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Introduction
Les complications loco-régionales des foyers infectieux dentaires constituent un volet important
de la pathologie en odontologie et en stomatologie.
Le point de départ de l'infection peut être une atteinte du complexe pulpo-parodontal, dont la
manifestation clinique est la carie, la parodontite, ou les accidents de désinclusion de la dent de
sagesse.
Les loges entourant la mandibule et le maxillaire communiquent entre elles, d’où la notion de
propagation de l’infection dentaire au tissus de voisinage.
L'infection bactérienne à point de départ dentaire va pouvoir atteindre les régions voisines, les
tissus cellulaires de la face et du cou, l’os des maxillaires et le sinus.
Les complications infectieuses aiguës dues à la mortification de la pulpe dentaire ou aux
infections péri radiculaires sont très fréquentes au niveau des tissus mous de la face et du cou,
du tissu osseux sous-jacent et au niveau sinusal.
Les formes chroniques de ces infections : granulome apical, poche parodontale, évoluent de
façon latente et sont responsables le plus souvent, sans signe d'alerte, d'une complication loco-
régionale.
Le diagnostic précis de l’état de la lésion conditionne l’efficacité du traitement et donc le succès
de l’intervention, qui peut, nel’oublions pas, relever du cadre de l’urgence, voir même remettre
en cause le pronostic vital du sujet.
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Germes en causes
Il n'y a pas de germes spécifiques aux cellulites d'origine dentaire, toute la flore buccale peut être
incriminée ; les micro-organismes les plus retrouvés sont les aérobies grams positif :
staphylocoques et streptocoques, et anaérobies : actinomyces et fusiformes.
Etude clinique
Les cellulites peuvent être classées selon plusieurs paramètres :
La topographie : qui traduit le siège et les limites de l‘infection et dessine sa
circonscription ou sa diffusion :
Cellulite circonscrite
Cellulite diffuse
Le mode évolutif : qui traduit le stade de développement de l‘infection :
les cellulites aigues,
les cellulites subaigus et
les cellulites chroniques ;
La gravité : paramètre qui s'appuie sur la qualité du pronostic de l‘infection :
Cellulites communes (favorable).
Cellulites malignes (réservé).
A- Formes topographiques
Symptomatologie dominée
La limitation d’ouverture buccale (+++)
Dent postérieure avec otalgie réflexe.
Endo buccal : soulèvement muqueux vestibulaire centré en regard de la dent causale
La cellulite séreuse :
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Lacellulite suppurée :
Caractérisée par des signes cliniques généraux et locaux.
La température s'élève en quelques heures et s'accompagne d'asthénie, de pâleur voire
d'abattement.
La douleur est lancinante, plus intense la nuit, variable en fonction de l'élasticité des
tissus, et peut irradier.
L'haleine est fétide et une sialorrhée survient, ainsi qu'un trismus ou une dysphagie en
fonction de la localisation lésionnelle.
La tuméfaction est relativement bien délimitée, recouverte d'une peau ou d'une
muqueuse tendue, luisante, très douloureuse au moindre contact.
Macroscopiquement, la consistance et l'odeur du pus varient en fonction de l'agent
microbien : le plus souvent, il est jaune-vert, épais, d'odeur fade.
La fistulisation spontanée, cutanée ou muqueuse, amène une régression parfois complète
des symptômes. L'affection peut aussi passer à la chronicité en cas de traitement
incomplet ou inadéquat, ou diffuser plus largement et atteindre les muscles, les os
(ostéite corticale) ou exceptionnellement l'articulation temporo-mandibulaire.
La cellulite gangreneuse :
Beaucoup plus rare, caractérisée par une gangrène localisée.
Les signes cliniques sont ceux d'une cellulite suppurée avec des crépitations (ou bruits
hydro-aériques) palpables.
