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Travaux Dirigés : Introduction historique au droit

Année universitaire 2023/2024 ; S2


Responsable du cours : M. le Professeur Olivier Devaux
Chargé des travaux dirigés : M. Vianney Dappe

SÉANCE N° 1 :

MÉTHODOLOGIE DU COMMENTAIRE DE TEXTE

Friedrich Schleiermacher

F. Lehmann, milieu du XIXème siècle


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Objectif de la séance :

Cette séance a pour objectif de vous faire parvenir à maîtriser la méthode du

commentaire de texte. Cet exercice est nécessaire à la réussite de la licence en droit.

Préparation de la séance :

1) Lire attentivement la partie intitulée « un petit guide pratique du commentaire de

texte » et préparer à l’écrit toutes les questions éventuelles que vous auriez afin que

nous puissions éclaircir ces points durant les travaux dirigés.

2) A l’aune des différents éléments développés dans ce document, vous tenterez de

justifier, à l’écrit, le choix de prendre ce portrait de Friedrich Schleiermacher en guise

d’illustration de la séance. Également, vous commenterez le texte proposé en dernière

page.

Déroulé de la séance :

1) Rappels essentiels des règles entourant l’exercice du commentaire ; durée : 20

minutes.

2) Rédaction d’une introduction dans laquelle devront être présentés tous les éléments

rappelés durant la première demi-heure ; durée : 30 minutes.


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3) Présentation d’un plan détaillé (sous la forme suivante : I. A/, B/ ; II. A/, B/)

permettant de répondre à la problématique ; durée : 30 minutes.

UN PETIT GUIDE PRATIQUE DU


COMMENTAIRE DE TEXTE

PROPOS LIMINAIRES :
L’architecte Louis Sullivan résume, peut-être malgré-lui, l’esprit dont procède l’exercice
du commentaire de texte :

« Toutes les choses ont dans la nature une forme, un aspect extérieur, qui nous indique
ce qu’elles sont, ce qui les distingue par rapport à nous et entre elles… Il semble que la vie et
la forme soient un tout inséparable et que le sens de l’accomplissement soit dans cette
correspondance mutuelle. Qu’il s’agisse de l’aigle planant dans les airs ou du pommier en
fleur, du cheval de trait qui peine ou du cygne alerte, de l’eau qui suit les méandres de la
rivière ou du chêne ramifié, des nuages qui passent ou du mouvement du soleil, la forme suit
toujours la fonction et telle est la loi. Pas de changement de forme sans changement de
fonction. La loi de tout ce qui est organique, ou inorganique, de toutes les choses physiques
et métaphysiques, humaines et surhumaines, de toutes les manifestations effectives de la tête,
du cœur et de l’âme, est que la vie est décelable par son expression, que la forme suit la
fonction. Et telle est la loi. »

- Louis Sullivan, The Tall Office Building Artistically Considered, 1896


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Ainsi, il existe des règles formelles détourant l’élaboration et la rédaction d’un


commentaire. Ces règles dictent la forme que votre travail doit revêtir. Ne pas les respecter
vous assure de ne pas obtenir la moyenne précisément parce qu’elles ont pour but de donner
une cohérence à votre travail.

Que vous soyez à la recherche d’un savoir-faire strictement pratique ou non, veillez à ne
pas refuser ce que l’exercice demande de mobilisation intellectuelle. En l’espèce, cette
première séance vous permettra de comprendre ce que vous devrez faire tout au long de
l’année. Or, en matière de commentaire, comprendre c’est commenter avant même que les
mots ne matérialisent cet état de fait.

Dans cette perspective, pour comprendre ce qu’est – et donc ce que n’est pas – un
commentaire, il convient de se poser la question de l’utilité de l’exercice, de sa raison d’être.
La fonction du commentaire est d’assoir un raisonnement relatif à un document sur des
inférences valides. C’est à ce titre qu’il vous faut être capable de proposer une
démonstration de nature à valider votre compréhension du texte. Une explication claire
du texte par une interprétation fondée sur l’articulation de connaissances approfondies d’un
contexte entourant l’élaboration, la diffusion et la réception du texte à commenter doit vous
permettre d’être en mesure de comprendre ce que dit autant que ce que ne dit pas ce dernier.
Ainsi, votre introduction doit servir de support pour la démonstration de votre bonne
compréhension du texte. Vous allez donc orienter votre réflexion en fonction de cette dernière.
De la sorte, vous devez pouvoir en déduire une problématique qui correspond, en faits, à la
manière que vous aurez eu d’interroger le ou les éléments que vous aurez jugés saillants du
texte. Cette problématique doit constituer le grain de sable autour duquel va venir se former la
perle de votre raisonnement : la démonstration de votre annonce de plan (qui correspond, en
réalité, à la réponse de votre problématique). Cette démonstration correspond à votre
développement en deux parties et quatre sous-parties.

