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COURS SUR LE MONOLOGUE DU MARIAGE DE FIGARO (lecture

bac n°5, séquence 2 )


INTRODUCTION
XVIIIème siècle => siècle des Lumières
Siècle de la réflexion, de la raison et de la dénonciation des inégalités
Contexte sociales
Les écrivains de ce siècle utilisent toutes les formes d’argumentation
(directe ou indirecte) pour dénoncer, revendiquer ou défendre.
Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, écrivain, dramaturge,
musicien et homme d'affaires français.

Éditeur de Voltaire, il est aussi à l'origine de la première loi en faveur


du droit d'auteur et le fondateur de la Société des auteurs. C’est un
homme d'action et de combats qui ne semble jamais désarmé face à
Auteur un ennemi ou à l'adversité. il est principalement connu pour son œuvre
dramatique, en particulier la trilogie de Figaro, sa vie se mêle
étrangement à ses œuvres.

Figure majeure du siècle des Lumières, il est considéré comme un


des annonciateurs de la Révolution française et de la liberté
d'opinion.
De 1775 à 1792, Beaumarchais publie une trilogie dramatique qui met
en scène la famille Almaviva: Le Barbier de Séville, La Folle journée
Œuvre ou le Mariage de Figaro et La Mère Coupable. Achevé en 1778, Le
Mariage de Figaro ne sera représenté qu’en 1784 après 6 années de
lutte contre la censure.
Dans cette dernière scène, Figaro poste Bazile, Bartholo, Antonio,
l'assistant du juge et une troupe de valets autour du lieu de rendez-vous
de Suzanne et du conte. Malgré les conseils de sa mère (qui lui a été
Extrait révélée avant), il est convaincu que Suzanne est sur le point de la
tromper et, en les attendant, médite longuement sur son malheureux
destin.
Figaro nous offre un monologue riche en réflexion
LECTURE
En quoi derrière la prise de parole de Figaro peut on entendre
Beaumarchais nous proposer une réflexion sur la société inégalitaire et
hypocrite de son époque ?
Problématique et
L.1 à 6 : Enervement envers sa femme
mouvements
L.6 à 12 : réflexion sur l’importance de la bonne naissance
L12 à 13 : Figaro revient rapidement dans son rôle de mari jaloux
L.13 à 27 : Nouvelle réflexion sur la naissance mais aussi sur la fausse
liberté d’expression

ANALYSE LINEAIRE

L1 à 6 : Enervement envers sa femme


Le début de ce Monologue nous présente un Figaro bien loin du porte-parole de Beaumarchais et
plus proche d’un amoureux blessé et jaloux qui pense prendre en défaut sa future femme en train
de le tromper. Il emploie d’ailleurs lui-même ce terme dans une interrogative rhétorique très
marquée. Son désespoir est marqué aussi par sa violence dans l’interjection « o femme ! femme !
femme » et surtout dans la périphrase « créature faible et décevante ». La phrase suivante permet
de replacer ce monologue dans le fil de la pièce : le comte après lui avoir promis de ne pas jouer
de ses droits l’a trompé c’est ce qui fait dire à Figaro que c’est un « perfide ». Malgré sa double
déception envers le comte mais aussi envers lui-même, il se qualifie d’ailleurs de « benêt » il
reprend en main son destin et s’affirme par l’emploi de ce double futur « vous ne l’aurez pas » et ce
« Non » puissant.

L.6 à 12 : Réflexion sur l’importance de la bonne naissance


Après s’être affirmé en tant qu’amant rejeté il va s’affirmer en tant que philosophe et commencer sa
réflexion sur l’importance, à cette époque, de la bonne naissance. C’est d’ailleurs pour cela qu’il
apporte une réponse par la conjonction de subordination de cause « parce que » rappelant
directement l’idiotie du rapprochement entre le statut « grand seigneur » et l’intelligence « grand
génie ». Il va par la suite détailler cela : certes le comte est puissant, riche et reconnu mais il n’a
rien fait pour obtenir cela comme le laisse comprendre l’interrogative rhétorique « qu’avez-vous fait
pour tant de biens ? « et la réponse qui suit rappelant que le seul atout du comte c’est sa naissance.
Par la suite il va se comparer à lui par la locution conjonctive « tandis que (moi) ». L’emploi du juron
« morbleu » permet de le remplacer dans son statut de valet mais cela finalement va renforcer ses
dires car effectivement malgré son statut de valet il a effectué bien plus de choses que le comte et
il semble être plus intelligent. Les nombreuses hyperboles et les pluriels utilisés des lignes 10 à 12
permettent de renforcer ses propos car à cela s’ajoute un terme qui démontre l’inutilité de l’action à
cette époque car elle permet « seulement » « de subsister ».

