6-
RESUME EXECUTIF

Le CEPAS a lancé officiellement depuis le 3 novembre 2021 der-


nier devant 102 organisations de la société civile, partenaires
opérationnels effectifs ou potentiels ainsi que 8 partis politiques,
la mise en œuvre de son projet triennal 2021-2024 intitulé “REde-
vabilité, Participation et Engagement citoyen REsponsable en
République Démocratique du Congo” (REPERE 2024).

La première étape de ce projet ambitieux est la conduite d’une


recherche en vue de capturer les priorités et les préoccupations
de la population congolaise.

Cette recherche essentiellement de terrain entend, à travers la


mise en œuvre d’une série d’actions spécifiques, contribuer à la
qualité de la gouvernance publique en RDC actuellement très dé-
ficitaire.

La recherche a été coordonnée, particulièrement dès l’exploita-


tion des résultats des groupes de discussion, par le chercheur se-
nior NZEKANI ZENA Prosper, du pool des chercheurs et ex-
perts du CEPAS, assisté de Mr. NUMBE WA NUMBE Yannick,
Assistant au Département des Relations Internationales de l’Uni-
versité Pédagogique Nationale.

La recherche s’est déroulée sur six sites, dont trois dans un envi-
ronnement urbain (Bandalungwa Tshibangu, Limete Q. Résiden-
tiel et Ndjili Q7) et trois dans un environnement semi-rural (Li-
mete Kingabwa, Maluku Kimpoko et Ngaliema Camp Luka) ;
elle a été menée sur terrain par une équipe restreinte constituée,
pour une moitié, de représentants d’organisations de la société

-7-
civile et, pour l’autre moitié, de ceux de huit partis politiques les
plus représentés à l’Assemblée Nationale, ayant tous accepté de
se joindre à notre démarche.

La population-cible de cette recherche était constituée d’hommes


et femmes, jeunes (de 18 à 35 ans) et adultes (à partir de 36 ans),
repartis selon des groupes de deux niveaux d’éducation (les ins-
truits et les non instruits) et de deux niveaux de revenu annuel
(les faibles revenus, < 200$ et les revenus moyens, de 200 à
1000$).

Les conclusions de cette recherche seront utilisées comme outil


de travail dans la construction des initiatives visant à influencer
les politiques publiques afin qu’elles prennent en compte ce que
désire réellement la population et aussi pour qu’elles s’expri-
ment systématiquement de manière prospective pour prendre en
compte des desiderata de leurs membres d’une part et de la po-
pulation en général.

Il est prévu, pendant la session parlementaire de Septembre 2022,


une remise officielle de premières conclusions de cette recherche
aux parlementaires et au gouvernement, comme point de départ
pour engager les dirigeants et les décideurs publics sur les prio-
rités du peuple congolais.

Succinctement, du point de vue des résultats, la quasi-totalité des


répondants estiment que les domaines suivants devraient cons-
tituer une priorité du gouvernement et des partis politiques, il
s’agit du social (100%), de l’économie (97%), de l’éducation
(99,65%) et de la sécurité (75%).

-8-
100%
80%
60%
40%
20%
0%

i. Par rapport aux enjeux sociopolitiques et économiques de la


population :

- La quasi-totalité des répondants sont unanimes sur la si-


tuation actuelle du pays ; ils estiment que la RDC se di-
rige dans une mau-
vaise direction, eu
« La RDC se dirige dans une mauvaise di-
égard à l’insécurité
rection » (Ngaliema Camp Luka, semi-ru-
qui prévaut sur l’en-
ral)
semble du territoire « Nous ne marchons pas bien. Nous
national et l’absence sommes dans une mauvaise direction. Il y a
de justice qui est ap- une souffrance indescriptible, c’est difficile
pliquée selon la loi de trouver de quoi manger, le transport est
du plus fort. L’état difficile, pas d’hôpitaux, etc. » (Maluku-
de droit, cheval de Kimpoko, semi-rural)

bataille du Chef de
l’Etat, continue de paraître comme un slogan creux, outre
les préoccupations sur le déficit d’emploi formel et le so-
cial qui continue à se détériorer ;

-9-
- De principaux problèmes évoqués au cours des discus-
sions et auxquels la
RDC fait face au-
« Pour moi, le problème majeur, c’est
jourd’hui, l’éduca- d’abord le social, qui demeure préoccu-
tion et le social sont pant »
revenus plusieurs « Les problèmes majeurs sont les suivants :
fois (95,58%) ; ces le social (les conditions de vie de la popula-
tion sont précaires), l’éducation (la question
problèmes affectent
de l’éducation constitue un problème majeur
particulièrement la dans notre pays au regard du niveau de
jeunesse et les l’éducation de nos enfants), et la sécurité
femmes. (celle-ci n’est pas assurée, car l’insécurité
gagne du terrain de notre milieu). »
- Il est demandé aux (Ngaliema Camp luka, semi-rural)
leaders politiques
de porter plus d’at-
tention et de donner priorité à la santé, au social, à l’édu-
cation et à la sécurité ;

ii. Par rapport à la perception des partis politiques congolais


par la population et la pratique démocratique :

L’opinion prépondérante qui se dégage des entretiens avec


les enquêtés est que les partis politiques congolais militent
pour leurs intérêts et la conquête du pouvoir comme moyen
ultime pour satisfaire ces intérêts. Du coup, les intérêts de la
population sont, au mieux, relégués au second plan, au pire
ignorés. Nos répondants dénoncent la corruption, le népo-
tisme et le clientélisme devenus des pratiques consacrées,
alors qu’elles sont prohibées par les lois et règlements en vi-
gueur.

