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SECHERESSE 2003 / MIDI-PYRENEES

Eléments pour définir un aliment "sécheresse"


Ph. Brunschwig
11/10/03 – v0.3

Suite à une sollicitation de la FRCA de Midi-Pyrénées et en vue de la définition d'un aliment


"sécheresse" venant en substitut aux fourrages, les éléments ci-dessous sont proposés pour
répondre aux exigences d'euro-conditionnalité d'un tel aliment.

Pour satisfaire l'euro-conditionnalité

Il s'agit de proposer un aliment se substituant aux fourrages, comportant peu de matières premières
"concentrés" (concentrées en énergie et/ou en protéines) et fabriqué à partir de matières premières
disponibles sur le marché et qui pourraient le rester quelques temps. Cet aliment serait réalisé par des
fabricants d'aliments du bétail.

Il ne s'agit pas de remplacer des aliments correcteur et/ou des aliments de production que l'éleveur utilise
pour compléter la ration de ses animaux selon le niveau de performances qu'il s'est fixé pour son lot
d'animaux.

Les ruminants valorisent d'abord des fourrages, caractérisés par une teneur élevée en cellulose brute (CB)
comprise entre 170 et 350 g CB /kg de matière sèche (MS). Leur teneur en protéines brutes (MAT) varie, pour
les fourrages conservés par stockage (foin, ensilages) entre 70 et 200 g MAT/kg MS.
Une autre caractéristique des fourrages réside dans l'existence de brins plus ou moins longs : de 0,5 cm à 15-
20 cm selon la nature de la plante et le mode de récolte.

Les fabricants d'aliments du bétail utilisent des matières premières sèches (comportant 8 à 12 % d'humidité)
pour obtenir des aliments composés classiquement présentés en "bouchons". Après mélange de celles-ci
entre-elles, et ajout de mélasse (2 à 3 %), le passage dans une presse et une filière permet l'obtention de
bouchons de diamètre variable selon l'espèce animale utilisatrice. Plus les particules des matières premières
sont grossières, plus il sera difficile de les amalgamer.
La fabrication de "mash" ou mélanges complexes de concentrés et fibres commercialisés "prêt à l’emploi",
actuellement réalisés par des sociétés espagnoles et quelques usines françaises du Sud-Ouest, répondrait
bien à la préoccupation de conserver l'aspect fibreux à l'aliment. Mais cette pratique n'est pas assez répandue
pour satisfaire une large demande.

Pour répondre le mieux possible à l'euro-conditionnalité, nécessaire à l'obtention des aides à sa fabrication et
son transport, il me semble nécessaire de définir un aliment qui se rapproche le plus possible de fourrages
tout en restant compatible avec les contraintes de mise en œuvre chez les fabricants d'aliments.
Comme l'aspect fibreux, en terme physique avec des brins supérieurs à 0,5 cm, ne pourra être maintenu, il
m'apparaît que la composition chimique de cet aliment devra le différencier des autres aliments
concentrés.

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Des critères définissant l'aliment "sécheresse"

Les teneurs qui démarqueraient cet aliment d'un aliment concentré classique (correcteur – production) sont
une teneur en CB de 18 – 20 % et une teneur en MAT de 12 – 13 % (en % du produit brut).
Pour ne pas enfermer les fabricants dans de trop fortes contraintes de fabrication, il faudrait probablement
raisonner en seuil et limite tels que 18 % de CB et plus et au maximum 13 % de MAT.

Cet aliment pourrait être fabriqué à partir des matières premières probablement disponibles telles que luzerne
déshydratée, foin de luzerne, pulpes de betteraves déshydratées et pulpes d'agrumes, issues de céréales
(sons, …) et de graines oléagineuses (coques de soja, …), et tourteaux d'oléagineux. Celles-ci entrent
habituellement dans la composition d'aliments composés et granulés du commerce.

Selon la disponibilité en matières premières, les niveaux de teneurs en CB et MAT pourraient être élargis pour
rester réaliste vis à vis du marché des matières premières et maintenir l'euro-compatibilité.

La notion de fibres qui a été avancée me paraît difficile à objectiver, selon que l'on regarde une appréciation
physique ou chimique :
• si l'on se rapproche de la notion de fibres physiques, il faudrait passer à la fabrication de mélanges
complexes de matières premières conservant des brins aux aliments qui en disposent (foin de luzerne et
de graminées, paille, …). Ce procédé de fabrication n'a pas été retenu dans le délai de conception
imparti.
• si l'on se réfère à la teneur en parois (mesure du NDF= Neutral Detergent Fiber), on imposerait une
contrainte en partie redondante avec la teneur en CB.

