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SÉANCE N° 1 :
Friedrich Schleiermacher
Objectif de la séance :
Préparation de la séance :
texte » et préparer à l’écrit toutes les questions éventuelles que vous auriez afin que
page.
Déroulé de la séance :
minutes.
2) Rédaction d’une introduction dans laquelle devront être présentés tous les éléments
3) Présentation d’un plan détaillé (sous la forme suivante : I. A/, B/ ; II. A/, B/)
PROPOS LIMINAIRES :
L’architecte Louis Sullivan résume, peut-être malgré-lui, l’esprit dont procède l’exercice
du commentaire de texte :
« Toutes les choses ont dans la nature une forme, un aspect extérieur, qui nous indique
ce qu’elles sont, ce qui les distingue par rapport à nous et entre elles… Il semble que la vie et
la forme soient un tout inséparable et que le sens de l’accomplissement soit dans cette
correspondance mutuelle. Qu’il s’agisse de l’aigle planant dans les airs ou du pommier en
fleur, du cheval de trait qui peine ou du cygne alerte, de l’eau qui suit les méandres de la
rivière ou du chêne ramifié, des nuages qui passent ou du mouvement du soleil, la forme suit
toujours la fonction et telle est la loi. Pas de changement de forme sans changement de
fonction. La loi de tout ce qui est organique, ou inorganique, de toutes les choses physiques
et métaphysiques, humaines et surhumaines, de toutes les manifestations effectives de la tête,
du cœur et de l’âme, est que la vie est décelable par son expression, que la forme suit la
fonction. Et telle est la loi. »
Que vous soyez à la recherche d’un savoir-faire strictement pratique ou non, veillez à ne
pas refuser ce que l’exercice demande de mobilisation intellectuelle. En l’espèce, cette
première séance vous permettra de comprendre ce que vous devrez faire tout au long de
l’année. Or, en matière de commentaire, comprendre c’est commenter avant même que les
mots ne matérialisent cet état de fait.
Dans cette perspective, pour comprendre ce qu’est – et donc ce que n’est pas – un
commentaire, il convient de se poser la question de l’utilité de l’exercice, de sa raison d’être.
La fonction du commentaire est d’assoir un raisonnement relatif à un document sur des
inférences valides. C’est à ce titre qu’il vous faut être capable de proposer une
démonstration de nature à valider votre compréhension du texte. Une explication claire
du texte par une interprétation fondée sur l’articulation de connaissances approfondies d’un
contexte entourant l’élaboration, la diffusion et la réception du texte à commenter doit vous
permettre d’être en mesure de comprendre ce que dit autant que ce que ne dit pas ce dernier.
Ainsi, votre introduction doit servir de support pour la démonstration de votre bonne
compréhension du texte. Vous allez donc orienter votre réflexion en fonction de cette dernière.
De la sorte, vous devez pouvoir en déduire une problématique qui correspond, en faits, à la
manière que vous aurez eu d’interroger le ou les éléments que vous aurez jugés saillants du
texte. Cette problématique doit constituer le grain de sable autour duquel va venir se former la
perle de votre raisonnement : la démonstration de votre annonce de plan (qui correspond, en
réalité, à la réponse de votre problématique). Cette démonstration correspond à votre
développement en deux parties et quatre sous-parties.
En matière de commentaire, il existe deux règles qui doivent servir 1) de bornes aux
velléités de votre esprit et, par là même, 2) de critère objectif d’évaluation.
Travaux Dirigés : Introduction historique au droit
Année universitaire 2023/2024 ; S2
Responsable du cours : M. le Professeur Olivier Devaux
Chargé des travaux dirigés : M. Vianney Dappe
LES LECTURES :
L’exercice du commentaire de texte implique, avant les étapes de mise au brouillon et de
rédaction, la phase de lectures (le pluriel est important) du texte à étudier. Or, sous les
apparences d’un truisme se cachent de véritables exigences méthodologiques.