« Les autorités doivent aimer le pays, aimer la po-


pulation en défendant d’abord les intérêts de cette
dernière. Ils doivent aussi respecter la constitu-
tion » (Ndjili-quartier 7, Urbain)

- 10 -
« Nous ne voyons pas clair, donc les autorités de
l’Etat et leurs entourages sont là assis sur leurs
fauteuils, et ils ont liés le peuple et les besoins du
peuple dans des couches des bébés » (Limete Rési-
dentiel, Urbain)

Concernant la pratique démocratique, si la majorité des par-


ticipants estime que la démocratie est une bonne chose de par
les principes qu’elle garantit (libre expression ou opinion,
choix des dirigeants,
etc.), sa pratique est « La démocratie a quand même apporté la li-
biaisée en RD Congo où berté d’expression ; Elle a apporté aussi les
élections, nous sommes libres de voter. » (Li-
les participants consi-
mete Résidentiel/Urbain)
dèrent que les élections
ne sont pas libres, ni
transparentes ; les dirigeants réellement élus ne sont pas ceux
reconnus par les organes électoraux.

“La majorité des élus en vrai n’étaient pas des


élus, ils étaient nommés, alors ces genres de per-
sonnes n’ont rien à foutre avec le bien-être de la
population car ils savent qu’avec ou sans la popu-
lation ils auront le pouvoir parce qu’ils en achète-
ront à la CENI.”
« Ce n’est plus important, comme ils ont déjà
leurs élus qu’ils les placent directement. Nous
avions voté dernièrement sous la pluie et ça n’a
servi strictement à rien. » (Limete Résidentiel,
Urbain)

iii. Par rapport à la performance des partis politiques face aux


enjeux identifiés,

- Consécutivement au point ii. ci-dessus, les enquêtés sont


unanimes pour dire que les partis politiques congolais ne
sont pas performants.

- 11 -
- 12 -
I. INTRODUCTION ET CONTEXTE

La République Démocratique du Congo, jadis pays prospère et


émergent avec une population dynamique et travailleur à l’ac-
cession à l’indépendance en 19601, vit depuis une crise multi-
forme qui a impacté tous les secteurs de la vie nationale. Elle est
actuellement classée parmi les pays les plus pauvres du monde,
malgré ses immenses et scandaleuses ressources naturelles.

En effet, le sous-sol congolais compte parmi les plus riches du


monde grâce à ses ressources minières (diamants, cuivre, étain,
cobalt, or, etc.), ses potentialités énergétiques d’origine fossile,
solaire, éolienne et hydraulique outre d’abondantes ressources
forestières ainsi que des sols fertiles, idéals pour l'agriculture ; le
pays possède aussi un réseau des aires protégées qui couvre près
de 11% du territoire national avec en leur sein des paysages di-
versifiés, allant des forêts d’altitude, denses et humides, aux
zones de savanes, et il renferme notamment cinq sites du Patri-
moine Mondial.

Ces aires protégées, écosystèmes de la région, participent à l’at-


ténuation du changement climatique du monde en dépit des
fortes pressions qui s’y exerce, notamment le braconnage, la con-
version de l’utilisation des terres ou l’exploitation agricole et
l’utilisation illégale des pâturages dans les aires protégées, ou en-
core l’exploitation minière artisanale dans les zones protégées,
l’implantation de populations, l’exploitation illégale des res-
sources végétales (pour le bois d’œuvre et le bois de chauffe ou
la fabrication de la braise) et la pollution (provenant des

1
Sources include : World Bank

- 13 -
exploitations minières environnantes) ; les riches aires protégées
de la RD Congo renferment encore des espèces fauniques emblé-
matiques telles l’Okapi, le Gorille, le Paon congolais, etc.

Par ailleurs, des décennies de conflit récurent, aggravée par la


mauvaise gouvernance, a eu des effets dévastateurs sur tous les
secteurs de la vie nationale comme le démontre l’évolution en
dents de scie du PIB qui peine à aller loin du repère 1960, 62 ans
après l’indépendance. Le PIB a ainsi successivement baissé de US
$380 (1960) à US $120 en 2006 pour remonter timidement depuis
et atteindre US $ 556,81 à ce jour, donc légèrement supérieur à
1960.

Source : Banque Mondiale

- 14 -
Par ailleurs, le pays occupe le 169ème rang sur les 179 pays dans
le classement des pays sur l’IDH2 de 2021 avec un indice de 0,479
et un taux de remontée de l'indice de 1,01 % considérés comme
un indice FAIBLE et un pays EN VOIE DE DEVELOPPEMENT.

Perspectives monde, date de consultation 01/10/2022,


source Human Development Reports

2
Source : Human Development Reports : Il s'agit d'un indice composé qui mesure la qualité de vie
moyenne de la population d'un pays. Théoriquement, l'indice va de 0 à 1. Il tient compte de trois
dimensions du développement humain. D'abord, la possibilité d'avoir une vie longue et en santé
en se fondant sur l'espérance de vie à la naissance. Ensuite, le niveau de scolarisation, évalué à
partir du taux d'analphabétisme et de la fréquentation des différents niveaux du système scolaire.
Enfin, le standard de vie, calculé à partir du produit intérieur brut (PIB) par capita en tenant compte
de la parité du pouvoir d'achat (PPA) qui sert « à mesurer le pouvoir d'achat relatif des monnaies
de différents pays pour les mêmes types de biens et de services.
L’IDH classe les pays en quatre groupes selon leur indice : « très élevé », « élevé », « moyen » et
« faible ». Généralement, on considère un pays dont l'IDH est élevé ou très élevé comme déve-
loppé, un pays dont l'IDH est moyen en développement et un pays avec un IDH faible en voie de
développement.

