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Nom : NDIONE Université Cheikh Anta Diop

Prénom : Mouhamadou Issa Département : Philosophie

Date et lieu de naissance : 19/10/1995 à Dakar Année : 2021-2022

Numéro carte étudiant : 201607LV3

DOSSIER DE RECHERCHE

Professeur : M Bado Ndoye

Niveau : Master 1

Spécialité : Epistémologie

Thème : L’homme est-il un animal comme les autres ?


PLAN

Introduction

I- La naturalisation : réduction de l’homme à un animal

1- Le monisme et le physicalisme : méthodes réductionnistes

2-La primatologie et l’éthologie : la non-spécificité humaine

3- Une différence de degré

II- La critique du naturalisme : la spécificité radicale de l’homme

1-La réponse des sciences humaines et sociales

2-La position des philosophes qui soutiennent le propre de l’homme

3- Le point de vue de la religion : l’Islam et Christianisme

Conclusion
Introduction

La nature est une entité qui englobe l’ensemble des êtres non-animés et des êtres animés.
Ceux-ci, dits autrement êtres vivants, sont séparés en deux règnes : le règne végétal et le règne
animal. Ce qui nous intéresse ici c’est le règne animal qui régit par classe, par ordre, par
famille, par genre et par espèce tous les animaux y compris l’homme qui fait partie intégrante
de la classe des mammifères, de l’ordre des primates, de la famille des hominidés, seul
représentant du genre Homo. De ce fait, si l’on sait bien que l’homme partage naturellement
le même règne avec tous les animaux, il est d’une importance capitale de se demander :
« L’homme est-il un animal comme les autres ? ». Cette question peut se poser sous une autre
manière à savoir : peut-on parler d’identité, de ressemblance, ou d’égalité entre l’homme et
les autres animaux ?

Pour apporter une solution à ce problème, il serait nécessaire et pertinent de se poser une série
d’interrogations qui feront l’objet de notre problématique :

Qu’est-ce que le naturalisme ?

Le monisme et le physicalisme sont-ils des méthodes ontologiques du naturalisme pour


réduire l’homme à l’animal ?

En quoi la primatologie et l’éthologie constituent-elles le rejet d’une spécificité humaine ?

Peut-on parler d’une différence de degré au lieu de nature ?

Peut-on soutenir qu’il existe une spécificité radicale de l’homme pour faire une critique contre
le naturalisme ?

Quelle est la position des sciences humaines pour différencier l’homme à l’animal ?

Quelle est la réponse des philosophes sur ce problème ?

Quel est le point de vu de l’islam et du christianisme ?

.Nous allons répondre à ces différentes questions dans notre développement pour essayer de
résoudre cette énigme.
I- La naturalisation de l’homme

La naturalisation ou le naturalisme peut se définir comme une théorie ou une doctrine selon
laquelle il n’y a pas d’existence en dehors de la nature. Tout ce qui existe, à savoir les êtres
vivant, les objets et les faits, a des genèses naturelles et peut avoir des explications par le
moyen des principes naturels. Ceux-ci, ces principes naturels, constituent le commencement,
l’origine, ou encore la cause première de tout ce qui est. De ce fait, on peut parler d’une
approche réductionniste qui consiste à une ontologie qui ramène tout à sa base naturelle.
Ainsi, qu’en est-il de l’homme pour qui, on avait définie antérieurement comme un être vivant
du règne animal appartenant à la classe des mammifères et de l’ordre des primates ? Si l’on se
fonde sur cette ontologie réductionniste qu’est le naturalisme, on dira simplement de l’homme
qu’il est un être naturel comme tout être vivant et puisqu’il est du règne animal, il est un
animal comme les autres.

1-Le monisme et le physicalisme : méthodes pour réduire l’homme à


l’animal

Le darwinisme s’engage à mettre fin à l’exceptionnalité de l’homme dans la nature, cette


