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Chapitre 13

La durabilité des bétons


face aux incendies
F. ROBERT, H. COLINA, G. DEBICKI

Résumé
La tenue au feu d’un béton dépend de certaines de ses caractéristiques comme
la nature des composants utilisés pour sa formulation, la perméabilité, la teneur
en eau, la résistance mécanique. Elle dépend aussi des caractéristiques du feu :
vitesse de montée en température, température maximale atteinte, durée d’expo-
sition à une température élevée.
L’action d’un incendie sur une structure en béton peut conduire à la perte graduel-
le de la résistance mécanique et dans certains cas à l’écaillage des surfaces les
plus exposées au feu. Ces détériorations varient aussi selon le type de béton con-
sidéré : un béton à hautes performances par exemple sera plus sensible au phé-
nomène d’écaillage qu’un béton courant si des précautions ne sont pas prises lors
de sa formulation. La considération des processus physiques, chimiques et méca-
niques qui ont lieu à l’intérieur du matériau béton du fait des hautes températures
permet de comprendre les phénomènes en jeu. De récents essais ont permis
d’appréhender le rôle des paramètres les plus importants de la composition du bé-
ton dans son comportement lors d’une sollicitation au feu, ainsi que l’efficacité des
fibres de polypropylène pour la prévention de l’écaillage. L’ensemble des résultats
présentés permet de mieux maîtriser les facteurs permettant de construire des
structures en béton offrant une résistance accrue en cas d’incendie.
Mots-clés
BÉTONS, INCENDIE, RÉSISTANCE MÉCANIQUE, ÉCAILLAGE, GRANULATS, ADDITIONS, AD-
JUVANTS, FIBRES DE POLYPROPYLÈNE, RECOMMANDATIONS, NORMES.

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LA DURABILITÉ DES BÉTONS

1. INTRODUCTION
Le bon comportement des bétons face aux hautes températures constitue leur
atout majeur pour la réalisation de structures porteuses stables vis-à-vis des incen-
dies, avec des effets mineurs sur les éléments principaux, permettant des répara-
tions susceptibles de prolonger convenablement la durée de vie des ouvrages.
L’incendie du tunnel sous la Manche a soulevé la question du comportement des
bétons à hautes performances vis-à-vis du feu, notamment sur les aspects écailla-
ge/éclatement et d’évolution des résistances. Suite à cet événement, d’importants
programmes de recherche ont permis de préciser les paramètres clés influençant
le comportement au feu des bétons. Aujourd’hui, il est possible, dans la plupart
des cas, de connaître le comportement de différents types de bétons face au feu.
Les bétons évoluent, les recherches sur leur comportement en température se
poursuivent parallèlement. Ce chapitre fait un point après une période riche en
évolutions. Il pose le lien entre la formulation de béton et son comportement face
à de hautes températures.
Dans un premier temps, sont présentés deux types de dégradations associées à
l’action du feu sur le béton : la perte de résistance mécanique et le détachement
de matière. Dans un deuxième temps, sont rapportées les connaissances de base
qui permettent de comprendre le comportement du béton face aux hautes tempé-
ratures. Dans un troisième temps, sont détaillés les effets sur la tenue au feu des
différents paramètres de formulation des bétons. Cette partie est construite à partir
d’une expérience française dont les résultats sont confrontés aux données de la bi-
bliographie. Enfin, sont données les références aux normes et recommandations.

2. DÉGRADATIONS ASSOCIÉES À L’ACTION DU FEU


SUR LE BÉTON
L’action du feu sur le béton est principalement associée à deux types de dégrada-
tion : la perte de résistance mécanique et le détachement de matière, appelé
« écaillage du béton ». Or, bien que la première se produise, à des degrés diffé-
rents, pour tous les bétons exposés à des incendies, il n’en est pas de même pour
l’écaillage pour lequel le type de béton joue un rôle important.
Enfin, d’autres effets collatéraux sont aussi parfois relevés : des changements de
couleur et de la fissuration superficielle (faïençage de la surface exposée, avec des
fissures relativement ouvertes). Ceux-ci n’ayant pas d’effet sur la stabilité de
l’élément structurel, nous ne les considérerons pas dans ce chapitre.
Il est important de noter que la faible profondeur de la zone de l’élément structurel
affectée par le feu (fonction de sa durée et de son intensité et qui atteint quelques

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La durabilité des bétons face aux incendies

millimètres voire centimètres) ainsi que la capacité de réhydratation des C-S-H


après refroidissement [ALO 04] permettent dans la plupart des cas d’envisager la
réutilisation de la structure en béton après incendie [CIB 90].
2.1. Perte de résistance mécanique
L’action des hautes températures sur un élément structurel en béton provoque une
diminution graduelle des résistances à la compression et à la traction, qu’elles
soient mesurées à chaud ou après refroidissement (résistance résiduelle). Les per-
tes de résistances varient selon la température atteinte, la vitesse de montée en
température et le type de béton.
Les normes de dimensionnement traduisent ce phénomène par des courbes d’évo-
lution de la résistance du béton en fonction de la température. La figure 13.1 mon-
tre ces courbes tirées du DTU FB (Feu-Béton) [DTU 93] et son amendement A1
[DTU 00], et de l’Eurocode 2, partie 1-2 [EC2 05].
1,2
1 2 4

1
Résistance relative

0,8

3 6 5 2
0,6

0,4

0,2

0
0 200 400 600 800 1 000 1 200
Température (°C)
Figure 13.1 : résistance relative du béton à la compression en fonction de la température.
Courbe 1 : résistance à la compression, DTU FB (norme P 92-701) ;
Courbes 2 : courbes extrêmes pour marquer la dispersion, ces courbes représentant déjà des moyen-
nes d’après leurs auteurs, DTU FB (norme P92-701) ;
Courbe 3 : résistance à la compression pour les bétons de résistance caractéristique supérieure à
60 MPa et inférieure ou égale à 80 MPa, DTU FB (norme P92-701 et amendement XP P 92-701/A1) ;
Courbe 4 : courbe donnant les valeurs de réduction de la résistance caractéristique à la compression
du béton, pour un béton de densité normale réalisé avec des granulats calcaires, norme NF EN 1992-
1-2, Eurocode 2 partie comportement au feu ;
Courbe 5 : courbe donnant les valeurs de réduction de la résistance caractéristique à la compression
du béton, pour un béton de densité normale réalisé avec des granulats siliceux, norme NF EN 1992-
1-2, Eurocode 2 partie comportement au feu ;
Courbe 6 : courbe donnant les valeurs de réduction de la résistance caractéristique à la compression
du béton, pour un béton appartenant à la classe 2 (béton C 70/85 et C 80/95), norme NF EN 1992-1-
2, Eurocode 2 partie comportement au feu.

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LA DURABILITÉ DES BÉTONS

Les observations expérimentales montrent que l’évolution de ces pertes de résis-


tance diffère d’un béton à l’autre. Le DTU FB [DTU 93, DTU 00] ne se contente
pas de donner les rapports de la résistance en température sur la résistance carac-
téristique à 20 °C, il fait figurer deux courbes limites pour marquer la dispersion
des résultats expérimentaux relevés dans la littérature. Bien que les méthodolo-
gies d’essais aient évolué (voir recommandations Rilem [RIL 95 à RIL 07]), on
constate beaucoup de dispersions sur les résultats publiés. Cependant, il apparaît
des tendances dans les normes : 1) les bétons de densité normale réalisés avec des
granulats siliceux perdent plus rapidement leur résistance lors de l’élévation de
température que les bétons analogues réalisés avec des granulats calcaires : 2) les
bétons à hautes ou très hautes résistances ont leur résistance relative qui chute
plus vite que celle du béton courant, notamment aux températures inférieures à
400 °C. Si la référence à la résistance est commode pour les calculateurs, elle reste
très simplificatrice. Pour dépasser cette vision, l’influence des paramètres de
composition du béton sur le comportement en température est détaillée au para-
graphe 4 de ce chapitre. Cette démarche répond à la nécessité d’adapter la formu-
lation du béton au type de scénario d’incendie considéré.
2.2. Détachement de matière. Écaillage
L’écaillage (ou éclatement), quand il a lieu, est un phénomène qui se produit au
droit des surfaces directement exposées au feu. Son intensité est fonction d’un
certain nombre de paramètres intrinsèques au béton, mais également de la vitesse
de montée en température de l’incendie. Des courbes dites « conventionnelles »
ont été définies pour représenter l’incendie auquel une structure peut être soumise
(voir figure 13.2) [EC2 05]. Les ouvrages sont en général dimensionnés selon la
courbe ISO 834 (courbe normalisée feu ISO) mais les tunnels par exemple peu-
vent faire l’objet d’un dimensionnement spécifique selon la courbe hydrocarbure
majorée, plus critique vis-à-vis de l’écaillage.

1 400

1 200
Température (°C)

1 000

800 courbe normalisée "feu ISO"


600 courbe hydrocarbure
courbe hydrocarbure majorée
400
exemple de feu "naturel"
200

0
0 30 60 90 120 150 180 210

Temps (min)
Figure 13.2 : exemples de courbes « conventionnelles » de montée en température.

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La durabilité des bétons face aux incendies

La courbe normalisée « feu ISO » (ISO 834) est considérée plus particulièrement
pour le dimensionnement des bâtiments, la courbe hydrocarbure est utilisée pour
des cas particuliers d’élévation rapide de la température, les tunnels sont dimen-
sionnés avec la courbe hydrocarbure majorée. L’Eurocode 1 partie 1.2 introduit
les courbes de feux naturels (l’Eurocode 2 partie 1.2 autorise la prise en compte
de ces courbes mais les conditions d’emploi des différents modèles de calculs,
que ce soit pour la quantification de l’action thermique ou pour la réponse méca-
nique des structures, sont encadrées par un arrêté émanant du ministère de l’Inté-
rieur (voir partie 5 de ce présent chapitre)).
L’écaillage ne se produit pas pour tous les bétons. Néanmoins lorsqu’il apparaît,
il peut influencer directement la tenue au feu des éléments structurels car les ar-
matures en acier peuvent atteindre plus rapidement leur température critique puis-
que dans ce cas, elles perdent totalement ou partiellement le bénéfice de la
protection thermique apportée par le béton d’enrobage.
De manière plus détaillée on distingue trois types de désordre :
– des éclatements locaux du béton sur des points singuliers comme les bords ou
les angles, ou sur certaines parties de la surface. Ces éclatements peuvent déta-
cher des morceaux de béton de tailles différentes et parfois être explosifs dans le
cas d’éclatements localisés qui se produisent en surface [NOU 95]) ;
– un écaillage régulier qui consiste en un détachement progressif et continu de
petits morceaux de béton qui sont expulsés avec force du parement exposé au
feu;
– un écaillage dû aux granulats qui ne sont pas thermiquement stables aux tem-
pératures atteintes et présentant un fort coefficient de dilatation thermique, tel le
silex par exemple.
Schématiquement, les éclatements apparaissent durant les trente premières minu-
tes d’exposition au feu, alors que l’écaillage régulier qui démarre au même mo-
ment se poursuit sous l’effet de la température [FIB 07, KAL 01, PHA 05]. Bien
que l’éclatement puisse présenter un aspect plus impressionnant que l’écaillage
(les morceaux détachés par éclatement peuvent avoir des dimensions de quelques
centimètres), ce dernier peut devenir plus dangereux pour la structure du fait que,
lors d’un incendie de longue durée, sa progression risque de mettre à nu les arma-
tures de l’élément structurel.
Les règles de dimensionnement intègrent implicitement ces comportements pour
les bétons courants. Mais les essais et retours sur sinistres montrent que certains
bétons à hautes et très hautes performances sont plus sensibles à l’écaillage régu-
lier que les bétons courants. Il semble que ce phénomène soit lié à la capacité de
transfert de l’eau et de la vapeur sous gradient de température au sein du béton.
Ainsi la structure poreuse (volume poreux et connectivité) du matériau et son état

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LA DURABILITÉ DES BÉTONS

hydrique jouent un rôle important. Le paragraphe 3.2 décrit les phénomènes phy-
siques qui interagissent lors du chauffage. Ils permettent d’expliquer pourquoi la
plupart des cas d’écaillage observés correspondent à des bétons à très hautes per-
formances et que certains cas ont pu être observés pour des bétons ayant une ré-
sistance comprise entre 60 et 80 MPa. L’approfondissement des connaissances
sur ce phénomène et les études réalisées dans le sens de sa prévention ont permis
de disposer de solutions très efficaces, telles que l’utilisation de fibres de polypro-
pylène.
Globalement, il est établi que les détachements de matière des bétons portés à
hautes température sont à relier à l’humidité interne contenue dans le matériau, à
la vitesse de chauffage, aux contraintes de compression dues aux charges exté-
rieures, à l’épaisseur de l’élément, au renforcement, au type de granulats, aux
constituants et enfin à la présence ou pas de fibres de polypropylène, qui permet-
tent d’éviter éclatement et écaillage dans la plupart des cas. L’influence des para-
mètres de composition du béton sur l’écaillage est étudiée en détail au paragraphe
4 du présent chapitre.
Après l’incendie, les éléments où des morceaux de béton ont été expulsés par
éclatement sont, en général, facilement réparables si la stabilité structurelle n’a
pas été amoindrie. Dans le cas d’un écaillage généralisé, la réparation dépend
principalement de la mise à découvert ou non des armatures et le cas échéant de
leur possible endommagement.
Les observations, relevées sur des éléments en béton exposés à une sollicitation
thermique de type incendie, peuvent être classées en deux grandes familles :
– éclatements ponctuels (bords, angles…)
– écaillage continu observable pour les bétons à hautes performances et très hau-
tes performances.

3. PHÉNOMÈNES À L’ORIGINE DES DÉGRADATIONS


DU BÉTON EN SITUATION D’INCENDIE
Au sein d’un béton qui s’échauffe, différents processus physiques et réactions ap-
paraissent qui sont intimement liés aux constituants du matériau béton, mais aussi
aux conditions environnementales et au niveau des contraintes mécaniques.
L’élévation de température génère un gradient de température, une migration de
l’eau et des variations locales d’humidité dans les éléments structuraux. Ce sont
donc des phénomènes de déshydratation et de transformations cristallines qui in-
duisent des modifications structurales et dimensionnelles du béton aux niveaux
micro et macroscopique.

