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Méthodologie du commentaire de texte

en Histoire du Droit
par Quentin FERES

Remerciements :
Léo VANNIER et Théo BOMPARD pour leur Livret de méthodologie du commentaire de décision en
droit publique

Claire MERMOUD pour « MÉTHODOLOGIE DE RÉDACTION D’UN COMMENTAIRE DE TEXTE »


Sabine VEYRIER
§ 1. Intérêt de l’enseignement de l’Histoire du Droit en 1ère année
(à venir)

§ 2. Le commentaire d’arrêt. Intérêts de l’exercice et objectifs visés

La maîtrise du commentaire du texte n’est pas seulement utile pour l’obtention de votre L1,
son but premier est de vous former aux exigences du parcours universitaire en Droit.

Cet exercice est donné afin d’évaluer votre sérieux et votre travail, car le premier prérequis
sera de maîtriser les connaissances vues en cours magistral, mais aussi d’évaluer le soin porté
à votre commentaire notamment au niveau de l’expression écrite, de l’orthographe et de la
grammaire.

« La forme, c'est le fond qui remonte à la surface. »


Victor Hugo

L’exercice étant à faire à la maison, votre investissement personnel, notamment dans la


recherche autour du texte est pris en compte et valorisé.

Cet exercice est donné afin de commencer à vous inculquer des qualités indispensables à
tout bon juriste ;
- L’esprit d’analyse (bien lire votre texte ET le comprendre, savoir argumenter et
mobiliser les bonnes connaissances au bon moment)
- De synthèse (cibler les éléments essentiels à commenter et le faire de manière
concise et claire)
- La rigueur formelle (l’usage de mots et d’un langage juridique et adapté au droit)

§ 3. Qu’est-ce que commenter un texte ?

Déjà commençons par dire ce qui n’est PAS un commentaire. On peut distinguer trois niveaux
de ce qui n’est pas ou pas totalement du commentaire.
- Paraphraser ou simplement reformuler ce que dit l’auteur, ce n’est pas commenter.
- Disserter, en recitant des connaissances correspondantes à la citation ou non d’ailleurs,
ce n’est pas commenter. (ce n’est pas un exposé de cours)
- Citer, apporter des connaissances permettant d’expliquer le propos et le faire, puis
s’arrêter là, c’est aussi commenter à moitié.

Le commentaire est un exercice de gymnastique intellectuelle. Le fait de commenter se fait


par un vas et viens entre le texte et votre réflexion.
Pour illustrer ce mouvement, on peut résumer cela en 4 étapes.
On commence par citer, puis expliquer, ensuite on applique, et on apprécie.

Abstraction
Expliquer Apprécier

Citer Appliquer

Le texte

1) Citer
2) Expliquer
3) Appliquer
4) Apprécier (nuance)

Vous trouverez dans la partie sur le développement l’illustration et l’explication du pourquoi du


comment de ces 4 termes.

§ 4. La phase de préparation
A) L’appréciation du texte dans le cadre de la séance de TD & le recours
aux connaissances
Chaque texte vous est donné (sauf en partiel) dans le cadre d’une séance de TD. Vous
pouvez donc en vous servant du titre de la séance déterminer des bornes pour votre
commentaire et aller mobiliser les bonnes connaissances dans la bonne partie de votre
cours.

Par exemple, dans la séance 2, le titre donné à la plaquette de TD est «Les institutions
politiques de la Révolution : la Constituante et la Législative » cela va donc vous
permettre de borner temporellement votre sujet. Vous n’allez évidemment par parler
du 2nd Empire par exemple.

Cela va vous permettre aussi de localiser précisément quelle partie du cours vous allez
devoir mobiliser ou à quel endroit vous allez devoir chercher dans un manuel comme
le Morabito1.

Afin d’être encore plus précis, vous devez également tenir compte du titre du
document qui peut vous fournir des indications précieuses sur ce que le correcteur
attend que vous identifiiez comme apport/idée important du texte.
Reprenons encore la séance 2 :

Ici le titre vous indique que vous avez à faire à un extrait de la déclaration sur la
constitution de l’Assemblée de 17 juin 1789. Vous avez donc deux éléments
intéressant pour chercher dans votre cours ou votre manuel ; une date et le nom d’un
texte/événement.

1
Marcel MORABITO, Histoire Constitutionnelle de la France de 1789 à nos jours, précis DOMAT.
Vous pouvez voir ci-dessus le sommaire du Morabito.
Grâce à la date il est facile de localiser le titre et le chapitre qui vont nous intéresser
dans le cadre de notre commentaire (en rouge), puis il faut cibler une section en
particulier voir un &. Il est parfois bon de lire les sections précédentes et antérieures
pour bien comprendre le sujet et la période. J’ai indiqué en vert la section la plus
pertinente. La section en grise s’étendant d’aout 1789 à septembre 1791, elle peut être
intéressante, mais sera moins pertinente que la section 2 qui est la plus proche
temporellement de notre texte. De même pour la section 1 (en orange) qui peut être
pertinente, mais qui est peut-être un peu trop éloignée ou large.

Vous pouvez procéder pareillement avec votre cours et en partiel il conviendra de faire
de même pour bien comprendre quelles connaissances ce texte va surement vous
amener à mobiliser afin d’être compris et expliqué. Cela nécessite d’avoir appris son
plan de cours par cœur et de connaître son cours et le contenu de chaque partie de
celui-ci.

B) Numérotez les lignes du texte


Si ce n’est pas fait, faite le. Numérotez les lignes du texte de 5 en 5 en commençant
par la ligne 1.
Cela vous simplifiera la tâche par la suite.

C) La première lecture
« Il convient d’abord de faire preuve de patience et de ne pas se ruer vers l’étape de la
construction du plan, laquelle ne doit intervenir qu’en dernier (celui-ci doit être le fruit de
votre réflexion, il ne saurait en constituer la graine…). »2

Une première lecture vous permettra de dégager le sujet du texte.