conception anthropocentriste qui donne à l’homme un corps et une âme contrairement aux
autres êtres dotés seulement de corps : ce que l’on appelle dualisme. Darwin met un terme la
séparation entre l’histoire humaine et l’histoire naturelle. Il réintroduit l’homme dans la nature
grâce à sa théorie de l’évolution où il a adopté l’hypothèse d’un « ancêtre commun », selon
laquelle toutes les espèces vivantes ont évolué à partir d’un seul ou quelques ancêtres
communs, par son prédécesseur évolutionniste Jean-Baptiste Lamarck. Celui-ci parle
d’évolution par transformation alors que Darwin développe l’idée d’une évolution par
modification et établie une parenté universelle entre les êtres comme l’explique cette citation
d’André CRESSON : « Chaque individu possède des caractères qui figurent dans tous les
individus du même type. D’où la possibilité d’un classement des êtres particuliers en races
[…] espèces […] genres, familles, ordres, classes et en embrassements.» 1 Ainsi, le dualisme
est complètement rejeté par Darwin. On passe alors du dualisme ontologique au monisme
ontologique qui conçoit que tout est matière. On peut réduire tout à la matière. Ce monisme
réductionniste exclut toute conception dualiste chez les êtres de mêmes chez l’homme. Il
conçoit que l’homme n’est que matière comme tout être vivant et réduit celui-ci à sa genèse
animal. C’est-à-dire, le monisme considère que l’homme est un animal comme les autres.
1
CRESSON André, Darwin : sa vie, son œuvre avec un exposé de sa philosophie, Paris, PUF, 1956, p.16
Dans ce sens, on peut dire simplement que cette ontologie moniste est une méthode du
naturalisme pour résoudre l’homme à l’animal.

A l’instar du monisme, le physicalisme a un caractère réductionniste. Il est une méthode


scientifique du naturalisme héritée de la physique. On parle alors de réductionnisme
physicaliste qui consiste à réduire tous les phénomènes matériels à la base physique qui est la
réalité élémentaire. Les propriétés non-physiques dépendent de celles physiques et sont
réductibles à celles-ci. L’esprit dépend du corps, la substance matérielle, dont il est immanent.
De ce fait, le problème esprit-corps est résolu car le physicalisme élimine l’esprit par la
matière qui l’habite qui est le corps. Ce qui constitue également une exclusion du dualisme.
En ce sens le physicalisme est un monisme. Pour justifier cette idée, on peut citer ces mots
d’Otto Neurath, un empiriste logique membre du Cercle de Vienne, à propos du
physicalisme: « Non seulement l’esprit n’est plus un produit de la matière, mais on ne peut
même plus formuler de manière sensée les expressions « esprit » ou « processus spirituel» ni
parler d’esprit; à leur place entrent, sur un plan fondamentale, des formulations dans
lesquelles entrent uniquement des relations spatio-temporelles […]. La question « esprit » ou
« matière » est résolue par la disparition de la doctrine de l’esprit ; seule reste la doctrine de
la « matière », à savoir la physique. Ce qui est donné comme science du réel ne saurait être
autre chose que la physique. » 2 Notamment, si l’on applique cette méthode physicaliste qui
n’est qu’un monisme chez l’homme en ramenant celui-ci à sa genèse physique c’est-à-dire à
sa base naturelle cela va équivaloir à faire un éliminationnisme ou matérialisme éliminativiste
qui consiste à éliminé les concepts mentaux, d’esprit et de conscience. Ce qui reste alors à
l’homme c’est la matière. Il n’est qu’un corps physique comme tous les êtres vivant du monde
physique à savoir les végétaux et les animaux. En ce sens, l’approche physicaliste n’admet de
différence entre l’homme et l’animal qui sont conçus par comme des corps naturels, des corps
du monde physique. On dira de l’homme, par le biais de cette ontologie physicaliste qui une
méthode du naturalisme, qu’il est un animal comme les autres.

Par conséquent, le naturalisme est une ontologie réductionniste qui utilise le monisme et le
physicalisme pour réduire et concevoir l’homme à un animal comme les autres. Etant donné
que cette hypothèse de la réduction de l’homme à un animal est bien démontré, il serait
pertinent de se poser la question de savoir : peut-on rejeter l’idée d’une spécificité humaine ?

2-La primatologie et l’éthologie : la non-spécificité humaine


2
NEURATH Otto, Empirische Soziologie. Der wissenschaftliche Gehalt der Geschichte und Nationalokonomie,
Spinger, Wien, 1931, p. 466.
« Il est temps d’arrêter de courir derrière le propre de l’homme »3défend Frans de Waal dans
ses travaux en primatologie et en éthologie. Rejeter la spécificité de l’homme tel est le
processus des primatologues et des éthologues.