Les signes généraux toxi-infectieux peuvent être importants, Le pus brunâtre est fétide,
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Cellulites diffuses :
Les cellulites diffuses, qui ne font pas suite à des cellulites circonscrites, doivent être
distinguées des cellulites diffusées, celles-ci étant formées par extension d'une cellulite
circonscrite,
Aucun germe spécifique n'est rattaché à ces cellulites dont la cause est le plus souvent une
infection de la deuxième molaire inférieure.
Il s'agit le plus souvent d'une flore polymicrobienne.
Cliniquement, le patient présente un tableau général de toxi-infection importante et un tableau
locorégional dominé par une nécrose tissulaire galopante, les signes cliniques du
chocinfectieux (frisson, fièvre, sueurs, manière suraiguë et sont rapidement suivis de
symptômes témoignant d'une perturbation fonctionnelle multi-organique (diarrhée,
vomissements, urines foncées, sub-ictère).
Localement, une tuméfaction molle, non fluctuante, peu douloureuse s'étend rapidement et
prend une consistance ligneuse.
La peau ou la muqueuse la recouvrant se tend et prend un aspect livide.
Un trismus serré est quasi constant.
Les phénomènes purulents n'apparaissent qu'au bout de 5 à 6 jours.
Des hémorragies parfois cataclysmiques sont dues à la nécrose des parois vasculaires et la
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thrombose veineuse est responsable d'un œdème très important, souvent cause d'asphyxie.
Malgré l'apport des soins intensifs et des techniques de réanimation, malgré les traitements
antibiotiques intensifs sous monitorage, ces cellulites gardent un pronostic très sombre, la
mortalité étant de 30 à 40 %.
Toute cellulite diffuse impose une prise en charge médico-chirurgicale intensive
Conduites à tenir
1-cellulite séreuse
Le traitement sera symptomatique et causal : dentaire.
Aucun geste ne pourra être fait au niveau de la cellulite.
Le traitement symptomatique est basé sur l'antibiothérapie.
La pénicilline et ses dérivés restent les antibiotiques de choix en l'absence de contre-
indication.
Les doses seront fonction de l'importance des signes locaux, généraux et fonctionnels.
On l'associera de façon systématique au métronidazole.
2-Cellulite suppurée
PONCTION : Elle peut être proposée pour confirmer une collection, pour effectuer un
prélèvement bactériologique avant le drainage ; il s’agit d’un geste diagnostique qui est
insuffisant comme moyen d’évacuation de la collection.
LE GESTE THERAPEUTIQUE : C’est l’incision et drainage et mise en place d’un
drain.Le drainage constitue l’essentiel du traitement :
Il demande une anesthésie qui peut être effectuée : Par contact, Par infiltration des tissus à
inciser ou Par injection tronculaire.
DRAINAGE CHIRURGICAL
Endobuccal, cervical ou les deux associés, il doit être effectué dans les conditions
d’asepsie habituellement respectées pour toute intervention dans cette zone. L’anesthésie
doit être adaptée à l’ampleur prévisible du geste.
TRAITEMENT MEDICAL :
En ambulatoire, au cabinet
La prescription d’une antibiothérapie est probabiliste et, compte tenu des germes habituellement
en cause, peuvent être proposés :
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Le traitement antiseptique est dans tous les cas un adjuvant primordial, tant en bains de
bouche (à débuter quelques heures après l’intervention), qu’en irrigation par le système de
drainage mis en place et, au mieux, deux fois par jour jusqu’à son ablation.
3-cellulite gangréneuse.
En cas de maladie générale : hospitalisation
L'antibiothérapie doit être massive et prolongée pendant 10 jours au moins. L'incision
chirurgicale permet le drainage et le lavage tissulaires, avec une solution à base d'eau
oxygénée et d'un antiseptique. Le traitement dentaire causal ne peut être négligé
ultérieurement.
4-cellulite chronique :
Traitement médical : massive et prolongé vue la sclérose périphérique (au minimum 15
jours).