Ne perdez pas de temps à souligner ou surligner. Lisez le d’un coup et imprégnez-vous de ce
qui ressort du texte. Cela va vous donner un aperçu du raisonnement de l’auteur dans sa
globalité et vous permettre de saisir l’objet du texte. Vous allez ainsi capter la « musique » du
texte. La logique selon laquelle fonctionne le texte, la logique de l’auteur, son raisonnement,
qui la plupart du temps va vous aider à constituer par la suite votre plan (sauf texte ayant une
nature un peu particulière comme les extraits de constitutions avec des articles par exemple).

D) La lecture analytique & la mise en forme du texte


Vous allez maintenant relire le texte une deuxième fois, mais avant cela il faut s’attarder sur la
mise en forme du texte.
1) La mise en page du texte
Vous allez devoir par la suite, découper votre texte pour le faire correspondre à un plan
linéaire (nous expliquerons cela plus tard, mais il existe une autre forme de plan qui est le
plan thématique, mais dans 90% du temps le plan attendu est linéaire). Néanmoins, parfois la
personne ayant élaboré le texte vous a quelque peu maché le travail en le mettant en forme
d’une certaine manière.
Prenons l’exemple du texte de la séance 1. Il est constitué de 2 blocs.

2
Livret de méthodologie du commentaire de décision en droit public, Léo VANNIER et Thomas Bompard
Le premier grand bloc/paragraphe sera dans un plan linéaire, notre I, et le deuxième bloc notre
II.
Nous évoquerons l’élaboration du plan plus tard, mais remarquer cela d’emblée va vous faire
gagner du temps dans votre réflexion pendant votre lecture analytique.

Dans chaque partie (I et II) vous aurez toujours deux sous parties (A et B). Cela veut donc
dire que dans ces deux blocs vous avez deux idées, car une sous-partie = une idée du texte.
Gardez cela à l’esprit quand vous allez faire votre lecture analytique.
Il convient donc d’identifier la façon dont l’auteur a structuré son texte et de mettre en relief
les différentes étapes du raisonnement. Le texte est toujours un enchaînement d’idées qu’il
faut identifier, c’est ce à quoi va nous servir la lecture analytique du texte.

2) La ponctuation
La ponctuation du texte, les connecteurs logiques tels que par exemple « néanmoins »,
« cependant », « or », et cetera, sont des éléments importants quand vont vous aider en plus de
la mise en forme du texte pour identifier les moments où l’auteur va passer d’une idée à une
autre.

Par exemple ligne 7 « Or, à qui appartient-il de décider de pareilles contestations ? ». Sans
même avoir lu le texte, il est possible de voir qu’ici l’auteur va évoquer une nouvelle idée.
Vous devez lors de votre lecture analytique indiquer ces moments de rupture. Cela vous
aidera ensuite grandement pour le découpage du texte et l’élaboration du plan.

3) Souligner/surligner votre texte


Que faut-il relever lors de cette lecture analytique ?

La réponse, tout ce qui doit être expliqué ou définit.

Par exemple, dans le texte de la séance 1 le mot « nation » ou le mot « constitution », ou bien
encore « notables ».
Il faudra aussi expliquer l’expression « nation libre » qu’est-ce que l’auteur entend dire par
« libre » ?
Cela peut aussi être un personnage du texte, un événement, une tournure de phrase.

Afin de faire cela le plus efficacement possible, il vous est recommandé de procéder en deux
temps.

1) Vous surlignez votre mot ou groupe de mot dans le texte selon votre code couleur (vous
êtes libre de le définir comme bon vous semble).
2) Sur votre brouillon que vous avez divisé en deux colonnes, vous notez à gauche le mot ou
le groupe de mot et dans la colonne de droite vous notez les éléments importants qui vous
vienne à l’esprit.
3) Vous reprenez votre lecture analytique en laissant de la place entre chaque mot sur votre
brouillon au cas où vous souhaiteriez y ajouter quelque chose

Cela va vous donner quelque chose comme cela :


« nation libre »  La nation avant 17 juin 1789 existait
déjà sous une autre forme entre
aristocratie et Tiers-Etat. Naissance
de la Nation quand Etats Généraux
se proclament Assemblée nationale.

« notables » ? Désigne surement soit l’aristocratie, soit


une élite d’érudits/juristes. Référence aux
Assemblées de notables ?
Cela vous aidera à ne rien oublier au moment de la rédaction, à identifier les idées importantes
lors du découpage et de l’élaboration du plan et à continuer l’effort de commenter, en
effectuant alors ce « va et viens » entre le texte et vos connaissances lors de la lecture
analytique et par la suite.
Bien entendu, vous n’êtes pas obligé d’écrire des phrases complètes, où les définitions en
entières, ne notez que ce qui vous parait important.
Parfois, vous remarquerez que certains mots que vous avez notés n’ont que peu d’intérêt par
rapport aux idées du texte, dans ce cas-là ne vous sentez pas obligé de quand même devoir les
expliquer dans votre commentaire. Vous devez simplement les écarter et ne garder que ce qui
est pertinent.

Conseil : Pour chaque mot et phrase du texte vous devez vous demander :

Pourquoi est-ce que l’auteur dit-il cela ?


Quelle est l’idée sous-entendue ?
À quoi fait-il référence ?

E) Le recours aux connaissances, les recherches personnelles dans le


cadre des devoirs maisons

Dans le cadre d’une préparation de TD où d’un devoir à faire à la maison, il est attendu due
vous que vous effectuiez des recherches sur le texte, l’auteur, le contexte.
Cela peut être la lecture d’un manuel, d’articles de chercheurs, ou bien tout simplement aller
sur Wikipédia pour lire la fiche d’un auteur que vous ne connaissez pas et qui n’est pas dans
le cours.
Parfois, cela peut aussi être utile d’aller consulter le texte original ou l’ouvrage duquel il est
tiré, car souvent il vous est donné une version modifiée du texte à laquelle on a enlevé des
parties, ou qui est simplement constituée d’extrait du texte mis bout à bout.