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La durabilité des bétons face aux incendies

3.1. Phénomènes affectant les propriétés mécaniques


Ce paragraphe explique les principales observations aux niveaux chimique, phy-
sique et mécanique que l’on peut faire sur un béton soumis à des températures éle-
vées.
3.1.1. Processus physico-chimiques provoqués par la montée
en température à l’intérieur du béton
Lorsqu’un béton, réalisé avec du ciment courant, est soumis à une élévation de
température même modérée, de nombreuses transformations et réactions de natu-
re très variée apparaissent. Ces réactions apparaissent plus particulièrement dans
la pâte de ciment, mais aussi dans les granulats. À faible température, il s’agit
principalement de déshydratation et de réactions liées à l’expulsion de l’eau. À
haute température, la décarbonatation des carbonates joue un rôle prédominant si
les granulats du béton contiennent du calcaire. Au-dessus de 1200 °C et jusqu’à
1300 °C les composés silicatés du béton commencent à fondre. Durant cette
transformation, quelques granulats (issus des roches éruptives comme le basalte)
présentent des phénomènes d’expansion accompagnés d’un dégagement des gaz
prisonniers de la roche depuis sa formation. Les réactions de dégradations condui-
sent progressivement à de la fissuration au sein de la structure interne du béton.
Les réactions initiées durant le chauffage du béton peuvent être étudiées à l’aide
de l’analyse thermique différentielle (ATD), qui détecte les changements de pha-
ses au cours de l’évolution d’un système chimique sous variation de températu-
re. Cette analyse révèle, en fonction de la température, les réactions suivantes
[SCH 02] :
– désorption d’eau et évaporation à environ 100 °C. On peut d’ailleurs noter que
certaines phases telles que l’ettringite et les C-S-H commencent à se déshydrater
en dessous de 100 °C ;
– décomposition de la portlandite vers 500 °C ;
– transformation du quartz à 570°C ;
– décomposition des phases de C-S-H au-delà de 600 °C ;
– décarbonatation du calcaire au-delà de 800 °C ;
– début d’une phase de fusion pâteuse à partir de 1150 °C à 1200 °C.
Il est possible d’étudier ces réactions quantitativement à l’aide de l’analyse ther-
mogravimétrique (ATG). À titre d’exemple la figure 13.3 présente la perte en
masse (en ordonnée, référencée par rapport à la masse initiale de l’échantillon
analysé) de trois bétons, réalisés avec du ciment Portland associé avec des granu-
lats issus respectivement de roches quartziques, basaltiques ou calcaires), en
fonction de la température.

713
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

La figure montre qu’à des températures inférieures à 100 °C la perte de masse est
sensible dans le béton, elle est due principalement au départ de l’eau occupant les
pores les plus gros. Au-delà de 100 °C, le départ de l’eau capillaire, de l’eau des
pores les plus fins, de l’eau retenue par adsorption et de l’eau faiblement liée dans
des hydrates se poursuit. Les quantités d’eau évacuées jusqu’à 500 °C sont de 2 à
4 % en masse (soit environ 50 à 100 litres d’eau par m3 de béton). Entre 500 °C
et 700 °C approximativement, la perte de masse s’accélère, ceci n’est pas seule-
ment dû à la décomposition de la portlandite (Ca [OH]2 → CaO + H2O) entre
450 °C et 500 °C, mais aussi à la suite de la décomposition des C-S-H qui précède
la formation de α-C2S et β-C2S. Ces deux réactions s’accompagnent d’une perte
en eau de 3 % en masse (environ 75 litres d’eau par m3 de béton). Le béton réalisé
avec des granulats calcaires présente une perte en masse additionnelle à partir de
600 °C due à la décomposition du carbonate de calcium (CaCO3 → CaO + CO2),
au cours de laquelle 44 % en masse du CaCO3 est relâché en CO2. La perte en
masse du béton à base de calcaire testé est de 34 %, avec seulement 5 à 6 % attri-
buable au départ de l’eau. Entre 900 °C et la phase de fusion pâteuse à environ
1150 °C ou 1200 °C, il n’apparaît pas de perte en masse notable.
Les éléments rapportés ici donnent des informations générales qui peuvent être
complétées par des éléments complémentaires disponibles auprès des références
suivantes : [JAN 05, GEO 05, KHO 02, PEN 06, ROS 80, PIA 84, VER 72].
Les évolutions de la microstructure de la pâte de ciment en fonction de la tempé-
rature ne sont pas toujours faciles à suivre, et ce d’autant plus si les analyses se
font sur des échantillons refroidis.
La température fait évoluer la porosité totale et la distribution porale du béton, et
ceci de manière plus marquée sur les pâtes de ciment des bétons à hautes perfor-
mances [YE 07]. Schématiquement, X. Liu et al. [LIU 06] soulignent les points
suivants :
– la macro-porosité (> 1,3 mm) reste pratiquement stable jusqu’à 400 °C et aug-
mente ensuite ;
– la porosité capillaire (0,02-0,3 mm) augmente lentement jusqu’à 400 °C et pré-
sente une sévère augmentation à 500 °C ;
– la microporosité (< 0,02 mm) augmente avant 400 °C puis diminue ensuite à
500 °C.
La variation de la masse volumique selon la température est influencée par cette
variation de porosité et par la perte en eau. Elle correspond à une perte d’environ
10 % à 1 000 °C (NF EN 1992-1-2, Eurocode 2 partie comportement au feu).

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La durabilité des bétons face aux incendies

16 40

3HUWHGHPDVVHǻP 7 P ƒ& HQ

3HUWHGHPDVVHǻP 7 P ƒ& HQ


avec granulats de basalte et de quartz
14 35

béton à granulats calcaires


Basalte
12 30
Quartz

10 Calcaire 25
échelle
8 20

6 15
échelle
4 10

2 5

0 0
10 200 300 400 500 600 700 800 820 900 1 000 1 100 1 200
Température en °C

Figure 13.3 : thermogrammes de bétons courants réalisés avec du ciment Portland, sur
des éprouvettes cylindriques (Ø = 12 mm, L = 40 mm), cure à 20 °C et 65 % d’humidité
relative pendant 100 jours avant l’essai, la vitesse de chauffage étant de 5 °C par minute.

3.1.2. Effets thermiques liés à la montée en température


L’évolution des distributions de température au sein des structures est gouvernée
par les propriétés thermiques du matériau, en particulier par la capacité, la con-
ductivité et la diffusivité thermiques. Dans le cas du béton, il est difficile de dé-
terminer ces propriétés avec précision à tous les niveaux de température en raison
des nombreux phénomènes qui se produisent simultanément au sein de la micros-
tructure du béton et qui ne peuvent être isolés facilement. Ces effets incluent, en
particulier, la consommation de chaleurs latentes engendrées par certaines réac-
tions chimiques. Dans la mesure où ces réactions physiques et chimiques se pro-
duisent avec une certaine vitesse, les variations de propriétés thermiques
dépendent également de la vitesse et de l’historique du chauffage. Il en résulte que
les variations des propriétés thermiques du béton avec la température ne peuvent
pas être décrites en toute rigueur par des relations uniques valables en toute situa-
tion [HAR 70, HAR 73].
La conductivité thermique mesure l’aptitude d’un matériau à conduire la chaleur.
L’analyse des résultats de mesures réalisées par de nombreux auteurs, [HAR 73,
BLU 76, HAR 72, SCH 81, SCH 82] permet de considérer que les variations de
cette propriété avec la température sont relativement bien connues à l’heure ac-
tuelle. Pour les bétons courants, la conductivité thermique à 20 °C est comprise
entre 1,3 et 2 W/m°K. La conductivité thermique dépend essentiellement de la te-
neur en eau, du type de granulat utilisé et de la proportion de granulats dans la
composition du béton [SCH 88]. Pour un béton donné, le degré de saturation est

715
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

le principal facteur influençant la conductivité du béton. Ceci s’explique par le


fait que la conductivité de l’eau est beaucoup plus importante que celle de l’air.
La majorité des auteurs s’accordent ainsi sur le fait que la conductivité thermique
du béton varie quasi linéairement avec la teneur en eau. Certains résultats rappor-
tés dans la littérature indiquent que la conductivité thermique augmente légère-
ment jusqu’à 80 °C voire 100 °C, puis diminue significativement jusqu’à environ
180 °C et enfin diminue de façon régulière par la suite [MAR 72, BAZ 96]. Par
ailleurs, la diminution de la conductivité thermique avec la température est assez
significative pour un béton de granulats silico-calcaires, faible pour un béton de
granulats calcaires, et peu significative pour un béton léger [COL 77].
Pour obtenir des valeurs de conductivité thermique λ T évoluant avec les transferts de
masse, il est possible d’utiliser une loi des mélanges, par exemple la relation suivante:
T T T T
λ = ( 1 – p )λ s + sλ lq + ( 1 – s )λ as (1)
avec :
p, porosité ;
s, degré de saturation en eau liquide ;
T
λs : coefficient de conductivité thermique de la phase solide, fonction de la tempéra-
ture. C’est une fonction de la nature du matériau ;
T
λ lq : coefficient de conductivité thermique du liquide, fonction de la température ;
T
λ as : coefficient de conductivité thermique de l’air sec, fonction de la température.

La chaleur spécifique mesure la quantité d’énergie nécessaire pour faire monter


de 1 °C la température d’un kg de matériau. Pour un béton courant, la valeur de
la chaleur spécifique est comprise entre 0,8 et 1,1 kJ/kg°K à température ambiante
[NEV 90]. Celle-ci augmente légèrement sous l’effet de la chaleur, parfois jus-
qu’à 1,3 ou 1,6 kJ/kg°K.
Dans le cas du béton, les réactions apportant leur contribution à la chaleur spéci-
fique apparente sont essentiellement : la vaporisation de l’eau libre, les réactions
de déshydratation des constituants de la matrice cimentaire à la même températu-
re (lors de la vaporisation de l’eau libre, autour de 105 °C, le béton peut présenter
une chaleur spécifique apparente 2 à 3 fois supérieure à la valeur initiale ou à celle
d’un béton préalablement étuvé), et la transformation du quartz-α en quartz-β
dans le cas de granulats quartziques et la décarbonatation du calcaire dans le cas
de granulats calcaires [FRA 87, SCH 88].
La diffusivité thermique représente la vitesse à laquelle la chaleur se propage à
l’intérieur d’un matériau. Elle est directement proportionnelle à la conductivité
thermique et inversement proportionnelle à la chaleur spécifique et à la masse vo-
lumique.

716
La durabilité des bétons face aux incendies

Dans la mesure où de nombreuses situations d’incendies nous amènent à considé-


rer la phase de refroidissement des structures étudiées, il paraît important de men-
tionner que les modifications de l’ensemble des propriétés thermiques présentées
ci-dessus sont fortement irréversibles [SCH 88].
Il est enfin à noter que la forte sensibilité des valeurs des propriétés thermiques
listées ci-dessus à la teneur en eau du béton pose le problème de la validité des
valeurs obtenues par des essais sur des échantillons de laboratoire. Celles-ci peu-
vent être différentes des valeurs réelles correspondant aux conditions hydriques
dans lesquelles se trouve chaque partie de la structure étudiée. Ce problème, se
pose déjà à température ambiante compte tenu de l’historique hygro-thermique
auquel a été soumis le béton durant sa maturation et son vieillissement et de façon
encore plus aiguë dans le cas de sollicitations accidentelles impliquant de hautes
températures.
3.1.3. Effets hydriques liés à la montée en température
Dès qu’un chauffage intervient à la surface d’un élément de béton, les différents
mécanismes de transferts de masse (écoulement de la phase condensée, diffusion
gazeuse) vont être plus ou moins accentués par l’existence de gradients de tempé-
rature au sein du matériau qui entraînent des gradients de pression de gaz (pres-
sion partielle de vapeur d’eau et/ou pression partielle d’air sec). L’influence de
ces gradients sur les transferts de masses est d’autant plus importante que la tem-
pérature est supérieure à 100 °C. En effet, pour des températures inférieures, les
phénomènes de diffusion restent prépondérants [LIE 95]. La migration d’humidi-
té dans un béton chauffé non uniformément est un phénomène complexe qui dé-
pend de plusieurs paramètres (porosité, perméabilité apparente et état hydrique du
matériau d’une part et gradient de température d’autre part) et de leurs interac-
tions.
Dans le cas d’une paroi chauffée sur l’une de ses faces, on observe une migration
et un largage de vapeur aux limites de la structure, d’une part, et une migration
de l’eau à contre sens vers les zones froides de la paroi, d’autre part.
Au début, la vapeur formée s’évacue facilement vers l’extérieur, car elle n’a
qu’une petite distance à franchir et de plus, cette zone étant séchée, elle possède
une perméabilité relative au gaz importante. Dans cette zone sèche, le milieu est
surchauffé avec toutefois des petits taux de dégagement de vapeur provenant d’un
mécanisme de déshydratation (relargage d’eau initialement fortement liée). À une
certaine profondeur, on rencontre de très hauts taux de vaporisation et de la va-
peur saturée. C’est là que la pression sera maximale pour ce type de sollicitation.
Celle-ci va pousser la vapeur formée et l’eau liquide surfacique qui vont notam-
ment migrer vers l’intérieur du béton. La vapeur, traversant des couches plus froi-

717
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

des, va se condenser. Ainsi en amont de ce pic de pression, le degré de saturation


augmente localement [CON 97]. Au cours du temps, cette zone, recevant conden-
sats et eau liquide surfacique, va tendre à saturer les pores du béton (on parle
même parfois de « bouchon » d’eau liquide lorsque la saturation est atteinte). Ce
dernier va migrer (perméabilité de l’eau en milieu saturé) vers les zones froides
sous l’effet du gradient de pression. On imagine bien que toutes les fissures qui
font un lien entre une surface et cette zone vont agir comme des cheminées pour
évacuer l’eau sous forme de vapeur à partir de ce « bouchon ». Le milieu saturé
du « bouchon » est imperméable au gaz.
3.1.4. Variations dimensionnelles en fonction de la température
Comme la majorité des matériaux, lorsqu’il est soumis à un changement de tem-
pérature, le béton subit une déformation thermique [HEI 98, GAW 04]. Cette dé-
formation joue bien sûr un rôle très important dans le comportement des
structures en béton soumises à de hautes températures. En raison des gradients
thermiques se développant durant les phases transitoires de propagation de la cha-
leur, les déformations thermiques ne sont pas uniformes au sein des structures en
béton armé soumises à des sollicitations de ce type. Cette non-uniformité engen-
dre des contraintes internes qui peuvent elles mêmes occasionner un endomma-
gement en initiant de la fissuration.
Schématiquement, le béton a deux principaux constituants (la pâte de ciment et
les granulats) qui sont soumis à de profondes modifications physico-chimiques
lors du chauffage à hautes températures. Les modifications que subissent ses com-
posants lui confèrent un comportement de déformation thermique complexe qui
ne peut pas être décrit de façon précise suivant l’approche classique de propor-
tionnalité à la température.
3.1.4.1. Déformation thermique libre du béton
De nombreux auteurs ont rapporté des résultats de mesures de déformation ther-
mique libre en s’intéressant aux effets du comportement des composants indivi-
duels du béton (pâte et granulats) sur sa déformation thermique globale. Il a été
observé que sous l’effet de la température, la pâte de ciment subit dans un premier
temps une dilatation jusqu’à 150 °C puis une contraction importante jusqu’au-
delà de 800 °C due essentiellement au départ de l’eau libre puis de l’eau liée chi-
miquement [PHIL 58, HAR 72, LAN 70]. Ces déformations de retrait sont irré-
versibles.
Les granulats subissent durant le chauffage une importante expansion volumique
non proportionnelle à la température et fortement influencée par leur nature chi-
mique. On observe une augmentation significative de l’expansion de la plupart
des granulats au-delà de 550 °C qui s’explique par les modifications chimiques et

718
La durabilité des bétons face aux incendies

cristallines qu’ils subissent. Après 700 °C, la majorité des granulats ne présentent
plus qu’une faible expansion thermique.
Les déformations thermiques différentielles entre la pâte et les granulats engen-
drent au-delà de 150 °C une microfissuration au sein du béton [BLU 76].
La déformation totale d’une éprouvette en béton non chargée soumise à une élé-
vation de température très lente est due aux effets composés suivants :
– expansion thermique des granulats ;
– retrait de la matrice cimentaire ;
– microfissurations et contraintes engendrées par l’incompatibilité entre ces
deux premiers effets ;
– transformations et décompositions chimiques des constituants du béton s’ac-
compagnant de variations dimensionnelles.
Il est à noter que la vitesse de montée en température peut modifier les observa-
tions relevées et que les déformations thermiques d’un béton pré-séché restent
inférieures à la déformation thermique du matériau de référence.