Traitement étiologique : conservateur ou radical.
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Incision et drainage.
Correction de la cicatrice.
2. Les ostéites :
2.1. Définition des ostéites :
Les ostéites représentent une lésion inflammatoire du tissuosseux. Leur aspect
clinique varie selon la localisation
Corticale [ostéite],
Médullaire [ostéomyélite],
Périoste [périostite],
Tissus mous [diffuse],
La présence ou non de suppuration, la durée (aiguë ou chronique) et la cause ; elles
peuvent être de cause locale ou générale.
A. Ostéites circonscrites :
On distingue
Les ostéopériostites et ostéopériostoses,
L’ostéite circonscrite centro-médulaire et
L’ostéite circonscrite corticale.
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a. OSTEOPERIOSTITE ET OSTEOPERIOSTOSE :
Elles représentent l’atteinte infectieuse la plus légère de l’os et du périoste, il y a
deux formes :
1. Clinique :
Le processus inflammatoire s’extériorise sous forme d’une réaction périostée, on peut noter :
2. Radiologiquement :
Une réaction périostée et sous périostée très importantes avec des images de
condensation osseuse et d’apposition osseuse sous périostée
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ou
La diffusion et ceci dépendra de la précocité du traitement.
a.2. Ostéopériostose :
Survient le plus souvent chez le jeune enfant, au cours d’une parodontite
chronique de la première molaire inférieure.
1. Clinique :
Une tuméfaction chronique dure, adhérant à l’os déformant le visage, non douloureuse.
Apparition en quelques semaines d’un trismus.
Absence de suppuration ou de séquestre.
On retrouve souvent un point de départ dentaire non traité (kyste, granulome apicale, …)
2. Radiographie :
Image en masse arrondie, radio opaque, appendu à l’apex de la dent causale.
3. Evolution :
Disparaît généralement lentement après extraction ou traitement médical de la dent causale.
Signes cliniques :
2. Radiographie :
La radiographie montre une lésion apicale, ou une zone de décalcification irrégulière.
3. Evolution :
Se fait vers la séquestration et la chute des dents ; primitivement circonscrites
Elles n’ont pas tendance à diffuser sauf si le terrain est favorable (diabétique,
immunodéprimé).
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2. Radiographie :
Montre des zones claires de décalcification, avec parfois des îlots évoquant des séquestres.
3. Evolution :
Elle évolue vers la séquestration et perte osseuse.
B. Ostéite diffusée
Comme son nom l’indique, c’est l’extension d’un processus inflammatoire d’abord circonscrit,
Devenu rare avec l’avènement des antibiotiques, grave en raison des séquelles qu’elle
occasionne.
Phase de début :
Signes de parodontite apicale aigue.
Le vestibule est douloureux à la palpation, et comblé par une masse dure et fixée à l’os.
Trismus précoce, inconstant.
Des adénopathies cervicales.
Signe généraux présents (fièvre, asthénie).
La Radio est peu révélatrice, sinon un épaississement ligamentaire et lésion apicale.
Phase d’état ou suppurative :
Marquée par l’aggravation des signes précédents :
Les signes généraux sont importants (fièvre, asthénie)
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Phase de réparation :
Elle est longue, elle dure souvent des mois.
La perte de substance osseuse se répare progressivement, mais la régénération n’intéresse
pratiquement que l’os basilaire.
Les préjudices fonctionnels sont importants (perte dentaire, cicatrices cutanées
inesthétiques, hypoesthésieou douleurs persistantes…)
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Les séquestres doivent être enlevés. Ils sont en général extrêmement faciles à retirer.
Le traitement étiologique dentaire est nécessaire et suffisant, menant en plusieurs mois à une
régression partielle ou plus souvent complète des symptômes.
3.1. Définition : La sinusite maxillaire est une affection sinusienne dont l'origine dentaire
constitue un pourcentage non négligeable, vu l'intimité des rapports existants entre les dents et le
plancher sinusien.
