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- On considèrera uniquement les diagrammes isobares pour une double
raison : la première est d’ordre pratique, la seconde résulte du fait que la pression
n’a qu’une faible influence sur le comportement des phases condensées
- Certains systèmes binaires ne seront plus chimiquement inertes et les
diagrammes de phases correspondantes seront profondément modifiés, mais leur
lecture ne sera pas affectée dans les mêmes proportions.
1 - Eutexie
La miscibilité nulle apparaît souvent dans les solides et on a des isobares
d’allure semblable à celle de la figure IV-14-b. On se propose d’établir les
équations des deux branches du liquidus en considérant l’équilibre des phases du
constituant B, réparti dans le solide et le liquide. La phase liquide est un mélange
réel de A et B, alors que la phase solide ne contient que B. A l’équilibre, l’égalité
des potentiels chimiques permet d’écrire :
µB (s) = µ B(l)
avec : µB (s) = µ°B,s(T) et µ B(l) = µ°B,l(T) + RT.lnaB
d’où :
µ°B,s(T) = µ°B,l(T) + RT.lnaB
soit :
1
.[µ°B,l(T) - µ°B,s(T)] = - lnaB .
RT
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Si le liquide initial a une composition xB,E , la solidification n’apparaît qu’à la
température TE, qui est la température la plus basse de tous les mélanges liquides.
On remarquera :
- que la solidification se produit en précipitant un solide de composition
globale égale à celle du liquide initial, xB,E ,
- que la température reste constante tout au long du processus de la
solidification.
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- Mélange eutectique d’étain et de plomb (xPb,E = 0,22, TE = 183°C) appelé
« soudure ».
- Mélange eutectique eau-chlorure de sodium (xNaCl,E = 0,085, TE = -21,1°C)
utilisé dans la réfrigération sous le nom de mélange glace-sel.
Considérons, sous la pression atmosphérique, de la glace en équilibre avec une
petite quantité d’eau à 0°C. Si nous ajoutons à ce système une petite quantité de sel
NaCl, celui-ci va se dissoudre progressivement dans l’eau et entraîner ainsi la
fusion de la glace, de manière à ce que s’établisse l’équilibre glace-eau salée. La
phase liquide va évoluer le long du liquidus, figure V-2, ce qui se traduit par le
refroidissement du système. Si l’on introduit suffisament de sel, le liquide atteint
alors la composition de l’eutectique et s’établit alors l’équilibre triphasé glace-eau
salée-NaCl à la température -21,1°C.
P = cte
T liquid
liquidus
0 figure V-2 : Mélange
α L- NaCl(s) eutectique H2O-NaCl
Tα
Glace-L
-21,1 E
Glace-
xNaCl
0,085
- Parmi les applications des mélanges eutectiques, citons le dégel des routes
verglacées. Dans les conditions atmosphériques telles que TE < Tα < 0°C (figure V-
2) l’eau apparue sur la route est donc solide. Par addition isotherme de NaCl solide,
on observera au point α la liquefaction du système.
1 - Définitions
Dans certains cas, il peut se produire une réaction, ou plus exactement une
association (des associations) quantitative(s), entre les deux constituants A et B du
système initial, pour former un composé défini.
On peut définir un tel composé comme étant une phase solide homogène constituée
des molécules (ou atomes) A et B coexistant dans la même maille cristalline.
De cette définition on tire deux remarques :
Un composé défini n’a d’existence qu’à l’état solide, au-dessous d’une
température seuil.
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Il s’agit d’association ou de combinaison entre les deux constituants et non
d’une réaction chimique, car dans le composé défini, l’identité des molécules A et
B est préservée. Par exemple :
- avec les atomes de magnésium et de zinc on écrit :
Mg (l) + 2 Zn (l) → (Mg, 2Zn) (s) au lieu de MgZn2 (s) qui pourrait laisser
croire à une formation de liaisons covalentes entre Mg et Zn.
- de même NH3 et H2O moléculaires donnent deux composés définis selon :
NH3(l) + H2O (l) → (NH3, H2O) (s)
et 2 NH3(l) + H2O (l) → (2 NH3, H2O) (s)
mais en aucun cas NH5O(s) ou N2H8O(s).
