Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Comment Gérer Un Employé Difficile.....
Comment Gérer Un Employé Difficile.....
GÉRER
UN EMPLOYÉ
DIFFICILE
Les Éditions Transcontinental
5800, rue Saint-Denis, bureau 900
Montréal (Québec)
H2S 3L5
Téléphone : 514 273.1066 ou 1 800 565-5531
www.livres.transcontinental.ca
Pour connaître nos autres titres, consultez www.livres.transcontinental.ca. Pour bénéficier de nos
tarifs spéciaux s’appliquant aux bibliothèques d’entreprise ou aux achats en gros, informez-vous au 1
866 800-2500 (faites le 2).
Imprimé au Canada
© Les Éditions Transcontinental, 2013
COMMENT
GÉRER
UN EMPLOYÉ
DIFFICILE
Table des matières
Introduction
Ce n’est pas un drame !
L’importance d’agir
Chapitre 1
Qu’est-ce qu’un employé difficile ?
L’employé en difficulté
L’employé difficile
Les 7 caractéristiques de l’employé difficile
Avez-vous affaire à un employé difficile ?
Pourquoi un employé est-il difficile ?
Les situations problématiques caractéristiques chez l’employé
difficile
Un rendement insatisfaisant
Un comportement inadéquat
Chapitre 2
Intervenir rapidement
Voulez-vous toujours être gestionnaire ?
La responsabilité de gestion
Les attentes de l’entreprise
Les attentes du syndicat
Avis à tous les Colombo :
vous êtes sur la bonne voie, ne lâchez pas !
Des milieux propices aux écarts de conduite
Chapitre 3
Y seriez-vous pour quelque chose ?
Une histoire qui a assez duré
Un problème de supervision
Des gestes problématiques… et des solutions !
Tel est pris qui croyait prendre
Chapitre 4
Des droits et des obligations
Qu’est-ce que la gestion du rendement par les résultats ?
Une politique appliquée dès l’embauche
Du côté du gestionnaire
6 trucs pour composer avec les employés difficiles
Du côté de l’employé
Ses droits
Sa principale obligation
Chapitre 5
Le courage managérial : pourquoi résiste-t-on encore ?
Les revers d’une trop grande tolérance
Une approche responsable… et inévitable !
Pour vous et pour tous les autres !
Décortiquer cette peur
Chapitre 6
La stratégie d’intervention
C’est le temps d’agir !
Étape 1 : cerner la portée de votre pouvoir
Étape 2 : identifier vos alliés
Étape 3 : évaluer votre détermination
Étape 4 : analyser votre poigne
Étape 5 : vous assurer de comprendre la situation
Étape 6 : valider l’analyse
Étape 7 : faire l’inventaire de votre coffre à outils
Étape 8 : faire preuve de discernement
Étape 9 : évaluer votre degré de confort
Étape 10 : situer le problème
Étape 11 : planifier la rencontre
Oublier l’employé une fois sur cinq
Savoir qu’on peut être son pire ennemi
Chapitre 7
Le plan de redressement
La raison d’être du plan de redressement
Comment rédiger les objectifs d’un plan de redressement ?
Que faire avec un gestionnaire difficile ?
L’évaluation à 360°
Une mise en garde
Un contexte de changement en entreprise
Comment mettre en œuvre un plan de redressement ?
Ne pas hésiter à consulter
La représentation syndicale
L’atteinte des résultats
Chapitre 8
La rencontre avec l’employé
La préparation et le déroulement de l’entretien
Avant la rencontre
En début de rencontre
Durant la rencontre
Le déroulement d’une conversation claire
La communication stratégique – la parole est d’argent…
L’art de poser des questions
La communication stratégique,
par opposition à la critique
L’employé atteint les résultats attendus
Chapitre 9
Le dossier d’employé
Le dossier disciplinaire
Recueillir et faire valider les faits
Les mesures disciplinaires
La gradation des sanctions
Principes à respecter lors de l’imposition d’une sanction
En résumé
La rencontre de congédiement
Au moment du départ
Des modèles de lettres
Chapitre 10
Quand rien ne va plus
Le cas de Pierre
Les recours de l’employé congédié
La Loi sur les normes du travail (LNT)
Les recours prévus dans d’autres lois
Le délai-congé raisonnable
Le harcèlement psychologique et la gestion d’un employé difficile
Le cas de Pierre – suite
L’entente à l’amiable
Le rôle de l’avocat
Conclusion
Prévenir : la meilleure des approches
Rester réaliste et partager ses bons coups
Remerciements
Notes
Bibliographie
Les grandes lignes
de cet ouvrage
Le chapitre 10, rédigé par un avocat, donne des conseils juridiques que tout
gestionnaire devrait suivre en cas de congédiement d’un employé.
Introduction
L’IMPORTANCE D’AGIR
Dans les pages qui suivent, vous tomberez à plusieurs reprises sur le mot
agir. Ce n’est pas un hasard. Trop souvent, les gestionnaires négligent la
gestion des employés difficiles en se disant que le temps arrange les choses
ou que la situation, de toute façon, est irréversible. Croyez-moi, adopter
pareille attitude est une grave erreur.
Lorsque vous agissez, vous faites non seulement preuve de vigilance, mais
vous envoyez aussi un message clair à vos collègues. D’une part, vous
faites la preuve que vous cherchez le moyen de régler la situation ; d’autre
part, vous dites à vos employés performants que vous les tenez en haute
estime pour la qualité de leur travail.
Et, même s’il est destiné aux gestionnaires, ce livre peut aussi servir aux
employés d’une direction des ressources humaines, aux membres d’une
équipe voulant corriger le laxisme au sein de leur groupe, aux responsables
syndicaux – afin de savoir à quoi s’attendre de la démarche de l’employeur
– et aux étudiants en gestion. Il poursuit également un objectif préventif :
permettre aux chefs d’équipe d’éviter qu’une personne ne devienne un
employé difficile. Il existe de nombreuses façons d’y parvenir.
Qu’est-ce qu’un
employé difficile ?
L’EMPLOYÉ EN DIFFICULTÉ
L’employé en difficulté fait temporairement face à une situation stressante.
Il peut être en deuil, traverser une période sombre à la suite d’un divorce,
ou vivre un changement important dans sa vie. J’ai souvent rencontré des
personnes qui avaient à composer avec des problèmes de santé nécessitant
une médication et dont le rendement était soudainement insuffisant.
L’employé en difficulté peut montrer une baisse de rendement pendant une
certaine période, mais avec le temps et de l’aide qualifiée (par exemple, un
programme d’aide), on peut s’attendre à ce qu’il reprenne possession de ses
moyens. Sa contre-performance temporaire ne fait donc pas
automatiquement de lui un employé difficile.
À RETENIR
Au début de la période d’observation, vous devez donner le bénéfice du doute à l’employé.
Sachez distinguer l’employé en difficulté de l’employé difficile. J’aimerais pouvoir vous dire
qu’il existe un questionnaire garantissant un diagnostic sûr. Malheureusement, ce n’est pas
le cas.
Comme employeur, vous devez prendre le temps d’observer, de poser des questions et de
vous assurer de la validité de l’information recueillie, afin de vous faire une idée juste de la
situation. Vos efforts seront récompensés : vous saurez bientôt à quel type de problème
vous faites face.
L’EMPLOYÉ DIFFICILE
À la différence de l’employé en difficulté, l’employé difficile a un
comportement inacceptable ou fournit un piètre rendement depuis
longtemps. C’est donc la persistance d’un comportement négatif, que
l’employé semble avoir adopté, qui mettra la puce à l’oreille du
gestionnaire. Ce comportement a des répercussions sur le rendement de
l’employé et, souvent, sur celui de son équipe. En bref, l’employé difficile
infecte son milieu de travail. La liste de caractéristiques suivante vous
aidera à l’identifier.
À RETENIR
Je vous ai dit en introduction qu’un employé difficile est un cadeau du ciel, car il vous
permet d’équilibrer votre approche en vous forçant à doser savamment vos réactions
rationnelles et intuitives. Une fois harmonisées, celles-ci peuvent grandement vous aider
dans votre gestion.
Votre côté intuitif vous renseigne sur l’intensité et l’émotion du moment : ça bouge et vous
n’aimez pas ce que vous ressentez. Votre côté rationnel, lui, vous renseigne sur la mesure
et les écarts prévalant dans un contexte donné : la situation n’est pas conforme aux
normes et vous ne pouvez pas l’accepter. Vous allez donc procéder à une lecture et à une
observation rigoureuse des faits. Rappelez-vous que c’est l’exercice conjoint des deux
facultés, rationnelle et intuitive, qui permet de déterminer l’urgence et l’importance d’agir.
L’employé difficile peut être comparé à un grain de sable dans les rouages
de l’entreprise. La situation problématique qu’il provoque peut prendre trois
formes générales.
Pour les énoncés 25 et 26, je vous laisse le champ libre. Je vous encourage à
ajouter à cette grille des actions ou des objectifs liés aux attentes que vous
avez définies avec l’employé à l’occasion d’une rencontre d’appréciation du
rendement. Vous pouvez aussi y ajouter des objectifs propres à votre
entreprise.
Il est important de s’assurer qu’on a exploité tous les moyens possibles pour
aider l’employé à fournir le rendement attendu avant de conclure qu’il est
de mauvaise foi.
Pour bien réfléchir aux causes d’un comportement négatif, les 4 éléments
regroupés dans le tableau ci-dessous doivent être considérés.
À RETENIR
Toute gestion menée dans un cadre juste et équitable contribue à maintenir un climat de
travail favorisant de bons rendements. On vous a d’ailleurs nommé à ce poste pour veiller
au climat en question !
Un rendement insatisfaisant
De nombreuses raisons peuvent expliquer un rendement insuffisant.
1. Le manque de compétences et d’habiletés. Maurice a 50 ans et déteste les
ordinateurs. Tout votre personnel est équipé d’ordinateurs et votre
service fonctionne maintenant presque exclusivement de façon
électronique. Je dis « presque », parce que Maurice continue à rédiger
ses rapports sur papier et vous les remet sur demande. Il conteste vos
demandes et peut vous donner la liste de toutes les erreurs qui se sont
produites au service depuis l’implantation des nouveaux logiciels.
Comme il remet souvent ses rapports en retard, vous vous demandez où
il trouve le temps d’être à ce point informé sur vos « bogues
informatiques ».
2. La procrastination. Il est 13 h 45 et vous demandez à Mario d’envoyer
un paquet pour que le fournisseur l’ait en main le plus tôt possible. Il
vous répond qu’il est débordé et qu’il s’occupera de votre colis le
lendemain matin.
3. La mauvaise qualité du travail. Martine, qui travaille au service des
réceptions et des expéditions, sait que chaque envoi d’effets fragiles doit
être effectué dans une boîte n° 338A et que celle-ci doit porter une
étiquette autocollante imprimée. Mais il lui arrive encore d’envoyer des
articles délicats dans des enveloppes à bulles et d’inscrire à la main, à
l’aide d’un marqueur, l’adresse du destinataire.
4. La quantité insuffisante de travail. Nicole est analyste depuis cinq ans
chez vous. Elle n’a jamais travaillé bien vite mais, depuis quelques mois,
elle est de plus en plus lente. Vous constatez que, par rapport à la
quantité de travail que fournissent vos trois autres analystes, elle est
nettement sous la norme. De plus, votre équipe d’analystes a convenu de
mesures d’entraide en cas de surcharge de travail. Mais, depuis deux ans,
qui utilise régulièrement ce soutien sans jamais pouvoir renvoyer
l’ascenseur ? Vous avez deviné : Nicole !
5. L’insubordination. Voici un problème passionnant. Roger est soutien
pédagogique et représente votre service à une table de concertation
régionale. On vous a rapporté qu’il n’assume pas sa part de
responsabilités comme partenaire à cette table. Vous le convoquez pour
lui en parler. Il se choque et refuse de retourner représenter le service à «
cette table d’imbéciles » ! C’est votre seul expert dans ce dossier, mais
c’est loin d’être un expert dans sa façon de s’adresser à son gestionnaire
!
En vous exprimant clairement son refus d’effectuer la tâche liée à ses
fonctions, donc son refus d’obéir, il est passible d’insubordination ; ce
qui suffit à justifier le recours à une mesure disciplinaire sur-le-champ.
Par définition, l’insubordination est le refus non fondé et systématique
d’un employé à exécuter un travail dont il a la responsabilité dans un
contexte où son gestionnaire évalue qu’il n’y a aucun risque de le faire.
L’insubordination est passible de sanctions immédiates. La réitération du
refus entraîne automatiquement le congédiement. Dans le cas de Roger,
on devra s’assurer au préalable de l’absence de risques et des raisons de
son refus.
6. Le manque de disponibilité et la difficulté à travailler en équipe. Jeanne a
toujours travaillé seule, en grande partie parce qu’elle a beaucoup de mal
à partager l’information qu’elle a en sa possession. L’année dernière,
vous avez restructuré votre direction et, après analyse et consultation
auprès des employés, vous avez mis en place des équipes autonomes,
auxquelles Jeanne doit se joindre.