- 15 -
La population paupérisée de la RD Congo vit actuellement avec
moins de moins de 1,90 USD3 par jour.

Les différentes démarches entreprises en vue de sortir le pays de


cette situation de précarité générale en dépit de ses immenses et
potentielles ressources naturelles n’aboutissent pas encore ;
même la gouvernance démocratique mise en place en 2006, n’ar-
rive pas à renverser la vapeur en vue du bien-être de sa popula-
tion et d’un essor économique avec effets profitables à toute la
nation pendant que le conflit récurrent perdure encore.
Entretemps, le système démocratique et son cycle électoral ins-
taurés en 2006 approche son quatrième terme.

La gouvernance de la troisième mandature démocratique en


cours depuis 2019 était porteuse de beaucoup d’espoirs, d’autant
qu’elle est dirigée par l’ancienne et légendaire opposition avec
comme lead sa fille ainée, l’UDPS ; malheureusement les espoirs
suscités se transforment chaque jour en désillusions au risque de
démotiver toute la population face à la gouvernance démocra-
tique outre les réactions violentes que ces désillusions pourraient
engendrer.

D’autre part, la mission du CEPAS4 et la nécessité de devancer


les événements et atténuer tant soit peu les mauvaises réactions
engendrées par les désillusions susmentionnées, justifient notre
démarche de quête des priorités et des préoccupations présentes
des citoyens congolais, entreprise dans le cadre du projet RE-
PERE 2024 du CEPAS.

3
https://www.banquemondiale.org/fr/country/drc/overview
4
« Se consacrer à la promotion de la justice et du développement humain intégral et solidaire en
République Démocratique du Congo par ses analyses, ses recherches et les actions consé-
quentes »

- 16 -
Ceci pour influencer les politiques publiques et en amenant les
décideurs politiques que sont les partis politiques associés à la
société civile à prendre en compte les vrais désidératas de la po-
pulation en vue de contribuer tant soi peu, à l'identification des
préoccupations et priorités de la population congolaise qui pour-
ront constituer plus tard, à court comme à long terme les actions
publiques des partis politiques, qui s’approprieraient de cette ex-
périence en l’intégrant dans leur vision politique et manière de
travailler.

En définitive, il sied de rappeler particulièrement aux partis po-


litiques l'importance d’avoir été intégré dans cette recherche, de
par leur mission principale qui est celle de « cristalliser les opi-
nions de la population afin d'en faire leurs actions publiques ».

- 17 -
- 18 -
II. OBJECTIFS DE L’ENQUETE

2.1. OBJECTIF GLOBAL

L’objectif global de cette recherche est d’apporter, grâce à une


information primaire, une contribution au développement, par
les décideurs politiques, des plans d’actions et des programmes
en réponse aux préoccupations de la population (notamment
dans le cadre de la préparation des échéances électorales). La re-
cherche vise également à démontrer aux partis politiques l’im-
portance des échanges réguliers avec la population dans le cadre
de leurs activités de planification et de stratégies de croissance.

2.2. OBJECTIFS SPECIFIQUES

i. Identifier et prioriser les préoccupations sociopolitiques, écono-


miques et démocratiques de la population :

- Identifier les principaux enjeux sociopolitiques et économiques


(ex. réformes institutionnelles, stabilité économique, construc-
tion et modernisation des infrastructures de base, amélioration
des conditions sociales, santé et bien-être, emploi, éducation,
sécurité publique, défense nationale, protection de l’environ-
nement, etc.) ;
- Déterminer les enjeux prioritaires, c’est-à-dire ceux sur quoi la
population veut que les leaders politiques portent le plus d’at-
tention ;
- Identifier plus spécifiquement les enjeux dits des “femmes”
et/ou des “jeunes”.
- Etablir la valeur de l’enjeu démocratique pour la population,
c’est-à-dire sonder la foi de la population en la démocratie, son

- 19 -
opinion sur l’évolution démocratique de dix dernières années
et ce qu’elle pense en être les perspectives d’avenir.

ii. Analyser la perception par la population du processus démocra-


tique :

- Évaluer le niveau d’adhésion de la population aux différents


processus démocratiques.

- 20 -
III. METHODOLOGIE

3.1. PLANIFICATION ET CONDUITE DE LA RECHERCHE

La planification de cette recherche a été réalisée par le CEPAS en


2021 et la recherche proprement dite a été lancée en Novembre
2021. La ville province de Kinshasa a été retenue comme site de
la recherche.

Une actualisation de la planification élaborée en 2021 a été effec-


tuée en août 2022 à Kinshasa par une équipe composée d’un
chercheur senior, membre du pool des chercheurs et experts du
Secteur d’Appui au Développement du CEPAS, et d’un assistant
en vue de la compilation, de l’analyse et de l’interprétation des
données de la recherche pour aboutir à la présentation d’un rap-
port préliminaire à un atelier de validation, avant la publication
du présent rapport final.

