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1 w L’atome
2 w La radioactivité
3 w L’homme et les rayonnements
4 w L’énergie
5 w L’énergie nucléaire : fusion et fission
6 w Le fonctionnement d’un réacteur nucléaire
7 w Le cycle du combustible nucléaire
DE LA RECHERCHE
8 w La microélectronique
9 w Le laser À L’ I N D U S T R I E
10 w L’imagerie médicale
11 w L’astrophysique nucléaire
12 w L’hydrogène
13 w Le Soleil
14 w Les déchets radioactifs
15 w Le Climat
16 w La simulation numérique
17 w Les séismes
18 w Le nanomonde
13 w Le Soleil
NOTRE ÉTOILE
VOYAGE AU CENTRE DU SOLEIL
LE SOLEIL DOMESTIQUÉ
ISSN 1637-5408.
2 w SOMMAIRE w INTRODUCTION 3
De gauche à
droite : le satellite
Soho, un détecteur
de neutrinos au
Japon, une cellule
photovoltaïque.
NOTRE ÉTOILE 4
Une étoile est née 5 aujourd’hui l’homme a pour ambition
Qu’est-ce qui fait briller
le Soleil ? 6
de maîtriser cette source d’énergie.”
Quelle énergie ! 6
Le Soleil, réacteur nucléaire
de fusion auto-régulé 9
VOYAGE AU CENTRE
DU SOLEIL 11
© Soho/ESA
Topographie solaire :
la partie opaque
La partie visible
12
14 Montage de plusieurs vues d’éruptions solaires. A stre et divinité, le Soleil a longtemps été
considéré comme une planète, tandis que
le mot “étoile” représentait tout point brillant Mais quelles sont la nature et l’origine de cette
Dans la couronne et au-delà :
les colères du Soleil 16 la nuit dans le ciel. C’est au début du XXe siècle prodigieuse énergie que l’homme tente de
Le plasma solaire 17 que son statut d’étoile au sens “d’astre pro- domestiquer pour se chauffer ou produire de
Carte d’identité du Soleil 18 ducteur et émetteur d’énergie” a été établi ; les l’électricité ?
Comment ça marche ? 21 astrophysiciens dévoilent aujourd’hui les secrets Que se passe-t-il dans cette gigantesque boule
Héliosismologie et de son cœur en fusion. de feu que l’on ne peut observer sans lunettes
simulation 23 Grâce au Soleil, la vie est apparue et s’est déve- de protection ?
Mesurer l’activité du cœur loppée sur Terre ; c’est lui qui régit le cycle des Enfin, jusqu’à quand notre étoile brillera-t-elle?
à la couronne solaire 24 saisons, nous apportant lumière et chaleur. Autant de questions qui ont mis des siècles à
être résolues et qui alimenteront longtemps
LE SOLEIL DOMESTIQUÉ 26 encore les travaux de recherche.
L’énergie solaire thermique 27
© Siemens Solar
L’énergie solaire
photovoltaïque 29
Conception et réalisation: Spécifique - Photo de couverture: © Soho (ESA/Nasa) - Illustrations: YUVANOE - Impression: Imprimerie Sénécaut - 06/2009
© PhotoDisc
ne met que 8 minutes à atteindre
notre planète tandis que celle que celle de la Terre
provenant de l’autre étoile la (2 milliards de mil-
plus proche de nous, Proxima
du Centaure (éloignée de liards de milliards La température n’est pas uniforme
4,2 années-lumière de la Terre), de tonnes !), le sur toute la surface du Soleil.
met plus de quatre ans.
Soleil est une étoile
relativement petite : par exemple, le rayon de Cette science nous permet de comprendre les
Bételgeuse, située dans la constellation d’Orion, phénomènes en action dans l’Univers. Ainsi,
est 1 100 fois supérieur à celui du Soleil. nous savons que le Soleil est une énorme
Mais comment notre étoile est-elle née ? condensation de gaz : pourquoi ce gaz chaud
Le Soleil est né il y a 4,6 milliards d’années ne s’éparpille-t-il pas dans le vide interplané-
d’un nuage interstellaire gigantesque composé taire ? Cette cohésion résulte de l’attraction gra-
d’hydrogène, d’hélium et de moins de 2 % vitationnelle entre particules de matière qui tend
d’éléments plus lourds. Ce nuage s’est frag- à les rapprocher les unes des autres. Une étoile
menté pour donner, parmi d’autres objets est donc un corps autogravitant, dont la forme
célestes, une étoile entourée de planètes, de sphérique est imposée par la seule gravitation.
comètes et de poussières : le système solaire. Mais si la gravitation tend à rapprocher les par-
Le Soleil fait l’objet de nombreuses études où ticules, pourquoi le Soleil ne s’effondre-t-il pas
se rejoignent l’astronomie et la physique dans sur lui-même ? C’est qu’il faut aussi compter
une discipline appelée astrophysique (voir sur la pression du gaz stellaire, résultant des col-
livret L’astrophysique nucléaire, dans la même lisions et des rebonds incessants des particules
© PhoVoir
Étape n° 2
équilibre l’action de la gravité. Si elle venait pèsent dessus et agissent comme un piston.
brutalement à s’annuler, le Soleil s’effondre- Ainsi, plus on s’enfonce vers le cœur de l’étoile,
Hélium 3 Rayonnement gamma
rait complètement sur lui-même en à peine trois plus la pression augmente et plus il fait chaud :
minutes ! la pression au cœur du Soleil est égale à 200 mil- Étape n° 3
liards de fois la pression atmosphérique ter-
QU’EST-CE QUI FAIT BRILLER restre et la température centrale est d’environ
LE SOLEIL? 15 millions de degrés. Avec une température
Proton
Nous avons tous constaté qu’un gaz comprimé de surface frôlant les 6 000 °C, le Soleil est Hélium 4
Neutron
s’échauffe : il suffit de gonfler énergiquement donc le siège d’un fort contraste de tempéra-
une chambre à air et de toucher ensuite l’ex- ture résultant de sa propre gravité. Ce désé- Comme toute étoile, le Soleil est un gigantesque réacteur nucléaire. En son cœur, des réactions nucléaires de fusion
transforment l’hydrogène en hélium en libérant de l’énergie. La température centrale du Soleil est de 15 millions de
trémité de la pompe à vélo pour s’en aperce- quilibre de température engendre un transfert degrés et la densité est cent cinquante fois celle de l’eau (150 g/cm3).
voir. La matière stellaire est donc d’autant plus de chaleur qui, prélevant l’excès de la région La transformation de l’hydrogène en hélium est complexe, en voici les étapes les plus courantes :
chaude que sa profondeur est grande, puisqu’elle chaude pour le céder à la région froide, tend à • Première étape: deux protons interagissent pour former un deuton (noyau de deutérium). Au cours de ce processus, un
est comprimée par la masse des couches qui l’uniformiser. Affleurant enfin à la surface, ce proton est transformé en neutron en émettant un positron ou électron de charge positive et un neutrino, particule de la
flux d’énergie thermique s’échappe sous forme même famille que l’électron transportant de l’énergie, mais de masse encore inconnue et très faible.
de rayonnement puis se dilue dans l’espace inter- • Deuxième étape: un deuton se combine avec un proton pour former de l’hélium 3 en libérant de l’énergie sous la forme
d’un rayonnement gamma (ou photon).
planétaire : le Soleil brille !
