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Morale, éthique et déontologie dans la communication

DANS le domaine de la communication, comme dans de très nombreux autres domaines et


secteurs d’activités professionnelles, nous avons assisté au cours des dernières années à
l’émergence, ou dans certains cas au retour, d’un très fort courant moral, éthique et
déontologique.
Cette émergence et ce retour, sur l’origine et la finalité desquels il faudra bien s’interroger
pour s’assurer qu’il ne s’agit pas que d’une mode, sait-on jamais, n’ont pas été le produit du
hasard, mais plutôt celui de la nécessité. Ils ont, du reste, accompagné un courant législatif
puisé aux mêmes sources d’inspiration et qui les explique dans une large partie. La vague
législative de la période postérieure à 1988, qui correspond très précisément d’ailleurs à la
législature de l’époque (1988-1993), en est elle-même très imprégnée. La morale, l’éthique et
la déontologie apparaissent alors sous les traits de la transparence et de la clarté quand ce
n’est pas ceux de la clarification des procédures et des comportements. La clarification
implique, très modestement, que la clarté n’était pas la vertu cardinale du comportement des
opérateurs d’un secteur donné ou, intrinsèquement, du secteur lui-même. La transparence, au
contraire, implique une clarté de tous les instants et devient dès lors une ligne de conduite qui
s’impose à tous.
C’est ainsi que le législateur procède, à cette époque-là, à une énième réforme du code des
marchés publics, laquelle succède à d’autres plus ou moins ambitieuses et en précède et
annonce elle-même de nouvelles ultérieurement. Il s’agit d’abord de la loi du 4 janvier 1992
sur la réforme des procédures publiques en matière de passation de marchés publics.
Ce n’est pas la première. Ce ne sera pas la dernière. Un nouveau rapport (Rapport sur la
réforme du code des marchés publics) récemment déposé à titre de rapport d’étape par M.
Alfred Trassy-Paillogues vient en effet de le montrer. La prochaine refonte du code des
marchés publics préfigure la nouvelle législation applicable. On n’en sort décidément pas...
Dans le même ordre d’idées, c’est le financement politique qui traduit l’inspiration et la quête
de clarté et de transparence du législateur, lequel se propose une nouvelle fois, après la
première législation du 11 mars 1988 sur la transparence financière de la vie politique, de
remettre de l’ordre dans un secteur qui n’a pas toujours brillé par la clarté et la transparence.
Cette nouvelle refonte du code des marchés publics et la création originale d’un cadre légal en
matière de financement politique et électoral se doublent, avec la loi du 15 janvier 1990,
d’une nouvelle législation sur la limitation des dépenses électorales et la clarification – une
fois de plus – du financement des activités politiques. Cette dernière loi en annonce une autre,
importante, dans ce même secteur, celle du 29 janvier 1993 relative à la prévention de la
corruption et à la transparence de la vie économique et des procédures publiques.
Les années 1990, en particulier la législature 1988-1993, sont donc marquées du sceau de la
transparence et de la clarté et son corollaire thérapeutique de “clarification” dans des univers
professionnels qui en manquaient singulièrement. Ces mêmes notions sont elles-mêmes issues
des concepts plus forts de morale, d’éthique et de déontologie.
Nous allons les réexaminer et observer leur généralisation au cours de ces dernières années
dans une première partie (I), avant d’évoquer leur adaptation au monde de la communication
dans une seconde partie (II), notamment, chez les différents opérateurs de ce secteur : les
directeurs de communication (en tant qu’émetteurs de messages), les entreprises et les
supports, sans omettre de rappeler le rôle de l’organe de régulation et d’autocontrôle de la
publicité en charge de l’éthique des messages publicitaires. Cette démarche s’accompagne de
celles promues dans des domaines à mille lieues de ceux ci-avant rappelés et dont la soudaine
exigence pose décidément la question de savoir s’il ne s’agit pas, en définitive, d’une mode.
Si tel est alors le cas, on prendra soin de réfléchir, en conclusion, aux lendemains d’un tel
courant et de ses véritables suites. Le cas échéant, on exprimera les inquiétudes qui
apparaissent sous de telles volontés généreuses et purificatrices.