3.1.4.2. Effets d’un état de contraintes appliqué pendant le chauffage


La déformation thermique du béton est fortement influencée par la présence
d’une charge lors du premier chauffage. La déformation supplémentaire engen-
drée par la température en régime transitoire est appelée « fluage thermique
transitoire ». Les déformations engendrées sont largement supérieures à celles
d’origine élastique et au fluage propre même si ce dernier est activé aux tempé-
ratures élevées. En pratique au-delà de 100 °C, on considère le fluage thermique
transitoire indépendant du temps et uniquement fonction de la température.
Le fluage thermique transitoire s’obtient en enlevant à la déformation totale obte-
nue d’une part la déformation thermique libre (sans charge) et d’autre part la dé-
formation élastique apportée par la charge.
La figure 13.4 présente la déformation totale des bétons chargés en compression
à différents niveaux, ( représente le niveau de chargement défini par le rapport de
la contrainte appliquée sur la résistance initiale en compression uni-axiale du bé-
ton à 20 °C), puis chauffés sous charge constante. Les résultats de ce type d’essai
indiquent une forte contraction de la déformation thermique totale sous l’effet de
la charge présente pendant le chauffage.
Selon Schneider [SCH 88], ce phénomène s’explique par l’activation du processus
de fluage du béton par la température. Certains auteurs attribuent également une
partie de cet effet à la microfissuration se développant au sein du béton durant le
chauffage [HAN 66, PAR 79]. Les observations expérimentales montrent la sensi-
bilité à l’état hydrique initial du matériau, un échantillon séché présente un fluage
thermique transitoire bien plus faible que celui observé sur un échantillon conservé

719
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

dans l’eau avant d’être porté en température [GAW 04]. Enfin, d’autres auteurs
[COL 04, SAB 06] considèrent que le phénomène est dû à l’ensemble de processus
physico-chimiques irréversibles qui ne sont mis en route que par l’augmentation
de la température pendant le régime transitoire; lors d’un nouveau chauffage d’un
élément déjà chauffé, le fluage thermique transitoire ne se reproduit plus sauf dé-
passement de la dernière température maximale déjà atteinte.

İ Å
Béton courant
16 JUDQXODWGHTXDUW]LWH
D = 0,0
%pWRQOpJHU
DUJLOHH[SDQVpH
12

D = 0,10
8

D = 0,0

4
D = 0,30

0 ș ƒ&
200 400 600 800 1 000

–4
D = 0,60
D = 0,15
D = 0,70
–8

Figure 13.4 : déformation totale de différents bétons chauffés


sous charge de compression constante mise avant chauffage [SCH 88].
Sur cette figure, α représente le niveau de chargement défini par le rapport de la contrainte appliquée
sur la résistance initiale en compression uniaxiale du béton à 20 °C.

La déformation thermique transitoire dépend fortement de la charge appliquée


durant l’échauffement. Ceci amène parfois à considérer la déformation thermique
transitoire normalisée par rapport au taux de chargement appliqué (rapport de la
déformation thermique transitoire sur le taux de chargement). Gaweska [GAW
04] trouve que jusqu’à 300 °C la déformation thermique transitoire augmente pro-
portionnellement avec le taux de chargement, au-delà de cette température l’in-
fluence du type des granulats se manifeste.

720
La durabilité des bétons face aux incendies

3.1.4.3. Influence des chemins de sollicitations


En analyse classique des contraintes thermiques, la déformation thermique est ha-
bituellement considérée comme une dilatation volumique fonction de la tempéra-
ture seule. Elle est simplement ajoutée à celle due aux actions mécaniques. Dans
le cas du béton, la réponse aux actions thermiques et mécaniques combinées est,
comme nous l’avons vu, plus complexe. D’un point de vue macroscopique, la dé-
formation thermique de ce matériau dépend fortement du chemin parcouru dans
l’espace contraintes-température. Les manifestations de cette dépendance ont été
observées par de nombreux expérimentateurs : Anderberg et Thelandersson
[AND 76] Khoury et al. [KHO 85], Schneider [SCH 88]. La figure 13.6 montre
comment des conditions d’essais peuvent influencer les résultats.
De manière générale, les résistances déterminées à froid sont le plus souvent in-
férieures à celles déterminées à chaud, à cause des endommagements induits lors
du refroidissement par des phénomènes non totalement réversibles. D’autres
paramètres comme la présence ou non d’une précharge lors du chauffage, la vi-
tesse de montée en température ou la possibilité ou non d’un séchage de l’éprou-
vette, durant le chauffage, sont à prendre en compte pour l’analyse des résultats.

450

400

350
Température (°C)

300

250
Régime Régime
200 transitoire permanent
150

100

50

0
0 1 2 3 4 5 6 7

Temps (h)

Figure 13.5 : température au centre d’éprouvettes en béton


en fonction du temps de chauffage.

721
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

Cas n° 1 : éprouvette n° 1 Application de la charge


5.E-03 chauffée, puis chargée. à l'éprouvette n° 1

4.E-03

Déformation axiale
3.E-03
A
2.E-03

1.E-03

0.E-03
0 1 2 3 4 5 6 7
– 1.E-03 Temps (h)
B
– 2.E-03 Cas n° 2 : éprouvette n° 1
Application de la charge chauffée, puis chargée
à l'éprouvette n° 2 sous charge constante

Figure 13.6 : influence de l’histoire du chargement sur la déformation totale


mesurée sur des éprouvettes en béton chauffées.
Dans ces essais [AND 76], deux éprouvettes en béton sont exposées au chargement thermique dont
l’évolution est donnée à la figure 13.5. La figure 13.6 présente les déformations uniaxiales mesurées
sur ces éprouvettes durant l’essai. Dans le premier cas (cas n° 1 sur la figure 13.6), une contrainte de
compression uniaxiale est appliquée à l’éprouvette une fois que le régime est permanent (tempéra-
ture constante au sein des éprouvettes). Dans le second cas (cas n° 2 sur la figure 13.6), la même
contrainte est appliquée dès le début du chauffage et est maintenue constante pendant toute la durée
de l’essai. La contrainte mécanique appliquée aux éprouvettes est de 0,45 f’c(20 °C).

Les points A et B repérés sur les courbes de déformation correspondent à la même


combinaison de contrainte et de température appliquée aux deux éprouvettes. Cel-
les-ci présentent toutefois une déformation complètement différente, de signe op-
posé. Dans le cas n° 2, la dilatation thermique axiale de l’éprouvette est fortement
réduite par la présence de la contrainte mécanique durant la phase de chauffage
(il apparaît que le fluage thermique transitoire est bien plus important que le flua-
ge apparaissant sous charge appliquée à température constante). Ceci peut être in-
terprété comme une dépendance de la déformation thermique vis-à-vis du chemin
emprunté dans l’espace contraintes-température. Outre cette dépendance à l’his-
torique des deux chargements combinés, ce phénomène engendre également une
anisotropie de la déformation thermique. Le concept d’interaction thermo-méca-
nique a été alors introduit par Thelandersson [THE 87] pour modéliser ce phéno-
mène. Suivant cette approche, la déformation thermique n’est plus considérée
comme une simple fonction de la température mais dépend également de l’état de
contrainte appliquée pendant le chauffage.

722
La durabilité des bétons face aux incendies

3.2. Phénomènes conduisant à l’écaillage.


Hypothèses thermomécanique, hydromécanique et couplée
Les phénomènes d’éclatement et d’écaillage sont constatés à des températures
comprises entre 190 °C et 350 °C, [KAL 01, NOU 95, PHA 05, CAS 90. La
figure 13.7 met en parallèle les phénomènes physiques qui se manifestent dans
une paroi en béton dont l’une de ses faces est portée à température élevée.
• Un champ de températures variables se développe au sein de la paroi, les gra-
dients sont d’autant plus forts que la vitesse de montée en température sur la sur-
face est grande.
• Le champ d’humidité interne du matériau est fortement perturbé. Schémati-
quement, quatre zones sont mises en évidence, comme l’indique la figure 13.7
(b). Près de la surface une zone sèche (1), puis une zone humide chaude (2) voit
se développer en son sein des pressions gazeuses qui repoussent la vapeur et la
phase d’eau liquide vers la surface extérieure chauffée et vers le cœur du maté-
riau. Progressivement sous l’effet des mouvements de masse, se forme une zone
(3) qui s’humidifie, alimentée par les mouvements d’eau liquide et la condensa-
tion de la vapeur dans cette zone plus froide. À l’intérieur de la paroi, une zone
(4) voit peu varier son humidité. Notons que la mobilité de l’eau depuis une zone
saturée est liée à la perméabilité à l’eau du matériau, et l’expérience montre
qu’elle est très faible pour des bétons à hautes performances.
• Un champ de contraintes induit par les dilatations du matériau : mise en com-
pression bi-axiale de la surface chauffée et en traction de la face opposée.
• Un champ de pression de la phase gazeuse, lié à l’augmentation de la tempéra-
ture dans une zone confinée de l’air et de l’eau libre qui se vaporise (dans ce
schéma, il est possible d’atteindre au maximum la pression de vapeur saturante
au sein du béton).
Pour expliquer les éclatements, deux hypothèses principales sont avancées :
– la première [HAR 65, AND 97] suggère un éclatement hydraulique causé par
des pressions internes venant des fluides (vapeur et eau liquide). Le pic de pres-
sion intégrerait la pression de vapeur plus la pression induite par la dilatation de
la phase liquide saturant une zone (la dilatation propre de l’eau au-dessus de
160°C est assez importante). Cette hypothèse met particulièrement en jeu la per-
méabilité du béton, sa teneur en eau initiale ainsi que la vitesse de montée en
température. Elle est donc cohérente avec les observations expérimentales qui
tendent à démontrer que les bétons à hautes performances moins perméables sont
plus sensibles au phénomène d’écaillage et que par ailleurs des bétons ayant subi
un pré-séchage sont moins disposés à éclater. Jusqu’à maintenant la mesure de ce
pic de pression n’a pas pu être effectuée de façon convaincante car les valeurs

723
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

des pressions sont assez faibles [KAL 00, PHA 05] (difficultés à localiser les pri-
ses de pression, et système de mesure peu fiable) ;
– la deuxième hypothèse propose des éclatements dus aux dilatations thermiques
empêchées. Celles-ci génèrent des contraintes thermiques très élevées (contrain-
tes de compression parallèles à la surface chauffée). Selon les auteurs
[ULM 99b], ces contraintes de compression sont relâchées par une rupture fra-
gile du béton, la pression dans les pores ne jouant qu’un rôle secondaire initia-
teur de l’instabilité. La fissuration empêcherait une mise en pression critique
dans le matériau. Garwin et al. [GAW 06], après avoir mené une analyse quanti-
tative, affirment que l’énergie élastique accumulée par ces contraintes de com-
pression est suffisante pour développer un réseau de fissures et donner une
énergie cinétique aux éléments de béton éclatés. Pour mener ces approches fine-
ment, l’effet du fluage thermique transitoire devrait être pris en compte mais il
reste mal connu.
Pour conclure, il semble que l’éclatement soit en fait le résultat de la combinaison
de la pression des fluides dans les pores, des contraintes de compression au niveau
de la surface exposée, mais aussi de la fissuration interne qui provient des dilata-
tions différentielles entre la pâte et les granulats (au-delà de 140 °C, la pâte de ci-
ment se rétracte du fait de la déshydratation alors que les granulats se dilatent).
Msaad [MSA 05] a étudié numériquement dans sa thèse la contribution de l’effet
mécanique et de l’effet hydraulique dans le phénomène d’éclatement. Il conclut
que les deux effets sont du même ordre de grandeur sur ses indicateurs d’endom-
magement. Gawin et al. [GAW 06] recherchent la possibilité de caractériser le ris-
que d’éclatement à l’aide d’indices obtenus par calcul. Cette démarche peut faire
avancer les modélisations. D’autres, comme Hertz et Sorensen [HER 05], es-
sayent de mettre au point des appareillages simples permettant une bonne carac-
térisation du risque d’éclatement d’un béton donné.
Les causes de l’éclatement du béton ne sont pas encore aujourd’hui parfaite-
ment comprises. Cependant la recherche a permis de mettre en avant des fac-
teurs favorisant ce phénomène (HER 03) :
– la densification de la matrice cimentaire ;
– la faible perméabilité ;
– les contraintes thermiques ;
– le chauffage asymétrique ;
– la montée rapide en température ;
– la présence d’eau libre et d’humidité dans le béton ;
– les déformations thermiques empêchées.

