Vous êtes sur la page 1sur 12

See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.

net/publication/309041541

Comment caractériser et traiter les plaintes de sommeil dans les troubles


bipolaires ?

Article in L Encéphale · September 2016


DOI: 10.1016/j.encep.2016.06.007.

CITATIONS READS

2 635

7 authors, including:

Pierre Alexis Geoffroy Jean-Arthur Micoulaud Franchi


Hôpital Bichat - Claude-Bernard (Hôpitaux Universitaires Paris Nord Val de Seine) Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux
287 PUBLICATIONS 4,590 CITATIONS 448 PUBLICATIONS 4,292 CITATIONS

SEE PROFILE SEE PROFILE

Régis Lopez I. Poirot


Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier Centre Hospitalier Régional Universitaire de Lille
229 PUBLICATIONS 2,802 CITATIONS 36 PUBLICATIONS 584 CITATIONS

SEE PROFILE SEE PROFILE

Some of the authors of this publication are also working on these related projects:

Restless legs syndrome and cardiovascular diseases: Epidemiology, pathogenesis and therapeutic implications View project

Le sommeil en conditions extrêmes View project

All content following this page was uploaded by Pierre Alexis Geoffroy on 28 April 2018.

The user has requested enhancement of the downloaded file.


G Model
ENCEP-934; No. of Pages 11 ARTICLE IN PRESS
L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx

Disponible en ligne sur

ScienceDirect
www.sciencedirect.com

Revue de la littérature

Comment caractériser et traiter les plaintes de sommeil dans les


troubles bipolaires ?
How to characterize and treat sleep complaints in bipolar disorders?
P.A. Geoffroy a,b,c,d,e,∗ , J.-A. Micoulaud Franchi f,g , R. Lopez h,i , I. Poirot j , A. Brion k ,
S. Royant-Parola k,l , B. Etain a,b,c,d,e
a
U1144, case 15, faculté de pharmacie, Inserm, 4, avenue de l’Observatoire, 75006 Paris, France
b
UMR-S 1144, université Paris Descartes, 75006 Paris, France
c
UMR-S 1144, université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, 75013 Paris, France
d
GH Saint-Louis–Lariboisière–F.-Widal, pôle de psychiatrie et de médecine addictologique, AP–HP, 75475 Paris cedex 10, France
e
Fondation FondaMental, 94000 Créteil, France
f
USR CNRS 3413 SANPSY, université de Bordeaux, CHU Pellegrin, 33076 Bordeaux, France
g
Service d’explorations fonctionnelles du système nerveux, clinique du sommeil, CHU de Bordeaux, place Amélie-Raba-Léon, 33076 Bordeaux, France
h
Centre national de référence narcolepsie et hypersomnie idiopathique, CHU Gui-De-Chauliac, 34000 Montpellier, France
i
U1061, Inserm, 34000 Montpellier, France
j
Pôle de psychiatrie, médecine légale et médecine en milieu pénitencière, unité de sommeil de psychiatrie adulte, hôpital Fontan 1, CHRU de Lille,
59037 Lille, France
k
Réseau Morphée, 92380 Garches, France
l
Clinique du Château, 92380 Garches, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : Objectifs. – Cette revue propose une synthèse sur la caractérisation et le traitement des plaintes de
Reçu le 1er juin 2016 sommeil dans les troubles bipolaires (TB).
Accepté le 16 juin 2016 Méthodes. – Une recherche de la littérature scientifique a été effectuée en juin 2016 sur PubMed à l’aide
Disponible sur Internet le xxx
d’une équation de recherche suivante : « bipolar disorder » and (« sleep » or « insomnia » or « hypersomnia »
or « circadian » or « apnea » or « restless legs »).
Mots clés : Résultats. – Les TB présentent des perturbations du sommeil et des rythmes circadiens durant les épisodes
Trouble bipolaire
aigus mais également au cours des phases de rémission marquées par des anomalies de la qualité et de
Sommeil
Insomnie
la quantité du sommeil, et une plus grande variabilité des rythmes veille/sommeil. Ces patients souffrent
Hypersomnie très fréquemment de troubles du sommeil comorbides : insomnie chronique, hypersomnolence, retard
Rythmes circadiens de phase, syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS), et syndrome des jambes sans
repos. Ces troubles favorisent les rechutes thymiques, altèrent le fonctionnement cognitif, diminuent la
qualité de vie, favorisent une prise de poids et l’apparition d’un syndrome métabolique. Une explora-
tion clinique avec caractérisation de ces troubles est donc indispensable, aidée par des questionnaires,
et documentée sur des agendas du sommeil voire des mesures objectives actimétriques. Un bilan plus
complet en laboratoire du sommeil peut être nécessaire. Les traitements associés dépendent de la cause.
Le traitement de l’insomnie chronique s’appuie sur des techniques non médicamenteuses (restructura-
tion des comportements et rythmes du sommeil), la psychothérapie, et si besoin sur les hypnotiques. Des
traitements spécifiques seront proposés dans le syndrome de retard de phase, le SAHOS, ou les autres
troubles du sommeil plus rares.
© 2016 L’Encéphale, Paris.

∗ Auteur correspondant. Centre expert des troubles bipolaires du Pr F.-Bellivier, hôpital Fernand-Widal, 200, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris, France.
Adresse e-mail : pierrealexis.geoffroy@aphp.fr (P.A. Geoffroy).

http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.06.007
0013-7006/© 2016 L’Encéphale, Paris.

Pour citer cet article : Geoffroy PA, et al. Comment caractériser et traiter les plaintes de sommeil dans les troubles bipolaires ? Encéphale
(2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.06.007
G Model
ENCEP-934; No. of Pages 11 ARTICLE IN PRESS
2 P.A. Geoffroy et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx

a b s t r a c t

Objectives. – Sleep complaints are very common in bipolar disorders (BD) both during acute phases (manic
and depressive episodes) and remission (about 80 % of patients with remitted BD have poor sleep quality).
Sleep complaints during remission are of particular importance since they are associated with more mood
relapses and worse outcomes. In this context, this review discusses the characterization and treatment
of sleep complaints in BD.
Methods. – We examined the international scientific literature in June 2016 and performed a literature
search with PubMed electronic database using the following headings: “bipolar disorder” and (“sleep” or
“insomnia” or “hypersomnia” or “circadian” or “apnoea” or “apnea” or “restless legs”).
Results. – Patients with BD suffer from sleep and circadian rhythm abnormalities during major depres-
sive episodes (insomnia or hypersomnia, nightmares, nocturnal and/or early awakenings, non-restorative
sleep) and manic episodes (insomnia, decreased need for sleep without fatigue), but also some of these
abnormalities may persist during remission. These remission phases are characterized by a reduced qua-
lity and quantity of sleep, with a longer sleep duration, increased sleep latency, a lengthening of the
wake time after sleep onset (WASO), a decrease of sleep efficiency, and greater variability in sleep/wake
rhythms. Patients also present frequent sleep comorbidities: chronic insomnia, sleepiness, sleep phase
delay syndrome, obstructive sleep apnea/hypopnea syndrome (OSAHS), and restless legs syndrome (RLS).
These disorders are insufficiently diagnosed and treated whereas they are associated with mood relapses,
treatment resistance, affect cognitive global functioning, reduce the quality of life, and contribute to
weight gain or metabolic syndrome. Sleep and circadian rhythm abnormalities have been also associated
with suicidal behaviors. Therefore, a clinical exploration with characterization of these abnormalities
and disorders is essential. This exploration should be helped by questionnaires and documented on
sleep diaries or even actimetric objective measures. Explorations such as ventilatory polygraphy, poly-
somnography or a more comprehensive assessment in a sleep laboratory may be required to complete
the diagnostic assessment. Treatments obviously depend on the cause identified through assessment
procedures. Treatment of chronic insomnia is primarily based on non-drug techniques (by restructu-
ring behavior and sleep patterns), on psychotherapy (cognitive behavioral therapy for insomnia [CBT-I];
relaxation; interpersonal and social rhythm therapy [IPSRT]; etc.), and if necessary with hypnotics during
less than four weeks. Specific treatments are needed in phase delay syndrome, OSAHS, or other more rare
sleep disorders.
Conclusions. – BD are defined by several sleep and circadian rhythm abnormalities during all phases of the
disorder. These abnormalities and disorders, especially during remitted phases, should be characterized
and diagnosed to reduce mood relapses, treatment resistance and improve BD outcomes.
© 2016 L’Encéphale, Paris.

