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Résumé
Publié pour la première fois en 1915 par Grenfell et Hunt, le calendrier liturgique POxy XI 1357 fait ici l'objet d'une nouvelle
édition qui revient sur un certain nombre de restitutions introduites de façon peut-être trop hâtive. Cette édition est accompagnée
d'un commentaire historique portant sur l'organisation du temps liturgique, sur les églises et leur utilisation par la liturgie
stationnale, et sur la place réservée aux saints tant dans les fêtes que dans la dédicace des lieux de culte. La fonction et les
conditions d'élaboration du document font, enfin, l'objet d'une nouvelle interprétation.
Abstract
REB 54 1996 Francep. 161-199.
Arietta Papaconstantinou, La liturgie stationnale à Oxyrrhynchos dans la première moitié du 6e siècle. Réédition et commentaire
du POxy XI 1357. — The liturgical calender POxy XI 1357 was published for the first time by Grenfell and Hunt in 1915. The new
edition given here reexamines a number of restitutions introduced, perhaps too hastily, in the original edition and repeated ever
since. It is followed by a historical commentary treating questions such as the organization of liturgical time, the use of the town's
churches made by stational liturgy, and the place taken by saints in the cycle of feasts and in the dedication of churches. Finally,
a new interpretation is given of the function of the document and of the conditions in which it was produced.
Papaconstantinou Arietta. La liturgie stationale à Oxyrhynchos dans la première moitié du 6e siècle. Réédition et commentaire
du POxy XI 1357. In: Revue des études byzantines, tome 54, 1996. pp. 135-159.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1996_num_54_1_1921
LA LITURGIE STATIONNALE
À OXYRHYNCHOS
DANS LA PREMIÈRE MOITIÉ DU 6e SIÈCLE.
RÉÉDITION ET COMMENTAIRE
DU POXYXl 1357 '
Arietta PAPACONSTANTINOU
Résumé : Publié pour la première fois en 1915 par Grenfell et Hunt, le calendrier litu
rgique POxy XI 1357 fait ici l'objet d'une nouvelle édition qui revient sur un certain
nombre de restitutions introduites de façon peut-être trop hâtive. Cette édition est accom
pagnée d'un commentaire historique portant sur l'organisation du temps liturgique, sur les
églises et leur utilisation par la liturgie stationnale, et sur la place réservée aux saints tant
dans les fêtes que dans la dédicace des lieux de culte. La fonction et les conditions d'éla
boration du document font, enfin, l'objet d'une nouvelle interprétation.
1 Je tiens à remercier le père Ugo Zanetti pour l'attention qu'il a consacrée à une pre
.
mière version de cet article, ainsi que Jean Gascou, qui m'a apporté plusieurs précisions
après avoir examiné le document original à Londres.
Ouvrages cités en abrégé :
Baldovin, Urban Character: J. Baldovin, The Urban Character of Christian
Worship. The Origins, Development and Meaning of Stationed Liturgy, Rome 1987.
Baumstark, Antiocheia : A. Baumstark, Das Kirchenjahr in Antiocheia zwischen 512
und 518, Rom. Quartalschrift 11, 1897, p. 31-66 et 13, 1899, p. 503-523.
DelEHAYE, Calendrier : H. Delehaye, Le calendrier d'Oxyrhynque pour l'année 535-
536, An. Boll. 42, 1924, p. 83-99.
POxy XI : B.P. Grenfell et A. S. Hunt, The Oxyrhynchus Papyri, XI, Londres 1915.
2. POxy XI, n°1357, p. 19-43 et pi. 1 ; voir J. van Haelst, Catalogue des papyrus litt
éraires juifs et chrétiens, Paris 1976, p. 963, n° 961 ; reproduction partielle dans G.
Description
Le calendrier liturgique est inscrit en deux colonnes sur une feuille de
papyrus qui mesure aujourd'hui 29,7 χ 36,4 cm. Une cassure verticale
sur le côté droit l'ampute d'une bande que l'on peut estimer à 5 cm
d'après la largeur de la première colonne du texte (C I), de telle sorte que
la deuxième colonne (C II) ne conserve que la partie gauche de son texte.