724
La durabilité des bétons face aux incendies

T T
température
x x

contrainte P
ı pression
x Champ d'humidité :
x

±ı (1) Zone sèche

(2) Zone de
vaporisation

(3) Zone qui


±ı s'humidifie

(4) Zone sans


variation hydrique
(a) (b)

Figure 13.7 : principales raisons d’apparition de l’écaillage :


a) dilatation thermique empêchée d’après [BAZ 97] ; b) pressions internes [AND 97].

4. EFFET DES DIFFÉRENTS COMPOSANTS INTERVENANT


DANS LES FORMULATIONS DES BÉTONS SUR LEUR TENUE
AU FEU
Les innovations de ces deux dernières décennies permettent de parler aujourd’hui
non plus du béton mais des bétons : du béton courant (BO), en passant par les bé-
tons à hautes performances (BHP), jusqu’aux bétons fibrés à ultra-performances
(BFUP) sans oublier les bétons autoplaçants (BAP) qui peuvent couvrir presque
toutes les autres catégories. Ces innovations ont été conduites dans l’objectif
d’améliorer les performances du matériau en situation courante, des gains consi-
dérables ont notamment été obtenus vis-à-vis de la durabilité. Les incendies de
tunnels survenus ces dernières années, plus particulièrement celui du tunnel sous
la Manche, ont mis l’accent sur le besoin de parfaire les connaissances sur le com-
portement des BHP face aux hautes températures. Ces incendies ont mis en évi-
dence des différences de comportement selon le type de béton utilisé et donc la
nécessité d’étudier l’influence des différents paramètres de formulation d’un bé-
ton. Plusieurs programmes expérimentaux ont été réalisés sur ce thème [PIM 05,
HIT 99, NIS 07, FEU 06]. Nous présentons ici principalement les résultats d’une
récente étude française sur le comportement du matériau béton face au feu
[FEU 06], appelée dans la suite « étude Feu-Béton », avec l’analyse détaillée de
l’influence des principaux paramètres qui peuvent jouer un rôle dans ce compor-
tement, intégrant une validation de l’efficacité des fibres de polypropylène dans
la prévention de l’écaillage.

725
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

4.1. Influence des paramètres intervenant dans la composition


des bétons
Outre les pâtes de ciment dont le comportement à hautes températures a fait l’ob-
jet de plusieurs études [PAR 79, SAW 81, PIA 84, DIA 90, ALA 03, ALA 05,
PAS 04], les paramètres intervenant dans la formulation des différents types de
béton peuvent avoir un rôle important dans la tenue au feu du matériau, notam-
ment lorsque le béton répond à des scénarios spécifiques (montée en température
suivant la courbe hydrocarbure majorée utilisée dans les tunnels). C’est la raison
pour laquelle l’impact des granulats, des additions ainsi que des adjuvants a été
étudié. Dans un souci de comparaison, la majorité des bétons étudiés dans l’étude
Feu-Béton ont été formulés sur la base commune d’un béton M60, c’est-à-dire
ayant une résistance à la compression moyenne de 60 MPa à 28 jours. Quelques
bétons de résistance moyenne à la compression 30 MPa, dénommés M30, ont été
aussi testés pour permettre la comparaison avec un béton courant. L’étude Feu-
Béton s’est attachée à analyser l’influence des paramètres de composition des bé-
tons sur les caractéristiques thermo-mécaniques et vis-à-vis de la propension à
l’écaillage (exposition à une courbe conventionnelle de montée en température).
4.1.1. Influence des granulats
La possibilité d’une variation du comportement des bétons face au feu selon le
type de granulat utilisé a été déjà signalée dans la littérature [KHO 92]. L’Euro-
code 2 partie feu [EC2 05], propose d’ailleurs une différenciation entre granulats
calcaires et siliceux pour les courbes de résistance en fonction de la température.
Cette variabilité du comportement des bétons en fonction du type de granulat a
été corrélée avec la stabilité thermique de ces derniers. L’étude Feu-Béton avait
donc pour objectif de vérifier et de quantifier cette influence.
L’étude de la stabilité thermique des granulats représentatifs de la production
française [CER 02] a notamment permis de dégager les résultats suivants :
– il n’y a que pour des faibles valeurs de température (inférieures à 350 °C) que
l’on peut parler d’un comportement linéaire pour le coefficient de dilatation ther-
mique α. Dans ce cas la tendance à une dilatation un peu plus forte pour les gra-
nulats siliceux est remarquée, mais il n’en est pas de même pour les températures
plus élevées où des différences notables pour les valeurs de α peuvent apparaître
au sein d’une même famille géologique ;
– les pertes au feu sont plus importantes pour les granulats calcaires et elles sont
en relation directe avec la teneur en CaCO3 de ce type de granulat. Le pic endo-
thermique dû à la décarbonatation est situé entre 800 °C et 900 °C ;
– la porosité ouverte varie de façon sensible parmi les différents types de granu-
lats et aussi au sein d’une même famille géologique.

726
La durabilité des bétons face aux incendies

Enfin des essais de résistances mécaniques et d’écaillage ont été réalisés afin
d’identifier l’impact de la nature du granulat. Aucune corrélation probante n’a pu
être établie entre les résultats et la stabilité thermique des granulats (caractérisée
par les pertes en masse, les réactions endo- et exothermiques, la dilatation). Au vu
de ces résultats on peut conclure qu’il est difficile d’établir a priori l’influence de
la stabilité thermique des granulats sur le comportement au feu des bétons. Pour
une même famille géologique, il est délicat d’établir une prédiction des compor-
tements.
4.1.1.1. Influence des granulats sur les résistances mécaniques
Dans l’étude Feu-Béton, cinq formules de bétons M60 avec cinq types de granu-
lats différents ont été réalisées : siliceux Garonne et éruptif cornéenne, silico-cal-
caire Basse Seine et calcaires Jurassique Bathonien et Beauce. Des éprouvettes
cylindriques de 10 cm de diamètre et 30 cm de hauteur pour les tests à la compres-
sion et des diabolos de 8 cm de diamètre au centre pour les tests de traction directe
ont été confectionnées. Les recommandations de la Rilem [RIL 95, RIL 00c] ont
été suivies pour la réalisation de ces tests de résistance à la compression et à la
traction directe à chaud. Les dimensions des éprouvettes sont conformes à ces re-
commandations. En particulier l’élancement des éprouvettes de compression doit
être compris entre 3 et 4 pour permettre une rupture dans une zone homogène en
température (les extrémités de l’éprouvette sont plus froides car elles sont en con-
tact avec les éléments d’interface pour le chargement). Les figures 13.8 et 13.9
montrent les dispositifs d’essai spécifiquement conçus pour ces tests.

Figure 13.8 : dispositif d’essai en compression à hautes températures [FEU 06].

727
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

Figure 13.9 : dispositif d’essai en traction directe à hautes températures [FEU 06].

La figure 13.10 indique les résistances à la compression obtenues en valeurs rela-


tives (rapport entre les résistances à chaud et à 20 °C) en fonction de la tempéra-
ture pour les cinq bétons M60 testés. Les éprouvettes ont été chargées à 20 % de
leur résistance à la rupture à 20 °C dès le début de l’essai et jusqu’au test de résis-
tance proprement dit (température stabilisée, augmentation de la charge jusqu’à
rupture). Les courbes de l’Eurocode 2, partie 1-2 [EC2 05], et celles du DTU Feu-
Béton [DTU 93] sont insérées dans le graphe afin de pouvoir comparer les résul-
tats avec les valeurs normatives.

1,1
M60 Garonne
1,0

0,9 M 60 Cornéenne
Résistance (20 °C)

0,8 M60 Basse Seine

0,7 M60 Bathonien


0,6
M 60 Beauce
0,5
EC2-1.2 : granulats
0,4
EC2-1.2 : granulats
0,3
DTU FB
0,2

0,1 courbes extrêmes DTU

0,0
0 100 200 300 400 500 600 700 800

Température en °C

Figure 13.10 : influence des granulats. Résistance à la compression à chaud


(en valeurs relatives à la valeur à 20 °C) en fonction de la température [FEU 06].

728
La durabilité des bétons face aux incendies

Une première analyse montre qu’une diminution de résistance de l’ordre de 30 %


a lieu autour de 150 °C suivie d’une reprise substantielle à 450 °C (des études
complémentaires réalisées au CERIB indiquent en fait que cette baisse apparaît
dès 80 °C et la reprise quant à elle se situerait dès 200 °C). Cette évolution de la
résistance est notée à plusieurs reprises dans la littérature. Le rôle de l’eau est à
ce jour présenté comme un des facteurs les plus influents permettant d’expliquer
la baisse puis la reprise de résistance. Cependant, l’interprétation des phénomènes
liés à l’eau peut varier entre les auteurs. Si la dilatation de l’eau entre les couches
de C-S-H puis le rapprochement de leurs feuillets du fait du départ de l’eau sont
unanimement reconnus pour expliquer dans une certaine mesure la perte puis la
reprise de résistance, l’impact des transformations chimiques est, quant à lui, con-
troversé.
Les normes (Eurocode 2 partie 1.2 et DTU-FB) font apparaître une décroissance
continue de résistance (sans baisse accentuée à 150 °C suivie d’une reprise de ré-
sistance). Peut se poser alors la question du dimensionnement de l’ouvrage au feu
compte tenu des observations expérimentales du phénomène autour de 150 °C. Il
peut être constaté que les dimensionnements suivant l’Eurocode 2 partie 1.2 sont
sécuritaires vis-à-vis de la résistance au feu expérimentale des éléments de struc-
tures (essai sur poutre, poteau…). On peut donc penser qu’une compensation
existe entre des zones dont la température atteint 150 °C (et dont la résistance se-
rait a priori plus faible que celle donnée dans la norme) avec des zones dont la
température atteint entre 250 °C et 450 °C (et dont la résistance serait a priori plus
élevée que celle donnée dans la norme). Il faut, en effet, avoir à l’esprit que lors-
qu’une structure est soumise à l’incendie, la section de béton, du fait des transferts
thermiques, n’est pas à une température homogène mais voit au contraire un gra-
dient de température. Les zones comprises entre les armatures et la peau du béton
sont à des températures pouvant aller de 200 à 900 °C, alors que le cœur de la sec-
tion atteint des températures comprises entre 20 °C et 200 °C en fonction du
temps d’exposition.
Enfin, mis à part les valeurs autour de 150 °C, on observe sur la figure 13.10 que
tous les résultats des formules testées, réalisées avec différents granulats, se si-
tuent entre les courbes extrêmes du DTU Feu-Béton et sont voisins des courbes
de l’Eurocode 2, 1-2. On peut néanmoins noter que, contrairement aux données
de l’Eurocode 2, 1-2, les bétons de cette étude réalisés avec des granulats siliceux
sont plutôt plus résistants que ceux confectionnés avec des granulats calcaires.
Les expériences faites par Abrams en 1971 [ABR 71] (figure 13.11) ont présenté
des différences de comportement entre matériaux siliceux et calcaires, tout com-
me les essais réalisés dans le cadre du projet national BHP 2000 (figure 13.12) qui
confirment les tendances proposées dans l’Eurocode 2, 1-2. Cependant l’attention

729
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

doit être attirée sur le fait que les dispersions des résultats sont telles que la géné-
ralisation à des familles distinctes calcaires/siliceux n’est peut-être pas appropriée
(figures 13.13 et 13.14).
Pour une même classe de résistance des bétons, la nature des granulats n’a pas
d’influence significative sur l’évolution des résistances à la compression avec la
température (la variabilité des résultats au sein d’une même famille géologique
peut être plus importante qu’entre deux familles distinctes).

21C 200C 400C 600C 800C


25 140
M30C M75C
Béton calcaire
(en % de la résistance initiale)

M75SC M100C
Résistance en compression

120
DTU
00 Fuseau
100

Mortier léger V
75

fcT/fc20°C (%)
80
Béton siliceux III
60
50

40
Chargé à 0,4 f'c
25
20
Résistance initiale = f'c
Moy f'c = 3 99 psi (275 kg/cm2)
0
0
0 200 400 600 800
70F 400F 800F 1 200F 1 60
Température (°C)
Température
Figure 13.11 : Influence du type de granu- Figure 13.12 : Influence du type de granu-
lat sur la résistance à la compression en lat sur la résistance à la compression en
fonction de la température selon Abrams fonction de la température – essais réali-
[ABR 71]. sés dans le cadre du projet national
BHP 2000 [PIM 05].
C = granulat calcaire, SC = granulat silico-
calcaire

ıș
Ratio de résistance en compression (%)

ı20
1
125
Bétons ı20 Béton ordinaire
0,9 Porphyre..................................420 bars
Limite
Quartzite..................................350
100 supérieure
Roulés siliceux (Loire)..............470
0,8 Roulés silico-calcaire (Seine)...420
Argile expansée........................320

0,7 75

0,6 Granulats
50 Granulat siliceux
Grès Limite
0,5 inférieure
Calcaire
25 Gravier calcaire
0,4 Dolérite
Schiste amphibole
0,3 0
20 100 200 300 400 500
0,2 Température (°C)
100 200 300 400 600
Température (°C)

Figure 13.13 : Influence du type de granu- Figure 13.14 : Influence du type de granu-
lat sur la résistance à la compression en lat sur la résistance à la compression en
fonction de la température selon Maréchal fonction de la température selon Bazant
[MAR 70]. [BAZ 96].

730
La durabilité des bétons face aux incendies

Pour la résistance à la traction, une tendance similaire a été observée: une dimi-
nution autour de 150 °C, suivie d’une reprise, laquelle dépasse les valeurs des nor-
mes. La figure 13.15 montre ces résultats pour les deux formules testées, l’une
avec un granulat siliceux (Garonne) et l’autre avec un granulat calcaire (Batho-
nien). Dans ce cas, la comparaison a été faite entre béton vibré et béton autopla-
çant, dont une analyse plus détaillée est faite en 4.1.3.1.

1,1
1,0 M60 BAP Bathonien
M60 Garonne
0,9 EC2-1.2 et DTU
0,8
Résistance (20 °C)

0,7

0,6
0,5

0,4
0,3
0,2

0,1
0,0
0 100 200 300 400 500 600 700 800
Température en °C

Figure 13.15 : influence des granulats. Résistance à la traction


(en valeurs relatives à la valeur à 20°C) en fonction de la température [FEU 06].