• Troisième étape: deux noyaux d’hélium 3 fusionnent pour former de l’hélium 4 en éjectant deux protons.
Températures et densités
au sein du Soleil QUELLE ÉNERGIE!
L’énergie rayonnée doit bien être prélevée C’est le physicien Jean Perrin qui, en 1921, puisant dans sa réserve énergétique nucléaire.
quelque part : en effet, « Rien ne se perd, rien a donné une explica- Jean Perrin (1870-1942) Dans les régions centrales du Soleil, plus
Densité (g/cm3) 0 ne se crée, tout se transforme », disait, il y a t i o n e n p r o p o s a nt fut l’un des promoteurs de denses et plus chaudes, des réactions de
la théorie atomique et obtint
0,07 deux cents ans, le grand chimiste Antoine de comme source de pro- le prix Nobel de physique fusion transforment quatre noyaux d’hydrogène
1,3 Lavoisier (1743-1794). Cette affirmation est duction d’énergie les en 1926 pour ses travaux sur Réaction nucléaire par (protons) en un noyau
la structure de la matière.
2,0 applicable à la thermodynamique. réactions nucléaires, laquelle deux noyaux d’hélium 4He, élément
Température (K) légers se combinent pour
135
Alors, comment Branche de la physique qui étudie tous c’est-à-dire les réactions se produisant entre former un noyau plus lourd. qui est particulièrement
15 millions les phénomènes dans lesquels Elle s’accompagne d’une
le Soleil entre- interviennent des échanges thermiques. les noyaux des atomes. stable, et libèrent une
0
160000
344000
515000
690000
© Soho/ESA/Nasa
nucléaires, et à la prédiction observationnelle
densité du Soleil, a mis plusieurs millions d’an- des flux de neutrinos solaires.
nées pour atteindre la surface et s’échapper dans
la partie opaque
La partie opaque à la lumière est aujourd’hui ZONE RADIATIVE : de 0 à 480 000 km
Partie interne du Soleil, elle englobe le
abordée par le calcul ou la sismologie.
cœur.
Elle comprend :
– une zone dite radiative avec un cœur
où les réactions nucléaires transforment LE CŒUR DU SOLEIL :
de 0 à 210 000 km
les ions hydrogène en hélium ; cœur et zone
Il représente 50 % de la masse
radiative représentent 98 % de la masse du Soleil. Cette région est le lieu
du Soleil ; des réactions de fusion nucléaire.
– une zone dite convective, plus externe. La température est de 15 millions
Le nom de ces zones est lié au mode de de degrés au centre, elle diminue
quand on s’éloigne du centre .
transport de l’énergie, produite dans la Lorsqu’elle atteint 7 millions
partie centrale et évacuée ensuite vers de degrés, la chaleur devient
l’extérieur du Soleil. Le transport se fait insuffisante pour entretenir les
soit par radiation (propagation sous forme réactions de fusion.
d’ondes électromagnétiques) soit par
convection (principe du radiateur Dans cette zone, l’énergie est transportée
électrique : le chauffage entraîne par radiation. Cette région est le siège
le déplacement des particules, c’est de nombreuses interactions entre les
le mouvement de la matière qui assure photons et les différents éléments
présents. Ces collisions avec la matière
le transfert de la chaleur). se traduisent pour les photons par des
phénomènes d’absorption-réémission
(plusieurs millions de fois) qui les
ralentissent et dégradent leur énergie.
ZONE CONVECTIVE : de 480 000 à 690 000 km Le temps de diffusion des photons est très
Elle représente 2% de la masse du Soleil. Zone long, de l’ordre du million d’années, alors
De turbulents mouvements de plasma assurent de transport que la lumière émise depuis la surface
le transfert d’énergie vers l’extérieur. Des bulles convectif ne met que 8 minutes pour atteindre
de matière chaude montent, se refroidissent et la Terre. La température de sa partie la
redescendent. C’est un transport convectif analogue plus externe est de 2 millions de degrés.
à celui observé dans une casserole d’eau chaude.
Ces mouvements sont à l’origine de la granulation
observée sur la photosphère (voir p. 14).
© Digital Vision
Entre la chromosphère et la couronne, une zone
La partie visible de transition fait apparaître
de température jusqu’à un
une montée brutale
million de degrés vers
La couronne est la
couche la plus
externe de
l’extérieur. Cette montée de température est
Cette partie du Soleil est observable directement. Elle regroupe liée à des effets du champ magnétique. Ces l’atmosphère du
Soleil. Sa
la photosphère (frontière avec la zone opaque), la chromosphère mécanismes complexes sont aujourd’hui étudiés
grâce à de nombreux sate llites, dont Soho. température est de
et la couronne. Ces deux dernières ne sont visibles que lors l’ordre du million
d’éclipes totales (naturelles ou artificielles) du Soleil. de degrés et sa
densité est 100
millions de fois plus
faible que celle de la Terre. Elle s’étend jusqu’à
LA PHOTOSPHÈRE
des distances égales à plusieurs rayons solaires
Elle contribue pour 99 % au rayonnement et se fond dans le milieu interplanétaire. La
solaire. Cette surface de quelques centaines photosphère est tellement brillante qu’elle
de kilomètres est une frontière virtuelle entre empêche d’observer la couronne, sauf lors des
l’intérieur du Soleil (zone radiative avec son éclipses totales du Soleil. En dehors de ces
cœur et zone convective) et son atmosphère périodes, on utilise des coronographes,
(chromosphère et couronne). dispositifs occultant la lumière du disque de la
Sa température est d’environ 6 000 °C. photosphère.
Granules
Taches solaires
L’observation de la photosphère
montre des granules dont le centre Des régions sombres étendues, les taches solaires,
est plus brillant que le pourtour. Ces peuvent atteindre plusieurs centaines de milliers de
zones, d’un diamètre de 1000 km kilomètres de diamètre. Elles apparaissent ou
disparaissent en groupe et reviennent régulièrement
© LMSAL
© Soho (ESA/Nasa)
de degrés et croît vers l’extérieur pour atteindre 20 000 °C. champs magnétiques
Elle est visible de courts instants lors des éclipses totales. locaux, entraîne des
Théâtre d’une intense activité, c’est là que naissent les mouvements très violents
éruptions solaires, phénomènes violents pouvant se de la matière solaire.
répandre en quelques minutes à des centaines de milliers de
kilomètres.
sa
vaincre l’attraction gravitationnelle et éjecter sion terrestres, la matière se présente sous trois
/Na
qui s’éloignent dans l’espace ou reviennent vers la surface
SA
du Soleil formant ainsi des boucles. Un champ magnétique la matière (plasma et gaz neutre) hors de états : solide, liquide et gazeux. Le passage
/E
IT
l’atmosphère solaire. Des milliards
/E
intense soulève la matière dense et bloque ses mouvements, d’un état à l’autre correspond à une réorgani-
m
iu
t
or de tonnes de matière sont
conduisant à son refroidissement. Les protubérances Co
ns
oho ainsi transportées. Elles sation des molécules ou des atomes dans la
peuvent s’élever à des altitudes de plusieurs centaines © S
as a
l’ordre de plusieurs molécules d’eau s’éparpillent sous forme de
A/N
Ces forces peuvent être plus fortes que la gravité et maintenir en altitude de
gaz, c’est l’ébullition.
