Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Le présent article traite de la langue véhiculaire nationale de l'Espagne qu'on appelle également
« castillan », par opposition aux autres langues espagnoles comme le basque, le galicien ou le catalan…
Cependant, l'histoire ayant fait du castillan une langue véhiculaire dépassant plus que largement la
péninsule ibérique, répandue du nord au sud des Amériques et, dans une moindre mesure, ailleurs, au point
que les phénomènes linguistiques péninsulaires revêtent une dimension presque folklorique, il faudra être
au moins aussi attentif à tous les autres folklores.
La langue espagnole suit généralement les principes grammaticaux des autres langues romanes, à savoir,
par exemple, que c'est une langue plutôt flexionnelle (les substantifs et les adjectifs possèdent deux genres
et deux nombres, le verbe se conjugue, etc.) à tendance synthétique.
L'espagnol fut la première langue européenne à posséder une grammaire écrite, publiée en 1492 par
Antonio de Nebrija. L'initiative fut soutenue par Isabelle de Castille (dite la catholique), y voyant un moyen
1
d'unifier leur empire à la fin de la période que les historiens du xixe siècle ont dénommé Reconquista .
Encore de nos jours, le terme Español est considéré politiquement chargé dans certaines régions de
l'Espagne. Pour cette raison, on utilisera l'adjectif Hispanique pour qualifier certains régionalismes.
Fondée en 1713, l'Académie royale espagnole (Real Academia Española) a traditionnellement été
considérée comme l'autorité normalisant la langue nationale.
Alphabet
L'alphabet espagnol se compose de 27 caractères : 26 lettres simples (portant toutes un nom féminin,
puisque ce sont des lettres) et un ancien digramme ayant évolué en une lettre à diacritique, ñ (<NN).
Jusqu'en 2010, les deux digrammes ch (che /ʧe/) et ll (elle /'eʎe/) étaient considérés comme des éléments à
part entière de l'alphabet, ils avaient des chapitres à part dans les dictionnaires.
Lettre Nom Note
A a a /a/
B b be /be/
C c ce /θe/ (/k/ devant -a, -o, -u )
D d de /ðe/
E e e /e/
F f efe /'efe/
H h hache /'atʃe/
I i i /i/
J j jota /'xota/
K k ca /ka/
L l ele /'ele/
M m eme /'eme/
N n ene /'ene/
(le n tilde se prononce comme gn en
français ou italien, un ny en catalan ou
Ñ ñ eñe /'eɲe/ hongrois, nh en occitan, portugais ou
vietnamien, ń en polonais et nj ou њ en
serbo-croate)
O o o /o/
P p pe /pe/
Q q cu /ku/
R r erre
S s ese /ese/
T t te /te/
U u u /u/
V v uve /uβe/
X x equis /'ekis/
Y y ye /je/
zeta ou /θeta/ /
Z z
zeda θeða/
Le B et le V sont souvent rapprochés dans leur prononciation, le tout tendant davantage vers le V.
Toutefois, à l'usage, on notera que le B et le V reprennent leur prononciation originale à l'initiale d'un mot ;
« beber », « bajar » sont bien prononcés B, de même « bolsa » ; en revanche le V tend, lui, à se prononcer
B : « vivir » est souvent prononcé « bivir ». Mais le V retrouve toute sa prononciation originale à l'intérieur
du mot.
Le D final est souvent atone voire affaibli à l'oral, selon les régions d'Espagne, Madrid deviendra
« Madriz » dans la Communauté madrilène ; dans le Sud ce sera même « Madri ».
Le C, le S et le Z ont des emplois propres mais interchangeables. Le S est toujours « soufflé » (c-à-d:
possède le son d'un ss) quelle que soit la voyelle le précédant ou le suivant. Le Z est prononcé
majoritairement (plus de 90 % des locuteurs) comme le S. Toutefois, les espagnols (sauf en Canaries et une
partie de l'Andalousie où se passe la même chose qu'en Amérique) le prononcent le prononcent [θ]. Quant
au C il signifie deux phonèmes, suivant ainsi la même règle qu'en français : il se prononce comme un K
devant les voyelles A, O et U, et comme un Z devant les voyelles E et I. « casa » et « caza » se
prononceront donc pareil en Amérique ([ˈka.sa]), mais différemment à Madrid (respectivement [ˈka.sa] et
[ˈka.θa]).
Le X étant depuis la Grèce antique une consonne composée, il se prononce [ks] sauf dans certains mots
comme México (tant la ville que le pays) et ses dérivés ou comme Texas où leur son est celui d'une Jota.