F) La fiche de texte

Pour élaborer la fiche du texte, vous allez vous poser une suite de question auxquelles vous
devrez répondre. Cette fiche vous servira pour l’introduction, mais surtout pour extraire les
informations du texte et les trier pour ne garder que ce qui est pertinent.
1) Comment ? La nature du texte

Par exemple : texte législatif, une décision de jurisprudence, une source


narrative (un récit ou une chronique) ou doctrinale, un article de journal, un extrait de
discours, une déclaration de droits…

2) Qui ? L’auteur du texte


Vous devez donner ses dates, si vous ne les avez pas identifiés son époque, sa fonction, sa
profession, son appartenance politique, si il a écrit d’autres textes, etc. Tout l’élément
pertinent qui peut vous aiguiller dans votre compréhension du texte.

Attention ! Vous devez trier les informations pertinentes des non-pertinentes. Par exemple
savoir que son plat préféré est le gratin dauphinois, n’est pas forcément une information utile
pour la bonne compréhension du texte.
3) Quand ? La date de rédaction du texte et le contexte
Si la date est connue ou donnée cela vous simplifie le travail, mais vous devez donner aussi le
contexte de l’époque au moment de la rédaction.
Par exemple, le pays est en guerre, l’Eglise et la monarchie française sont dans une période de
froid ou à l’inverse de rapprochement, etc…

Bien entendu, les informations de contexte que vous allez noter devront être pertinentes et
aider à la juste compréhension du texte.

Il est très important que dans la fiche vous sachiez trier les informations, c’est l’une des
compétences qu’il vous ait demandé d’acquérir via l’exercice du commentaire pour la suite de
votre formation en tant que juriste.
4) Pourquoi ? Le but de l’auteur
Pourquoi l’auteur a-t-il écrit ce texte ? L’a-t-il fait pour la postérité, pour défendre ses intérêts
ou ceux d’un proche, car il a été payé pour ce faire, pour laisser un témoignage. Cherche t’il a
convaincre, à rendre compte des choses fidèlement, ou bien est-ce purement utilitaire par
exemple un acte administratif.
Le texte est écrit par un être humain, il y a forcément un but, une motivation. A vous de
mettre les mots juste dessus et si elle n’est pas claire de la déchiffrer au mieux.
5) Le sujet du texte
Le sujet du texte, c’est simplement de quoi parle le texte, l’objet principal du texte. Il faut le
résumer en UNE phrase de manière claire et concise.

Par exemple, pour la séance 1 :

Le texte évoque la notion de « nation » et le fait que seule celle-ci ne peut être une source
légitime pour l’élaboration d’une constitution.
6) L’intérêt du texte
L’intérêt du texte, c’est l’apport du texte, pourquoi vous donne-t-on ce texte à commenter à
vous en tant que juriste et historien. Quel intérêt à ce texte pour vous pour comprendre ceci ou
cela par rapport à votre cours. Qu’est-ce que ce texte va apporter de nouveau ou non.

L’intérêt du texte, c’est ce qui va être le cœur de votre commentaire.

§ 5. L’élaboration du plan
!! Le plan doit toujours être apparent dans votre commentaire. Vous devez écrire les
titres sur votre copie. !!
A) Linéaire ou Thématique
En Histoire du Droit vous aurez toujours le choix entre le plan linéaire ou le plan thématique,
sauf exception, il vous est recommandé de toujours opter pour un plan linéaire. Le plan
linéaire vous facilitera la tâche et vous évitera bien des écueils. Pour faire un plan linéaire, il
vous suffit de découper le texte et d’identifier les différentes parties et les idées dans chacune
de partie. Si néanmoins, vous identifiez mal une idée ou de manière partiellement fausse alors
vous ne vous tromperez que sur la partie ou sous-partie correspondante. Si vous êtes dans le
cadre d’un plan thématique par contre c’est potentiellement toute votre copie qui sera fausse,
car le plan thématique ne se construit pas en suivant le texte ligne par ligne, mais en donnant
de la cohérence aux idées du texte et en les agençant d’une manière différente de laquelle
elles surgissent dans le texte. Vous allez donc dans un plan thématique devoir réordonner le
raisonnement de l’auteur et cela implique de parfaitement le comprendre et le maîtriser.

Il est donc plus simple de faire un plan linéaire, sauf pour certains textes comme les extraits
de constitution avec des articles où il est souvent plus commode de regrouper les articles
parlant d’un même sujet, mais qui ne se suivent pas forcément en une seule et même partie.
Néanmoins, si les articles se suivent et traitent de la même idée, il n’est pas nécessaire pour
autant de faire un plan thématique, le plan linéaire fonctionnera.

Dans 90% du temps on attendra de vous un plan linéaire et dans seulement 10% un plan
thématique.
Il faut donc toujours s’adapter à la logique texte.

B) Identifier les idées du texte

Vous en viendrez alors à déterminer les idées du texte et de l’auteur (v. l’encadré infra). Pour
faire un parallèle avec le commentaire de décision/ou d’arrêt, vous cherchez à identifier les
apports du texte. Pour y parvenir, vous chercherez au brouillon à former des blocs d’idées.
Ces blocs seront constitués du regroupement des informations « jetées sur le papier » en
phrase, vous vous servirez donc de votre lecture analytique pour constituer ces groupements.
Cela devrait ensuite vous donner un « découpage du texte » qui vous dira que de telle ligne à
telle ligne vous avez l’idée 1, puis de telle ligne à telle ligne une idée 2, ect… Rappelez-vous
souvent le texte est mis en forme pour vous aider, saut de ligne, ainsi que des connecteurs
logiques qui vous permettre de comprendre quand l’auteur passe d’une idée à l’autre. Vous
aurez donc déjà les parties du texte où vous n’aurez plus qu’à identifier les idées.