En matière de commentaire, il existe deux règles qui doivent servir 1) de bornes aux
velléités de votre esprit et, par là même, 2) de critère objectif d’évaluation.
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REGLE N° 1 : IMAGINER N’EST PAS INTERPRETER

REGLE N° 2 : ARGUMENTER N’EST PAS DEMONTRER

La principale difficulté du commentaire de texte se trouve être le degré de paresse qui


nous caractérise tous. Par paresse, il faut ici comprendre qu’il s’agit du refus de faire ce qui
est attendu. Il est donc tout à fait envisageable de passer plusieurs heures ou dizaines d’heures
sur un texte sans pour autant que le caractère paresseux de ce travail ne soit exclu. Pensez au
mot célèbre de Jerome Klapka Jerome dans Trois hommes dans un bateau (sans parler du
chien) : « J’aime le travail, il me fascine. Je peux le contempler pendant des heures ». Le but
des travaux dirigés n’est pas de vous faire passer, par paresse, des heures devant l’exercice :
ce serait, vous en conviendrez, beaucoup de temps perdu ! En effet, la paresse ne consiste pas
à ne pas travailler mais à mal travailler suivant une habitude qui rassure et ne demande pas de
gros efforts intellectuels. Ce comportement est imputable au fait que nous ayons tous des
acquis, des habitudes sur lesquels on consent difficilement à revenir. De la sorte, l’étape
préalable à la réalisation d’un commentaire de texte est d’assimiler ces règles pour ce qu’elles
sont : 1) l’outil permettant la réalisation d’un travail efficace et, partant, vous permettant de
passer le moins de temps possible à un bureau et 2) les limites à votre imagination (ou à celle
de ChatGPT !) en ce sens qu’il vous faut impérativement tenter de justifier vos assertions.
Celles-ci doivent donc vous permettre de proposer une interprétation logique du sens des mots
du texte par la proposition d’inférences valides (ou, à tout le moins, valables) eu égard au
degré de connaissances qu’il est légitimement attendu que vous possédiez sur le contexte
entourant l’œuvre à commenter. Ultimement, ce travail doit vous permettre de dégager le
sous-texte, c’est-à-dire, de faire parler les silences. Autrement dit, de comprendre.

A cet égard, il existe une formule quasi mathématique très simple :


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TEXTE + CONTEXTE = SOUS-TEXTE

LES LECTURES :
L’exercice du commentaire de texte implique, avant les étapes de mise au brouillon et de
rédaction, la phase de lectures (le pluriel est important) du texte à étudier. Or, sous les
apparences d’un truisme se cachent de véritables exigences méthodologiques.

Une première lecture volontairement naïve peut faire partie intégrante du travail. En
effet, c’est par celle-ci que vous comprendrez ce que le texte cherche à justifier de la façon
que le texte entend le justifier. Aussi comprendrez-vous ce que le texte souhaite faire
comprendre à ceux à qui il se destine. Ce premier contact essentiel car il participe
certainement du projet de l’auteur. Ainsi, cette lecture vous mène vers le sens premier du texte
qu’il est impératif de comprendre avant de pouvoir aller plus loin. Cependant, s’il est
fondamental de comprendre le sens premier, littéral, d’un texte, il n’en n’est pas moins
principiel de comprendre qu’il ne s’agit que de son sens obvie. Aussi, cette première lecture
est-elle le point de départ d’une recherche autour des linéaments du texte, de son architecture,
dont l’analyse qui interviendra en seconde intention doit vous permettre d’en révéler, d’en
dévoiler les subtilités.

Il convient donc de se remémorer ce qu’est l’exercice du commentaire. A cet égard, la


conception même des Annales de l’historien et commentateur romain Tacite nous renseigne
abondamment et nous rappelle qu’il s’agit là d’un exercice plurimillénaire fondé sur le bon
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sens. En effet, celles-ci semblent conçues pour « permettre au lecteur de dépasser les
apparences et de voir la vérité derrière la feinte »1. C’est ce que Fabrice Galtier nomme une
« rhétorique du dévoilement »2. Or, c’est bien là que se trouve le véritable enjeu du
commentaire : être en mesure de lire à travers les lignes, de comprendre le sous-texte et, par là
même, de dévoiler la raison profonde de laquelle procède le texte. Il faut donc avoir en tête
que votre lecture devra impérativement être critique. A défaut, vous risquez, non plus
volontairement, d’entériner des conclusions sujettes à la discussion. Partant, vous vous
exposez à un écueil connu : celui d’exposer, c’est-à-dire de décrire, plutôt que de commenter.