4.1.1.2. Influence des granulats sur l’écaillage


Dans le cadre de l’étude Feu-Béton, des bétons M60 formulés avec huit types de
granulats (trois d’origine alluvionnaire, trois calcaires et deux éruptifs) ont été uti-
lisés pour réaliser des éprouvettes prismatiques en béton armé (4 HA12 pour les
armatures longitudinales et 1 HA8 tous les 130 mm pour les armatures transver-
sales) de dimensions 30 cm × 30 cm × 75 cm, pour évaluer leur propension à
l’écaillage. Les tests ont été réalisés dans un four (figure 13.16) selon la montée
en température de la courbe ISO 834, courbe standard de montée en température
pour le dimensionnement des ouvrages notamment les bâtiments d’habitation ou
de bureau (figure 13.2). Les éprouvettes, âgées d’au moins 90 jours, ont été sou-
mises à cette sollicitation pendant 90 minutes. C’est donc une température de l’or-
dre de 1000 °C qui a été atteinte à la surface des prismes. L’évolution de la masse
des prismes a été enregistrée en continu. Le four était refroidi naturellement avant
de sortir les éprouvettes.

731
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

Figure 13.16 : four pour essais d’écaillage [FEU 06].

Les figures 13.17 à 13.19 permettent de visualiser l’état des éprouvettes à la sortie
du four. Pour l’essai d’étude de l’influence des granulats sur l’écaillage, l’enroba-
ge des armatures transversales était de 1,5 cm.

(a) granulats de Basse Seine (b) granulats Garonne siliceux. (c) granulats Rhône calcaires.
silico-calcaires.

Figure 13.17 : influence des granulats. État des prismes après 90 minutes d’essai
et refroidissement du four. Granulats alluvionnaires [FEU 06].

732
La durabilité des bétons face aux incendies

(a) (b) (c) (d)


Figure 13.18 : influence des granulats. État des prismes après 90 minutes d’essai
et refroidissement du four. Granulats calcaires [FEU 06].
Trois différents types de granulats calcaires ont été testés, provenant de différentes localisations géo-
logiques : (a) Beauce, (b) Jurassique Bathonien et (c) Jurassique grenu ; une quatrième éprouvette a
été réalisée avec du Jurassique grenu et du sable de Basse Seine (d).

(a) (b)
Figure 13.19 : influence des granulats. État des prismes après 90 minutes d’essai
et refroidissement du four. Granulats éruptifs [FEU 06].
Les granulats éruptifs utilisés sont : (a) éruptif cornéenne et (b) éruptif andésite.

733
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

De façon générale, on remarque qu’il n’y a pas d’écaillage significatif quel que
soit le granulat utilisé. Les pertes de masse mesurées lors des essais ont fluctué en
moyenne entre 6 % pour les bétons avec granulats siliceux à 8 % pour ceux avec
granulats calcaires. En tenant compte d’une teneur en eau initiale d’environ 4 %,
les pertes de masse durant le chauffage, non liées au départ de l’eau libre, ont été
comprises entre 2 % et 4 %. Elles correspondent au départ de l’eau physiquement
et chimiquement liée ainsi qu’au CO2 produit lors de la décarbonatation et, le cas
échéant, aux éclats. Les pertes de masse globales ne sont donc pas directement des
estimations de la propension à l’écaillage/éclatement.
Pour les différents granulats considérés dans cette étude, représentatifs de la
production française, aucune corrélation n’a pu être établie entre leur stabilité
thermique et le comportement à l’écaillage du béton correspondant.
Khoury [FIB 07] a quant à lui proposé d’établir un lien entre comportement au
feu et stabilité thermique (meilleure est cette dernière, meilleur sera le comporte-
ment au feu) en indiquant cependant que la combinaison de facteurs tels que les
faibles valeurs du coefficient de dilatation thermique ou les surfaces rugueuses
des granulats peuvent renforcer la résistance des bétons à l’écaillage.
Nous pouvons conclure que des bétons d’usage courant jusqu’aux M60 considé-
rés ici, pour une sollicitation du type Feu ISO (figure 13.2) ne présentent pas
d’écaillage significatif et que l’influence du type de granulat est très modérée.
Enfin, l’état final de la majorité des éléments testés montre que la possibilité de
réparation des ouvrages en béton après un incendie est très grande, ce qui est un
atout pour la durabilité de ces ouvrages.
L’expérience a montré que ce bon comportement face à l’écaillage est également
observé dans les bétons courants, de type M30. En revanche, du fait de la diminu-
tion de la perméabilité, comme indiqué en 3.2, les bétons à hautes et très hautes
performances ont plus tendance à s’écailler de manière plus ou moins marquée
quel que soit le granulat. Cependant, des solutions très efficaces pour la préven-
tion de l’écaillage dans ce type de bétons ont été développées, ce qui est considéré
en détail en 4.2.
4.1.2. Influence des additions
L’influence des additions sur le comportement des bétons face aux hautes tempé-
ratures a déjà été étudiée par Khoury [FIB 07], Hertz et al. [HER 05], Féron et al.
[FER 06], Poon et al. [POO 01]. Pour compléter les recherches sur le rôle des ad-
ditions vis-à-vis de l’écaillage, l’étude Feu-Béton a comparé des performances de
bétons de même résistance, confectionnés avec diverses additions minérales uti-
lisées en substitution du ciment. Un béton M60 avec granulat alluvionnaire Ga-
ronne (siliceux), a été retenu comme formulation de référence et quatre types

734
La durabilité des bétons face aux incendies

d’additions ont été sélectionnés : cendres volantes, laitier moulu, fillers calcaires
et fumée de silice. Un béton de résistance identique à celle du béton de référence
M60 a été aussi réalisé avec du ciment CEM II/A-S contenant 11 % de laitier, te-
neur identique à celle du laitier utilisé comme addition minérale (en substitution
du ciment) dans cette même étude.
Dans la suite, nous présentons les résultats relevés dans la bibliographie et ceux
de l’étude Feu-Béton.
4.1.2.1. Influence des additions sur les résistances mécaniques
L’influence des additions minérales sur l’évolution des résistances mécaniques à
hautes températures est controversée. Les travaux de Sarshar et Khoury [SAR 93]
effectués sur des pâtes de ciment indiquent un impact important du type de ci-
ment. Les résultats de Poon et al. [POO 01] indiquent que le comportement des
bétons est peu influencé par la nature des additions en dessous de 600 °C aussi
bien pour les bétons courants (figure 13.20) que pour les BHP (figure 13.21). En-
tre 600 °C et 800 °C, les résistances des bétons avec additions diminuent un peu
plus que celles des bétons de référence.
Il faut noter que les bétons utilisés dans les travaux de Poon et al. [POO 01] ont
des résistances initiales comprises entre 40 et 65 MPa pour les bétons courants et
entre 90 et 125 MPa pour les BHP.

160
Résistance à la compression

BO
140
BO-CV30
120
résiduelle (MPa)

BO-CV40
100
BO-LHF30
80
BO-LHF40
60

40

20

0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
Température d'exposition (°C)

Figure 13.20 : influence des additions sur la résistance à la compression résiduelle


en fonction de la température pour des bétons courants, d’après Poon et al. [POO 01].
BC : béton courant de référence, CV : cendres volantes, LHF : laitier de haut-fourneau.
Les nombres donnent la teneur en addition.

735
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

BHP
160 BHP-FS5

Résistance à la compression
BHP-FS10
140
BHP-CV20
BHP-CV30
120

résiduelle (MPa)
BHP-CV40
BHP-FS+CV
100
BHP-LHF30
BHP-LHF40
80

60

40

20

0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
Température d'exposition (°C)
Figure 13.21 : influence des additions sur la résistance à la compression résiduelle
en fonction de la température pour des bétons à hautes performances,
d’après Poon et al. [POO 01]
BHP : béton à hautes performances de référence, FS : fumée de silice, CV : cendres volantes,
LHF : laitier de haut-fourneau
Les nombres donnent la teneur en addition.

4.1.2.2. Influence des additions sur l’écaillage


Dans l’étude Feu-Béton, des éprouvettes prismatiques en béton armé de dimen-
sions 30 cm × 30 cm × 75 cm ont été réalisées. Les éprouvettes ont été soumises
au type d’essai décrit en 4.1.1.2 mais cette fois avec un enrobage des armatures
transversales de 3 cm, plus défavorable pour l’écaillage (l’augmentation d’enro-
bage peut conduire dans certains cas à l’apparition d’éclats localisés). La masse
des prismes pendant l’essai et la masse des éclats en fin de chauffage ont été dé-
terminées. Le tableau 13.1 donne les caractéristiques des éclats qui ont eu lieu se-
lon le type d’addition utilisé et la figure 13.22 montre l’état final des éprouvettes
après sortie du four et refroidissement.
Tableau 13.1 : caractéristiques des éclats après essai d’écaillage, selon le type d’addition
[FEU 06].

Perte de masse
Type d’addition Épaisseur maximale des éclats (cm)
par éclats (%)
Aucune 1,0 e < 2 cm (éclats d’angle)
Cendres volantes (11 %) 1,0 e < 2 cm (éclats d’angle)
Filler calcaire (11 %) 0,0 –
Laitier moulu (11 %) 2,0 e < 2 cm (éclats d’angle)
Fumée de silice 2,5 e < 2 cm (éclats distribués dans la surface)
CEM II à 11 % de laitier 1,5 e < 3 cm (éclats d’angle)

736
La durabilité des bétons face aux incendies

(a) (b) (c)

(d) (e) (f)

Figure 13.22 : influence des additions. État final des éprouvettes après essai d’écaillage
et refroidissement [FEU 06].
(a) béton de référence sans addition ; (b) avec 11 % de cendres volantes ; (c) avec 11 % de filler cal-
caire ; (d) avec ciment CEM II à 11 % de laitier ; (e) avec 11 % de laitier moulu et (f) avec 8 % de
fumée de silice.

L’analyse de ces résultats conduit à conclure que, dans les proportions utilisées,
les additions calcaires tendent à améliorer le comportement du béton face à
l’écaillage (aucun éclat n’a été observé) tandis que la fumée de silice semble pro-
voquer une dégradation plus prononcée que celle du béton de référence, avec des
résultats intermédiaires pour les autres additions.

737
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

Dans aucun cas, les éclats n’ont mis à nu les armatures. Lorsqu’il y a eu écaillage,
la dimension des éclats est restée inférieure à l’épaisseur de l’enrobage des arma-
tures transversales. La plupart des éclats observés étaient des éclats d’angles.
Une étude finlandaise a mis en doute l’utilisation des fillers calcaires dans des
proportions supérieures à 25 %, qui conduirait à un écaillage systématique. Cette
tendance n’a pas été observée dans l’étude française [FEU 06]. En effet, des tests
avec des teneurs supérieures (allant jusqu’à 43 %) ont été réalisés : des dégrada-
tions plus importantes qu’avec la teneur de 11 % ont été observées mais elles res-
tent dans des proportions identiques à celles observées avec les autres additions
dosées à 11 %, sans mettre à nu les armatures. L’utilisation de filler calcaire dans
les proportions habituelles n’est donc pas contre-indiquée vis-à-vis du comporte-
ment au feu ; elle tendrait même à améliorer ce dernier.
En ce qui concerne l’utilisation de fumée de silice, Hertz [HER 05] a testé un bé-
ton à hautes performances avec différentes teneurs en cette addition (0 %, 5 %,
10 % et 15 %) et avec différentes teneurs en eau. Il arrive à la conclusion que les
bétons avec fumées de silice et avec des teneurs en eau élevées ont une tendance
à l’écaillage plus prononcée et il propose une limite supérieure de 10 % de fumée
de silice par rapport à la masse de ciment pour éviter l’écaillage. Sarshar et Khou-
ry [SAR 93] ont trouvé que la substitution du ciment Portland par 10 % de fumée
de silice ne modifie pas le comportement du béton face aux hautes températures.
Felicetti et Gambarova [FEL 98] sont arrivés à des conclusions similaires avec
des teneurs en fumée de silice de 6,7 % et 9,7 %. Feron et al. [FER 06] signalent
que l’effet des fumées de silice peut être défavorable à cause d’une augmentation
de la compacité mais qu’il existe des cas où l’effet peut être favorable.
De manière générale, il convient de limiter à 10 % la teneur en fumée de silice
pour limiter l’écaillage du béton à hautes températures lorsqu’aucune précau-
tion n’est prise par ailleurs (par exemple ajout de fibres de polypropylène).

4.1.3. Influence des adjuvants


Peu de travaux sur le rôle spécifique des adjuvants sont disponibles dans la litté-
rature. En général les études se limitent à une comparaison entre bétons vibrés
sans adjuvant et bétons autoplaçants [BOS 03, CAR 05, FER 06].
Dans le cadre de l’étude Feu-Béton, plusieurs types de formules ont été testées :
soit pour évaluer l’impact de différents adjuvants incorporés à une même formule
de base (ce qui peut conduire à l’obtention de résistances sensiblement différen-
tes), soit pour évaluer l’impact de l’utilisation d’adjuvants pour des bétons de
même classe de résistance (ce qui peut conduire à modifier les quantités de cha-
que constituant, leur nature restant par ailleurs identique).

738
La durabilité des bétons face aux incendies

Nous présentons ici les résultats de l’étude Feu-Béton dans laquelle les types
d’adjuvants suivants ont été testés :
– un superplastifiant polycarboxylate ;
– un entraîneur d’air minéral ;
– un entraîneur d’air organique ;
– un agent de viscosité.
Pour une formule de base M60, deux types de béton ont été considérés : avec gra-
nulat siliceux Garonne et avec granulat calcaire Bathonien (plus sensible à
l’écaillage, voir § 4.1.1).
Pour le béton M60 Garonne, sont comparés :
– un béton vibré, avec superplastifiant ;
– un BAP, avec un fort dosage en filler calcaire et superplastifiant ;
– un BAP, avec un faible dosage en filler calcaire, superplastifiant et agent de
viscosité.
Pour le béton M60 Bathonien, sont comparés :
– un béton vibré, avec superplastifiant ;
– un béton vibré, avec superplastifiant et entraîneur d’air minéral ;
– un béton vibré, avec superplastifiant et entraîneur d’air organique ;
– un BAP, avec un faible dosage en filler calcaire, superplastifiant et agent de
viscosité.
4.1.3.1. Influence des adjuvants sur les résistances mécaniques
Pour cette partie de l’étude Feu-Béton le même dispositif expérimental et le même
type d’éprouvettes décrits en 4.1.1.1 ont été utilisés. Les éprouvettes pour les tests
de résistances mécaniques ont été réalisées avec les formules correspondant aux
bétons vibrés avec superplastifiant et celles des BAP avec un faible dosage en ad-
ditions calcaires, superplastifiant et agent de viscosité. Les autres formules n’ont
été testées qu’à l’écaillage.
La figure 13.23 présente les variations de la résistance à la compression en fonc-
tion de la température pour les bétons M60 vibrés et BAP testés. Les éprouvettes
ont été chargées à 20 % de leur résistance à 20 °C dès le début de l’essai et jus-
qu’au test de résistance proprement dit (température stabilisée, augmentation de
la charge jusqu’à rupture). Les valeurs extrêmes obtenues pour chaque point sont
indiquées dans le but d’évaluer la dispersion des résultats.
La figure 13.24, correspond aux résultats des tests de résistance à la traction à
chaud obtenus avec le dispositif illustré à la figure 13.8. Dans ce cas, les éprou-
vettes n’ont été confectionnées qu’avec le béton vibré Garonne et le BAP Batho-
nien avec agent de viscosité. L’analyse de ces résultats par rapport aux courbes de
référence de l’Eurocode 2, 1-2 et DTU Feu-Béton, a été déjà réalisée en 4.1.1.1.