Afin de bien comprendre ce qu’on entend par « idée » du texte et de l’auteur voici trois
orientations pourront susciter la réflexion3 :
a. « Ce qu’il y a à dire à partir du texte de cet arrêt » (en opérant un tri) ;
b. « Ce que le correcteur attend que je dise » (pourquoi m’a-t-il soumis ce texte ? Faut-il
croire l’auteur sur parole ? Qu’est ce qui diffère ici de ce que me dis l’auteur par rapport au
cours ? Que ne dit-il pas ? Quelles sont les connaissances que le correcteur souhaite voir
rapprochées de cette décision ?) ;
c. « Ce que je veux dire à propos de cette décision » (il ne faut pas rester indifférent, mais en
Histoire du Droit vous n’êtes pas là pour exprimer votre opinion, par contre vous pouvez via
vos lectures et vos recherches exprimer une critique4 en faisant référence à vos recherches et
aux auteurs que vous reprenez/citez).

Fondamental : qu’est-ce qu’une idée ?


Le facteur d’échec le plus répandu de l’exercice de commentaire vient d’une
incompréhension à propos de ce que sont les « idées » du texte et de l’auteur.

Cela donne par exemple lors des corrections : « vous n’avez pas compris les idées du texte
» ou « toutes les idées du texte ne sont pas identifiées».

Bien comprendre ce que recouvre ce terme est donc essentiel. Nous commencerons par dire
ce que l’idée n’est pas (1) avant de dire ce qu’il doit être (2).

(1) Approche par la négative :


- ce n’est pas le sujet du texte ou d’une partie du texte, c’est plus fin que cela ;

En pratique, il est fréquent de retrouver dans les (mauvaises) copies des titres – censés
exprimer des idées – et, partant, des sous-parties, qui sont finalement simplement de la
paraphrase et qui redisent ce que le texte dit déjà. Souvent, l’erreur vient du fait que vous
avez mal compris les motivations de l’auteur, ou que vous maîtrisez insuffisamment votre
cours et la période pour comprendre le propos sous-jacent et son réel intérêt.

(2) Souvent une idée n’est pas explicitement exprimée par l’auteur. Il va évoquer un sujet et
VOUS devez ensuite venir expliquer son propos, voire parfois le découper en deux temps
en fonction de la présence d’une ou plusieurs idées. C’est de cette analyse que vous allez
extraire l’idée du texte. Cette analyse va être une sorte de « machine à laver intellectuelle »
dans laquelle vous faites passer le texte pour n’en extraire qu’un concentré pur. Il faut isoler
chaque idée du texte. Une idée est un élément de réflexion, par exemple un argument utilisé
par l’auteur, une définition donnée par l’auteur, une justification.

3
Tirés du manuel de méthodologie de Léo VANNIER
4
Une critique peut être négative comme positive
Reprenons le texte de Sieyes, Qu’est-ce que le Tiers-Etat qui vous est proposé : «Or, à qui
appartient-il de décider de pareilles contestations ? ». On voit ici très clairement que
« l’idée » dont il va être question, le problème qui se pose finalement, c’est celui de la
légitimité des constituants. Qui est légitime pour modifier ou rédiger une constitution et
répondre aux réclamations contre celle-ci ?

Il faut donc formuler simplement en une phrase, l’idée de chacune des 4 parties du texte,
car chaque sous partie de notre plan va correspondre à une idée du texte.

C) Les titres
Maintenant que les idées sont clairement définies vous allez devoir construire un plan. En
droit, le plan doit être en deux parties et deux sous parties, soit I/ A et B et II/ A et B.
Ce formalisme est imposé afin de tester votre capacité à vous conformer à des consignes
précises, mais aussi pour tester votre aisance et votre maîtrise afin de « rentrer » les idées dans
ce moule.

Bien entendu, les textes sont souvent prévus pour correspondre à cette exigence de plan en
deux parties, deux sous-parties. Parfois néanmoins, la logique du texte va vous imposer de
faire un plan en trois parties, deux sous-parties. Dans ce cas là en partiel, il vous sera précisé
que l’on attend de vous un plan en trois parties, donc par principe il faut toujours partir sur le
fait de faire un plan en deux parties.

A chaque sous parties correspond une idée du texte. Cela donne.

I/
A. Idée 1
B. Idée 2

II/
A. Idée 3
B. Idée 4

Vous allez devoir trouver des titres à vos sous-parties pour formuler au mieux les idées du
texte, mais aussi à vos parties (I et II) afin dégrouper les deux idées en un seul titre, donc
trouver le point commun, de convergence entre vos idées 1 et 2 et de même pour vos idées 3
et 4.
IMPORTANT :
- Vous indiquez pour chaque titre si c’est un plan linéaire les lignes de chaque partie du texte
que vous commentez pour chaque titre. Par exemple I/ ….. (L1 à 10) A/ ….. (L1 à 5)
B/…. (L6 à 10). Ceci afin de montrer au correcteur que vous avez bien découpé le texte
(parfois le fait de ne pas bien identifier les idées peut venir d’une erreur dans le découpage du
texte)
- Votre titre n’est pas une phrase et ne comporte donc PAS DE VERBE CONJUGES. Vous
pouvez utiliser des participes passés et présent.
- Pas de mot de liaison comme « et » qui indique la présence de deux idées dans un même
titre.
- Pas de titre débutant ou se terminant par « … » ou comportant d’autres signes de
ponctuation comme « : », « ; », « () ». La virgule est tolérée si elle est bien placée
- Pas d’abréviation

REMARQUE : Le plan est très important, il va témoigner de votre compréhension du texte


et des propos de l’auteur et aussi de votre capacité à employer les bons mots et ce de façon
clair et intelligible. Le plan est souvent la première chose que va regarder le correcteur afin de
vous si vous avez compris TOUTES les idées du texte. Si les titres ne sont pas explicites, il
lira évidemment vos développements, mais partira surement d’un apriori négatif sur votre
copie en pensant que tout n’a pas été compris. De plus, si vos titres ne sont pas clairs ou mal
construit il s’agit là aussi d’un souci de méthode qui sera sanctionné.
La méthode de construction des titres qui va vous être donné n’est pas une solution
universelle. C’est simplement une aide, un guide pour vous aider à construire de « bon » titre
et qui va aussi participer à votre effort de commentaire (la gymnastique intellectuelle autour
des notions et du texte). En réfléchissant sur comment formuler les idées et donc vos titres
cela va participer à l’effort même du commentaire.

