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ANALYSE DE LA PRATIQUE
DU DIMENSIONNEMENT RATIONNEL
DES STRUCTURES DE CHAUSSÉES
AU SÉNÉGAL.
INFLUENCE DES PARAMÈTRES
D’ENTRÉE DANS LES CODES
DE CALCUL POUR LE RENFORCEMENT
DES CHAUSSÉES
Meïssa FALL, Enseignant-Chercheur,
Babacar SENGHOR, Ingénieur, Institut des Sciences de la Terre (IST), Faculté des Sciences et Techniques,
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD),
Aly LAKHOUNE, Ingénieur et Coordinateur Technique,
Centre Expérimental de Recherches et d’Etudes pour l’Equipement (CEREEQ) de Dakar-Hann
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conception et de dimensionnement en technique routière. MODÉLISATION DE L’ANCIENNE
Les seuls outils de référence demeurent les spécifications
routières élaborées avant les indépendances par les divers CHAUSSÉE
Laboratoires du Bâtiment et des Travaux Publics (LBTP)
Au Sénégal, dans la grande majorité des cas, l’ancienne
affiliés pour la plupart au CEBTP (Centre d’Études du
chaussée sera modélisée selon les représentations des
Bâtiment et des Travaux Publics) français.
figures 2 et 3. Dans le cas du tri couche, la couche de base
L’utilisation des méthodes dites « rationnelles » en technique est le plus souvent un matériau traité in situ, ne présentant
routière au Sénégal date de très longtemps. Même si les tech- pas de caractéristiques mécaniques très élevées, surtout
niques de dimensionnement utilisées dans le temps faisaient lorsqu’elle a subi les agressions du trafic pendant plusieurs
appel à des méthodes empiriques, la vérification des années.
contraintes et des déformations s’est toujours fait par l’appli-
cation des codes de calcul tels que Alizé III® ou Ecoroute®
du LCPC. A l’heure actuelle, tous les bureaux d’études et les
organismes gérant la construction routière utilisent essentiel-
lement ces moyens pour le dimensionnement routier.
LE DIMENSIONNEMENT RATIONNEL
DES STRUCTURES DE CHAUSSÉE
Le dimensionnement routier fait appel à une méthode de
calcul de l’épaisseur de la chaussée. Il consiste à évaluer le
niveau de sollicitation de la structure et de déterminer les
épaisseurs à donner aux différentes couches de la chaussée Figure 2 : Modélisation de la structure sans renforcement.
afin de réduire les contraintes et déformations à des valeurs
admissibles pour un trafic donné (MARTINEZ, 1982 et
1990). Le dimensionnement consiste en la mise en œuvre
d’un système qui, à partir des paramètres d’entrée (trafic,
type de structure et de plate forme) fournit les paramètres
de sortie (épaisseurs) recherchés. Sous l’optique du cher-
cheur (MARTINEZ, 1990), les phases ci-dessous restent
couplées ; les progrès réalisés dans les méthodes de dimen-
sionnement des structures, impliquent une meilleure
connaissance de leur fonctionnement mécanique répercu-
tée sur la conception de celles-ci. Par exemple, la connais- Figure 3 : Modélisation de l’ancienne chaussée.
0,3 x CBR
mz = ±±±±± en bars
APPLICATION ET INFLUENCE
1 + 0,7 log N DES PARAMÈTRES D’ENTRÉE
(N étant le trafic cumulé sur les deux sens et le CBR étant
DU MODÈLE
l’indice portant californien)
Exemple de dimensionnement proposé
– le sol de plate-forme est supposé obéir à la loi de tasse- La figure 4 traduit les choix techniques opérés à la suite
ment de la Shell (MARCHAND et al., 1983) d’une étude de projet sur la RN 2 reliant deux grandes
localités du Sénégal (DIAMNADIO et MBOUR). Il s’agit
¡z = 2,8.10-2 x N-0,25 en mm pour ce projet de renforcement d’élaborer un schéma de
dimensionnement reposant essentiellement sur la vérifica-
tion des contraintes et des déformations à partir de
Alize III®. Les résultats obtenus montrent toute la com-
DIMENSIONNEMENT OU RECHERCHE plexité du problème ainsi posé. Il existe des zones à chan-
D’UNE ÉPAISSEUR OPTIMALE gements de tracé, ce qui constitue pour ainsi dire des
structures neuves (donc à dimensionner autrement). Ainsi,
La structure renforcée sera modélisée par référence aux pour tout ce linéaire, il existe des tronçons dimensionnés
caractéristiques de la chaussée ancienne, avec sa couche de d’une part par des méthodes dites rationnelles et d’autre
renforcement (Eo, ho). La modélisation d’une telle struc- part des sections à dimensionner par des méthodes empi-
ture, aboutit à la détermination d’une contrainte pour les riques.
