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Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 24 (2005) 471–479

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Article original

Prévalence et facteurs de risque de l’addiction aux substances


psychoactives en milieu anesthésique : résultats de l’enquête nationale
Prevalence and risk factors for substance abuse and dependence among
anaesthetists: a national survey
L. Beaujouan a, S. Czernichow b, J-L. Pourriat c, F. Bonnet d,*,
et le groupe de travail sur l’addiction en milieu anesthésique 1
a
Mission de santé publique, AP-HP, 1, place du Parvis-Notre-dame, 75181 Paris cedex 04, France
b
Inserm U557, UMR (Inserm/Inra/Cnam), 1, place du Parvis-Notre-dame, 75181 Paris cedex 04, France
c
Fédération anesthésie–réanimation, médecine d’urgence, Hôtel-Dieu, AP-HP, 1, place du Parvis-Notre-dame, 75181 Paris cedex 04, France
d
Département d’anesthésie et de soins intensifs, hôpital Tenon, AP-HP, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France
Reçu le 3 décembre 2004 ; accepté le 23 février 2005
Disponible sur internet le 12 avril 2005

Financement : cette étude a été financée par le Collège français des anesthésistes réanimateurs (Cfar), la Société française d’anesthésie et de réanimation
(Sfar), l’assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP)

Résumé

Objectif. – Les comportements addictifs en milieu médical et notamment parmi les anesthésistes–réanimateurs, sont connus et reconnus
comme un sujet de préoccupation. La plupart de données disponibles sur la prévalence du phénomène proviennent des pays anglo-saxons.
Méthodes. – Une enquête nationale a donc été conduite en s’appuyant sur l’envoi d’un questionnaire dont l’objectif était de préciser l’état
de la consommation de substances psychoactives parmi les médecins anesthésistes–réanimateurs français. L’enquête a porté sur la consom-
mation de tabac, d’alcool, de tranquillisants et d’hypnotiques, et d’autres agents tels que cannabis, opiacés et agents anesthésiques. Les
répondeurs ont été classés en deux catégories : (non consommateurs et consommateurs) et (abuseurs et dépendants). Une analyse univariée
puis multivariée a permis de déterminer les facteurs de risque d’abus ou de dépendance vis-à-vis des substances étudiées.
Résultats. – Au total, 3 476 réponses ont été obtenues soit un taux de réponse de 38 % ; 22,7 % des répondeurs était des fumeurs quotidiens,
10,9 % étaient abuseurs ou dépendants à au moins une substance autre que le tabac : soit l’alcool (59,0 %), les tranquillisants et les hypnoti-
ques (41,0 %), le cannabis (6,3 %), les opiacés (5,3 %), et les stimulants (1,9 %). Les sujets souffrant d’addiction avaient plus souvent une
perception négative de leurs conditions de travail et souffraient plus souvent de perturbations du sommeil.
Conclusion. – L’alcool apparaît donc comme la principale cause d’addiction chez les médecins anesthésistes–réanimateurs français, mais
la consommation de substances psychoactives recouvre un large éventail de produits. Les sujets souffrant d’addiction expriment plus fré-
quemment des difficultés vis-à-vis de leur environnement au travail qui ont pu éventuellement contribuer au développement de leur patholo-
gie.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstract

Objective:– Addiction behaviours in the anaesthetist population have been recognized as a significant health-related issue and its scope is
a matter of concern.

* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : francis.bonnet@tnn.ap-hop-paris.fr (F. Bonnet).
1
Groupe de travail sur l’addiction en milieu anesthésique : Philippe Batel (AP-HP), Laure Beaujouan (AP-HP), Francis Bonnet (AP-HP – Cfar), François
Chieze (AP HP), Sébastien Czernichow (Inserm U557), Max Doppia (Cfar), Bertand Dureuil (Cfar), Frohid Lorin (Cfar), Jean-Louis Pourriat (Cfar), Anne-
Marie Pezous (AP-HP) Seti Reyes (Cfar). AP-HP : assistance publique-hôpitaux de Paris. Cfar : Collège français des anesthésistes-réanimateurs.