La cohésion au sein de ces composés définis est du même type que celle que
l’on rencontre dans les cristaux moléculaires, assurée par les liaisons faibles types
Van der Waals ou hydrogène. C’est pourquoi la dissociation du composé défini, au
moment de la fusion, se traduit par la dispersion des molécules A et B des deux
constituants à l’état liquide.
On distingue deux types de composés définis :
- Les composés définis à points de fusion congruents : la phase solide
homogène existe jusqu'à une certaine température seuil qui est sa température de
fusion.
- Les composés définis à points de fusion non congruents : l’échauffement
de la phase solide entraîne la dissociation de celle-ci, à température inférieure à sa
température de fusion. Il s’en suit une perturbation importante de l’allure du
diagramme de phases qui devient difficile à interprèter.
Nous nous limiterons dans la suite à des diagrammes de phases ne
comportant que des composés définis à points de fusion congruents.
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défini, jusqu'à épuisement du Zn, avec solidification du magnésium en excès. Le
bilan matière conduit à :
Mg (l) + 2 Zn (l) → (Mg, 2Zn) (s)
état initial : nMg nZn 0
nZn n Zn
état final nMg - ---
2 2
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Considérons le refroidissement d’un mélange liquide Mg-Zn de composition
xZn pris initialement à la température Tα (figure V-3). A la température Tβ apparaît
le premier cristal du composé défini (Mg,2Zn) (s) et à Tγ le système est le siège
d’un équilibre diphasé entre le mélange liquide et le composé défini solide.
Compte tenu de la formule du composé défini (Mg,2ZnN)(s), la conservation
du zinc présent dans les deux phases s’écrit :
nZn = nLZn + 2.nSC ⇒ xZn.n = xLZn.nL + 2.nSC
où nSC est le nombre de moles du composé défini noté C
et, n = nL + 3.nSC nombre total de moles
alors : xZn.( nL + 3.nSC)n = xLZn.nL + 2.nSC.
2
⇒ nL.(xZn- xLZn) = nSC(2 - 3 xZn) = 3. nSC( - xZn)
3
Soit en revenant à la figure :
nL.γLγ = 3. nSC.γγ C (V-1)
Il est donc possible de généraliser en suivant la même démarche, pour un composé
défini de formule (xA,yB) (s) en équilibre avec le mélange liquide :
Liquide
T liquidus (1 phase)
Tα
α
ε Figure V-4 : Diagramme
T*A
isobare d’équilibres solide-
S+L β
Tβ δβ liquide sans extremum
zδ L+V
γ
Tγ zγ xγ
Solidus
Tδ δ T*B
Tε Solide (1 phase) ε
xB
1 - Conglomérat
Ici les deux constituants énantiomères sont non miscibles à l’état solide : le
racémique solide est alors appelé conglomérat.
Le diagramme de phases solide-liquide est caractéristique d’une miscibilité
nulle à l’état solide, figure V-6, et présente une symétrie par rapport à la verticale
d’abscisse 0,5.
Le conglomérat correspond au système eutectique à l’état solide. Il est
constitué de deux cristaux en quantités égales, le motif cristallin de chacun d’eux
ne contenant qu’un seul des deux énantiomères. Il est possible de séparer les deux
types de cristaux de façon mécanique.
T Figure V-6 : Diagramme
Liquide, L
TA de phase dans le cas d’un
TA
conglomérat : A et B sont
A(s)-L
L-B(s) 2 énantiomères
TC
A(s)-B(s)
xB
conglomérat 0,5
2 - Racémate
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Ici les deux énantiomères A et B, en quantités égales constituent, à l’état
solide, un composé défini à point de fusion congruent : le racémique solide est alors
appelé racémate.
Deux types de diagrammes de phases sont possibles, suivant que la
température de fusion du racémate soit supérieure ou inférieure à celle de chaque
énantiomère, figure V-7 a et b.
