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EN CLASSE DE FLE
Résumé : Force est de constater que s’il est vrai que la traduction a
été utilisée en classe de FLE dans la méthode grammaire-traduction
jusqu'aux années 1970, il n’en reste pas moins que celle-ci ait été
catégoriquement refusée par les enseignants de FLE, qui la
considèrent comme un obstacle qui entrave l'apprentissage d’une
langue, car elle est perçue comme une source d'erreurs, qui conduit
l'apprenant à être contaminé par les interférences de sa propre langue
natale. Néanmoins, la traduction possède une grande valeur
pédagogique et ses avantages ne peuvent pas être ignorés, étant donné
qu’elle sert à l’élève à repérer les différences linguistiques et
culturelles entre sa langue natale et la langue étrangère, et elle est
utile pour activer les connaissances grammaticales et lexicales des
apprenants. Cependant, pour qu’elle soit efficace la traduction doit
s’éloigner, en tout moment, de la méthode grammaire-traduction en
se concentrant sur le sens et l’approche communicative plutôt que sur
des mots décontextualisés et la grammaire. Dans cet article on
abordera l’histoire de la traduction depuis une approche pédagogique,
on établira la définition de « traduction pédagogique » pour la
distinguer de la traduction professionnelle et on montrera au lecteur
les propositions d’exercices de traduction faites par des experts dans
le domaine et un exercice proposé par l’auteur de cet article.
En outre, Il va sans dire que cette méthode trouve son origine dans la
traduction des langues classiques, telles que le latin ou le grec, où
l’élève devait apprendre par cœur des structures grammaticales, des
glossaires ou des listes de mots décontextualisés, étant donné que
l'important n'était pas de connaître la langue étrangère, mais le
lexique et la grammaire des textes littéraires, qui étaient le genre de
texte utilisé jusqu'à il y a quatre décennies pour l’apprentissage de
LE.
Or, s’il est vrai que cette méthode a été considérée comme l’unique
valable entre les siècles XIX et XX, il n’en reste pas moins qu’elle ait
fait de nombreuses critiques de la part des pédagogues et d’autres
experts dans le domaine, tels que Hurtado Albir (1994) et Cuéllar
Lázaro (2004). Les deux auteurs considèrent que la méthode
grammaire-traduction s’agit d’une méthode manquant de critères
pédagogiques, compte tenu du fait qu’il n’y existe pas une sélection
logique des matériaux. Par conséquent, les élèves devaient affronter
et aborder des textes littéraires hautement complexes du point de vue
du style. Par ailleurs, force est de constater que cette méthode
préconisait la traduction des mots de manière isolée, ce qui entrave
l’accès au reste de sens des mots.
4
Au surplus, cette méthode préconise l'utilisation exclusive de la
langue étrangère en cours dès les premiers niveaux. Elle fait de la
phonétique l'objectif principal et toutes les activités seront donc
focalisées sur le perfectionnement de celle-ci. La grammaire est
enseignée à partir d'une approche inductive, et l'apprentissage lexical
se fait essentiellement par association, en prenant appui sur des textes
et des dialogues contextualisés (Cuéllar Lázaro 2004).
Ce phénomène a été décrit par Hurtado Albir (1999 : 13), qui utilise
le terme de « traduction intériorisée » pour expliquer la confrontation
produite entre la LM et la LE pendant l’acquisition des structures
grammaticales et lexiques. En d’autres mots, l’échec de la méthode
directe est dû au fait qu’il est impossible de se passer de l’utilisation
de la LM et de la traduction comme stratégies pour l’apprentissage
de LE, puisque la LM agit comme un filtre de la L2 (Ballester et
Chamorro 1991 : 395).
Par ailleurs, Ballester et Chamorro (1991 : 396) vont encore plus loin
en affirmant que l'acquisition de la LM se fait parallèlement au
développement cognitif, tandis que l'acquisition d'une langue
étrangère est incluse dans l'apprentissage général. D’après ces deux
auteurs, cela s'explique par la grammaire universelle de Noam
Chomsky, qui stipule que l'apprenant doit recourir à la langue dans
laquelle la pensée cognitive a été structurée de manière innée pour
repérer ainsi les ressemblances entre la LM et la LE.
5
Faute d’une méthode cohérente libre de toute critiques, dans les
années 80, l’Espagne ainsi que l’Europe ont résolu de retourner aux
méthodes traditionnelles en les combinant avec l’approche
communicative. Cette méthode sera appelée « méthode éclectique »
et vise à combiner l’approche communicative dans laquelle les
activités qui travaillent sur les différentes compétences seraient la
partie essentielle du processus d'enseignement, tandis que les
mécanismes des méthodes traditionnelles serviraient à renforcer les
structures grammaticales et lexicales. La réutilisation des méthodes
traditionnelles pourrait être conçue comme un retour de la traduction
en didactique de LE, en fait, Cuéllar Lázaro (2004 : 2) parle d’« une
réconciliation » avec la traduction.
6
Or, pour certains auteurs, le retour de la traduction pourrait se
produire dans le domaine du lexique et de la grammaire, étant donné
que la comparaison entre les deux langues permet l’élève de constater
les différences linguistiques et culturelles entre la LE en utilisant sa
LM comme un tremplin à des fins pédagogiques (Chadelat 1999 :
41).