0750-7658/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annfar.2005.02.023
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Methods. – A national survey conducted among French anaesthetists consisted of a questionnaire designed to elicit information related to
demographics, and work conditions, as well as substance consumption status. The study investigated the following: tobacco, alcohol, tran-
quillizers–hypnotics, and other agents such as cannabis, cocaine, opiates and anaesthetic agents. Respondents were classified in two catego-
ries: (no use and use)–(abuse and dependence). An univariate and multivariate analysis were performed to determine risk factors associated
with drug abuse and dependence.
Results. – 3,476 physicians responded to the questionnaire (38.0% response rate); 22.7% were daily tobacco smokers; 10.9% were abuser
or dependent to one or more substances other than tobacco i.e. alcohol (59.0%), tranquillizers and hypnotics (41.0%), cannabis (6.3%), opiates
(5.5%), and stimulants (1.9%). Sleep disturbances and negative perception of work environment were more frequently reported among addic-
ted anaesthetists.
Conclusion. – In French anaesthetists, addiction is mainly related to alcohol consumption but includes a broad spectrum of substances.
Addicted subjects report issues around work environment that may have contributed to the development of their pathology.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Anesthésie ; Addiction ; Alcool ; Tabac ; Invalidité ; Toxicomanie

Keywords: Anaesthesia; Alcohol; Tobacco; Chemical substances; Addiction

1. Introduction nale de l’informatique et des libertés. Un questionnaire ano-


nyme a été adressé sous enveloppe aux 9186 médecins concer-
La consommation de substances psychoactives, licites ou nés, associé à une enveloppe réponse. L’annonce de l’enquête
illicites, par les médecins anesthésistes–réanimateurs, est un avait été faite au préalable dans la lettre du Collège français
vrai problème qui engage non seulement leur propre santé des anesthésistes–réanimateurs et au congrès national de la
mais peut aussi affecter la sécurité des patients dont ils ont la Société française d’anesthésie et de réanimation. Le question-
charge. Un rapport de la British Medical Association sug- naire était accompagné d’une lettre d’explication du prési-
gère que près d’un médecin sur 15 serait concerné par ce pro- dent du Collège au moment de l’enquête (J.-L. Pourriat). Une
blème en Grande Bretagne [1]. Différentes enquêtes ont mis lettre de rappel et un second exemplaire du questionnaire ont
en évidence que 1 à 5 % des médecins anesthésistes étaient été adressés 15 jours plus tard.
en situation d’addiction pour des substances utilisées en anes- Le questionnaire lui-même comportait 93 items à répon-
thésie telles que les opiacés ou les hypnotiques [2–9]. La plu- ses multiples. Une première série de questions se rapportait
part de ces enquêtes, effectuées dans les pays anglo-saxons, aux données démographiques (âge, sexe, statut marital, etc.),
à l’activité professionnelle (anesthésie, réanimation, méde-
ont concerné un échantillon de la population anesthésique et
cine d’urgence, prise en charge de la douleur, soins pallia-
de plus, ces enquêtes ont porté essentiellement sur les agents
tifs), et à la structure dans laquelle travaillait les médecins
utilisés pour la pratique de l’anesthésie au bloc opératoire.
(secteur libéral, hôpital général, hôpital universitaire, PSPH).
Les comportements addictifs concernent en fait un large éven-
Une seconde partie comprenait une série de questions concer-
tail de substances chimiques, mais aussi l’alcool et le tabac.
nant le ressenti du problème de l’addiction dans le milieu
De plus, le stress, la fatigue et la surcharge de travail qui peu-
professionnel, ainsi que des questions spécifiques ayant trait
vent intervenir au cours de la pratique de l’anesthésie et de la aux difficultés de sommeil, au stress au travail, et aux condi-
réanimation, ont été évoqués en tant que facteurs de risque à tions de travail (dimension de l’équipe, sentiment de sur-
côté d’autres facteurs bien connus tels que les antécédents charge de travail etc.). La troisième partie concernait plus spé-
familiaux et l’existence de troubles psychiatriques [10,11]. cifiquement la consommation, pendant les douze derniers
Nous avons donc conduit une enquête nationale parmi les mois, de tabac, d’alcool, de cannabis et de substances telles
anesthésistes réanimateurs français pour évaluer l’impor- que tranquillisants et hypnotiques, cocaïne et amphétamines,
tance de la consommation actuelle de tabac, d’alcool et opiacés et agents anesthésiques.
d’autres substances psychoactives, ainsi que leur relation Les dix items du questionnaire AUDIT (Alcohol Use Disor-
éventuelle avec les conditions de travail. ders Identification Test) ont été utilisés pour quantifier la
consommation d’alcool [12,13] (Annexe B). Le score AUDIT
est gradué de 0 (consommation d’alcool inférieure à une fois
2. Méthodes par mois) à 35. Un score ≥ 8 chez les hommes et ≥ 7 chez les
femmes, indique une situation d’abus, tandis qu’un
2.1. Déroulement de l’enquête score > 12 chez les hommes et > 11 chez les femmes indique
une situation de dépendance. Un score < 8 chez les hommes
Une enquête nationale a été menée en décembre 2001 et < 7 chez les femmes indique une situation de consomma-
parmi les médecins anesthésistes–réanimateurs inscrits au tion non préjudiciable ou d’abstinence.
conseil national de l’ordre des médecins. L’enquête a été La dépendance au tabac a été évaluée par le score de
effectuée après déclaration auprès de la commission natio- Fagerström (cf. Annexe A) [14]. Les consommateurs ayant
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un score > 5 (0–10) étaient considérés comme ayant une Tableau 1