Conformément aux objectifs et aux termes de référence de la re-


cherche, l’approche qualitative ethnographique a été choisie
comme la meilleure démarche d’analyse. Cette démarche, qui est
un processus de recherche s’intéressant à l’expérience de la vie
quotidienne des individus dans un contexte particulier, essaie de
comprendre la perception des participants à partir des opinions
exprimées pendant les interviews au sein des FGDs, la codifica-
tion, l’analyse et l’interprétation des réponses des participants. 5

5
Y. Poisson, La recherche qualitative en éducation, 1990

- 21 -
La recherche a fait usage des interviews directes en face-à-face
dans 96 FGDs de six participants chacun, soit une population
cible de 576 personnes selon les détails ci-après.

3.2. CRITERIUM

Quatre critères de constitution des groupes ont été retenus :

i. Age : décomposé en deux sous-critères, les jeunes (de 18 à 35 ans),


les adultes (à partir de 36 ans). Vu l’écart entre 18 et 35 ans et le fait
que 36+ comprend beaucoup d’âges, il sera utile d’établir des quo-
tas d’âges pour arriver à une répartition d’âges adéquate à travers
les deux groupements d’âges principaux.

Par exemple :
18 à 35 : 2 participants de 18 à 24, 2 de 25 à 29, 2 de
30 à 35
36+ : 2 participants de 36 à 44, 2 de 45 à 60, 2 de 61
et plus.

ii. Sexe : Hommes et Femmes.


iii. Niveau d’éducation : décomposé en deux sous-critères, les instruits
et les non instruits.
Non-instruits : pas de formation formelle + éducation primaire +
études secondaires pas complètes.
Instruits : diplômés du niveau secondaire et diplômés du premier
cycle postsecondaire.
iv. Niveau de revenu : décomposé en deux sous-critères, les faibles re-
venus (<200$) et les revenus moyens (de 200 à 1000$).
N.B. : Les membres des partis politiques ou ceux engagés d’une
manière évidente dans la politique devront être écartés lors de cette
constitution des groupes.

- 22 -
3.3. DEPLOIEMENT SUR TERRAIN

Six (6) sites de recherche ont été retenus à travers la Ville Pro-
vince de Kinshasa, Capitale de la RD Congo, dont trois dans un
environnement urbain (Bandalungwa/Tshibangu, Limete/Q.
Résidentiel et Ndjili/Q7) et trois dans un environnement semi-
rural (Limete/Kingabwa, Maluku/Kimpoko et Ngaliema
/Camp Luka).

Le Focus Group a été l’unité de base de l’analyse. Les groupes


étaient homogènes, avec 6 participants pour chaque groupe. La
répartition par site s’est effectuée de la manière suivante :

Jeunes Adultes Total


F H F H F H
Catégories spécifiques
Education Avec 1 1 1 1 2 2
Sans 1 1 1 1 2 2
Revenu Faible 1 1 1 1 2 2
Moyen 1 1 1 1 2 2
Total 4 4 4 4 8 8

Ceci nous a donné un échantillon de 576 participants répartis


dans 96 FG (48 en milieu urbain et 48 en milieu semi-rural) de 6
personnes, soit 16 (8+8) FG pour chacun des 6 sites spécifiques
retenus de la façon suivante :

i. Limete (Résidentiel) : FG01 à FG16


ii. Ndjili (Quartier 7) : FG17 à FG32
iii. Maluku (Q. Kimpoko) : FG33 à FG46
iv. Ngaliema (Q. Camp Luka) : FG49 à FG64
v. Limete (Kingabwa) : FG65 à FG80
vi. Bandalungwa (Q. Tshibangu) : FG81 à FG96

- 23 -
Les FGD organisés ont été répartis, par enquêteur, comme pré-
senté dans le tableau ci-après. Le travail de terrain était exécuté
tous les deux jours, la journée intermédiaire servant à « augmen-
ter » les notes prises au cours des discussions. Les participants
ont été recrutés par les enquêteurs conformément aux critères ci-
dessus (point 2.3.1.), avec identification des lieux de rencontre et
de rendez-vous pour la journée de discussion.

TABLEAU DE REPARTITION DES FGDs PAR ENQUETEUR

Ndjili Bandal Limete Maluku Limete Ngaliema

# Organisation Enquêteur Q7 Tshibangu Résidentiel Kimpoko Kingabwa Camp Luka

16 FGDs 16 FGDs 16 FGDs 16 FGDs 16 FGDs 16 FGDs

1 MORESO Masisa Mayemba 8 : 17-25


2 MORESO Merveille Nsita 8 : 26-32
3 AC-KIN Prescillia Bitodi 6 : 81-86
4 PARLONS-EN Francis Mosanya 6 : 87-92
5 UDPS Hervé Boki Bonzenga 4 : 93-96
6 ADSKA Fifi Kandolo 6 : 01-06
7 CECIPAC Munkukuti Cyprien 6 : 07-12
8 UNC Rolex Atuna 4 : 13-16
9 AJP Séraphin Wenga 6 : 65-70
10 PALU François Wendo 6 : 71-76
11 UDPS Dolain Misambo 4 : 77-80
12 CAFILODED Fortuné Botshudiase 8 : 33-40
13 PCD Charles Mbelengenze 8 : 41-48
14 MEC Ibrahim Nsimba 6 : 49-54
15 UNAJAC Joslin Lengisa 6 : 55-61
16 MLC Mambanza Gerry 4 : 62-65

3.4. PHASES DE LA MISE EN ŒUVRE

Phase I. Préparation

1. Identification des membres de l’équipe dans la


base de données du CEPAS ;
2. Planification des aspects logistiques et administra-
tifs ;
3. Les déplacements du personnel vers le terrain, si
nécessaires ;

- 24 -
4. Les contacts pour les locations de véhicules et la
préparation et la signature des contrats ;
5. Harmonisation du budget