1. Introduction fonctionnement global, une mauvaise qualité de vie et un risque


augmenté de syndrome métabolique [15–17]. Il est donc primor-
Les troubles bipolaires (TB) touchent environ 1 à 4 % de la dial de correctement caractériser ces perturbations du sommeil et
population mondiale [1], avec un âge de début avant 21 ans des rythmes circadiens, de savoir identifier quand ces perturbations
pour la moitié des individus atteints [2]. Les épisodes thymiques constituent des troubles (maladies) du sommeil comorbides du TB
(dépressions et manies) peuvent être espacés de phases de rémis- et de pouvoir orienter de la manière la plus efficace possible les
sion, appelées également phases « euthymiques », associées à un patients afin de leur proposer les traitements les plus appropriés et
ensemble de perturbations (fonctions cognitives, régulation émo- efficaces [18,19].
tionnelle, sommeil, rythmes circadiens, immuno-inflammation, Dans ce contexte, ce travail a pour objectif de proposer une
métabolique, etc.) qui en font une maladie chronique, progressive synthèse critique des travaux scientifiques s’intéressant aux carac-
et multisystémique [3]. Ainsi, l’Organisation mondiale de la santé téristiques cliniques et à la prise en charge des anomalies du
(OMS) reconnaît le TB comme l’une des dix maladies avec la plus sommeil et des rythmes circadiens dans les TB. Ainsi, après une
forte morbi-mortalité [4–6]. Une littérature scientifique grandis- description de la nature et de l’impact de ces anomalies, une syn-
sante démontre l’implication d’anomalies des rythmes circadiens thèse sera proposée sur l’exploration systématisée dans les troubles
et du sommeil associés à la vulnérabilité au TB [7–11]. Longtemps, bipolaires d’une plainte de sommeil (selon deux entrées possibles :
ces perturbations du sommeil ont été uniquement considérées plainte de somnolence excessive ou plainte d’insomnie) et sur sa
comme des symptômes présents lors des phases aiguës des TB. En prise en charge en fonction de l’étiologie identifiée.
effet, les symptômes caractéristiques de l’épisode dépressif carac-
térisé (EDC) sont une plainte d’insomnie (ou d’hypersomnolence), 2. Méthodes
de sommeil non réparateur, une latence d’endormissement aug-
mentée, des réveils nocturnes fréquents, un réveil matinal précoce, Nous avons réalisé en juin 2016 une recherche bibliographique
une fatigue en journée, et un émoussement voire une inversion du critique des études et revues s’intéressant aux anomalies du som-
pic matinal physiologique d’énergie, d’humeur et de vigilance [12]. meil et/ou des rythmes circadiens dans les TB, en particulier
Les épisodes maniaques et hypomaniaques se manifestent classi- pendant la phase de rémission (ou dite d’euthymie), et de leur trai-
quement par une diminution des besoins de sommeil et par une tement. Les publications étaient issues de la littérature nationale et
absence de sensation de fatigue [11,13]. Un certain nombre de ces internationale, et ont été recensées à partir de la base de données
anomalies persistent en phase de rémission : 83 % des patients électronique PubMed grâce à une équation de recherche associant
avec TB en rémission présentent des perturbations du sommeil les mots clés suivants : « bipolar disorder » and (« sleep » or « insom-
contre seulement 21 % chez des sujets sans TB [14]. Ces perturba- nia » or « hypersomnia » or « circadian » or « apnoea » or « apnea »
tions sont associées à des rechutes plus fréquentes et à un mauvais or « restless legs »).

Pour citer cet article : Geoffroy PA, et al. Comment caractériser et traiter les plaintes de sommeil dans les troubles bipolaires ? Encéphale
(2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.06.007
G Model
ENCEP-934; No. of Pages 11 ARTICLE IN PRESS
P.A. Geoffroy et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx 3