dépendance modérée à extrêmement sévère au tabac. Caractéristiques de la population étudiée
Le questionnaire a également évalué la consommation dans % (n)
les 12 mois précédents, de cannabis, tranquillisants, hypno- Âge (ans) (3 453)b
≤ 35 8,9 (307)
tiques, amphétamines, cocaïne, opiacés et d’agents anesthé-
36–45 28,4 (981)
siques (propofol, kétamine...). Les questions concernant ces 46–55 49,3 (1 702)
substances étaient fondées sur le mini-international neurop- 56–65 13,4 (463)
sychiatric interview (MINI), établi pour le diagnostic des Répartition des sexes (3 428)b
maladies psychiatriques [15] (Annexe C). Hommes 63,8 (2 187)
Les répondeurs étaient classés en deux catégories dénom- Femmes 36,2 (1 241)
mées (« non consommateur » et « consommateur ») et (« abu- Statut marital (3 387)b
seur » et « dépendant »). Le terme d’« abuseur » est un angli- Marié 83,3 (2 821)
cisme qui définit la personne qui fait une consommation Célibataire 8,8 (298)
Séparé ou divorcé 7,9 (268)
régulière d’une substance nuisible au plan physique, psycho-
Activité professionnelle principale (3 288)b
logique, émotionnel ou social, telle qu’elle est à l’origine de Anesthésie 83,0 (2 730)
problèmes de santé. La dépendance est définit comme un désir Autres a 17 (558)
violent ou compulsif de se procurer une substance qui abou- Institution (3 433)b
tit à une incapacité à en contrôler l’usage, associée à un syn- Hôpital universitaire 33,3 (1 143)
drome de sevrage quand la consommation de la substance est Hôpital général 25,7 (881)
réduite ou interrompue, au développement d’une tolérance à PSPH 6,6 (228)
la consommation, et à un usage persistant en dépit des consé- Secteur libéral 34,4 (1 181)
quences délétères. Perception des conditions de travail
Sensation de manque de sommeil fréquente 48,8 (1 683)
ou permanente
2.2. Analyse statistique Sensation de surcharge de travail fréquente 55,8 (1 924)
ou permanente
Une analyse univariée descriptive a été initialement effec- a
Réanimation, médecine d’urgence, clinique de la douleur, soins pallia-
tuée : les variables catégorielles ont été comparées à l’aide tifs.
b
d’un test unilatéral exact de Fischer. Une régression logisti- Nombre total de réponses obtenues à la question concernée.
que pas à pas a été ensuite effectuée pour identifier les fac-
teurs de risque indépendants de l’abus et de la dépendance. venir l’information à leur chef de service ou à l’administra-
Les variables du modèle univarié associées à l’abus et à la tion de la structure hospitalière où ils travaillaient. Selon
dépendance (p ≤ 0,10) ont été prises en compte dans le modèle 3 357 réponses fournies sur les items concernant l’addiction,
multivarié. Le modèle final a pris en considération les varia- 10,9 % (n = 366) des anesthésistes réanimateurs ont été clas-
bles ayant une probabilité statistique de lien avec une valeur sés dans la catégorie des personnes en état d’abus ou de dépen-
de p < 0,05. dance vis-à-vis d’au moins une des substances étudiées, à
Les résultats sont représentés selon l’Odds Ratio (OR) et l’exception du tabac. La substance la plus fréquemment incri-
l’intervalle de confiance (IC) à 95 %. L’analyse statistique a minée dans cette catégorie était l’alcool (Fig. 1, Tableau 2).
utilisé le programme SAS® v. 8.2 (SAS Institute, Inc, Cary, Les fumeurs quotidiens représentaient 22,7 % (hommes :
NC, États-Unis). 22,4 %, femmes : 23,0 %, NS) des répondeurs, 8,9 % des
médecins anesthésistes-réanimateurs étaient dépendants au
tabac selon les critères de Fagerström. La prévalence de la
3. Résultats dépendance au tabac augmentait avec l’âge (p < 0,04). Les
facteurs de risque indépendants pour l’abus ou la dépen-
Au total, 3 476 questionnaires ont été retournés soit un dance vis-à-vis du tabac sont indiqués dans le Tableau 3.
taux de réponse de 38 %, 2 744 répondeurs ont renseigné Le score AUDIT a permis d’établir que 6,5 % des répon-
tous les items de telle sorte que leurs réponses ont pu être deurs entraient dans la catégorie de l’abus ou de la dépen-
exploitées dans l’analyse multivariée pour la détermination dance à l’alcool. L’abus et la dépendance à l’alcool étaient
des facteurs de risque indépendants. Les données démogra- plus fréquents chez les hommes que chez les femmes
phiques de la population étudiée sont indiquées dans le (7,4 contre 4,9 %, p < 0,03) et la prévalence augmentait avec
Tableau 1. Une majorité de répondeurs était de sexe mascu- l’âge (p < 0,04) (Tableau 2). Les facteurs de risque d’abus et
lin, 50 % avaient entre 46 et 55 ans et l’anesthésie était l’acti- de dépendance à l’alcool sont reportés dans le Tableau 4.
vité professionnelle principale pour la plupart d’entre eux Au cours des 12 mois précédant l’enquête, 22,0 % des
(Tableau 1). La plupart des répondeurs (70 %) ont indiqué répondeurs ont consommé, au moins une fois, une des autres
qu’ils connaissaient ou avaient connu au moins un collègue substances psychoactives.
concerné par le problème de la dépendance à une substance La prévalence de la consommation de tranquillisants et
psychoactive, mais seulement 44 % d’entre eux ont fait par- d’hypnotiques était de 13,7 % (12,1 % chez les hommes et
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Fig. 1. Distribution des substances consommées chez les anesthésistes en situation d’abus ou de dépendance.
Les 366 patients concernés par l’abus ou la dépendance vis-à-vis d’au moins une substance représentent 10,93 % de l’ensemble des 3 349 réponses obtenues sur
l’ensemble de ces thèmes. Le pourcentage exprimé pour chaque catégorie de substance, indique la proportion de patients concernés par rapport à l’ensemble de
ceux qui présentent un abus ou une dépendance. La somme de l’ensemble des pourcentages est > 100 % car certains des sujets interrogés étaient en situation
d’abus ou de dépendance vis-à-vis de plusieurs substances.