Ainsi, la seconde lecture doit être critique. Par là même, elle doit vous permettre de
déterminer les éléments saillants du texte. Encore faut-il être en mesure de les identifier.
Ceux-ci sont très généralement de deux types : 1) les éléments qui servent à déterminer le but
(réel et/ou affiché) de l’auteur et 2) les éléments rhétoriques qui viennent appuyer la
démonstration que l’auteur entend proposer aux fins de servir son propos. En effet, n’est pas
un élément saillant du texte n’importe quelle idée semblant intéressante à développer. C’est la
raison pour laquelle il faut être en mesure, au moment de ce travail liminaire, de pouvoir
justifier de la pertinence du choix des éléments considérés comme matriciels.

EXEMPLE DE MISE EN PRATIQUE D’UNE LECTURE CRITIQUE :

D’abord, il peut être intéressant de se poser deux questions :

1) Quelle semble être la question, l’interrogation ou le problème que le texte entend


résoudre ? Il s’agit du questionnement envisagé par l’auteur tel que le texte le laisse
paraître
2) Quelle semble être la réponse, la solution apportée par cet écrit ? Il s’agit là du but
affiché par le texte.
1
LAIGNEAU-FONTAINE Sylvie, Rome par les textes, Les Belles Lettres, 2023, p. 201.
2
GALTIER Fabrice, « Tacite, Annales I-II”, Silves latines, 2012-2013, Atlande, 2012, p. 160, cité par Sylvie
Laigneau-Fontaine.
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Ensuite, et après y avoir répondu, il convient de se poser deux nouvelles questions :

1) Quelles peuvent être les raisons/motivations/intérêts qui poussent le texte à envisager


cette interrogation ?
2) Quelles peuvent être les raisons/motivations/intérêts qui poussent le texte à envisager
cette interrogation précisément sous l’angle par lequel il l’envisage ?

Après, compte-tenu des éléments de réponse que vous y apporterez et de vos


connaissances entourant l’élaboration et l’écriture du texte (vous pouvez par exemple
rechercher à qui le texte est-il originellement destiné, cette connaissance s’avère souvent très
précieuse), il vous faudra envisager une dernière question :

1) Existe-t-il une concordance entre le but affiché par le texte et le but réel de l’auteur ?

Enfin, deux possibilités :

1) S’il y a concordance entre le but affiché et le but réel du texte : compte tenu de votre
connaissance du contexte, pouvez-vous affirmer, arguments à l’appui, que l’auteur sert
correctement son dessein ? Et inversement ?
2) S’il n’y a pas concordance entre le but affiché et le but réel du texte : compte-tenu de
votre connaissance du contexte, pouvez-vous émettre des hypothèses, arguments à
l’appui, de nature à justifier la dissimulation du but réel ?

Pour le dire autrement, il peut être intéressant d’interroger le but du texte afin de
comprendre les moyens logiques et/ou rhétoriques qu’il met en place pour réaliser ses
objectifs. De la même façon, et dans un second temps, il convient de s’intéresser à la
concordance entre le but affiché par l’auteur dans ce texte et l’objectif réel ou inavoué auquel
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il vous semble que concourent les différents éléments rhétoriques mobilisés par l’auteur. Ce
peut être très utile pour esquisser un premier squelette de votre commentaire (I/ But(s) ; II/
Moyens).

Ce travail préparatoire effectué, il est nécessaire de s’intéresser à la forme que doit


formellement revêtir votre commentaire.

L’INTRODUCTION :
Dans le but d’apporter de bonnes réponses à un examen - dans le cadre des partiels ou
d’un concours - qui ne vous pose aucune question de manière explicite, il est nécessaire
d’envisager les bonnes interrogations qui les sous-tendent et d’y répondre dès l’introduction
afin de poser les bornes de votre raisonnement.