3. Quelles sont les perturbations du sommeil et des de rechercher une hypersomnie, qui est un problème fréquemment
rythmes circadiens dans les TB ? non recherché.
Repérer un trouble du sommeil et le caractériser est important
Les perturbations du sommeil et des rythmes circadiens ont dans le cas des TB car cela permet de rechercher des comorbidités
longtemps été considérées comme un épiphénomène des TB. En à traiter d’une manière indépendante ou des causes de résistance
effet, ces perturbations ont longtemps été négligées puisque les au traitement.
médecins s’attendent à leur normalisation avec le retour à la Le syndrome d’apnée-hypopnée obstructive du sommeil
stabilité thymique (ou euthymie) après un EDC ou un épisode (SAHOS) a une prévalence de 4 % pour les hommes et de 2 % pour les
(hypo)maniaque. Or, de nombreuses études scientifiques ont per- femmes de 30 à 60 ans dans la population générale [26]. Cette pré-
mis de démontrer qu’un nombre important de ces perturbations valence est particulièrement plus élevée chez les patients souffrant
persistent au moins a minima lors des phases d’euthymie. de TB. Kelly et al. ont proposé une revue des dossiers cliniques de
Certaines études ont utilisé l’actigraphie qui est un dispositif 482 patients avec un trouble bipolaire avec dépistage du SAHOS à
médical valide de mesure d’activité, comportant un accéléromètre l’aide d’un auto-questionnaire spécifique (questionnaire de Berlin)
et se présentant sous la forme d’une montre portée au poignet non [27]. Au total, 44 % des patients étaient considérés comme à risque
dominant dans des conditions écologiques sur plusieurs jours. Ce de SAHOS parmi lesquels, 88,6 % ont été diagnostiqués comme
dispositif permet ainsi une mesure objective de l’activité veille- souffrant d’un SAHOS à la polygraphie ventilatoire ou polysomno-
sommeil en condition de vie habituelle. Une méta-analyse récente graphie. Cette prévalence semble moins élevée en France mais reste
portant sur 9 études d’actigraphie et 412 participants a montré tout de même bien supérieure à la population générale. Ainsi, une
plusieurs perturbations du sommeil chez les patients avec TB en étude française récente observe avec le même auto-questionnaire
rémission comparés à des sujets contrôles sains : un allongement qu’environ 25 % des patients avec TB en rémission est à haut risque
de la durée du sommeil, une latence d’endormissement augmentée, de SAHOS [28]. Sa recherche devrait donc être systématique chez
un allongement de la durée des réveils après le début du sommeil, les patients avec TB.
et une diminution de l’efficacité du sommeil1 [7,20]. Une seconde Une autre perturbation du sommeil insuffisamment recherchée
méta-analyse confirme ces résultats en incluant 21 études concer- chez les patients ayant un TB est le syndrome de retard de phase du
nant 531 patients avec troubles bipolaires en rémission, 678 sujets sommeil (SRPS). Récemment, Steinan et al., ont étudié 404 adultes
témoins et 67 adultes avec insomnie primaire (insomnie chro- avec troubles bipolaires qui présentaient des critères d’insomnie,
nique sans trouble psychiatrique comorbide – [21]) et a utilisé non d’hypersomnie ou de SRPS. De manière intéressante, ils observent
seulement les données d’actimétrie mais également celles de ques- que 10 % des sujets avec troubles bipolaires et déclarant des ano-
tionnaires du sommeil. Pour la plupart, les variables relatives au malies du sommeil présentaient un SRPS [29]. Ces patients étaient
sommeil étaient plus altérées chez les patients avec TB en rémission significativement plus jeunes et avaient un indice de masse cor-
que les sujets témoins, et comparables pour certains aspects aux porelle (IMC) plus important que les autres groupes de patients.
sujets avec insomnie primaire. La latence d’endormissement, les On notait également chez eux une diminution de l’énergie et du
réveils intra-sommeil et la variabilité des rythmes veille/sommeil niveau global d’activité. Les patients atteints de TB semblent beau-
étaient les plus constamment altérés chez les sujets avec TB en coup plus vulnérables à l’impact de la lumière au coucher ou durant
rémission [22]. De même, plus de la moitié des patients avec TB la nuit sur la qualité du sommeil et donc présenteraient un risque
en rémission semblent présenter les critères diagnostiques d’un plus important de SRPS. Ceci s’explique par une hypersensibilité au
trouble insomnie chronique [21,23]. Ceci a été confirmé par une test de suppression de la mélatonine par la lumière, et ceci même
revue de la littérature récente qui s’est intéressée aux données au cours des phases de stabilité de l’humeur [30–34]. Cette caracté-
issues de questionnaires et qui démontre que des perturbations du ristique, bien connue, est considérée comme un marqueur « trait »
sommeil sont identifiées chez plus de 50 % des patients avec TB en de la maladie qui présente une forte héritabilité [34,35].
rémission dont 20 % présentent une insomnie chronique comorbide Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est un autre trouble
au TB [24]. Ces données sont confirmées également dans des popu- que les patients avec TB en rémission peuvent rencontrer. C’est
lations françaises souffrantes de TB en rémission avec, par exemple, une maladie fréquente en population générale qui atteint les pré-
plus de 50 % des patients qui présentaient des anomalies signifi- valences de 5 à 10 % [36], de surcroît le SJSR est favorisé par les
catives du sommeil au PSQI (auto-questionnaire sur la qualité du antidépresseurs et les antipsychotiques [37]. Enfin les liens entre
sommeil) sur les données issues de la cohorte nationale des Centres SJSR et troubles de l’humeur sont importants ainsi une étude rele-
experts troubles bipolaires (Fondation FondaMental) [25]. vait que plus de la moitié des patients avec SJSR présentaient un
Une étude récente s’est intéressée à la plainte d’insomnie dans trouble de l’humeur [38].
les TB mais aussi à la plainte d’hypersomnolence. Ils observent que
40 % des patients avec TB de type I ou II remplissaient les cri-
tères d’insomnie chronique [21], alors que 29 % remplissaient ceux 4. Quel est l’impact de ces perturbations du sommeil et des
d’hypersomnolence associée au TB. L’insomnie était associée à la rythmes circadiens dans les TB ?
dépression bipolaire de type II et touchait plus fréquemment des
sujets ayant une longue durée d’évolution de la maladie. Leurs trai- Il existe également un impact démontré de ces anomalies
tements comportaient plus souvent des benzodiazépines ou des du sommeil et des rythmes circadiens sur les rechutes thy-
hypnotiques [24]. L’hypersomnolence était plus spécifiquement miques. Deux études indépendantes chez des patients en rémission
liée à la dépression bipolaire de type I et aux phases euthymiques. montrent que la présence d’anomalies du sommeil (évaluées par
Elle touchait plus particulièrement les jeunes avec TB de type I trai- questionnaires non spécifiques de l’insomnie ou de l’hypersomnie)
tés par antidépresseurs. Ces résultats soulignent l’intérêt de mieux au cours de leur visite de suivi prédit la rapidité de survenue de
caractériser les sous-groupes de patients en fonction de leur pro- la rechute thymique [15,39]. Rappelons là encore, que les rechutes
fil de sommeil, et permettent également d’insister sur l’importance thymiques sont un problème majeur dans le TB où il est observé
que 60 à 80 % des patients ont rechuté à 2 ans, et ceci malgré la
bonne observance thérapeutique [40,41].
Un lien physiopathologique direct entre les perturbations des
1
Correspondant à la mesure du temps total de sommeil rapporté au temps passé rythmes circadiens et du sommeil et l’atteinte des fonctions cog-
au lit. nitives a été suggéré dans le TB [42]. Récemment, deux études

Pour citer cet article : Geoffroy PA, et al. Comment caractériser et traiter les plaintes de sommeil dans les troubles bipolaires ? Encéphale
(2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.06.007
G Model
ENCEP-934; No. of Pages 11 ARTICLE IN PRESS
4 P.A. Geoffroy et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx

indépendantes spécifiques montrent une association entre les


perturbations du sommeil et les anomalies cognitives dans les Encadré 1 : Conseils à donner au patient pour de bonnes
TB [43,44]. Les perturbations du sommeil et des rythmes circa- habitudes de sommeil
diens impactent le fonctionnement global du patient, et viennent Lors de votre sommeil :
s’ajouter aux autres facteurs de mauvais fonctionnement sur-
• de manière générale : créez un lieu et une ambiance
représentés eux aussi dans le TB tel que le surpoids, la faible
agréables et confortables pour dormir ;
adhérence au traitement et les symptômes dépressifs résiduels • portez des vêtements/pyjamas confortables et agréables ;
[25,45]. • organisez votre lit et votre chambre à coucher de la manière
Mauvais sommeil et irrégularité des rythmes retentissent sur la plus agréable possible : drap et oreillers propres, matelas
le poids et favorisent un syndrome métabolique. Les patients avec confortable et plutôt ferme ;
TB présentent une prévalence du syndrome métabolique de 40 %, • aérez votre chambre avant de vous coucher ;
ce qui est plus de deux fois celle de la population générale [46,47]. • la température idéale de la chambre pour bien dormir est de
Deux études indépendantes et récentes menées spécifiquement 16 à 18 ◦ C ;
• concernant les bains ou douches : évitez le bain chaud juste
chez les patients avec TB en rémission, l’une par questionnaire et
avant d’aller au lit si cela vous éveille (mais il n’y a pas
l’autre par actimétrie, montrent des associations spécifiques entre
de règle absolue car cela peut favoriser l’endormissement
les perturbations du sommeil (durée du sommeil, efficacité du chez d’autres, néanmoins cela fait le plus souvent aug-
sommeil, latence d’endormissement, fragmentation du sommeil, menter la température corporelle et ne favorise pas
et variabilité inter-jours) et les facteurs du syndrome métabolique l’endormissement) ;
dont un indice de masse corporelle élevé et une dyslipidémie • bruit et lumière : veillez à vous isoler le mieux possible du
[48,49]. La prise en charge du sommeil peut ainsi permettre de bruit, de la lumière extérieure ou des lumières de veille des
réduire le risque cardiovasculaire et donc la morbidité et mortalité appareils électriques par exemple (portables, diodes, réveils,
dans le TB. télévision, etc.) ;
• n’autorisez pas les animaux domestiques dans votre
L’ensemble de ces données montrent que les perturbations
chambre ;
du sommeil et des rythmes circadiens persistent en phase de
• dînez léger et évitez les aliments protidiques ;
rémission dans les TB, et conditionnent le mauvais pronostic • pas de télévision dans la chambre ;
de la maladie en favorisant les rechutes thymiques, d’altération • pas de tablette, pas de téléphone, pas d’ordinateur dans le
du fonctionnement cognitif, le mauvais fonctionnement global et lit ;
l’émergence d’un syndrome métabolique. De plus, ces anomalies • mettre le téléphone portable en mode avion ou sans alerte
du sommeil et des rythmes favoriseraient les conduites suicidaires en cours de nuit.
[50]. C’est dire si le sommeil et l’organisation des rythmes cir-
cadiens sont à prendre en compte dans les troubles bipolaires Lors de votre réveil :
[18,19].
• réveillez vous à heure fixe tous les jours, cela favorise de
bons cycles veille/sommeil ;
• sortez du lit lorsque vous êtes réveillé ;
5. Comment explorer la plainte de sommeil dans les • ne pas travailler au lit ;
troubles bipolaires ? • exposez-vous à la lumière dès que vous êtes réveillé(e). La
lumière naturelle en été ou artificielle en hiver ;
L’exploration de la plainte de sommeil est donc indispensable • la température du corps s’est refroidie pendant la nuit :
chez les patients avec TB en rémission, et fait partie intégrante de habillez-vous, prenez un petit déjeuner avec une boisson
la prise en charge de la maladie afin d’en améliorer le pronostic et chaude et une douche chaude afin de faire remonter la tem-
d’en diminuer les rechutes. Dans ce but, nous conseillons aux clini- pérature corporelle ;
• favorisez l’activité physique dans la journée (mais en évi-
ciens de développer une stratégie de recherche systématisée de ces
tant le sport en fin de journée ou en soirée), cela améliore la
plaintes et une conduite rigoureuses pour aboutir à un diagnostic
qualité du sommeil.
de trouble du sommeil comorbide au TB.
L’exploration et la caractérisation de la plainte du sommeil
sont avant tout cliniques et basées sur l’entretien avec le patient.
Cet entretien doit se faire si possible avec un proche qui peut Le recours aux échelles d’évaluation est utile et aisé en clinique
témoigner du sommeil et des rythmes de vie, notamment en ce notamment avec le Pittsburgh Sleep Quality Index (PSQI) qui est un
qui concerne des ronflements, des pauses respiratoires, des éveils auto-questionnaire utile pour quantifier les anomalies de sommeil,
nocturnes, des mouvements anormaux des jambes (au coucher : l’échelle de somnolence d’Epworth ou « Epworth Sleepiness Scale »
syndrome des jambes sans repos, au cours de la nuit : mouvements (ESS) pour évaluer la somnolence diurne excessive, le question-
périodiques des jambes), des cauchemars et de la somnolence naire de Berlin pour le dépistage du syndrome d’apnées-hypopnées
diurne auxquels le patient peut ne pas prêter attention. Un auto- obstructives du sommeil (SAHOS).
questionnaire est disponible sur le site Internet du réseau Morphée Cette évaluation clinique devra être interprétée en fonc-
(www.reseau-morphee.fr) et permet d’évaluer de manière large les tion des symptômes thymiques présents, notamment dépres-
différentes plaintes possibles de sommeil. sifs et des prescriptions médicamenteuses en cours (anxioly-
Les habitudes de sommeil et le mode de vie doivent être égale- tiques, hypnotiques, antipsychotiques sédatifs, thymorégulateurs).
ment explorés. Des questions simples sur les horaires habituels de Les symptômes dépressifs peuvent être mesurés en auto-
sommeil et de siestes, les habitudes de vie (sport, alcool, café, tabac, évaluation par la QIDS qui inclut des items sur le sommeil
etc.) suffisent. Un agenda du sommeil est à compléter sur 15 jours (http://www.ids-qids.org/tr-french.html).
minimum (téléchargeable en ligne sur www.agendadusommeil.fr). Idéalement l’exploration des plaintes du sommeil doit conduire
Cette étape est indispensable car la majorité des plaintes de som- à orienter le patient vers un centre du sommeil en cas de suspi-
meil sont liées à de mauvaises habitudes de sommeil, et peuvent cion d’un trouble du sommeil cormorbide. Cependant, les délais
donc être traitées sans hypnotique avec l’aide d’une restructuration d’attente et la saturation de certains centres ne permettent pas
du comportement et des rythmes du sommeil. L’Encadré 1 résume toujours un accès aisé et uniforme sur le territoire français. Nous
ici les principales règles de bonnes habitudes de sommeil. proposons alors une démarche en 3 étapes :

Pour citer cet article : Geoffroy PA, et al. Comment caractériser et traiter les plaintes de sommeil dans les troubles bipolaires ? Encéphale
(2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.06.007
G Model
ENCEP-934; No. of Pages 11 ARTICLE IN PRESS
P.A. Geoffroy et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx 5

• celle du dépistage systématique en soins primaires psychia- la respiration, haletant, ou suffocant ; et enfin l’entourage qui
triques ; peut rapporter des ronflements ou des pauses respiratoires. La
• celle de la prise en charge par des soins psychiatriques spécialisés transpiration nocturne et la nycturie sont également des signes
formés à la médecine du sommeil ; nocturnes évocateurs ;
• celle de la prise en charge par des soins tertiaires en centre du • de signes ou symptômes diurnes : HTA résistante, persistance
sommeil spécialisé, idéalement attentif aux troubles psychia- d’une dysthymie, plaintes cognitives, céphalées matinales. Des
triques (comme le trouble bipolaire) fréquemment associés aux antécédents cardiovasculaires (AVC, maladie coronarienne), une
troubles du sommeil. insuffisance cardiaque congestive, une fibrillation auriculaire ou
un diabète de type 2 sont également des signes évocateurs ;
6. Comment prendre en charge les plaintes de sommeil • de critères morphologiques : obésité, tour de cou augmenté de
dans les TB ? diamètre (45 cm chez l’homme et 41 cm chez la femme).