ES
la matière, voire l’éjecter de la couronne pour l’envoyer dans l’espace millions de fois la
m/
tiu
interplanétaire. consommation
or
ns
Co
La couronne peut alors présenter des aspects très divers traduisant l’activité So
ho annuelle d’énergie LE PLASMA SOLAIRE
©
magnétique du Soleil : protubérances, éruptions solaires ou trous coronaux. électrique en France.
Dans des conditions de température et de pres-
sion extrêmes apparaît un nouvel état de la
matière dans laquelle la structure atomique elle-
même est totalement désorganisée : le plasma.
Au cœur de l’étoile Ce mot est apparu dans les
règne une grande agi- années 1920 avec les
travaux sur les gaz ionisés de
Vent solaire tation parmi les l’Américain Irving Langmuir,
Au-delà d’une certaine distance, Trous coronaux prix Nobel de chimie
les forces gravitationnelles sont
atomes. Ces derniers en 1932. Aujourd’hui,
Les trous coronaux sont des sont normalement les plasmas sont présents
insuffisantes pour retenir la régions moins brillantes et plus dans notre quotidien avec
matière. Celle-ci s’échappe le froides où le champ magnétique constitués d’un noyau, les écrans de téléviseur à
long des lignes de champ dans permet l’échappement de lui-même constitué de plasma, les torches à plasma
l’espace interplanétaire. C’est le ou les tubes au néon.
matière. Dans ces zones, les neutrons (de charge
vent solaire. Sa vitesse lignes de champ magnétique ne
©E
moyenne est de 400 km/s électrique neutre) et de protons (de charge élec-
IT
environ. Elle est plus rapide trique positive), accompagné d’un cortège d’élec-
ns
m
près des pôles de l’astre qu’à (E
SA au Soleil. trons (de charge électrique négative). Dans son
/Na
l’équateur. sa)
ensemble, l’atome est électriquement neutre:
©
ES
A
il comporte autant d’électrons que de protons.
longueur
10-14 10-12 10-10 10-8 10-6 10-4 10-2 1 102 104 106 d’onde
rayons g (sources radioactives et cosmiques) UV IR ondes radio (m)
© Nigel Sharp/NOAO
fréquence
(1014 Hz) 7,6 6 5 de son énergie. Or, à une émission ou à une
absorption d’énergie correspond une modifi-
Les ondes électromagnétiques se répartissent en familles de fréquences et de longueurs d’onde diverses. La répartition
cation de la structure électronique des atomes
de l’énergie des rayonnements se traduit par le spectre électromagnétique qui s’étend, par ordre de longueurs d’onde
décroissantes, des ondes hertziennes (radioélectriques) aux rayons gamma, en passant par les micro-ondes, les domaines Le spectre du Soleil présente des raies sombres superposées concernés ; cela se traduit par une signature
de l’infrarouge, du visible et de l’ultraviolet, et les rayons X. à un spectre continu. spectrale caractéristique de chaque élément.
Autrement dit, le spectre constitue la carte
À très forte température, l’atome peut perdre phérie. Ces variations stratifient le Soleil en plus tard, la spectroscopie naîtra de cette d’identité chimique du matériau étudié. Ainsi,
ou gagner un ou plusieurs électrons, devenant plusieurs couches aux comportements très découverte (voir illustration ci-dessus) : l’arc- c’est à la spectroscopie que l’on doit la décou-
ainsi un ion chargé, selon le cas, positivement différents. Diverses méthodes expérimentales en-ciel, “écharpe d’Iris” pour les poètes, est verte, par l’astronome français Jules Janssen
ou négativement. et théoriques permettent d’étudier le Soleil, sa aussi un spectre solaire pour les physiciens ! (1824-1907), d’un élément inconnu à
Au cœur du Soleil, l’énergie est suffisante pour composition, sa structure et ses propriétés. Le filament de tungstène d’une ampoule est un l’époque sur Terre, l’hélium, dont le nom est
arracher leurs électrons aux atomes d’hydro- bon exemple de corps qui, sous l’effet de sa dérivé du mot grec “helios” désignant le
gène, constitués d’un proton et d’un électron. CARTE D’IDENTITÉ DU SOLEIL température, émet de la lumière visible dans Soleil.
Les atomes d’hydrogène deviennent alors des Pendant longtemps, les informations sur le une gamme étendue de longueurs d’onde : cela Parmi tous les rayonnements émis par le Soleil,
ions chargés positivement : on les appelle des Soleil n’ont été puisées qu’en sa lumière. Nous donne un spectre d’émission constitué de larges l’atmosphère terrestre ne laisse passer que le
protons. Le gaz stellaire se présente sous la savons depuis les travaux d’Isaac Newton bandes continues. visible (avec un peu d’infrarouge et d’UV) et
forme d’un plasma dense, constitué d’atomes (1642-1727) que la lumière qui nous paraît En 1814, le physicien allemand Joseph von les ondes radio. Il est donc nécessaire, pour
ionisés. La quasi-totalité de l’Univers se trouve blanche est composée de toutes les couleurs, Fraunhofer (1787-1826), fondateur de la mesurer les autres rayonnements (en particulier
sous forme de plasma. “de toutes les longueurs d’onde” disent les spectroscopie, étudiait le spectre du Soleil et rayons X et gamma), d’aller au-delà de
Le plasma solaire contient des éléments qui physiciens. Il suffit de regarder un arc-en-ciel y découvrit la présence de raies sombres super- l’atmosphère terrestre : on utilise alors des
sont dans des états d’ionisation différents selon ou d’observer une source lumineuse à travers posées à un spectre continu ; chacune corres- instruments embarqués sur des satellites
la température et la densité, du cœur à la péri- un prisme pour s’en convaincre. Deux siècles pondait à une longueur d’onde particulière. comme Soho.
Evolution temporelle du nombre de tâches apparaissant sur la photosphère solaire, le cycle d'environ 11 ans est bien visible mais
très variable.
La production de lumière et de chaleur n’est graves par rapport au diapason dont la fré-
pas la seule manifestation du Soleil : s’y ajou- quence a été fixée à 440 Hz : leur fréquence
tent vibration, rotation et magnétisme est donc de l’ordre de 3 mHz, ce qui corres-
pond à une période d’environ 5 minutes.