Phase II. Atelier de préparation du travail de terrain

1. Production et mise au point les outils de la re-


cherche (Guide d’entretiens pour les FG, Fiche de
prise de notes, Tableaux de synthétisation et de co-
dification des notes enrichies) ;
2. Conception de l’application EXCEL pour la saisie
et l’analyse des données ;
3. Identification et recrutement des personnes
source (non informées des objectifs de la recherche
afin d’éviter le filtrage dans leur choix des partici-
pants) pour la participation et la conduite des Fo-
cus Groupes : les facilitateurs des FG et les partici-
pants aux FG ;
4. Il était également important de s’assurer que les
participants recrutés ne soient pas informés des
objectifs du projet.
5. Test des outils de collecte des données ;
6. Test de l’application EXCEL pour la saisie et l’ana-
lyse des données ;
7. Finalisation des préparatifs administratifs : multi-
plication des documents (guide d’entretiens, fiche
de prise de notes, etc.), contrats des prestataires,
ordres de mission, autorisations diverses ;
8. Finalisation de la logistique (achat des matériels,
signature des contrats de location, etc.).

- 25 -
Phase III. Travail de terrain : préparation, collecte des données
et analyse

1. Formation des facilitateurs des FG et organisation


des équipes en groupes de travail efficace : tech-
nique de collecte des données et orientation logis-
tique ;
2. Déploiement des équipes sur terrain ;
3. Conduite des FGs et collection des données ;
4. Codification et saisie des données collectées ;
5. Compilation et analyse des données collectées.

Phase IV. Atelier de compilation des leçons apprises

1. Compilation et capitalisation pour la base de don-


nées du CEPAS ;
2. Appréciation de l’équipe sur la méthodologie par-
ticipative.

Phase V. Présentation du résumé des résultats de l’évaluation

1. Résumé des résultats de l’évaluation et des leçons


apprises : Pour réduire le temps nécessaire au ré-
sumé des résultats, il a été décidé que ce travail soit
effectué journellement au fil de l’évaluation. Les
notes transmises à la saisie ainsi que les notes enri-
chies et le résumé étaient organisés autour des
questions principales (cf. point 3 de la phase III).
2. Préparation des recommandations
3. Présentation du premier aperçu des résultats de la
recherche

- 26 -
Phase VI. Finalisation du rapport et dissémination

1. Rédaction du rapport ;
2. Soumission du rapport intérimaire, feedback, cor-
rection et soumission du rapport définitif
3. Organisation d’un atelier de validation
4. Finalisation du rapport de la recherche
5. Organisation de l’évènement de dissémination.

- 27 -
- 28 -
IV. RESULTATS

4.1. PAR RAPPORT AUX ENJEUX (PREOCCUPATIONS) SO-


CIOPOLITIQUES ET ECONOMIQUES DE LA POPULA-
TION

Il s’est agi d’identifier et de prioriser ces enjeux ou préoccupa-


tions.

L’évaluation de la situation générale du pays par la majorité des


participants à la recherche (93,58%) considère que la RD Congo
se dirige vers une mauvaise direction.

De trois principaux problèmes auxquels la RDC fait face au-


jourd’hui, le social, l’éducation, la sécurité, la justice et l’écono-
mie ont été cités plusieurs fois. Parmi ces principaux problèmes,
comme l’illustre le graphique en page 9, les plus répétitifs sont le
social et l’éducation qui sont revenus plusieurs fois comme pré-
occupations prioritaires identifiées devant bénéficier d’une at-
tention particulière des leaders politiques, à côté de l’emploi.

4.2. PAR RAPPORT A LA PERCEPTION DES PARTIS POLI-


TIQUES CONGOLAIS PAR LA POPULATION ET LA
PRATIQUE DEMOCRATIQUE

Les partis politiques sont perçus comme des structures d’accapa-


rement du pouvoir en vue du bien-être propre des membres du
parti, particulièrement de ses dirigeants.

- 29 -
Une évaluation de l’enjeu
démocratique pour la po- « Mauvaise car jusqu’aujourd’hui les gens
pulation a été faite à travers continuent à pleurer » ; « très mauvaise
la foi de celle-ci dans la dé- suite à l’augmentation de la souffrance » ;
« Faut le changement pour améliorer notre
mocratie ; son opinion sur
démocratie. » (Ndjili-quartier 7, Urbain)
l’évolution démocratique
de dix dernières années est
négative, alors que ses perspectives d’avenir semblent être
sombres.

La pratique démocratique, qui aurait pu être une bonne chose,


s’est retrouvée biaisée et est devenue une mauvaise chose car ses
principes de base, que sont la liberté d’opinion et d’expression,
la justice pour tous et le droit de manifester ne sont pas respectés.

En outre, si les élections sont une bonne chose dans la mesure où


elles permettent au peuple de se choisir ses dirigeants, la corrup-
tion, le népotisme et le clientélisme ayant prévalus lors des cycles
électoraux antérieurs enlèvent aux élections toute leur valeur, si-
gnification et crédibilité, car les dirigeants élus ne reflètent pas le
choix des électeurs.

Si les élections n’en demeurent


« Oui pour vivre le change- pas moins une obligation consti-
ment » ; « Oui que la vérité tutionnelle à respecter, les ci-
des urnes soit respectée ». toyens sont découragés d’aller
(Ndjili-quartier 7, Urbain)
aux élections en 2023 et refusent
de servir de tremplin aux autres.