L.12 à 13 : Figaro revient rapidement à son rôle de mari jaloux


Même si le spectateur ou le lecteur et peut être même Figaro ont oublié les réelles raisons de ce
monologue cette prise de parole courte et saccadée « on vient…c’est elle … ce n’est personne »
replace l’action dans l’économie de la pièce. Il est là pour attendre et prendre au piège Suzanne, il
n’est pas serein. Cette courte phrase confirme également l’aspect dynamique de ce monologue qui
sera marqué à partir de ce point par les gestes de Figaro qui ne cessera de s’assoir et de se relever.

L.13 à 27 : Nouvelle réflexion sur la naissance mais aussi sur la fausse liberté d’expression
Ce court intermède n’empêche pas Figaro de reprendre son rôle de penseur juste après en revenant
sur son passé des lignes 13 à 17. Cette longue énumération rappelle ce qu’il disait juste avant :
malgré tous les efforts de Figaro pour effacer sa naissance anonyme, le fait d’être « fils de je sais
qui » ne lui permet d’arriver à rien car il est « partout…repoussé ». Son intelligence marquée par
l’évocation de son apprentissage de la « chimie, la pharmacie, la chirurgie » ne sert à rien car il
n’obtient qu’un petit rôle dans la société comme le montre l’expression imagée « une lancette
vétérinaire ». (Cf à la vie des picaros et à la vie de Beaumarchais lui-même)

Ce rappel le met hors de lui comme nous le montre la didascalie (il se lève). Il revient d’ailleurs à
son dialogue fictif avec le comte qu’il tutoie maintenant « je lui dirai ». Notons également qu'à partir
de là il commence une autre réflexion : celle sur la valeur d’un homme. La phrase suivante va même
marquer la pièce et c’est là véritablement que Figaro devient le vrai porte-parole de Beaumarchais :
les sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où l’on gêne le cours, que, sans la liberté de
blâmer il n’est point d’éloge flatteur ; et qu’il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits
écrits ». Figaro veut nous faire comprendre qu’un homme honnête et grand accepte éloge et
critique. Accepter les critiques est signe d’intelligence et de valeur, les autres sont à rabaisser
comme le montre l’emploi de la double occurrence du terme « petit ».
A partir de la ligne 20, Figaro se rassoit et ne semble plus s’adresser directement au comte. Il va
de plus commencer une nouvelle réflexion celle sur la liberté et plus largement la liberté
d’expression. La longue phrase de Figaro qui s’étend sur 6 lignes sert à marquer l’hypocrisie de ce
système de liberté d’expression qui semble s’être établie. En effet par la longue énumération
négative dans laquelle nous trouvons 9 occurrences de l’adverbe négatif « ni » : « ni de l’autorité,
ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de
l’Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose » Figaro fait
comprendre qu’en fait il ne peut parler de rien : ni de sujets sérieux, ni de sujets légers, ni des
personnes, ni d’aucun autres sujets. Il évoque aussi la censure officielle marquée par l’euphémisme
« deux ou trois censeurs » en plus de la censure officieuse évoquée précédemment.
La dernière phrase est percutante d’ironie et d’intérêt : Figaro se lance dans la rédaction du
« Journal inutile » tout est dit et que rajouter de plus.

CONCLUSION
En quoi derrière la prise de parole de Figaro peut-on entendre Beaumarchais
nous proposer une réflexion sur la société inégalitaire et hypocrite de son
époque ?
Rappel de la
problématique
➢ Figaro homme blessé
➢ Figaro homme de pensée qui réfléchit à l’importance de la naissance, à
la qualité d’un homme, à la liberté d’expression
Texte de
comparaison

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