Cavallo et H. Maeiiler, Greek Bookhands of the Early Byzantine Period, A.D. 300-800,
Londres 1987, p. 69, pi. 30a (lignes 1-30).
3. Delehaye, Calendrier ; voir aussi id.. L'ancienne hagiographie byzantine. Les
sources, les premiers modèles, la formation des genres. Conférences prononcées au
Collège de France en 1935, éd. B. Joassart et X. Lequeux, Bruxelles 1991, p. 6-10.
4. L. Antonini, Le chiese cristiane nell'Egitto dal IV al IX secolo secondo i documenti
dei papiri greci, Aegyptus 20, 1940, p. 173-179, n° 3, 6, 11, 15, 27, 31 et 32.
5. Delehaye, L'ancienne hagiographie byzantine... (note 3), p. 8 (souligné par moi).
LA LITI'RGIK STAÏK )N\ A .!■· \ >.\ > !<!''- \v Hi »S 137
■
La taille initiale du document, s'il comportait deux colonnes, devait être
de l'ordre de 29,7 χ 41 . Par ailleurs, une partie considérable du milieu du
document manque: la lacune, haute d'environ 6 cm, affecte complète
ment C I, qui perd six lignes entières (I. 14-19) ; sa prise sur le texte de C
II est d'environ 6 cm du côté gauche, sur six lignes. A cet endroit C II ne
subsiste que sur une largeur de 6,7 cm. Cette bande est Tunique jonction
entre les deux fragments du papyrus sépares par la lacune. Le fragment
supérieur, d'une hauteur de 10,5 cm, est assez bien conservé. Tel n'est
pas le cas du fragment inférieur ( 13 J cm.» qui présente plusieurs mutilat
ions, dont la plus gênante esi une cassure \emeale ci un peu moins d'un
centimètre qui a pris la place des dates de C il et qui sépare la partie
gauche du fragment inférieur de sa partie droite. Ces deux fragments ne
sont pas jointifs, mais l'examen de ί arrière du papyrus, ainsi que deux
traits tirés sous les lignes 55 et 56 subsistant sui les deux fragments, per
mettent d'établir la correspondance entre les lignes du texte. On notera
que les deux fragments ont été légèrement décale- lors du montage sous
verre: aussi, chaque ligne du Iragment inférieur tauche se trouve, sur le
cliché, en regard de la ligne suivante sur la parue inférieure droite du
document.
L'écriture, parallèle aux libres, est une onciaie irrégulière plutôt
grande, sans doute une écriture de chancellerie '\ La mise en page est très
soignée, de telle sorte que le texte est d'une grande lisibilité Sa nature
officielle ne fait pas de doute et il se pourrai! cju'H aü été destine à l'aff
ichage public.
Le texte se présente, comme on l'a υπ. ά:γ deux colonnes, ioutes deux
mutilées. C I représente le début ongitiei dis iexte, puisqu'elle porte, en
tête, l'identification du document ci la mention de Γ indiction ; elle
contient une série de dates suivies de noim d'e.üüses et. parfois, de noms
de fêtes, et se termine à la fin du mois de ehoiak (le 30). à 2,6 cm du
bord inférieur Le texte de C II a ia même -Hüciure mats les motifs des
célébrations manquent sur la partie droite C or.irairement a C L les lignes
à la fin de C II sont serrées et ne laissent aucune marge avant sur ie bord
du papyrus. Il est fort probable que ie scribe, arrivant a la fin de sa copie,
a essayé de faire tenir, selon une habitude bien connue, toute la fin du
texte dans C II, pour éviter de commencer Line troisième colonne qui
serait restée très courte.