Le R est toujours « roulé » en espagnol. Dans la pratique le R au début d'un mot est fortement appuyé ; il
sera roulé normalement entre deux voyelles ou en début de syllabe (hors initiale) ; enfin, il sera presque
inaudible et donc peu roulé en fin de mot, lorsque deux syllabes qui se suivent comportent un J, G ou R,
l'usage veut que la syllabe accentuée prenne la priorité à la prononciation. Le R français est différent du R
en espagnol : le son guttural du R français est plus proche de la J ou G en espagnol, ce qui peut donc porter
à confusion lors de la transposition à l'écrit, voire une incompréhension lors du report à l'oral d'un mot écrit.
Pour éviter de les écrire tous, il s'est dégagé une règle composée de deux parties complémentaires
concernant les deux dernières syllabes: Point n'est besoin d'écrire l'accent dans les deux cas suivants :
si le mot porte son accent prosodique à l'avant-dernière syllabe et qu'il se termine par N, S
ou une des cinq voyelles (A, E, I, O, U),
si le mot porte son accent prosodique à la dernière syllabe et qu'il se termine par une
consonne autre que N ou S.
Dans tous les autres cas cette dispense ne s'applique pas (ex.: también).
En prosodie, deux voyelles fortes ne se trouvent jamais dans une même syllabe, alors qu'une voyelle forte
suivie ou précédée d'une voyelle faible seront toujours associées. Et de même lorsqu'une voyelle forte est
entourée de deux voyelles faibles. C'est la voyelle forte qui portera l'accent tonique et son écriture dépendra
de la règle générale d'accentuation. Ces associations entre voyelles fortes et faibles s'appellent
respectivement diphtongues et triphtongues.
Par contre, lorsqu'une voyelle faible est accentuée, elle devient forte et on retombe dans le premier cas.
Notons que l'on ne pourra se passer d'écrire l'accent sur une voyelle faible accentuée qui jouxterait une
voyelle forte (ex.: desconfío ; ataúd ; reír ; oír).
Lorsque deux voyelles faibles se suivent, c'est la deuxième qui porte l'accent (ex.: ruido). Sinon il faudra
l'écrire.
Par ailleurs, il existe nombre d'accents diacritiques, c'est-à-dire des accents écrits par « sémiotisme »
grammatical (une maladie bénigne de la langue écrite).
Généralement, l'accent tonique ne change pas de place en passant du singulier au pluriel (capitán,
capitanes) ; il faut donc le cas échéant, ajouter ou supprimer l'accent écrit.
Il existe cependant trois exceptions où l'accent tonique change de place en passant du singulier au pluriel :
régimen, regímenes ; carácter, caracteres ; espécimen, especímenes.
Diphtongues et triphtongues
La diphtongue est l'union d'une voyelle ouverte et d'une voyelle fermée (fermée-ouverte / ouverte-fermée)
ou bien de deux voyelles fermées (iu, ui) dans la même syllabe. Exemples :
Quand une diphtongue doit porter l'accent (selon les règles d'accentuation), on l'écrit sur la voyelle
forte/ouverte : Ca-mión, ju-gáis, áu-re-o, etc.
Les triphtongues sont l'union de trois voyelles dans la même syllabe : faible-forte-faible. On écrit l'accent
selon les règles d'accent :
San-ti-guáis, U-ru-guay .
Hiatus
Un hiatus se fait quand il y a deux voyelles, mais qu'elles sont issues de syllabes différentes. Il y a deux
classes :
Les hiatus de deux voyelles ouvertes (a-é-re-o, a-ho-ra) : ils portent l'accent selon les
règles (aéreo).
Les hiatus de voyelles fermée-ouverte/ouverte-fermée : la voyelle fermée est toujours
accentuée : Hab-í-a, ba-hí-a, o-í-do.
Observation
L'accent diacritique, comme son nom l'indique, sert principalement à distinguer certains mots d'orthographe
identique mais de fonctions grammaticales distinctes, comme :
Le premier élément d'un mot composé s'écrit sans accent (decimo-sexto), sauf s'il s'agit d'un adverbe
terminé par le suffixe -mente (fácilmente) ou de deux adjectifs unis par un tiret (histórico-crítico).
Constructions particulières
Certaines spécificités de l'espagnol sont à noter.
Verbale
Des verbes comme « recordar » (se rappeler) et « acordarse de » (se souvenir de) ont le même sens mais
pas la même construction, inversement « ponerse de acuerdo » (s'accorder sur/se mettre d'accord) et
« acordarse de » ne veulent pas dire la même chose, pourtant « lo acordado » correspond aux deux sens.