Même après un bon programme de formation et la nomination d’un chef
d’équipe pour assister les membres de son équipe, il n’y a décidément
rien à faire avec Jeanne ! Elle arrive en retard aux réunions (quand elle
décide d’y aller), et lorsqu’elle y participe, son mutisme est tellement
évident que tout le monde est mal à l’aise. Cette situation dure depuis un
an, bien que Jeanne ait été rencontrée de nombreuses fois à ce sujet.
7. Le travail est exécuté sans réflexion et trop rapidement. Pauvre Jocelyn,
toute action entraîne automatiquement chez lui une réaction ! Gentil,
verbomoteur et peu réfléchi, il a suivi sans succès deux formations – une
en gestion du temps, l’autre en gestion des priorités –, mais toujours pas
d’amélioration. On lui pointe ses erreurs ? Il en rit ! On lui retourne ses
évaluations ? Il les remet en retard. Son gestionnaire lui signale ces
irritants depuis longtemps, et Jocelyn, désinvolte, lui rétorque qu’il
travaille pour un « hyperperfectionniste » que personne ne peut
satisfaire. Au fond, Jocelyn a bon caractère ; il endure tout sans broncher
! Que voulez-vous… c’est la vie !
Ce qu’il faut savoir, à propos de Jocelyn, c’est qu’il fonctionne
essentiellement en mode réactif. Bien qu’on lui ait souvent expliqué
comment planifier, évaluer et réfléchir à partir de données pertinentes, il
continue d’alléguer le manque de temps et d’argumenter sur la base des
impressions qu’il a des dossiers qu’il traite. Le problème, avec Jocelyn,
c’est qu’il ne réfléchit pas avant d’agir !
8. Les erreurs fréquentes et récurrentes. Chaque mois, avant le 5, tous les
employés bénéficiant d’une allocation de dépenses doivent remettre un
rapport pour être remboursés. Seulement voilà, le responsable des
vérifications commet fréquemment des erreurs de calcul : les sommes à
rembourser sont inexactes, et les bilans comptables mensuels incorrects.
Quand la chose est possible, le directeur demande à la comptable de
revoir le travail du responsable des vérifications. Mais, depuis un mois,
celle-ci est en congé de maternité, et son remplaçant suffit à peine à la
tâche.
Vous avez un problème avec le responsable des vérifications. La
fréquence et la répétition de ses erreurs ont des conséquences
importantes sur la gestion financière de votre compagnie. Ajoutons à
cela que le problème dure depuis 18 mois, c’est-à-dire depuis qu’il a été
muté à ce poste au retour d’un congé de maladie. Il est peutêtre temps
d’agir.
9. Un rythme de travail trop lent. Le beau cadeau derrière cette situation !
Est-ce que votre entreprise a établi des ratios d’exécution de temps de
tâche ou de mandat ? Si oui, vous êtes en mesure de fixer les limites du
rythme de travail. Sinon, vous devrez les établir pour pouvoir expliquer
et justifier les améliorations que vous exigerez.
Francine, secrétaire, doit rédiger des soumissions pour son service. Elle
suit un modèle utilisé depuis six ans. La pratique a montré qu’un temps
normal de rédaction est de 90 minutes. Francine, elle, a parfois besoin de
quatre heures. Au début, son superviseur croyait qu’avec l’expérience,
elle gagnerait en rapidité.
Mais, au lieu de s’améliorer, elle accumule les excuses, alléguant des
raisons hors de son contrôle pour justifier ses retards. Après six mois,
son meilleur temps est de deux heures et demie. Francine se sent
incomprise, car son superviseur, au lieu de lui exprimer de la sympathie,
commence à la stresser en lui demandant de noter son temps d’exécution
pour chaque soumission, et ce, afin d’analyser avec elle sa gestion du
temps dans le respect du modèle organisationnel proposé.
10. La déresponsabilisation à l’égard des exigences et du calendrier de
travail. Laissez un employé difficile sans supervision pour ce qui est des
échéanciers et vous pouvez être sûr qu’il saura à quoi s’occuper.
Confiez-lui un volume de travail juste et équitable pour avoir au moins
l’assurance qu’il travaillera. Par la suite, planifiez et supervisez le
respect des échéances, demandez-lui un rapport d’étape écrit et, si le
problème persiste, sanctionnez.
Bien sûr, avant cela, vous aurez pris le temps :
– de l’écouter ;
– de le guider ;
– de le former ;
– de l’évaluer ;
– de le superviser.
11. La manipulation de l’information. On ne manipule pas l’information
sans intention. Au moment où vous en êtes informé, émettez un
avertissement. Quand vous en avez la preuve, sanctionnez. Les exemples
de manipulation de l’information sont variés : modifier sciemment une
information pour induire en erreur, corriger une banque de données sur
ordinateur, omettre d’inclure une information pertinente dans un dossier
ou entortiller volontairement un renseignement pour le rendre ambigu.
Le cas le plus fréquent demeure l’omission au moment opportun d’une
donnée pertinente, notamment au cours d’une rencontre d’équipe.
12. Le manque de participation aux réunions. Avez-vous été clair au sujet
de vos attentes lors des réunions ? Avez-vous fait parvenir à chacun des
employés convoqués une note comportant l’ordre du jour ? Si oui, ce
n’est pas pour vous retrouver à animer une rencontre où l’employé ne
parle pas, n’émet aucun commentaire positif et aucune idée constructive.
Sinon, voici, à la page suivante, un exemple du document à préparer.
De là l’importance d’une bonne supervision, bien que cela ne soit pas une
garantie de succès. Certains employés difficiles « d’expérience » vont
jusqu’à user d’intimidation en testant leurs supérieurs et jouent à la victime
dans toutes les situations où ils sont mis en cause. Si on laisse aller
l’employé difficile, il se forgera lui-même avec le temps une zone de
pouvoir, ce dont aucun autre employé ne jouit.
Un comportement inadéquat
Pour beaucoup de gestionnaires, nous touchons ici à « l’intouchable ».
Pourtant, gérer le comportement d’un employé est possible. Pour cela, il
faut évidemment rencontrer le salarié et échanger avec lui sur les
comportements observés.
Tout d’abord, on doit s’assurer qu’il est conscient de ses écarts de conduite
et qu’il comprend les impacts que ceux-ci ont sur le climat de travail et ses
collègues. On lui précise ensuite certaines attentes en matière de
comportement. Si rien de cela ne fonctionne, on l’avertit qu’un nouveau
manquement de sa part entraînera une note au dossier et qu’il s’exposera
ainsi à d’éventuelles sanctions. Évidemment, le but n’est pas de punir. Mais
si l’employé ne démontre aucun désir d’amélioration, il ne laisse d’autre
choix au gestionnaire que la sanction.
Tout cela est bien triste, mais la balle est désormais dans son camp. Voyons
ensemble certains comportements susceptibles d’être sanctionnés.
1. Une attitude désagréable. Jacques fait preuve d’un négativisme
persistant. Il critique tout, tout le temps, au point que ses collègues
appréhendent ses réponses et peuvent prédire ses réactions. Ce
comportement ne date pas d’hier. Tout le monde en parle et personne ne
veut travailler avec Jacques. Mais aucun de ses gestionnaires n’a le
courage de le rencontrer pour tenter de résoudre le problème. Jacques
comprendil que la situation a assez duré ? Qu’est-ce qui lui fait croire
qu’il a le droit d’agir de la sorte ? Que l’organisation a à tolérer son
attitude ? Voilà quelques questions à lui poser. Si, par la suite, rien ne
change, il ne restera plus qu’à sanctionner.
2. Des retards fréquents, des pauses trop longues, des absences injustifiées.
Johanne est souvent absente de son poste de travail. Où est-elle ?
Personne ne le sait. Est-elle arrivée ce matin ? Personne ne peut le dire.
Johanne termine à 17 h, mais elle s’en va régulièrement à 16 h 50, sans
autorisation. Cela est-il permis ? Non. Tous ces comportements sont
passibles de sanctions. Puisqu’on parle de temps de travail, on peut
d’abord recourir à une mesure administrative, c’est-à-dire soustraire du
temps de travail la durée des absences de Johanne. Si ses habitudes
persistent, on peut ensuite utiliser des sanctions disciplinaires. Le
problème est sérieux. Ne vous méprenez pas, ce genre d’absence est du
vol de temps de travail !
3. Des conflits personnels, avec les collègues et les supérieurs. Vous ne
pouvez pas faire d’ingérence dans la vie personnelle des employés. Au
travail, ils n’ont pas à s’aimer, mais ils doivent se respecter. Et c’est à
vous qu’incombe la responsabilité d’assurer le respect de cette valeur
organisationnelle. Votre indicateur de limites concerne les conséquences
des conflits.
Si un conflit personnel a un impact sur le climat de travail et le
fonctionnement de votre équipe, vous devez intervenir. S’il concerne
l’autorité, le problème se corse. Dans certaines entreprises, il existe des
ressources en médiation, ce qui est très intéressant. Mais, entendonsnous
bien : le fait qu’aucune solution ne soit possible ne justifie pas un
comportement agressif ou irrespectueux. La persistance de pareilles
attitudes exige alors le recours aux sanctions. Souvenez-vous qu’un
conflit ne débouche pas nécessairement sur le harcèlement, mais que le
harcèlement débute généralement par un conflit.
4. Une critique acerbe d’un employé envers son employeur. Tenir des
propos désobligeants, voire violents, à l’égard d’un supérieur est passible
de sanction. Et entendons-nous bien, je ne parle pas ici de l’expression
d’une opinion divergente, mais de propos agressifs adressés à un
gestionnaire. Une opinion divergente peut prendre la forme suivante : «
Je ne suis pas d’accord avec l’idée de fermer le secteur ouest et je vais
vous expliquer pourquoi. Attendez-vous à ce que je défende ma position,
car je n’ai jamais, dans toute ma carrière, eu vent d’une initiative aussi
risquée. Je ne comprends pas du tout ce à quoi vous vous attendez. »
Des propos violents auraient plutôt l’air de ceci : « Que je vous voie
fermer le secteur ouest ! J’ai de très bons rapports avec le président du
syndicat ! Un signe de ma part et vous vous retrouvez avec un arrêt de
travail ! Votre décision est ridicule et témoigne clairement de
l’imbécillité qui sévit à la direction de cette entreprise ! » On ne doit pas
traiter ce genre de harangue à la légère. Ne rien faire reviendrait à
approuver et à encourager un tel comportement. Le risque est d’autant
plus important qu’une législation sur le harcèlement psychologique au
travail est en vigueur au Québec depuis juin 2004.
5. Le sarcasme, l’intimidation et le harcèlement. Il est parfois difficile de
faire la différence entre un propos sarcastique et une critique acerbe. Le
sarcasme est un trait d’ironie mordante, presque une insulte, dont
l’humour désarme celui ou celle qu’il vise. Il permet de faire passer un
message assez dur en inhibant, grâce à l’humour, la capacité de réplique.
Il tire son pouvoir de son habileté moqueuse.
L’intimidation est une manœuvre volontaire visant à exercer de la
pression ou à menacer la personne qui en est la cible. On la retrouve
souvent enrobée dans une attitude ferme. L’autre en perd ses moyens,
parce qu’il a peur de la pression. Souvent, la personne intimidée, confuse
et troublée, craque et se soumet à son agresseur.
Le harcèlement psychologique au travail se définit comme « toute
conduite abusive (des comportements, des paroles, des actes, des gestes,
des écrits) qui porte atteinte, par sa répétition ou sa systématisation, à la
dignité ou à l’intégrité psychique ou physique d’une personne, mettant
en péril l’emploi de celle-ci ou dégradant le climat de travail1 ».
Par harcèlement psychologique, on entend « un comportement hostile et
répété, généralement insidieux, prenant diverses formes (gestes, paroles,
attitudes, etc.) et visant à atteindre une personne (ou un groupe de
personnes) dans sa dignité, son intégrité et son estime de soi, en la
blessant sur le plan émotionnel2 ».
Le harcèlement résulte toujours d’un conflit, mais tout conflit ne
dégénère pas en harcèlement. Pour cela, il faut que plusieurs facteurs
soient réunis :
– déshumanisation des rapports de travail ;
– toute-puissance de l’entreprise ;
– complicité ou tolérance envers l’individu pervers (harceleur).
Dans ce cas, on peut parler d’une situation qui a dégénéré. En d’autres
termes, vous avez un problème, et j’espère que vous n’attendrez pas que
je vous dise d’agir pour le faire… Vous devez sanctionner. En négligeant
de le faire vous vous rendez, en tant qu’employeur, passible de sanctions,
voire de pénalités financières si l’on dépose contre vous une plainte à la
Commission des normes du travail. Nous sommes ici très proche du droit
criminel. Soyez sur vos gardes ! Si votre employé est syndiqué, les
dispositions législatives québécoises contre le harcèlement
psychologique au travail engage aussi la responsabilité syndicale sur ce
dossier. Votre employé difficile est probablement aussi un syndiqué
difficile ; dans ce sens, le syndicat vous sera assurément d’un certain
support. Vos conseillers en ressources humaines vous seront d’une aide
précieuse dans ce genre de dossier.