Tableau 2
Prévalence de l’abus de substance ou de la dépendance en fonction de l’âge et du sexe
Tabac Alcool Tranquillisants– Cannabis Cocaïne– Opiacés Agents
hypnotiques amphétamines anesthésiques
Âge (ans) n % n % n % n % n % n % n %
≤ 35 33 10,9 12 4,0 7 2,4 7 2,4 2 0,7 1 0,3 3 1,0
36–45 81 8,3 62 6,4 45 4,8 8 0,8 1 0,1 4 0,4 1 0,1
46–55 137 8,2 110 6,7 70 4,4 8 0,5 4 0,2 12 0,7 3 0,2
56–65 41 9,2 32 7,5 26 6,0 0 0,0 1 0,2 3 0,7 0 0,0
Sexe
Homme 192 9,0 158 7,4 90 4,3 16 0,7 6 0,3 15 0,7 5 0,2
Femme 98 8,0 58 4,9 57 4,9 7 0,6 1 0,08 5 0,4 2 0,2
Le nombre de patients et les pourcentages sont rapportés au nombre de réponses pour lesquelles les items correspondants sont renseignés.

16,4 % chez les femmes ; p < 0,001) (Tableau 2). L’abus et la 4. Discussion
dépendance à ces substances représentaient 4,5 % de l’ensem-
ble des répondeurs. Les facteurs de risque d’abus et de dépen- Cette enquête représente la première étude concernant
dance aux tranquillisants et hypnotiques sont reportés dans le l’addiction en milieu médical, bâtie sur un échantillon natio-
Tableau 5. nal, qui s’intéresse à toutes les substances psychoactives et
qui plus est fondée sur le recueil direct de l’information auprès
La prévalence de la consommation de cannabis était de
des sujets concernés. Le taux de réponse obtenu, a été de 38 %,
2,6 %. Les sujets dont la consommation révélait un abus ou
soit un échantillon de 3 476 répondeurs. En dépit de la clause
une dépendance au cannabis représentaient 0,7 % de l’ensem-
de confidentialité et du respect de l’anonymat, il est vraisem-
ble des répondeurs. L’usage du cannabis était plus répandu
blable qu’un certain nombre de praticiens n’a pas souhaité
dans la tranche d’âge inférieure à 35 ans (p < 0,001). La pré-
répondre à des questions qui pouvaient être jugées trop intru-
valence de la consommation d’opiacés était de 0,9 %. Les
sives. Cependant, l’information recueillie au travers du ques-
sujets ayant un usage abusif des opiacés ou en situation de tionnaire présenté, ne se limitait pas à la consommation
dépendance représentaient 0,6 % du total des répondeurs. La d’opiacés par voie intraveineuse (qui représente l’aspect le
prévalence de l’usage des agents anesthésiques (kétamine, plus « spectaculaire » de l’addiction en milieu anesthésique)
propofol...) était de 0,3 % et augmentait dans la tranche d’âge mais explorait le comportement à l’égard de l’ensemble des
inférieure à 35 ans (p < 0,002). Les facteurs de risque d’abus substances pouvant induire un comportement d’addiction. Par
ou de dépendance au cannabis, aux opiacés et aux agents anes- ailleurs, l’échantillon des sujets ayant répondu au question-
thésiques sont indiqués dans le Tableau 6. naire était comparable à l’ensemble de la population dont il
Les sujets classés comme étant en situation d’abus ou de était extrait, représenté par l’ensemble des médecins
dépendance faisaient plus souvent état de difficultés de som- anesthésiste-réanimateurs, inscrits au conseil de l’ordre des
meil (60,6 contre 46,0 %, p < 10–6). Un sentiment de sur- médecins, à l’exception de la distribution par tranche d’âge
charge de travail se retrouvait plus fréquemment dans cette qui montrait une représentation plus importante des 36–45 ans
catégorie (64,2 contre 54,0 %, p < 10–4). et une sous représentation des 56–65 ans. Sachant que la
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Tableau 3 Tableau 5
Facteurs de risque indépendants associés avec l’abus ou la dépendance au Facteurs de risque indépendants associés avec l’abus ou la dépendance aux