739
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

65
60
55
50

Résistance (MPa)
45
40
35
30
M 60 Bathonien
25
20 M 60 BAP Bathonien
15 M 60 Garonne
10
M 60 BAP Garonne
5
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 550 600 650 700 750 800

Température (°C)

Figure 13.23 : influence des adjuvants - Résistance à la compression


en fonction de la température [FEU 06].

5,5
5,0
M 60 BAP Bathonien
4,5
M 60 Garonne
Résistance (MPa)

4,0
3,5
3,0
2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 550 600 650 700 750 800

Température (°C)

Figure 13.24 : influence des adjuvants - Résistance à la traction


en fonction de la température [FEU 06]

Les évolutions avec la température des résistances à la compression et à la trac-


tion des bétons vibrés et des bétons autoplaçants adjuvantés de même résistance
initiale sont identiques.
En faisant abstraction des faibles différences dans la composition des deux types
de bétons (fondamentalement dans la teneur en fines) on peut conclure que les ad-
juvants utilisés dans cette étude pour obtenir des BAP n’ont donc pas d’influence
sur les performances mécaniques des bétons.
Bamonte et al. [BAM 07] ont trouvé la même tendance lors de l’étude de trois bé-
tons autoplaçants : un de résistance normal (NSC) et deux à hautes performances,
que l’auteur distingue entre béton à hautes performances (HPC) et à haute résis-
tance (HSC). La figure 13.25 présente les résultats trouvés dans cette étude pour
la résistance résiduelle des bétons autoplaçants (mesurée à froid après chauffe).
Les auteurs signalent que les bétons vibrés ont des comportements similaires.

740
La durabilité des bétons face aux incendies

100
NSC, Fc20 = 51 MPa
HPC, fc20 = 82 MPa
75
HSC, fc20 = 90 MPa

fcT (MPa)
50

25

0
0 200 400 600 800

Température (°C)

Figure 13.25 : valeurs résiduelles de la résistance à la compression en fonction de la


température pour bétons autoplaçants d’après Bamonte et al. [BAM 07]
Les bétons testés sont : un béton de résistance normale (NSC), un béton de hautes performances
(HPC) et un béton de haute résistance (HSC).

Dans la même étude [BAM 07], la résistance à la traction résiduelle a été égale-
ment déterminée à partir de l’essai de flexion. Les valeurs pour le béton autopla-
çant de résistance courante (NSC) ont été de 3,6 MPa à 20 °C, de 3,4 MPa à
200 °C, de 2,5 MPa à 400 °C et de 1 MPa à 600 °C, proches de celles trouvées
dans l’étude Feu-Béton.
4.1.3.2. Influence des adjuvants sur l’écaillage
Nous abordons en premier lieu l’influence des entraîneurs d’air à partir des résul-
tats obtenus [FEU 06] sur des bétons M60 avec des granulats calcaires Batho-
niens. Ces granulats ont été choisis car ils étaient plus sensibles à l’écaillage que
les autres granulats testés (voir § 4.1.1). Deux types d’entraîneurs d’air ont été uti-
lisés : l’un minéral et l’autre organique. Le même dispositif expérimental et le
même type d’éprouvettes (à la différence près d’un enrobage d’armatures de
3 cm) qui ont été décrits en 4.1.1.2 ont été utilisés pour réaliser les tests.
Le tableau 13.2 donne les caractéristiques des éclats selon le type d’entraîneur
d’air utilisé, comparées à celles des éclats d’une éprouvette sans aucun entraîneur,
et la figure 13.26 permet de visualiser l’état final des éprouvettes.
Tableau 13.2 : caractéristiques des éclats après essai d’écaillage,
selon le type d’entraîneur d’air [FEU 06].
Type d’entraîneur d’air Perte de masse par éclats (%) Épaisseur maximale des éclats (cm)
e < 5 cm (éclats d’angle)
Aucun 7,5
et e < 2 cm (éclats de surface)
1,0
Minéral e < 2 cm (éclats d’angle)
1,5

0,0
Organique e < 2 cm (éclats d’angle)
2,0
et e < 1 cm (éclats de surface)

741
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

(a) (b) (c)


Figure 13.26 : influence de l’entraîneur d’air. État final des éprouvettes
après essai d’écaillage et refroidissement [FEU 06].
L’éprouvette (a) n’a pas d’entraîneur d’air, tandis que la (b) a un entraîneur d’air minéral et la (c) un
entraîneur d’air organique.

L’utilisation d’un entraîneur d’air a une influence positive par rapport à


l’écaillage.

Dans le cas d’un béton M60, réalisé avec un granulat plus sensible à l’écaillage
(calcaire Bathonien, voir § 4.1.1) et avec un enrobage des armatures transversales
de 3 cm (facteur aussi défavorable par rapport à l’écaillage [FEU 06]), qui présen-
te des éclats localisés, l’amélioration est notable pour les deux types d’entraîneur
d’air utilisés.
Feron et al. [FER 06] mentionnent aussi que les entraîneurs d’air sont favorables
pour la prévention de l’écaillage. Des résultats similaires pour les bétons à hautes
performances ont été déjà signalés lors du programme européen HITECO
[HIT 99].
Dans ce qui suit, nous présentons l’influence sur l’écaillage des agents de visco-
sité ajoutés en plus du superplastifiant et du filler calcaire pour obtenir des bétons
autoplaçants [FEU 06]. Les tests ont été menés sur le même type d’éprouvettes et
le même dispositif expérimental que pour l’étude de l’effet des entraîneurs d’air.
Des bétons M60 avec des granulats siliceux Garonne et avec des granulats calcai-
res bathoniens ayant les caractéristiques signalées au début du paragraphe 4.1.3
ont été utilisés. La figure 13.27 présente les résultats obtenus pour les deux for-
mulations testées.

742
La durabilité des bétons face aux incendies

(a) (a2) (a3) (b1) (b2)

Figure 13.27 : influence de l’agent de viscosité. État final des éprouvettes après essai
d’écaillage et refroidissement [FEU 06].
Les bétons testés sont : un béton M 60 siliceux Garonne (a1) béton vibré, (a2) BAP à forte teneur en
filler calcaire, (a3) BAP à faible teneur en filler calcaire avec agent de viscosité ; un béton M60 calcaire
Bathonien (b1) béton vibré, (b2) BAP à faible teneur en filler calcaire avec agent de viscosité.

Au vu de ces résultats, on peut conclure que l’utilisation d’agent de viscosité peut


avoir une influence négative dans le développement de l’écaillage des bétons
quand le type de granulat est plus sensible à l’éclatement (cas du calcaire Batho-
nien).
En revanche, le comportement est pratiquement identique entre béton vibré et
autoplaçant quand ce dernier est obtenu par ajout d’une quantité importante de
filler calcaire (cas du siliceux Garonne dans la figure 13.28). On peut alors con-
clure que la tenue au feu des bétons autoplaçants dépend de la formulation utilisée
et qu’elle peut aller de « très bonne » à « défavorable » (cas (b2) de la
figure 13.27).
Nous n’avons pas trouvé d’études similaires concernant l’utilisation d’agent de
viscosité dans la littérature. En revanche, il résulte des différents travaux réalisés
en vue de l’étude du comportement des bétons autoplaçants face aux incendies
[CAR 05, FER 06, BOS 03, BAM 07, PER 04] que l’utilisation d’une formulation
adaptée conduit à un bon comportement qui peut être similaire voire meilleur que
celui du béton vibré le plus proche de sa composition.

743
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

4.2. Efficacité des fibres de polypropylène dans la prévention


de l’écaillage
Au milieu des années quatre-vingt une nouvelle catégorie de bétons s’est déve-
loppée, les bétons « à hautes performances » (BHP), appelés ainsi pour les distin-
guer des bétons « courants » (BO) utilisés jusque-là [BRA 05]. Depuis leur
développement a connu un essor qui se poursuit encore de nos jours, donnant lieu
à des nouvelles catégories : bétons à très hautes performances (BTHP), à ultra-
hautes performances (BUHP) ou encore bétons fibrés à ultra-hautes performances
(BFUP), dont la résistance à la compression est de l’ordre de 200 MPa et dont la
résistance à la traction dépasse largement les 10 MPa. Ceci a rendu possible la
réalisation de structures plus élancées, a favorisé des économies en temps d’exé-
cution et en main-d’œuvre, ce qui a provoqué leur utilisation croissante pour la
construction de bâtiments et de certains ouvrages de génie civil. Leur faible per-
méabilité les a imposés dans des ouvrages où l’étanchéité est requise. Or, cette
faible perméabilité, qui est un critère de choix pour de nombreuses applications,
peut être aussi leur talon d’Achille quand ils sont soumis au feu. On a vu au para-
graphe 3.2 qu’un des facteurs favorisant le phénomène d’éclatement ou d’écailla-
ge du béton est sa perméabilité : plus elle est faible, plus la pression de vapeur est
forte et proche de la surface chauffée.
L’incendie du tunnel sous la Manche a attiré l’attention sur la sensibilité au feu
des bétons à hautes performances tels qu’ils étaient formulés à l’époque. Des ex-
pertises réalisées [ULM 98] ont permis d’étudier les mécanismes qui ont conduit
à l’écaillage et à l’éclatement observés après incendie. Ceci a donné lieu à de
nombreux programmes de recherche nationaux et internationaux [PIM 05,
HIT 99] et à différentes études au niveau de laboratoires de recherche ou de par-
tenariats entre institutions concernées par le sujet [FEU 06] qui ont permis
d’aboutir à des formulations capables de présenter une bonne tenue au feu. Parmi
les différentes solutions proposées, la plus efficace pour les bétons sensibles à
l’écaillage est l’incorporation de fibres de polypropylène. C’est ainsi que l’Euro-
code 2, dans sa partie 1-2 (feu) [EC2 05], recommande pour les BHP l’utilisation
d’une teneur supérieure à 2 kg/m3 de fibres de polypropylène monofilaments, de
longueur supérieure au diamètre maximal des granulats (cette dernière recom-
mandation est proposée par l’annexe nationale française).
Nous présentons dans ce qui suit les résultats de l’étude Feu-Béton sur l’incorpo-
ration de fibres de polypropylène dans des bétons BTHP (M100), en les compa-
rant avec ceux d’autres travaux réalisés sur la même thématique. Dans cette étude
une première partie a été consacrée à analyser l’influence du type de fibres (mo-
nofilaments, fibrillées, fortement fibrillées), de leur géométrie (longueur, diamè-
tre) et de leur dosage. La pertinence de la recommandation des fibres

744
La durabilité des bétons face aux incendies

monofilaments de la norme européenne a été validée et il a en outre été proposé


de retenir une longueur supérieure au diamètre maximal des granulats. Sont pré-
sentés dans cette partie, les résultats obtenus avec des fibres de polypropylène
monofilaments de 18 mm de longueur et 18 µm de diamètre (Mf – L18∅18) qui
correspondent à ces dernières recommandations (formules M 100 avec granulats
de Dmax égal à 10 ou 14 mm).
4.2.1. Influence des fibres de polypropylène sur les résistances
mécaniques
Une des questions qui se posent lorsque des fibres sont incorporées à un béton est
celle de leur influence sur les résistances mécaniques du matériau. Divers auteurs
[KRE 87, BAY 02, SOF 06] ont montré que les résistances mécaniques des bétons
avec et sans fibres ne variaient pas significativement pour des dosages courants
(≤ 3 kg/m3) et pour des températures ne dépassant pas les 100 °C. Clayton et Len-
non [CLA 00], en revanche, concluent qu’il y aurait une diminution de la résis-
tance à la compression du fait de l’incorporation de 2 kg/m3 de fibres mais ils
n’ont testé que des bétons contenant 3 kg/m3 et 6 kg/m3 de fibres de polypropy-
lène.
Dans l’étude Feu-Béton, avec des dosages en fibres inférieurs ou égaux à 2 kg/m3,
les résistances à la compression à 20°C n’ont présenté aucune variation significative
par rapport à celles du béton témoin sans fibres. En outre, l’évolution de la résistance
à la compression obtenue à chaud (figure 13.28), pour un béton M100 avec des gra-
nulats siliceux Garonne et une teneur en fibres de polypropylène monofilaments (Mf
– L18∅18) de 1,2 kg/m3 se situe au-delà des valeurs indiquées dans l’Eurocode 2,1-
2 classe 3 (correspondant à C90). Notamment à 750 °C, la résistance du béton vaux
encore 50 % de sa résistance à froid, alors que la norme indique une valeur de 18 %.
Sur la figure, apparaît également la valeur résiduelle de la résistance à la compres-
sion obtenue à 450 °C, qui est supérieure à celle déterminée à chaud. Ce résultat
doit cependant être confirmé sur d’autres formules, car les données publiées jus-
qu’alors indiquent que les résistances résiduelles des bétons à hautes performan-
ces sont inférieures à celles déterminées à chaud du fait des effets du
refroidissement sur la microstructure [FIB 07]. Carré et Noumowé [CAR 05] ont
trouvé, pour des bétons vibrés ou autoplaçants à hautes performances (fc28 entre
75 et 80 MPa) avec 2 kg/m3 de fibres de polypropylène soumis à une température
de 400 °C, des valeurs de résistance à la compression résiduelle comprises entre
50 et 60 % de leur résistance à froid.