I. – LA HIÉRARCHIE DES CONCEPTS DE MORALE/MORALITÉ, DE


DÉONTOLOGIE ET D’ÉTHIQUE OU COMMENT LA MORALE REPREND SES
ESPRITS DANS UN MONDE QUI EN SEMBLAIT TERRIBLEMENT DÉPOURVU
En prélude à une séduisante analyse sur la morale et le droit des sociétés, un universitaire et
avocat à la cour, Jean-François Barbiéri, s’intéressait aux trois concepts de morale, éthique
et déontologie et en proposait une lecture combinée tout à fait intéressante1
Si la perspective était celle du droit des affaires, on découvrira que cette analyse est
parfaitement transposable au domaine de la communication. C’est d’abord et avant tout le
contrecoup du retour de l’économie dans la décennie 1980-1990. Après l’euphorie des
années 1981-1982 et le retour, dès 1983, à l’analyse lucide et réaliste du poids et du pouvoir
de l’économie ou de l’économique – situation inattendue sous des gouvernements de
gauche – les Français donnent le sentiment de la réconciliation avec le secteur des entreprises.
En tout cas, l’économie et l’économique deviennent l’objet de grandes émissions de radio et
de TV et seraient presque en passe de faire de l’ombre aux traditionnelles émissions de
variétés.
La situation ne manque pas de surprendre dans un pays où l’économie ne fut jamais le
principal centre d’intérêt des citoyens, pourtant l’un des plus avancés au monde dans le
domaine de l’économie et des performances.
1- LA MORALE
Elle serait l’ensemble des valeurs supérieures qui conduisent chacun à différencier le bien du
mal et qui devraient fonder les conduites humaines, tout au moins pour les individus
conscients de leurs devoirs et responsables de leurs actes. Dans cette perspective, la morale
demeure plus globalement la règle morale qui se rapporte à tout comportement humain. En ce
sens, elle présente une immanence et une constante de comportement, ce qui n’est peut-être
pas le cas de l’éthique et de la déontologie qui présentent des caractéristiques beaucoup plus
immédiates et moins élevées.
2- L’ÉTHIQUE

1
BARBERI (J.-F.), “Morale et droit des sociétés”, Les Petites Affiches, n° 68, 7 juin 1995, p. 13-18. Cet article
reprenait l’ntervention de l’auteur lors du colloque “Morale et droit des affaires” à Toulouse, le 12 mai 1995.
Même si le mot, d’étymologie grecque, est plus ancien, en fait, son utilisation dans le registre
qui nous intéresse aujourd’hui est plus récente que la morale. Jean-François Barbiéri, dans son
article précité, n’y voit du reste, pour le commun des mortels, qu’un « apport d’un peu
d’ésotérisme ».
L’éthique exprimerait les pratiques et coutumes, fruits de l’histoire et de la culture d’une
société humaine. En tout cas, l’éthique serait moins noble et, si elle utilise les mêmes
fondements du bien et du mal, elle correspondrait à une appréciation de ces deux concepts
dans des conditions données. Autrement dit, l’éthique ne serait alors qu’une version modeste,
restreinte ou relative de la morale. Elle ne serait que l’application de certains principes
moraux en un temps et dans des circonstances données.
Dans un article paru dans Le Nouvel Économiste2  consacré à l’éthique Alain Etchégoyen
exprimait son inquiétude face à la multiplication d’affiches, de déclarations, de chartes, de
codes ou autres supports à usage public concernant l’éthique « Avec la mode éthique, le
traitement des questions morales s’est, pour la plupart du temps, borné à des opérations de
communication » 3
Un colloque, précisément intitulé “Éthique et responsabilité dans votre entreprise”, n’eut pas
trop de deux journées pour déployer ces thèmes majeurs et alla même jusqu’à accrocher le
“chaland” par cette invite des plus markétique : « Sachez rédiger votre Charte d’Éthique
grâce à notre atelier ». Trois heures y suffirent... On croit rêver !
3- LA DÉONTOLOGIE...
Elle serait, quant à elle, la traduction éminemment professionnelle et corporatiste, dans le
cadre des activités d’entreprises, de règles codifiées et de sanctions disciplinaires.
Des observateurs y voient du reste le retour d’un fort courant corporatiste en France. Ces
codes de déontologie visent en effet la considération des professions qui s’en dotent ou s’en
sont dotées. La confraternité oblige à serrer les rangs devant de possibles adversaires ou
concurrents. Ces codes-là traduisent un certain retour du corporatisme auquel on assiste.
Des éditeurs se sont penchés sur les questions d’éthique et de droit. Leurs réflexions
rejoignaient celles directement attachées au monde de l’entreprise. Deux siècles après
l’interdiction des corporations, la déontologie professionnelle est une composante de l’éthique
et du droit. L’éthique est devenue une exigence sociale contemporaine. Traduit-elle une crise
des valeurs ? Les organisations professionnelles sont-elles devenues l’indispensable relais du
juge et du législateur ? La déontologie professionnelle apporte-t-elle un supplément d’âme, un
complément d’ordre, un rattrapage démocratique ? Sert-elle d’alibi à l’autoprotection
corporatiste et conforte-t-elle le désir d’échapper à la loi ?
Des trois concepts très rapidement analysés, c’est la déontologie qui serait aujourd’hui la plus
encline à devenir un effet de mode au regard de la période récente. De la sorte, on peut se
poser la question de savoir quels seront les lendemains de ces différents codes de déontologie
2
Le Nouvel Économiste, n° 963, 16 septembre 1994. L’enquête portait sur “Dix propositions pour réhabiliter
l’éthique dans l’entreprise”
3
Lire dans le même sens, COMBE (Pierre) et DESCHAMPS (Philippe) Éthique en toc, le management des valeurs
en entreprise, Les Presses du management, dont le bandeau annonçait « La morale, une idée neuve... ». Un des
analystes de ce livre ouvrait son commentaire par les mots : « Quand la morale se dégrade dans les faits, elle
fleurit dans les colloques » M.C., L’Expansion, 30 mai au 12 juin 1996, n° 526, p. 127
et autres chartes d’entreprise, ou de secteurs professionnels, plus ou moins récemment conçus
et sur la longévité desquels on pourra réfléchir.
Le secteur de la communication s’est intéressé à l’éthique et à la déontologie, que ce soit au
plan professionnel, ou que ce soit au niveau des entreprises elles-mêmes. C’est ce que nous
allons aborder maintenant dans une seconde partie en nous intéressant à la déontologie des
directeurs de communication, telle que conçue par l’association “Entreprises & Médias”, et à
la charte d’éthique d’une entreprise significative du secteur de la communication qui
appartient justement à Entreprises & Médias et, pour terminer, au code de déontologie d’une
profession du secteur de la communication, celle de l’affichage publicitaire.
Nous pourrons aussi nous interroger sur le rôle et l’influence du Bureau de vérification de la
publicité dans le domaine de la publicité et, plus généralement, de la communication.
II. – TROIS EXEMPLES D’ADAPTATION DE L’ÉTHIQUE ET DE LA DÉONTOLOGIE AU MONDE DE LA
COMMUNICATION

