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Analyse de Texte n°6 - Les Misérables : Le portrait de Fantine

Introduction :

Le roman des Misérables a été publié en 1862 par Victor Hugo, qui cherche dans
son œuvre à dépeindre le peuple et plus particulièrement les classes sociales pauvres
auxquelles appartiennent les différents héros du roman.
Dans ce texte, qui est un extrait de ce roman, il met en avant le sort tragique d’un
personnage féminin dont le nom est Fantine, une femme qu’il décrit comme belle qui a été
séduite puis abandonnée par un homme la laissant enceinte de sa fille Cosette qu’elle met
par la suite en pension chez une famille, les Thénardiers, qui l’utilisent comme servante et
qui réclament de plus en plus d’argent. Elle est utilisée ici par le narrateur pour représenter
un symbole de la pauvreté en montrant comment elle en arrive à la prostitution.
Il nous est donc nécessaire de comprendre comment à travers le portrait de Fantine,
Victor Hugo nous présente-t-il un symbole de la misère sociale au 19ème siècle ?
Pour cela, nous verrons tout d’abord la description d’un décor misérable des lignes 1
à 8, puis, dans les 4 lignes suivante, nous nous intéresserons à la déchéance physique de
Fantine, ensuite nous étudierons le portrait d’une victime de la ligne 12 à la ligne 21 et pour
finir, nous verrons la lettre de Thénardier avec la chute du texte dans les 7 dernières lignes.

1ère Partie : La description d’un décor misérable

Victor Hugo plante tout d’abord le décor, et nous fait comprendre dès le début du
texte que la situation de Fantine n’est pas récente comme le souligne le connecteur
temporel “depuis longtemps”.
Il montre la déchéance financière du personnage, elle vit tout en haut de son
immeuble ce qui, dans la littérature du 19ème siècle, était un symbole de pauvreté.
La pauvreté de Fantine est également mise en avant par un vocabulaire péjoratif
avec les termes “cellule” et “mansarde fermée”, ces expressions donnent l’impression d’une
prison et soulignent un sentiment d’enfermement du personnage avec une atmosphère
étouffante.
L’utilisation du présent de vérité générale ainsi que la description de la courbure du
plafond permettent à Victor Hugo d’inclure un effet de généralisation symbolique du pauvre
qui est représenté comme dominé par les autres.
Aux lignes 4 et 5, il décrit le peu de mobilier de la chambre de Fantine en utilisant
des adjectifs péjoratifs comme “loque” ou “dépaillée” ainsi que des déterminants singuliers
qui contribuent à créer une sensation de vide dans l’habitat du personnage. Ce sentiment de
vide et de manque est aussi appuyé par la négation “elle n’avait plus de lit” en début de
phrase, Victor Hugo montre également que l’utilisation du peu de choses qu’elle possède
n’est pas appropriée comme la loque qu’elle utilise comme couverture ou bien le pot à
beurre.

Il fait également ressortir les mauvaises conditions de vie du personnage, il montre qu’il fait
très froid puisque l’eau gèle, et qu’il fait très chaud l’été sous les toits dans la chaleur
étouffante puisque le rosier est desséché, il peut également être interprété comme le
symbole de la beauté de Fantine flétrie par la pauvreté.
On peut donc dire que le décor misérable ainsi que la description des conditions de vie
effroyables de Fantine permettent à Victor Hugo de généraliser la pauvreté au 19ème siècle
en la prenant comme un symbole de la misère sociale.

2ème Partie : La description de la déchéance physique du personnage :

Victor Hugo insiste ensuite sur l’apparence extérieure de Fantine à la ligne 8, on


assiste à une progression puisque Fantine perd d’abord la honte, sentiment intérieur,
contrairement à la coquetterie qu’elle perd ensuite et qui est un sentiment extérieur. Victor
Hugo nous fait une nouvelle fois part de son analyse avec la phrase nominale “Dernier
signe.”, il montre le caractère fatal de la destinée de Fantine.
Ensuite, le romancier décrit la négligence de Fantine, on a l’impression qu’elle a
perdu le goût de la vie, l’auteur nous fait savoir qu’elle est négligée par faute de temps ou
bien par indifférence, cela démontre que le regard des autres n’a plus d’importance pour
elle, on assiste à une déshumanisation progressive du personnage.
Dans cette partie du texte, Victor Hugo décrit un personnage pathétique qui montre
son apparence extérieure dans son apparence intérieure, ce qui montre sa déchéance
intérieure.