745
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

Pimienta [PIM 05], lors des études réalisées pour le Projet national BHP 2000,
évoque de très bonnes performances mécaniques à chaud des BHP avec des fibres
de polypropylène. Il a testé deux BTHP M100, l’un avec 0,9 kg/m3 et l’autre avec
1,75 kg/m3 de fibres de polypropylène et les a comparé avec des bétons M100,
M75 et M30 non fibrés. La figure 13.29 illustre les résultats trouvés.

1,1
M100 Garonne fibré à 1,2 kg/m3
1,0
EC2 classe 3 - C90 MPa
0,9 M100 Garonne 1,2 kg/m3 - résistance résiduelle
0,8
0,7
fcT/fc20°C (%)

0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0,0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000

Température (°C)

Figure 13.28 : influence des fibres de polypropylène sur la résistance à la compression


[FEU 06].
Résistances à la compression (valeurs relatives à la valeur à 20 °C) en fonction de la température
pour un béton M100 Garonne avec 1,2 kg/m3 de fibres de polypropylène Mf – L18 ∅18. Les données
de l’EC2 sont fournies pour comparaison.

100

M100C f = 0,9 kg/m3


75
fcT/fc20°C (%)

M100C f = 1,75 kg/m3

M30C
50
M75C

25 M75SC

M100C

0
0 100 200 300 400 500 600
Température (°C)

Figure 13.29 : influence des fibres de polypropylène sur la résistance à la compression,


d’après Pimienta [PIM 05].
Résistance à la compression (en valeurs relatives à la valeur à 20°C) en fonction de la température
pour deux bétons M100 C (calcaire) avec 0,9 et 1,75 kg/m3 de fibres de polypropylène, comparés à
des bétons M100C (calcaire), M75C (calcaire) et M75SC (silico-calcaire) et M30C (calcaire) sans fi-
bres.

746
La durabilité des bétons face aux incendies

L’incorporation de fibres de polypropylène ne dégrade pas les résistances rela-


tives en compression des BTHP à haute température. Au contraire, il apparaît
qu’à 250°C, les valeurs obtenues sont supérieures à celles de tous les bétons sans
fibres testés et à tous les bétons à hautes performances au-delà. L’utilisation de
fibres de polypropylène dans des quantités inférieures à 2 kg/m3 ne provoque
pas de diminution de résistance par rapport aux bétons sans fibres et n’influence
donc pas leur performance mécanique dans des sollicitations courantes ou sous
l’action des hautes températures.

4.2.2. Influence des fibres de polypropylène sur l’écaillage


De nombreux travaux démontrent l’efficacité des fibres de polypropylène pour la
prévention de l’écaillage à hautes températures des bétons et plus particulière-
ment des bétons à hautes performances [EC2 05]. Dorénavant les travaux de re-
cherche s’orientent plutôt vers les explications des raisons de l’action positive des
fibres de polypropylène pour éviter l’éclatement et l’écaillage des bétons
[KHO 06]. La base de l’amélioration du comportement des bétons à hautes per-
formances face aux incendies est le fait que ce type de fibres fondent à environ
170 °C et se vaporisent à environ 340 °C, ce qui provoque une augmentation de
la perméabilité du matériau permettant la réduction de la pression au sein des po-
res et diminuant ainsi le risque d’éclatement et d’écaillage (cf. § 3.1.3).
Nous présentons dans ce qui suit les résultats d’essais d’écaillage réalisés sur deux
types de béton à très hautes performances lors de l’étude [FEU 06] : un béton
M100 avec granulats siliceux Garonne et un béton M100 avec granulats calcaires
Bathoniens, avec différents dosages de fibres de polypropylène monofilaments
Mf – L18∅18. Les dosages ont été choisis inférieurs ou égaux à 2 kg/m3, dosage
minimum recommandé par l’Eurocode 2, 1-2 [EC2 05], de façon à vérifier si des
valeurs inférieures restent aussi efficaces. Pour le béton M100 Bathonien, trois
dosages de fibres de polypropylène ont été testés, dont l’un correspond à la limite
proposée dans la norme européenne : 1,2 kg/m3, 1,5 kg/m3 et 2 kg/m3, et pour la
formulation avec granulat Garonne la quantité de fibres a été de 0,9 kg/m3 et
1,2 kg/m3. La figure 13.30 présente les résultats obtenus après refroidissement.

747
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

(a1) (a2) (a3) (b1) (b2)


Figure 13.30 : efficacité des fibres de polypropylène - État final des éprouvettes
après essai d’écaillage et refroidissement [FEU 06].
Tests effectués sur des éprouvettes armées (enrobage de 3 cm des armatures transversales, voir pa-
ragraphe 4.1.1.2 pour les caractéristiques des éprouvettes) réalisées avec les bétons suivants :
– béton M100 Bathonien avec : (a1) 1,2 kg/m3, (a2) 1,5 kg/m3, (a3) 2 kg/m3 de fibres de polypropylène
Mf – L18ý18 ;
– béton M100 Garonne avec : (b1) 0,9 kg/m3, (b2) 1,2 kg/m3 de fibres de polypropylène Mf – L18ý18.
Les éclats d’angle des prismes (a) et (b), réalisés avec M100 Bathonien laissant apparaître des zones
gris foncé, ne sont apparus qu’au refroidissement.

Nous pouvons observer que, même pour la formulation plus sensible à l’écaillage
(béton M100 Bathonien), l’action des fibres de polypropylène est remarquable.
Dans le cas du M100 Garonne, dès l’addition de 0,9 kg/m3 le résultat est excellent
(ce qui est très en deçà de la limite proposée de l’Eurocode 2, 1-2 de 2 kg/m3).
L’utilisation de fibres de polypropylène monofilaments permet d’obtenir un ex-
cellent comportement vis-à-vis de l’écaillage des bétons à hautes performances.
Dans certains cas, ce résultat peut être aussi obtenu avec des dosages plus faibles
que la limite inférieure spécifiée par la norme Eurocode béton. La stabilité au
feu des ouvrages réalisés avec un béton à hautes ou très hautes performances est
donc assurée avec l’incorporation de fibres de polypropylène monofilaments
dans les dosages préconisés par l’Eurocode 2, 1-2.

Les essais réalisés dans le cadre de BHP 2000 [PIM 05] ont également indiqué
une efficacité des fibres dès de très faibles dosages comme indiqué sur la
figure 13.31. À dosage en fibres croissant, on observe une nette diminution de la
pression maximale mesurée au sein des bétons.

748
La durabilité des bétons face aux incendies

Pression maximale (MPa) 3

0
0 1 2 3

Dosage en fibres (kg/m )3

Figure 13.31 : impact du dosage en fibres polypropylène sur la pression maximale


mesurée au sein du béton [PIM 05].

Park et al. [PAR 07] ont déterminé que le volume optimal de fibres pour éviter
l’écaillage est de 0,1 % pour des BHP ayant un rapport E/L1 de 0,30 et de 0,2 %
pour des BHP avec rapport E/L de 0,25, ce qui les amène à conclure que le volume
nécessaire de fibres doit augmenter avec la résistance du béton. Des études con-
duites sur des BFUP [DEC 07, MIN 07], ayant des résistances à la compression
de l’ordre de 150 MPa, confirment d’une certaine façon cette hypothèse car la te-
neur idéale de fibres pour ces bétons est de 3 kg/m3 (environ 0,15 % en volume)
et non de 2 kg/m3 (moins de 0,1 % en volume) ou moins comme estimée dans
l’étude Feu-Béton pour des bétons moins résistants.
Les résultats obtenus par Phan [PHA 07] concernant les pressions dans les pores
en fonction de la température montrent clairement l’effet positif des fibres de po-
lypropylène monofilaments (figure 13.32). La pression dans les pores, laquelle
provoque l’écaillage explosif dans le cas du béton sans fibres (à la température de
250 °C au point de mesure), est très supérieure à celle mesurée dans le béton fibré
qui n’a pas présenté d’écaillage.

1. E/L représente ici le rapport des masses d’eau et de liant (ciment + fumée de silice).

749
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

2,5

Point d'écaillage explosif


2,0
Pression dans les pores (MPa)
Sans fibres
1,5 1,5 kg/m3 de fibres

1,0
3,0 kg/m3 de fibres

0,5

0
0 100 200 300 400 500
Température à 25 mm de la surface chauffée
Figure 13.32 : efficacité des fibres de polypropylène pour des bétons conservés dans
l’eau. Pression de vapeur en fonction de la température à 25 mm de la surface chauffée,
pour des BHP(fck 75 MPa) sans fibre, avec 1,5 kg/m3 et 3,0 kg/m3 de fibres de
polypropylène monofilaments, d’après Phan [PHA 07].
Les éprouvettes testées sont prismatiques (100 mm × 200 mm × 200 mm).

Les résultats que nous venons de présenter permettent d’assurer qu’un béton à
hautes ou très hautes performances, formulé avec des teneurs adéquates en fibres
de polypropylène monofilaments, répond parfaitement aux objectifs du dimen-
sionnement vis-à-vis de l’incendie.

5. RECOMMANDATIONS ET NORMES
La tenue au feu des structures en béton fait l’objet de recommandations et de nor-
mes spécifiques qui sont élaborées par différents organismes internationaux et na-
tionaux. Au niveau international, les normes issues des groupes de travail de
l’ISO (International Organization for Standardization) et du CEN (Comité euro-
péen de normalisation) sont la référence en ce qui concerne la conception des
structures, les essais de structure, la formulation et les spécifications des bétons,
tandis que pour les procédures d’essai « matériau », les recommandations de la
Rilem (Réunion internationale des laboratoires et experts des matériaux, systèmes
de construction et ouvrages) sont les plus répandues. En France, des commissions
de normalisation et groupes de travail sous la coordination de l’Afnor (Associa-
tion française de normalisation) rédigent des normes qui sont d’application uni-
quement sur le territoire français : annexes nationales des Eurocodes, NF DTU

750
La durabilité des bétons face aux incendies

(norme française, document technique unifié), NF ISO (norme française d’appli-


cation d’une norme ISO).
Nous présentons dans cette partie une brève revue des principales normes et re-
commandations existantes qui sont applicables aux structures béton pour assurer
leur tenue au feu et celles qui concernent la réalisation des essais pour évaluer les
propriétés des bétons face aux hautes températures.
5.1. Recommandations et normes applicables au dimensionnement
des structures en béton
Le béton est un matériau non combustible mais le dimensionnement des structu-
res en béton armé vis-à-vis du feu doit prendre en compte l’affaiblissement de sa
résistance et de celle des armatures du fait de l’échauffement des sections pendant
une sollicitation de type incendie.
Au niveau français, l’approche de sécurité incendie entre dans le cadre de la nor-
malisation dans ce domaine [EC1 07]. Ainsi les conditions d’emploi des diffé-
rents modèles de calculs, que ce soit pour la quantification de l’action thermique
ou pour la réponse mécanique des structures, sont encadrées par un arrêté éma-
nant du ministère de l’intérieur (à la date de parution de ce document, l’arrêté en
vigueur est celui de 22 mars 2004 relatif à la résistance au feu des produits, élé-
ments de construction et d’ouvrage). Dans ce contexte normatif, on distingue :
– deux niveaux d’approche possibles pour les actions thermiques :
– les incendies nominaux, qui sont définis a priori et qui forment le fonde-
ment des exigences descriptives définies par les normes propres à chaque
famille de bâtiments ou d’ouvrages,
– les scénarios d’incendie réel qui doivent être estimés en fonction de l’acti-
vité spécifique exercée dans un bâtiment ou un ouvrage particulier ;
– trois niveaux d’approche possibles pour les modèles de vérification du com-
portement au feu des structures :
– les valeurs tabulées pour lesquelles la durée de résistance au feu d’un élé-
ment structural est donnée en fonction de ses dimensions géométriques,
pour différents niveaux de chargement,
– les méthodes de calcul simplifiées faisant appel à des formules analytiques
de résolution aisée,
– les méthodes de calcul dites avancées, permettant, par exemple, de prendre
en compte l’interaction des éléments avec l’ensemble de la structure.
Les normes de références indiquées dans l’arrêté de résistance au feu sont, pour
les structures béton, le DTU Feu Béton « Méthode de prévision par le calcul du
comportement au feu de structures en béton », applicable aux bâtiments) et les
Eurocodes EN 1991-1.2 (actions) et EN 1992-1.2 (dimensionnement au feu des

751
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

structures béton). Les Eurocodes doivent être utilisés avec leur annexe nationale
dans lesquelles figurent en préambule les niveaux d’approches possibles indiqués
ci-avant.
À l’heure actuelle, les développements en terme de dimensionnement des ouvra-
ges tendent à utiliser des approches d’ingénierie de la sécurité incendie incluant
des analyses de risques, la détermination de scénarios incendie, l’étude de la pro-
pagation de la chaleur et des effluents et la détermination du comportement global
des structures (non pas un élément de structure de manière isolée mais un élément
de structure en interaction avec la structure froide environnante). Les travaux de
l’ISO TC 92 « sécurité au feu », SC4 « ingénierie de la sécurité incendie », WG 12
« structures en feu » évoluent vers des recommandations sur les performances
globales des structures en cas d’incendie (ISO/WD 24679), mais ces travaux en
cours d’élaboration ne rentrent pas à ce jour dans le cadre normatif.
5.1.1.DTU Feu-Béton
La version 1987, complétée en 1993, de la NF P 92-701 [DTU 93] correspond au
DTU FB considéré pour les bétons courants avec résistance à la compression ca-
ractéristique inférieure à 60 MPa. En 2000, le DTU FB a été amendé [DTU 00]
pour tenir compte des bétons à hautes performances avec des résistances nomina-
les comprises entre 60 et 80 MPa.
Ce DTU permet la vérification de la sécurité à partir d’un certain nombre de cal-
culs conventionnels, qui prennent en compte, notamment, une courbe convention-
nelle de montée en température (courbe ISO 834) et une baisse forfaitaire des
résistances mécaniques de l’acier d’armature et du béton en fonction des tempé-
ratures atteintes (voir courbes DTU FB des figures 13.11 et 13.14 pour les bétons
courants et 13.29 pour les BHP). Les courbes relatives au béton sont à l’intérieur
d’un fuseau de valeurs extrêmes correspondant à la dispersion des résultats de la-
boratoire qui ont servi pour leur détermination.
Outre les caractéristiques de la variation des résistances avec la température, le
DTU FB prend en compte trois critères permettant de déterminer le degré de ré-
sistance au feu des éléments de construction :
1°) la résistance mécanique du béton ;
2°) l’étanchéité aux flammes et aux gaz chauds ou inflammables ;
3°) l’isolation thermique dans le cas d’éléments séparatifs : limitation de l’échauf-
fement de la face non exposée au feu à 140 °C en moyenne ou 180 °C en un point.
Les éléments résistants au feu sont alors classés en trois catégories :
– SF (stable au feu) : le critère 1 est le seul requis ;
– PF (pare-flammes) : les critères 1 et 2 sont requis ;
– CF (coupe-feu) : les critères 1, 2 et 3 sont requis.

