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La décision du Conseil constitutionnel de censurer l’enseignement immersif des langues régionales

s’attaque à des établissements dont l’objectif n’a jamais été la sécession. La pratique d’une langue
n’en exclut aucune autre.

Le Conseil constitutionnel a censuré l’enseignement immersif des langues régionales en le


définissant comme «une méthode qui ne se borne pas à enseigner cette langue, mais consiste à
l’utiliser comme langue principale d’enseignement et comme langue de communication au sein de
l’établissement». Qu’il y ait ou non interprétation abusive de l’article 2 de la Constitution, il reste
une ambiguïté, puisque le Conseil condamne l’immersion en général, sans préciser à quelle
proportion la «langue principale d’enseignement» deviendrait licite.

Les établissements qui, depuis plusieurs décennies, pratiquent l’immersion n’ont pourtant pas
démérité de la République. Les inspections auxquelles ils sont soumis ne font pas état de dérives
identitaires ou séparatistes, et leurs performances, y compris en français, sont plutôt supérieures à
la moyenne : le lycée Diwan de Carhaix est régulièrement classé très haut dans les évaluations. Les
programmes d’immersion ne sont pas un projet antinational, œuvrant à on ne sait quel
remplacement : comme leurs nombreux homologues à travers le monde, leur objectif n’est pas la
sécession, mais le bilinguisme. Les soupçons dont ils font l’objet témoignent surtout d’une mauvaise
relation de la France à sa diversité linguistique interne et à la pluralité des langues en général.

Elyze est la nouvelle application politique dont tout le monde parle. Elle promet de redynamiser
l’implication des citoyens dans le processus démocratique grâce à son approche ludique,
personnalisée et interactive de la politique. Le principe est simple : l’appli vise à mieux cerner les
préférences des électeurs en les confrontant à des propositions issues des programmes des
candidats, ce qui lui permet de déterminer la proximité supposée avec un ou plusieurs candidats.
Surfant sur le succès des applications de rencontres, elle vous propose de trouver «l’âme sœur» en
politique. La démarche est séduisante. Elle est destinée à donner envie aux jeunes de se rendre aux
urnes, à lutter contre l’abstention record qui s’annonce dans cette catégorie de la population. Peut-
elle, à elle seule, réussir là où nos institutions sont à la peine ?

Evidemment non. Si elle peut être comprise comme une tentative de «réenchanter la démocratie»,
elle est également un symptôme des difficultés que connaît cette dernière, notamment sur sa
capacité à donner aux citoyens le sentiment qu’ils sont bien représentés et inclus dans les processus
démocratiques.

Elyze nous rappelle que les technologies ne peuvent pas être considérées comme neutres. Elles
embarquent avec elles les visions et les choix de leurs concepteurs. Une application numérique est la
«mise en technologie» de choix politiques spécifiques et d’une certaine conception de la
citoyenneté. Ici, l’appli contient de nombreux implicites : elle propose aux utilisateurs de classer les
candidats en se basant sur l’adhésion à des points de leurs programmes sans tenir compte d’autres
facteurs pourtant déterminants pour le vote comme le charisme, et la capacité de conviction. Son
fonctionnement manque de transparence et il est impossible de connaître les détails de la recette du
traitement algorithmique qui réalise la mise en relation.

La technologie proposée porte un modèle de démocratie d’opinion où le citoyen est considéré


comme un consommateur qui sélectionne des propositions sans avoir besoin de les confronter à
d’autres intérêts que les siens. La légitimité démocratique basée sur le dialogue et la capacité à
mobiliser largement les citoyens sont les principaux perdants de cette manière de concevoir la
politique.
Guerre en Ukraine : l’Europe face à une « nouvelle ère »

Il y a une certaine ironie à ce que l’Union européenne, ayant pris des sanctions d’une ampleur sans
précédent contre la Russie pour mettre son économie à genoux et tenter d’infléchir le cours de la
guerre en Ukraine, continue de verser chaque jour au même régime russe quelque 700 millions de
dollars (640 millions d’euros) pour assurer l’approvisionnement des Européens en gaz. Réunis à
Versailles, les jeudi 10 et vendredi 11 mars, les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept n’ont
pas trouvé le courage de mettre fin à cette contradiction, du moins à court terme.

Un embargo sur les hydrocarbures russes, comme le demande le président ukrainien, aurait
évidemment un coût majeur pour les économies des Etats membres de l’UE et un impact direct sur
la vie quotidienne de leurs citoyens. Ni les gouvernements ni les opinions publiques n’y sont prêts.
L’Allemagne et l’Italie, qui figurent parmi les pays les plus dépendants des énergies fossiles russes,
ont logiquement pesé de tout leur poids à Versailles pour résister à une mesure aussi radicale.