Avertissement : Ce « testeur de titres »5 n’est pas LA méthode pour constituer votre titre,
mais UNE méthode parmi d’autre. La version qui vous en est livré ici est une version
alternée que j’ai moi-même élaborée et utilisée afin de la faire correspondre à l’exercice du
commentaire de texte en Histoire du Droit.
Elle permet de mettre des mots et expliquer sur bons nombres d’attendus implicites.

Le « testeur de titres » se propose de découper le titre en 4 éléments :

1). Élément formel : un article défini ou indéfini


Un titre commence toujours par : « Un/Une », « La/Le/L’ », etc.
C’est une pure obligation de forme, respectez la, cela montrera que vous connaissez les codes
et vous y gagnerez d’un point de vue esthétique.

2). Élément moteur ou dynamique : un mot décrivant l’action de l’auteur/ou de la


personne agissant via l’auteur du texte

a) Le titre se poursuit par un mot montrant que vous réalisez effectivement l’exercice
demandé, c’est-à-dire un commentaire de texte. Ce que vous commentez, c’est donc « ce que
l’auteur a dit » et ce que cela implique. Ce mot doit montrer le sens de l’action de l’auteur
sur le thème correspondant à la partie commentée. L’auteur a-t-il rapporter fidèlement des
faits ? Porte t’il un jugement ? Cherche t’il a convaincre ? A défendre une position ou des

5
Selon le nom qu’il lui a été donné dans le manuel de Léo VANNIER
intérêts ? Exprime t’il des faits qui traduisent une évolution institutionnelle ? Un changement
par rapport à une situation antérieure ? En fonction, vous pourrez choisir parmi les
expressions suivantes : « La/Une précision », « Un/Le refus », « Une/L’appréciation », «
Une/La justification », etc. (liste non exhaustive). Il importe de considérer cet élément
comme fondamental : il permettra à votre titre de dépasser le seul stade de la description
(et d’éviter cette remarque sur votre copie : « titres trop descriptifs »).

b) Si cela est trop compliqué d’attribuer une action à l’auteur, ne perdez pas un temps infini
là-dessus en partiel et dirigez-vous plutôt vers une autre solution. L’utilisation d’un mot
décrivant une action, mais pas forcément lié à l’auteur comme «Une/L’apparition»,
« l’évolution », « le passage », « la fin », « l’affaiblissement » qui sera alors plus lié à la
situation historique et institutionnelle que va décrire ou évoquer l’auteur. Vous comprenez
bien ici que l’on perdra en profondeur dans le propos et la critique, mais si l’action de l’auteur
est trop difficile à apprécier, cela ne sert à rien de s’appesantir dessus. En Histoire du Droit, il
arrive qu’un texte ne soit choisi seulement que pour traduire et illustrer une situation
historique particulière. Alors que cette méthode est construite pour les commentaires d’arrêt à
la base, donc ce qui compte ce ne sont pas les faits ou la procédure dans le cadre du
commentaire de décision, mais « l’apport » qui ressort de la décision du juge/ donc de
l’auteur.
Néanmoins, chercher un élément dynamique relatif à l’auteur en premier lieu est une bonne
approche en Histoire du Droit, car elle permet de ne pas oublier que le texte est le fruit d’un
auteur qui a lui-même ses propres visées, donc commencez toujours par rechercher cela avant
de vous resigner à la deuxième solution. L’effort de réflexion fournit vous sera toujours
bénéfique dans la compréhension du texte et pour votre commentaire.

3). Élément finaliste ou appréciatif : un adjectif qualificatif


Le titre continue par un adjectif indiquant le sens de votre commentaire sur la partie en
cause. Il précise votre appréciation sur l’action de l’auteur et donc la teneur du
commentaire. Vous pouvez, selon les cas, renforcer, compléter ou nuancer votre idée de
commentaire de l’idée concerné. Vous choisirez l’adjectif en fonction : « prévisible », «
ambigu(ë) », « attendue », etc. (liste extensible à l’infini). L’originalité est bienvenue :
l’utilisation d’un dictionnaire des synonymes vous permettra de varier les termes employés,
en cherchant à exprimer au plus près la pensée défendue. Cet adjectif qualificatif se rapportera
dans l’idéal à l’élément dynamique (Le rappel implicite de la possibilité de traiter
différemment les situations différentes) ; toutefois, il peut par exception se rapporter plutôt à
l’élément matériel (Le maintien d’une conception formelle du principe d’égalité).
Nuance : si cet élément vient la plupart du temps utilement compléter le précédent pour
apprécier la décision, il peut s’avérer contre-productif : certains adjectifs, par leur manque
de spécificité, n’apportent rien (ex. : « logique » ; « normal » ; « remarquable »).
L’important n’est pas tant d’avoir un titre qualifié qu’un titre appréciatif : dans certains
cas, un titre pourra se passer d’adjectif qualificatif.

