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Le commentaire de texte - Méthodologie

Objectif : faire apparaître l’intérêt, l’originalité d’un texte à partir de son analyse
précise.

Erreurs à ne pas faire :


Paraphraser le texte,
Relever (phrases de l’auteur) sans interpréter
Avancer une idée sans la justifier par une analyse

I. La lecture du texte

1° Commencer par lire une première fois le texte

2° Seconde lecture et travail proprement dit

A- Repérer les informations suivantes :


 Le nom de l’auteur, et si possible sa fonction : romancier, journaliste,
philosophe, homme politique…
 La nature du texte : article de journal, extrait d’un roman, tract...
 La date d’écriture
 Les lieux : où le texte a-t-il été écrit ? Et publié ?
Ce sont les métadonnées, c’est-à-dire les informations À PROPOS de ce texte,
que vous ne trouverez pas DANS le texte. Elles vous donneront une idée de
l’orientation idéologique du texte, de son ancrage historique, de son objectif, etc.

B- Définir le contexte
À partir de ces métadonnées, il va falloir mobiliser toutes les connaissances
personnelles pour définir le contexte. Ce qui veut dire rassembler tous les
éléments connu concernant l’auteur, l’époque, le pays, le journal ou la maison
d’édition, bref, tous les éléments extérieurs au texte qui vont pouvoir éclairer la
lecture et permettre de comprendre l’arrière-plan, les sous-entendus, l’implicite du
texte
Qui est l’auteur ?
Un anonyme ? un écrivain ? un homme politique ?...
Cela permet d’évaluer le degré d’implication de l’auteur, de comprendre ses
objectifs personnels qui l’ont poussés à écrire ce texte. Bien connaître l’auteur
permet de savoir comment il se positionne par rapport à son sujet.

Quelle est la nature du document ?


Mémoires, propagande, fiction, article de presse... Ainsi vous pourrez repérer les
destinataires éventuels et le message que l’auteur fait passer. Dans le cas d’un
texte littéraire, il faut le rattacher à un genre (roman, poésie, théâtre, essai) et à

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un type (narratif, descriptif, argumentatif), encore une fois vous pourrez mieux
cerner le sens du texte grâce à ces éléments.

De quelle époque parle-t-on ?


Il y a deux éléments temporels distincts à identifier :
 la date de publication, qui donne une information la plupart du
temps sur la date d’écriture permet de resituer le texte dans son cadre
historique, politique ou artistique. C’est d’autant plus important en histoire,
pour comprendre les influences qu’a pu subir l’auteur. Écrit-il à chaud ? Ou
au contraire avec beaucoup de recul ? Dans ce cas, cherche-t-il à expliquer
un moment de son propre présent à travers son discours sur le passé ?
 la période dont le texte traite, qui n’est pas forcément
contemporaine du moment de l’écriture.

De quel lieu parle-t-on ?


Comme pour la date, il faut identifier deux choses différentes : le lieu de
publication et le lieu où se déroule l’action du texte, qui ne sont pas forcément
identiques.

C - Ne rien laisser de côté


Phrases, expressions, concepts mal ou non compris à la première lecture :
les souligner,
essayer de comprendre en s’aidant du reste du texte sinon il manque des
informations importantes, et risque d’aboutir à des contresens.

D- Annoter le texte
Repérer les grandes articulations (mots de liaison, transitions...). En marge, noter
les connecteurs logiques qui rythment l’argumentation ou qui font progresser la
narration. Cela permet de comprendre comment le texte est structuré.

E- Problématiser
Il faut définir une question qui permettra d’aiguiller l’argumentation. C’est
INCONTOURNABLE ! Sinon risque de se noyer dans les détails et autres
paraphrases. La problématique définit l’éclairage qu’on donne au texte.
Une fois que cette question directrice est posée, reprendre le texte et repérer
précisément les quelques idées principales (entre 2 et 4). Ces éléments sont ou
regroupés en paragraphes cohérents, ou disséminés dans le texte (surligneur !)

F- Lecture analytique
Pour chaque mot, phrase, ponctuation, etc., il faut se poser la question : à quoi ça
sert ? Pourquoi ce terme et pas un autre ? Qu’est-ce qu’il sous-entend ?
En même temps, confronter tous ces éléments à la problématique et aux
métadonnées.

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II. La rédaction

1° Au brouillon
Attention : introduction et conclusion seront pré-rédigées sur le brouillon !

 Faire un plan
20 minutes. Synthétiser les éléments en grands ensembles, de façon à répondre
à la problématique. Si le texte a une progression très linéaire, on peut envisager
de faire un plan qui suit les articulations du texte, mais il faut le justifier clairement,
faire très attention à la paraphrase et privilégier des sous-parties thématiques.
Conjuguer parallèlement le fond et la forme pour créer du sens sinon, risque de
passer à côté du texte.
Traditionnellement, on trouve 2 à 4 parties, avec une préférence académique pour
le plan en 3 parties.
Dans le cadre d’un plan en 3 parties, la progression est assez classique. Noter les
titres des parties au brouillon, en se demandant si elles répondent à la
problématique.

La première partie doit expliquer le plus évident, ce qui se comprend à la


première lecture : la première couche du texte.
La deuxième apporte un tournant, un éclairage, un niveau de complexité
supplémentaire.
La troisième partie, elle, dépasse les autres pour dégager les enjeux plus
vastes, qu’ils soient symboliques, historiques, esthétiques.

Définir 2 à 4 sous-parties pour chaque partie, afin de constituer complètement le


canevas.
Noter rapidement les exemples principaux tirés du texte qui seront utilisés pour
chaque sous-partie afin de pouvoir suivre le plan lors de la rédaction.