Votre introduction doit donc venir répondre de manière satisfaisante – c’est-à-dire logique
– à différentes interrogations obligatoires : quelles sont la nature et l’origine du document ?
Qui en est l’auteur ? A quelle date et dans quel contexte le texte a-t-il été pensé puis
rédigé ? Quel est le lieu de rédaction ? Le lieu de publication ? Quels sont, en l’espèces,
les différents thèmes abordés par le texte ? De ces premiers éléments de réponses
découlent d’autres questionnements : Quel est le but affiché par l’auteur ? Quel peut
être l’objectif réel de son texte ? etc. Il est fortement conseillé de faire apparaître clairement
les connecteurs logiques en début de phrase afin que le lien entre les différentes étapes
constitutives de votre travail soit évident. Ainsi, les réponses successives à ces questions
doivent premièrement permettre d’orienter votre lecteur vers votre problématique avant même
que vous l’ayez posée. Secondement, la succession de ces interrogations a pour fonction de
démontrer le fait que votre conclusion (votre annonce de plan) soit vraie relativement à
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votre problématique (pour le dire autrement, elle ne doit pas être fausse compte-tenu des
éléments que vous avez relevés).

L’on peut résumer très simplement les choses ainsi :

LE BUT DE L’INTRODUCTION EST D’EN VENIR AU TEXTE, PAR-DELA LE


TEXTE

Formellement, l’introduction se décompose de la manière suivante :

1) [Paragraphe d’accroche] : Une citation en lien avec le ou les thèmes saillants


abordés ou l’auteur dont il est question ici. Elle doit impérativement être suivie d’une
ou plusieurs phrases de liaison avec la partie suivante. Le but est de permettre à votre
lecteur comprendre le lien logique que vous faites entre ladite citation et la suite de
l’introduction. Il s’agit donc, d’une part, de justifier la pertinence de votre choix et,
d’autre part, de permettre une transition fluide avec la partie suivante.
2) [Auteur et nature du texte] : Il s’agit ici de présenter tous les éléments en lien direct
– et uniquement ceux-ci – avec le contexte d’élaboration, de production et,
éventuellement, de publication du texte. De cette façon, il est par exemple nécessaire
de présenter l’auteur et le contexte particulier dans lequel il pense et écrit le texte
proposé à votre réflexion. C’est dans cette partie de l’introduction qu’interviennent
successivement les réponses aux questions canoniques (qu’il convient de lier) : nature
et origine du document, l’auteur et son lien avec les questions qu’il traite, date et
contexte d’élaboration, d’écriture et de publication, lieu de publication, état de la
censure etc. C’est également ici que pourra être une première fois envisagée la
question de la portée (symbolique, politique, institutionnelle etc.) du texte. A cet égard,
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il peut être intéressant de s’intéresser à l’historiographie en lien avec l’auteur et les


thèmes abordés.
3) [Ecueils propres au texte] : Avant de passer à la question de l’intérêt du sujet et d’en
déduire la pose de la problématique, il est impératif d’envisager les écueils propres au
texte. Il s’agit moins ici de s’intéresser aux pierres sur lesquels vous pensez que
l’auteur achoppe que de se pencher sur les éléments dont vous estimez déjà qu’ils
seront de nature à empêcher une compréhension intégrale du texte. En effet, il faut se
souvenir qu’un commentaire est à l’image de la tangente : le but est de parvenir à une
compréhension intégrale du texte tout en sachant qu’il ne vous sera possible que
d’accéder à une compréhension partielle. Encore faut-il montrer que vous avez
conscience de cette réalité et qu’elle est imputable, en l’espèce, à tel ou tel élément. Le
but est ici d’adopter de bons réflexes méthodologiques dès l’entrée en Master.

4) [Intérêt du sujet] : Ici, vous déduirez de tous les éléments précédemment développés
l’intérêt intellectuel de produire un commentaire sur ce texte en particulier. Par là
même, vous justifiez de la pertinence de la problématique que vous proposerez.
5) [Problématique] : il s’agit non seulement de présenter la question dont la réponse
justifie la lecture particulière que vous avez du texte à commenter mais également de
l’insérer logiquement en fin d’introduction. Pour le dire autrement, vous devez
pouvoir la déduire des différents éléments que vous aurez développé en amont. Une
façon simple de vérifier la logique de l’insertion de votre problématique est de
commencer la phrase par laquelle vous la présentez par « par voie de conséquence, de
la sorte, ainsi etc. ».
6) [Annonce de plan] : Il s’agit ni plus ni moins d’une phrase ou d’un court paragraphe
par lequel vous répondez clairement à votre problématique. Le but est ici de parvenir à
trouver une réponse simplement divisible en deux idées. Celles-ci seront alors
simplement déportées en titre de vos deux grandes parties. De cette façon vous devriez
pouvoir éviter l’écueil consistant à produire, dans l’une de vos parties ou sous-parties,
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une simple description plutôt qu’une véritable démonstration. Ici, souvenez-vous du


rasoir d’Ockham que vous avez étudié en classe de terminale !