Il ne faut pas chercher à qualifier pour qualifier. Bien souvent en Histoire du Droit, vous
n’aurez pas de qualificatif à adjoindre à votre titre, ou plutôt celui-ci n’apportera pas grand-
chose. Par exemple, si vous voulez dire que l’auteur a raconté fidèlement les faits, vous
pouvez dire « La narration fidèle de la Révolution de Février 1848 par l’auteur », néanmoins
si l’auteur ne fait que raconter des faits de manière fidèle vous risquez alors d’avoir le même
début de titre pour toutes vos parties et sous parties avec seulement l’élement matériel qui
divergera. Il y a donc des situations où l’intérêt du texte se situe plus dans les faits qu’il
raconte, que dans le fait que l’auteur le narre. Il faudra plutôt dans ce cas-là donc chercher à
apprécier l’élément matériel et si cela n’a aucune pertinence, tout simplement ne pas utiliser
de qualificatif.
Encore une fois, faire cet effort de qualification est très important pour donner du sens et de la
profondeur à votre commentaire, car si dans un commentaire, vous ne qualifiez que deux
titres sur 6, vous apportez déjà une plus-value importante au texte, mais surtout vous avez
aussi peaufiner votre compréhension du texte en vous questionnant dessus afin de le qualifier
même si in fine cela n’a pas donné lieu à l’apparition d’un qualificatif dans le titre de la sous-
partie en question.
4). Élément matériel : le sujet
Le titre se termine par la proposition précisant le sujet de la partie concernée. Cela montre
que vous commentez bien l’une des idées du texte. Vous veillerez à cet égard à ce que la
proposition reflète l’unité de sens de votre partie. Ainsi, un titre ne comprend nécessairement
qu’une seule idée (plus ou moins englobante en fonction de la position du titre, en partie ou
sous-partie). Par exemple dans « A. Le rappel du roi ». Il manque cet élément matériel,
l’auteur ici est le roi, il fait un rappel (action), pas d’élément qualificatif mais comme dit plus
haut ce n’est pas indispensable, et il manque finalement l’idée du texte.
Il aurait fallu mettre « A. Le rappel du roi relatif aux missions des comtes » on pourrait même
préciser à qui s’adresse le rappel si ce n’est pas assez clair, en l’espèce il s’adresse aux comtes
donc on évitera de le repréciser dans le titre, car cela apparaîtra comme évident.

Ce cadre méthodologique est particulièrement contraignant, mais il constitue un bon guide


pour éviter les erreurs sur le fond comme sur la forme.
Au final, ce test sécurise vos titres. Dans le même temps, il vous oblige à un effort de
précision et d’originalité sur le choix des éléments le composant (points 2). et 3).).
N’oubliez pas : « titrer est un art. Un art subtil qui exige concision, précision, esprit de
synthèse, mais aussi imagination et même une pointe de créativité »6.

TESTER SON PLAN UNE DERNIERE FOIS :


Il reste encore une dernière étape avant de valider votre plan.
1) La cohérence :
Cela peut paraître bête, mais vérifiez que vos titres ne se contredisent pas.
2) Imbrication
Vérifiez que votre I/A et votre I/B répondent bien à votre I, de même pour le II.
Si ils ne rentrent pas dans le I ou si ils traitent d’un sujet extérieur à ce que peut laisser
présager le I, il y a un soucis. Soit dans l’intitulé de votre I, soit dans l’idée de votre
sous-partie.

6
« De l’art du titre », Le Monde, 13 juin 2010.
3) Redondance
Vos titres ne doivent pas dire la même chose. Cela peut être le cas si vous avez mal
découpé votre texte. Votre I/A et I/B seront très certainement sur la même idée, car
vous n’aurez pas ou mal identifié une des deux idées et vous vous retrouverez à
composer sur UNE seule idée au lieu de deux.

4) Equilibre des parties


Vos parties doivent être équilibrées, c’est-à-dire que vous devez avoir plus ou moins
autant de chose à dire dans chacune d’elles. Il arrive que parfois vous ayez beaucoup
plus de chose à dire sur une idée qu’une autre, mais veillez à ce que cela reste dans
une proportion équilibrée. Si vous faites 5 pages sur une idée et une demi-page sur
l’autre, il y a un souci. Peut-être que vous avez mal identifié les idées du texte.

D) Le plan détaillé
Petite parenthèse, le plan dit « détaillé » est un plan accompagné des éléments que vous aurez
fait figurer dans vos développements, c’est-à-dire que vous ne devez pas écrire de phrase
(vous pouvez mais le but n’est pas d’écrire des paragraphes entiers) et de faire l’économie de
la rédaction.
Vous ne notez sous forme de tiret que les éléments de citation, d’explication et d’appréciation
dans chacune de vos sous parties.

§ 6. La rédaction de l’introduction

REMARQUE IMPORTANTE relative à la rédaction : Il est interdit d’utiliser « nous »,


« on ». Vous devez bannir à tout prix cela.
Cela tient à la nature même du commentaire comme expliquer plus haut. Vous n’êtes pas là
pour exprimer une opinion et l’usage de « nous », « on » risque alors de faire perdre en
intelligibilité et en clarté votre propos en plus de renvoyer une image d’une rédaction très
enfantine. Cela va créer une confusion pour vous et pour le lecteur entre ce que vous
rapportez du propos du texte (ce que dit l’auteur), ce que vous dites du propos de l’auteur
(votre explication) et ce qui peut aussi relever de votre pure opinion (quand vous n’êtes plus
dans le simple fait de commenter).

Astuce : Privilégiez donc toujours « L’auteur ... » , « Le texte …). Afin d’indiquer
clairement que vous ne faites que rapporter les propos de l’auteur et de les distinguer
ensuite de votre explication.
Par exemple ; « L’auteur explique que … Cette explication fait référence à … »

REMARQUE IMPORTANTE 2 : Vous ne devez JAMAIS citer votre texte dans


l’introduction. Cela reviendrait alors à débuter le commentaire alors que l’introduction est là
pour « introduire » votre commentaire et non être une première sous partie dissimulée.

A) L’accroche
Pour faire une bonne accroche, il faut comprendre le but de l’accroche. Le but de l’accroche
est d’introduire votre propos d’une manière élégante, mais surtout de montrer à votre lecteur
que vous maitrisez le sujet et que vous avez compris l’intérêt du texte.