La date du document, établie de façon sure par des critères internes7,
est de 535-536. Or, cette année. Pâques tombait !e 27 phancmôlh (23
6. G. Cavallo et H. Μλι-.hu-.k, Greek ^hhkhiiiuis ..<" Vu- /:,î/vv h\;-jntme f'cnud, A.D.
j(M)-S()(h Londres !987, ρ 61·). >, p;i;;
r;
7. Il me semble inutile de reprendre ici pour >a troisième κ-is -„elle dcmonsiralion, que
Ton trouvera détaillée dans l'édition nrii:< ",."\ ρ ■''■ vT iv-siünec üar.s I)i;i i-.ham
Calendrier, p. 86: elle est faite essentieiiVmcn' J :nvv- ■■> -ιι-η»,,Γι^ .;,. 'uutic'iot1 d'u'ic
'
,
■
part, et des dimanches en regard des jours '.lu nuiis. J^ auiiv ehe cm conl'ii-mée par la
célébration de la Nativité ie 28 ehoiak au :ie·; ■.'[: .'"' .·■.: .;■.-. . r-esr^ m mJ a Lin .lécakiue
1■ .
■
138 ARIETTA PAPACONSTANTINOU
Contenu
POxy XI 1357 est donc un calendrier liturgique pour une période
d'environ cinq mois, contenant les fêtes à célébrer et le lieu de leur célé
bration, sur le modèle «date (mois et jour) ; lieu (l'église X) ; nature de la
célébration (le jour de Y)». Les éditeurs avaient relevé la ressemblance
de ce système avec celui des stationes de Rome. Hippolyte Delehaye l'a
comparé à celui de Constantinople, sans faire, pour autant, d'autre com
mentaire 8. Il s'agit, dans les deux cas, d'une forme d'organisation litu
rgique très étudiée depuis et qualifiée habituellement, d'après le rite
romain, de stationnale. Ce terme s'applique à l'ensemble des actions
liturgiques qui ont lieu dans une ville, sous la direction de l'évêque et
avec la participation du clergé et des fidèles ; ces célébrations se déroul
ent selon un ordre fixe, dans des édifices de culte préétablis et à l'occa
sion de fêtes précisées à l'avance. Chacun de ces services est considéré
comme le principal de la journée: à Alexandrie on l'appelle σύναξις
καθολική 9.
Il est clair qu'avec POxy XI 1357, nous sommes en présence d'un
calendrier de liturgie stationnale comportant la liste des synaxes prési
dées par l'évêque, leurs date et lieu de célébration. Un service stationnai
peut aussi impliquer une procession allant d'un lieu de culte à un autre ;
c'est peut-être ce qui se passe à Oxyrhynchos lorsque deux synaxes sont
prévues pour le même jour 10.
Les fêtes retenues dans la présente édition sont, comme on le verra,
drastiquement réduites par rapport à l'édition princeps. Il me semble, en
effet, peu prudent de proposer des restitutions d'après des calendriers tar
difs qui, de surcroît, n'ont rien à voir avec le contexte local de POxy XI
1357. Seules, en fait, six restitutions me paraissent assurées : les trois
dimanches (3 et 7 tybi, 15 mécheir), saint Pierre le 1er tybi, l'Epiphanie
le 11 et sainte Marie le 21. J'ai pris le parti, dans tous les autres cas, de
ne restituer ni noms d'églises, ni noms de fêtes et de garder mes proposit
ions pour les notes n. Cette position «minimaliste» est, en outre, justi
fiéepar le fait que, dans C I, trois célébrations ne sont associées à aucune
fête.