6. L’utilisation abusive des outils de travail (téléphone, courriel, Internet,
etc.) à des fins personnelles. Vous fournissez des outils de travail à vos
employés pour qu’ils fassent leur travail. Ceux-ci ne leur appartiennent
pas et leur utilisation est réservée à des fins professionnelles. Vous
pouvez le préciser par écrit dans la politique d’entreprise officielle. Vos
gens sont syndiqués ? Pourquoi ne pas organiser une rencontre avec les
représentants syndicaux pour présenter votre politique et affirmer les
valeurs qui s’y rattachent ? Profitez-en pour solliciter leur soutien quant
à la diffusion de cette politique et pour réitérer votre obligation d’agir
lors d’écarts et de faits observables. De cette façon, ce sera clair pour
tout le monde. Et assurez-vous de diffuser correctement cette politique et
d’appliquer les sanctions si un employé utilise de façon abusive ces
outils à des fins personnelles.
N’oubliez pas de définir ce que vous entendez par « abus » et les
pénalités qui s’y rattachent. (Par exemple, utiliser le téléphone pour
prendre rendez-vous chez le médecin n’est pas un abus, mais écouter une
amie raconter sa soirée pendant 20 minutes en est un.) Par la suite,
observez et agissez.
Ce type de problème est sérieux et lourd de conséquences, puisqu’il
suppose que le temps de travail rémunéré, utilisé à des fins non
professionnelles, est improductif. Il s’agit donc, à l’égard de l’entreprise,
d’un vol. Par ailleurs, il se peut que les tâches que ces abus empêchent
d’être accomplies aient à l’être par un autre employé, lequel risque ainsi
de se retrouver avec une surcharge de travail. Ces abus peuvent aussi être
la cause d’heures supplémentaires, lesquelles devront être payées par
l’employeur. Ne laissez pas ce genre d’habitudes s’instaurer dans votre
entreprise.
Je me souviens du cas d’un employé, Jean, qui se présentait toujours en
retard aux réunions. Un jour, alors que je suis responsable de
l’animation, on m’informe que Jean est encore en retard et on me
demande de commencer sans lui, ce que je refuse avant d’aller vérifier
ce qui le retient. Quelle n’est pas ma surprise de le trouver à son poste de
travail, très concentré, en train de jouer aux cartes sur son ordinateur !
Soyez attentif. La tolérance candide devient vite, en gestion, la cause de
nombreux problèmes.
7. L’espionnage et le vol de renseignements. De l’utilisation à des fins
personnelles des outils de travail à l’espionnage et au vol de
renseignements stratégiques, il n’y a souvent, pour certains employés,
qu’un pas. Lorsque ce pas est franchi, nous nous retrouvons dans le
crime et la fraude. J’espère que, si un de vos employés se montre capable
de ce genre de méfait, vous saurez prendre les grands moyens.
L’utilisation d’agences de détectives privés est tout à fait indiquée dans
ce cas, ainsi que la demande d’un avis légal pour l’utilisation de vidéo.
Vous êtes ici sur un terrain glissant, mais si vous faites correctement
votre planification et êtes bien conseillé par des experts, vous arriverez à
vos fins et ferez cesser ces crimes. Le problème est plus délicat
lorsqu’on a affaire à un employé « opportuniste », c’est-à-dire qui
espionne quand il sent qu’il a le champ libre. Il ne s’agit pas ici
d’espionnage organisé – l’employé le voudrait peut-être mais il a trop
peur –, seulement d’une pratique où l’occasion, comme on dit, fait le
larron.
J’ai connu une employée espionne quand je travaillais pour une
institution publique. Cette dernière venait, à mon insu, « consulter » mes
dossiers après les heures de travail. Je constatais régulièrement qu’ils
étaient déplacés, mais je pensais en être la cause, jusqu’au jour où ma
secrétaire m’a rapporté les papiers que j’avais « oubliés » sur le
photocopieur la veille. Là, ça n’allait plus ! J’avais quitté le bureau à 17 h
30, et la seule personne qui restait était cette collègue.
J’en ai parlé à mon supérieur immédiat, qui n’a pas été surpris outre
mesure, mais qui s’est senti très mal à l’aise à l’idée d’intervenir auprès
de cette employée. Il m’a seulement conseillé de verrouiller ma porte
quand je partais. Belle solution ! J’ai alors compris que je devais
apprendre à composer avec les particularités de ma collègue, connue de
tous comme étant un cas difficile. Mais quel beau cadeau elle m’a fait !
Et si vous appréciez le présent ouvrage, quel beau cadeau elle vous fait à
vous aussi !
Il ne suffit pas de dire à un employé difficile qu’il doit s’amender et
changer de comportement. Il faut être beaucoup plus précis avec lui et lui
expliquer en quoi tel geste ou telle parole est inacceptable, et en préciser
les répercussions sur le travail des autres. De la sorte, on peut arriver à
définir un comportement de remplacement. La correction du
comportement se traduira par l’amélioration du rendement, but ultime
visé par la démarche que je propose dans cet ouvrage.
En général, l’employé difficile croit que ses collègues et ses supérieurs
sont plus faibles que lui. Il s’arroge le droit de transgresser les règles
officieuses de l’entreprise, celles qui ne sont pas écrites. En tant que
gestionnaire, vous avez la responsabilité de faire appliquer les règles
officielles de l’entreprise. Ce faisant, vous limitez les effets négatifs des
libertés prises par l’employé difficile. De surcroît, vous définissez
clairement les responsabilités de chacun et les balises organisationnelles
à l’intérieur desquelles les employés peuvent et doivent exercer leurs
fonctions ; bref, vous remettez les pendules à l’heure. Les employés ont
besoin de ces balises pour bien travailler. C’est à vous de les établir.
La liste des situations problématiques dressée précédemment a pour but
de faciliter votre observation des faits et de susciter une réflexion
sérieuse à propos du rendement exigé et des comportements souhaités au
sein de votre compagnie. Et pourquoi ne pas profiter de l’occasion pour
revoir en équipe les normes et les exigences de rendement de votre
entreprise, et ainsi établir ensemble des balises ? Encore une fois,
l’employé difficile, sans le savoir, vous fait un beau cadeau en vous
obligeant à la rigueur. Cet exercice vous permettra aussi de définir des
indicateurs de rendement, lesquels vous permettront de mieux apprécier
vos bons employés.
L’observation et la notation des faits s’effectuent sur une période de
temps qui peut être longue. Mais l’exercice est nécessaire à la
planification de toute intervention. Reportez-vous à la grille de travail de
la page 51 pour voir quels sont les problèmes liés au rendement et au
comportement de l’employé. N’hésitez pas à la compléter en y inscrivant
vos attentes organisationnelles.
Chapitre 2
Intervenir
rapidement
Si, comme plusieurs avant vous, vous passez du statut de simple employé à
celui de gestionnaire, votre employeur est sans doute arrivé un bon matin en
vous félicitant pour votre promotion et en vous souhaitant bonne chance.
Vous allez bientôt vous retrouver avec 2, 5, 10, 50 personnes à gérer, et dont
certaines pourraient être syndiquées. On aura évidemment oublié de vous
dire que certaines sont « bizarres » ou de vous demander si vous avez
besoin de formation (vous maîtrisiez si bien vos tâches à votre ancien poste,
pourquoi auriez-vous de la difficulté dans vos nouvelles fonctions ?).
Puis, la première journée arrive et vous vous apercevez que vous ne pouvez
plus faire les choses comme avant ; que vous devez les « faire faire ». Vous
remarquez peut-être aussi que certains de vos employés manquent de
motivation et d’enthousiasme, et que d’autres vous regardent comme un
extraterrestre en faisant des paris sur le temps que vous tiendrez.
Si vous acceptez le défi, votre première tâche sera d’évaluer les forces de
vos équipiers pour vous assurer que vous êtes entouré de personnes qui
possèdent l’expertise et les compétences nécessaires. Un président de
compagnie disait un jour : « Je n’ai pas besoin de savoir compter pour
savoir si ma compagnie va bien. Je n’ai qu’à engager un comptable et à bien
le payer. »
De plus, en tant que nouvel arrivant, vous aurez à gagner le respect de vos
employés. Vous devrez faire preuve de leadership et de compétence pour
réussir à les réunir à l’intérieur d’une équipe qui évoluera au rythme de
chacun et sera soudée autour d’un même sentiment : être fier d’atteindre les
objectifs organisationnels. C’est en travaillant à former un groupe
homogène que, petit à petit, vous identifierez l’employé difficile – ce
dernier éprouvera de la difficulté à adhérer à vos objectifs. Si vos employés
sont syndiqués, il serait important de passer à la direction des ressources
humaines pour connaître les éléments des conventions collectives pouvant
vous guider dans des démarches éventuelles.
On peut affirmer sans crainte de se tromper que la force d’une organisation
dépend en grande partie de ses gestionnaires. Malheureusement, plusieurs
personnes ne l’ont pas encore compris. Et c’est précisément cette ignorance
qu’exploite l’employé difficile. Si vous avez affaire à ce genre de salarié,
poursuivez la lecture de ce volume, elle vous sera profitable.
L’expérience m’a aussi appris que rares sont les employés difficiles qui,
performants en apparence, ne cachent pas habilement des problèmes de
rendement. Si, en début de chapitre, je les appelle de « très bons employés
difficiles », c’est parce qu’ils maîtrisent l’art du camouflage. Il est impératif
d’agir avec eux, peu importe leur travail. Ne vous laissez pas prendre au
jeu.
Finalement, agissez pour vous. N’en avez-vous pas assez de ces abus ?
N’êtes-vous pas fatigué de voir vos droits de gestionnaire bafoués par le
non-respect des règles et des procédures ? Alors, préparez-vous à corriger la
situation. Nous verrons ensemble comment on s’y prend.
À RETENIR
Faites preuve de créativité tout en demeurant rigoureux. Bien sûr, vous êtes déjà intervenu
auprès de votre employé difficile, mais cela n’a rien donné. Vous avez probablement
épuisé toutes les possibilités. Le temps est donc venu d’innover ! Que devez-vous faire
différemment ? Voilà où la créativité entre en jeu. L’employé difficile vous force à trouver de
nouvelles approches. Qui sait, peut-être allez-vous vous découvrir des compétences
cachées ?
LA RESPONSABILITÉ DE GESTION
J’ai décidé d’écrire ce livre après avoir lancé mon premier ouvrage, Le
coaching d’une équipe de travail. J’ai rencontré de nombreux gestionnaires
qui m’ont dit vouloir exploiter les principes du coaching pour rendre les
membres de leur équipe plus autonomes. En plus de vouloir améliorer leur
rendement grâce au coaching, ils souhaitaient donc que ceux-ci puissent
s’affirmer suffisamment pour être en mesure de remettre à leur place leurs
coéquipiers récalcitrants.
Une bonne équipe peut limiter l’influence négative d’un employé, mais elle
ne saurait jamais remplacer le gestionnaire. On est souvent porté à oublier
que le comportement d’un employé difficile pose un problème
organisationnel.
À mes yeux, il est utopique de croire qu’une équipe puisse avoir le pouvoir
et la capacité d’agir à la place du gestionnaire. Des coéquipiers peuvent se
positionner face à des comportements discordants, mais ne peuvent
intervenir pour améliorer le rendement ou rectifier le comportement d’un
pair. Est-ce que ces affirmations vous surprennent ? Si oui, tant mieux ! J’ai
rencontré beaucoup de gestionnaires qui se sentaient coupables d’avoir un
employé difficile au sein de leur équipe.
Grille de travail
LE PROBLÈME EST-IL EN PARTIE IMPUTABLE À
L’ENTREPRISE ?
En tant que gestionnaire, vous saurez qu’il est temps d’agir auprès d’un
employé difficile lorsque vous aurez mis en pratique, en vain, tous les
aspects d’une supervision adéquate. Pour savoir comment vous y prendre,
poursuivez votre lecture.
À RETENIR
Tout au long du processus, soyez honnête et rigoureux. Dosez bien vos évaluations et
évitez les exagérations qu’engendre la colère. Étayez votre dossier avec des faits dûment
observés et des mesures précises, tout en exigeant de l’employé difficile ce que vous
exigez des autres. Ayez les mêmes attentes avec tout le monde et faites correctement vos
devoirs. Effectuez un suivi pour découvrir les effets qu’a le comportement négatif sur le
rendement de l’équipe, du service et des autres secteurs de l’entreprise. Croyez-moi, plus
on observe, plus on découvre !