Les examens complémentaires basés sur les techniques de radiologie conventionnelle et moderne
sont nécessaires. Leur indication est fonction du contexte clinique.
La réussite du traitement dépend de l'élimination de la cause dentaire et de sa conséquence
sinusienne.
La prise en charge du patient nécessite la collaboration entre dentiste et oto-rhino-laryngologiste.
Signes d’appel
Le patient consulte pour les motifs suivants :
- Rhinorrhée intermittente, purulente, unilatérale et fétide
- Algie modérée maxillo-dentaire unilatérale (inconstante)
- Obstruction nasale (inconstante).
Ces signes évoquent l’atteinte sinusienne, leur unilatéralité oriente vers l’étiologie dentaire. Cette
unilatéralité doit également faire évoquer un corps étranger nasal chez l’enfant et une tumeur
chez l’adulte.
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Exploration radiologique
La radiographie montre le plus souvent une opacité totale et homogène du sinus maxillaire
Formes cliniques
La sinusite aiguë
Elle est rare et se confond dans sa symptomatologie avec celle de la dent causale et associée.( des
douleurs maxillaires, pulsatiles et lancinantes, une rhinorrhée purulente abondante, une
odontalgie vive au moindre contact, une tuméfaction vestibulaire en regard de la dent.
La sinusite chronique
C’est la forme la plus fréquente et la plus difficile à diagnostiquer. Sa symptomatologie se
résume à des signes fonctionnels atténués représentés par une rhinorrhée purulente postérieure
associée à une sensation de pesanteur faciale.
3.3. Traitement
Il est double et doit être réalisé, au mieux, en équipe multidisciplinaire. Il concerne le sinus atteint
et la ou les dents responsables.
A. Traitement du sinus
Volet médical
Le traitement médical d’une sinusite a un triple but :
- Lutter contre l’infection ;
- Lutter contre la douleur ;
- Eviter le passage à la chronicité.
Ce traitement doit être local et général.
Les traitements locaux : Ils assurent la décongestion de l’ostium afin d’assurer un drainage
correct et une meilleure aération du sinus. On utilisera :
Les vasoconstricteurs locaux en évitant tout emploi prolongé
- Les inhalations balsamiques et soufrées
- Les aérosols associant corticoïdes et antibiotiques
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Volet chirurgical
le drainage chirurgical est un geste d'urgence, réservé aux sinusites bloquées, hyperalgiques,
résistantes aux traitements médicaux.
B. Traitement dentaire
Le traitement doit supprimer la cause dentaire et ses conséquences intra-sinusiennes.
Le traitement de l'infection dentaire pose le problème de la conservation ou non de la dent.
Traitement conservateur
La conservation de la dent nécessite un traitement canalaire,.
Traitement radical :
L'avulsion s'impose dans un certain nombre de cas où le traitement conservateur risque
d'entraîner une récidive ou d'empêcher la cicatrisation des lésions infectieuses.
Conclusion
Les foyers infectieux d'origine dentaire, surtout dans leur forme chronique, sont responsables de
multiples complications. Les complications loco-régionales sont dominées par les cellulites
cervico-faciales aiguës diffuses ou chroniques. Les cellulites diffuses sont d'une gravité extrême,
pouvant entraîner la mort par compression des voies aériennes supérieures ou par médiastinite.
Les cellulites chroniques peuvent aboutir à des fistules cutanées qu'il ne faut pas confondre avec
une infection dermatologique.
Devant la variété, la gravité et les complications loco-régionales des foyers infectieux dentaires,
la prévention est essentielle.
La qualité des soins conservateurs en endodontie est une exigence. Les poches parodontales
seront éliminées par la chirurgie parodontale. Les dents de sagesse en désinclusion et les dents
présentant des lésions au-dessus de tout traitement conservateur seront extraites.
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