Col. I
1 Γνώσις συνάξεων μετά το κατελθ(εΐν)
2 ίνδ(ικτίονος) ιδ' εν Άλεξανδρ(εία) τον πάπα ού'τως ·
κγ'
3 φαώφι εις την Φοιβάμμωνος κυριακή
κε'
4 εις τον αγι(ον) Σερήνον ήμερα μεταν(οίας)
ίλ'
5 __
κ' εις την μαρτύρ(ων) κυριακή
6 άθύρ εις τήν Φοιβάμμωνος ήμερα Επιμάχου
7
8
9 ιβ'
ιγ'
ιδ'
ιε'
ζ' εις τον αγι(ον)
Εύαγγελιστ(ήν)
αυτόν Μιχαηλα
Μηνδν
Ίοΰστον
ήμέρ(α)
κυριακή
ήμέρ(α) αύτου
10
αύτοϋ"
11
ις'
12 ιζ' εις τον αυτόν
13 εις τον αγι(ον) Ίο[υ]στον
20 [ι]β'
C εις τον αγι(ον) Βίκτορα
21 ιε' εις τήν 'Αννιανής κ[υρια]κή
22 ιθ' εις τον αγι(ον) Κοσμά ή[μέρ(α)] Ίσίωνος
23 κβ' εις τον Εύαγγελιστ[(ήν) κ]υριακή
24 εις τον αγι(ον) Φιλόξε[νον ήμέρ(α)] αύτου
κγ'
25 κδ' εις τον αυτόν
26 εις τον αυτόν
κε'
27 ομοίως
28
29
κθ'
κς'
κζ'
κη'
λ' εις τήν
τον αυτήν
αγι(ον)
αυτόν
άγί(αν)
εις τονομοίως
αυτόν
Σε[ρ]ήνον
Μαρίαν γέννα
κυριακ(ή)
του Χρίστου
30
31
32
1 1. On ne trouvera pas, dans l'annotation, de commentaire sur chaque saint : pour cela
je renvoie à H. Delehaye, Les martyrs d'Egypte, An. Boll. 40, 1922, p. 5-154 et 299-364
et à A. Papaconstantinou Le culte des saints en Egypte d'après la documentation papyro-
logique et épigraphique grecque (Ve - VIIe s.), Thèse de doctorat, Strasbourg, 1993.
LA LITURGIE STATIONNALE À OXYRHYNCHOS 141
Col. II
33 [τϋβι] α' εις τον αγι(ον) Πέτρ[ον ήμέρ(α) αύτοΰ
34 όμ(οίως) κ(αι) εις τον αγι(ον) [
35 γ' εις την Φοιβάμμ[ωνος κυρ^ακή
36 ια' εις την Φοιβάμμω[νος... (Epiphanie)
37 ιβ' εις την νοτινή[ν έκκλησιαν
38 ιγ' είς τον αγι(ον) Φιλό[ξενον
39 ιδ' είς τον αγι(ον) Μ[ι]χ[αηλά
40 εις την αμα [
41 ιε' εις την άγί(αν) Εύφ[ημίαν
42 εις τον Εύαγ[γελιστ(ην)
43 ις' εις την Φοιβάμ[μωνος
44 ιζ' εις την Άννια[νης κυριακη
45 κα' εις την άγί(αν) Μαρ[ίαν... (Dormition)
46 [ εις τον αγ]ι(ον) Ιε[
47 [ εις τον βα]πτιστ[ην
48 [ εις τ.. άγι( )] Ιουλ[
49 [ εις τον αγι](ον) αββ[α
50 [ ]τοβ[
51 [ ε]ίς [την άγ]ι(αν) Εύφ[ημίαν
52 [ η'] εις τον αγι(ον) Ζαχ[αρίαν
53 θ' εις τον αγι(ον) Σερ[ηνον
54 ια' εις τόν αγι(ον) Γαβρ[ιηλ
55 ί [φ'] εις τον αυτόν [
56 ί [ ] εις τόν αγι(ον) απ<α> Άν[ούπ ημέρα
57 [ι]ε/ εις την Φοιβάμ[μωνος κυριακη
58 κα' είς τόν αγι(ον) Φιλ[όξενον
59 όμ(οίως) κ(αι) είς τόν α[γι(ον)
60 κ[β] είς τόν αυτόν [
61 κ[η] είς την νοτιν(ήν) εκ[κλησίαν
62 [κ] θ' είς την αυτήν [
63 φαμενώθ [ ] είς τόν αγι(ον) Θεο[
64 [ ] είς τόν αγι(ον) Φιλόξ[ενον
65 [ ] είς τόν αγι(ον) Θε[
66 [ ] είς την Φοιβ[άμμωνος
67 [ ] είς την αυτήν
68 [ ε]ίςτήν άγί[(αν)
69 [ εί]ς [τ
142 ARIETTA PAPACONSTANTINOU
Traduction
Col. I
Liste des synaxes après le voyage de l'évêque à Alexandrie, comme suit