- 30 -
4.3. PAR RAPPORT A LA PERFORMANCE DES PARTIS PO-
LITIQUES FACE AUX ENJEUX IDENTIFIES

Devant le silence de la recherche et considérant les opinions sus-


mentionnées, nous estimons que la performance des partis poli-
tiques par rapport aux enjeux en présence dans un environne-
ment d’un jeu démocratique biaisé ne peut être elle-même que
biaisée. A titre d’exemple, qu’est devenu le RCD-Goma depuis
les différents cycles électoraux de 2006 à ce jour ? Ou encore que
fait du pouvoir, l’ancienne fille ainée de l’opposition au pouvoir
depuis 2019, l’UDPS ? Pareillement, où va le PPRD, parti ayant
géré le pays depuis 2006 à ce jour et actuellement dans l’opposi-
tion ?

- 31 -
- 32 -
V. RECOMMANDATIONS

5.1. CONCERNANT LE SOCIAL :

Défini par le Dictionnaire Larousse6 comme « l’ensemble des ac-


tions relevant de l’amélioration des conditions de vie d’une société »,
pour les répondants à la recherche il signifie concrètement la dis-
ponibilité de l’emploi, l’accès à l’éducation, au logement, aux
soins de santé, à l’eau et l’électricité, ou encore le paiement aux
fonctionnaires des salaires leur permettant de faire face aux be-
soins primaires et la pratique des bas prix pour les denrées ali-
mentaires.

La synthèse des points de vues exprimés par les répondants de


cette recherche aboutit aux recommandations suivantes :

- Au parlement

▪ De voter des lois et d’en suivre


« Prendre des lois en faveur du so-
l’application en vue de faciliter cial, revoir à la hausse le budget de
la création d’emplois, l’accès à l’état très bas eu égard à nos ri-
l’éducation, au logement, aux chesses. » (Limete Résidentiel, ur-
soins de santé, à l’eau et l’élec- bain)
tricité,

- Au gouvernement

▪ De planifier et mettre en œuvre une politique soutenant

6
https://w.w.w.larousse.fr

- 33 -
l’emploi formel et l’entreprenariat des jeunes et une révi-
sion de différents salaires à charge du trésor,

« L’impayement et mauvaise rémunéra-


tion » ; « Salaire Amélioré et à manger. Sans
ces choses on ne va pas vivre » ;
« Amélioration ou augmentation des sa-
laires des enseignants pour soutenir la gra-
tuité » ;
« Salaire des fonctionnaires, Santé, Baisse
des prix » ; « Enseignent, Santé, Salaire » ;
(Ndjili-quartier 7, Urbain)

« L’Etat doit financer l’armée pour espérer


à une bonne sécurité ; l’amélioration des
conditions de vies de militaires ainsi que
leurs conditions de travail ; si les militaires
sont bien payés, les jeunes seront attirés à
servir le pays ; En améliorant les conditions
de vie de militaires. » (Ngaliema Camp luka,
Semi-rural).

▪ D’enrichir le programme de développement de 145 terri-


toires, avec comme lignes directrices les infrastructures
de base, les infrastructures de desserte agricole et inter-
provinciales à tout point de vue, des plans de défense du
territoire à tout point de vue au niveau provincial,
▪ De rendre effectif la loi budgétaire votée chaque année et
d’en augmenter le niveau.

- 34 -
« Nous voulons avoir la construction des
routes, hôpitaux … » ;

« Des routes à revoir, la famine, le transport.


C’est vraiment important pour nous. »
(Ndjili-quartier 7, Urbain)

- A la société civile :

▪ De poursuivre l’éducation citoyenne et démocratique de


la population,
▪ De poursuivre le plaidoyer en vue :

• D’une bonne application des valeurs démocratiques


(liberté d’opinion et d’expression, liberté de manifes-
ter, vérité des urnes, …),
• D’une structure électorale réellement indépendante
au besoin votée au suffrage universel par le peuple,
• D’une redistribution équitable des richesses du pays,

« Faire profiter les richesses du pays à tout le


monde » (Maluku-Kimpoko/Semi-rural)

• De la gratuité réelle de l’éducation jusqu’au niveau


secondaire,
• De la mise en application des principes de la santé
universelle,
• De la transparence dans la gestion des affaires pu-
bliques et la redevabilité.

- 35 -
5.2. CONCERNANT L’ÉCONOMIE :

Le Dictionnaire Larousse la définit comme « l’ensemble des activi-


tés d’une collectivité humaine relative à la production, à la distribution
et à la consommation des richesses ». Pour les répondants à la re-
cherche, elle devrait être aussi une priorité du gouvernement et
des partis politiques en RDC ; elle signifie pour eux l’épargne, la
capacité de production, les moyens pour répondre aux besoins
de la population, voire les poches de nos autorités politico-admi-
nistratives (sic, eu égard au niveau de corruption et de mauvaise
gouvernance).

La compilation des opinions des répondants de la recherche con-


duit aux recommandations ci-après :

- Aux différentes institutions de la République :

▪ La création des PME pour faciliter le problème de la ré-


sorption du chômage,

« Que l’Etat crée un fond pour financer les projets des


jeunes sur les PME car ces entreprises créeront des em-
plois et contribuerons à maximiser les recettes de l’Etat
avec les impôts et taxe ». (Ndjili-quartier 7 /Urbain)

▪ La création des industries de transformation de nos res-


sources naturelles localement,

« Il n’y a pas des grandes industries de transformations


au niveau local ; absence d’une politique économie pour
le pays » (Limete Résidentiel/Urbain).