COMMENT ÇA MARCHE ? Les ondes acoustiques produites en perma-
En 1960 furent découverts des mouvements nence par la granulation de surface, telle la
© ESA
de la surface du Soleil, réguliers et de faible pluie sur la surface d’un tambour, sont un
Satellite Soho à proximité du Soleil.
amplitude. Dix ans plus tard, des travaux théo- moyen fantastique pour sonder le Soleil dans
LE SATELLITE SOHO riques montrèrent qu’en réalité ces mouve- toute sa partie opaque. L’étude des vibrations
ments ne sont pas que superficiels mais sont du Soleil, qui se propagent depuis la surface
Soho (Solar and Heliospheric Observatory) est issu remarquables. Soho est doté de douze instruments
d’une collaboration européenne et américaine. Ce d’observation : trois sont dédiés à la sismologie, les aussi le reflet de mouvements globaux qui affec- et vont se réfléchir sur les différentes couches
satellite a été lancé dans l’espace le 2 décembre 1995 autres à tous les phénomènes de l’atmosphère du Soleil tent l’ensemble du Soleil. Celui-ci peut donc intérieures, permet de mesurer des grandeurs
depuis la Floride par la Nasa et s’est placé à 1,5 million (vent solaire, émissions de particules, éruptions…).
de kilomètres de la Terre à un endroit très particulier, Soho continuera d’observer le Soleil encore pendant
être assimilé à une cavité dans laquelle des telles que le profil de la vitesse du son ou celui
appelé point de Lagrange, où l’influence gravitationnelle plusieurs années, accompagné par d’autres sondes ondes sonores évoluent à des fréquences très de la vitesse de rotation.
du Soleil équilibre celle de la Terre. japonaise (HINODE), américaine (SDO) et un basses, inaudibles pour l’oreille humaine. Le son se déplace à une vitesse d’environ 340
Depuis cet endroit privilégié, il a pu observer le Soleil microsatellite du CNES, PICARD, pour mieux
sans interruption et dans des conditions de stabilité comprendre l’activité solaire. En effet, les ondes sonores produites par le mètres par seconde dans l’air que nous res-
Soleil sont décalées de 17 octaves vers les pirons ; dans le Soleil, sa vitesse est de 500
“La compréhension
de la variation de Coupe de la rotation
interne du Soleil obtenue
l’activité magnétique par les instruments GOLF
et MDI à bord de Soho: les
du Soleil permettra, parties rouges tournent
plus vite que les parties
dans les prochaines bleues.
L'augmentation de la rota-
décennies, de mieux tion du coeur, compatible
avec les signaux des pre-
prévoir son impact miers modes de gravité,
reste à confirmer.
sur l’environnement
terrestre.”
© ESA/Nasa
kilomètres par seconde au centre et d’environ maximum d’activité lorsque le nombre de champ magnétique. Ainsi une grande partie tifiques imaginent des circulations méridiennes
7 kilomètres par seconde à la surface. taches à la surface est le plus grand : c’est la de la masse du Soleil (près de 50 %) tourne dont la vitesse varie de dizaines de m/s (dans
Une onde acoustique pénétrant jusqu’au cœur période où l’activité magnétique du Soleil est en fait comme un corps solide. Les premières la région convective) jouant un rôle détermi-
du Soleil mettra environ une heure pour par- la plus élevée, conduisant alors à de fortes observations de modes de gravité privilégie par nant pour expliquer le cycle de 11 ans à des
courir l’étoile. Cette onde est très sensible à éruptions solaires. Le satellite Soho est bien contre une rotation plus rapide du cœur fractions de microns/s dans la région radiative
la matière gazeuse qu’elle rencontre : étudier placé pour suivre ces phénomènes d’activité nucléaire que le reste de la région radiative. (supposant alors un tour complet de cette
l’intérieur du Soleil par la sismologie permet puisqu’il peut observer chaque région du Soleil Si cela est confirmé, cela signifierait que le région en milliard d’années).
donc de suivre in situ l’état et l’évolution du en permanence. En période de forte activité, Soleil a gardé en son cœur, qui renferme près
Soleil en permanence et en direct. de grandes régions sombres et des éruptions de 50 % de sa masse, un vestige de la rota- HÉLIOSISMOLOGIE ET SIMULATION
Tout tourne dans l’Univers et le Soleil tourne de matière sont clairement visibles au niveau tion qu’il a acquis lors de sa formation, incluant L’héliosismologie est la clé indispensable pour
aussi sur lui-même, mais de façon différente de la couronne (voir pages 16-17). probablement un champ magnétique fossile. apporter des preuves quantitatives de ces
entre l’équateur et les pôles. On a vu que la L’héliosismologie, grâce à Soho, a révélé que Comprendre cette activité solaire est devenu mouvements à grande échelle. Elle s’associe
surface du Soleil, la photosphère, est parsemée cette rotation différentielle de surface se main- aujourd’hui un problème important pour bien aujourd’hui aux simulations numériques qui
de taches sombres que l’on peut suivre avec tenait dans l’ensemble de la région convec- maîtriser son évolution à échelle humaine, ainsi tentent de reproduire les observations pour
le temps : c’est ainsi que l’on mesure à quelle tive (région peu dense représentant 2 % de la que le rôle effectif du Soleil sur l’environne- les comprendre. Il est déjà établi que la rota-
vitesse le Soleil tourne. Il est possible de masse solaire), puis disparaissait brutalement ment terrestre. En effet, l’origine des phéno- tion différentielle de la région convective
mesurer que l’équateur tourne plus vite (environ dans la région de transition située à la fron- mènes magnétiques externes se situe sous la contribue à la présence d’un champ magné-
25 jours) que les pôles (plutôt 30 jours). Or tière entre région radiative et convective. En photosphère et sa compréhension passe par tique dynamo cyclique qui implique l’en-
il y a une relation entre la rotation de surface effet, cette région est le siège de forts cisaille- la connaissance des mouvements internes de semble de la région convective et la région
et les phénomènes magnétiques. On parle de ments qui contribuent à la régénération du matière jusqu’au centre du Soleil. Les scien- de transition entre radiation et convection où
DR
permet de comprendre les autres étoiles, mais
aussi comprendre le Soleil permettra de pré- Le microsatellite du CNES PICARD va observer le Soleil à
plusieurs longueurs d’onde et va observer ses déformations
voir les phénomènes susceptibles de toucher superficielles.