1) Traditionnellement la citation est le type d’accroche à privilégier. Elle à l’élégance


littéraire, elle témoigne de votre connaissance du cours (vous connaissez par cœur une
phrase que vous êtes capable de reciter) et une citation bien choisie démontrera tout de
suite au correcteur que vous avez compris l’intérêt du texte et que vous savez où il faut en
venir pour commenter ce texte. IL NE DOIT PAS S’AGIR D’UNE CITATION DU
TEXTE
2) La deuxième solution est la référence à un événement historique. Elle est plus
académique, mais elle témoigne aussi très bien de votre connaissance du cours et de votre
compréhension de l’intérêt du texte en fonction de votre choix. En partiel, ne perdez pas
de précieuses minutes à chercher une citation, optez plutôt la référence à un événement
historique si aucune citation ne vous vient spontanément.

Le plus important, plus que le type d’accroche, c’est le lien que vous allez devoir faire à la
suite de votre citation ou de votre référence. Lier l’accroche au texte est obligatoire, cela ne
doit pas prendre plus d’une phrase.

Conseil : Si vous avez besoin de plus d’une phrase, c’est que vous avez mal
choisis votre citation ou votre référence, qu’elle est trop éloignée du sujet du texte.

Il y a 3 types de liens :
- un lien effectué par l’auteur : vous choisissez de citer le même auteur que celui du texte, mais
d’une date antérieure à celle du texte étudié, où un événement dans lequel il est impliqué.
- Un lien effectué par la période : vous pouvez citer un texte qui a une date proche de celle du
texte (jour, mois, année ou bien période) ou un événement proche
- Un lien effectué par le sujet du texte : le texte portant sur un objet précis, vous pouvez le
mettre en perspective avec une idée/citation traitant également de ce sujet.

Il faut TOUJOURS privilégier un lien en rapport avec le sujet et/ou l’intérêt du texte, car cela donnera
l’information à votre correcteur que vous avez compris le texte. Alors que les liens sur l’auteur ou la
période ne seront le plus souvent là que pour témoigner de votre connaissance du cours magistral.
Bien entendu, ces liens ne sont pas exclusifs, vous pouvez citer un texte de l’auteur traitant du même
sujet à une période rapproché, ou un événement de la même époque ayant un lien direct avec le sujet
du texte.
L’écueil à éviter ici sera de ne pas trop « griller de cartouche » en évoquant par exemple un événement
capital à la compréhension du texte et que vous serez amené à re-évoquer dans le contexte ou dans vos
développements.

L’accroche ne doit pas être plus longue que 2 phrases. Une phrase pour la citation ou la référence à un
événement historique, puis une seconde phrase pour faire le lien et expliquer l’intérêt de la citation ou
de la référence.

B) La nature du texte
Vous indiquerez la nature et le sujet du texte en reprenant votre fiche de texte. En fonction de
votre accroche, cette étape et les deux suivantes sont interchangeables.
C) L’auteur du texte
Vous indiquerez ici toutes les informations pertinentes sur le ou les auteurs du texte en le
présentant.

D) Le contexte historique du texte


Vous allez faire un rappel historique du contexte dans lequel ce texte a été rédigé.
Vous ne sélectionnez que les informations importantes qui serviront à faire apparaître
les enjeux et l’intérêt du texte.

Il se peut que le texte évoque sur des évènements qui se sont déroulés des années voire
des siècles plus tôt. Dans ce cas, il faudra non seulement revenir sur le contexte
contemporain (environ 1/4) de l’auteur mais aussi sur le contexte des évènements qu’il
relate (environ 3/4).

Ce paragraphe amène logiquement à analyser la thématique de votre texte, c’est-à-dire


son intérêt.

E) La thématique (l’intérêt du texte à distinguer du sujet)

« Elle est un axe de réflexion transversal du texte qui sera ensuite détaillé dans un
plan au paragraphe suivant. La thématique repose sur la mise en relation de l’objet
du texte avec son contexte historique, afin de dégager l’intérêt et les enjeux
juridiques dont sa rédaction est témoin. »7

Cette partie est capitale, car elle permet de voir si oui ou non vous êtes dans une
approche purement descriptive ou si vous allez mener une analyse critique.
L’intérêt du texte ne doit pas être trop vague : « l’évolution des institutions depuis la
Révolution », c’est trop vague. Il doit être précis et spécifique au texte, comme par
exemple : « l’importance de la nouvelle définition de la nation apportée par Sieyes
pour légitimer le coup d’Etat institutionnel des députés de Etats Généraux de 1789 se
proclamant Assemblée Nationale constituante ».

F) L’annonce du plan
Ce dernier paragraphe de votre introduction doit tenir sur une ligne. Il va venir répondre à
votre thématique et annoncer au lecteur votre plan qui est souvent le reflet du raisonnement de
l’auteur que vous allez apprécier. Par exemple : « L’auteur rappelle tout d’abord sa définition
de la nation (I), puis il s’en sert pour justifier les actes des constituants (II) »

Indiquez toujours entre parenthèses le I et le II.

7
MÉTHODOLOGIE DE RÉDACTION D’UN COMMENTAIRE DE TEXTE par Claire MERMOUD
§ 7. La rédaction des paragraphes
A) Citer
Afin de ne pas tomber dans l’exercice de dissertation, vous devez commencer par une
citation. Vous n’êtes pas obligé de mettre la citation tel quel, vous pouvez la découper
avec des (…) ou […], mais veillez toujours à ne pas la tronquer jusqu’au point où elle
en viendrait à perdre son sens originel.

Vous pouvez aussi l’introduire par une formule. Par exemple :

L’auteur explique et définit les attributs de la souveraineté « votre


citation ».

La citation peut être un mot, une expression, une phrase entière ou une partie
seulement. Attention à ne pas faire des citations trop longues.
Vous devez toujours indiquer la ligne du texte d’où est issue la citation, cela afin
d’indiquer à votre lecteur que votre plan linéaire est cohérent (votre citation est bien
dans la partie du texte qui correspond à votre sous partie) et cela facilite le travail du
correcteur.

Evitez dans un plan linéaire de citer des extraits du texte qui ne correspondraient pas
au découpage fait par votre plan. Cela donne l’impression que les idées sont alors mal
identifiées et que vous devez piocher à droite et à gauche pour faire tenir votre partie
construite de bric et de broc.