Dans ces milieux, il faut surveiller les abus que commettent les employés
difficiles, le seul objectif de ces derniers étant de profiter du système,
souvent aux dépens des bons employés. On peut, à cet égard, évoquer
l’absentéisme volontaire, qui force souvent les bons employés à assumer, en
silence, le travail urgent que l’on ne peut déléguer à des employés
temporaires.
À RETENIR
Assurez-vous d’avoir accès aux renseignements et aux outils nécessaires pour bien gérer
vos employés. Une trop grosse équipe et une situation géographique éloignée vous
obligent à avoir des intermédiaires pour être informé. Si vous avez un employé difficile,
cela vous nuira. Ce dernier essaie de culpabiliser ses supérieurs en jouant sur leur points
vulnérables.
Il dira ainsi à son gestionnaire : « Vous n’êtes jamais là quand on a besoin de vous et vous
ignorez complètement ce que je fais comme travail ! » ou « Vous êtes toujours sur mon
dos. Je sais bien que vous préférez certains membres de l’équipe, mais ce n’est pas une
raison pour que vous vous en preniez tout le temps à moi. Je fais de mon mieux ! » Si
vous avez droit à ce genre de remarque, vous partez de loin. Mais ne démissionnez pas, le
trajet sera juste un peu plus long. Et n’oubliez pas qu’un gestionnaire averti en vaut deux !
Y seriez-vous pour
quelque chose ?
Il y a quelques années, Marc, peu de temps après avoir été nommé directeur
de division, me contacte pour me faire part d’une situation épineuse dont
Jean-Claude, un contremaître à l’emploi de l’entreprise depuis plus de 20
ans, est responsable.
Il m’explique que Jean-Claude, qui travaille le soir, suit ses propres règles,
quitte son poste sans raison, prend de longues pauses (parfois pendant des
heures) et fait preuve de laxisme dans la gestion de son équipe. Il ajoute que
sa fonction de superviseur a un impact direct sur la rentabilité de
l’entreprise ; toute erreur de la part de son équipe a donc un prix.
• Un plan de travail devra être établi tous les soirs avec chacun des six
employés du service. Ce plan devra prévoir :
– ce qui doit être produit durant la soirée ;
– ce qui droit être consigné par écrit à la fin du quart de travail ;
– ce que doit contenir le rapport de non-conformité quotidien.
Nous nous assurons que Jean-Claude comprend bien ce qui précède. Bien
que son attitude nous montre clairement qu’il trouve la situation un peu
lourde, il accepte l’entente. Pour valider son engagement, je reviens à la
charge : « Dois-je comprendre que vous êtes d’accord avec ce plan ?
— Oui.
— Qu’est-ce qui nous permet de vous faire confiance ?
— J’ai compris, j’ai pas le choix, ma job en dépend !
— Exactement. Alors bonne chance. On se revoit dans sept jours,
même heure, même poste. »
Nos attentes sont claires ; la première est la suivante : « Nous voulons que
tous les membres de l’équipe (incluant le contremaître) soient présents à
leur poste de travail et respectent leur horaire. » Pour suivre l’évolution du
dossier, nous effectuons à l’improviste des visites à Jean-Claude. Comme
son comportement est irréprochable pendant les premières semaines,
j’espace mes visites. Évidemment, comme elles se font plus rares, les
mauvaises habitudes du contremaître resurgissent (le directeur en a été
informé par un employé). Marc et moi nous rendons alors sur place pour
rencontrer Jean-Claude.
Jean-Claude, lui, répond aux attentes de son entreprise et fait profiter Marc
de sa vaste expérience. Il demeure, toutefois, qu’il faut toujours le
surveiller. Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que nous avons
recommandé à Marc de rendre à l’occasion une petite visite aux quarts de
soir et de nuit, ce qui ne se faisait pas auparavant.
Le problème, c’est qu’après le lui avoir enlevé, on constate que les racines
et la génétique de l’arbre lui redonnent bien vite sa courbe naturelle, ce qui
le rend vulnérable aux intempéries. Le mieux est de laisser le tuteur en
place et de fournir à l’arbre le soutien nécessaire pour qu’il vive longtemps
en bonne santé.
UN PROBLÈME DE SUPERVISION
Comme je l’ai dit dans le premier chapitre, une supervision inadéquate peut
être à l’origine d’une baisse de rendement. Il est donc important de corriger
les écarts de conduite d’un employé pour que son rendement se maintienne.
Par ailleurs, il est bon de rappeler fréquemment à un employé difficile qu’il
est responsable de ses gestes et de ses paroles. Une bonne gestion se résume
en deux mots : respect et fermeté.
À RETENIR
Avec un employé difficile, vous devez resserrer votre gestion. Évitez les zones grises en lui
disant, par exemple, de déposer un rapport au début du mois. Pour vous, le début du mois
peut être le 1er ou le 2, mais, pour lui, cela peut facilement être le 11 ou le 12.
Autre exemple de zone grise : vous demandez à un employé difficile de voir ce qu’il peut
faire pour corriger une lacune (disons un manque d’information). Pour vous, cela implique
la recherche d’une solution, mais, pour lui, cela peut vouloir dire aller engueuler le
responsable de l’informatique parce qu’il ne reçoit pas l’information dont il a besoin ! Soyez
précis et assurez-vous que l’employé comprend ce que vous voulez, quand vous le voulez
et comment vous le voulez. Et n’oubliez pas de lui rappeler les effets que peut avoir sur
l’entreprise, sur les clients et sur lui le non-respect de ces attentes.
L’évaluation et la rétroaction
Problèmes liés à une supervision inadéquate
1. Omettre d’évaluer de façon officielle le rendement d’un employé. Pour vous,
l’évaluation est peut-être secondaire. Vous avez déjà dit au directeur des
ressources humaines que vous n’aviez pas vraiment de temps à y consacrer.
Sachez cependant que l’évaluation est cruciale dans le processus permettant à un
employé de s’améliorer, d’autant plus s’il s’agit d’un employé difficile à qui on a fixé
des objectifs de rendement. Il est essentiel d’évaluer officiellement les employés au
moins une fois par année.
2. Négliger d’offrir régulièrement une rétroaction adéquate. Vous demandez souvent à
vos employés ce qu’ils font, comment ils vont, mais vous ne dites rien de ce que
vous entendez quand ils vous répondent. Certains éléments d’information vous
inquiètent, mais vous croyez qu’il vaut mieux vous taire… jusqu’au moment où vous
n’en pourrez plus et où vous exploserez ! Échangez régulièrement avec vos
collaborateurs. Communiquez vos impressions, partagez vos idées. De cette façon,
tout le monde demeurera sur la même longueur d’onde. Cela prend un peu de
temps au début, mais permet d’en gagner plus tard.
3. Ne pas prendre le temps de souligner un rendement exceptionnel. Les employés ne
veulent pas seulement qu’on leur fasse remarquer leurs erreurs. Comme vous, ils
apprécient qu’on les félicite pour leurs bons coups. Prenez-vous le temps de dire à
votre commis : « Michelle, ton rapport était clair et concis. Il me permet de mieux
travailler. Merci. » ?
4. Ne pas s’intéresser aux compétences des employés et à leur développement
professionnel. Cette indifférence trahit une gestion à très court terme. Si vous
souhaitez embaucher et garder des jeunes qui ont du potentiel, assurez-vous, en
plus de leur offrir un défi professionnel intéressant, d’investir dans le
développement de leurs compétences. Soumettez-leur également un plan d’avenir
dans votre entreprise. C’est ce qu’ils recherchent. Vos employés d’expérience aussi
d’ailleurs, mais, en l’absence de programme de développement de carrière, ils se
sont résignés.
L’évaluation et la rétroaction
Pistes de solution
Instaurer un processus annuel d’appréciation du rendement et effectuer le suivi
nécessaire pour valider l’atteinte des résultats. Le bilan du rendement d’un employé
doit inclure une réflexion sur la formation et le perfectionnement nécessaires. Vous
pouvez également y inclure ses intérêts de carrière, après lui avoir posé la question
suivante : « Vous voyez-vous chez nous dans cinq ans ? ». Définissez avec lui les
possibilités d’avancement.
Cet exercice vous permettra aussi de remettre les pendules à l’heure, advenant le cas
où les attentes se révèlent impossibles à satisfaire. De la sorte, vous ne laisserez pas
un employé faire face à un objectif irréaliste. Vous pourrez alors exploiter un deuxième
plan de match ou le pousser à prendre une décision : demeurer chez vous ou
regarder ailleurs.
Instaurer une politique de gestion de carrière et de formation de la relève. La politique
de gestion de carrière et de formation de la relève, tout comme celles mentionnées
précédemment, doit être l’expression d’une volonté sincère de la haute direction. Dans
le cas d’une politique de gestion de carrière et de formation de la relève, sachez que
vous trouverez sur le marché d’excellents logiciels qui vous aideront à analyser et à
gérer les données qui s’y rattachent. Une fois la mise en œuvre opérée, votre système
sera fort utile pour la supervision de cette pratique de gestion.
Pour ce qui est de la formation de la relève, les programmes de mentorat, où un
employé d’expérience est nommé mentor d’un plus jeune, sont actuellement très en
vogue. Ils sont simples et donnent de bons résultats. À vous de voir !
La communication
Problèmes liés à une supervision inadéquate
8. Ne pas être doué pour la communication. Le malheur de notre siècle ! Eh oui,
même au travail vous devez être habile à communiquer. C’est la clé pour cultiver
une bonne relation avec autrui et conserver un bon climat de travail. L’employé a
besoin d’être informé et de s’assurer qu’il est dans la bonne voie. Il doit également
pouvoir communiquer en toute franchise avec ses collègues, ses patrons et ses
subalternes. Voici quoi faire si vous n’êtes pas doué pour la communication.
- Soyez conscient de votre difficulté.
- Voyez si un peu de formation n’y remédierait pas.
- Souriez et ayez confiance.
- Demandez de l’aide.
- Vérifiez vos résultats.
Le respect
Problèmes liés à une supervision inadéquate
13. Tolérer le manque de respect. Les membres de votre équipe discutent des
problèmes relatifs à la qualité et vous leur rappelez la consigne du président : «
Taux d’erreur zéro. » Deux de vos conseillers réagissent en critiquant de façon
sarcastique le président et en l’appelant familièrement « petit Paulo ». Ne sachant
quoi répondre, vous riez avec eux. Malheureusement, vous faites ainsi du manque
de respect une valeur organisationnelle. Est-ce bien ce qu’on attend de vous ?
14. Refuser de respecter les différences culturelles. Vous êtes de race blanche et êtes
né au Québec. Vous comptez dans votre équipe des employés asiatiques ou de
race noire. Il vous arrive de faire à ce sujet des blagues, que vous croyez
anodines, ou des commentaires, qui peuvent heurter ces personnes. Ne soyez
pas surpris si vous entretenez avec elles des rapports difficiles. On ne connaît pas
toujours la portée de certaines blagues…
15. Critiquer un employé devant ses collègues. Un salarié que vous sermonnez
devant tout le monde peut devenir un employé difficile. Personne n’aime se faire
dire ses quatre vérités en public. Quand vous devez critiquer le travail d’un
membre de votre équipe, de grâce, faites-le en privé, la porte fermée.
16. Permettre qu’un conflit perdure entre un patron et un employé. Michel, un de vos
gestionnaires, siégeait au comité de sélection des candidats qui a rejeté la
candidature de Jean-Pierre, un professionnel d’expérience. Depuis, ce dernier lui
en garde rancune. Il n’a jamais un bon mot pour Michel, lequel fait tout ce qu’il
peut pour harmoniser leurs rapports. Jean-Pierre ne rate pas une occasion de
critiquer son collègue lorsque ceux-ci participent aux mêmes réunions. Tout le
monde le sait et appréhende l’affrontement en voyant leurs noms sur la même
feuille de convocation. Si leurs collègues sont au courant de ce conflit, le temps
d’intervenir avec fermeté auprès de Jean-Pierre est sûrement arrivé. On s’entend
bien, cette situation exige que l’on applique la politique « tolérance zéro », assortie
de sanctions.
17. Accepter d’un employé qu’il s’adresse à vous de façon cavalière et sarcastique
parce qu’il est délégué syndical. Dans beaucoup d’organisations, encore
aujourd’hui, on constate une « culture officieuse » permissive à l’égard des
comportements de nos représentants syndicaux. Ces façons de faire ne doivent
pas être endossées. Principalement parce que beaucoup de représentants
syndicaux ont un comportement éthique dans leur façon de se montrer
responsable à bien représenter l’ensemble des employés. La tolérance à l’égard
de comportements abusifs associés au « pattern » syndical d’autrefois est révolue.
Ces personnes sont représentatives de l’ensemble de nos employés et doivent
être reconnues comme telles.