En conclusion

Il me paraît pragmatique de définir assez simplement cet aliment pour que :


- sa fabrication soit simple et réaliste en fonction des disponibilités de matières premières qui risquent
d'évoluer avec l'avancement de l'année,
- le fabricant ne soit pas incité d'incorporer des matières premières le rapprochant trop de concentrés riches
en énergie et/ou protéines afin de satisfaire les exigences du cahier des charges.
Ainsi le risque de s'écarter de l'euro-conditionnalité sera amoindri.

Après consultation des ressources a priori disponibles, la luzerne pourra être fréquemment utilisée dans les
formulations. C'est un fourrage riche en protéines (17-18 % MAT), déshydraté ou séché ; il ne faudrait pas se
priver de sa contribution dans un aliment "sécheresse". Les coproduits déshydratés provenant d'industries
agro-alimentaires à teneur modérée en CB ne doivent pas être mis de côté pour maximiser le potentiel de
ressources permettant de fabriquer ces aliments remplaçant des fourrages.

Pour ces raisons, je propose de définir un aliment "sécheresse" par une teneur en CB de 16 % ou plus
(seuil à 16 %) et une teneur en MAT de 16 % ou moins (limite à 16 %).

La combinaison de teneurs en CB et en MAT permet de distinguer cet aliment "sécheresse", pour


remplacer des fourrages, de ceux classiquement utilisés en élevage (aliments concentrés de
production ou correcteurs).
Ces bornes devront être regardées avec pragmatisme selon les disponibilités régionales en matières
premières et la formulation obtenue. Ainsi un aliment proposé à 13-14 % de CB et 16 % de MAT, et qui
titrerait 0,80 UFL environ me paraît être un substitut de fourrage recevable si le fabricant peut
argumenter l'impossibilité de disposer de matières premières plus riches en CB.

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Une autre définition ?

D'autres propositions sont faites sur la base de la nature des matières premières composant l'aliment et non
sur les constituants analytiques. La formulation actuelle est la suivante : un aliment "sécheresse" comporterait
moins de 25 % de céréales et moins de 25 % de concentrés.

Une telle proposition me paraît convergente avec ce qui est énoncé ci-dessus, dans le sens où un aliment
"sécheresse" se rapprochant d'un fourrage contiendra une quantité d'énergie et une quantité de protéines
limitées. Et donc une quantité limitée de céréales et de tourteaux d'oléagineux.

Mais elle comporte une grosse difficulté. La notion de concentrés n'est définie nulle part, en particulier dans la
réglementation sur l'étiquetage des aliments composés pour animaux. Elle ne sera donc pas vérifiable sur
l'étiquette de l'aliment. La dénomination "concentrés" est un terme pratique utilisé par les techniciens et les
éleveurs pour repérer les aliments riches en énergie et/ou azote, ou en minéraux qui complètent la ration
journalière pour satisfaire les besoins des animaux. Ce sont généralement des aliments secs (moins de 15 %
d'humidité).
Il faudrait donc définir ce qu'est un concentré pour l'aliment "sécheresse 2003". Je proposerais que cette
catégorie regroupe les tourteaux de soja, de colza et de tournesol. Ainsi un aliment comportant "moins de 25
% de céréales et moins de 25 % de concentrés" resterait assez riche en CB et peu riche en MAT. L'objectif de
"reconstitution" d'un fourrage par l'utilisation de matières premières riches en CB (luzerne déshydratée,
luzerne séchée, pulpes de betteraves, pulpes d'agrumes, coproduits d'industries agroalimentaires secs ou
déshydratés) sera ainsi respecté.

Il restera la difficulté de contrôler le respect de composition d'un aliment "sécheresse". Jusqu'en Novembre
2003 l'étiquetage autorise le libellé des catégories de matières premières qui ne permet pas de distinguer
isolément chacune des matières premières constituant l'aliment. Par ailleurs aucune proportion de
composition pondérale n'est indiquée. Après cette date la liste des matières premières devra être libellée par
ordre décroissant d'importance pondérale ; la proportion de chaque matière première dans l'aliment devra
aussi être indiquée.

Au vu des différentes difficultés détaillées ci-dessus, il me paraît raisonnable pour rester pragmatique
et facile à mettre en œuvre de retenir une définition fondée sur la composition chimique telle que celle
proposée précédemment.

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