Les mammifères tels que les lémuriens, les tarsiers, les loris, les humains constituent l’ordre
des primates. L’étude de la biologie moléculaire démontre que l’homme a des gènes commun
avec les primates soient 98% des gènes. Cette similarité entre l’homme et le singe est l’objet
d’étude de la primatologie. La théorie selon laquelle l’homme descend du singe est dépassée
par certains primatologues qui voient que l’homme est un singe. Frans de Waal s’engage dans
ce même ordre d’idée. Ses études du comportement des bonobos et des chimpanzés replacent
l’homme dans la lignée des primates. Ces deux espèces, à savoir le bonobo et le chimpanzé
sont les plus proches génétiquement parlant de l’homme et ont des comportements que l’on
croyait être spécifiquement à l’homme. Par exemple, aussi bien que chez l’homme, il existe
des comportements comme l’empathie et la marche debout chez les bonobos et chimpanzés.
A ces similitudes de comportements entre l’homme et le singe, Pascal Picq ajoute : «l’outil, le
rire, les pleurs, la coopération, le bien et le mal, le tabou de l’inceste, la chasse, le partage de
la nourriture, la culture, les traditions, la communication, le symbolique, la politique : ces
caractéristiques que l’on croyait humaines sont présentes chez les grands singes.» 4 Cette
exceptionnalité de l’homme à avoir des qualités qui lui sont propres est exclue par la
primatologie comme le témoigne Pauline Gravel en ces termes : « L’étude du comportement
des grands singes a déboulonné l’homme de son piédestal et battu en brèche cette idée tant
répandue que l’homme est le but ultime du processus d’évolution. Homo sapiens sapiens ne
détiendrait pas l’apanage de la bipédie, du langage, de l’outil, des systèmes sociaux, voire du
Kama sutra, de la moral et de la guerre comme on l’a cru jusqu’à récemment. Le propre de
l’homme serait beaucoup plus subtil que ce que les anthropologues du dernier siècle on bien
voulu croire. »5 Bref on peut simplement accepter que par la primatologie le propre de
l’homme est renvoyer.

Dans le même objectif que la primatologie, l’éthologie s’engage à développer l’idée de la


non-spécificité humaine, c'est-à-dire elle rejette la conception d’un propre de l’homme.
L’éthologie peut se définir comme la branche de la biologie qui étudie les comportements de
toutes les espèces du règne animal y compris l’homme. De ce fait, la primatologie constitue
3
Frans de Waal, 2016, « Il est temps d’arrêter de courir derrière le propre de l’homme », Le Monde, 10
octobre.
4
PICQ Pascal, L’homme est-il un grand singe ?, Odile Jacob, 2011
5
GRAVEL Pauline, 2003, « Le propre de l’homme », Le Devoir, 28 juin.
en quelque sorte à une éthologie puisqu’elle étudie et compare le comportement de tous les
singes et de l’homme. Plusieurs comportements qu’on croyait être spécifiques à l’homme sont
jugés présents chez les animaux. Comme par exemple le langage, l’éthologie démontre que
les animaux communiquent aussi bien que l’homme. Karl Von Frisch dans ses travaux nous
explique le langage des abeilles. Pour lui la communication existe d’une abeille à une autre
par le biais de la danse. Chaque type danse communique une information. La danse en ronde
indique que la source du nectar est proche par contre la danse en huit indique une source en
nourriture située à une plus grande distance. Dans ce même chemin, Frans de Waal a pour
but de démontrer que l’homme a des aptitudes en commun avec les primates et d’autres
animaux. Selon lui, les animaux ont une intelligence et partagent beaucoup de caractères et de
comportement les humains. Dans son ouvrage intitulé Sommes-nous trop « Bêtes »pour
comprendre l’intelligence des animaux, De Waal établie beaucoup de similitudes de
comportement entre les animaux et l’homme. Il nous emmène à la découverte de « pieuvres
qui se servent de coques de noix de coco comme outils ; d’éléphants qui classent les humains
selon l’âge, le sexe et la langue ; ou d’Ayumu, un jeune chimpanzé dont la mémoire
fulgurante humilie celle des humains. Sur la base de travaux de recherche effectués avec des
corbeaux, des dauphins, des perroquets, des moutons, des guêpes, des chauves-souris, des
baleines, et effectivement, des chimpanzés et des bonobos, Frans de Waal explore l’étendue et
la profondeur de l’intelligence animale. Il révèle à quel point les animaux sont en réalité
intelligents et à quel point nous avons sous-estimé leurs aptitudes »6. On peut citer dans en
question de Frans de Waal ce fait très intelligent d’un animal parmi tant d’autres : « Dans une
étude complémentaire, on réussi à entrainer des humains pour atteindre le niveau d’Ayumu
sur cinq chiffres, mais le grand singe peut mémoriser neuf avec un taux de réussite de près de
80% ce qu’aucun homme ne sait faire. Face à un champion britannique de la mémoire,
célèbre pour êtres capable de mémoriser un de carte entier, Ayumu est sorti « chimpion ». »7

En somme, on peut dire de la primatologie et de l’éthologie qu’elles réfutent l’idée d’une


spécificité humaine parce que grâce à leurs études elles découvrent des comportements et
aptitudes qu’on croyait être proprement humains. Maintenant il va convenir de se demander si
peut-on parler d’une différence de degré entre l’homme et l’animal au lieu d’une différence de
nature ?