A gauche, champ magnétique dans une simulation globale non- linéaire de la dynamo convective du Soleil.
la Terre, tels que les orages magnétiques pou- A droite, Vitesse radiale dans la zone convective turbulente solaire. Cette convection est à l'origine du transport de la
vant causer de nombreuses perturbations, chaleur vers la surface du Soleil.
notamment dans les réseaux électriques et dans mieux estimer la réaction de la stratosphère
les communications radio hautes fréquences LE PROJET COAST et de l'atmosphère terrestre aux perturbations
ou par satellites. solaires qui s'amplifient du domaine visible
Après l'instrumentation et l'observation, la simulation astronomiques. Les principales études qui ont aux domaines UV et X durs. Des travaux
est la troisième voie de recherche en astrophysique. bénéficié de ce programme sont la cosmologie, la
MESURER L’ACTIVITÉ DU CŒUR À Les plus belles images de l’astronomie ne donne une physique stellaire, l'étude des disques protoplanétaires conjoints entre modélisation solaire et modé-
LA COURONNE SOLAIRE vision de l’Univers qu’en deux dimensions. Grâce à la et celle du milieu interstellaire. lisation climatique en perspective à condition
puissance de nouveaux super-calculateurs, les
Une nouvelle discipline se met également en que des observations continues soient main-
scientifiques peuvent aujourd’hui simuler sur En physique stellaire, les étoiles sont de grosses
place pour mieux estimer l’impact de l’acti- ordinateur la formation et l’évolution des astres avec sphères de gaz chaud. Elles sont turbulentes avec de tenues encore pendant une ou deux décen-
vité solaire sur l’atmosphère terrestre. C’est des détails suffisants pour produire des images nombreux phénomènes de convection, elles tournent nies.
« virtuelles » en trois dimensions de très haute sur elles-mêmes et baignent dans un champ
un des objectifs du satellite PICARD qui va qualité. magnétique auto-induit.
venir en appui de Soho, du satellite japonais Cette évolution rapide de notre connaissance
HINODE et du satellite américain SDO pour L'objectif du programme COAST est de modéliser des Le code ASH, soutenu par la commission Européenne du Soleil montre qu’un tel plasma inspire de
phénomènes astrophysiques complexes, afin de via la bourse ERC-StG STARS2, calcule l'évolution des
traquer et enregistrer l’ensemble des indica- confirmer les théories actuelles sur la physique des fluides stellaires. très nombreux travaux théoriques, de modéli-
teurs d’activité solaire du cœur nucléaire à la astres et de préparer les futures observations sations et d’observations avec des implications
couronne solaire. Ces mesures permettront de sociétales nombreuses et passionnantes.
caloporteur est chauffé à plusieurs centaines eau, les réfrigérateurs, les téléviseurs, etc.
de degrés. Cette technologie est utilisée dans On distingue deux marchés en croissance
la plus grande centrale thermique solaire au rapide: les applications autonomes, où l’énergie
monde, située en Californie, dont la puissance est produite, stockée et utilisée en un lieu
électrique atteint 150 mégawatts. unique, et l’application connectée au réseau,
appelée souvent “toit photovoltaïque”.
L’ÉNERGIE SOLAIRE La première application, la plus répandue jus-
PHOTOVOLTAÏQUE qu’en 1990, est apparue dans le domaine spa-
L’intérêt de cette technique est de convertir t ia l p o u r le s s a t e llit e s p u is le s
l’énergie du Soleil directement en électricité. télécommunications, le balisage maritime et
Cette conversion, appelée “effet photovol- aérien, les bornes d’arrêt d’urgence, l’éclai-
taïque” a été découverte dès 1839 par rage domestique, l’audiovisuel et le pompage
Edmond Becquerel (1820-1891), mais ce de l’eau. Mais comme le Soleil n’est pas pré-
n’est qu’en 1954 sent 24 heures sur 24, cette application néces-
© EyeWire
13 w The Sun
OUR STAR
VOYAGE TO THE CENTRE OF THE SUN
THE SUN TAMED
ISSN 1637-5408.
2 w CONTENTS w INTRODUCTION 3
From left to right:
The satellite
SOHO, a neutrino
detector in Japan,
a photovoltaic cell.
OUR STAR 4
A star is born 5 heat. Today it is man's ambition to
What causes the Sun
to shine? 6
control this energy source.”
What type of energy! 6
The Sun, a self-regulating
nuclear fusion reactor 9
Design and production: Spécifique – www.specifique.fr – - Cover photo: © Soho (ESA/Nasa) - Illustrations: YUVANOE - Printing: Imprimerie Sénécaut - Summer 2011
From the star to domestic energy 13 w The Sun From the star to domestic energy 13 wThe Sun
4 w OUR STAR 5
ASTROPHYSICS HAS TAUGHT US THAT THE SUN IS
A GIGANTIC NUCLEAR REACTOR.
© PhotoDisc
distance of 4.2 light-years from the
Earth), takes more than four years.
330,000 times
greater than that
of the Earth (2 billion billion billion tons!), the “The temperature imbalance within the Sun creates radiation.”
Sun is a relatively small star: for example, the
radius of Betelgeuse, in the constellation of
Orion, is 1,100 times greater than that of the gases: why doesn't this hot gas disperse into the
Sun. inter-planetary vacuum? Its cohesion results from
But how was our star born? the gravitational attraction which exists between
The Sun was born 4.6 billion years ago, out of a particles of matter and tends to bring them clo-
gigantic interstellar cloud composed of hydrogen, ser together. Therefore, a star is a self gravitating
helium with less than 2% of heavier elements. body, with a spherical shape imposed by its own
This cloud fragmented to give, among other celes- gravity.
tial objects, a star surrounded by planets, comets But if gravity tends to bring particles closer toge-
and dust: the solar system. The Sun has been the ther, why doesn't the Sun simply collapse in on
subject of many studies in a scientific discipline itself? We need also to consider the stellar gas
known as astrophysics, where the fields of astro- pressure, which is the result of incessant colli-
nomy and physics (see the leaflet from this col- sion and rebounding of the particles with each
lection entitled "Nuclear Astrophysics"). other. Overall, this pressure balances the action
This science helps us to understand the pheno- of gravity. If this pressure was suddenly removed,
mena occurring in the Universe. Hence, we know the Sun would completely collapse in on itself in
© PhoVoir
From the star to domestic energy 13 w The Sun From the star to domestic energy 13 w The Sun
6 w OUR STAR w OUR STAR 7
“The temperature imbalance within The transformation of hydrogen into helium in the Sun
the Sun creates radiation.”