A- LE CODE DE DÉONTOLOGIE D’ENTREPRISES & MÉDIAS


En juin 1992, l’association des directeurs de communication, Entreprises & Médias, a conçu
un code de déontologie pour ses membres (actuellement en cours d’actualisation). Nous allons
en revoir les fondements principaux (1) et leur traduction dans un code de déontologie à
caractère global (2).

1. Les origines
Dans la compétition où s’affrontent les entreprises, leur image est devenue un atout
indispensable. Pour gérer les facteurs de plus en plus complexes qui composent cette image,
et pour établir des relations de confiance avec l’ensemble de ses publics, l’entreprise a
maintenant recours à des spécialistes de la communication. La communication d’une
entreprise ou d’une institution est une fonction dont la reconnaissance stratégique est récente.
C’est ainsi qu’est née la nécessité de formuler et de proposer à la profession les éléments
fondamentaux d’une déontologie dont la nécessité s’impose aujourd’hui à tous.
La fonction de la communication en entreprise est aujourd’hui un métier nouveau qui a pour
mission d’informer sur les orientations et les décisions de l’entreprise, de les expliquer et de
les faire comprendre. Les entreprises ont donc été conduites à élaborer de véritables stratégies
destinées à exploiter leur capital image pour accompagner leur développement économique.
Elles ont dû adapter leur politique de recrutement, la motivation de leurs collaborateurs, leurs
relations avec les consommateurs, les leaders d’opinion et, plus généralement, les médias.

L’exposé des motifs qui conduit à la rédaction du code de déontologie des directeurs de
communication passe par l’affirmation selon laquelle le capital image de l’entreprise est un
actif à part entière, somme de multiples composantes, et domaine privilégié de l’expression du
directeur de la communication qui intègre tous les modes de communication avec l’ensemble
des publics de l’entreprise, internes et externes.
Le directeur de la communication conçoit, élabore et propose la stratégie de communication
entre tous ceux qui contribuent à façonner l’image de l’entreprise.