En général, lorsqu'il peut y avoir confusion, l'hispanophone périphrase un des deux sens pour lever toute
ambiguïté. À l'usage c'est le sens le moins récurrent (ou celui qui s'emploie le moins souvent, qui sera
périphrasé)
Les règles sont communes aux langues latines : le complément d'objet direct est directement placé après le
prédicat, le complément d'objet indirect est séparé par une conjonction.
Pour s'adresser aux personnes, l'espagnol emploie toujours « a » , laissant croire qu'il s'agit donc d'un
complément d'objet indirect mais grammaticalement en espagnol c'est un complément d'objet direct.
On peut facilement l'observer lors de l'enclise « cuéntaselo » (raconte le lui) : ici le verbe « cuenta » est
complété par « se » (lui) et « lo » (le), deux compléments d'objet directs, le sujet humain étant toujours
prioritaire à l'objet inanimé.
Por et Para
« Por » désigne l'agent, la source, l'origine, le passage : « voy por España » signifiant « je passe par
l'Espagne » ; tandis que « para » désigne le résultat, le but et l'objectif : « voy para España » signifiant « je
pars pour l'Espagne ».
Le système verbal espagnol est tel qu'il permet l'omission du sujet, une pratique ayant poussé le prédicat (le
verbe) en tête de la phrase. Cette construction a donné une autre dérive : lorsqu'il peut y avoir une
confusion de personne, cette dernière est précisée non pas avant le verbe, mais directement après celui-ci.
Les possibles confusions, à l'oral, entre « canto » (1re personne du singulier du présent de l'indicatif) et
« cantó » (3e personne du singulier du prétérit) : si à l'écrit la confusion n'est pas possible en vue de l'accent
présent ou non sur le « o » final, les deux mots peuvent être confondus à l'oral ; pour l'éviter, on précise
parfois (à l'oral) le sujet, par exemple « Canto yo la canción » et « Cantó él la canción » (En revanche, à
l'écrit comme à l'oral seul le contexte permet la différenciation entre le présent et le passé composé à la
1re personne du pluriel pour « amamos ».)
Ce renvoi du sujet du verbe après celui-ci, combiné à l'utilisation de la préposition « a » pour les
compléments d'objet humain, permet d'éviter toute confusion quant au sujet et à l'objet du verbe. Par
exemple, « Habla a ella » signifiant « Il/elle lui parle (à elle) » et « Habla ella a ella » signifiant « Elle lui
parle (à elle) » ; la première phrase focalisée sur l'action, ne précise pas qui parle mais on sait en revanche
que le destinataire de l'action est une femme ; la seconde phrase est focalisée sur qui parle et indique deux
femmes, la première s'adressant à la seconde.
La terminaison des infinitifs en -uir n'est pas accentuée parce que ui, iu sont toujours
diphtongues (constituir, contribuir, immiscuir, restituir, huir).
Les formes verbales monosyllabiques ne portent pas d'accent écrit (fue, fui, dio, vio). Il en
est de même des mots qui ne comportent qu'une seule syllabe (ni), sauf si cela risque de
créer une ambiguïté quant au sens du terme considéré (si conjonction et sí adverbe).
Les noms propres étrangers n'ont pas d'accent, excepté s'ils sont passés dans la langue
sous une forme hispanisée.
Prononciation
En espagnol, toutes les lettres se prononcent, sauf le h lorsqu'il n'est pas aspiré (hacha se prononce atcha)
et le u après un g (si suivi d'un e ou d'un i comme gue ou gui) ou un q (quien, querer), excepté s'il est
surmonté d'un tréma (vergüenza).
Conjugaison
L'espagnol utilise quatre verbes (dits auxiliaires) mais seul un l'est véritablement, les deux autres étant des
modalisateurs.
Le premier « haber » à l'origine est la traduction espagnole du verbe avoir mais son
usage a glissé pour n'être utilisé que pour la formation d'autres constructions
(principalement verbales dans les temps composés) et dans de rares expressions
idiomatiques.
Son usage est totalement proscrit pour la forme verbale de base avoir qui est rendue en
espagnol par le verbe « tener ».
« Haber » est utilisé pour tous les verbes (d'état et d'action) lors des temps composés
(par exemple : « he visitado Madrid. » - « J'ai visité Madrid. » et « He ido a Argentina. » -
« Je suis allé en Argentine. »).
Il est à noter que l'auxiliaire et le participe sont indissociables en espagnol et doivent
obligatoirement se suivre.
.
Haber peut être remplacé par tener, et ainsi s'utiliser comme auxiliaire.
Les deux autres formes verbales sont « estar » et « ser », les deux formes traduisent le verbe « être » mais
dans des cas différents.