Step 1
Step 2
515000
690000
7 million this is achieved. the Sun, fusion reactions transform four mass of the nucleus produced is less than the
3 million In 1921, the physicist Jean Perrin provided Nuclear reactions in which hydrogen nuclei (protons) sum of the masses of the initial nuclei. This mass
Depth (km) two lighter nuclei combine
1,5 million an explanation by pro- Jean Perrin (1870-1942) was to form one heavier into a helium nucleus, difference is transformed into energy according
6000 one of the pioneers of atomic nucleus. Such reactions 4He, an element which is
posing that nuclear theory and obtained the Nobel
to Einstein's famous equation, E = Dm x c2.
are accompanied by a
reactions were the Prize for physics in 1926 for his large energy release. particularly stable, and These reactions The energy produced is equal to the mass diffe-
work on the structure of matter. rence multiplied by the speed of light squared.
source of energy pro- release energy which compensates for that lost cannot take place
duction, i.e. reactions between atomic nuclei. at the Sun’s surface. This energy is emitted unless the temperature and pressure are suf-
From the star to domestic energy 13 wThe Sun From the star to domestic energy 13 w The Sun
8 w OUR STAR w OUR STAR 9
ficiently high that the two protons, stripped of • At higher concentrations, the fusion reaction
their electron and thus positively charged, can be ignited by irradiation with very high
fuse. This limits their field of action to the power laser beams: this subject will be stu-
regions closest to the core of a star like the died by the Megajoule laser which is under
Sun. The stars must also have sufficient mass, construction at the CEA Cesta centre near Bor-
greater than one tenth of the Sun's mass, to deaux, as well as at the LIL prototype which
compress the core sufficiently and ignite the is already in operation. This laser, assisted by
nuclear reactions. In the core of the Sun, 620 the very short impulse laser, Petal, will pro-
million tonnes of hydrogen are transformed duce plasmas similar to solar plasma but in
into 615.7 million tonnes of helium every very small volumes and will enable certain cos-
second; the difference is converted into energy mic processes to be studied in the laboratory.
which radiates towards the outside. This We have seen that the Sun radiates energy:
nuclear energy reserve enables us to calculate the earth only receives an extremely small part
the lifespan of the Sun as being around 10
© Dapnia/CEA
From the star to domestic energy 13 w The Sun From the star to domestic energy 13 w The Sun
10 w OUR STAR 11
PROMINENCES AND FILAMENTS, FLARES,
“Helioseismology studies the surface EJECTIONS, GRANULES, SPOTS, FASTEN YOUR
oscillations of the Sun and allows us to probe SEAT BELTS…
the interior of our star.”
© Soho/ESA/Nasa
the nuclear reactions occur, and to the theoretical
characteristics as seismic waves and carry infor- predictions of the solar neutrino fluxes.
mation on the internal structure of the star.
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12 w VOYAGE TO THE CENTRE OF THE SUN w VOYAGE TO THE CENTRE OF THE SUN 13
“The Sun is divided into two zones: the
opaque part and the visible part.”
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14 w VOYAGE TO THE CENTRE OF THE SUN w VOYAGE TO THE CENTRE OF THE SUN 15
TRANSITION ZONE
© Digital Vision
temperature of up to 1 million degrees towards the
exterior. This temperature rise is linked to The corona is the
This part of the Sun is directly observable. It consists of the magnetic field effects. These complex mechanisms outermost layer of
photosphere (boundary with the opaque zone), chromosphere are being studied, today, using many satellites, the solar atmos-
and the corona. These latter two are only visible during total including SOHO. phere. It has a tem-
perature of around
eclipses (natural or man-made) of the Sun. 1 million degrees and
its density is 100 mil-
lion times lower than
that of the Earth. It
THE PHOTOSPHERE extends to a distance
The photosphere contributes 99% of solar of several solar radii and blends into the interpla-
radiation. The surface, several hundred netary medium. The photosphere is so brilliant
kilometers thick, is a virtual boundary that it prevents the corona being observed, except
between the interior of the Sun (the radiative during total eclipses of the Sun. At other times,
zone including the core and the convective coronagraphs must be used, devices which screen
zone) and its atmosphere (chromosphere and the light from the disk of the photosphere.
corona). Its temperature is around 6,000 °C.
Granules
Observation of the photosphere Sunspots
shows granules whose centers are Seen as wide dark areas, sunspots may be up to
more brilliant than their circumfe- several hundred thousand kilometers in diameter.
rence. These zones, with a diameter They appear and disappear in groups and return
© LMSAL
of around 1,000 km, have an indivi- regularly, with a period of around 11 years. Their
dual surface area comparable to that observation This cycle is today known as the solar cycle and
of France. Their lifespan is several minutes. This granular makes it possible is linked to solar magnetism, the polarity of
structure reflects the motions of the hot material which is to measure the which inverts every 11 years.
bubbling in the convective zone; the darker edges of the superficial
granules correspond to cooled matter. These are the des- rotation of the Sun; this fact allowed Galileo to
cending streams which produce the acoustic waves which discover, in 1613, that the Sun rotated on its own axis.
penetrate down to the core of the Sun. Today, we know that sunspots correspond to areas
which are the seat of magnetic fields several
Prominence thousand times larger than the Earth's magnetic
field. These magnetic fields
decelerate the motion of
charged particles, the
THE CHROMOSPHERE temperature drops (4,000
The chromosphere is the lower part of the solar atmosphere; °C) and the area becomes
it contributes only slightly to solar radiation. It is a very non- darker. The diversion of
uniform layer with a mean thickness between 2,000 and particles by these fields,
3,000 km. Its temperature is several thousand degrees and associated with the
© Soho (ESA/Nasa)
increases towards the exterior where it reaches 20,000 °C. creation of local magnetic
It is visible for short periods during total eclipses. It is a fields, leads to extremely
theatre of intense activity. It is here that solar flares are violent motions of solar
born. These violent phenomena can spread over hundreds material.
of thousands of kilometers in several minutes.
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16 w VOYAGE TO THE CENTRE OF THE SUN w VOYAGE TO THE CENTRE OF THE SUN 17
sa
return to the surface of the Sun, forming loops. An intense sage from one state to another corresponds to
/Na
strong to overcome gravitational attraction
A
magnetic field lifts the dense matter and brakes its motion,
ES
and eject the matter (plasma and neutral a reorganization of the molecules or atoms in
IT/
leading to cooling. Prominences can rise to altitudes of several
/E
gas) out of the solar atmos- the matter. Take water as an example: in the
m
iu
rt
hundred thousand kilometers. oC
on
so
phere. Billions of tons of solid state, as ice, water has a very organized
S oh
©
matter are transported structure, in which the molecules are strongly
in this way. The flares
bound to each other. Following application of
are characterized by
an abrupt release of heat, the molecules become agitated and move
an enormous away from each other and the water moves into
quantity of energy the liquid phase. At higher temperatures still,
in the form of the structure becomes completely disorga-
radiation (visible,
IN THE CORONA AND BEYOND: THE FURIES OF THE SUN UV, X-ray and nized and the water molecules scatter in the
In the upper, low-density layers of the solar atmosphere, charged particles radio waves). The form of a gas; this is boiling.
(ions and electrons) are sensitive to electromagnetic forces. These forces may energy brought into
asa
A/N
be stronger than gravity and can keep the matter in altitude, or even eject it out play is considerable, THE SOLAR PLASMA
ES
of the corona, sending it off into interplanetary space. The corona can therefore on the order of several
m/
tiu
presents very varied aspects, resulting from the magnetic activity of the Sun: Under conditions of extreme pressure and tem-
or
ho
Co
ns
million times the annual
prominences, solar flares or coronal holes. ©
So
consumption of electrical perature a new state of matter appears in
energy in France. which the atomic structure itself becomes
totally disorganized: a plasma. At the core of
a star a great agitation This word first appeared in the
reigns among the 1920s in the work of the
American Irving Langley, Nobel
atoms. These atoms Prize winner for chemistry in
1932, on ionized gases. Today
normally exist as a the plasma is present in our daily
nucleus, which itself is lives with plasma television
Solar wind Coronal holes screens, plasma torches and
made up of neutrons neon tubes.