6
Frans de Waal, Sommes-nous trop « Bêtes » pour comprendre l’intelligence des animaux, LES LIENS QUI
LIBERENT, p.3

7
Ibid, p.139
3-Une différence de degré

Suivant la logique de notre raisonnement, c'est-à-dire en allant du monisme et du


physicalisme comme méthodes pour réduire l’homme à l’animal jusqu’à la primatologie et
l’éthologie qui rejettent la spécificité humaine, on est parvenu faire de l’homme un animal
comme les autres. L’homme est un être naturel comme tous les animaux, c'est-à-dire il n’y a
pas de différence de nature entre l’homme et l’animal. Anne le Goff parle d’ « animal
humain » pour montrer qu’il existe une animalité en l’homme à un certain niveau. On parlera
alors chez elle de degré d’animalité de l’homme. Cette attitude de différencier l’homme à
l’animal par graduation et non par nature a été abordée bien avant elle par Darwin qui, après
avoir soutenu une évolution des espèces par modification soutient, comme l’a cité Frans de
Waal, que : « Si considérable qu’elle soit, la différence entre l’esprit de l’homme et celui des
animaux les plus élevés n’est certainement qu’une différence de degré et non d’espèce. »8

En résumé, par le naturalisme on est parvenu à réduire l’homme à l’animal grâce à des
méthodes comme le monisme et le physicalisme qui sont ontologies réductionnistes et grâce à
la primatologie et l’éthologie.

Cette ontologie réductionniste qu’est le naturalisme a-t-elle raison de réduire l’homme à pour
ne subir aucune critique ?

II- La critique du naturalisme : la spécificité radicale de l’homme

« Tout est nature » est la conception fondamentale du naturalisme. La nature est régie par des
lois qui se fondent sur la causalité, une relation de cause et de l’effet, qui fait qu’à la fin de
chaque évènement on attend une conséquence bien déterminée. On parle alors de
déterminisme. Une cause A produit fatalement un effet B. C’est dans ce sens que tous les
énoncés scientifiques sont réduits aux énoncés de la physique, on ramène tout à la nature de
même que l’homme. Cependant, est-il légitime de parler de naturalisme face aux sciences
humaines et sociales qui excluent les concepts de déterminisme et de causalité par les
concepts de liberté, de motivation et de conscience qui donnent à l’homme la possibilité de
transformer l’effet d’une cause à sa guise. Certains philosophes aussi apportent de sévères
8
Ibid, p. 7
critiques contre le naturalisme en développant l’idée d’un propre de l’homme. De même, par
la religion à savoir le Christianisme et l’Islam, on peut réfuter le naturalisme.

1-La réponse des sciences humaines et sociales

Les sciences humaines et sociales sont définies par le système éducatif français comme un
ensemble de disciplines étudiant divers aspects de la réalité humaine sur le plan de l’individu
et sur le plan collectif. Elles condamnent le point de vue naturaliste pour qui, il n’y a pas de
propre de l’homme car on peut tout expliquer par le moyen des énoncés de la physique, en
traitant des activités humaines. La linguistique par exemple qui est une science humaine qui
étudie le langage, la langue qui est une activité humaine, démontre que le langage humain est
différent du système de communication des animaux parce que celui-ci n’est qu’informatif
c'est-à-dire il se limite seulement à communiquer une information alors que l’homme est
capable de penser et d’exprimer sa pensée et d’échanger des informations complexe par le
langage. Ainsi, le langage proprement dit est le propre de l’homme. La parole est spécifique à
l’homme. A l’instar de la linguistique, toutes les sciences humaines et sociales défendent
l’idée d’une spécificité humaine en développant un caractère ou une activité qui est propre à
l’homme. Ainsi le problème de savoir si l’homme est un animal comme les autres est résolue
par les sciences humaines et sociales qui soutiennent le propre de l’homme.

