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THÉMATIQUE : EXPERTISE TBS

Une « start-up nation », et après ?


Maintenant que la France est reconnue comme une terre de start-up, il faut
maintenant faire émerger des entreprises de taille intermédiaire capables
de conquérir les marchés internationaux.

Le discours d’Emmanuel Macron au salon VivaTech de 2017, appelant de ses vœux l’avènement d’une
« start-up nation », a vivement marqué les esprits.

Innover est une chose, déployer à grande échelle en est une autre. Le vrai défi aujourd’hui est de faire
émerger des entreprises de taille intermédiaire, en croissance, capables de partir à la conquête des
marchés internationaux. En la matière, il nous reste du chemin à parcourir.

Espoirs et déceptions

Pour qui veut tenter l’aventure entrepreneuriale, le secteur des nouvelles technologies présente de
nombreux attraits. C’est encore plus vrai en France, où l’écosystème de l’innovation bénéficie à la fois
de nombreuses aides publiques, d’un excellent système de recherche, et d’un riche vivier d’ingénieurs.
Ces derniers s’illustrent dans la plupart des technologies d’avenir, de l’intelligence artificielle à l’Internet
des objets en passant par la blockchain.

Pourtant, nos efforts n’ont que partiellement porté leurs fruits. Seules quatre licornes ont émergé en
vingt ans – soit cinq fois moins qu’au Royaume-Uni. Si dans de nombreux secteurs (aérospatial,
défense, assurances, tourisme), nous comptons des leaders mondiaux, nous n’avons jamais réussi à
créer de vrais géants là où se joue l’innovation aujourd’hui, c’est-à-dire dans le numérique. Comment
expliquer ces résultats décevants, à l’heure où notre écosystème entrepreneurial n’a jamais été aussi
foisonnant ?

La seule bonne idée ne suffit pas

Le taux d’échec des start-up parle de lui-même : dans la plupart des cas, l’innovation ne rencontre pas
son public, faute d’une sérieuse étude de terrain. La fameuse maxime « La science découvre, l’industrie
applique, l’Homme suit », prononcée lors de l’exposition universelle de 1933 à Chicago, n’a jamais rien
donné de bon ! La première contrainte est dès lors de rapprocher l’ingénieur de l’usager.

Ensuite, une bonne idée n’est rien sans financement adéquat. Là réside un hic majeur : l’entrepreneur
n’est pas toujours un bon stratège financier. Il doit gérer à la fois le court terme (sa trésorerie) et le long
terme (investissement, croissance). Son manque de connaissances l’amène vite à un plafond de verre
: faute de financement adéquat, l’entreprise ne grossit plus, et ce, d’autant plus qu’elle n’a pas dès le
départ intégré la dimension internationale dans son business plan.

Changement de culture

L’enjeu n’est donc pas tant technologique que culturel. Le modèle à suivre, trop peu présent en France,
est celui de l’entrepreneur expérimenté qui combine vision de la technologie à long terme et volonté de
déploiement international – avec ce que cela implique en termes d’organisation et de gestion financière.
Notre erreur a été de penser que la transition entre start-up et scale-up est naturelle. Or elle requiert un
environnement, une volonté politique, et des entrepreneurs qui visent loin, haut et fort. C’est un véritable
fossé que nous devons franchir. Mais une fois que nous aurons pris la mesure de ce fossé, nous aurons
en main les cartes pour réussir et créer des champions d’envergure internationale.

Auteur : Pierre Cesarini PDG Claranova


Source : Les Echos, 24/10/2018

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