7
2. Vers la traduction pédagogique
2.1. La polémique est servie
D’après Lerma Sanchis (2020 : 79), s’il est vrai que la traduction a
toujours été présente dans l'enseignement et l'apprentissage des
langues étrangères (LE), il n’en reste pas moins que les chercheurs et
les enseignants n'aient pas toujours eu un point de vue en commun sur
son utilisation et son application en classe.
8
De même, parmi les arguments contre de la traduction, il y a le fait
que la traduction est considérée comme une source d'erreurs, qui
conduit l'apprenant à être contaminé par les interférences de sa propre
LM, et le manque de formation didactique des enseignants.
9
Une autre raison de rejeter l'utilisation de la traduction, comme
mentionné ci-dessus, est qu'elle est associée à la méthode de
grammaire-traduction dans laquelle les mots étaient appris de façon
isolée et sans contexte. Il est pourtant curieux de constater que cette
pratique est encore utilisée dans les manuels sans besoin de recourir à
la traduction, tels qu’Édito C1, livre de l'élève1.
1
Abou-Samra et al. (2018) Édito C1, livre de l’élève. Madrid. Santillana Français.
2
Cette citation et les suivantes d'auteurs non francophones ont été traduites par l'auteur de cet
article.
10
À ces voix, nous pouvons ajouter Hurtado Albir (1999 : 13) et
G.Cook (1998) qui considèrent que la traduction constitue un
phénomène positif qui sert de complément pour les activités
cognitives et linguistiques et celles de Thomas (1995), qui souligne
que la traduction oblige les élèves de chercher le sens des mots et de
comprendre les implications qui en découlent, et Wakiewics (2012 :
8), qui dit que la traduction sensibilise les élèves aux aspects
pragmatiques et culturels.
11
3. La traduction pédagogique
3.1 Introduction à la traduction pédagogique
12
Néanmoins, il convient de préciser qu’il existe plusieurs définitions
concernant la traduction pédagogique. D’après Cary (1956 : 167), cité
par Delisle (2005), la traduction pédagogique est une méthode
d’enseignement qui cherche à favoriser l’acquisition des langues sans
aucune finalité professionnelle, parce que le produit final, le texte en
langue cible, sert à parfaire les langues desquelles et vers lesquelles
on traduit.
3
La traduction pédagogique est également connue sous de nombreux autres noms tels que
traduction scolaire ou traduction didactique. Delisle utilise ce dernier terme pour désigner la
traduction pédagogique. Dans cet article, par souci de cohérence, seul le terme "traduction
pédagogique" sera utilisé.
13
3.2.1 La traduction pédagogique vs traduction professionnel
14
3.2.2 Les sous-types de la traduction pédagogique
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4. La traduction pédagogique dans les cours de FLE
Dans cette section, nous présenterons les propositions de Süss (1997),
Thomas (1995) et Newmark (1999) pour l'utilisation de la traduction
pédagogique dans les cours de FLE.
Tout d’abord, Süss (1997) fait une distinction entre les différentes
modalités de traduction applicables à l'enseignement et à
l'apprentissage d'une LE et les activités possibles qui découlent de
chaque modalité :
Les cours des EOI ont une durée d’environ 1 h et 40 minutes (2 jours
par semaine) pendant 7 mois (depuis octobre jusqu’à mai). Compte
tenu du fait que l’objectif principal n’est pas seulement
l’apprentissage de la langue, mais aussi de la culture, le professeur
peut consacrer 40 minutes par semaine à travailler sur la méditation
écrite ou orale.
4
Source : https://fr.wikisource.org/wiki/Trait%C3%A9_des_Pyr%C3%A9n%C3%A9es
17
6. Conclusion
Il est indéniable que la traduction pédagogique, malgré ses
détracteurs, est considérée comme un outil puissant lors de
l'apprentissage d'une nouvelle langue étrangère, car elle nous permet
de contraster non seulement les différences lexicales et
grammaticales, mais aussi les différences culturelles et pragmatiques
par rapport à notre langue maternelle.
Or, comme tout outil, il doit être utilisé correctement. À cette fin, il
est essentiel que les enseignants aient confiance en la traduction
pédagogique et qu'ils soient capables de l'enseigner de manière
dynamique, profitable, agréable et attrayante pour les étudiants en
FLE.
Cependant, il va sans dire que les autorités compétentes devraient être
conscientes des avantages que la traduction pourrait apporter aux
citoyens d'aujourd'hui et de demain, de sorte qu'elles devraient se
concentrer sur la formation des enseignants basée sur la traduction,
faute de quoi la mise en œuvre de la traduction pédagogique ne
pourrait pas être correctement réalisée.
D'autre part, il est important de souligner que la traduction
pédagogique doit être comprise comme un complément et non
comme un substitut aux méthodes existantes. Par conséquent, la mise
en œuvre d'une méthode éclectique qui inclut la traduction
pédagogique doit être encouragée, puisque, comme nous l'avons vu,
la traduction, loin de se concentrer sur la traduction mot à mot, doit
se concentrer sur le contexte et l'objectif communicatif.
Enfin, il est important de rappeler que la traduction pédagogique ne
doit pas se baser sur la méthode grammaire-traduction et qu'elle doit
utiliser des textes réels et être mise en œuvre de manière progressive
et calculée en fonction du niveau du groupe en question.
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