L’orientation est cependant désormais fixée : la Commission européenne est chargée d’élaborer un
plan visant à réduire la dépendance européenne au gaz russe de deux tiers d’ici à la fin de l’année
2022 et à y mettre fin d’ici à 2027. « C’est faisable », a affirmé sa présidente, Ursula von der Leyen. Il
n’est pas impossible que la tournure des événements, en Ukraine et en Russie, lui impose une
accélération. Les gouvernements et les responsables économiques doivent se préparer à cette
éventualité – et alerter les consommateurs européens. (…)

Enfin, les Vingt-Sept ont réaffirmé leur volonté d’augmenter leur effort de défense commune,
revenue au centre des priorités face à un régime russe sur lequel ils ont enfin ouvert les yeux.
Restent à définir les besoins – et les moyens. Là encore, il faut espérer que le réveil européen suscité
par Vladimir Poutine se concrétisera rapidement et fermement. Plusieurs dirigeants européens ont
évoqué depuis deux semaines la « nouvelle ère » ouverte par l’agression russe. Cette nouvelle ère va
exiger une grande lucidité et beaucoup de courage politique.

Le Conseil constitutionnel a censuré l’enseignement immersif des langues régionales en le


définissant comme «une méthode qui ne se borne pas à enseigner cette langue, mais consiste à
l’utiliser comme langue principale d’enseignement et comme langue de communication au sein de
l’établissement». Qu’il y ait ou non interprétation abusive de l’article 2 de la Constitution, il reste
une ambiguïté, puisque le Conseil condamne l’immersion en général, sans préciser à quelle
proportion la «langue principale d’enseignement» deviendrait licite : quid de la parité horaire ? Et
des lycées internationaux ? Jusqu’où s’étend cette mise à mort ?

Dans les débats publics et les décisions politiques, les langues sont présentées sous plusieurs angles :
utilitaire (la langue comme instrument de communication), sociopolitique (lieu d’interactions et de
rapports de force sociaux), culturel (véhicule d’une vision du monde, d’une littérature…), ou
symbolique (élément d’une identité nationale, régionale, ethnique…). Il est très rare qu’on y trouve
la dimension proprement linguistique : les langues comme autant de constructions intellectuelles
par lesquelles les êtres humains produisent du sens. Celle-ci ouvre pourtant sur des perspectives
rationnelles et bénéfiques, en particulier sous deux aspects : un plurilinguisme apaisé et une place
réfléchie des langues dans les politiques éducatives.
Valérie Pécresse, à la recherche de la «troisième voie»

Ce qui devait être un meeting de relance, le 13 février, s’est indubitablement avéré contre-productif
pour Valérie Pécresse (Les Républicains - LR). Mais outre les critiques virulentes sur sa performance
oratoire, certains ont déploré sur le fond un discours plat, généraliste, se contentant de passer en
revue ses différentes propositions. Ce constat montre clairement la difficulté de la candidate de la
droite à proposer une synthèse concise et marquante de son projet politique. Cela se remarque
nettement dans la volatilité des slogans adoptés : «Nouvelle France» et «L’ordre et la concorde» à
l’occasion de ce meeting, «Le courage de dire, la volonté de faire» au début de sa campagne,
«Restaurer la fierté française» durant le congrès LR, ou encore le slogan du «Projet pour la France»
des Républicains, «Libérer, protéger, rassembler».

Beaucoup de commentateurs ont relevé les difficultés de positionnement de Pécresse, «coincée»


entre La République En Marche (LREM) et l’extrême droite comme l’est son parti depuis cinq ans,
mais également entre les tendances libérales et radicales de sa famille politique, l’obligeant à
contenter chacun et surtout à ne vexer personne. Dans cette configuration, adopter des positions
peu consensuelles ou tenir un discours novateur, c’est prendre le risque de déplaire à ses camarades
et de s’aliéner une partie de sEn ce sens, les bons sondages de la candidate en janvier ont pu la
dissuader d’oser un discours susceptible d’aller chercher de nouveaux électeurs. On assiste là au
résultat d’une logique arithmétique d’addition et de soustraction théoriques de mini-segments de
l’électorat, qui caractérise les candidats comme les commentateurs, et appauvrit les offres
politiques.

Depuis près de cinq ans, et encore aujourd’hui, Valérie Pécresse se veut l’incarnation d’une
«troisième voie» à droite, entre «l’immobilisme» macronien et la «démagogie» lepéno-
zemmourienne. Un discours qui, à défaut d’une véritable capacité de synthèse, persiste à se
positionner essentiellement par rapport à ses adversaires. Beaucoup d’énergie a ainsi été consacrée
à décrédibiliser la candidature d’Eric Zemmour et le bilan d’Emmanuel Macron, ce qui est sans doute
davantage de nature à convaincre les convaincus qu’à rameuter de nouveaux électeurs qui peinent à
voir précisément en quoi un vote Pécresse serait préférable à tous les autres.