 L’introduction (brouillon puis copie après relecture)


(15 minutes). C’est la porte d’entrée de la copie, il faut la soigner ! Sa construction
est toujours la même :
 Attirez l'attention du lecteur grâce à un élément contextuel, l'accroche
(appelée aussi amorce).
 Présenter le texte (titre, auteur, date, thème)
 Posez la problématique
 Présentez les grandes parties du plan (sans mentionner les mots partie 1,
partie 2, etc).

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 La conclusion
Elle sera rédigée en fin de travail en 10 minutes. Elle se construit en deux temps :
 Bilan du commentaire en répondant de façon synthétique à la problématique
 Ouverture
Pour un texte historique : quel fut le choix des acteurs concernés ? Leur
vision a-t-elle triomphé ? Attention : ne pas réécrire le passé (vision
téléologique). Comment le texte se relie-t-il avec des événements
contemporains?
Pour un texte littéraire : occupe-t-il une place particulière dans l’œuvre de
l’auteur ? Dans l’histoire littéraire ?
Pour un texte de philosophie : élargissement vers une nouvelle question.

2° La rédaction directe sur la copie


En s’appuyant du travail au brouillon (métadonnées, problématiques, plan, idées
principales) et de l’ensemble des annotations sur le texte ou les phrases
surlignées, la rédaction finale se fait directement sur la copie. Pour une épreuve
de 4h, il vous reste normalement 2h30 pour rédiger, directement sur votre copie
(sauf conclusion), à partir du plan détaillé.

Le commentaire de texte est différent de la dissertation car il doit clarifier un texte


MAIS en utilisant la même technique qu’en dissertation : c’est-à-dire énoncer des
arguments et les étayer par des exemples. Ils devront notamment être issus du
texte à étudier, mais ils pourront provenir aussi d’autres auteurs qui seront cités
(très bien vu !) pour enrichir la réflexion.
 Penser bien aux transitions entre chaque partie du plan.
 Faire attention au niveau de langue.
 Utiliser les mots de façon adéquate : en cas de doute sur le sens d’un mot,
ne pas l’utiliser.

Le commentaire de texte est en réalité une démonstration : on énonce une idée,


en lien avec la problématique, et on l’appuie avec le texte, que l’on remet en
perspective. Donc l’outil majeur dans le commentaire de texte est la CITATION.
Elles doivent être correctement intégrées dans les phrases. (Si on énonce une
idée mais qu’on ne trouve pas comment l’appuyer par des extraits du texte, c’est
que l’idée est mauvaise, qu’on est hors sujet. Plusieurs solutions pour citer le
texte :

 faire de courtes citations placées entre guillemets


 faire de brèves reformulations
 dans le cas d’une longue citation, renvoyer aux lignes concernées.

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3° Synthèse

Décrypter Décortiquer Structurer Rédiger


Rédiger
Repérer les métadonnées Annoter le texte,
Créer le plan introduction et
: nom de l’auteur, nature, noter tout ce qui
au brouillon. conclusion au
date, lieu. vient en tête.
brouillon.
Définir le contexte : qui est
l’auteur ? qu’implique la
Démontrer le
nature du texte ? Le Détailler en
raisonnement dans
document est-il coupé ? Problématiser/ = partie le plan
la rédaction et
Quelles sont les définir le projet de au brouillon
donner des
particularités de l’époque ? lecture. puis passer à
exemples, du
Que peut-on dire sur le lieu la rédaction.
texte ou autres.
? Quel est le but de ce
texte ?
Analyser tout le
Rechercher les difficultés
texte, phrase à
du texte.
phrase.

III. La relecture (indispensable)


Vérifier :
 Les fautes d’accords (sing/pl, fem/masc)
 Les conjugaisons (tps des verbes et part passés)
 La concordance des temps
 Chaque phrase doit avoir un verbe principal. Eviter les phrases nominatives
ou infinitives.

IV. Le commentaire composé dans les différentes disciplines


 En français
L’explication de textes est une épreuve littéraire. Elle ne consiste pas à étudier un
texte selon une grille de lecture exclusivement historique, philosophique,
sociologique ou psychanalytique. Il faut se concentrer sur les procédés d’écriture
(discours direct ou indirect, l’utilisation des pronoms, l’utilisation de la citation…),
les figures de style (métaphore, anaphore, litote…), sur l’aspect symbolique du
texte, sur le mouvement littéraire dont le texte est issu (romantisme, réalisme,
naturalisme..) et surtout bien distinguer le narrateur de l’auteur, sauf peut-être
dans la littérature d’idée. Il ne faut pas utiliser des éléments biographiques de
l’auteur pour expliquer des textes. (Exemple: Un poème triste de Rimbaud ne sera
pas à expliquer en fonction d’une dispute avec Verlaine !) Le texte ne serait pas
alors considéré en tant qu’œuvre.

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 En histoire,
il faut se concentrer principalement sur ce que dit le texte sur l’époque, bien
remettre en contexte, pour montrer en quoi il est symptomatique d’un moment. On
ne peut pas le comprendre et l’expliquer sans connaissances antérieures.
C’est aussi l’occasion
 d’expliquer des doctrines qui infusent le texte ou auxquelles il s’oppose.
 montrer que le texte prend un parti, et contre quoi.

 En philosophie,
L’objectif est d’inciter les lecteurs à disséquer le texte lui-même, et éviter de
disserter en général sur le philosophe. Il faut :
 consacrer la majeure partie de l’effort d’analyse à l’exposition des idées
contenues dans le texte.
 Mettre en lumière les défauts de la théorie de l’auteur, la discuter et lui
opposer d’autres! Le commentaire de texte philosophique est une sorte de
dissertation où la thèse initiale est imposée et qu’il faut expliquer.

Régine de GELAS

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