graves (améliorées au ciment ou non) et d’un allongement Les choix techniques opérés dans le cadre de cette étude
pour les matériaux hydrocarbonés (LCPC-SETRA, 1987). relèvent essentiellement du sentiment et des certitudes des
Pour aboutir à l’épaisseur ho recherchée, on est conduit à ingénieurs routiers chargés du projet, dans la mesure où
répéter le même calcul pour différentes épaisseurs d’une aucunes normes ou spécification n’est proposée par l’Etat
couche, ce qui permet de tracer une courbe indiquant la du Sénégal pour le dimensionnement des structures
variation de la contrainte en fonction de l’épaisseur corres- routières.
Figure 4 : Solution technique proposée pour le renforcement du tronçon Diamnadio - Mbour (RN 2).
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INFLUENCE DES PARAMÈTRES entre Thiés-Thiénaba/Séo-Diourbel. La mesure des
déflexions traduite à la figure 5 a très largement justifié le
D’ENTRÉE SUR LE DIMENSIONNEMENT choix du renforcement de l’axe Thiés-Diourbel. La figure 6
Dans ce qui suit, il sera étudié l’influence des caractéris- récapitule tous les choix techniques retenus pour ce projet.
tiques élastiques, ainsi que du type de liaison à l’interface L’étude que nous proposons de faire se base essentielle-
des couches, dans la détermination des épaisseurs de ren- ment sur les travaux effectués pour le renforcement de ce
forcement, faisant l’objet du dimensionnement par tronçon routier. Pour cela, on va considérer les caractéris-
Alizé III®. L’exemple pris dans le cadre de cette étude est tiques suivantes retenues au Sénégal pour le dimensionne-
le projet Banque Mondiale de renforcement de la RN 2 ment routier :
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Figure 10 : Evolution de la déformation verticale du sol
support en fonction du module de la latérite ciment Figure 13 : Evolution de l’épaisseur de renforcement
(Séo-Diourbel, PK 22+500-25). en enrobé dense en fonction de la variation
de son……………
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MODULES DE LATÉRITE CRUE – Renforcement avec 18 cm de latérite ciment obtenu avec
le module minimal et une interface collée (tableau IV).
Lorsqu’il s’agit de matériaux crus en couche de chaussée – Renforcement avec 26 cm de latérite ciment obtenu avec
(fondation ou base), la caractérisation du module élastique une interface décollée (tableau V).
est supposée faite par la relation suivante : Cette étude montre qu’une variation des paramètres d’en-
trée peut avoir des répercutions considérables en terme de
E = k x CBR en bars (50 < k < 100) coûts (tableau VI). Le dimensionnement doit non seule-
ment tenir compte de nos réalités économiques, mais aussi
Les résultats obtenus à la figure 17 montrent un comporte- doit permettre une pérennisation de nos ouvrages routiers.
ment assez différent de l’approximation ainsi utilisé.