Une première lecture volontairement naïve peut faire partie intégrante du travail. En
effet, c’est par celle-ci que vous comprendrez ce que le texte cherche à justifier de la façon
que le texte entend le justifier. Aussi comprendrez-vous ce que le texte souhaite faire
comprendre à ceux à qui il se destine. Ce premier contact essentiel car il participe
certainement du projet de l’auteur. Ainsi, cette lecture vous mène vers le sens premier du texte
qu’il est impératif de comprendre avant de pouvoir aller plus loin. Cependant, s’il est
fondamental de comprendre le sens premier, littéral, d’un texte, il n’en n’est pas moins
principiel de comprendre qu’il ne s’agit que de son sens obvie. Aussi, cette première lecture
est-elle le point de départ d’une recherche autour des linéaments du texte, de son architecture,
dont l’analyse qui interviendra en seconde intention doit vous permettre d’en révéler, d’en
dévoiler les subtilités.
sens. En effet, celles-ci semblent conçues pour « permettre au lecteur de dépasser les
apparences et de voir la vérité derrière la feinte »1. C’est ce que Fabrice Galtier nomme une
« rhétorique du dévoilement »2. Or, c’est bien là que se trouve le véritable enjeu du
commentaire : être en mesure de lire à travers les lignes, de comprendre le sous-texte et, par là
même, de dévoiler la raison profonde de laquelle procède le texte. Il faut donc avoir en tête
que votre lecture devra impérativement être critique. A défaut, vous risquez, non plus
volontairement, d’entériner des conclusions sujettes à la discussion. Partant, vous vous
exposez à un écueil connu : celui d’exposer, c’est-à-dire de décrire, plutôt que de commenter.
Ainsi, la seconde lecture doit être critique. Par là même, elle doit vous permettre de
déterminer les éléments saillants du texte. Encore faut-il être en mesure de les identifier.
Ceux-ci sont très généralement de deux types : 1) les éléments qui servent à déterminer le but
(réel et/ou affiché) de l’auteur et 2) les éléments rhétoriques qui viennent appuyer la
démonstration que l’auteur entend proposer aux fins de servir son propos. En effet, n’est pas
un élément saillant du texte n’importe quelle idée semblant intéressante à développer. C’est la
raison pour laquelle il faut être en mesure, au moment de ce travail liminaire, de pouvoir
justifier de la pertinence du choix des éléments considérés comme matriciels.
1) Existe-t-il une concordance entre le but affiché par le texte et le but réel de l’auteur ?
1) S’il y a concordance entre le but affiché et le but réel du texte : compte tenu de votre
connaissance du contexte, pouvez-vous affirmer, arguments à l’appui, que l’auteur sert
correctement son dessein ? Et inversement ?
2) S’il n’y a pas concordance entre le but affiché et le but réel du texte : compte-tenu de
votre connaissance du contexte, pouvez-vous émettre des hypothèses, arguments à
l’appui, de nature à justifier la dissimulation du but réel ?
Pour le dire autrement, il peut être intéressant d’interroger le but du texte afin de
comprendre les moyens logiques et/ou rhétoriques qu’il met en place pour réaliser ses
objectifs. De la même façon, et dans un second temps, il convient de s’intéresser à la
concordance entre le but affiché par l’auteur dans ce texte et l’objectif réel ou inavoué auquel
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il vous semble que concourent les différents éléments rhétoriques mobilisés par l’auteur. Ce
peut être très utile pour esquisser un premier squelette de votre commentaire (I/ But(s) ; II/
Moyens).
L’INTRODUCTION :
Dans le but d’apporter de bonnes réponses à un examen - dans le cadre des partiels ou
d’un concours - qui ne vous pose aucune question de manière explicite, il est nécessaire
d’envisager les bonnes interrogations qui les sous-tendent et d’y répondre dès l’introduction
afin de poser les bornes de votre raisonnement.
Votre introduction doit donc venir répondre de manière satisfaisante – c’est-à-dire logique
– à différentes interrogations obligatoires : quelles sont la nature et l’origine du document ?