tabac (n = 2 744, nombre de répondeurs à l’ensemble des items du question- tranquillisants ou aux hypnotiques (n = 2 744)
naire) Répondeurs (n) Odds ratio (IC 95 %)
Répondeurs (n) Odds ratio (IC 95 %) Statut marital
Âge (ans) Marié 2 294 1
≤ 35 261 1 Célibataire 245 0,70 (0,33–1,47)
36–45 816 0,56 (0,35–0,91) Séparé ou divorcé 205 1,98 (1,15–3,40)
46–55 1 333 0,53 (0,34–0,84) Consommation d’alcool
56–65 334 0,52 (0,29–0,93) Nulle ou occasionnelle 2 578 1
Statut marital Abus ou dépendance 166 3,50 (2,08–5,89)
Marié 2 294 1 Consommation d’opiacés, de cannabis et de stimulants
Célibataire 245 2,33 (1,56–3,46) Nulle ou occasionnelle 2 717 1
Séparé ou divorcé 205 1,66 (1,06–2,61) Abus ou dépendance 27 11,82 (4,70–29,74)
Activité professionnelle principale Sensation de manque de sommeil
Anesthésie 2 254 1 Jamais ou parfois 1 436 1
Autres a 490 0,56 (0,39–0,81) Fréquente ou permanente 1 308 3,26 (2,12–5,02)
Institution
Hôpital universitaire 924 1 Tableau 6
Hôpital général 682 1,65 (1,12–2,43) Facteurs de risque indépendants associés avec l’abus ou la dépendance aux
PSPH 184 2,17 (1,23–3,86) opiacés, au cannabis et aux stimulants (n= 2 744)
Secteur libéral 924 2,46 (1,68–3,60) Répondeurs (n) Odds ratio (IC 95 %)
Autres 30 0,57 (0,08–4,34) Consommation de tabac
Sites de travail (établissements) (n) Nulle ou occasionnelle 2 509 1
≥2 734 1 Abus ou dépendance 235 4,16 (1,73–10,01)
1 2 010 0,73 (0,54–0,99) Consommation de tranquillisants ou d’hypnotiques
Consommation d’alcool Nulle ou occasionnelle 2 624 1
Nulle ou occasionnelle 2 578 1 Abus ou dépendance 120 13,58 (5,63–32,78)
Abus ou dépendance 166 4,0 (2,69–5,95)
Consommation d’opiacés, cannabis et stimulants aient été sous-estimés par cette enquête tandis que la préva-
Nulle ou occasionnelle 2 717 1 lence de la consommation de tabac ait été surestimée [16]. Le
Abus ou dépendance 27 3,07 (1,26–7,50) questionnaire n’a pas été envoyé aux médecins en formation,
Sentiment de surcharge de travail
qui pour la très grande majorité d’entre eux n’est pas inscrite
Jamais ou parfois 1 241 1
au conseil de l’ordre. Il est vraisemblable que l’exclusion de
Fréquent ou permanent 1 503 1,36 (0,99–1,86)
Sensation de privation de sommeil
cette partie de la population a aussi induit un certain biais
Jamais ou parfois 1 436 1 dans les réponses puisque l’on sait par exemple que la
Fréquente ou permanente 1 308 1,42 (1,04–1,94) consommation de cannabis est plus importante chez les moins
a
Réanimation, médecine d’urgence, clinique de la douleur, soins pallia- de 35 ans [16–19].
tifs. Dans cette enquête, la prévalence globale de l’abus et de
la dépendance à une substance autre que le tabac représente
Tableau 4 10,9 %. Des taux comparables ont été rapportés dans des
Facteurs de risque indépendants associés avec l’abus ou la dépendance à
l’alcool (n = 2 744)
enquêtes effectuées précédemment aux États-Unis, aussi bien
chez les médecins anesthésistes que non anesthésistes [7,20].
Répondeurs (n) Odds ratio (IC 95 %)
Répartition des sexes
Une enquête effectuée en 1999 parmi les médecins nord-
Hommes 955 1 américains [20] a ainsi retrouvé une prévalence d’abus et de
Femmes 1 789 1,84 (1,25–2,71) dépendance de 7,8 % (intervalle de confiance 95 % : 5,4–
Statut marital 10,2 %) parmi les médecins anesthésistes. Dans une autre
Marié 2 294 1 enquête émanant du Collège médical du Wisconsin, la préva-
Célibataire 245 1,31 (0,73–2,34) lence était de 15,9 % [7]. L’importance du phénomène sem-
Séparé ou divorcé 205 2,10 (1,28–3,44) ble donc en France comparable à celle qu’elle est à l’étran-