Le respect
Pistes de solution
Préciser les attentes de l’entreprise au sujet de l’attitude et du comportement au
travail. Vous avez une mission et des valeurs d’entreprise, lesquelles sont peut-être
affichées dans le bureau du président. Par conséquent, soyez cohérent. Assurez-vous
que votre façon de décider, d’aborder vos employés et, de façon générale, d’intervenir
auprès de vos collègues est respectueuse. Établissez des règles de conduite,
précisez vos attentes et les comportements qui s’y rattachent, faites connaître les
sanctions prévues en cas d’écarts, respectez les procédures et, le cas échéant,
appliquez les sanctions. La non-tolérance au manque de respect est une règle
applicable à tous. Que ce soit un gestionnaire ou un délégué syndical qui l’enfreint, ils
sont soumis aux mêmes règles : appliquez les sanctions.
Insister sur le respect comme valeur organisationnelle. Reprenez la première solution
(préciser les attentes) et créez des « bravogrammes » mensuels. Un bravogramme
est une note qu’un employé rédige pour féliciter un collègue, employé ou gestionnaire,
qu’il a vu faire preuve de respect dans une situation professionnelle délicate.
En voici un exemple : « Je veux souligner la qualité du service à la clientèle qu’a offert
Johanne le lundi 8 septembre à 11 h, alors qu’une cliente s’est présentée en colère en
exigeant un remboursement pour une tondeuse qu’elle utilisait depuis six semaines.
Johanne est demeurée calme et a fait preuve de respect. Elle a appliqué nos règles
en matière de retour et de remboursement avec beaucoup de tact. À Johanne, pour
son professionnalisme et son sang-froid : bravo ! J’ai vu la cliente quitter le magasin
avec le sourire. »
Pour susciter ce genre de témoignage, vous pouvez prévoir un bravogramme type.
Vous en trouverez un modèle à la page 75. Vous pouvez ensuite afficher les
bravogrammes ou récompenser les employés méritants. Voilà une façon de souligner
l’importance d’une valeur organisationnelle.
Instaurer une politique d’égalité en matière d’emploi et de lutte contre le harcèlement
psychologique – et en assurer l’application. Simple à dire, plus difficile à mettre en
place. Dans un premier temps, il vous faut un objectif d’entreprise, émis par la
direction, et un mandat pour le réaliser. En général, un comité chapeauté par un
responsable ou un conseiller des ressources humaines ébauche une proposition de
politique, laquelle est ensuite entérinée par la direction générale et diffusée auprès du
personnel.
Le respect
Pistes de solution (suite)
Si vous voulez assurer le succès de l’implantation d’une telle politique, offrez à vos
gestionnaires une formation où on leur expliquera comment la faire respecter. Ils en
mesureront ainsi toute l’importance. Rappelons ici les trois volets, distincts et
complémentaires, de cette politique :
promotion de l’égalité en matière d’emploi ;
maintien d’un bon climat de travail (incluant les règles sur le harcèlement
psychologique). (En ce qui concerne ce second volet, sachez qu’au Québec, vous
êtes obligé d’en tenir compte depuis juin 2004.)
Sachez que des dispositions québécoises sont prévues à la loi sur les normes du
travail, notamment en ce qui concerne votre obligation en matière de prévention et
d’intervention dès qu’une conduite est portée à votre attention (article 81.19, loi sur les
normes du travail).
À cet effet, il pourrait être opportun d’établir un partenariat avec vos diverses
accréditations syndicales afin de les engager dans une démarche de responsabilité
partagée sur ce dossier.
éthique pour établir des pratiques de gestion justes et équitables
Diffuser un plan de communication sur les comportements respectueux au travail et
un plan de prévention du harcèlement psychologique. La meilleure politique du monde
ne vaut rien si elle est laissée sur les tablettes. Vos employés doivent en prendre
connaissance. Si vous les formez après la diffusion de ces deux plans, votre
démarche a de bonnes chances d’être fructueuse.
Voici un modèle de bravogramme qui peut être utilisé pour renforcer le
respect dans l’organisation, tel qu’expliqué à la page 73.
BRAVOGRAMME TYPE
À RETENIR
Si vous êtes équitable avec eux, vos bons employés n’hésiteront pas à se dépasser pour
vous. L’employé difficile, lui, une fois devenu correct, répondra aux attentes de l’entreprise,
sans plus. C’est sur ce point qu’un encadrement adéquat fait toute la différence.
Certains employés difficiles n’ont parfois aucun défi dans leur vie
personnelle ou professionnelle. Ils cherchent à pallier cette lacune en
relevant des défis malsains au travail.
Dois-je ajouter qu’il les mettait à jour en prenant sur son temps de travail et
en utilisant l’équipement de son employeur ? Voilà un bon exemple de défi
malsain. C’est un conseiller en informatique et une adjointe administrative
responsables de mettre à jour un logiciel de gestion des données sur les
postes de travail qui ont découvert le pot aux roses, un jour où l’employé
était malade.
Quelques jours plus tard, Bernard revient au bureau, et quelle n’est pas sa
surprise quand il apprend que, pendant son absence, Roger a pris congé en
raison de la mort subite de sa grand-mère. Le dossier de notre comparse
s’est rapidement retrouvé à la direction des ressources humaines !
Cet exemple démontre de façon éloquente qu’il existe souvent, quelque part
au sein de votre entreprise, des réponses à vos questions. Et quand vous
cherchez une réponse, vous constatez vite qu’un dossier d’employé bien
documenté, contenant le profil de compétence et l’historique détaillé de la
contribution d’une personne, peut être d’un précieux secours. Par
conséquent, n’oubliez pas d’alimenter à votre tour le dossier de
l’employé. C’est une stratégie gagnante. De plus, c’est votre
responsabilité.
Des droits
et des obligations
Une bonne équipe n’est pas le fruit du hasard, mais d’une bonne gestion. Et
conserver une bonne gestion oblige à être responsable et souvent courageux
dans l’exercice de son droit de gestion. L’oublier, c’est ouvrir toute grande
la porte à l’employé difficile. Voilà pourquoi j’affirme qu’il « réveille » un
gestionnaire… et c’est tant mieux !
Il est beaucoup plus facile de superviser le travail d’un employé correct que
de gérer un comportement inacceptable. L’employé difficile peut parfois
nuire très sérieusement au fonctionnement de son entreprise. La vigilance
doit donc être une des principales qualités du gestionnaire. Implanter une
politique de gestion du rendement par les résultats est une bonne mesure
préventive et constitue une piste de solution lorsqu’il faut gérer la
performance d’un employé difficile.
Le contrat étant clair entre les deux parties, la supervision a pour fonction
d’aider l’employé à atteindre son plein rendement. Les rencontres de
miparcours montrent par l’accompagnement le sérieux de cette démarche.
Plus ces résultats seront définis clairement, plus l’employé pourra gérer son
temps seul. Vous trouverez ci-dessous quelques exemples de résultats à
atteindre qu’on peut inclure dans les règlements de l’entreprise ou dans le
plan de développement annuel. Dans le cas où ces résultats ne seraient pas
atteints et ce, de façon récurrente, il se peut que vous deviez les intégrer à
un plan de redressement.
• Respecter les échéances fixées pour les cinq dossiers de dotation du mois
en cours, à savoir : « dossier 1 – date », « dossier 2 – date », « dossier 3 –
date », etc.
DU CÔTÉ DU GESTIONNAIRE
Si vous avez ce livre en main, c’est que vous vous posez des questions sur
vos responsabilités de gestionnaire. Je profite de l’occasion pour vous
rappeler que toute entreprise a la responsabilité de fournir à l’employé
l’encadrement, les outils et les moyens nécessaires pour qu’il fasse
correctement son travail.
Mais si vous avez un employé difficile, soyez assuré que, pour lui, ce n’est
pas pareil. La lenteur du système informatique justifie ses pertes de temps et
vos absences sont la cause de ses erreurs, puisque vous n’êtes jamais là
pour superviser son travail. Il vous met hors de vous. Pourtant, et d’une
certaine façon, il ne fait que vous rappeler que vous êtes responsable du
manque d’encadrement et de la désuétude des outils. Tant mieux si les
employés responsables s’en accommodent, mais vous prenez tout de même
un risque, car l’employé difficile, lui, s’empressera d’en profiter !
L’employé qui, durant une longue période et sans raison valable, n’atteint
pas le rendement qu’on lui a fixé, instaure des « normes informelles de
rendement » qui discréditent les normes officielles de l’entreprise et
réduisent, par le fait même, la crédibilité du gestionnaire. L’entreprise qui
tolère un tel affront détruit, à moyen et à long terme, sa force et affaiblit son
droit de gérance. Elle permet qu’un climat d’insécurité et d’injustice
s’installe et affecte les bons employés qui, eux, respectent les normes
officielles.
À RETENIR
Un plan de redressement n’a pas pour but de punir l’employé. En tant qu’outil
pédagogique, il contribue à lui faire comprendre les conséquences de ses actes. Saura-t-il
profiter de l’occasion qui lui est offerte de s’améliorer ?
Voici quelques mesures préventives qui peuvent vous aider avec les
employés difficiles.
Le respect s’exprime dans les paroles et les gestes. Des mots et des
expressions simples, comme « merci », « s’il vous plaît », « vous seraitil
possible de m’aider ? », ont encore leur importance. Évitez par ailleurs
de couper la parole, acceptez l’expression de la différence et assurez-
vous que l’on comprend votre message. Ces façons de faire sont
respectueuses. Et n’oubliez pas la plus populaire de toutes : ne pas
critiquer ouvertement autrui.
6. Assurer la confidentialité. Souvenez-vous qu’un employeur est en tout
temps tenu de garder les données du dossier d’un employé
confidentielles. Cela est d’autant plus important dans le cas d’un
employé difficile, même si cela peut s’avérer plus délicat, puisque le
comportement de ce dernier, en générant de la frustration, porte le
gestionnaire à se délier impulsivement la langue. Toute information
susceptible de porter préjudice à un salarié, qu’il s’agisse d’écrits, de
paroles ou de réactions non verbales, revêt un caractère confidentiel.
DU CÔTÉ DE L’EMPLOYÉ
Au Québec, le droit du travail comporte plusieurs clauses qui protègent les
employés. Cela, en soi, est correct. Mais n’oublions pas que la législation
stipule aussi que l’employé a l’obligation de fournir un travail satisfaisant.
Dans la situation où l’entreprise est syndiquée, la présence d’un délégué
bien informé apporte un support complémentaire à l’employé pour
l’informer de ses droits, et c’est aussi bien. C’est alors qu’on reconnaît
l’importance pour une organisation, par le biais de ses gestionnaires, de
souligner les responsabilités de l’employé en complémentarité de ses droits.
C’est essentiel.
Ses droits
En général, rien n’a été mis par écrit, car peu de faits ont été observés. On
en parle, mais cela s’arrête là. Quelle n’est pas ma surprise, donc, de me
voir remettre un dossier boudiné de 68 pages, fruit de 11 mois de travail,
contenant des faits observés et minutieusement détaillés, des bilans
d’échanges avec l’employé (date, durée, contenu), ainsi que les résultats
obtenus (dans ce cas, le manque de résultats). Miracle, quel beau dossier !
Mais il y a un mais… Tous ces écrits, rédigés par le directeur, sont
consignés sur du papier à lettre et ont été envoyés confidentiellement au
directeur général. Ce dossier est inutilisable, car il a été constitué sans que
l’employé le sache.
Sa principale obligation
Cette dernière question mettrait-elle le doigt sur une vérité non divulguée ?
Soyons honnêtes : trop souvent, cette situation éveille la peur de
l’organisation. Qui dit peur, dit besoin d’être courageux. L’employé difficile
a vite évalué le niveau de courage de son organisation et, grâce à ce constat,
il améliore souvent son acharnement à vouloir gagner à tout prix. Il se croit
capable d’échapper à ses responsabilités et de s’en sortir sans conséquences.
Malheureusement, on le voit souvent réussir ; alors pourquoi s’arrêterait-il ?
L’organisation est donc confrontée à l’importance de définir clairement ses
limites. La situation est évidente. En tant que gestionnaire, votre
responsabilité est d’agir. Une fois ce constat établi, vous êtes prêt à
poursuivre la lecture de ce volume puisque ce qui suit vous aidera à agir en
conséquence.
À
À RETENIR
Quand j’anime des formations sur les stratégies d’intervention auprès des
employés difficiles, les participants me citent souvent cette phrase dont
j’ignore l’auteur, mais fort pertinente selon moi : « Une situation qu’on fuit
nous suit ; une situation à laquelle on fait face s’efface. » De toute
évidence, en la formulant, son auteur a pensé à nous tous. La justesse et le
bienfondé de son propos ne relèvent absolument pas du hasard, et je vous le
communique pour alimenter votre réflexion. La tolérance ou l’évitement ne
sont plus un choix : il faut agir en gestionnaire responsable. En présence des
intentions malveillantes d’un employé difficile, votre devoir est d’exercer
votre leadership pour amener l’organisation à vous aider à mettre en place
un plan d’action afin de baliser la suite du processus. Par ce choix, vous
montrez votre courage. Exercer ce choix présente à l’ensemble de vos
collaborateurs un modèle inspirant de gestion.