2-La position des philosophes qui soutiennent le propre de l’homme

La question, l’homme est-il un animal comme les autres, a amené d’énormes contradictions
chez les philosophes. Certains d’entre eux adoptent une position naturaliste et d’autres
différencient l’homme et l’animal par des concepts proprement humains. Parmi ceux-ci on
peut citer Descartes, Rousseau et Karl Marx. Pour le premier, Descartes, la pensée est
proprement humaine puisque c’est un produit de l’esprit. Son dualisme nous enseigne que
seul l’homme est constitué par un corps et une âme par opposition à l’animal. Celui-ci n’est
qu’un corps et ne pense pas parce qu’il n’a pas d’âme, d’esprit. Chez Descartes c’est l’âme,
substance immanente du corps et pensante qui permet à l’homme de penser à partir des mots
de la langue qu’elle a créé. Ainsi il compare l’animal à une machine. L’activité animal est
comparable à celle d’une machine puisque l’animal n’agit pas par conscience ni par pensée. Il
écrits : « Je sais bien que bêtes font beaucoup de choses mieux que nous, mais je ne m’en
étonne pas ; car cela même sert à prouver qu’elles agissent naturellement et par ressorts,
ainsi qu’une horloge, laquelle montre bien mieux l’heure qu’il est, que notre jugement nous
l’enseigne. Et sans doute que, lorsque les hirondelles viennent au printemps, elles agissent en
cela comme des horloges. » 9

Jean Jacques Rousseau s’engage aussi dans cette différenciation de l’homme à l’animal par le
propre de l’homme. Il parle d’« instinct animal » et de « perfectibilité humaine ». Pour lui la
perfectibilité est une propriété humaine et elle sépare l’homme de l’animal, elle explique
l’évolution de l’homme. L’animal ne progresse pas, il agit par instinct seulement pour
satisfaire un besoin naturel. Tendis que l’homme rend meilleur son cadre de vie en
l’améliorant. C’est cette faculté de se perfectionner qui permet à ROUSSEAU d’établir une
nette différence entre l’homme et l’animal. C'est ce qu’il justifie en ces termes : « Mais quand
les difficultés qui environnent toutes ces questions (concernant différence entre l’homme et
l’animal) laisseraient quelque lieu de disputer, il y a une autre qualité très spécifique qui les
distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation : c’est la qualité de se
perfectionner ; faculté qui, à l’aide des circonstances développe successivement toutes les
autres, et réside parmi nous tant l’espèce que dans l’individu, au lieu qu’un animal est, au
bout de quelques mois, ce qu’il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce
qu’elle était la première année de ces mille ans. »10

Pour différencier l’homme à l’animal, Karl Marx part de se remarque : « Les hommes eux-
mêmes commencent à se distinguer des animaux dès qu’ils commencent à produire leur
moyen d’existence. »11 Il fait du travail, l'activité spécifiquement humaine qui réalise
l’humanité de l’homme et le distingue de l’animal. C'est en travaillant que l’homme devient
pleinement et aussi maitre et possesseur de la nature. Ainsi, le travail proprement dit est
humain et est différent de l’activité animal qui n’est que le produit de l’instinct. L’homme a
une conscience sur son activité. Il l’idée de la chose avant sa réalisation. Le travail est en ce
sens distinct de l'activité instinctive de l’animal. Pour démontrer que le travail est le propre de
l’homme et distingue celui-ci de l’animal, Marx écrit : « Notre point de départ c’est le travail
sous une forme qui appartient exclusivement à l’homme. Une araignée fait des opérations qui
ressemblent à celles du tisserand, et l’abeille confond par la structure de ses cellules de cire
l’habileté de plus d’un architecte. Mais ce qui distingue dès l’abord le plus mauvais
architecte de l’abeille la plus experte, c'est qu’il a construit la cellule dans sa tête avant de la

9
René DESCARTES, « Lettre au marquis de Newcastle du 23 novembre 1646 », in Œuvres et lettres, Gallimard,
coll. « Bibliothèque de la Pléiade », p. 1257
10
Jean Jacques ROUSSEAU, Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la
loi naturelle, 1755, Partie1
11
Karl MARX ET Friedrich ENGELS, L’idéologie allemande, 1845-1846
12
construire dans la ruche. Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans
l’imagination du travailleur. Ce n’est pas qu’il opère seulement un changement de forme
dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience,
qui détermine comme loi son mode d’action, et auquel il doit subordonner sa volonté. »

Par conséquent, malgré la complexité du problème de la différence entre l’homme et l’animal


qui met en désaccord plusieurs philosophes, certains de ces philosophes à savoir Descartes,
Rousseau et Marx, parviennent à opérer une distinction entre l’homme et l’animal en
développant chacun un caractère propre à l’homme. Essayons de voir quel est le point de vue
de religion ?

