CHAPITRE 4-3: BINAIRES LIQUIDE-SOLIDE

I. Diagramme solide-liquide isobare avec miscibilité totale à l’état solide.

La miscibilité totale à l'état solide se rencontre dans les corps dont les structures moléculaires sont très voisines,
par exemple les mélanges Au-Ag et Au-Cu. Les diagrammes isobares ressemblent à ceux des transitions de
phase liquide-gaz lorsque la miscibilité des liquides est totale.
Dans le cas du mélange Au-Ag, le diagramme isobare a la forme en fuseau (figure a): Tf,A = 1337 K et Tf,B =
1234.6 K sont les températures de fusion de Au pur et de Ag pur respectivement; sous la pression de 1 bar. La
courbe supérieure, ensemble des point d'apparition du premier cristal, lorsqu'on refroidit le mélange liquide, est
le liquidus. La courbe de disparition de la dernière goutte de liquide est le solidus.
Dans d'autres cas, le diagramme isobare a la forme d'un double fuseau avec un extrémum, le mélange Au-Cu
présente lui un minimum figure b

Figure a Figure b

Par analogie avec la distillation fractionnée d'un mélange liquide, il est possible de séparer les constituants d'un
mélange solide par cristallisation fractionnée figure c; le refroidissement d'un liquide de L en I provoque un
dépôt de cristaux, de composition donnée par l'abscisse de IS; intersection de la droite T = TI avec le solidus; ce
dépôt est plus riche en constituant le moins fusible, c'est-à-dire en constituant de température de fusion plus
élevée, ici A. En répétant l'opération plusieurs fois, on obtient le composé le mois fusible à l'état solide et le
composé le plus fusible à l'état liquide.

Figure c

II. Diagramme solide-liquide isobare avec miscibilité nulle à l’état solide, eutectique

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Le cas de miscibilité nulle à l'état solide et de miscibilité totale à l'état liquide est très fréquent. Le diagramme
isobare de transition de phase solide-liquide est alors analogue à celui du changement de phase liquide-gaz pour
deux constituants non miscibles à l'état liquide. La figure ci-dessous représente le diagramme isobare du
mélange antimoine-plomb (Sb-Pb): Tf,A = 903 K et Tf,B = 600 K sont les températures de fusion de antimoine et
du plomb respectivement, sous 1 bar.

Le liquidus comprend deux branches TfAE et TfBE qui se coupent en un point particulier E appelé eutectique. Ce
mot vient de l'expression grecque qui signifie fond aisément; en ce point en effet, la fusion du solide a lieu à
une température inférieure à la fois à TfA et à TfB. Le solidus est lui constitué des deux portions verticales xA = 0
et xA = 1, limitées supérieurement par TfB et TfA, et de la droite T = TE.
En E, la solidification par refroidissement du liquide se fait à température fixée et la composition du liquide est
égale à celle du solide. Cependant sa composition change avec la pression.
Le liquidus, le solidus et la droite T = TE permettent de distinguer cinq régions dabs le diagramme isobare voir
figure ci-dessus.
Région (I): le liquide homogène au dessus du liquidus Tf,BETf,A,
Région (II): le mélange dans la région triangulaire ETf,AQ formé de liquide riche en constituant A et de solide
A,
Région (III): le mélange dans la région triangulaire ETf,BP formé de liquide riche en constituant B et de solide
B,
Région (IV): le mélange dans le rectangle EQ1H constitué des cristaux de A et d'un enchevêtrement de cristaux
très fin de A et B formant l'eutectique,
Région (V): le mélange dans le rectangle EP0H constitué des cristaux de B et de l'eutectique.
Pour déterminer expérimentalement les diagrammes isobares, on étudie la courbe de refroidissement du
mélange liquide au cours du temps. Deux cas se présentent suivant que la droite verticale décrite par le point
figuratif ne contient pas ou contient le point E.

(1): Refroidissement en dehors du point eutectique

Au cours du refroidissement à partir de L1, par exemple riche en constituant A, il y a, entre I1 et J1 apparition
uniquement de solide A et variation de la composition de la phase liquide. En J1 le solide B apparaît pour la
première fois alors que la dernière goutte de liquide disparaît. PQ est l'ensemble des points où coexistent les
trois phases L, SA et SB.

(2): Refroidissement sur le point eutectique

Le refroidissement se fait au point L2. Dans ce cas la solidification se fait à température constante, comme pour
un corps pur et la durée de de la pause eutectique est maximale.
Exemple: Le mélange Sn-Pb présente un eutectique, de coordonnées xSn = 0.67 et TE = 465 K, utilisé comme
soudure.