Ensuite, les différents intervenants de votre organisation doivent conforter
leur action grâce à une vaste et courageuse « démarche ». La direction des
ressources humaines appuie le gestionnaire immédiat et son supérieur afin
d’élaborer cette démarche et un plan comportant des indicateurs
observables et mesurables utiles pour assurer un suivi. Ces intervenants
s’entendent sur un projet commun, à savoir : amener l’employé à se
conformer aux attentes de performance et aux attitudes professionnelles
appropriées à l’exercice de ses fonctions.
À RETENIR
L’employé difficile met à l’épreuve son organisation. C’est une réalité ! À vous d’agir afin
que ce défi ne pose pas un problème de gestion.
Sur cette lancée, je pourrais rédiger un volume complet d’excuses, car je les
entends tous les jours. Voulez-vous savoir ce que je perçois derrière ces
résistances ? La peur et la déresponsabilisation. Attention au dérapage ! Il
devient si facile de se réconforter dans l’anticipation de ses peurs. Si la
réflexion s’effectue en groupe, l’effet est encore plus pervers. Toute
décision de gestion prise sous l’emprise de la peur ne peut pas être une
bonne décision.
À RETENIR
Quand une organisation fait preuve de courage, il faut le reconnaître. On doit aussi
soutenir les principaux acteurs qui en assument le leadership. Ensuite, il est très important
de se donner un moment d’arrêt pour constater sa fierté de s’être engagé dans ce choix.
Chapitre 6
La stratégie
d’intervention
Cette petite histoire illustre le fait que, très souvent, les employés
connaissent le style et les méthodes de travail de leurs gestionnaires et en
saisissent rapidement les avantages et les inconvénients.
Vous comprendrez que ces questions vous valident par rapport aux éléments
présentés dans le chapitre 1. Si vos réponses sont négatives, nous vous
rappelons que le chapitre 1 propose certaines actions préalables. Mais,
maintenant, vous avez fait vos devoirs et vos réponses sont claires. Vous
pouvez dire : « Oui, je l’ai fait » ou « Oui, je l’ai fait et je n’ai constaté
aucune amélioration ».
Ce cas est délicat, mais doit être traité dans les plus brefs délais, car il
génère un important retard de production. Et n’oubliez pas que garder un
bon employé à un poste qui lui rappelle quotidiennement son incapacité lui
fait rapidement perdre confiance en lui. Sans compter que ce processus
destructeur risque d’envahir aussi sa vie personnelle.
Grille de travail
L’OBSERVATION DES ÉCARTS DE CONDUITE
La consignation des faits en situation réelle
Il se peut que vous constatiez un problème de comportement sans pour
autant pouvoir le relier à des faits précis. Nous vous proposons donc une
deuxième grille, que vous pouvez utiliser seul ou en groupe pendant les
réunions. Elle concerne le fonctionnement de l’équipe et la contribution de
chacun, et peut être complétée par les attentes du gestionnaire ou les
éléments contenus dans un profil de compétences (sous la rubrique « travail
d’équipe »).
Elle peut aussi servir à rapporter à votre équipe des situations observées par
plusieurs et permettre ainsi de miser sur la bonne volonté de chacun. Si
l’employé difficile refuse d’apporter sa contribution, vous avez alors un fait,
dont plusieurs peuvent témoigner, et que vous pouvez citer en abordant
avec lui la question de son engagement. Cette grille vous fournira
également des renseignements qui vous aideront à prévoir les situations
problématiques, ce qui vous assurera un meilleur sommeil ! Le dicton
Mieux vaut prévenir que guérir est ici on ne peut plus approprié.
Chaque fois que vous répondez « oui » à l’une des affirmations, soulignez
l’aspect valable du fonctionnement de l’équipe et félicitez vos employés.
Chaque fois que vous répondez « non », précisez les comportements à
modifier et définissez l’attitude appropriée.
Grille d’évaluation
LA PARTICIPATION DES MEMBRES AUX RÉUNIONS
Une fois les réponses compilées, le gestionnaire aura en main suffisamment
d’éléments pour réfléchir au fonctionnement de l’équipe et à l’attitude de
ses membres. Ces données pourront être validées par l’intermédiaire d’un
bilan remis à l’équipe ou par des rencontres avec les membres.
Le gestionnaire pourra ainsi utiliser l’information recueillie lorsqu’il
rencontrera l’employé. Voici une question qu’il pourra alors lui poser pour
connaître sa perception des faits : « L’équipe m’informe que vous (citer le
point). J’aimerais que vous me disiez ce que vous en pensez. Comment
expliquez-vous que la majorité de vos coéquipiers mentionne (ce point) et
que vous soyez le seul à avoir une opinion différente ? »
À RETENIR
À moins que vous n’ayez qu’un seul travailleur sous votre responsabilité,
vous risquez de vous retrouver avec des employés qui observeront
l’évolution de la situation. Comment fonctionner avec eux ? Les 4
questions suivantes vous aideront à vous situer.
1. Les membres de votre équipe peuvent-ils vous fournir des éléments
importants pour le dossier de l’employé ? Bien sûr ! Vous pouvez leur
demander de remplir des grilles de travail, lesquelles vous aideront à
regrouper des renseignements utiles pour votre diagnostic. La grille
d’évaluation intitulée La participation des membres aux réunions (à la
page 118) est un bon outil en ce sens.
2. Les autres employés doivent-ils participer à la démarche ? Ils sont vos
conseillers et vos aides ; ils n’effectueront pas la démarche à votre place.
De plus, vous devez agir dans le respect de chacun : rares sont les
employés qui sont à l’aise de fournir des renseignements susceptibles de
compromettre un collègue. Les résultats qu’il est possible d’obtenir
grâce à un sondage sur le climat de travail ou à l’aide de la grille sur les
rencontres d’équipe peuvent vous servir à rapporter certains problèmes
relatifs au comportement de l’employé difficile.
Voici un exemple : « Eugène, j’ai étudié les questionnaires que tous les
membres de l’équipe ont remplis et une chose retient mon attention : tout
le monde se plaint du caractère négatif des échanges au cours des réunions.
Qu’en penses-tu ? J’ai moi-même noté le problème. Mais le fait qu’il soit
autant cité dans les questionnaires me prouve que la situation est urgente.
Comment réagis-tu à cela ? Comment décriraistu ton comportement au
cours de ces rencontres ? Je t’avoue qu’en lisant les résultats il est assez
clair pour moi que ces commentaires se réfèrent à ton comportement…
Nous avons d’ailleurs abordé le sujet à trois reprises : le 2 mai dernier, lors
de l’évaluation du rendement ; un mois plus tard, à la sortie de la réunion
de planification ; et le 8 août au matin, à notre arrivée au travail. Les
résultats du sondage ne sont pas pour moi une information, mais une
confirmation. Tout cela me dit qu’il faut que la situation se règle au plus
vite. Qu’en dis-tu ? Ce problème te concerne ; et la solution aussi ! Il est
important qu’une chose soit claire entre nous : au point où nous en
sommes, je n’accepterai plus d’excuses de ta part. Je veux entendre ce que
tu as à proposer comme solution. Je t’écoute. »
Ce que vous devez ici retenir est qu’il est important de donner du feedback
à l’employé et de vous assurer qu’il comprend ce qu’on attend de lui.
Mettez tout cela par écrit, pour que les choses soient claires. Et, bien sûr,
joignez au dossier un échéancier. Ainsi, tout le monde saura à quoi s’en
tenir. Il ne faudrait pas que votre démarche échoue parce que l’employé
ignorait, au départ, ce qui était attendu de lui !
Votre décision doit être le reflet clair et honnête de votre pensée. Ne mentez
pas – ni à l’employé ni à vous-même.
À
À RETENIR
Peu importe l’énergie qu’une telle expérience exige, il est toujours plus indiqué, plus
enrichissant et plus économique, pour l’entreprise, de corriger le comportement d’un
employé que de le congédier et de devoir le remplacer. Une personne travaillant chez vous
depuis des années a acquis une certaine aisance, connaît la culture de votre entreprise et
entretient des rapports professionnels, composés d’information et de méthodes, avec ses
collègues.
Et puis, n’oubliez pas qu’engager un nouvel employé et transférer le savoir demandent
parfois beaucoup de temps et d’énergie ; sans compter que vous pouvez toujours
retomber sur un employé problématique.
Souvent, on laisse aller les choses et on se débarrasse de l’employé difficile quand on n’en
peut plus. C’est ce qu’on appelle l’évitement de gestion. Cette stratégie est souvent
adoptée par un gestionnaire agissant sous le coup de la colère. Il ne faudrait pas oublier
que le congédiement est une solution de dernier recours.
Ne jouez pas sur deux tableaux, assurez-vous que vos intentions et vos actions sont
cohérentes. Toute incohérence nuira à votre démarche, surtout si vous devez vous
retrouver devant un arbitre. L’intégrité demeure, dans tous les cas, une valeur sûre.
Vous devez noter les faits et préciser quels sont les éléments du dossier.
Pour vous y aider, vous trouverez des modèles de lettres au chapitre 8.
Chaque cas étant unique, chaque lettre l’est également.
Pour que vous vous sentiez en contrôle, nous avons également dressé une
liste d’éléments que vous aurez à considérer au cours de votre intervention.
Le plan
de redressement
Une employée connue pour ses écarts de conduite (retards fréquents, congés
injustifiés, mauvaise attitude) est tolérée dans son milieu de travail depuis
25 ans. Aucun de ses gestionnaires n’a jamais constitué de dossier à son
sujet, personne n’a consigné le problème par écrit. Est-il trop tard pour
intervenir ? Oh non !
Il n’était donc pas surprenant que l’employé, lors des rencontres de suivi,
argumente au lieu de considérer les résultats. Voyons ensemble comment ce
plan a été retravaillé avec le gestionnaire.
Il est par ailleurs important de rappeler qu’une fois l’objectif atteint, le rôle
du gestionnaire auprès de l’employé difficile se poursuit. Le gestionnaire a
tout intérêt à ce que le travailleur continue de bien se comporter. L’étape,
souvent négligée, du renforcement – consistant à marquer son appréciation
à l’employé – est une des plus importantes du plan. N’hésitez pas à
exprimer votre satisfaction en mettant l’accent sur des faits observés. Et
n’oubliez pas : ne retirez pas votre tuteur. Une fois le problème résolu,
poursuivez votre supervision.
L’évaluation à 360°
L’évaluation à 360° est une évaluation du rendement et du comportement
visant un gestionnaire. Elle est effectuée par ses pairs, ses employés et ses
supérieurs.
Par ailleurs, il est bon de s’assurer que l’exercice est effectué avec
honnêteté et sérieux, sinon il engendre davantage de problèmes que de
solutions. Pour cela, il est conseillé de remettre le questionnaire en mains
propres aux personnes concernées et de leur expliquer la démarche en
soulignant que les renseignements ainsi obtenus sont confidentiels. On
rappelle alors les raisons de l’exercice, l’usage des données recueillies et les
conséquences de la démarche. On peut même demander au répondant de
signer son questionnaire.
Les employés difficiles aiment les contextes de changement. Plus ils sont
habiles, mieux ils savent encourager leurs collègues à la critique. Ils
peuvent également profiter de la confusion pour monopoliser l’attention.
Leur voix porte alors tellement qu’ils donnent l’impression de défendre
l’ensemble du personnel, ce qui les rend très populaires pendant un temps.
Les choses finiront par se calmer, et vous disposerez alors d’un grand
nombre d’éléments au sujet de l’employé difficile, qui vous aideront à
mettre en œuvre un plan de redressement.
Le directeur était en poste depuis quatre ans. Dès son arrivée, il avait
constaté que cet ingénieur avait une forte propension à la critique et, de
façon générale, une attitude dénotant beaucoup de résistance. Au cours de la
dernière année, il s’était posé de sérieuses questions sur la qualité du travail
de cet employé.
Pour mener à bien votre démarche, vous devez disposer de tous les outils
pour le faire et compter sur tout le soutien nécessaire. Par conséquent,
calmez-vous et évaluez les choses à tête reposée ! Chaque fois que vous
vous sentez déstabilisé, revenez à la base, laquelle se résume à deux
questions :
1. Qu’est-ce qui me motive à effectuer cette démarche ?
2. Qui peut m’aider à la mener à bien ?
LA REPRÉSENTATION SYNDICALE
Dans ma pratique, j’ai régulièrement pu compter sur la collaboration
syndicale dans les dossiers de gestion des employés difficiles. Combien de
fois ai-je entendu de la part d’un représentant syndical le message suivant :
« Les gestionnaires vont-ils se décider d’agir ? On ne peut pas faire leur job
à leur place. » Avouez qu’ils ont raison. C’est à l’organisation d’agir.