- 36 -
▪ La mise en place et le respect strict des règles de bonne
gouvernance,
▪ Le vote d’une loi sur un SMIG-Salaire Minimum Inter-
professionnel Garanti constant,

« La publication d’une ordonnance relevant le niveau


du SMIG en RDC ». (Limete-Kingabwa/Semi-rural).

▪ Des lois et des mécanismes contre la corruption, le népo-


tisme et le clientélisme particulièrement au sein des ser-
vices publics,
▪ Le développement de l’agriculture,
▪ La réhabilitation des routes de desserte agricole et des
routes interprovinciales,

« La construction de routes de desserte agricole pour


doper la production paysanne et rurale ».
(Limete-Kingabwa/Semi-rural).

5.3. CONCERNANT L’EDUCATION

Le Dictionnaire Larousse la définit comme « l’ensemble des con-


naissances intellectuelles, culturelles, morales acquises dans un do-
maine par quelqu’un ou par un groupe ». Les répondants à la re-
cherche l’entendent comme l’instruction, le changement des
mentalités, la gratuité de l’enseignement, la formation des futurs
dirigeants et enfin comme la base et l’avenir d’un pays.

La quasi-totalité des répondants (99,65%) estime que l’éducation


devrait être le pilier de l’action gouvernementale et de

- 37 -
l’engagement des partis politiques.

Pour ce faire, la majorité des opinions récoltées recommande :

- Au parlement :

▪ De prendre les lois d’application devant faciliter la gra-


tuité de l’enseignement jusqu’au niveau secondaire, au-
delà du dispositif juridique qui existe déjà (notamment
les droits garantis par la Constitution).

- Au gouvernement :

▪ D’améliorer les conditions de vie et de travail des ensei-


gnants ;
▪ De construire de nouvelles infrastructures publiques de
l’enseignement afin de limiter les effectifs des auditoires
et des salles de classe ;
▪ Rendre effectif la gratuité de l'enseignement ;

« Felix a dit : « gratuité de l’enseignement ». Mais les


enseignants sont mal payés et n’enseignent pas bien,
nous pourrons dire qu’il n’y a pas de volonté à mettre
la gratuité en pratique et les textes régissant »
(Limete-Kingabwa/Semi-rural).

▪ Poursuivre la lutte contre la corruption et autres antiva-


leurs dans les milieux scolaires, académiques et d’ap-
prentissage ;
▪ Prévoir et mettre en œuvre un recyclage systématique et
permanent des enseignants de tous les niveaux.

- 38 -
« Revoir à la baisse les frais scolaires, rendre
réelle la gratuité et recycler les enseignants »
(Maluku-Kimpoko/Semi-rural)

- A la société civile :

▪ De poursuivre le plaidoyer sur la gratuité de l’enseigne-


ment ;
▪ D’inclure la lutte contre la corruption et autres antiva-
leurs dans les milieux scolaires, académiques et d'ap-
prentissage dans leurs actions au développement (église,
ONG, etc.).

5.4. CONCERNANT LA SECURITE,

Le Dictionnaire Larousse la définit comme « Une situation dans


laquelle quelqu'un, quelque chose n'est exposé à aucun danger, à aucun
risque, en particulier d'agression physique, d'accidents, de vol, de dété-
rioration, ou encore la Situation de quelqu'un qui se sent à l'abri du
danger, qui est rassuré ». Pour les répondants à la recherche, elle
devrait constituer aussi une des priorités urgentes et importantes
du Gouvernement et des Partis Politiques et elle signifie selon
eux la capacité de protéger les personnes et leurs biens, la pro-
tection du pays, le contrôle total du territoire national, le main-
tien de la paix, la garantie et le maintien de la sécurité sanitaire
et la prévention des épidémies et des pandémies ; et enfin la ca-
pacité de contrôler les frontières et les ennemis.

- 39 -
Les recommandations des répondants se résument comme suit :

- Au parlement :

▪ De poursuivre :

• La réforme de l’armée laquelle conformément aux


us et coutumes en la matière, ne peut se faire que
dans un cadre holistique (tenant compte de tous les
acteurs du domaine « Faut réformer l’armée et engager les per-
de sécurité) en com- sonnes instruites comme à l’époque de
plétant l’arsenal des MOBUTU » (Limete Résidentiel/Urbain).
lois de base et d’ap-
plication du système de la défense du territoire, sur
la réforme des forces de défense et de sécurité no-
tamment la doctrine et la stratégie militaire.
• La lutte contre l’infiltration des forces de défense et
de sécurité par les étrangers,

« L’Etat doit mettre du sérieux dans le re-


crutement des agents de la police, de l’ar-
mée et même des services de renseigne-
ments parce que nous sommes infiltrés
dans le domaine sécuritaire par des étran-
gers et nos propres frères corrompus » (Li-
mete Résidentiel/Urbain).

• Systématiser et renforcer le contrôle démocratique


des forces de sécurité et de défense (afin de combler
la carence de différentes stratégies qui jusqu’à pré-
sent n’a pas pu sécuriser le pays ;

- 40 -
▪ De suivre, contrôler et sanctionner l’application des lois
votées.

- Au gouvernement :

▪ D’intensifier la rééducation et la réinsertion des


KULUNA,
▪ De mettre les militaires et les policiers dans des meil-
leures conditions,
▪ De poursuivre la réforme de l’armée, de la police et de
toutes les forces de sécurité en privilégiant l’élitisme et le
patriotisme
▪ De construire des infrastructures militaires en vue de ca-
serner les militaires,
▪ D’améliorer les salaires des militaires et des policiers
pour éviter la corruption,
▪ De contrer l'infiltration de l'armée et de la police dès le
recrutement et d’autres mécanismes.

