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Découvrir que d’autres individus perçoivent le monde d’une autre manière, possèdent d’autres normes et
critères permet de prendre conscience de ses propres priorités. Rencontrer l’étranger, c’est donc à la fois
apprendre sur soi et sur l’autre. (Pembroke, 1997 : 84)
La compétence culturelle doit reposer sur un apprentissage actif et constructif basé sur
l’analyse, la réflexion, la découverte, l’action, la co-action, l’utilisation de stratégies visant à
comprendre, interpréter, produire, remettre en cause ses opinions et relativiser les
représentations culturelles. Cette démarche est préconisée par les didacticiens défenseurs de la
Didactique des Cultures qui n’hésitent pas à mettre l’accent sur l’apprentissage en tant que
processus :
En encourageant la recherche active des élèves ainsi que la pratique de la langue et en refusant le cours
magistral de civilisation (qui a le tort de ne faire parler que l’enseignant et de présenter la culture comme un
produit fini, achevé, objet d’étude et de discussion), on fait de cette culture un objet d’observation, d’analyse
et de réflexion. (Alimi, 1994 : 56)
Dans notre approche, l’apprenant ne peut faire abstraction de sa culture maternelle. Dans la
démarche interculturelle, l’apprenant effectue un retour sur soi obligatoire avant d’être
capable d’appréhender l’Autre. Dans les approches linguistico-culturelles et
socioculturelles, il devra constamment se reporter à des situations auxquelles il est
accoutumé et qui mettent en jeu des dimensions sociales et affectives ; il aura à tirer parti
de ses expériences issues de sa culture maternelle ; il sera amené à réfléchir sur le
fonctionnement ou l’interprétation de traits culturels ou communicatifs en les comparant
avec ceux de sa propre culture. Au contact d’une culture étrangère, il nous est impossible
d’échapper au comparatisme, qu’il soit volontaire ou involontaire. Il est corollairement
indispensable qu’une démarche intraculturelle soit prise en compte dans les trois approches
que nous avons citées. Nous ne pouvons cautionner un apprentissage qui relève du désir de
rechercher dans la culture étrangère des réalités similaires qui nous confinent dans un
sentiment sécurisant de réalité comparable à notre culture maternelle. Pour cette raison, je
préfère parler d’ «analyse contrastive » des cultures plutôt que de « comparaison » des
cultures. La comparaison conduit à un effet réductionniste qui va dans le sens inverse de la
construction culturelle.
Les recherches sur la dimension culturelle dans l’enseignement des langues ont donné lieu à
des publications qui répertorient les savoirs et savoir-faire à acquérir dans le but de développer
une compétence culturelle chez l’apprenant. Quelques-unes méritent d’être présentées.
Il est indéniable que la compétence culturelle ne peut se soustraire à la constitution d’un
savoir fermé de connaissances à acquérir, car elles constituent un moyen d’accès à la
découverte et à la compréhension d’une culture étrangère. Toutefois, considérant
l’apprentissage comme une démarche contrastive et réflexive, je préfère la notion de savoir-
faire, utilisée jusqu’alors pour désigner la capacité d’agir et de réagir de l’apprenant dans des
échanges communicatifs et dans la découverte de la culture étrangère. Les connaissances à
acquérir constituent des points de repère parmi une multitude de données socioculturelles et
langagières que l’apprenant aura à appréhender et à utiliser. « […] savoir-faire du thé à la
menthe n’implique pas la perception du rôle important que joue celui-ci dans la socialisation et
les échanges entre les tenants des cultures considérées. » (Abdallah-Pretceille, 1986 : 175).
Dans une situation d’apprentissage, les efforts de ces démarches personnelles exigent d’y être
préparé. Ces savoir- faire développent un ensemble de stratégies qui vont amener l’apprenant à
réaliser des activités visant à la fois un savoir-interpréter, un savoir-analyser, un savoir
comparer et un savoir-identifier. Sur le seul plan du contexte d’apprentissage, on peut ajouter
le savoir-apprendre qui oblige l’apprenant à développer des méthodes personnelles, afin de
mettre en oeuvre et de modifier des manières de faire. Il est davantage question, en somme, de
savoir-manoeuvrer un ensemble d’aptitudes plutôt que d’acquérir des savoirs, aptitudes qui
seront mises à l’épreuve dans des discours contextualisés. C’est la raison pour laquelle une
démarche d’apprentissage visant un nombre de données culturelles choisies en fonction de leur
pertinence sera utile à l’apprenant dans sa saisie du contexte culturel, lorsque celui-ci aura à
interpréter en quoi telle situation, par exemple, est représentative de la culture étrangère.
Question à laquelle l’apprenant aura moins de difficultés à répondre si les activités
d’apprentissage en classe lui auront apporté des éléments de réponse.
La compétence interculturelle ne peut être atteinte sans un apprentissage, elle caractérise le
résultat d’un processus d’apprentissage. Par conséquent, le savoir-être constitue la seconde
capacité à acquérir en vue de l’acquisition d’une compétence culturelle. L’altérité suppose
d’acquérir et de développer une attitude positive envers Autrui, mais aussi de compréhension
envers l’Autre et envers soi-même, ce qui oblige l’apprenant à révéler son identité. Cette
aptitude se révèle être absente en contexte d’apprentissage, puisque les membres de la culture
étrangère sont exclus de ce contexte. Il est donc essentiel d’offrir à l’apprenant un apprentissage
qui l’aide à se situer par rapport à l’Autre. Cette position intersubjective sera favorisée par la
démarche intraculturelle. Le savoir-être vise la capacité d’observation, d’interprétation,
d’action, mais aussi de conceptualisation. La démarche exige une réflexion métaculturelle qui
aide à saisir le processus interactif résidant entre le Moi et l’Autre :
la sensibilisation et la prise de conscience : faire ressortir des représentations
intraculturelles, rechercher l’origine ethnocentrique de son appartenance culturelle et de ses
représentations sur l’Autre.
la relativisation : analyser, confronter, interpréter la découverte de phénomènes étrangers à
sa culture qui génèrent la naissance de stéréotypes
L’apprenant sera invité à rechercher des informations, à faire des liens entre des éléments
passés et actuels, à comparer des jugements de valeurs qui demandent à être explicités, à les
conceptualiser pour comprendre leur fonctionnement.
Toutes ces capacités requièrent l’utilisation de stratégies d’apprentissage cognitives, sociales et
affectives, particulièrement en ce qui concerne l’approche interculturelle, mais font aussi appel
aux stratégies métacognitives.