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Règle des segments inverses.

L’alliage binaire AB de composition XBo est instable et tend à se décomposer en deux phases  et , de
compositions XB et XB. Ces deux phases sont définies par la tangente commune à la courbe Gm= f(XB)
dont les intersections avec les axes des constituants purs traduisent l’égalité des potentiels chimiques
de A et B dans les deux phases.

Les phases  et  sont à des proportions [] et [] données par la règle des segments inverses (ou
règle des bras de levier) :
𝑋𝐵 −𝑋𝐵0 𝑋𝐵0 −𝑋𝐵
[] = et [] =
𝑋𝐵 −𝑋𝐵 𝑋𝐵 −𝑋𝐵

Démonstration : cette règle exprime simplement la loi de conservation de la matière. Les n atomes B
de l’alliage de composition XBo se répartissent entre les deux phases  et . Les équations de départ
sont :

n XB0= n XB [] + n XB [] et [] + []= 1

Exemples.

1. Cas de la miscibilité totale (ex Ni-Cu) :


𝑐0 −𝑐𝑙 𝑐𝑠 −𝑐0
[S] = et [L] =
𝑐𝑠 −𝑐𝑙 𝑐𝑠 −𝑐𝑙

2. Cas des alliages binaires, avec une température eutectique (invariante).


Description de la solidification lors de la miscibilité totale.

On suppose que l’équilibre est réalisé à chaque stade du refroidissement. Les phases liquide et solide
atteignent les compositions d’équilibre définies par les courbes de liquidus et solidus. Ceci exige un
refroidissement relativement lent, ce qui est rarement satisfait d’où la naissance d’une phase solide
sous forme de dendrites.

Il faut remarquer que le liquide et le solide s’enrichissent simultanément en B. Malgré cela, la


composition moyenne de l’alliage reste évidemment constante. Grâce aux variations du rapport
pondéral des phases, la proportion [] pauvre en B, augmente, alors que la proportion [L], riche en B,
diminue. Ces proportions sont tirées de la règle des segments inverses.

Cas de la miscibilité partielle.

Exemple de la solidification eutectique.

La situation est identique à celle de la miscibilité totale L  L + .

A la température d’eutexie, l’équilibre monovariant L est remplacé par l’équilibre invariant :

LE  E + E
La température reste constante à la valeur TE tant que la solidification n’est pas terminée. Il y a
développement simultané de cristaux de E et de E qui forment l’eutectique E dont la structure,
souvent lamellaire, résulte de l’alternance de cristallites de E et de E, dans le cas le plus fréquent. La
microstructure de l’alliage est donc hétérogène. Elle est formée de cristaux primaires, proeutectiques
(généralement gros) et de lamelles alternées (structure fine) E et E.

La situation est la même pour les alliages plus riches en B que l’eutectique, et dont la teneur n’excède
pas la limite E. Par contre les alliages, dont la teneur est comprise entre 0 et E et entre E et 1, se
solidifient comme les alliages de métaux totalement miscibles.

Techniques expérimentales.

Dans les cas les plus complexes, on utilise conjointement 3 méthodes :

a) L’analyse thermique simple, méthode la plus directe.

Le liquidus et le solidus sont les lieux géométriques des températures de début et de fin de
solidification. La présence d’un palier de solidification permet de distinguer immédiatement le cas où
les deux métaux forment, à l’état solide, une phase unique, de celui où ils donnent deux phases.
b) La microscopie, optique ou électronique, effectuée de façon courante, à la température
ordinaire. L’utilisation d’une platine chauffante permet d’opérer jusqu’à la fusion.

Les solutions solides monophasées, qui sont constituées d’un seul type de cristaux, apparaissent
homogènes. Les structures biphasées sont constituées de cristaux primaires ou d’un eutectique
lamellaire ou d’un mélange de deux phases (ex. péritectique).

c) La diffraction des rayons X, souvent à température ambiante. Elle peut être utilisée un peu en
dessous sur la température de fusion. Elle donne des clichés de Debye-Scherrer à anneaux
continus et nets, lorsque la cristallisation de l’alliage est assez fine et sans orientations
privilégiées. Ces clichés constituent une véritable fiche d’identité des phases.

Comparaison entre les méthodes.

L’analyse thermique simple et la microscopie attribuent une certaine individualité au mélange


eutectique. Son point de fusion fixé et sa structure lamellaire et très régulière lui confèrent cette
individualité.

La diffraction aux rayons X le considère comme un simple mélange de phases ne se singularisant pas
par rapport à ceux qui l’entourent.

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