Chaque entreprise adapte la fonction de directeur de la communication à ses données propres


et en confie l’exercice à des spécialistes de mieux en mieux formés à cette fin, rattachés à la
direction générale ou à la présidence des sociétés. Entreprise & Médias explique ce
rattachement de haut niveau par la nécessité d’avoir une vision globale de l’entreprise et de
pouvoir mobiliser les circuits d’information et de décision dans les délais les plus courts
possibles.
Le directeur de la communication jouit d’une visibilité exceptionnelle tant sur l’entreprise que
sur l’extérieur et bénéficie de modes de fonctionnement exceptionnels et atypiques au regard
des autres grandes fonctions de l’entreprise. Les exemples récents de communication de crise
l’ont montré et rappelé l’impérieuse exigence de transparence dans l’action des entreprises.

2. Le code de déontologie des directeurs de communication d’Entreprises & Médias


Il est pour l’essentiel assis sur la définition des fonctions du directeur de la communication et
sur les conditions d’exercice de la fonction. Le code énonce à cet égard différents devoirs
professionnels (a) et principes éthiques et déontologiques (b).

1. Les devoirs professionnels mis en exergue sont le professionalisme, l’ouverture, la


responsabilité, la rigueur et la crédibilité, c’est-à-dire des standards minimaux qu’une
entreprise est en droit d’attendre de son directeur de la communication, ce qui paraît
aller de soi considérant les fonctions exercées et leur importance vers l’extérieur.
2. Au rang des principes éthiques et déontologiques apparaissent l’impartialité,
l’intégrité, l’indépendance et la solidarité, ce qui paraît également aller de soi.
o  L’impartialité conduit le directeur de la communication à se refuser à user de
modes de pression économiques, ce qui signifie le refus d’insertions ou, à
l’inverse, le recours aux insertions pour influencer les médias.
o  L’intégrité vise aussi bien l’entreprise, les collaborateurs et les partenaires et
consiste pour le directeur de la communication à ne pas user, à des fins
personnelles, d’informations détenues du fait de sa position. L’énoncé des
principes d’intégrité serait dès lors applicable à n’importe quel directeur ou
membre d’un comité de direction. Spécifiquement, le directeur de la
communication s’interdit personnellement d’avoir une responsabilité directe dans
une agence de communication, de publicité ou de presse et d’y détenir une
quelconque participation financière.
o  L’indépendance s’applique aux choix des conseils et fournisseurs, selon des
critères strictement professionnels. Le directeur de la communication doit susciter
une émulation permanente entre les prestataires et mettre en œuvre une
compétition régulière entre eux, à partir de cahiers des charges précis.
o  La solidarité implique pour le directeur de la communication d’adhérer
étroitement à la stratégie de l’entreprise et à son management et d’en être
solidaire. Le directeur de la communication s’interdit dans ce cadre de faire valoir
ses engagements personnels, politiques ou confessionnels.

Au-delà des principes directeurs minimaux qui doivent guider le directeur de la


communication, la partie strictement éthique et déontologique du code
d’Entreprises & Médias est limitée par rapport aux principes que l’entreprise est en droit
d’attendre de son directeur de la communication. Sur l’éthique et la déontologie, on observe
que le code hésite entre l’éthique et la déontologie et qu’il n’évoque de toutes manières ni la
morale ni la moralité et qu’il s’inscrit dans cette perspective en retrait de cette notion de
morale/moralité, ce qui semblerait corroborer l’analyse ci-avant mentionnée selon laquelle
l’éthique et, plus encore, la déontologie ne seraient que des versions allégées de la morale
générique.
On pourrait faire, dans une certaine mesure, une analyse assez proche du code d’éthique du
Groupe Lagardère. C’est un “code de groupe”. Ce n’est pas un code global de corporation,
comme celui d’Entreprises & Médias. Mais il s’adresse à différentes entreprises et différents
métiers, certains très éloignés les uns des autres.

B- LE CODE D’ÉTHIQUE DU GROUPE LAGARDÈRE


Il contient des principes et des règles.
Dans sa lettre de préface et de présentation, le président, Jean-Luc Lagardère, écrit
que : « l’appartenance à un groupe coté en Bourse, exerçant des activités stratégiques,
réalisant la moitié de son chiffre d’affaires hors de ses frontières, nécessite une codification
des droits et des devoirs de ses membres.