Consommation de tabac ger.
Nulle ou occasionnelle 2 509 1 La plupart des études antérieures, effectuées dans le milieu
Abus ou dépendance 235 4,01 (2,70–5,97)
anesthésique, se sont focalisées sur le problème de l’addic-
Consommation de tranquillisants ou d’hypnotiques
Nulle ou occasionnelle 2 624 1
tion aux substances anesthésique et principalement aux opia-
Abus ou dépendance 120 3,88 (2,32–6,47) cés [2,6–9]. Quelques unes ont étudié le problème de l’abus
ou de la dépendance à l’alcool, mais rarement de façon spé-
consommation d’alcool augmente avec l’âge dans la popula- cifique [2–4]. Dans cette enquête, l’utilisation d’échelles vali-
tion générale, et qu’au contraire elle diminue pour le tabac, il dées au plan international permet d’effectuer des comparai-
est possible que l’abus et la dépendance vis-à-vis de l’alcool sons avec d’autres études concernant la population générale.
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Les résultats suggèrent que l’abus et la dépendance vis-à-vis comme la seule cause, voire la cause principale du dévelop-
de substances telles que l’alcool, les tranquillisants et les hyp- pement d’un comportement addictif, il est cependant établi
notiques, sont moins répandus parmi les médecins anesthé- que les médecins anesthésistes–réanimateurs placés dans un
sistes–réanimateurs que dans la population générale fran- environnement difficile développent des stratégies pour faire
çaise selon les données du baromètre de santé CFES/INPES face aux problèmes rencontrés, qui incluent la prise de subs-
[16] mais que les caractéristiques de leur consommation sont tances psychoactives [10,11,20,26]. En effet, des auteurs ont
comparables. Ainsi, une prévalence de 27 % de fumeurs quo- signalé que 32 % des anesthésistes rapportaient que leur uti-
tidiens est rapportée dans la population française [16], contre lisation de substances psychoactives correspondait à la néces-
22 % dans le milieu anesthésique. De même, l’abus et la sité d’améliorer leur état physique et psychologique [7]. D’un
dépendance à l’alcool concernent 14,7 % de l’ensemble de la autre côté, une fois établie, l’addiction a pour conséquence
population française [16], ce qui est plus élevé que dans de rendre les conditions de travail plus difficiles expliquant
l’enquête actuelle, mais dans l’ensemble de la population également la perception plus négative de la part des méde-
comme dans cet échantillon, la prévalence augmente avec cins qui se trouvaient dans la situation d’abus ou de dépen-
l’âge. Enfin, la prévalence de l’abus et de la dépendance vis- dance vis-à-vis des substances consommées.
à-vis des tranquillisants et hypnotiques est de 16,6 % dans Certains ont avancé que la prévalence de l’abus ou de la
l’ensemble de la population française contre 13,7 % dans dépendance aux substances psychoactives pouvait être plus
l’échantillon de médecins anesthésistes-réanimateurs observé grande chez les médecins anesthésistes par comparaison aux
avec dans les deux cas une proportion plus importante de fem- autres spécialistes ou aux médecins généralistes [4,22]. Des
mes [16]. études plus récentes ont, au contraire, documenté une préva-
Le fait que des substances telles les opiacés ou les agents lence comparable parmi les anesthésistes, les chirurgiens et
anesthésiques soient « à portée de main » représente un fac- les généralistes [7,20,27]. Plus qu’une différence dans le nom-
teur de risque aggravé pour les médecins en général et les bre de sujets concernés, ce qui caractérise l’addiction en milieu