Vous lisez ce paragraphe et vous êtes en train de vous dire : « Ce n’est pas
comme ça chez nous. » C’est possible. Alors pourquoi ne pas profiter de
l’occasion pour vous asseoir avec vos représentants syndicaux afin d’établir
de meilleures pratiques pour l’avenir ? N’oubliez jamais que la
représentation syndicale est un droit et un privilège pour l’ensemble de vos
employés compétents. Vos employés ont droit à une représentation éthique
et digne de qui ils sont. L’ensemble de vos employés sont respectueux,
collaborateurs et honnêtes. La représentation syndicale doit le démontrer. Et
si ce n’est pas le cas, n’oubliez pas que tout ce beau monde demeure sous
votre supervision. Ayez le courage de le lui rappeler.
Il faut absolument que l’employé sache que ses efforts ne sont pas passés
inaperçus et que, même s’il n’est pas l’employé modèle, son apport mérite
d’être souligné. Un bon mot est plus susceptible de provoquer chez lui une
réaction positive qu’un commentaire faisant état d’une amélioration mais
mentionnant certaines failles (il risque de ne retenir que cet aspect du
commentaire). Le gestionnaire doit également veiller à ne pas exagérer ses
félicitations pour que son discours reste crédible et ne pas donner
l’impression que tout est oublié. L’employé difficile est une personne qui
requiert un bon encadrement : voilà ce qui le caractérise. Bravo ! Vous
venez de le découvrir… ne l’oubliez plus !
Chapitre 8
La rencontre
avec l’employé
LA PRÉPARATION ET LE DÉROULEMENT DE
L’ENTRETIEN
La rencontre avec l’employé est un moment important du processus de
redressement. Son succès dépend en grande partie de votre la façon de faire.
Voici des éléments importants à considérer.
Avant la rencontre
• Rencontrez les personnes-clés :
– Votre supérieur immédiat ;
– Un conseiller en ressources humaines ;
– Un conseiller juridique (si possible) ;
– Un collègue gestionnaire ;
– Un consultant spécialisé (s’il y a lieu) ;
– Le délégué syndical.
• Convoquez l’employé, si possible avec confirmation écrite, et en
spécifiant le but de la rencontre.
En début de rencontre
• Soyez ponctuel.
• Faites en sorte qu’on ne vous dérange pas (fermez votre porte, faites
prendre vos messages téléphoniques, etc.).
• Ayez vos notes en main.
• Accueillez l’employé (attitude positive, bonne poignée de main).
• Dites clairement que vous désirez un changement ; ne tournez pas autour
du pot.
• Soyez honnête. Si la démarche vous met mal à l’aise, dites-le (mais avec
assurance). Rappelez l’objectif de l’opération, ainsi que les valeurs qui
vous guident dans votre intervention. Expliquez :
– pourquoi vous avez décidé d’agir,
– pourquoi il est, selon vous, important d’agir,
– pourquoi le plan de redressement est non négociable.
Durant la rencontre
• Gérez le temps d’entrevue.
• Prêtez attention à votre langage non verbal.
• Réfléchissez avec l’autre, et non contre lui.
• Faites valider votre information par votre interlocuteur ; posez-lui des
questions.
• Évitez les ambiguïtés. Demandez des précisions sur ce que vous ne
comprenez pas et confirmez ce qui est compris. Vous êtes deux à
communiquer. Assurez-vous que les choses sont claires pour vous et pour
l’employé.
• Ne portez pas de jugements et respectez votre interlocuteur en tout temps.
• Ne le critiquez pas.
• Supervisez et encadrez l’employé en fonction des attentes et des objectifs
de l’organisation. Assurez le suivi du plan de redressement.
• Dites clairement que vous attendez des résultats et non des excuses.
Demandez à l’employé de vous présenter par écrit un plan de travail à la
suite de cette rencontre. Vous pouvez également exiger de lui un bilan
périodique (hebdomadaire ou mensuel) des résultats atteints, et ce,
jusqu’à la fin du plan.
• Sachez écouter sans vous mettre en colère.
• Apprenez à reconnaître et à éviter les petits jeux psychologiques (réponses
évasives, refus de communication directe, omissions, manipulation,
menaces, chantage, etc.).
• Si le délégué syndical doit être présent, n’acceptez pas qu’il prenne le
contrôle de la rencontre.
• Faites comprendre à l’employé qu’il est responsable des corrections à
apporter à son rendement ou à son comportement.
• Soyez patient.
Dans un premier temps, énoncez les faits, leur fréquence et leur impact.
Expliquez à l’employé en quoi consistent ses écarts (par rapport au
rendement ou au comportement attendu).
S’il répond de façon confuse, vous pouvez tout répéter. Mais sachez qu’il y
a des limites. Si l’employé refuse de comprendre, vous pouvez ajouter : « Je
suis surpris que vous ne saisissiez pas ce que je vous dis. La situation est
donc plus sérieuse que je ne le pensais. Votre difficulté à comprendre ce
qu’on attend de vous fait aussi partie du problème et prouve la pertinence
de la demande que je vous adresse. Une de nos attentes est que vous nous
démontriez votre aptitude à comprendre ce qu’on veut de vous. Autrement,
cela ne fera qu’accélérer ma décision. »
C’est un peu comme un match de tennis. Lorsque la balle est dans votre
camp, vous devez vous arranger pour la retourner à votre adversaire. Alors,
montez au filet ! Mais n’oubliez pas :
1. Posez des questions auxquelles la personne peut répondre.
2. Vos questions vous permettent de diriger la discussion.
3. Écoutez les réponses de votre interlocuteur.
4. Reformulez votre compréhension de ses réponses.
5. Prenez votre décision en tenant compte des réponses données par
l’employé.
Une question est soit fermée, soit ouverte. À une question fermée, on
répond par « oui » ou par « non ». Ce genre de question entraîne une
négation ou une confirmation et permet de vérifier l’engagement de la
personne à qui l’on parle : « Comprenez-vous que la situation est sérieuse ?
Peut-on compter sur votre collaboration ? »
La réponse à une question ouverte exprime une opinion, une idée ou des
sentiments. Une question ouverte permet de vérifier l’implication de la
personne à qui l’on parle : « À quoi peut-on s’attendre de votre part pour
constater votre collaboration ? Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer une
telle chose ? »
Des recherches ont démontré que les meilleurs gestionnaires sont ceux
qui mettent l’accent sur ce qui va bien3. Quand un gestionnaire se perçoit
comme une personne soucieuse d’aider ses employés à atteindre leurs
objectifs, ces derniers sont davantage portés à fournir un bon rendement.
Et n’oubliez pas : faites attention aux valeurs des autres. Surtout :
• si vous avez envie de rejeter une idée ou une suggestion sur-le-champ ;
• lorsque vous évaluez le travail de quelqu’un ;
• lorsque vous avez besoin de l’appui des autres pour effectuer un
changement ;
• lorsque vous êtes pressé par le temps.
La critique peut être un bon moyen de se défouler, mais elle est à éviter à
tout prix. Un conseiller ou un collègue peut vous aider à évacuer ces
émotions et vous permettre de reprendre le contrôle de votre dossier.
Le dossier
d’employé
Ce n’est pas tout ce que les gens ignorent qui cause problème ;
c’est tout ce qu’ils savent et qui n’est pas vrai.
Mark Twain
Depuis le 1er juin 2004, la Loi sur les normes du travail inclut des
dispositions pour contrer le harcèlement psychologique au travail. Tout
employeur a légalement l’obligation de prévenir et d’intervenir lorsqu’une
conduite inacceptable est portée à sa connaissance. Il devient impossible de
fermer les yeux sur la situation. On vous exigera de déployer des moyens
raisonnables pour répondre à vos obligations. Cela n’atténue aucunement la
finalité de vos actions.
Combien de cas vous viennent alors en tête ? Cet employé, par exemple,
qu’on laisse aller en justifiant qu’il est près de sa retraite, mais dont tout le
monde peut identifier le caractère inacceptable de son comportement. Votre
autre employé dont vous honorez la prestation de travail alors que vous
avez choisi de fermer les yeux sur ses pratiques non conformes. Ou encore
celui dont tout le monde vient vous parler, mais pour lequel vous n’avez
accumulé aucun fait au dossier. Et, finalement, n’oublions pas cet employé
que tous peuvent vous nommer, qui exerce son régime de terreur au
quotidien et dont les actions de l’organisation par le passé n’ont pas permis
de l’arrêter. Toutes ces personnes contaminent le climat travail. Climat de
travail qui, par les obligations qui vous incombent à titre d’employeur, doit
être exempt de toute manifestation de harcèlement ! Dites-vous qu’il est
nécessaire de persévérer dans vos actions, ne serait-ce que pour vos bons
employés qui gravitent autour de cette personne. N’est-ce pas là une
marque de respect que d’agir pour tous ceux qui ont choisi de se conformer
à la directive organisationnelle ?
LE DOSSIER DISCIPLINAIRE
Vous constaterez rapidement qu’un dossier d’employé bien fait évite de
nombreux tracas. Il est toujours bon d’y inclure le plus de renseignements
possible, afin de dresser un portrait détaillé de l’historique du cas. La
gestion disciplinaire oblige à la rigueur, à la constance et à la cohérence.
Partez de la prémisse que ce qui peut être reproché à un salarié doit d’abord
lui avoir été souligné. Le simple fait de juger du caractère inacceptable
d’une conduite n’accélère pas pour autant la gradation des sanctions à
imposer. Vous devez être en mesure d’établir l’écart entre ce qui est attendu
et ce qui fut communiqué à l’employé versus ce qui est observé.
Il est parfois nécessaire d’observer et de noter des faits sur une longue
période avant d’intervenir auprès d’un employé difficile. Il devient donc
utile de pouvoir visualiser l’évolution du dossier sur un seul document qui
vous servira d’aide-mémoire. Voilà l’intérêt d’une grille de collecte des
faits, telle que présentée à la page 169. Il vous suffit d’y inscrire la date de
l’action posée et certains renseignements contenus dans le dossier de
l’employé conformément à la légende que vous vous serez établie. Vous
trouverez un exemple complété à la page 170. Il demeurera évidemment
essentiel de conserver l’ensemble des pièces justificatives dans le dossier de
l’employé, et ce, jusqu’à leur péremption.
À RETENIR
S’il n’y a rien dans le dossier d’un employé, vous n’avez aucune preuve de ses actes.
À RETENIR
Intervenir auprès d’un employé difficile, c’est montrer le courage d’aborder la
problématique et d’amorcer une ouverture chez ce dernier, de s’amender ou de se
corriger.
RAPPORT ÉVÉNEMENTIEL
GRILLE DE COLLECTE DE FAITS
EXEMPLE
GRILLE : CONSTITUTION D’UN DOSSIER D’EMPLOYÉ
EXEMPLE
LES MESURES DISCIPLINAIRES
Les mesures disciplinaires s’appliquent au terme du processus de
redressement (décrit au chapitre 7) et après que le suivi ait été effectué de
façon périodique auprès de l’employé pour que ce dernier prenne
connaissance des résultats obtenus.
À RETENIR
C’est ici que la grille de collecte des faits (à la page 169) prend toute son
importance. Le principal intérêt de cet outil est de permettre une vue
d’ensemble de la progression des sanctions. Le gestionnaire peut ainsi
visualiser aisément l’évolution du dossier de l’employé.
À RETENIR
L’imposition d’une mesure disciplinaire ne se négocie pas. Et, surtout, ne tombez pas dans
le piège d’abdiquer trop rapidement
EN RÉSUMÉ
Vous avez fait preuve de bonne foi en permettant à l’employé de modifier
son attitude.
• Vous avez rencontré l’employé dès que vous avez observé ses écarts.
• Vous avez analysé la situation avec lui et avez réfléchi aux améliorations
possibles.
• Vous avez rappelé à l’employé qu’il devait assumer les conséquences de
ses actes.
• Vous avez convenu avec lui d’une stratégie de redressement et il s’y est
engagé.
• Vous avez constitué un dossier d’employé à partir de faits dont vous avez
pris le temps de vérifier la véracité en interrogeant quelques collègues de
l’employé, son chef d’équipe, et peut-être même un de ses anciens
gestionnaires.
• Comme convenu avec l’employé, vous avez assuré un suivi périodique
afin de valider ses améliorations.
• Vous avez consigné au dossier de l’employé une version écrite des
rencontres que vous avez eues avec lui ; version qu’il a signée et dont il a
obtenu copie (voir modèle de compte rendu de rencontre à la page 183).
• Vous avez averti l’employé par écrit que la situation ne pouvait plus
durer et que l’organisation s’attendait à ce qu’il modifie son
comportement, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu’au
congédiement.
• Pendant le processus de redressement, lequel n’a donné lieu à aucune
amélioration, vous avez offert à l’employé plusieurs occasions de se
corriger.
• Vous avez respecté les principes de base dans le choix de la sanction
disciplinaire.
LA RENCONTRE DE CONGÉDIEMENT
En tant qu’employeur, vous devez pouvoir démontrer que le congédiement
est la seule sanction envisageable.