Notre comportement quotidien doit être empreint d’une vigilance stricte, d’une discrétion
parfaite et d’une intégrité sans faille ».
C’est un code d’éthique du quotidien qui s’inspire de quatre principes de base destinés à
guider et à circonscrire l’activité professionnelle du groupe : la rigueur, la transparence, la
confidentialité et l’intérêt de l’entreprise. Dans la présentation du code, il est encore précisé
qu’il s’agit d’un regroupement en un seul document des différents principes et règles qui
existaient déjà dans les différentes composantes du groupe.

  La rigueur est celle du respect des délégations et limitations de pouvoirs, sans
dépassement de prérogatives.
  La transparence s’entend du respect des règles en vigueur dans la société et en parfait
accord avec sa hiérarchie. La confidentialité exige une parfaite séparation entre la vie
professionnelle et la vie personnelle, dans le respect d’une vigilance extrême dans la
circulation et la diffusion de l’information.
  L’intérêt du groupe doit toujours prévaloir sur celui des tiers et des personnes concernés.

Très modestement, ce code se veut de simple utilisation et un guide de comportement.

Pour rester dans les limites du présent article, on se bornera à commenter celles de ses
dispositions qui relèvent de la communication car bon nombre d’autres dispositions du code
d’éthique du groupe concernent des secteurs particulièrement sensibles. On imagine aisément
que l’éthique qui est exigée de cadres du secteur de l’armement ou de la commercialisation de
missiles est très spécifique et très éloignée, par exemple, de l’éthique des secteurs de la presse
et de la communication ou de l’audiovisuel.
Les dispositions relatives à la communication sont pour l’essentiel contenues dans le chapitre
“Confidentialité des informations” et concernent non seulement l’utilisation mais encore la
divulgation d’informations confidentielles concernant le groupe ou toute société du groupe.
L’une et l’autre sont généralement contraires à l’éthique et peuvent même être, dans certains
cas, contraires à la loi.

Le code d’éthique prévoit une procédure spécifique pour l’autorisation de diffusion


d’informations à l’extérieur du groupe.
Doivent être considérées comme confidentielles les informations non encore divulguées à
l’extérieur du groupe par des communiqués officiels et à titre non limitatif :

  les éléments qui relèvent de la propriété intellectuelle, industrielle ou artistique ;


  les projets à l’étude et les négociations en cours ;
  les plans stratégiques ou financiers ;
  les prévisions de résultat ;
  les plans commerciaux et marketing associés aux produits ;
  les dossiers du personnel ;
  les renseignements, résultats découlant des travaux de l’entreprise ;
  les informations, écrites ou orales, communiquées aux instances représentatives du
personnel.

La circulation de l’information est en principe limitée aux seules personnes qui sont habilitées
par leurs fonctions à les connaître. Et encore, même dans ce cadre limitatif, la circulation de
l’information est limitée aux seuls responsables autorisés.
Lorsque des informations peuvent et doivent être diffusées à l’extérieur sur le groupe, en
particulier des informations financières susceptibles d’affecter le marché des titres cotés du
groupe, un certain nombre de règles sont à observer, notamment la règle générique suivante :

« Les communiqués extérieurs et particulièrement de presse doivent être préalablement visés


par les responsables adéquats. »
C’est notamment le cas des communiqués sur des événements dont l’importance est
significative pour le groupe. Ils doivent être visés par la direction de la communication du
groupe.

À la différence de nombreux codes d’éthique d’entreprise, trop récents pour n'être pas le
résultat d’une mode, ou trop récents parce qu’ils répondaient à des événements qui avaient
défrayé la chronique, celui ci-dessus analysé est très particulier en raison de la diversité des
métiers exercés dans ce groupe, allant de l’armement à l’audiovisuel, et qui emploie des
dizaines de milliers de collaborateurs.
Il ne doit pas sa naissance à tel ou tel événement qui aurait rendu sa conception salutaire ou
nécessaire. Encore une fois, il n’est que le regroupement de différents principes et règles qui,
historiquement, existaient déjà dans chaque entité du groupe, à la différence d’autres et très
récents codes d’éthique nés de la crise ou de la survenance d’événements politico-judiciaires.

Un autre code – professionnel celui-là – doit être évoqué, c’est celui de la Chambre syndicale


française de l’affichage qui présente un particularisme à l’aune des particularismes de cette
profession.
C- LE CODE DE PRATIQUES LOYALES DES AFFICHEURS
Il a été publié en 1982 par la CSFA (Chambre syndicale française de l’affichage). La
jurisprudence commerciale ne le limite pas aux seuls membres de la CSFA mais lui a conféré
une valeur suprasyndicale en lui reconnaissant à différentes reprises le statut d’usage
professionnel, à observer par tous les opérateurs de cette profession, quelle que soit leur
appartenance syndicale.