Beyond a certain distance, gravi- Coronal holes are less luminous, (with and neutral elec-
tational forces are insufficient to cooler regions, where the
hold on to the matter. This magnetic field enables matter to
tric charge) and protons (with positive electric
matter escapes along the escape. In these regions, the charge), accompanied by a stream of electrons
magnetic field lines into inter- magnetic field lines do not (with negative electric charge). Overall, the
planetary space. This is the solar return to the Sun but project
©E
wind. Its mean velocity is around radially away from the Sun.
Co
m
the poles of the star than it is at (E
SA
the atom can lose or gain one or more elec-
/N
the equator.
asa
) trons, thus becoming a positively or negatively
©
ES
A
charged ion, respectively.
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18 w VOYAGE TO THE CENTRE OF THE SUN w VOYAGE TO THE CENTRE OF THE SUN 19
10-14 10-12 10-10 10-8 10-6 10-4 10-2 1 102 104 106 wavelength
radiation from γ (radioactive and cosmic UV IR radio waves (m)
sources)
How is this phenomenon explained? Very simply
X-rays microwaves (television, radar...)
by the fact that the intensity of radiation
frequency
decreases as it crosses a material environment
1024 10 22 10 20 10 18 10 16 10 14 1012 1010 108 106 104 102
(Hz) to which it transfers part of its energy. However,
an emission or absorption of energy results in
extreme visible extreme visible a modification in the electronic structure of
limit visible light limit the atoms concerned; this gives rise to a spec-
400 450 500 550 600 650 700 wavelength
tral signature which is characteristic of a given
(nm) element. To put this another way, the spec-
ultra-violet infrared trum is a chemical identity card of the mate-
rial being studied. Hence, the French astrono-
mer Jules Janssen (1824-1907) discovered,
© Nigel Sharp/NOAO
frequency
7,6 6 5 by spectroscopy, an element that was unknown
(1014 Hz)
at that time on Earth, helium, whose name is
Electromagnetic waves divided into various frequency and wavelength families. The distribution of energy from radiation is called
derived from the Greek word "Helios" referring
the electromagnetic spectrum and extends, in decreasing wavelength order, from low frequency radio waves to gamma rays,
passing through the microwave region, the infrared, visible and ultraviolet, and X-ray regions. The solar spectrum exhibits dark bands superimposed on a to the Sun.
continuous spectrum. From all the wavelengths of radiation emitted
by the Sun, the terrestrial atmosphere only
In the core of the Sun, the energy is sufficiently AN IDENTITY CARD FOR THE SUN lengths: it provides an emission spectra consis- allows visible light to pass (with a small amount
high to strip the electrons from the hydrogen For a long time, information about the Sun ting of a wide continuous band of frequencies. of infrared and UV) together with radio waves.
atoms, which normally consist of one proton could only be gained from its light. We know In 1814, the German physicist Joseph von It is therefore necessary to go beyond the ter-
and one electron. Hence, the hydrogen atoms from the work of Isaac Newton (1642-1727) Fraunhofer (1787-1826), the founder of spec- restrial atmosphere to measure other wave-
become positively charged ions called protons. that light which appears to us as white is in troscopy, studied the spectrum from the Sun lengths of radiation (in particular X-rays and
Stellar gas is in the form of dense plasma, made fact made up of all colors, or "of all wavelengths" and discovered the presence of dark bands gamma rays). We can use instruments on board
up of ionized atoms. Almost all of the mass of as physicists would say. One just has to look superimposed on the continuous spectrum, satellites such as SOHO.
the galaxy is found in the form of plasma. at a rainbow, or to observe a light source each corresponding to a specific wavelength. Production of light and heat is not the only
From the core to the periphery, the solar plasma through a prism, to be convinced of this. Two At the time, he didn't have the means to inter- manifestation of the Sun: to these must be
contains elements in various states of ioniza- centuries later, spectroscopy would be born pret this curious phenomenon. Later physicists added periodic vibration which can reveal
tion, depending on their temperature and den- from this discovery (see illustration above): the noticed that when a gas is illuminated by white internal rotation and magnetism.
sity. These variations stratify the Sun into several rainbow, "the scarf of Iris" according to the light source, it will absorb certain colors. The
layers with very different behaviors. Various poets, is also a solar spectrum for physicists! appearance of dark lines superimposed on the HOW DOES THIS WORK?
theoretical and experimental methods make it The tungsten filament in a light bulb is a good electromagnetic spectrum is the manifestation In 1960, regular, low amplitude motions of the
possible to study the Sun, its composition, example of a body which, at high temperature, of this absorption: it is providing an absorp- solar surface were discovered. Ten years later,
structure and properties. emits visible light over a broad range of wave- tion spectrum. theoretical work showed that in reality these
From the star to domestic energy 13 w The Sun From the star to domestic energy 13 w The Sun
20 w VOYAGE TO THE CENTRE OF THE SUN w VOYAGE TO THE CENTRE OF THE SUN 21
The evolution over time of the number of sunspots appearing on the solar photosphere. The approximately 11-year cycle is clearly
visible but very variable.
motions were not simply superficial but reflected surface and are reflected by the various interior
global motions which affected the whole of the layers, makes it possible to measure values
Sun. These could be compared with a cavity such as the profile of the speed of sound or
in which sound waves develop at very low fre- the profile of the rotation velocity.
quencies, inaudible to the human ear. Sound moves at a velocity of around 340 m/s
© ESA
In fact, the sound waves produced by the Sun in the air that we breathe; in the Sun, this
The SOHO satellite near to the Sun.
are 17 octaves lower in frequency than the velocity is 500 km/s at the centre and around
THE SOHO SATELLITE sound produced by a tuning fork with a fre- 7 km/s at the surface.
quency set at 440 Hz: their frequency is of An acoustic wave penetrating to the core of
SOHO (Solar and Heliospheric Observatory) is the fruit of conditions. SOHO is equipped with 12 observation
an European and American collaboration. The satellite instruments: three of these are dedicated to seismology, the order of 3 mHz, corresponding to a period the Sun takes around one hour to traverse the
was launched into space on 2nd December 1995, from the rest, to all the other atmospheric phenomena of the of around five minutes. star. This wave is very sensitive to the gaseous
Florida by NASA. It is located 1.5 million kilometers Sun (solar wind, particle emissions, flares...). SOHO will
from the Earth at a very special location known as the continue to observe the Sun for many years to come,
Acoustic waves produced continuously by the matter that it encounters: investigating the
Lagrange point. Here the gravitational pull of the Sun accompanied by other probes from Japan (HINODE), granulation at the surface, like rain on the sur- interior of the Sun by seismology makes pos-
exactly matches that from the Earth. United States (STEREO, SDO) and by the CNES face of a drum, are a fantastic means to probe sible live and continuous monitoring of the state
From this favored location, it can observe the Sun microsatellite, PICARD, to gain a better understanding of
without interruption and in remarkably stable solar activity. the Sun throughout its opaque parts. The study of evolution of the Sun, in situ.
of solar vibrations, which propagate from the Everything in the Universe rotates and the Sun
From the star to domestic energy 13 w The Sun From the star to domestic energy 13 w The Sun
22 wVOYAGE TO THE CENTRE OF THE SUN w VOYAGE TO THE CENTRE OF THE SUN 23
©
SO
HO
Da
ta
“Understanding the
variation of the solar Profile of the internal
rotation of the Sun obtai-
magnetic activity ned by the Golf and MDI
instruments on board
will enable better SOHO: the red sections
are rotating more rapidly
forecasting, over the than the blue sections.