3-Le point de vue de le religion : le Christianisme et l’Islam

Les religions révélées (Christianisme et Islam) ont une conception totalement différente avec
le naturalisme, les sciences de la nature, en ce qui concerne les origines de l’homme. Les
biologistes évolutionnistes conçoivent que l’homme descend d'un ancêtre commun avec tous
les êtres vivants. Par contre ses religions ont une conception anthropomorphiste de l’homme.
L’homme est à l’image de Dieu. La tradition biblique apporte un regard sur cette question de
l’origine de l’homme comme peut le citer dans la Bible : « Dieu créa l’homme à son image, à
l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. »13 Dans ce récit de la bible on peut
accorder à l’homme une certaine supériorité face aux autres vivants animaux et végétaux.
Ainsi l’homme est placé au centre du monde par le christianisme. On ne peut plus parler qu’il
descend de l’animal ou encore plus qu’il est un animal. Cette suprématie de l’homme sur le
reste conçu par la Bible fait que ce livre sacré a des points communs avec le livre sacré des
musulmans, le Coran. Celui-ci a en quelque sorte une même conception de l’origine que la
Bible. On peut citer ce verset : « Nous avons crée l’homme d’une argile crissante prise d’un
limon fétide. » 14 Adam et Eve sont les premiers hommes selon le Coran et la Bible. Ceci peut
constituer une critique contre le naturalisme. L’idée de réduire à l’animal ou de concevoir
l’homme à un animal comme les autres est bannie par ses deux religions révélées.

En somme, le naturalisme peut être critiqué par le fait de prouver qu’il existe une spécificité
radicale de l’homme. Ce faisant part des sciences humaines et sociales pour qui on a cité la

12
Karl MARX, Le Capital, 1867
13
Bible de Jérusalem, Genèse1, 27.
14
Coran ,Al-Insan, 76/2
linguistique qui montre que le langage proprement dit est le propre de l’homme, en passant
par l’attitude qu’ont certains philosophes à développer des caractères proprement humain pour
enfin donner le point de vue de la religion qui exclut l’idée d’une origine animal de l’homme.

CONCLUSION

Pour conclure, la question de savoir si l’homme est un animal comme les autres est ambigüe.
Dans un premier temps, on a convoqué la réponse du naturalisme qui selon laquelle l’homme
est un animal comme les autres. Cette réponse s’est fait par le moyen du monisme et du
physicalisme qui réduisent l’homme à un animal, par la primatologie et l’éthologie qui
soutiennent qu’il existe des similitudes morphologiques et comportementales entre l’homme
et les autres animaux. Ce qui fait qu’on ne peut parler de différence de nature entre l’homme
et l’animal on parle désormais d’une différence de degré. Dans un deuxième temps, on a fait
une critique sévère contre le naturalisme en donnant à l’homme des spécificités qui le
distingue de l’animal en montrant position des sciences humaines et sociales et ceux des
philosophes qui ont développer des caractères proprement humains. Et aussi on a montré
comment la religion constitue-t-elle une critique contre le naturalisme en ce qui concerne
l’origine de l’homme.

Bibliographie
CRESSON André, Darwin : sa vie, son œuvre avec un exposé de sa philosophie, Paris, PUF,
1956

NEURATH Otto, Empirische Soziologie. Der wissenschaftliche Gehalt der Geschichte und
Nationalokonomie, Spinger, Wien, 1931

Frans de Waal, 2016, « Il est temps d’arrêter de courir derrière le propre de l’homme », Le
Monde, 10 octobre.

PICQ Pascal, L’homme est-il un grand singe ?, Odile Jacob, 2011

GRAVEL Pauline, 2003, « Le propre de l’homme », Le Devoir, 28 juin.

Frans de Waal, Sommes-nous trop « Bêtes » pour comprendre l’intelligence des animaux, LES
LIENS QUI LIBERENT

René DESCARTES, « Lettre au marquis de Newcastle du 23 novembre 1646 », in Œuvres et


lettres, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade »

Jean Jacques ROUSSEAU, Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes et si elle est
autorisée par la loi naturelle, 1755

Karl MARX ET Friedrich ENGELS, L’idéologie allemande, 1845-1846

Karl MARX, Le Capital, 1867

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