À l’inverse de codes beaucoup plus récents, celui-ci n’a pas de prétentions morales et
éthiques. Il ne se veut que le reflet de pratiques loyales. S’il devait être conçu aujourd’hui,
peut-être franchirait-il le pas en se piquant d’éthique et de déontologie... Ce ne fut pas
nécessaire. En tout cas, ce n’est pas à l’ordre du jour.
Il ne s’intéresse pas au contenu des messages affichés, d’autres textes légaux et
réglementaires s’en chargeant d’abondance (code du commerce, code pénal, code de la
consommation, jurisprudence illimitée...).

Son seul but est de ne viser que le comportement des afficheurs au moment, simplement, où
ils louent ou vont louer (1) un ou des emplacement (s) d’affichage publicitaire. Une fois ces
emplacements loués, ce code de pratiques loyales s’applique aussi à l’exploitation technique
de l’emplacement (2).

1. Lors de la location des emplacements d’affichage


L’essentiel du code consiste à ne pas permettre aux afficheurs de se livrer à des actes de
démarchage abusifs. La règle générale fixée par le code est que tout afficheur doit s’abstenir
de démarcher un propriétaire dont la propriété est déjà occupée par un autre afficheur déjà en
place.
Cette pratique, très antérieure à l’adoption de la loi du 29 décembre 1979, a retrouvé une
seconde jeunesse avec cette loi qui s’inscrit dans la sphère de la protection du cadre de vie et
vise, notamment, à ne pas surcharger de dispositifs publicitaires les propriétés susceptibles de
les accueillir en nombre nécessairement limité.

Cette disposition prévoit que l’afficheur intéressé s’adresse à l’afficheur déjà en place et lui
demande la portée et l’étendue de son titre plutôt que de questionner le propriétaire dans des
conditions imprécises et susceptibles de créer des litiges. Les exemples de litiges entre
afficheurs sont, en effet, nombreux dans ce domaine.

2. Lors de l’exploitation de l’emplacement


La seconde règle contenue dans le code de pratiques loyales a pour objet d’interdire que les
afficheurs ne se livrent entre eux à des actes de concurrence déloyale.
Est à ce titre visé le masquage entre afficheurs que le code de pratiques loyales prohibe très
nettement en disposant que le masquage s’entend de tout dispositif partiellement ou
totalement masqué par un précédent dispositif installé avant (géographiquement) mais après
(chronologiquement), à une distance de vingt (20) fois la plus grande dimension du dispositif
masqué, en général quatre-vingts (80) mètres auparavant.

En dehors de ces deux règles, qui constituent l’essentiel du code de pratiques loyales des
afficheurs, le code ne contient qu’un contrat type de location, ainsi que les règles de solution
des litiges entre afficheurs.
Au-delà de ces trois codes d’éthique, l’un s’appliquant à une profession (les directeurs de
communication), le second à un groupe (Lagardère Groupe), le troisième à une corporation
(celle des afficheurs), il convient de signaler et de rappeler le rôle du Bureau de vérification
de la publicité qui entend, par une démarche autodisciplinaire et interprofessionnelle,
promouvoir une expression publicitaire, saine, loyale et véridique. Il diffuse, à cette fin, des
recommandations interprofessionnelles de bonne pratique dont il assure la bonne exécution et
le suivi par tous les partenaires. Prises en considération par le pouvoir judiciaire, elles sont
devenues des valeurs de référence que la jurisprudence cite régulièrement à l’appui des
décisions rendues.
Ainsi s’est créé au fil du temps une démarche éthique professionnelle visant à la protection
des consommateurs, au respect d’une saine concurrence et au développement d’une publicité
qui séduise sans tricher dans le respect de chacun. Cette démarche publicitaire, à la fois
promue et entretenue par le Bureau de vérification de la publicité, s’est globalisée au plan
européen dans d’autres secteurs que le monde publicitaire.

Le Parlement européen s’est prononcé, le 15 juin 1995, en faveur d’un « code de conduite des


médias en Europe » destiné à garantir l’indépendance de l’information et des journalistes,
dans une résolution adoptée en session plénière à Strasbourg. Le Parlement européen souhaite
également que les gouvernements des États membres « renforcent ou mettent à jour leur
législation en matière de concentration des médias afin d’éviter les positions dominantes et
de garantir le respect des règles de concurrence en tenant compte de tous les phénomènes de
concentration  ».
Dans le secteur publicitaire, à l’approche de l’entrée du projet de loi Sapin, à l’automne
de 1992, un député de la Manche, non-inscrit, M. Jean-Marie Daillet, avait déposé une
proposition de loi relative à la déontologie, la transparence et l’organisation de la profession
publicitaire, refusant par avance qu’une profession voie son sort traité dans le cadre d’un texte
légal sur la corruption du secteur public.

