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Risque de rupture fragile

1. Définitions
La rupture fragile d’un matériau est une rupture sans déformation plastique (verre par exemple) :

Figure 1 : Rupture fragile

La rupture ductile intervient après déformation plastique du matériau (chewing-gum par exemple) :

Figure 2 : Rupture ductile


Dans le cadre d’une enceinte sous-pression, le risque de rupture fragile doit absolument être éliminé,
la directive impose deux valeurs à respecter (Annexe I, §7.5 de la DESP) :

- Allongement à la rupture (A%) de 14% (plus la valeur est élevée, plus le matériau est ductile,
plus elle est faible plus il est fragile)
- Energie de flexion par choc d’au moins 27J à la température minimale d’utilisation, mais à
20° maximum (plus la valeur est élevée, plus le matériau est résilient)
 La directive impose d’utiliser des matériaux ductiles

Définition :

Allongement à la rupture : « L’allongement à la rupture ou allongement pour cent noté A% est une
caractéristique sans dimension des matériaux. Elle définit la capacité d’un matériau à s’allonger avant
de rompre lorsqu’il est sollicité en traction. A% se détermine par un essai de traction. » (Wikipédia)

100∗L−L0
A %=
L0

Avec Lu : longueur de l’échantillon juste avant la rupture

L0 : Longueur initiale de l’échantillon

Résilience : « La résilience est la capacité d'un matériau à absorber l'énergie d'un choc en se
déformant (déformation rapide) » (Wikipédia) La résilience dépend de la température, en général
elle diminue avec la température.

Nota  : un matériau peut être très résistant (Re et Rm élevé) mais fragile (A% et Kv faible) et
inversement.

2. Basse température
Le problème de l’utilisation des matériaux à basse température est la diminution de la résilience.

Pour certains matériaux, il existe une température de transition (transition ductile/fragile) en


dessous de laquelle l’énergie de flexion par choc diminue brutalement.

Figure 3 : Zone de transition ductile/fragile (encadré en rouge)


Cette transition concerne surtout les aciers ferritiques (Acier au carbone, type P265GH par exemple),
elle n’existe quasiment pas pour les aciers austénitiques (304, 316, 304L, 316L, etc.).

En pratique, on ne peut pas utiliser d’acier au carbone en dessous d’une certaine température
(dépendante de l’acier), alors qu’on peut utiliser des aciers austénitiques à n’importe quelle
température < 0°.

Nota  : en baissant la température, le Re et Rm des matériaux augmentent (Alors que le Kv diminue).

La norme NF EN 13 480 - 2 (Tuyauteries industrielles métalliques — Partie 2 : Matériaux) donne des


règles pour le choix des matériaux à basses températures.

Nota  : La norme NF EN 13 445 – 2 donne les mêmes informations pour les réservoirs (et les vannes).
Les normes ASME donnent des règles similaires, et probablement aussi le CODAP/CODETI.

3. Norme NF EN 13 480 – 2
4. Cas général
La norme donne un guide pour la prévention de la rupture fragile au §4.2.3 qui renvoie à l’annexe B.

Le §B.1 définit 3 méthodes pour définir les critères de prévention de la rupture fragile, on regardera
que la méthode 1.

La méthode 1 (§B.2.2) considère que pour une température de référence donnée (TR), l’énergie de
flexion par choc du matériau est garantie : « Les tableaux B.2‐2 à B.2‐11 définissent des températures
de référence de conception pour l’épaisseur maximum à des niveaux de résistance donnés
représentés par des aciers provenant des Normes européennes harmonisées de matériaux avec des
caractéristiques de résistance et des énergies de rupture en flexion par choc garanties.  » 

Ça implique d’utiliser des normes harmonisées pour approvisionner les matériaux des enceintes
sous-pression.