6.1. Traiter les symptômes thymiques résiduels Un complément d’évaluation par le questionnaire de Berlin peut
être intéressant. Le SAHOS devrait être systématiquement dépisté
S’assurer d’une bonne rémission des troubles thymiques est du fait de sa fréquence élevée dans la population de patients avec
la première étape indispensable. Si la rémission thymique n’est des TB.
que partielle, le traitement des troubles du sommeil sera intégré Le traitement consiste en premier lieux en la PPC qui consiste
aux approches thérapeutiques thymorégulatrices. Soulignons que à insuffler de l’air par le nez afin de créer une attelle pneumatique
le lithium semble présenter un effet particulièrement intéressant au niveau des voies aériennes supérieures et empêcher leur col-
sur la stabilisation et la resynchronisation des rythmes circadiens lapsibilité à l’origine du SAHOS. La perte de poids est un élément
dans le TB [18]. Si la rémission symptomatique est obtenue, il essentiel à associer à la prise en charge du SAHOS et nécessite une
faut s’orienter vers un trouble du sommeil comorbide au TB, qu’il prise en charge coordonnée transdisciplinaire (par exemple sous la
conviendra d’explorer, et caractériser pour en assurer la prise forme de filière de soins dédiée).
en charge. D’autant que des troubles du sommeil comorbides
du TB tels que l’insomnie chronique, le SAHOS ou le SJSR, sont 6.5. Dépister et traiter le syndrome de retard de phase du
des facteurs favorisant les symptômes thymiques résiduels et la sommeil (SRPS)
pharmacorésistance.
Le SRPS s’exprime par une plainte d’insomnie
6.2. Informer sur les bonnes habitudes du sommeil (hygiène de d’endormissement avec des difficultés majeures à se réveiller
sommeil) à une heure « normale », et avec une altération de la qualité de la
veille. Un agenda du sommeil associé si besoin à une actigraphie,
L’Encadré 1 résume les règles de bonnes habitudes de sommeil permet de mettre en évidence un décalage du sommeil pendant le
à fournir aux patients. week-end ou les vacances, sans trouble du maintien du sommeil.
Le traitement repose sur des instructions comportementales
6.3. Adapter le traitement médicamenteux (diminution de l’exposition à la lumière en fin d’après midi et soirée,
port de lunettes filtrant la lumière bleue le soir), de luminothéra-
La prescription de certains médicaments sédatifs (benzodia- pie au réveil spontané et avancé progressivement de 30 minutes par
zépines, antipsychotiques atypiques et neuroleptiques sédatifs jour, et de mélatonine [51]. Le traitement du SRPS sévère est à lais-
notamment) devra être systématiquement discutée si de tels trai- ser à des spécialistes du sommeil car il y a un risque d’aggravation
tements figurent sur l’ordonnance du patient. Rappelons que : du retard de phase par la luminothérapie et la mélatonine si les
horaires de mise en place ne sont pas adaptés. Un suivi coordonné
• les benzodiazépines sont contre-indiquées en cas de SAHOS qui psychiatrique et médecine du sommeil est alors indispensable.
ne sont pas traités par pression positive continue (PPC) ;
• les benzodiazépines et des hypnotiques ont une durée de pres- 6.6. Dépister et traiter le syndrome des jambes sans repos (SJSR)
cription limitée et que l’arrêt doit être anticipé (de quelques jours
à 4 semaines) ; Le diagnostic du SJSR est clinique et est défini par la présence de
• les antidépresseurs et les antipsychotiques peuvent favoriser 4 critères :
l’apparition ou aggraver le SJSR, qu’il faut donc savoir dépister
systématiquement [37] ; • le symptôme principal est une impatience au niveau des jambes,
• certains médicaments peuvent favoriser l’insomnie (corticoïdes, habituellement accompagnées ou considérées comme résul-
hormones thyroïdiennes, psychostimulants, antidépresseurs sti- tantes d’une sensation pénible et gênante dans les jambes ;
mulants), le sevrage de médicaments (hypnotiques, antalgiques • les symptômes sont aggravés par l’immobilité et la position allon-
opioïdes, etc.), et les sevrages à l’alcool, au cannabis ou à l’héroïne gée ;
et ses dérivés. • les symptômes sont soulagés par le mouvement ;
• les symptômes sont plus intenses le soir par rapport à la journée.
6.4. Dépister et traiter le SAHOS
Le SJSR peut être secondaire (carence martiale, insuffisance
Les signes évocateurs d’un SAHOS seront systématiquement rénale sévère, maladie de Parkinson, iatrogène par antidépresseurs
recherchés afin d’orienter le patient vers une exploration en centre ou antipsychotiques) ou primaire. Dans les formes secondaires, le
du sommeil (polygraphie ventilatoire ou polysomnographie). Le traitement étiologique est à privilégier en première intention (cor-
SAHOS doit être évoqué devant l’association : rection d’une carence martiale, adaptation de traitements).
Dans les formes primaires légères à modérés, une prise de
• d’une plainte du sommeil : plainte de somnolence ou plainte codéine le soir (par exemple 60 mg) en cas de recrudescences de
d’insomnie (sommeil non réparateur, mauvaise qualité de som- SJSR est efficace. Dans les formes modérées à sévères un traite-
meil, sommeil agité, réveils répétés), réveil avec un arrêt de ment de fond par prégabaline est envisageable. Enfin, les agonistes

Pour citer cet article : Geoffroy PA, et al. Comment caractériser et traiter les plaintes de sommeil dans les troubles bipolaires ? Encéphale
(2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.06.007
G Model
ENCEP-934; No. of Pages 11 ARTICLE IN PRESS
6 P.A. Geoffroy et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx

dopaminergiques (exemple : Pramipexole–Sifrol® ) à faible posolo- [55]. Des protocoles sont en cours d’étude dans les TB, basés sur
gie, et sous couvert strict d’un thymorégulateur dans le TB, devant la régularisation des heures de coucher et de lever qui serait
le risque de virage maniaque sont possibles mais à réserver aux suffisante pour améliorer le sommeil [56]. Ces études montrent
formes sévères de SJSR [52,53]. l’importance du renforcement chronobiologique dans la prise en
charge des plaintes d’insomnie dans le TB. Ceci souligne également
6.7. Dépister et traiter l’insomnie l’intérêt de combiner les TCC de l’insomnie à la thérapie interper-
sonnelle et d’aménagement des rythmes sociaux (TIPARS) dans
Le dépistage de l’insomnie doit être systématique dans le TB. le TB [57]. Ces approches doivent encore se développer pour être
L’approche non médicamenteuse est le traitement de première spécifiquement adaptées au TB.
intention de l’insomnie chronique. Les psychothérapies peuvent Dans l’insomnie d’ajustement (non chronique, en situation de
faire appel aux thérapies comportementales et cognitives (TCC) stress notamment) ou dans l’insomnie chronique au début de
individuelles ou en groupe, aux approches d’éducation thérapeu- la mise en place de la TCC, la prescription d’un hypnotique est
tique ou à la relaxation [54]. La TCC de l’insomnie se décompose en envisageable sur une courte période (maximum 4 semaines). Il
3 grands volets : existe 2 grandes classes thérapeutiques agonistes des récepteurs
GABA-A :
• l’éducation aux bonnes habitudes de sommeil ;
• des mesures comportementales (restrictions du temps passé au • les molécules « Z », ou hypnotiques à demi-vie courte
lit et contrôle du stimulus) ; (Zolpidem–Stilnox® ; Zopiclone–Imovane® ) ;
• une restructuration cognitive. • les benzodiazépines (ex : Lormétazépam – Noctamide® ; Lopra-
zolam – Havlane® ).
Une étude pilote a été publiée qui inclut 30 patients souffrant
de TB traités par TCC de l’insomnie versus 28 patients traités Des stratégies thérapeutiques anxiolytiques ou sédatives, non
par psychoéducation. Après 6 mois de suivi, les patients traités spécifiques à la prise en charge de l’insomnie, peuvent être effi-
par TCC présentent moins de jours malades, moins de rechutes caces pour traiter la symptomatologie du TB. En revanche, certains
(hypo)maniaques et une réduction de la sévérité de l’insomnie antidépresseurs à propriétés sédatives (Mirtazapine–Norset® ) sont

Plainte de
somnolence
excessive dans les TB
d’imputabilité
Recherche

Origine
OUI Alléger / adapter les traitements sédafs
iatrogène ?

Syndrome d’apnées Traitement Traitement


Polygraphie venlatoire

OUI +/-
Polysomnographie

du sommeil ? éologique symptomaque


NON Favoriser la perte de Traitement posionnel
poids OAM

Adapter les Appareillage


traitements en PPC

Syndrome de retard
Agenda du

OUI
Acmétrie

Mesures chronothérapeuques
sommeil

de phase du sommeil
? Restructuraon Luminothérapie Mélatonine
des rythmes du Acvité
NON sommeil physique

Somnolence OUI
Opmisaon de la prise en charge du
de l’humeur
Diagramme
Agenda du
sommeil

symptomaque de la trouble bipolaire


dépression ?
NON

Somnolence Rechercher une


Avis spécialisé

OUI
persistante malgré hypersomnie
l’euthymie centrale

Référer à un centre de
compétence /
référence
hypersomnies

En l’absence d’hypersomnie centrale

Fig. 1. Arbre diagnostique et thérapeutique devant une plainte de somnolence diurne excessive dans les troubles bipolaires.