Il proposait donc une large réflexion sur le secteur de la publicité et appelait de ses vœux la
création d’un Conseil national de la publicité, réunissant des annonceurs, des médias, des
consommateurs et des publicitaires. Ce Conseil serait chargé de l’élaboration d’un code de
déontologie de la profession publicitaire.
Ce fut sans lendemain. La loi Sapin, quant à elle, fut adoptée et appliquée.

CONCLUSION

Au cours de ces dernières années, le débat sur l’éthique et la déontologie a envahi les
colonnes, les écrans et les estrades des colloques. La communication, publicitaire ou de
presse, est devenue un enjeu majeur des grands groupes industriels qui se sont intéressés à ces
divers secteurs. Les médias de presse ont été l’objet de toutes les convoitises.
Dans un article remarqué intitulé “Pour une éthique globale des médias” (Le
Monde, 31 mai 1995), Bernard Spitz, chargé de mission auprès du président de Canal Plus,
évoquait le «  carré magique » de l’espace médiatique comprenant : le divertissement,
l’information, la technologie et la propriété capitalistique. Toute réflexion sur la morale,
l’éthique et la déontologie dans la communication ne saurait s’exonérer d’une référence au
carré magique de Bernard Spitz.

Le divertissement et l’information reposent, par les thèmes qu’ils véhiculent lors de leur
expression, sur l’éthique et la déontologie. Puis ce fut la technologie qui conduisit à raisonner
en termes d’éthique et de déontologie au regard des nouvelles techniques de communication.
Ce fut, enfin, la propriété capitalistique des supports de messages ou concepteurs de messages
qui ont également conduit à réfléchir en termes d’éthique ou de déontologie, dès lors que
l’émission des messages n’était plus empreinte de l’objectivité nécessaire et attendue.
Le débat continue. S’il advenait que les chartes et codes de déontologie n’aient été qu’une
mode, on s’en apercevra assez vite et les errements d’hier réapparaîtront demain.

 COMBE (Pierre) et Deschamps (Philippe), Éthique en toc, Les Presses du management, 1996.

 LAMARQUE (Patrick), Les désordes du sens, alerte sur les médias, les entreprises, la vie
publique, ESF Éditeur, 1993.

 IGALENS (J.), Droit des affaires, éthique et déontologie,  L’Hermès, 1994.

 MINC (Alain), La morale et l’argent, R.J.C., 1991.

 ETCHÉGOYEN (Alain), La valse des éthiques, Jeanne Bourin, 1991.

 BIBLIOGRAPHIE

o Médiaspouvoirs, n° 36, 4e trimestre 1994, « OPA sur les médias » et, notamment,


Soria (Carlos), “Éthique de l’information”, même numéro p. 142-149.

o SPITZ (Bernard), “Pour une éthique globale des médias”, Le Monde du 31 mai 1995.

o Le Parlement européen en faveur d’un «  code de conduite des médias  »,


Newsletter du 16 juin 1995.

o La Gazette du Palais, n° spécial, “La publicité, droit et déontologie”, 26-27 mai 1993.

o BARBIÉRI (Jean-François), “Morale et droit des sociétés”, Les Petites Affiches, n° 68,


7 juin 1995.

o “Dix propositions pour réhabiliter l’éthique dans l’entreprise”, Le Nouvel


Économiste, n° 963, 16 septembre 1994.

o “Communiquer pour entreprendre, directeur de la communication : un métier, une


déontologie”, Entreprises  &  Médias, juin 1992.

Introduction : L'éthique et la déontologie de la communication sont des sujets très


importants pour les professionnels de la communication. Ces deux concepts sont
souvent utilisés ensemble, mais ils ont des significations différentes. L'éthique
concerne les valeurs et les principes qui guident le comportement des individus,
tandis que la déontologie concerne les règles et les normes professionnelles établies
pour garantir un comportement responsable et éthique dans l'exercice de la
profession.