Qui en est l’auteur ? A quelle date et dans quel contexte le texte a-t-il été pensé puis
rédigé ? Quel est le lieu de rédaction ? Le lieu de publication ? Quels sont, en l’espèces,
les différents thèmes abordés par le texte ? De ces premiers éléments de réponses
découlent d’autres questionnements : Quel est le but affiché par l’auteur ? Quel peut
être l’objectif réel de son texte ? etc. Il est fortement conseillé de faire apparaître clairement
les connecteurs logiques en début de phrase afin que le lien entre les différentes étapes
constitutives de votre travail soit évident. Ainsi, les réponses successives à ces questions
doivent premièrement permettre d’orienter votre lecteur vers votre problématique avant même
que vous l’ayez posée. Secondement, la succession de ces interrogations a pour fonction de
démontrer le fait que votre conclusion (votre annonce de plan) soit vraie relativement à
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votre problématique (pour le dire autrement, elle ne doit pas être fausse compte-tenu des
éléments que vous avez relevés).
4) [Intérêt du sujet] : Ici, vous déduirez de tous les éléments précédemment développés
l’intérêt intellectuel de produire un commentaire sur ce texte en particulier. Par là
même, vous justifiez de la pertinence de la problématique que vous proposerez.
5) [Problématique] : il s’agit non seulement de présenter la question dont la réponse
justifie la lecture particulière que vous avez du texte à commenter mais également de
l’insérer logiquement en fin d’introduction. Pour le dire autrement, vous devez
pouvoir la déduire des différents éléments que vous aurez développé en amont. Une
façon simple de vérifier la logique de l’insertion de votre problématique est de
commencer la phrase par laquelle vous la présentez par « par voie de conséquence, de
la sorte, ainsi etc. ».
6) [Annonce de plan] : Il s’agit ni plus ni moins d’une phrase ou d’un court paragraphe
par lequel vous répondez clairement à votre problématique. Le but est ici de parvenir à
trouver une réponse simplement divisible en deux idées. Celles-ci seront alors
simplement déportées en titre de vos deux grandes parties. De cette façon vous devriez
pouvoir éviter l’écueil consistant à produire, dans l’une de vos parties ou sous-parties,
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LE DEVELOPPEMENT :
François Gény posait une question fondamentale en matière de commentaire qui, eu égard
à la formation que vous avez choisie, doit doublement vous intéresser : « De quelle façon,
jurisconsultes, travaillons-nous en fait ? De quelle façon devons-nous travailler ? ». Sa
formule, désormais classique, est la suivante : « par le Code civil, mais au-delà du Code
civil ». Son ami, Raymond Saleilles, opère un faux renversement grammatical en proclamant
que le travail de l’interprète, c’est-à-dire, du commentateur devait être de rechercher « au-delà
du Code civil, mais par le Code civil ». Or, ces deux formules, en ce qu’elles insistent autant
sur « l’au-delà » du texte que « par » le texte résument, à elles seules, tous les attendus
formels d’un commentaire de texte. En effet, s’il est évident que l’introduction permet de
contextualiser, c’est-à-dire d’en venir au texte par-delà le texte, votre développement doit
suivre le cheminement inverse et complémentaire pour justifier de la cohérence de votre
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travail : parvenir au-delà du texte mais par le texte. De cette façon, il convient de faire
apparaître formellement la majeure partie texte dans votre développement à l’appui de votre
démonstration. Aussi, le citer doit vous permettre de dépasser la citation. Pareillement, le
dépassement du texte doit pouvoir être justifié par le texte lui-même expressément cité. Vous
comprenez dès lors que l’idée est de tracer un cercle – de l’introduction au développement et
du développement à l’introduction - de façon à boucler la boucle sans jamais tourner en rond.
De la sorte, vous vous assurez d’éviter les deux écueils mentionnés plus tôt : 1) la paraphrase
et 2) le contre-sens.
A) Titre
Phrase de transition
B) Titre
Phrase de Transition
A) Titre
Transition
B) Titre
Dans l’idéal, il faudrait que les titres de vos deux grandes parties se répondent.
Pareillement, il serait intéressant que vous vous exerciez à faire correspondre, aux titres de
deux de vos sous-parties, les titres de vos deux autres sous-parties ou à l’un des titres de l’une
de vos sous-parties, l’autre titre de votre seconde sous-partie.
», vise à la compréhension intégrale qui n’existe, selon lui, que dans un mouvement
d’approximation d’infini. Aussi l’herméneutique et, par là même, l’exercice du commentaire
de texte, doit permettre de tendre à la compréhension tout en posant et en acceptant
l’impossibilité d’y parvenir complètement… fit interpretando interpres !
MISE EN PRATIQUE :