Pour citer cet article : Geoffroy PA, et al. Comment caractériser et traiter les plaintes de sommeil dans les troubles bipolaires ? Encéphale
(2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.06.007
G Model
ENCEP-934; No. of Pages 11 ARTICLE IN PRESS
P.A. Geoffroy et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx 7

souvent utilisés comme hypnotiques et seront à éviter ou à manier 6.8. Utilisation de la mélatonine
avec grande précaution dans les TB pour éviter le virage maniaque.
Par ailleurs il faut souligner que tous les antidépresseurs (en parti- Les taux de mélatonine endogène et sa sécrétion circadienne
culier la Mirtazapine) peuvent être responsables de SJSR et aggraver interviennent directement dans la régulation de l’humeur, via
les difficultés d’endormissement le soir. la voie rétino-hypothalamique et pinéale, et grâce aux systèmes

Plainte d’insomnie
dans les TB

Origine OUI Mesures chronopharmacologiques


d’imputabilité
Recherche

iatrogène ?
Limiter la prise diurne Limiter la prise vespérale
de traitements sédafs de traitements smulants

Insomnie Opmisaon de la prise en charge du


de l’humeur

OUI
Diagramme
Agenda du
sommeil

symptomaque de trouble bipolaire


l’état thymique

Syndrome de retard
Agenda du

Acmétrie

OUI Mesures chronothérapeuques


sommeil

de phase du sommeil
? Restructuraon Luminothérapie Mélatonine
des rythmes du Acvité
sommeil physique

Syndrome d’apnées Traitement Traitement


OUI +/-
Polysomnographie

du sommeil ? éologique symptomaque


Favoriser la perte de Traitement posionnel
poids OAM

Adapter les Appareillage


traitements en PPC

Syndrome des OUI


Traitement Traitement
+/-
Entreen clinique

jambes sans repos ? éologique symptomaque


Avis spécialisé

Adapter le traitement Agoniste


(APA, AD) dopaminergique

Rechercher et traiter Alpha-2-Delta ligand


une carence marale

Trouble insomnie Thérapie cognivo-comportementale de


OUI
Agenda du sommeil
Entreen clinique

chronique l’insomnie
Sevrage des traitement hypnoques au long cours

Restructuraon des habitudes et des comportements


Restricon du temps passé au lit
Correcon des distorsions cognives

Fig. 2. Arbre diagnostique et thérapeutique devant une plainte d’insomnie dans les troubles bipolaires.

Pour citer cet article : Geoffroy PA, et al. Comment caractériser et traiter les plaintes de sommeil dans les troubles bipolaires ? Encéphale
(2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.06.007
8

ENCEP-934; No. of Pages 11


G Model
(2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.06.007
Pour citer cet article : Geoffroy PA, et al. Comment caractériser et traiter les plaintes de sommeil dans les troubles bipolaires ? Encéphale

Tableau 1
Synthèse des caractéristiques et des prises en charge des troubles du sommeil comorbides des troubles bipolaires.

Trouble du sommeil Symptômes et signes Fréquence dans le Facteur favorisant dans le Dépistage en soins Prise en charge possible en Orientation sur un Prise en charge possible
cliniques trouble bipolaire trouble bipolaire primaires soins psychiatriques centre du sommeil par le centre du sommeil
psychiatriques formés à la médecine du spécialisé spécialisé
sommeil

Syndrome Nocturne : plainte 25–50 % Benzodiazépine (autre facteur Questionnaire de Berlin Orienter vers Si suspicion de PPC en première intention
d’apnée-hypopnée d’insomnie, ronflements, inflammatoire en cours Epworth Sleepiness polysomnographie si SAHOS Arrêt des benzodiazépines
obstructive du pauses respiratoires, d’étude) Scale signes d’appels cliniques et Autre prise en charge
sommeil (SAHOS) transpiration nocturne, Poids, taille, tour de SDE spécialisé
nycturie cou Arrêt des benzodiazépines
Diurnes : HTA résistante,
persistance d’une
dysthymie, plaintes

ARTICLE IN PRESS
cognitives, céphalées
matinales

P.A. Geoffroy et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx


Critères morphologiques :
obésité, tour de cou
augmenté de diamètre
Syndrome de retard de Décalage des heures de Environ 10 % Mauvaises habitudes de Agenda du sommeil Habitudes de sommeil Si forme sévère Habitudes de sommeil
phase du sommeil coucher et de lever (qui sommeil Actimétrie Règles d’exposition à la Règles d’exposition à la
(SRPS) sont retardées) lumière lumière
Luminothérapie Luminothérapie
Mélatonine Mélatonine
Syndrome des jambes Sensations désagréables au 5–10 % Antipsychotiques Poser les 4 questions Arrêt des antipsychotiques Si forme modérée Prégabaline
sans repos (SJSR) niveau des jambes Antidépresseurs cliniques Antidépresseurs à sévère Agoniste dopaminergiques
responsables d’un besoin correspondantes aux Supplémentation en fer si
irrépressible de les 4 symptômes carences martiales
mobiliser (impatiences) énumérés Codéine à la demande en
Symptômes aggravés par phase de recrudescences
l’immobilité et la position
allongée
Symptômes soulagés par le
mouvement
Symptômes plus intenses
le soir par rapport à la
journée
Trouble insomnie Plainte d’insomnie non 30–50 % Mauvaises habitudes de Pittsburgh Sleep Éducation bonnes Si forme sévère Elimine un autre trouble
chronique attribuable entièrement au sommeil Quality Index habitudes de sommeil du sommeil comorbide si
trouble bipolaire Agenda du sommeil Mesures signe d’appel
(difficultés Actimétrie comportementales Éducation bonnes
d’endormissement, et/ou (restrictions du temps habitudes de sommeil
réveils nocturnes passé au lit et contrôle du Mesures
multiples, et/ou réveil trop stimulus) comportementales
précoce) Restructuration cognitive (restrictions du temps
passé au lit et contrôle du
stimulus)
Restructuration cognitive
Association pendant une
courte durée d’hypnotique

vier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 13/10/2016 par BIU Sante Paris Descartes (292682). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
ENCEP-934; No. of Pages 11
G Model
(2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.06.007
Pour citer cet article : Geoffroy PA, et al. Comment caractériser et traiter les plaintes de sommeil dans les troubles bipolaires ? Encéphale

Tableau 1 (Suite)

Trouble du sommeil Symptômes et signes Fréquence dans le Facteur favorisant dans le Dépistage en soins Prise en charge possible en Orientation sur un Prise en charge possible
cliniques trouble bipolaire trouble bipolaire primaires soins psychiatriques centre du sommeil par le centre du sommeil

ARTICLE IN PRESS
psychiatriques formés à la médecine du spécialisé spécialisé
sommeil

P.A. Geoffroy et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx


Trouble Plainte de somnolence Environ 30 % De nombreux traitements Agenda du sommeil Renforcer traitement Si forme sévère Élimine un autre trouble
hypersomnolence excessive (nocturne et peuvent être responsables Echelle d’Epworth pour thymorégulateur du sommeil comorbide si
diurne) d’une somnolence excessive évaluer la somnolence Règles d’exposition à la signe d’appel
Association, à des degrés Traitements psychotropes diurne excessive lumière (favoriser activité Rarement possible
divers d’un allongement Benzodiazépines et apparentés Actimétrie diurne) traitement stimulant de
excessif du temps de Antipsychotiques Luminothérapie l’éveil
sommeil de nuit ou de jour, Thymorégulateurs Éducation bonnes (Modafinil–Modiodal® ;
d’une mauvaise qualité de Antidépresseurs habitudes de sommeil Méthylphénidate–Ritaline® )
l’éveil durant la journée, et Antiépileptiques
d’une inertie matinale Antihistaminiques
correspondant à une Antalgiques opioïdes
difficulté à se réveiller au Certains toxiques peuvent
décours de la nuit également être responsables
de somnolence
Lors de leur prise
Cannabis
Alcool
Opioïdes
Lors de leur sevrage
Cocaïne
Amphétamines
Caféine