- A la société civile :

▪ De sensibiliser la communauté sur la dénonciation des


enfants et jeunes dit KULUNA et de collaborer avec le
gouvernement sur la permutation des personnels des po-
lices pour éviter la familiarité que certains ont créé avec
ces délinquants ;
▪ De militer en tant que défenseurs des droits humains sur
la rééducation et la réinsertion des KULUNA ;
▪ D’accompagner le parlement et le gouvernement dans les
actions de réforme des secteurs de sécurité et de justice,
notamment le contrôle démocratique des forces de sécu-
rité et de défense.

- 41 -
5.5. CONCERNANT LA DEMOCRATIE,

Définie comme un « Système politique, une forme de gouvernement


dans lequel la souveraineté émane du peuple7, un régime politique dans
lequel tous les citoyens participent aux décisions publiques et à la vie
politique de leur pays », pour les ré-
« La démocratie est une priorité que les di-
pondants, la démocratie est une rigeants et partis doivent prendre au sé-
des priorités qui devait exiger un rieux » (Maluku-Kimpoko/Semi-rural).
engagement sérieux de la part du
gouvernement et des Partis Politiques8.

Selon les participants à la recherche, elle signifie la liberté d'ex-


pression pour tous, le choix libre de ses propres dirigeants,

Ou encore la restauration de l'Etat de droit, la justice pour tous,


le respect de la loi en commençant par le président, le respect des
droits humains, la liberté de manifestation publique (marche,
meeting, etc.) et enfin l'organisation des élections libres et trans-
parentes et la proclamation de la vérité des urnes.

7
Système politique, une forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple.
[La démocratie politique est née dans la Grèce antique. Pourtant, ce n’est pas avant
le xviiie siècle que fut formulée la théorie de la séparation des pouvoirs (Montesquieu) et mis en
place le suffrage universel (États-Unis, 1776), qui en sont deux des fondements. Le respect des
libertés publiques est au cœur même du fonctionnement de la démocratie dite aujourd'hui « libé-
rale »]

- 42 -
Pour le domaine de la démocratie, la recherche recommande ce
qui suit :

- Au parlement et au gouvernement :

▪ De garantir la liberté d'expression et de marche pacifique,


▪ D’organiser de bonnes élections, libres et transparentes
▪ De laisser le peuple choisir ses propres dirigeants

« Il faut qu’on respecte le choix du peuple


lors des élections », (Ngaliema Camp luka,
Semi-rural)

▪ D’instaurer un véritable état de droit,


▪ De garantir l’usage de différentes voies prévues par la
constitution pour la consultation du peuple avant toute
prise de décision, par une garantir une gouvernance par-
ticipative, à la base.
▪ De préserver la liberté d'expression et de marche paci-
fique.

- A la société civile

▪ De consulter régulièrement la communauté avant de par-


ticiper à la table décisionnelle et de parler en leur nom,
▪ De poursuivre son plaidoyer en vue de l’Etat de droit, des
élections crédibles, libres et transparentes aboutissant ré-
ellement au choix de ses propres dirigeants le peuple.

- 43 -
- 44 -
VI. CONCLUSION

Outre les limites d’une étude de perception, liée à la subjectivité


de ses trois étapes que sont la perception sensorielle, perceptive
et cognitive en plus de l’influence des besoins individuels liés
aux revenus, aux centres d'intérêt, qui font que la cible ne va pas
accorder la même importance à ce qui lui est proposé9, il est im-
portant de garder à l'esprit qu'il s'agit d'une recherche sur la per-
ception et que les données reflètent d’abord les idées, les
croyances et les jugements de 576 citoyens kinois, microcosme de
la RDC, avant d’être généralisées et nous permettre d’apprendre
sur l’ensemble de la population congolaise particulièrement te-
nant compte du critérium susmentionné dont les caractéristiques
se retrouvent à quelques variantes près dans toute la RD Congo,
outre des questions pertinentes en cours de recherche.

Par ailleurs, la situation générale de la RDC à tous points de vue


mérite une attention particulière de la part de ses différentes ins-
titutions et de sa population, au risque de mettre en péril l’exis-
tence même de la nation et tous les efforts de refondation entre-
pris depuis les années 2000.

Les résultats de cette recherche signifient aussi que la population


consultée attend une action urgente de la part de ses dirigeants
pour relever la nation en général et en particulier les domaines
qui touchent directement à la vie quotidienne des citoyens, no-
tamment le social, l’économie, l’éducation et la sécurité qui, selon

9
La perception, une lecture du monde - Sciences Humaines, https://www.scienceshu-
maines.com › la-perception-une-le..

- 45 -
les participants à notre recherche, devraient favoriser les bonnes
pratiques démocratiques.

La recherche nous a aussi appris que la population est très refroi-


die en ce qui concerne les élections biaisées qui ne conduisent pas
au choix des dirigeants effectivement élus par les votants.

Ces résultats sont d’autant très intéressants car dégagés à


quelques mois de prochaines élections. Ils devraient ainsi per-
mettre aux différentes parties prenantes d’affûter leurs armes,
particulièrement celles devant présenter un bilan.

Ainsi, fort des opinions exprimées et des enjeux en présence, des


recommandations pertinentes ont été retenues dans les cinq do-
maines estimés prioritaires que sont le social, l’économie, l’édu-
cation, la sécurité et la démocratie.

- 46 -

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