I. Les principes éthiques de la communication :

1. Respect de la dignité humaine : Les professionnels de la communication doivent


respecter la dignité humaine dans leur travail, en évitant tout langage ou
comportement discriminatoire ou offensant.
2. Intégrité : Les professionnels de la communication doivent être honnêtes et sincères
dans leurs communications, éviter les fausses représentations et les tromperies.
3. Responsabilité sociale : Les professionnels de la communication doivent agir de
manière responsable sur le plan social, en prenant en compte les conséquences de
leurs communications sur la société et l'environnement.
4. Liberté d'expression : Les professionnels de la communication ont la responsabilité de
protéger la liberté d'expression et le droit à l'information des citoyens.

II. Les règles déontologiques de la communication :

1. Respect de la vie privée et de la confidentialité : Les professionnels de la


communication doivent respecter la vie privée et la confidentialité des personnes et
des organisations.
2. Véracité de l'information : Les professionnels de la communication doivent vérifier
l'exactitude et la véracité des informations qu'ils communiquent.
3. Loi et réglementation : Les professionnels de la communication doivent respecter les
lois et les règlementations en vigueur dans leur domaine d'activité.
4. Transparence : Les professionnels de la communication doivent être transparents
dans leur communication, en informant le public de tout conflit d'intérêts ou de toute
manipulation potentielle de l'information.

III. Application des principes éthiques et des règles déontologiques : Les


professionnels de la communication doivent être conscients de leur responsabilité
envers la société et s'engager à appliquer les principes éthiques et les règles
déontologiques dans leur travail. Ils doivent également être prêts à assumer la
responsabilité de leurs actions et à accepter les conséquences éventuelles de leurs
décisions.

Conclusion : L'éthique et la déontologie de la communication sont des sujets


complexes qui nécessitent une réflexion approfondie de la part des professionnels de
la communication. En respectant les principes éthiques et les règles déontologiques,
les professionnels peuvent contribuer à la construction d'une société plus juste et
plus équitable.
Bienvenue au cours sur l'éthique et la déontologie de la communication.
Dans ce cours, nous allons aborder les principes éthiques et déontologiques
qui guident les professionnels de la communication dans leur travail. Nous
allons également examiner les dilemmes éthiques auxquels ils peuvent être
confrontés et comment ils peuvent les résoudre.

Tout d'abord, qu'est-ce que l'éthique et la déontologie de la


communication? L'éthique est un ensemble de principes moraux qui
guident le comportement d'une personne dans sa vie professionnelle et
personnelle. La déontologie, quant à elle, est un ensemble de règles et de
normes établies par une profession pour guider le comportement de ses
membres.

Dans le domaine de la communication, l'éthique et la déontologie sont


particulièrement importantes car les professionnels de la communication
ont un impact sur la façon dont l'information est diffusée et perçue par le
public. Il est donc essentiel qu'ils agissent de manière responsable et
éthique.

Voici quelques principes éthiques clés qui guident les professionnels de la


communication:

1. La véracité: Les professionnels de la communication doivent être honnêtes


et véridiques dans leurs communications avec le public.
2. Le respect de la vie privée: Les professionnels de la communication doivent
respecter la vie privée des personnes et ne pas divulguer d'informations
confidentielles sans leur consentement.
3. La responsabilité sociale: Les professionnels de la communication ont la
responsabilité de veiller à ce que les messages qu'ils diffusent n'aient pas
d'impact négatif sur la société.
4. La transparence: Les professionnels de la communication doivent être
transparents quant à leurs affiliations et les conflits d'intérêts potentiels.

En plus de ces principes éthiques, les professionnels de la communication


sont également guidés par des codes de déontologie spécifiques à leur
profession. Ces codes peuvent inclure des normes spécifiques pour la
publicité, les relations publiques, le journalisme et d'autres domaines de la
communication.

Cependant, même avec ces principes éthiques et codes de déontologie en


place, les professionnels de la communication peuvent être confrontés à
des dilemmes éthiques. Par exemple, un journaliste peut être confronté à la
décision de publier une information potentiellement préjudiciable pour une
personne, mais qui est dans l'intérêt du public. Dans ces situations, il est
important pour les professionnels de la communication de prendre en
compte les principes éthiques et les codes de déontologie, ainsi que les
conséquences potentielles de leurs actions.

En conclusion, l'éthique et la déontologie de la communication sont


essentielles pour assurer que les professionnels de la communication
agissent de manière responsable et éthique dans leur travail. Les principes
éthiques clés, les codes de déontologie et la prise en compte des
conséquences potentielles des actions sont tous des éléments importants
de cette responsabilité.

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