CONCLUSION
INCIDENCE FINANCIÈRE
Les résultats de cette étude montrent toute l’importance
Dans cette partie, nous allons essayer de traduire en terme qu’il faut accorder au choix des valeurs des paramètres
de coûts, l’influence des paramètres d’entrée sur le dimen- d’entrée. En effet, un mauvais choix va se traduire par une
sionnement. Il faut signaler que cette étude est réalisée durée de service généralement inférieure à celle fixée dans
pour une section de 2 km (PK 22+500-25) sur le tronçon la phase de dimensionnement. L’introduction des méthodes
Séo-Diourbel. Elle est établie sur la base du devis des tra- de dimensionnement dites « rationnelles » s’est vite impo-
vaux de renforcement de la route Diamnadio-Mbour. La sée au Sénégal et dans l’optique d’une meilleure optimisa-
chaussée présente une largeur de 7 m et des accotements de tion des qualités routières, mais force est de croire que ces
1,5 m de large. Cette étude portera sur 3 cas : techniques requièrent des préalables qui sont essentielle-
– Renforcement avec 10 cm de latérite ciment, obtenu avec ment liés à une bonne acquisition des paramètres réels des
le module maximal de l’ancienne chaussée (tableau III). matériaux (sol support et matériaux de chaussée). Rares
TABLEAU III : Estimation du coût de la mise en œuvre de la latérite ciment pour un renforcement avec 10 cm.
Renforcement avec 10 cm de latérite-ciment (1 franc CFA = 100 francs français)
TABLEAU IV : Coût de la mise en œuvre de la latérite ciment pour un renforcement avec 18 cm.
Renforcement avec 18 cm de latérite-ciment
TABLEAU V : Estimation du coût de la mise en œuvre de la latérite ciment pour un renforcement avec 26 cm.
Renforcement avec 26 cm de latérite-ciment
sont les projets initiés au Sénégal où un accent est réelle- Comportement des graves non traitées et des sols
ment mis pour l’acquisition de ces informations capitales supports, Thèse Doctorat Ingénieur Etat, Université
même si l’on remarque que tous les projets routiers Montpellier II (1990).
(constructions neuves, renforcements, etc.) sont toujours REMILLON A. : Les recherches routières entreprises en
dimensionnés à l’aide des codes de dimensionnement sus Afrique d’expression française. Application à la
énumérés. La pratique de ces moyens de vérification des conception et au renforcement des chaussées écono-
contraintes et des déformations devrait être mieux pensée. miques, Annales de l’ITBTP (1967).
FALL M. : Identification et caractérisation mécanique de
Remerciements : trois graveleux latéritiques du Sénégal Occidental :
Application au domaine routier, Thèse Doctorat INPL
Les auteurs tiennent à remercier le CEREEQ pour avoir Nancy, (1993).
mis à notre disposition l’extraordinaire base de données AUTRET P., de BOISSOUDY A., MARCHANDS J.P. :
routières dont il dispose. Nos remerciements s’adressent Pratique d’Alize 3, 5e Conférence Internationale sur le
également au bureau d’études GIC (Groupement dimensionnement routier DELF (1982).
d’Ingénierie et de Construction) qui a bien voulu mettre
LCPC : Abaques bi couche Alize 3, Paris (1975).
à notre disposition les données de travaux routiers en
cours d’exécution. MARCHANDS J.P. et al : Quelques formules utiles pour le
calcul des chaussées sur petites calculatrices pro-
grammables. Bulletin de Liaison L.C.P.C n° 125,
(1983).
BIBLIOGRAPHIE LCPC : L’essai AASHO, Bulletin de Liaison L.C.P.C
(1966).
LIAUTAUD G. : La conception des corps de chaussée en LCPC-SETRA : Note pour l’utilisation d’Alize 3, (1987).
zone tropicale, Annales de l’ITBTP, n°146 (1971). BCEOM-CEBTP : Manuel de dimensionnement des
MARTINEZ J. : Contribution au dimensionnement des chaussées des pays tropicaux et désertiques, Tome 1,
chaussées souples. Comportement des matériaux et Edition Ministère Français Coop. et Développement
méthodes de calcul, Thèse Doctorat Ingénieur, INSA (1974).
de Rennes, (1982). BCEOM-CEBTP : Manuel sur les routes dans les pays tro-
MARTINEZ J. : Contribution au dimensionnement ration- picaux et désertiques, Tomes 1.2.3, Edition Ministère
nel des structures de chaussées souples et inverses. Français Coop. et Développement (1984).
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