anesthésistes en particulier. En 1986, une enquête effectuée anesthésique c’est l’accès facile aux agents anesthésiques dont
dans 23 universités médicales nord-américaines a montré que la consommation représente un danger immédiat [8]. Ainsi
la prévalence de la consommation de substances chimiques un taux de suicide plus élevé tel qu’il a été rapporté aux États-
dans les 30 jours précédant l’enquête se situait entre 0,3 % Unis chez les médecins anesthésistes par comparaison aux
pour les amphétamines et 2,8 % pour la cocaïne, la préva- internistes, pourrait relever en partie de cette facilité d’accès
lence de la consommation d’opiacés étant de 1,1 % [21]. En [28].
ce qui concerne la dépendance, les chiffres étaient de 0,7 %
pour la cocaïne et 0,5 % pour les amphétamines [21]. Une
5. Conclusion
revue de 42 articles parus entre 1970 et 1990 sur ce sujet, que
nous avions précédemment publiée dans les Afar, estimait Cette enquête nationale montre que l’abus et la dépen-
que la prévalence de l’abus de substance était de 1 à 2 % dance aux substances psychoactives est une réalité en milieu
lorsque l’alcool n’était pas concerné [22,]. Le taux plus fai- anesthésique et de réanimation. La prévalence du phéno-
ble (< 1 %) d’abus ou de dépendance aux opiacés, retrouvé mène est probablement inférieure à ce qu’elle est dans la popu-
dans cette enquête pourrait s’expliquer par la non inclusion lation générale mais pour chacun des agents concernés, elle
de la population des internes en anesthésie, plus concernée recoupe les profils de consommation rapportés dans la popu-
par ce problème [19–21,23]. lation générale. L’addiction est associée à une perception
Parmi les facteurs de risque indépendants pour l’abus et la négative des conditions de travail sans qu’il puisse être établi
dépendance vis-à-vis de chaque substance on retrouve la qu’elle en soit la cause ou la conséquence. L’addiction s’ins-
consommation d’autres substances ayant un pouvoir toxico- crit dans un contexte plus général de difficultés au travail.
manogène. Cette situation décrit le fait que l’addiction Les médecins concernés, quelle que soit leur spécialité, se
concerne le plus souvent, chez un même individu, plusieurs trouvent dans une situation difficile du fait du retentissement
substances (par exemple alcool et tabac ou alcool et tranquil- de l’addiction sur leur santé et leur comportement au travail
lisants). Cet état de fait se retrouve dans plusieurs enquêtes alors même qu’ils ont la responsabilité de la prise en charge
précédentes [4–6,20,21,23]. de patients. Ces problèmes doivent être identifiés le plus rapi-
Le rôle du stress et son impact sur le comportement des dement possible et faire l’objet d’une prise en charge adaptée
médecins anesthésistes–réanimateurs a fait l’objet de plu- pour préserver l’intérêt des personnes concernées, des équi-
sieurs études [10,11,24,25]. Ces études ont souligné le rôle pes dans lesquelles elles travaillent et bien entendu des
néfaste du stress, favorisant la consommation d’alcool et patients.
d’autres substances psychoactives utilisées pour améliorer les
performances des consommateurs [24,25]. Les résultats de
cette enquête mettent en évidence que les sujets considérés Remerciements
comme abuseurs ou dépendants se plaignent plus fréquem-
ment de troubles du sommeil et de leurs conditions de travail. À la société Quanta Medical & C° pour son aide à l’ana-
Bien que les difficultés au travail ne puissent être considérées lyse statistique.
L. Beaujouan et al. / Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 24 (2005) 471–479 477

