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Module 7
L'alternance des langues dans l'enseignement bilingue
Par alternance des langues, ou alternance codique, (la langue est un code) nous
entendons les passages d'une langue à l'autre sans que les systèmes des deux lan-
gues en question soient confondus ; il ne s'agit donc pas de « mélange des langues » ;
ces passages ne sont pas aléatoires, mais répondent toujours à une intention du
locuteur.
Dans une situation d'enseignement/apprentissage bilingue, les alternances codi-
ques sont selon nous nécessaires et peuvent avoir plusieurs fonctions : améliorer les
apprentissages, faciliter la transmission d'un contenu, mieux expliquer, reformuler,
mais aussi appeler à l'aide, répondre sans avoir les moyens de le faire en L2,
Actuellement, dans la majorité des cas, l'emploi systématique de l'alternance codi-
que entre les deux langues qui circulent dans la classe - dont l'une, la L2, n'est le
plus souvent ni la langue maternelle des professeurs ni celle des élèves - n'est pas
considéré comme pédagogiquement « correct », souvent officiellement combattu,
notamment dans les pays à langue nationale unique.
Il nous parait important de remettre en cause ce discrédit, l'alternance codique -
souvent d'ailleurs utilisée spontanément en classe mais donc mal considérée et mal
vécue - doit être réhabilitée, mais de manière raisonnée et justifiée.
Dans un dispositif d'enseignement/apprentissage bilingue, nous souhaitons pro-
mouvoir deux types d'alternances :
• La micro-alternance : ce sont les passages ponctuels et non programmés d'une
langue à l'autre, pendant les cours et leçons. Le changement de langue se situe à
l'intérieur d'un même discours ou entre les discours des partenaires de la com-
munication ; par exemple un élève qui ne connaît pas un mot en L2 passera à la
L1 pour poser la question à l'enseignant, ou encore pour être sûr d'être compris,
l'enseignant reformule en L1 ce qui vient de dire en L2.
Ces micro-alternances peuvent être de diverses natures et viser divers objectifs :
- elles peuvent servir à reformuler explicitement les idées émises dans l'autre
langue, sans qu'il s'agisse de traduction littérale….
- elles peuvent être d'ordre trans/métalinguistique et aider l'enseignant (qui
n'est pas professeur de langue), à approcher/ croiser de manière approximative
les approches des deux langues/outils qu'il utilise, ce qui peut favoriser
l'étayage et la construction des notions/concepts visés, en parfaite coopération
avec les apprenants.
- elles peuvent enfin avoir pour objectif d'encourager et faciliter les communica-
tions /échanges, sources incontestables d'apprentissage :elles se rapprochent
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Les modules
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Le Professeur de «Discipline Non Linguistique» : Statut, fonctions, pratiques pédagogiques
d'une seule, mais deux langues/outils avec des caractéristiques et des statuts très
différents (l'une la L1, langue maternelle, familière et pour cette raison chargée
affectivement de vécus et de représentations premières, l'autre, la L2, nouvelle, qui
défamiliarise et donc d'une certaine façon plus abstraite) pourrait être de nature à
faciliter les apprentissages conceptuels, en favorisant des approches contrastées,
différentes, complémentaires permettant d'affiner/aiguiser ces apprentissages.(cf.
module 9)
Au plan linguistique, l'enrichissement parallèle, tant en L1 que L2, semble pouvoir
se comprendre aussi en considérant que les deux langues, ainsi mises systémati-
quement en relation, génèrent spontanément chez l'apprenant une conscience
(méta)-linguistique naturelle, (construction de « passerelles » entre les langues et
d'hypothèses concernant leur fonctionnement) ; on est alors dans une démarche
comparative/ contrastive permanente.
Par ailleurs, signalons qu'au-delà d'un élargissement général des répertoires lin-
guistiques, on observera une réflexion plus pointue sur les typologies linguistico-
discursives propres aux spécificités de chaque discipline…
Ce type d'alternance codique représente une forme de didactique intégrée « lan-
gue/contenu » et, plus précisément, une intégration forte L1-L2-DNL, avec une
équation générale gagnant/ gagnant entre le linguistique et le disciplinaire.
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Les modules
- Par ailleurs et enfin, un enseignement qui se veut bilingue, qui prétend préparer
des élèves à devenir à terme de bons bilingues, peut il vraiment se présenter
comme un enseignement cloisonné, constitué de deux enseignements monolin-
gues, où l'enseignant sépare les deux langues dans deux cours différents ? (ce
cloisonnement est encore plus prononcé d'ailleurs si les deux langues sont utili-
sées par deux enseignants différents). Car alors, quels modèles d'individu bilin-
gue/ de pratiques langagières bilingues sont donnés à voir à l'élève ?
Ceci étant, redisons que l'emploi articulé et « didactisé » de deux langues (L1 et L2)
en classe ne s'improvise pas et demande :
- une formation, un entrainement et investissement pédagogiques importants de la
part des enseignants
- une réflexion sur les programmes de matières au travers des analyses des
manuels scolaires et des cultures sous jacentes
- la mise en œuvre de dispositifs didactiques favorables tels que pédagogies de pro-
jets bilingues et interdisciplinaires (cf. module 11).
Mariella Causa
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