(ex. : « Soy feliz » - « Je suis heureux » ; « Soy español » - « je suis espagnol » ; « Soy
moreno/a » - « je suis mate (de peau, car c'est ma couleur naturelle) » ; « Soy enfermo » -
« je suis malade (et je ne guérirai jamais) »).
L'accord est ici aussi effectué, « ser » permet aussi la construction de la voix passive
(« La puerta es cerrada (por alguien) » → description de l'action « La porte est fermée par
quelqu'un » (la forme passive avec « ser » est assimilée à une vraie phrase passive, elle
peut généralement être transitive) à comparer avec « La puerta está cerrada » →
description du résultat de l'action « La porte est fermée » la forme passive avec « estar »
est souvent qualifiée de « fausse phrase passive » elle est généralement peu, voire pas
du tout transitive, la phrase finissant avec l'adjectif.)
Pronoms personnels
Vosotros ne s'utilise qu'en Espagne (sauf aux Canaries et dans l'ouest de l'Andalousie). Aux Canaries, dans
l'ouest de l'Andalousie et en Amérique, ustedes est toujours utilisé à la place de vosotros.
En espagnol rioplatense, on utilise vos en lieu et place de tú.
Verbe « haber »
Indicatif
Passé
Personne Présent Passé simple Conditionnel Futur
imparfait
Él/ella/usted ha habido hubo habido había habido habría habido habrá habido
Les autres personnes des temps composés se conjuguent de la même manière. On peut voir que :
Subjonctif
Personne Présent Imparfait Futur
Les autres personnes des temps composés se conjuguent de la même manière. On peut voir que :
Au subjonctif : le futur, comme le futur composé ne s'utilisent pas beaucoup, sauf dans les textes juridiques.
Impératif
Hayamos (nosotros)
Premier groupe
Indicatif
Subjonctif
Impératif
Amemos (nosotros)
Deuxième groupe
Indicatif
Personne Présent Passé simple Imparfait Conditionnel Futur
Subjonctif
Impératif
Comamos (nosotros)
Troisième groupe
Indicatif
Personne Présent Passé simple Imparfait Conditionnel Futur
Subjonctif
Impératif
Vivamos (nosotros)
Verbe « ser »
Indicatif
Personne Présent Passé simple Imparfait Conditionnel Futur
Subjonctif
Impératif
Seamos (nosotros)
Voix passive
En espagnol, on forme la voix passive avec le verbe « ser » et le participe du verbe qu'on veut utiliser.
Par exemple :
1re personne du singulier du présent de l'indicatif (en voix passive) : Yo soy amado.
2e personne du pluriel du passé composé (indicatif) : Vosotros habéis sido amados.
Verbe « estar »
Indicatif
Subjonctif
Impératif
Está (tú) estad (vosotros) (on utilise de préférence la forme incluant le pronom personnel : estate (tú)
estaos (vosotros))
Estemos (nosotros) (on utilise de préférence la forme incluant le pronom personnel : estémonos)
Esté (usted) estén (ustedes) (on utilise de préférence la forme incluant le pronom personnel : se esté (usted)
se estén (usted))
Notes et références
1. Éditions Larousse, « Encyclopédie Larousse en ligne - la Reconquête ou la Reconquista »
(http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/la_Reconqu%C3%AAte/140502), sur
www.larousse.fr (consulté le 15 janvier 2017)
2. « lema.rae.es » (http://lema.rae.es/dpd/srv/search?id=Gy1pKuthjD6udbOEAn), sur
lema.rae.es (consulté le 5 juillet 2019)
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Grammaire de la langue espagnole,
sur Wikiversity
Articles connexes
Dequeísmo
Dialectologie de la langue espagnole
Histoire de la langue espagnole
Prononciation de la langue espagnole
Liens externes
El verbo en español (https://archive.org/details/ElVerboEnEspaol) Une étude sur la
conjugaison espagnole et les types des irrégularités verbales
Complemento directo y complément d'objet direct : semejanzas y diferencias (http://cle.en
s-lyon.fr/actes/complemento-indirecto-y-complement-d-objet-direct-semejanzas-y-diferenci
as-88924.kjsp)
Conjugueur espagnol Onoma (http://www.onoma.es/conjugador/pestanias/conjuga.html)
Onoma permet de conjuguer des infinitifs, analyser des formes conjuguées et même de
conjuguer des verbes inventés.
Grammaire et conjugaisons de verbes en espagnol (http://www.esfacil.eu/)
Site de conjugaison en espagnol (http://www.elconjugador.com/)
Site proposant des cours de grammaire espagnole (http://www.espagnol-online.de/gramm
aire/contenu/apprendre_espagnole_en_ligne.htm)