Annexe A. Questionnaire Fagerstrom [14] B.2. Combien de verres standard buvez-vous au cours
d’une journée habituelle où vous buvez de l’alcool ?
A.1. Combien de cigarettes fumez-vous par jour ?
a. 1 ou 2 0
a. 1–10 0 point b. 3 ou 4 1
b. 11–20 1 point c. 5 ou 6 2
c. 21–30 2 points d. 7, 8 ou 9 3
d. 31 ou plus 3 points e. 10 ou plus 4

B.3. Au cours d’une même occasion, à quelle fréquence


A.2. Fumez-vous de façon plus intensive vous arrive-t-il de boire six verres standard ou plus ?
durant la première heure après le réveil
que pendant le reste de la journée ? a. Jamais 0
b. Moins d’une fois par mois 1
a. Non 0 point c. Une fois par mois 2
b. Oui 1 point d. Une fois par semaine 3
e. Chaque jour ou presque 4

A.3. Dans quel délai après le réveil fumez-vous


B.4. Dans les douze derniers mois, à quelle fréquence
votre première cigarette ?
avez-vous observé que vous n’étiez plus capable de vous
arrêter de boire après avoir commencé ?
a. En moins de 5 minutes 3 points
b. En 6 à 30 minutes 2 points
a. Jamais 0
c. En 31 à 60 minutes 1 point
b. Moins d’une fois par mois 1
c. une fois par mois 2
A.4. Quelle cigarette trouvez-vous la plus indispensable ? d. une fois par semaine 3
e. chaque jour ou presque 4
a. La première cigarette de la matinée 1 point
b. N’importe quelle autre cigarette 0 point B.5. Dans les douze derniers mois, à quelle fréquence
le fait d’avoir bu de l’alcool vous a-t-il empêché de faire
A.5. Fumez-vous quand la maladie vous oblige à rester ce qu’on attendait normalement de vous ?
au lit ?
a. Jamais 0
b. Moins d’une fois par mois 1
a. Non 0 point
c. Une fois par mois 2
b. Oui 1 point
d. Une fois par semaine 3
e. Chaque jour ou presque 4
A.6. Trouvez-vous diffıcile de ne pas fumer
dans les endroits interdits ? B.6. Dans les douze derniers mois, à quelle fréquence,
après une période de forte consommation, avez-vous
a. Non 0 point dû boire de l’alcool dès le matin pour vous remettre
b. Oui 1 point en forme ?

a. Jamais 0
b. Moins d’une fois par mois 1
c. Une fois par mois 2
Annexe B. « Alcohol Use Disorders Identification Test » d. Une fois par semaine 3
(AUDIT) [13] e. Chaque jour ou presque 4

B.1. Avec quelle fréquence vous arrive-t-il de consommer B.7. Dans les douze derniers mois, à quelle fréquence,
de l’alcool ? avez-vous eu un sentiment de culpabilité ou de regret
après avoir bu ?

a. Jamais 0 a. Jamais 0
b. Une fois par mois ou moins 1 b. Moins d’une fois par mois 1
c. 2 à 4 fois par mois 2 c. Une fois par mois 2
d. 4 à 3 fois par semaine 3 d. Une fois par semaine 3
e. 4 fois ou plus par semaine 4 e. Chaque jour ou presque 4
478 L. Beaujouan et al. / Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 24 (2005) 471–479

B.8. Dans les douze derniers mois, à quelle fréquence C.3. Considérant votre consommation de (...) au cours des
avez-vous été incapable de vous souvenir de ce qui s’était 12 derniers mois
passé la nuit précédente parce que vous aviez bu ?
a. Avez-vous à plusieurs reprises été sous l’effet de ce produit alors que
vous deviez travailler, prendre des gardes, ou que vous aviez d’autres
a. Jamais 0 impératifs ?
b. Moins d’une fois par mois 1 b. Vous est-il arrivé d’être sous l’effet de ces produits dans une situation
c. Une fois par mois 2 où cela était physiquement risqué pour vous ou pour les autres (gar-
d. Une fois par semaine 3 des, blocs..) ?
e. Chaque jour ou presque 4 c. Avez-vous continué à prendre de ce produit tout en sachant que cela
entraînait des problèmes avec votre entourage ou d’autres person-
nes ?
B.9. Etes-vous blessé ou avez-vous blessé quelqu’un parce d. Avez-vous eu des problèmes de santé liés à ce produit ?
que vous aviez bu ?
Références
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b. Lorsque vous en prenez moins, éprouvez-vous un manque ou vous
[12] Saunders JB, Aasland OG, Babor TF, De la Fuente Jr., Grant M.
arrive-t-il de prendre ce produit pour éviter le manque ?
Development of the Alcohol Use Disorders Identification Test
c. Vous arrive-t-il souvent, lorsque vous avez commencé à en prendre,
(AUDIT): WHO Collaborative Project on Early Detection of Persons
d’en prendre plus que vous n’en aviez l’intention ?
with Harmful Alcohol Consumption--II. Addiction 1993;88:791–804.
d. Avez-vous essayé de réduire ou d’arrêter votre consommation
[13] Reinert DF, Allen JP. The Alcohol Use Disorders Identification Test
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