Mounir Mahjoubi confirme une attaque internet de grande ampleur

L'internet mondial est actuellement visé par une vague d'attaques informatiques d'une ampleur
inédite. Des pirates informatiques ont attaqué l’annuaire central de l’internet, l’Icann, ce qui leur a
donné potentiellement accès à toutes sortes de données, a déclaré ce lundi matin le secrétaire
d’Etat français chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi.

Fondée en 1998, l’Icann coordonne à l’échelle internationale les identifiants uniques qui permettent
aux ordinateurs du monde entier de s’identifier entre eux, et c’est cette organisation à but non
lucratif qui a donné l’alerte.

"Ce que les pirates ont réussi à faire est quelque chose de très rare", a-t-il expliqué. "Ils ont piraté
l’annuaire et chaque fois que vous mettez l’adresse (d’un site internet), au lieu d’aller sur la vraie
machine, ils nous amenaient sur une autre machine qui leur appartient."
"Vous avez l’impression d’être sur le site [...] sauf qu’en fait vous êtes sur la machine de ceux qui
vous attaquent", a-t-il poursuivi.""Ils peuvent récupérer vos données, ils peuvent les utiliser pour se
reconnecter, pour prendre de l’argent.""

Mounir Mahjoubi a déclaré ne pas être en mesure de dire à ce stade qui était derrière ces attaques
ni de savoir ce que les pirates avaient fait des connections qu’ils avaient pu établir.

C’est effectivement une alerte. Il faut se poser la question, est-ce que c’était pour montrer ses
forces, est-ce que c’était pour des cibles particulières, sur une certaine région du monde ?" a-t-il
ajouté. "Il faudra se poser la question de qui avait intérêt, qui avait les moyens de mobiliser les
techniques pour le faire."

Le secrétaire d’Etat n’a pas dit si les attaques contre l’Icann avaient pu être neutralisées ou avaient
cessé.

Cybersurveillance en Egypte : Nexa Technologies mise en examen pour «complicité de torture»

La société française Nexa Technologies, accusée d’avoir vendu du matériel de cybersurveillance au


régime égyptien, qui lui aurait permis de traquer des opposants, a été mise en examen en octobre
pour «complicité d’actes de torture et de disparitions forcées», a appris dimanche l’AFP (Agence
France-Presse). Contacté par l’AFP, l’avocat de Nexa Technologies, François Zimeray, n’a pas
souhaité faire de commentaires.

Une information judiciaire avait été ouverte en 2017 à la suite d’une plainte de la Fédération
internationale des droits humains (FIDH) et de la Ligue des droits de l’homme (LDH) déposée avec le
soutien du Cairo Institute for Human Rights Studies (Cihrs). Celle-ci s’appuyait sur une enquête du
magazine Télérama révélant la vente en mars 2014 d’«un système d’écoute à 10 millions d’euros
pour lutter – officiellement – contre les Frères musulmans», l’opposition islamiste en Egypte.

Appelé Cerebro, ce programme permet de traquer en temps réel les communications électroniques
d’une cible, à partir d’une adresse mail ou d’un numéro de téléphone par exemple. Les ONG
accusaient ce logiciel d’avoir servi la vague répressive contre les opposants d’Abdel Fattah al-Sissi,
qui selon le Cihrs s’est traduite par «plus de 40 000 prisonniers politiques en détention en Egypte».

Par ailleurs, les enquêteurs soupçonnent Nexa d’avoir voulu vendre un système tactique
d’interception cellulaire baptisé «Alpha Max» au maréchal Haftar, homme fort de l’Est de la Libye.

Dans un communiqué, Nexa Technologies a démenti avoir «contracté, de quelque façon que ce soit,
avec la Libye». Elle a expliqué que c’était Advanced Systems, «société sœur de Nexa Technologie»,
qui avait signé en septembre 2020 «un contrat d’intermédiation avec plusieurs fabricants européens
– sous condition suspensive de l’obtention de toutes les autorisations d’exportation (européennes,
américaines et émiraties)

Un contrat dont la «finalité était l’antiterrorisme et la lutte contre la criminalité organisée, dans le
strict respect des droits de l’Homme», a-t-elle précisé. Mais «les autorisations d’exportation n’ayant
pas été délivrées, ce contrat n’a pas pris effet» et l’acompte a été retourné au client, a indiqué Nexa,
assurant que «l’ensemble des documents confirmant ces éléments» seraient communiqués à la
justice.

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