3ème Partie : Le portrait d’une victime :

Fantine est par la suite représentée par Victor Hugo comme une victime de ses
créanciers, l’expression “faire des scènes” renvoie à la colère et la violence permanente des
gens à qui elle doit de l’argent, c’est en cela qu’elle est une victime.
Cela est aussi montré dans la phrase suivante, je cite : “elle les trouvait dans la rue,
elle les retrouvait dans son escalier” ligne 13, le polyptote entre les termes “trouvaient” et
“retrouvaient” ainsi que l’anaphore mettent en avant un effet de répétition qui souligne un
harcèlement omniprésent.
La phrase suivante met en évidence la détresse profonde de Fantine qui passe ses
nuits à pleurer, conséquence du harcèlement qu’elle subit, ce qui montre qu’elle n’a
réellement jamais de repos car la nuit est normalement faite pour se reposer. On comprend
que l’objectif principal de l’auteur ici est d’attirer la pitié du lecteur et de nous identifier à elle
en détaillant assez précisément les scènes.
Après avoir décrit l’état psychologique de Fantine, Victor Hugo décrit son état
physique, qui est tout aussi déplorable, il décrit les symptômes d’une maladie pulmonaire
dont elle finira par mourir plus tard dans l'œuvre. Aux lignes 14 et 15, le narrateur décrit la
maladie de Fantine, qui a les yeux brillants et qui tousse énormément. Victor Hugo décrit
très précisément son état physique. Cette description retrace les conséquences de ses
conditions de vie, elle est victime de sa pauvreté jusqu’au fond de son corps.
La troisième chose dont Fantine est victime, c’est de la société et du monde du
travail, dans lequel elle est enfermée et qui lui est hostile. L’hyperbole “dix-sept heures par
jour” met en évidence des conditions de travail intolérables, et on observe d’ailleurs une
disproportion entre le salaire de Fantine et le nombre d'heures qu’elle passe à travailler. Elle
est donc en quelque sorte une esclave de la société dans sa vie professionnelle.
Victor Hugo souligne la détresse du personnage, qui parle au discours indirect libre,
je cite : “Que voulait-on d’elle bon Dieu !”, ce qui démontre la déchéance morale de Fantine
qui est confirmée dans la dernière phrase avec la métaphore de la bête farouche qui met en
scène la cruauté de la société envers elle.
Le narrateur cherche une nouvelle fois à faire naître de la pitié chez le lecteur en
montrant la peur du personnage notamment avec le terme “traquée”.
Ainsi, Victor Hugo dépeint le personnage de Fantine comme une victime de la
société dans le but de nous faire éprouver un sentiment de pitié et en même temps
dénoncer la société française du 19ème siècle.

4ème Partie : La lettre de Thénardier et la chute du texte :

Le connecteur de temps : “vers le même temps” à la ligne 21 précipite la fin de


l’action du récit. Le caractère de Thénardier est mis en évidence à travers sa lettre, c’est
quelqu’un d’hypocrite puisqu’il souligne sa bonté alors qu’il fait souffrir Fantine et la menace.
Cette lettre est odieuse car elle est pleine de chantage, Thénardier est en quelque
sorte le dernier bourreau de Fantine, ce chantage est visible par le terme “sinon” et
l’utilisation du conditionnel. La somme qu’il demande est énorme, on remarque d’ailleurs
qu’il s’exprime avec de nombreuses hyperboles, il sous-entend beaucoup de situations et
devient même vulgaire.
Dans ce texte, Thénardier est un symbole de cruauté et du caractère inhumain de la
société, c’est un personnage que l’on pourrait qualifier d’hyperbolique puisqu’il est beaucoup
exagéré par l’auteur.
Aux lignes 27 et 28, on assiste à une réelle prise de parole de Fantine, on comprend
qu’elle agit sous contrainte, elle n’a pas d’autre choix que de se prostituer, cela est donc mis
en avant par son discours direct, l’impératif “allons” souligne sa résiliation personnelle et fait
ressortir l’aspect tragique et dramatique de cette situation également mis en avant par des
phrases courtes.
Dans cette partie du texte, Victor Hugo dresse le portrait d’une société qui pousse
une femme à la prostitution dans le but de la critiquer. Il décrit cette société comme cruelle
et responsable de cette situation, il montre qu’elle n’a pas été capable d’avoir un sentiment
d’humanité pour Fantine.

Conclusion :

Ainsi, à travers la description d’un décor misérable et de la déchéance physique de


Fantine, Victor Hugo nous décrit un personnage victime de la société. La chute du texte
montre le caractère inhumain de la société vis à vis des misérables.
Le caractère et la situation de Fantine sont stylisés, Fantine est un symbole. Elle n’a
pas de défauts et son caractère n’est pas totalement humain. C’est un personnage
héroïque, mais la notion de héros va évoluer sous la plume des écrivains réalistes pour les
faire devenir réels comme Guy de Maupassant avec Georges Duroy dans Bel-Ami.

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