752
La durabilité des bétons face aux incendies

Par exemple, un élément structural PF 3h correspond à un élément qui aura la ré-


sistance et l’étanchéité nécessaires pour résister au feu conventionnel durant
3 heures.
Enfin, le DTU FB donne des règles constructives générales pour satisfaire les cri-
tères d’exigence de durée de résistance au feu des structures, ainsi que des règles
spécifiques pour chaque type d’ouvrage. Son application reste en vigueur jusqu’à
son remplacement définitif par la norme nationale transposant l’Eurocode 2, par-
tie feu (à partir de 2010).
5.1.2. Eurocode 2, partie 1-2
Parmi les 10 Eurocodes, l’EN 1992, Eurocode 2, correspond au calcul des struc-
tures en béton et sa partie 1-2 au calcul du comportement au feu. Cet Eurocode a
déjà le statut de norme nationale (NF EN 1992–1-2) et est utlisé avec son annexe
nationale.
Cette norme traite du calcul des structures en béton en situation accidentelle d’ex-
position au feu en identifiant les différences, ou les éléments supplémentaires, par
rapport au calcul à froid. De façon analogue au DTU FB, elle donne les exigences
requises pour les structures en béton pour remplir certaines fonctions lorsqu’elles
sont exposées au feu, à savoir :
– R, fonction porteuse : éviter une ruine prématurée de la structure (résistance
mécanique) ;
– E: limiter l’extension du feu, c’est-à-dire les flammes, gaz chauds et chaleur
excessive (étanchéité) ;
– I: fonction séparative, empêcher la propagation du feu en dehors des zones
concernées (isolation).
Ces exigences sont équivalentes aux critères 1,2 et 3 du DTU FB (voir § 5.1.1).
Un élément structural est directement classé par les initiales correspondant aux
exigences qui sont requises pendant une durée donnée en heures. Par exemple une
paroi porteuse doit être REI pendant une durée prédéterminée selon la destination
des locaux. L’EN 1992-1-2 donne des principes et règles d’application pour le
calcul des structures en vue de satisfaire ces exigences. Pour ce calcul, cette nor-
me considère la possibilité d’utiliser trois méthodes :
– les méthodes tabulées basées sur des données empiriques et applicables à une
analyse par élément ;
– les méthodes de calcul simplifiées basées sur des équations d’équilibre et
applicables à une analyse par élément et à une analyse d’une partie de la struc-
ture ;
– les méthodes de calcul avancées basées sur les équations de la physique et
applicables à une analyse de la structure dans son ensemble.

753
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

En ce qui concerne l’évolution des résistances mécaniques du béton avec la tem-


pérature, la partie 1-2 de l’Eurocode 2 donne aussi une courbe pour la diminution
de la résistance à la compression mais en distinguant les bétons réalisés avec des
granulats calcaires de ceux avec granulats siliceux (voir commentaires sur ce sujet
en 4.1.1.1) pour les classes de résistance inférieures ou égales à C50/60 (voir fi-
gure 13.11). Pour ces mêmes classes de résistance, la courbe unique de résistance
à la traction correspond avec celle du DTU FB (voir figure 13.14).
Pour les bétons de classes de résistance supérieures à C50/60 et jusqu’à C90/105
l’Eurocode 2 a un chapitre spécifique (section 6). Concernant l’évolution des ré-
sistances avec la température, cette norme semble plutôt conservatrice au vu des
différents résultats exposés dans la littérature, notamment lorsque les bétons sont
additionnés de fibres de polypropylène (voir figure 13.28). Enfin, pour la prévi-
sion de l’écaillage, plusieurs possibilités sont données parmi lesquelles est cité
l’ajout de fibres de polypropylène (monofilament de longueur supérieure au dia-
mètre maximal des granulats comme proposé par l’annexe nationale française de
l’EC 2 partie 1.2).
5.2. Recommandations et normes concernant les essais
Pour pouvoir évaluer les propriétés des bétons liées à leur tenue au feu, divers or-
ganismes, internationaux ont élaboré des recommandations ou des normes pour
la réalisation des essais correspondants. Les recommandations de la Rilem sont
les plus utilisées et référencées dans les divers travaux sur le sujet du comporte-
ment des bétons aux hautes températures. Elles sont suivies, au niveau européen,
par celles issues du CEN TC 127. Enfin, parmi les nombreux travaux effectués
par les groupes de travail de l’ISO, nous ne citerons ici que les normes d’essais
pouvant apporter un éclairage différent de celles élaborées au niveau européen,
l’orientation actuelle étant de privilégier l’adoption au niveau français de normes
issues du CEN.
5.2.1. Recommandations de la Rilem
La Rilem recommande la mesure de différentes propriétés du béton à hautes tem-
pératures et des procédures de mesure. Les propriétés retenues sont les suivantes
: relation contrainte-déformation, résistance en compression, résistance en trac-
tion, module d’élasticité, déformation thermique, fluage transitoire, fluage sous
température maintenue, retrait sous température maintenue, contrainte sous dé-
formation imposée et relaxation [RIL 95 à 07c].
Les résultats des essais à hautes températures dépendent plus particulièrement des
conditions d’essais suivantes :
– - le régime de chauffage. Le tableau 13.3 présente les essais qui doivent être
réalisés à température constante et ceux qui doivent l’être en régime transitoire ;

754
La durabilité des bétons face aux incendies

– l’ordre dans lequel sont appliquées la charge et la température. Par exemple, le


fluage sous température constante est différent s’il provient de spécimens chauf-
fés avant chargement ou de spécimens chargés avant le chauffage. Le
tableau 13.3 présente les conditions à respecter pour la mesure de certaines
caractéristiques sensibles au chargement mécanique ;
– certaines propriétés sont déterminées à chaud ou à température ambiante après
chauffage et refroidissement (ces derniers sont désignés comme propriétés rési-
duelles). Dans les deux cas les résultats ne sont pas identiques ;
– les variations d’humidité durant l’essai influencent le comportement du maté-
riau. Les recommandations Rilem ont sélectionné deux conditions aux limites
représentant les cas extrêmes rencontrés dans les structures : béton libre de
sécher et béton confiné par une barrière étanche (cas des parois très épaisses).
Pour obtenir des résultats reproductibles, il est conseillé de bien contrôler la cure
du béton et l’état d’humidité initial.
Tableau 13.3 : procédures d’essais recommandées et régime thermique correspondant
selon les recommandations de la Rilem.
Régimes de chauffage
Commentaires
Température constante Régime transitoire
Relation contrainte-
– –
déformation
Résistance
– –
en compression

Résistance en traction – –

Module d’élasticité – –

Retrait thermique Déformation thermique Variation de déformation sans charge externe

Fluage Fluage transitoire Variation de déformation, sous contrainte constante

Contrainte à Variation de contrainte, sous déformation


Relaxation
déformation maintenue maintenue constante

5.2.2. Recommandations du CEN TC 127


Le CEN TC 127 est un comité technique horizontal dont le travail consiste à déve-
lopper des méthodes générales d’essais relatives au feu qui sont ensuite référen-
cées par d’autres comités techniques du CEN responsables de la normalisation de
produits de construction qui requièrent des performances particulières vis-à-vis du
feu. Outre les essais spécifiques à des éléments du type poutres, planchers, murs…
le CEN TC 127 a également été chargé d’établir des recommandations générales
sur les essais de résistance au feu mais aussi sur les fours d’essais eux-mêmes.

755
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

La liste suivante récapitule de façon non exhaustive des recommandations et nor-


mes réalisées au sein de ce groupe et touchant plus particulièrement les structures
en béton.
CEN/TS 13381-1 (2005) – Test methods for determining the contribution to the
fire resistance of structural members. Part 1: “Horizontal protective membranes
n° 89/106/EEC”.
CEN/TS 1511 (2005) – Guidance on direct and extended application.
EN 13501-(2007) – Fire classification of construction products and building
elements. Part 2: Classification using data from fire resistance tests, excluding
ventilation services.
EN 13501-5 (2005) – Fire classification of construction products and building
elements. Part 5: “Classification using data from external fire exposure to roofs
tests N° 89/106/EEC”.
EN 1363-1 (1999) – Fire resistance tests. Part 1: “General requirements n° 89/
106/EEC”.
EN 1363-2 (1999) – Fire resistance tests. Part 2: “Alternative and additional
procedures n° 89/106/EE”.
EN 1364-1 (1999) – Fire resistance tests for non-loadbearing elements. Part 1:
“Walls n° 89/106/EEC”.
EN 1364-2 (1999) – Fire resistance tests for non-loadbearing elements. Part 2:
“Ceilings n° 89/106/EEC”.
EN 1365-1 (1999) – Fire resistance tests for loadbearing elements. Part 1:
“Walls n° 89/106/EEC”.
EN 1365-2 (1999) – Fire resistance tests for loadbearing elements. Part 2:
“Floors and roofs n° 89/106/EEC”.
EN 1365-3 (1999) – Fire resistance tests for loadbearing elements. Part 3:
“Beams n° 89/106/EEC”.
EN 1365-4 (1999) – Fire resistance tests for loadbearing elements. Part 4: “Co-
lumns n° 89/106/EEC”.
EN 1365-5 (2004) – Fire resistance tests for loadbearing elements. Part 5:
“Balconies and walkways n° 89/106/EEC”.
EN 1365-6 (2004) – Fire resistance tests for loadbearing elements. Part 6:
“Stairs n° 89/106/EEC”.
ENV 13381-3 (2002) – Test methods for determining the contribution to the fire
resistance of structural members. Part 3: “Applied protection to concrete mem-
bers n° 89/106/EEC”.
ENV 1363-3 (1998) – Fire resistance tests. Part 3: “Verification of furnace per-
formance”.

756
La durabilité des bétons face aux incendies

Les projets de normes suivants sont en cours d’élaboration au moment de l’édition


de ce livre (début 2008) :
prEN 15080-8 – Extended application of results from fire resistance tests.
Part 8: “Beams n° 89/106/EEC”. Under Approval 2008-04.
prEN 15254-2 – Extended application of results from fire resistance tests - Non-
loadbearing walls. Part 2: “Masonry and Gypsum Blocks n° 89/106/EEC”.
Under Approval 2008-06.
prEN 15080-12 – Extended application of results from fire resistance tests.
Part 12: “Loadbearing Masonry Walls n° 89/106/EEC”. Under Approval 2009-
04.
prEN 15080-13 – Extended application of results from fire resistance tests.
Part 13: “Load bearing columns n° 89/106/EEC”. Under Development 2010-
01.
prEN 15725 – Extended application reports on the fire performance of cons-
truction products and building elements. Under Approval 2009-10.
5.2.3. Normes ISO
Les normes d’essais sont notamment élaborées au sein du sous-comité 2 Fire con-
tainment du comité technique 92 Fire Safety.Une liste non exhaustive des normes
pouvant être utilisées dans le cadre d’ouvrages béton est donnée ci-après :
ISO 834-1 (1999) – Essai de résistance au feu - Éléments de construction.
Partie 1 : « Exigences générales ».
ISO 834-4 (2000) – Essais de résistance au feu - Éléments de construction. Par-
tie 4 : « Exigences spécifiques relatives aux éléments porteurs verticaux de
séparation » ; Partie 6 : « Exigences spécifiques relatives aux poutres » ;
Partie 7 : « Exigences spécifiques relatives aux poteaux ».
ISO/TR 10158 (1991) – Principes et analyse servant de base aux méthodes de
calcul portant sur la résistance au feu des éléments structuraux.
ISO/TR 12470 (1998) – Essais de résistance au feu - Recommandations pour
l’application et l’extrapolation des résultats.
ISO/TR 15655 (2003) – Résistance au feu - Essais des propriétés thermophysi-
ques et mécaniques des matériaux aux températures élevées pour la conception
de l’ingénierie contre l’incendie.
ISO/CD TR 15658 – Essais de résistance au feu - Guide pour la conception et
la conduite d’essais et de simulations à large échelle non basés sur les fours.
ISO/TR 22898 (2006) – Examen des résultats des essais d’endiguement du feu
pour les bâtiments, dans le contexte de l’ingénierie de sécurité.

757
LA DURABILITÉ DES BÉTONS

6. CONCLUSION
La très longue durée de vie des ouvrages en béton impose de ne pas négliger l’oc-
currence d’un incendie.
La longue antériorité historique du matériau béton témoigne de son très bon com-
portement face à des incendies. Toutefois, certains incidents récents, conjugués
au caractère de plus en plus protéiforme des types de béton justifient la validation
scientifique de la tenue au feu des bétons.
L’utilisation de formulations nouvelles de bétons dans les structures a nécessité
une analyse plus détaillée des performances des bétons face aux incendies. Le
présent chapitre illustre tout d’abord la nature des dégradations constatées sur le
béton en présence d’incendie, ainsi que les phénomènes qui sont à l’origine de ces
dégradations.
Ces phénomènes, la plupart du temps irréversibles, sont d’autant plus complexes
qu’ils se déroulent progressivement et mettent en jeux différentes transformations
physico-chimiques.
Les recherches permettent de mieux comprendre l’influence des différents cons-
tituants du béton. Notamment, une étude française de référence, intitulée « étude
feu-béton » menée en partenariat avec l’ensemble des intervenants concernés a
conduit aux principales conclusions suivantes :
– sur les résistances, il apparaît que toutes les formules testées sont bien en cohé-
rence avec les valeurs retenues dans la norme NF EN 1992-1-2 et que l’évolution
des performances mécaniques avec la température est similaire pour tous les gra-
nulats utilisés et pour tous les types de béton étudiés. De plus, les résistances à la
compression des bétons à très hautes performances contenant des fibres de poly-
propylène sont supérieures à celles données par la norme NF EN 1992-1-2 pour
la classe 3 ;
– sur l’écaillage, les effets bénéfiques des entraîneurs d’air et encore plus des
fibres de polypropylène (à un dosage de 2 kg/m3) ont été mis en évidence.
Concepteurs et constructeurs disposent d’une palette de solutions techniques leur
permettant d’optimiser leurs structures en conformité avec les normes et règle-
ments en vigueur.

758
La durabilité des bétons face aux incendies

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