LE DEVELOPPEMENT :
François Gény posait une question fondamentale en matière de commentaire qui, eu égard
à la formation que vous avez choisie, doit doublement vous intéresser : « De quelle façon,
jurisconsultes, travaillons-nous en fait ? De quelle façon devons-nous travailler ? ». Sa
formule, désormais classique, est la suivante : « par le Code civil, mais au-delà du Code
civil ». Son ami, Raymond Saleilles, opère un faux renversement grammatical en proclamant
que le travail de l’interprète, c’est-à-dire, du commentateur devait être de rechercher « au-delà
du Code civil, mais par le Code civil ». Or, ces deux formules, en ce qu’elles insistent autant
sur « l’au-delà » du texte que « par » le texte résument, à elles seules, tous les attendus
formels d’un commentaire de texte. En effet, s’il est évident que l’introduction permet de
contextualiser, c’est-à-dire d’en venir au texte par-delà le texte, votre développement doit
suivre le cheminement inverse et complémentaire pour justifier de la cohérence de votre
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travail : parvenir au-delà du texte mais par le texte. De cette façon, il convient de faire
apparaître formellement la majeure partie texte dans votre développement à l’appui de votre
démonstration. Aussi, le citer doit vous permettre de dépasser la citation. Pareillement, le
dépassement du texte doit pouvoir être justifié par le texte lui-même expressément cité. Vous
comprenez dès lors que l’idée est de tracer un cercle – de l’introduction au développement et
du développement à l’introduction - de façon à boucler la boucle sans jamais tourner en rond.
De la sorte, vous vous assurez d’éviter les deux écueils mentionnés plus tôt : 1) la paraphrase
et 2) le contre-sens.

1) La paraphrase (ou la non-compréhension) : l’écueil le plus évident, généralement


moins imputable à un excès de prudence qu’à un manque de connaissance suffisant du
contexte. Paraphraser ne présente aucun intérêt dans l’exercice du commentaire de
texte.

2) Le contre-sens (ou l’erreur de compréhension) : autre écueil bien connu, véritable


pierre sur laquelle il peut être aisé d’achopper, il est généralement imputable à un
manque de rigueur méthodologique. Une connaissance trop vague, une mise en
contexte peu précise ou trop large risquent de vous amener à construire votre
raisonnement, votre développement sur des connaissances qui n’ont, finalement, que
peu de liens avec celui-ci.

L’on peut résumer très simplement les choses ainsi :

LE BUT DU DEVELOPPEMENT EST D’EN VENIR AU-DELA DU TEXTE, MAIS


PAR LE TEXTE

Formellement, votre développement doit se décomposer comme suit :

I. Titre (sans verbe conjugué)


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Chapeau introductif qui annonce vos deux sous parties

A) Titre

Phrase de transition

B) Titre

Phrase de Transition

II. Titre (sans verbe conjugué)

Chapeau introductif annonçant vos deux sous-parties

A) Titre

Transition

B) Titre

Dans l’idéal, il faudrait que les titres de vos deux grandes parties se répondent.
Pareillement, il serait intéressant que vous vous exerciez à faire correspondre, aux titres de
deux de vos sous-parties, les titres de vos deux autres sous-parties ou à l’un des titres de l’une
de vos sous-parties, l’autre titre de votre seconde sous-partie.

Finalement, rappelons-nous du constat posé par Schleiermacher : il est possible de


distinguer trois degrés de compréhension. La non-compréhension, l’erreur de
compréhension et la compréhension intégrale. L’herméneutique ou « l’art de comprendre
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», vise à la compréhension intégrale qui n’existe, selon lui, que dans un mouvement
d’approximation d’infini. Aussi l’herméneutique et, par là même, l’exercice du commentaire
de texte, doit permettre de tendre à la compréhension tout en posant et en acceptant
l’impossibilité d’y parvenir complètement… fit interpretando interpres !

MISE EN PRATIQUE :

Texte à commenter : Capitulaire de Quierzy-sur-Oise, 877 (M. G. H., Capitularia


regnum Francorum, II, p. 358).
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