The increase in rotation at
coming decades, of its the core, in agreement
with the signals from the
impact on the first gravity modes,
remains to be confirmed.
terrestrial
© ESA/Nasa
environment.”
The solar corona in a period of strong activity.
is also rotating; but it rotates in a differential Helioseismology, carried out by SOHO, has become a significant key in order to unders- motions. Today, it is associated with nume-
way between the equator and the poles. We revealed that this differential rotation of the tand its effects on the human scale, as well rical simulations which try to reproduce the
have seen that the surface of the Sun, the pho- surface is maintained over the entire convec- as the effective role of the Sun on the terres- observations in order to understand them.
tosphere, is strewn with dark spots which one tive region (the low-density region represen- trial environment. In fact, the origin of external It has already been established that the dif-
can follow over time: they provide a measure- ting 2% of the solar mass), then disappears magnetic phenomena located under the pho- ferential rotation of the convective region
ment of the rotational speed of the Sun. It is abruptly in the transition region located at the tosphere, and its understanding, requires contributes to the presence of a magnetic
possible to determine that the equator rotates boundary between the radiative and convec- knowledge of the internal motions of matter dynamo field which covers the whole convec-
faster (with a period of around 25 days) than tive regions. Indeed, this region is the site of all the way to the centre of the Sun. Scien- tive zone and the transition region between
the poles (period closer to 30 days). However, strong shear forces which contribute to rege- tists imagine meridional circulations for which radiation and convection, where this diffe-
there is a relationship between the surface rota- nerate the magnetic field. Thus a large part of the velocity varies from tens of meters per rential rotation disappears, known as the
tion and the magnetic phenomena. We can the solar mass (close to 50%) in fact rotates second (in the convective region), playing a tachocline. An understanding of this complex
speak of an activity maximum when the number as a solid body. First observations of gravity determining role in explaining the 11 year Rapidly changing physics will need to describe
of spots at the surface is at its highest: this is modes, by contrast, favor a more rapid rota- cycle, to fractions of microns per second in speed of rotation. how the magnetic field orga-
the time period when magnetic activity of the tion of the nuclear core than of the rest of the the radiative region (hence suggesting one com- nizes and regenerates itself. It must also explain
Sun is greatest, leading to strong solar flares. radiative region. If this is confirmed, it would plete rotation of this region requires a billion the duration and intensity of solar cycles,
The SOHO satellite is well placed to monitor indicate that the Sun has retained at its core, years). which are not regular, having large maxima
these activity phenomena, since it can conti- which holds nearly 50% of its mass, a rem- and large minima, as seen in the figure sho-
nuously observe each region of the Sun. In nant of the rotation, which it acquired during HELIOSEISMOLOGY AND wing the evolution of cycles since they were
periods of strong activity, large dark regions its formation, including probably a fossil SIMULATION first measured in the 17th century. These stu-
and flares of matter are clearly visible at the magnetic field. Helioseismology is a necessary tool for provi- dies will, in the long term, make it possible to
corona level (see above and p.16-17). Understanding this solar activity has today ding quantitative evidence of these large scale estimate changes in magnetic activity over the
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24 w VOYAGE TO THE CENTRE OF THE SUN w VOYAGE TO THE CENTRE OF THE SUN 25
DR
impact of solar activity on the Earth's atmos-
© A.S.Brun/CEA
The CNES microsatellite, PICARD, will observe the Sun at
phere. The PICARD satellite will help SOHO,
several wavelengths and will observe its superficial
the Japanese HINODE satellite and the Ame- deformations.
rican SDO satellite, to track and record all the The magnetic field in a global non-linear simulation of the The radial velocity in the Sun's turbulent convective
solar activity indicators from the Sun's nuclear Sun's convective dynamo. region. This convection is the source of heat transport to
core to its corona. These measurements make the surface of the Sun.
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26 w THE SUN TAMED 27
SOLAR ENERGY FOR HEATING AND ELECTRICITY
PRODUCTION…
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28 w THE SUN TAMED w THE SUN TAMED 29
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30 w THE SUN TAMED w THE SUN TAMED 31
“Production of
unlimited, "clean"
energy that is
available in all
regions of the
world.” The photovoltaic cell contains electrical charges because of the doping:
HOW DOES THIS
negative in n-type (an excess of electrons), positive in p-type (lack of WORK?
electrons). These charges create an electric field across the junction.
Photons from sunlight strip the electrons for example, of two layers of silicon,
dings and houses, producing electricity which from silicon atoms, creating positive and the transport properties of which
will be either consumed on site or fed into the negative charges. have been modified by doping.
network. The addition of boron atoms favors
An example of an autonomous application: conduction by positive charges. The
telecommunications. silicon becomes p-type.
In summary, the Sun constitutes a clean and
Doping the silicone with phosphorus
almost inexhaustible energy source, which pro- atoms improves conduction of
mises a bright, but still expensive, future. negative charges. The silicon then
becomes n-type.
No doubt we will learn to control this energy
Placing p-type silicon in contact
source before it runs out in around 5 billion with n-type silicon creates a so
years time... indeed the time will come when, called p-n junction. When this cell
with its hydrogen running out, the Sun will The charges are made to move by the is exposed to solar illumination,
electric field created by the junction; this electrons and holes are generated
burn helium and transform it into carbon. But produces an electric current. at the p-n junction, which can be
the process will not go any further: the tem- considered as the active area of the
© D. Michon/Artechnique-CEA
perature will not permit this stellar alchemy cell. These electrons and holes then
move, respectively, across the p and
to continue until the core was eventually n zones, to reach the electrodes.
reduced to iron. Rather, after the helium bur- This series of processes, called the
photovoltaic effect, leads to the
ning phase, gravity will compress the Sun to production of a current which can
the size of the Earth and the Sun will become supply a piece of electrical
a white dwarf, a low luminosity star, which will equipment.
Silicon wafers are doped in this furnace, at a temperature
fade away with a quiet death, unlike more mas- between 700 and 900 °C to create junctions which will become
sive stars which explode into supernova. the core of photovoltaic cells.
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