Le §B.2.2.1 précise que les essais de flexion par choc ne sont pas nécessaires pour les épaisseurs < 6,3
mm (ce qui est quasiment toujours le cas) :

«  Pour les tubes d’épaisseur nominale inférieure à 6,3 mm aucun essai de rupture en flexion par choc
n’est exigé.  »

Par exemple, le tableau B.2.2 autorise l’usage du P235GH jusqu’à -20°C.


5. Cas particulier de la boulonnerie (B.2.2.4)
Pour des températures d’utilisation (TM) < -10°C, un essai de flexion par choc est requis à une
température < TM :

«  Si TM est inférieure à - 10 °C, une énergie de rupture en flexion par choc spécifiée d’au moins 40 J
est requise à T(KV) < TM.  »

Cependant, pour les aciers austénitiques (acier inoxydable), le tableau B.2-10, l’essai de flexion par
choc n’est pas demandé (au moins jusqu’à -60°C) :

 Sur la zone qui transporte du CO2 liquide, il faut utiliser de la boulonnerie en acier inoxydable
pour ne pas avoir de problèmes.

6. Cas particulier des aciers austénitiques (§B.2.2.5)


Les aciers austénitiques (304L, 316L) n’ont pas de transition ductile/fragile, les règles sont donc plus
souples.

Tous les aciers du tableau B.2-11 peuvent être utilisées à basse température SANS faire d’essais de
flexions par choc à basse température :

«  Les aciers inoxydables austénitiques faisant l’objet d’un recuit de mise en solution du Tableau B.2‐
11 peuvent être utilisés pour des températures inférieure à TM sans essai de rupture en flexion par
choc…  »

Cependant, la norme d’approvisionnement du matériau peut exiger cet essai en fonction de la


température minimale d’utilisation :

«  … sauf si cet essai est exigé par la norme matériau (par exemple EN 10028‐7 :2007 exige des essais
de rupture en flexion par choc à température ambiante pour une épaisseur inférieure à 20 mm pour
une utilisation aux températures cryogéniques (inférieures à ‐ 75 °C conformément à l’EN 10028‐
7 :2007).  »

Pour les soudures des aciers austénitiques, il n’y a pas d’imposition particulière pour les soudures, si
on reste au-dessus de -105°C :

«  Pour les aciers inoxydables austénitiques, lorsque la température de conception est inférieure à -
105 °C, le matériau de la soudure et les zones affectées thermiquement doivent respecter les
exigences de l’EN 13480‐4 :2017.  »
 Il n’y a donc pas d’imposition particulière pour les aciers austénitiques, mais il faut bien
transmettre les limites d’utilisation (température minimale) au sous-traitant pour qu’il
demande l’essai de flexion par choc à son fournisseur si la norme d’approvisionnement qu’il
utilise l’exige.
 De notre part, il faut vérifier que le dossier fourni comprend cet essai de flexion par choc à
basse température, si la norme d’approvisionnement choisie l’exige.

7. Conclusion
A priori, après cette analyse rapide, on peut évacuer le risque de rupture fragile lié aux températures
basses si on respecte les conditions suivantes sur nos tuyauteries/réservoirs :

- Utilisation de tuyauterie en acier inoxydable austénitique


- Utilisation de boulonnerie en acier inoxydable austénitique (préciser dans la Notice
d’instruction de ne pas changer la visserie sans l’accord de Prodeval)  c’est imposé par la
note « EU_CAD_TIN_0002_R01_Classes de tuyauteries EUROPE » au §

Et qu’on vérifie sur les composants qu’on achète :

- Qu’ils sont conçus par rapport à nos conditions de pression et de température (température
minimale de service du composant < température de service de l’installation)
 Dans l’analyse de risque il faudrait définir clairement ces limites d’utilisation : PS,
températures minimale et maximale de service.

Nota  : l’utilisation de la norme NF EN 13 480-2 permet de répondre, entre autres, au §4.1 a) et 7.5
des exigences essentielles de sécurité de la DESP  :

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