B) Expliquer
Après avoir cité le texte, vous allez apporter des connaissances pertinentes en lien
avec votre citation. Vos connaissances sont tirées de votre cours et/ou de vos
recherches. Pour faire un parallèle avec un autre exercice qui est le cas pratique. Cette
partie correspondrait à la « majeure », c’est-à-dire là où vous allez énoncer toutes vos
connaissances théoriques, citer des articles de loi, etc.

Ces connaissances peuvent être des définitions de termes clés, des exemples ou des
illustrations. Pensez toujours à ne pas affirmer des choses de manière péremptoire,
mais cherchez toujours à les étayer et les justifier avec des exemples.

Ensuite dans la partie suivante du développement vous allez appliquer ces


connaissances à la citation.

C) Commenter (appliquer et apprécier)


1) L’application
C’est la suite logique de l’étape précédente. L’application est un retour au texte. Vous
allez faire le lien entre les connaissances apporter et votre texte.

Par exemple, l’abbé Sieyès vous parle de « souveraineté nationale », vous mobilisez
vos connaissances à ce sujet. Vous expliquez alors qu’est-ce que la nation pour Sieyes,
comment est conçue la nation sous l’Ancien Régime, quelles sont les différences.
Ensuite, vous appliquez ; « dans ce texte l’auteur rappelle sa conception de la nation et
il la met en avant pour justifier le fait que les Etats Généraux et principalement le
Tiers-Etat et quelques membres du clergé se proclament alors Assemblée Nationale
constituante. La nation étant pour Sieyes incarnée par le Tiers-Etat, l’absence de la
noblesse n’est alors pas un problème » Bla bla bla.

Vous utilisez les connaissances que vous avez apportées afin d’expliquer le texte.

Bien sur si vous avez fait le choix d’apporter ces connaissances, c’est que vous les
avez jugé pertinentes et que vous avez déjà envisagé sur votre brouillon ce que vous
alliez en dire par rapport au texte.

2) L’appréciation

Si plus haut j’ai déjà commencé un petit peu cette étape en cherchant une justification
à l’usage de la notion de nation par Sieyès, je n’ai fait qu’esquisser le début de mon
appréciation en restant encore très collé à ma citation initiale et mes connaissances.
L’appréciation c’est aller plus loin, pour ne pas rester dans une analyse trop serrée du
texte. C’est ce qui va vous éviter la paraphrase.

Vous pouvez pour cela développer plusieurs pistes comme :


- Evaluer la portée de cette idée du texte. Par exemple, en quoi ce choix des
constituants fût important pour la suite (attention à ne pas aller trop loin).
- Apprécier dans son contexte l’action de l’auteur ? Pourquoi faire cela ? Quelles étaient
les risques ou les critiques qui pesant sur les constituants à ce moment-là ? Pourquoi
inviter quand même les représentants de la noblesse à les rejoindre ?
- Faire des rapprochements avec d’autres connaissances (que vous allez apporter à ce
moment de nouveau) ou une autre citation. Par exemple, le choix est-il tout à fait
clair ? N’évoque t’on pas aussi l’idée d’une souveraineté populaire issue d’une vision
antagoniste qui est celle de Rousseau ?
- Interpréter aussi le silence de l’auteur. Qu’est ce que l’auteur ne dit pas ou ne fait pas ?

Globalement vous allez formuler des hypothèses d’interprétation du texte, certaines seront
certaines et d’autres moins. Dans ce cas-là, précisez alors les autres possibilités mais
finissez toujours par trancher la question. Vous devez répondre à toutes les questions que
vous soulevez.
§ 8. Les chapeaux et transitions
A) Les chapeaux
Vous devez après chaque I et II faire une phrase qui va annoncer le A et le B. Les
chapeaux sont là pour fluidifier la lecture et tester la validité et la cohérence de votre
commentaire. Le I/A et le I/B doivent répondre au I.
Comme l’annonce du plan, n’utilisez pas de « il convient de… », de « nous », de « on » ou
autre. Contentez-vous de « L’auteur ….. (A), puis …… (B) »

I/
(chapeau)
A.
B.

II/
(chapeau)

A.
B.

B) Les transitions
Les transitions servent aussi à fluidifier la lecture de votre commentaire. Vous pouvez
sauter une ligne et mettre après CHAQUE sous-partie ET entre les I et II une phrase de
transition. Cela permet de montrer au correcteur que vous maîtrisez la méthode.

Cette phrase de transition sert à faire le lien entre l’idée que vous venez d’analyser et celle
qui va venir.

I/
(chapeau)
A.
(Transition)
B.
(Transition)

II/
(chapeau)

A.
(Transition)
B.
(Transition vers la conclusion)
§ 9. La conclusion
La conclusion n’est en aucun cas une synthèse !
Il n’est pas non plus une « ouverture » dans le sens où vous ne devez pas poser une question à
laquelle vous ne répondrez pas. La conclusion ne doit pas dépasser les 3 phrases. Elle va vous
permettre de montrer que vous connaissez votre cours et les événements qui vont survenir après
le texte et en lien avec son objet (son sujet).

Par exemple, pour le texte de Sieyès vous pourrez évoquer le choix fait par les constituants par
la suite si vous ne l’avez pas déjà évoqué dans votre commentaire ou même avancer encore plus
loin en parlant par exemple du coup d’Etat du 18 brumaire an VIII, du rôle de Sieyès et en quoi
ses idées développées dans Qu’est ce que le Tiers-Etat s’y prolongent ou non (de manière très
synthétique toujours, cela ne doit pas dépasser les 3-4 phrases).

Ne négligez pas la conclusion, cela peut vous sauver si votre copie n’est pas excellente, car elle
témoignera du fait que vous ayez bien appris votre cours malgré tout. Dans le cas d’une bonne
copie, c’est la cerise sur le gâteau parachevant un travail de qualité. Dans le cadre d’un devoir
fait à la maison, elle est indispensable, car vous n’avez aucune excuse de temps ou de
connaissance pour ne pas la faire.

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