9
vier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 13/10/2016 par BIU Sante Paris Descartes (292682). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
G Model
ENCEP-934; No. of Pages 11 ARTICLE IN PRESS
10 P.A. Geoffroy et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx

sérotoninergiques, dopaminergiques et noradrénergiques [58]. Sa Déclaration de liens d’intérêts


prescription n’est pas codifiée mais présente un intérêt dans les
troubles bipolaires. En effet, la mélatonine est efficace en traite- Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
ment adjuvant lorsqu’il existe des troubles du sommeil, en premier
lieu évidemment lorsqu’il existe un syndrome de retard de phase,
Références
mais également lorsqu’il existe un trouble insomnie comorbide
bien que son efficacité soit alors moins grande [59]. Dans tous les [1] Merikangas KR, Akiskal HS, Angst J, et al. Lifetime and 12-month prevalence
cas l’association de la mélatonine aux règles d’habitude du som- of bipolar spectrum disorder in the National Comorbidity Survey replication.
meil, et d’instructions comportementales d’exposition à la lumière Arch Gen Psychiatry 2007;64(5):543–52.
[2] Geoffroy PA, Etain B, Leboyer M, et al. A clinical entity with major therapeutic
dans le SRPS, de mesures comportementales de restriction de temps implication: the early onset bipolar disorder. Ann Med Psychol Rev Psychiatr
passé au lit, et de contrôle du stimulus dans le trouble insomnie, 2012;170(7):502–9.
est nécessaire. [3] Leboyer M, Kupfer DJ. Bipolar disorder: new perspectives in health care and
prevention. J Clin Psychiatry 2010;71(12):1689–95.
Rappelons que selon l’HAS, le Circadin© présente un service [4] Collins PY, Patel V, Joestl SS, et al. Grand challenges in global mental health.
médical rendu faible et n’a pas l’AMM dans le TB. Sa prescription est Nature 2011;475(7354):27–30.
limitée à l’insomnie primaire chez le patient de plus de 55 ans en [5] Geoffroy PA, Etain B, Jamain S, et al. [Early onset bipolar disorder: validation
from admixture analyses and biomarkers]. Can J Psychiatry Rev Can Psychiatr
monothérapie. Comme pour les autres hypnotiques, sa prescription 2013;58(4):240–8.
ne doit pas dépasser 4 semaines, même s’il ne semble pas exister [6] Whiteford HA, Degenhardt L, Rehm J, et al. Global burden of disease attributable
ce jour de signal d’alerte vis-à-vis d’une possible pharmacodépen- to mental and substance use disorders: findings from the Global Burden of
Disease Study 2010. Lancet 2013;382(9904):1575–86.
dance. Il est possible de prescrire la mélatonine en préparation
[7] Geoffroy PA, Scott J, Boudebesse C, et al. Sleep in patients with remitted
magistrale, mais en absence de recommandations des autorités de bipolar disorders: a meta-analysis of actigraphy studies. Acta Psychiatr Scand
santé, cette décision doit être prise dans le cadre d’une prescription 2015;131(2):89–99.
[8] Etain B, Milhiet V, Bellivier F, et al. Genetics of circadian rhythms and mood
« hors-AMM ». La mélatonine est le plus souvent très bien tolérée
spectrum disorders. Eur Neuropsychopharmacol 2011;21(Suppl. 4):S676–82.
et peut être prescrite chez la femme enceinte. [9] Bellivier F, Geoffroy P-A, Etain B, et al. Sleep- and circadian rhythm-associated
pathways as therapeutic targets in bipolar disorder. Expert Opin Ther Targets
2015:1–17.
[10] McClung CA. How might circadian rhythms control mood? Let me count the
6.9. Résumé de la démarche diagnostique et thérapeutique ways. Biol Psychiatry 2013;74(4):242–9.
[11] Harvey AG. Sleep and circadian rhythms in bipolar disorder: seeking synchrony,
devant une plainte de sommeil harmony, and regulation. Am J Psychiatry 2008;165(7):820–9.
[12] Hickie IB, Rogers NL. Novel melatonin-based therapies: potential advances in
Cette revue a permis de dresser un tableau large de l’exploration the treatment of major depression. Lancet Lond Engl 2011;378(9791):621–31.
[13] McClung CA. Circadian genes, rhythms and the biology of mood disorders.
des différentes anomalies et troubles du sommeil associés au TB.
Pharmacol Ther 2007;114(2):222–32.
L’identification de ces perturbations du sommeil permettra de per- [14] Rocha PMB, Neves FS, Corrêa H. Significant sleep disturbances in euthymic
sonnaliser le traitement, avec des prises en charges thérapeutiques bipolar patients. Compr Psychiatry 2013;54(7):1003–8.
spécifiques et spécialisées que nous avons résumé. La systéma- [15] Sylvia LG, Dupuy JM, Ostacher MJ, et al. Sleep disturbance in euthymic bipolar
patients. J Psychopharmacol Oxf Engl 2012;26(8):1108–12.
tisation de l’exploration de cette plainte de sommeil dans le TB [16] Kaplan KA, Gruber J, Eidelman P, et al. Hypersomnia in inter-episode
peut donc être divisée en deux grands motifs de consultation : la bipolar disorder: does it have prognostic significance? J Affect Disord
plainte d’une somnolence diurne excessive (Fig. 1), et la plainte 2011;132(3):438–44.
[17] Jackson A, Cavanagh J, Scott J. A systematic review of manic and depressive
de d’insomnie (Fig. 2). Il faut souligner que les démarches diag- prodromes. J Affect Disord 2003;74(3):209–17.
nostiques d’une plainte de somnolence excessive et d’une plainte [18] Geoffroy PA, Etain B, Sportiche S, et al. Circadian biomarkers in patients with
d’insomnie présentent une chronologie différente des examens à bipolar disorder: promising putative predictors of lithium response. Int J Bipo-
lar Disord 2014;2(1):5.
réaliser (voir Fig. 1 et 2). En effet, la confirmation d’une somno- [19] Scott J. Clinical parameters of circadian rhythms in affective disorders. Eur
lence diurne excessive doit amener à réaliser précocement une Neuropsychopharmacol 2011;21(Suppl. 4):S671–5.
polygraphie ventilatoire ou une polysomnographie à la recherche [20] Geoffroy PA, Scott J, Boudebesse C, et al. Sleep in patients with remitted bipo-
lar disorders: analyses stratified on actigraphy devices, age and gender. Acta
d’un SAHOS, surtout s’il existe d’autres signes évocateurs détaillés Psychiatr Scand 2015;131(5):400.
plus hauts (voir paragraphe 6.4). [21] ICSD-3 Online Version – American Academy of sleep medicine (AASM) [Inter-
net]. AASM; 2016 http://www.aasmnet.org/store/product.aspx?pid=849.
[22] Ng TH, Chung K-F, Ho FY-Y, et al. Sleep-wake disturbance in interepisode bipo-
lar disorder and high-risk individuals: a systematic review and meta-analysis.
7. Conclusion Sleep Med Rev 2014;131(5):400.
[23] Harvey AG, Schmidt DA, Scarnà A, et al. Sleep-related functioning in euthymic
patients with bipolar disorder, patients with insomnia, and subjects without
Les TB présentent des perturbations du sommeil et des rythmes sleep problems. Am J Psychiatry 2005;162(1):50–7.
circadiens durant les phases aiguës et de rémission de la mala- [24] Steinan MK, Scott J, Lagerberg TV, et al. Sleep problems in bipolar disorders:
more than just insomnia. Acta Psychiatr Scand 2015;133(5):368–77.
die. L’ensemble de ces marqueurs états et traits associés aux TB [25] Henry C, Etain B, Godin O, et al. Bipolar patients referred to specialized services
font qu’il est possible de considérer les TB comme des maladies du of care: Not resistant but impaired by sub-syndromal symptoms. Results from
sommeil et des rythmes circadiens. De plus, ces patients souffrent the FACE-BD cohort. Aust N Z J Psychiatry 2015;49(10):898–905.
[26] Young T, Palta M, Dempsey J, et al. The occurrence of sleep-disordered breathing
très fréquemment de troubles de type insomnie, hypersomnolence, among middle-aged adults. N Engl J Med 1993;328(17):1230–5.
syndrome de retard de phase du sommeil, syndrome d’apnées- [27] Kelly T, Douglas L, Denmark L, et al. The high prevalence of obstructive sleep
hypopnées obstructives du sommeil, et syndrome des jambes sans apnea among patients with bipolar disorders. J Affect Disord 2013;151(1):
54–8.
repos. Le Tableau 1 propose une synthèse des troubles du som-
[28] Geoffroy PA, Boudebesse C, Bellivier F, et al. Sleep in remitted bipolar disorder: a
meil comorbides des troubles bipolaires. Ces troubles, bien que très naturalistic case-control study using actigraphy. J Affect Disord 2014;158:1–7.
insuffisamment pris en charge et traités, favorisent les rechutes [29] Steinan MK, Morken G, Lagerberg TV, et al. Delayed sleep phase: an impor-
thymiques, altèrent le fonctionnement cognitif, diminuent la qua- tant circadian subtype of sleep disturbance in bipolar disorders. J Affect Disord
2016;191:156–63.
lité de vie et favorisent une prise de poids et l’apparition d’un [30] Nurnberger Jr JI, Adkins S, Lahiri DK, et al. Melatonin suppression by
syndrome métabolique. Une exploration clinique avec caractéri- light in euthymic bipolar and unipolar patients. Arch Gen Psychiatry
sation de ces troubles est donc indispensable, et peut être aidée de 2000;57(6):572–9.
[31] Nurnberger Jr JI, Berrettini W, Tamarkin L, et al. Supersensitivity to melato-
questionnaires, d’agendas du sommeil et des mesures objectives nin suppression by light in young people at high risk for affective disorder. A
physiologiques comme l’actigraphie. preliminary report. Neuropsychopharmacol 1988;1(3):217–23.