Le principe
Le congédiement ne doit pas être perçu comme le résultat souhaité d’une
démarche, mais comme la meilleure façon, pour l’employé et son
employeur, de régler leur différend.
La démarche
Il faut mettre en évidence certains points.
• Revoir avec l’employé toute la démarche, en résumant les efforts faits par
le gestionnaire pour résoudre le problème avec l’employé et souligner
toutes les opportunités offertes à l’employé pour lui permettre de corriger
la situation.
• Donner les raisons qui ont amené l’organisation à prendre une telle
décision.
• Tirer la leçon de la situation problématique (cet exercice peut être aussi
bénéfique pour l’employé que pour le gestionnaire).
• Essayer, autant que possible, de clore la rencontre sur une note positive («
Je vous souhaite de trouver un poste qui vous satisfera davantage, etc. »).
Il est essentiel de mettre par écrit les conditions de départ. Vous pouvez
remettre cette lettre à l’employé à la fin de l’entrevue ou l’aviser qu’elle
sera postée dans les plus brefs délais. Cette lettre doit mentionner entre
autres :
• le préavis de fin d’emploi ;
• la date de fin d’emploi ;
• les montants qui doivent être versés pour le paiement du solde des
vacances, pour l’indemnité de vacances (4, 6 ou 8 %), pour les heures
supplémentaires en banque, pour les congés de maladie (s’il y a lieu),
ainsi que leur date de versement ;
• la date de la dernière paie et du relevé d’emploi ;
• les renseignements concernant le régime complémentaire de retraite de
l’entreprise.
Au moment du départ
Il est difficile de s’assurer que le départ d’un employé se fasse sans trop
d’éclats ; surtout lorsque ce départ a lieu immédiatement après l’annonce du
congédiement. Par conséquent, mettez toutes les chances de votre côté en
vous montrant plus prévoyant qu’optimiste.
• Garder son calme et se montrer respectueux tout au long de la démarche.
• Demander à l’employé de rendre les effets appartenant à l’entreprise (clés,
ordinateur, carte magnétique, etc.).
• Offrir à l’employé de contacter les ressources humaines pour toute
information supplémentaire.
TABLEAU-SYNTHÈSE
N’oubliez pas de joindre au dossier de l’employé une copie de la lettre
envoyée.
Le (date)
(Madame) (Monsieur)
(adresse)
(Madame) (Monsieur),
Depuis quelques semaines (faire référence à la date du premier
fait observé), nous avons constaté certains points méritant une
attention particulière de votre part, afin d’améliorer votre
rendement.
Ces points vous ont été exposés verbalement lors de notre
rencontre du ………. (date) dernier. La rencontre d’aujourd’hui
se veut un rappel officiel et respectueux de nos attentes
concernant les points suivants :
• l’accomplissement du travail :
– planification du travail ;
– suivi efficace des activités à entreprendre ;
– etc.
• le comportement :
– avoir une attitude positive ;
– démontrer un intérêt pour ses fonctions et pour
l’entreprise ;
– etc.
Nous vous offrons tout le soutien nécessaire, ainsi que notre
disponibilité, pour que vous puissiez répondre à ces attentes. À
cette fin, une rencontre de suivi aura lieu le ……….. (date)
prochain.
Si aucune amélioration significative n’est constatée, nous
devrons discuter ensemble d’une entente plus rigoureuse, à
savoir une suspension de une (1) journée sans traitement.
Toutefois, nous sommes assurés de votre collaboration et du
succès de cette démarche.
Veuillez agréer, (Madame) (Monsieur), nos meilleures
salutations.
Le (date)
(Madame) (Monsieur)
(adresse)
(Madame) (Monsieur),
Il a été clairement établi, dans l’avertissement écrit du (date),
qu’aucune autre absence de votre part ne serait tolérée, sous
peine d’une nouvelle sanction disciplinaire, soit une suspension
de une (1) journée sans traitement.
En date du (date), vous avez ignoré cet avertissement et
récidivé. Une absence de 40 minutes de l’établissement a été
constatée, bien que la période de repos allouée est d’une durée
de 30 minutes.
Nous sommes dans l’obligation de vous rappeler que ce type de
comportement n’est pas toléré dans notre organisation. Toute
prolongation de pause doit être autorisée par votre supérieur
immédiat et, le cas échéant, vous êtes tenu d’en aviser votre
supérieur et de lui fournir le motif de votre absence.
Vos absences répétées ont des conséquences importantes sur
la production de l’atelier, notamment sur les délais que nous
sommes tenus de respecter pour assurer le service à la
clientèle. C’est donc pour l’ensemble de ces raisons que nous
vous imposons une suspension de une (1) journée sans
traitement, prenant effet le (date).
À votre retour, le (date), vous êtes tenu de vous présenter au
bureau de votre supérieur immédiat avant de débuter votre
quart de travail.
Nous tenons à préciser que toute récidive sera suivie d’une
sanction plus sévère, soit une suspension de cinq (5) jours sans
traitement et que si de tels comportements se reproduisaient
par la suite, nous serions dans l’obligation de mettre fin à votre
emploi. Sachez que nous prenons ces manquements très au
sérieux. Nous croyons toutefois que vous êtes en mesure de
remédier définitivement au problème.
Le (date)
(Madame) (Monsieur)
(adresse)
(Madame) (Monsieur),
Par la présente, nous vous informons de la rupture de votre lien
d’emploi avec notre entreprise. Lors de votre embauche, le
(date), vous avez pu prendre connaissance des exigences et
des responsabilités relatives à votre poste, et vous avez signé
le contrat de travail qui vous était proposé.
Il y était mentionné que vous deviez entre autres assumer la
responsabilité de (mentionner la responsabilité) et respecter les
objectifs de vente fixés par la direction.
Au cours de votre première évaluation de rendement annuelle,
le (date), nous avons porté à votre connaissance, dans un but
correctif, plusieurs manquements. Certaines de vos tâches
étaient délibérément non accomplies. Ces manquements vous
ont également été rapportés le (date), lors de votre deuxième
évaluation de rendement annuelle, et un avis écrit a été porté à
votre dossier à ce moment.
Au cours de notre dernier entretien, le (date), ces mêmes
manquements figuraient à l’ordre du jour. Aucune amélioration
n’a été constatée, ce qui vous a valu une suspension de cinq
(5) jours sans traitement.
Le fait que vous ne soyez pas en mesure de répondre à vos
exigences professionnelles rend votre maintien à l’emploi de
notre entreprise impossible.
Dans le contexte organisationnel actuel, vous ne nous laissez
d’autre choix que de mettre aujourd’hui fin à votre emploi.
Nous demeurons disponibles pour toute information
complémentaire.
Quand rien
ne va plus4
Par Me Gilles Rancourt, CRIA,
associé au cabinet Heenan Blaikie Aubut
LE CAS DE PIERRE
Me Untel : Bonjour Jérôme, mon directeur des ressources humaines préféré
!
Jérôme : Écoute, cher Maître, un de nos employés, Pierre, ne fait vraiment
plus l’affaire depuis plusieurs années et il est vraiment temps de s’en
départir. Les gestionnaires qui ont travaillé avec cette ressource sont
unanimes à dire qu’elle nuit à l’organisation par son attitude négative, son
défi à l’autorité et son rendement déficient. Nous ne pouvons plus rien pour
cette ressource, il faut qu’elle parte rapidement.
Jérôme : Me Untel, c’est cela le problème. J’ai vérifié auprès de tous les
gestionnaires et, malheureusement, je n’ai pas grand-chose à t’offrir ! Cet
employé n’a qu’un avis écrit dans la dernière année et c’est pour avoir dit sa
façon de penser à un gestionnaire lors de la fête de Noël de l’année dernière
où il avait peut-être pris un peu trop d’alcool. D’ailleurs, cela me fait
penser, j’ai oublié de te dire que cet employé s’est absenté deux mois au
début de l’année, car il a dû suivre une cure de désintoxication liée à un
problème de dépendance à l’alcool. Jusqu’à l’événement de Noël dernier,
ses problèmes personnels n’avaient pas eu de conséquences directes sur son
emploi, mais là, c’est devenu un problème.
Aux fins du présent ouvrage, nous traiterons des deux recours suivants : le
recours à l’encontre d’un congédiement sans cause juste et suffisante
(article 124 LNT) et le recours à l’encontre d’une pratique interdite (articles
122 et 122.1 LNT).
Par exemple, dans le cas fictif de l’employé Pierre, il s’est absenté deux
mois dans la dernière année pour suivre une cure de désintoxication liée à
une dépendance à l’alcool. Comme il est reconnu que ce genre de
dépendance constitue une maladie au sens de loi, il pourrait prétendre que
son congédiement est lié au fait qu’il s’est prévalu du congé prévu à
l’article 79.1 LNT. En l’espèce, cet article prévoit qu’un employé peut
s’absenter du travail pendant une période d’au plus 26 semaines sur une
période de 12 mois pour cause de maladie. D’autres droits prévus à la LNT
peuvent être invoqués au soutien d’une plainte en vertu de l’article 122
LNT tels que le congé parental, le congé de maternité, les absences et
congés pour raisons familiales.
Comme dans le cas d’une plainte en vertu de l’article 124 LNT, les parties
pourront utiliser les services de médiation offerts par la Commission des
normes du travail. Par la suite, le dossier est transféré à la Commission des
relations du travail pour son adjudication. Dans ce cas-ci, si la plainte est
accueillie, la Commission des relations du travail ordonnera la réintégration
de l’employé et versera à celui-ci l’équivalant du salaire et des autres
avantages dont le congédiement l’aura privé. Dans le cadre d’une plainte à
l’encontre d’une pratique interdite, la Commission des relations du travail
n’a pas le pouvoir de modifier la mesure prise à l’égard de l’employé.
LE DÉLAI-CONGÉ RAISONNABLE
Le Code civil du Québec (ci-après « C.c.Q. ») prévoit à l’article 2091 que
chacune des parties à un contrat de travail à durée indéterminée peut y
mettre fin en donnant à l’autre un délai-congé. Ce délai-congé ou préavis de
fin d’emploi doit être raisonnable et tenir compte, entre autres, de la nature
de l’emploi, des circonstances particulières dans lesquelles il s’exerce et de
la durée de la prestation de travail. À défaut de donner ce préavis,
l’employeur devra verser à l’employé une indemnité correspondant aux
salaire et avantages qu’il aurait gagnés durant le préavis.
Les tribunaux ont statué que l’article 2091 C.c.Q. ne s’applique pas en
milieu syndiqué. De plus, lorsque l’employeur dispose d’un motif sérieux
ou d’une cause juste et suffisante, il peut mettre fin au contrat de travail, et
ce, sans avoir à donner un délai-congé raisonnable ou à verser un préavis en
tenant lieu.
L’ENTENTE À L’AMIABLE
Au-delà des recours possibles, de la légalité d’une fin d’emploi et, surtout,
même si vous disposez de toutes les raisons légales supportant votre
décision de congédier un employé, il n’en demeure pas moins que le pire
des règlements vaut souvent le meilleur des procès. Cet adage est aussi
valable pour l’employeur que pour l’employé.
LE RÔLE DE L’AVOCAT
Le rôle de l’avocat dans la gestion d’un employé difficile est de vous guider
tout au long de votre démarche de redressement afin d’éviter les écueils
juridiques pouvant entraîner des conséquences importantes si vous deviez
en définitive mettre fin à l’emploi de votre employé.
Puis, vous décidez de suivre à la lettre toutes les étapes proposées dans ce
livre, et vous finissez par avoir l’impression de disposer d’un bon dossier.
Bravo ! Mais attention : n’oubliez pas que la réalité peut être différente de
votre analyse.
Le présent ouvrage est là pour susciter de tels témoignages. Mon souhait est
que, dans quelques années, les gestionnaires québécois sachent si bien
intervenir auprès des employés difficiles que ce livre soit remisé aux
oubliettes… Souvenez-vous que, chaque fois que vous travaillez à
améliorer le contexte de travail dans votre entreprise, c’est l’ensemble du
milieu du travail qui devient meilleur. Ce que vous faites est important !
Avant tout, merci à vous tous, chers lecteurs qui avez démontré un tel
engagement à l’achat du premier volume pour l’amener au rang de best-
seller. Votre intérêt et vos préoccupations pour la problématique de
l’employé difficile donnent un sens à cette réédition et contribuent à faire de
notre marché de l’emploi un milieu sain et productif pour l’ensemble des
honnêtes citoyens qui y œuvrent.
Tous nos fidèles clients, pour la confiance qu’ils nous témoignent depuis
tant d’années. Grâce à eux, un large public pourra profiter du courage dont
ils ont fait preuve en allant au bout de leurs démarches. Leurs efforts
n’auront pas été vains. Cela prouve que tout est possible à qui s’en donne
les moyens.
CAVA, Roberta. Savoir traiter avec les gens difficiles, Montréal, Quebecor,
1990.