Le racémate est donc un solide homogène, constitué de deux énantiomères
en quantités égales simultanément présents dans le motif cristallin.
a) T b) T
Liquide
R
TR TA TA
R
TA
TA TR
A(s)-L L-B(s)
L-R(s) R(s)-L
xB xB
0,5
R(s)-B(s) 0,5
A(s)-R(s)
Figure V-7 : Diagramme de phases dans le cas de racémates : A et B sont 2
énantiomères, R le racémate.
Lorsqu’on dispose d’un racémique à l’état solide, deux techniques
permettent de connaître s’il est conglomérat ou racémate :
- La prise de point de fusion du racémique est déterminante : si on le trouve
supérieur au point de fusion de chaque énantiomère pur, il s’agit d’un racémate
(figure V-7-a).
- Si le point de fusion du racémique est inférieur à celui de chaque
énantiomère, le doute subsiste (figures V-6 et V-7-b). Il suffit alors d’ajouter une
petite quantité de l’un des énantiomères au racémique et prendre le nouveau point
de fusion : si celui-ci est supérieur à celui du racémique, on a forcément affaire à un
conglomérat, s’il est inférieur il s’agit d’un racémate.
Exercices d’application
Exercice n°I - Etude du diagramme solide liquide α-naphtol-naphtalène
1°) a) Constuire, à l’aide des renseignements suivants, le diagramme
d’équilibre du mélange α-naphtol(A)-naphtalène(B) réalisé sous pression de 760
mmHg. Le tableau ci-dessous donne la température du dÈbut de cristallisation
(Tcris) de la phase liquide homogène au cours du refroidissement, pour divers
mélanges :
Tcris,°C 86 68 71
xB 0,25 0,5 0,75
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La température de fusion de naphtalène est T*B = 80°C. La température de fusion
d’α-naphtol est T*A = 96°C. La température de fusion du mélange eutectique est TE
= 61°C. La composition molaire du mélange eutectique est : A(%) = 40 et B(%) =
60. Les masses molaires sont : MA = 144 g.mol-1 et MB = 128 g.mol-1 .
b) Préciser pour chaque domaine du diagramme, la nature des phases
présentes.
2°) On refroidit, très lentement, 50 grammes d’un mélange liquide,
initialement pris à 100°C, constitué de 40 g de A et 10 g de B.
a) A quelle température, lue sur le diagramme, apparaissent les premiers
cristaux ? Quelle est leur nature ? b) Donner l’allure de la courbe de
refroidissement de ce mélange (courbe d’analyse thermique) c) Calculer, en
utilisant le diagramme, la masse de chacune des phases ainsi que la masse
éventuelle de naphtalène et d’α-naphtol dans chacune d’elle : a) lorsque le mélange
est refroidi à 75°C ; b) lorsque le mélange est refroidi à 50°C.
Exercice n°II - Etude du binaire benzène-naphtalène
Le benzène (A) et le naphtalène (B) sont non miscibles à l’état solide.
1°) En supposant idéal le mélange liquide, calculer les coordonnées de
l’eutectique dans le diagramme de phases isobare de ce binaire.
2°) Représenter l’allure de ce diagramme de phases. On donne :
benzène : ∆fusH°A = 9,92 KJ.mol-1, T*A = 279 K sous 1,013 bar.
Naphtalène : ∆fusH°B = 19,09 KJ.mol-1, T*B = 353 K sous 1,013 bar.
Exercice n°III - Construction du diagramme de phases de NiO(A)-MgO(B)
On donne pour le NiO(A)-MgO(B) les compositions des deux phases solide
et liquide en équilibre à la température T :
T °C 1960 2200 2400 2600 2800
zB 0 0,35 0,60 0,83 1,00
xB 0 0,18 0,38 0,65 1,00
1°) Construire le diagramme isobare solide-liquide de ce système binaire.
Situer le liquidus et le solidus. Que dire de la miscibilité de NiO avec MgO à l’état
solide ? 2°) En déduire la nature, la composition et les proportions des phases
lorsqu’on chauffe un solide à 2200°C de composition zB = 0,30.
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