Pour citer cet article : Geoffroy PA, et al. Comment caractériser et traiter les plaintes de sommeil dans les troubles bipolaires ? Encéphale
(2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.06.007
G Model
ENCEP-934; No. of Pages 11 ARTICLE IN PRESS
P.A. Geoffroy et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx 11

[32] Kennedy SH, Kutcher SP, Ralevski E, et al. Nocturnal melatonin and 24-hour [47] Vancampfort D, Stubbs B, Mitchell AJ, et al. Risk of metabolic syndrome and
6-sulphatoxymelatonin levels in various phases of bipolar affective disorder. its components in people with schizophrenia and related psychotic disorders,
Psychiatry Res 1996;63(2–3):219–22. bipolar disorder and major depressive disorder: a systematic review and meta-
[33] McIntyre IM, Norman TR, Burrows GD, et al. Human melatonin suppression by analysis. World Psychiatry 2015;14(3):339–47.
light is intensity dependent. J Pineal Res 1989;6(2):149–56. [48] Boudebesse C, Geoffroy P-A, Henry C, et al. Links between sleep and body mass
[34] Hallam KT, Olver JS, Chambers V, et al. The heritability of melatonin secretion index in bipolar disorders: an exploratory study. Eur Psychiatry J Assoc Eur
and sensitivity to bright nocturnal light in twins. Psychoneuroendocrinology Psychiatr 2014;30(1):89–93.
2006;31(7):867–75. [49] Soreca I, Wallace ML, Frank E, et al. Sleep duration is associated with dyslipi-
[35] Pacchierotti C, Iapichino S, Bossini L, et al. Melatonin in psychiatric disorders: demia in patients with bipolar disorder in clinical remission. J Affect Disord
a review on the melatonin involvement in psychiatry. Front Neuroendocrinol 2012;141(2–3):484–7.
2001;22(1):18–32. [50] Benard V, Geoffroy PA, Bellivier F. [Seasons, circadian rhythms, sleep and sui-
[36] Phillips B, Young T, Finn L, et al. Epidemiology of restless legs symptoms in cidal behaviors vulnerability]. Encéphale 2015;41(4 Suppl. 1):S29–37.
adults. Arch Intern Med 2000;160(14):2137–41. [51] Saxvig IW, Wilhelmsen-Langeland A, Pallesen S, et al. A randomized controlled
[37] Becker PM. The biopsychosocial effects of restless legs syndrome (RLS). Neuro- trial with bright light and melatonin for delayed sleep phase disorder: effects
psychiatr Dis Treat 2006;2(4):505–12. on subjective and objective sleep. Chronobiol Int 2014;31(1):72–86.
[38] Banno, Delaive, Walld, et al. Restless legs syndrome in 218 patients: associated [52] Karroum E, Konofal E, Arnulf I. [Restless-legs syndrome]. Rev Neurol (Paris)
disorders. Sleep Med 2000;1(3):221–9. 2008;164(8–9):701–21.
[39] Cretu JB, Culver JL, Goffin KC, et al. Sleep, residual mood symptoms, and [53] Haute Autorité de Santé. Quelle place pour les agonistes dopami-
time to relapse in recovered patients with bipolar disorder. J Affect Disord nergiques dans le syndrome des jambes sans repos ? – Fiche BUM
2016;190:162–6. [Internet]. [cité 25 févr 2016]. Disponible sur : http://www.has-sante.fr/
[40] Perlis RH, Dennehy EB, Miklowitz DJ, et al. Retrospective age at onset of bipolar portail/jcms/c 1736412/fr/quelle-place-pour-les-agonistes-dopaminergiques-
disorder and outcome during two-year follow-up: results from the STEP-BD dans-le-syndrome-des-jambes-sans-repos-fiche-bum.
study. Bipolar Disord 2009;11(4):391–400. [54] Morin CM, Vallières A, Guay B, et al. Cognitive behavioral therapy, singly and
[41] Perlis RH, Ostacher MJ, Patel JK, et al. Predictors of recurrence in bipolar disor- combined with medication, for persistent insomnia: a randomized controlled
der: primary outcomes from the Systematic Treatment Enhancement Program trial. JAMA 2009;301(19):2005–15.
for Bipolar Disorder (STEP-BD). Am J Psychiatry 2006;163(2):217–24. [55] Harvey AG, Soehner AM, Kaplan KA, et al. Treating insomnia improves mood
[42] Boland EM, Alloy LB. Sleep disturbance and cognitive deficits in bipolar disor- state, sleep, and functioning in bipolar disorder: a pilot randomized controlled
der: toward an integrated examination of disorder maintenance and functional trial. J Consult Clin Psychol 2015;83(3):564–77.
impairment. Clin Psychol Rev 2013;33(1):33–44. [56] Kaplan KA, Harvey AG. Behavioral treatment of insomnia in bipolar disorder.
[43] Russo M, Mahon K, Shanahan M, et al. The relationship between sleep quality Am J Psychiatry 2013;170(7):716–20.
and neurocognition in bipolar disorder. J Affect Disord 2015;187:156–62. [57] Bottai T, Biloa-Tang M, Christophe S, et al. [Interpersonal and social rhythm
[44] Volkert J, Kopf J, Kazmaier J, et al. Evidence for cognitive subgroups in bipolar therapy (IPSRT)]. Encéphale 2010;36(Suppl. 6):S206–17.
disorder and the influence of subclinical depression and sleep disturbances. [58] Anderson G, Jacob A, Bellivier F, et al. Bipolar disorder: the role of
Eur Neuropsychopharmacol 2015;25(2):192–202. the kynurenine and melatonergic pathways. Curr Pharm Des 2015;22(8):
[45] Rosa AR, Comes M, Torrent C, et al. Biological rhythm disturbance in remitted 987–1012.
bipolar patients. Int J Bipolar Disord 2013;1:6. [59] Geoffroy PA, Etain B, Franchi J-AM, et al. Melatonin and melatonin ago-
[46] Godin O, Etain B, Henry C, et al. Metabolic syndrome in a French cohort of nists as adjunctive treatments in bipolar disorders. Curr Pharm Des
patients with bipolar disorder: results from the FACE-BD cohort. J Clin Psychia- 2015;21(23):3352–8.
try 2014;75(10):1078–85 [quiz 1085].

Pour citer cet article : Geoffroy PA, et al. Comment caractériser et traiter les plaintes de sommeil dans les troubles bipolaires ? Encéphale
(2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.06.007

View publication stats

Vous aimerez peut-être aussi