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Giussani L'autorité Devient Une Préf
Giussani L'autorité Devient Une Préf
Avec le temps, l’autorité devient aussi la préférence affective, parce que, qui, plus que
celui-ci, est ton ami ?
Voilà une observation très intéressante. L’autorité doit devenir une préférence.
Avant tout, il faut distinguer l’autorité comme moment, de l’autorité comme type de
présence, capacité de présence qui normalement devient rappel, qui normalement tend à
devenir rappel : quand elle est là – tu le sais désormais – cette personne est pour toi un plus ou
moins grand rappel. Puis, en troisième lieu, il y a l’autorité qui dans l’équipe, dans
l’organisme du corps du Christ, par conséquent dans l’organisme de cette parcelle du corps du
Christ qu’est la compagnie vocationnelle, joue un rôle représentatif de rappel.
Ici seules les réponses à vos questions peuvent apporter un éclairage, autrement on fait un
discours analytique, on essaie de faire un discours analytique. Pourquoi ce troisième cas
laisse-t-il intact le fait que la personne qui joue ce rôle renvoie en tant que telle au Seigneur
ou que le fait de rappeler le Seigneur reste son rôle, l’objectivité de son rôle. Par le fait qu’il y
ait un responsable de la maison, l’idée de responsable de la maison est un rôle qui renvoie à
Dieu : par rôle, par structure, il renvoie à Dieu. Comme personne, elle peut-être celle qui nous
paralyse le plus, au point que pour l’accepter il faut faire un effort ou dépasser beaucoup
d’impressions antérieures qui s’interposent.
De toute façon, voici les trois cas de l’autorité comme miracle.
Premièrement, autorité comme événement isolé, comme moment exceptionnel : par
exemple, une intervention dans une réunion qui nous touche. Comme ce père, dont je vous ai
parlé, qui était dans le téléphérique et qui disait à son enfant : « On ne sort du silence que pour
une chose plus grande » : ceci est un instant d’autorité, c’est un miracle. Ou comme ce fait
que me racontait Lorna : elle avait invité chez elle, une de ses amies d’architecture qui devait
se marier ; tandis qu’elles sortaient de la maison, cette amie lui a dit : « Vois-tu, c’est une
chose impressionnante qu’il y ait à Milan une maison où des gens habitent ensemble parce
qu’ils dédient leur vie au Christ, et cela me met en paix [ce n’est pas quelque chose qu’elle-
même fait, mais cette présence la met en paix, parce qu’elle lui rappelle le Christ : cette
présence est un miracle]. Cela me met en paix non pas seulement face à ce geste que je vais
faire, celui de me marier, mais aussi dans l’acceptation de ma communauté d’architecture, où
les gens ne désirent rien », ce qui est la chose la plus tragique que j’aie entendue en tant
d’années, la définition la plus juste de l’absence de la plupart des présences. « Où les gens ne
désirent rien », cela veut dire que pour elle, cette communauté n’était pas un miracle. Elle
aura fait une rencontre, je ne sais pas comment, elle aura été touchée une fois par une
personne, par des paroles, par une intervention dans un rassemblement, en voyant tant de gens
ensemble (et ceux-ci affirmaient nominalement qu’ils étaient ensemble parce qu’ils étaient
chrétiens) ; cela peut avoir suffi pour « la séduire », pour la faire suivre, après la vie de cette
communauté n’était pas le miracle pour elle. Parce que, si les gens qui l’entouraient ne
désiraient rien, non seulement ils n’étaient pas la Présence du Christ dans la chair, mais ils
étaient l’absence de la chair sous la vibration d’une parole qui commençait à répugner. En
effet, pour combien d’hommes le Christ est-il répugnant à cause de la façon dont vivent les
gens qui parlent de Lui (ou qui se disent chrétiens) ? L’autorité, avant tout, comme un
moment exceptionnel qui est pour nous un rappel.
Deuxièmement, l’autorité comme physionomie de vie qui rend normale sa présence comme
rappel du Seigneur : quand il y a cette présence, il y a un rappel du Seigneur, tôt ou tard,
d’une façon ou d’une autre.
Et puis, troisièmement, il y a l’autorité comme miracle en tant que rôle, parce que le fait
qu’il existe une autorité ultime dans le monde qui dise la vérité, qui juge tous les jugements
des hommes du point de vue de la vérité ultime – je suis en train de parler du Pape –, ceci est
un miracle absolu. Mais que, dans une foule de personnes qui se réunissent parce que le
Seigneur est là, il y en ait un qui guide, en revendiquant les paroles justes, en jugeant
ultimement les comportements, et qui même sans savoir le démontrer a un esprit conforme à
celui du Pape, cela aussi c’est un miracle. Il peut être un voyou et avoir ce rôle. C’est
pourquoi l’autorité comme rôle non seulement n’est pas à négliger mais elle met à nu la
pureté de notre regard. Et il faut la suivre en tant qu’elle exprime le contenu de son rôle, et
non en tant que c’est telle personne.