Indiction 14
phaophi 23 à celle de Phoibammon, le dimanche
25 à Saint-Sérénos, le jour de la pénitence
30 à celle des martyrs, le dimanche
hathyr 3 à celle de Phoibammon, le jour d'Épimachos
7 à l'Évangéliste, le dimanche
12 à Saint-Michel, son jour
13 au même
14 à Saint-Juste, son jour
15 à Saint-Ménas, son jour
16 au même
17 à Saint-Juste
7 à Saint- Victor
12 à celle d'Annianè, le dimanche
15 à Saint-Cosme, le jour d'Ision
19 à l'Évangéliste, le dimanche
22 à Saint-Philoxène, son jour
23 au même
24 au même
25 au même encore
26 à Saint-Sérénos, le dimanche
27 au même
28 à Sainte-Marie, la naissance du Christ
29 à la même
30 à la même encore
Col. II
16 à celle de Phoibammon...
17 à celle d'Annianè, le dimanche (?)
21 à Sainte-Marie, son jour (?)
7 à Saint(e)-Ie...
? au Baptiste...
(mécheir) 7 à Saint(e)-Ioul...
7 à Saint-abba...
7 au...
7 à Sainte-Euphémie...
7 à Saint-Zacharie...
9 à Saint-Sérénos...
11 à Saint-Gabriel...
? 12 au même
7 à Saint-apa Anoup, le jour de...
15 à celle de Phoibammon, le dimanche (?)
21 à Saint-Philoxène...
de même à Saint...
?22 au même, le dimanche (?)
7 à l'église sud...
7 à la même, le dimanche (?)
phamenôth 7 à Saint-Théo...
7 à Saint-Philoxène...
7 à Saint-Thé...
7 à celle de Phoibammon...
7 à celle de Phoibammon...
7 à Sainte-...
7 à...
Notes
2. πάπας désignait les évêques : voir PLond II 417,3 (p. 299) de 346
(πάπας Έρμου πόλεως) ; aussi Lampe, A Patristic Greek Lexicon,
Oxford 1968, s.v., p. 1006. Les éditeurs pensaient au patriarche
d'Alexandrie, mais sans fondement. Delehaye (p. 88) propose l'évêque
local. Il pourrait s'agir de l'évêque Pierre, mentionné en 534 dans PSI III
216.
neur de son compagnon Phib, mort à celte date : voir R.-G. Coquin,
Apollon de Titkooh ou/et Apollon de Bawît?, Orientalin 46, 1977,
p. 435-446, en particulier p. 438-446. Cette date se transforme peu à peu
en fête d'Apollô, supplantant la célébration originellement fixée au
5 mécheir : J. Gascou, Un nouveau calendrier de saints égyptiens
(PLond. inv. 318), An. Boll. 107, 1989, p. 387-388. Au 25 phaôphi, le
synaxaire arabe médiéval commémore Phib et Apollô, mais conserve
aussi le souvenir de ce rite (R. Basset, PO 1, 1907, p. 366-369).
5. ή μαρτύρων : église attestée par PLond V 1762 (677e s.) ; elle peut
être dédiée à tous les martyrs, à un groupe spécifique, ou encore aux
«Trois martyrs», alias «Trois enfants» ou «Trois saints», noms sous les
quels on désigne, en Egypte, les Trois Hébreux : voir J. Gascou, Notes
de papyrologie byzantine, II. 1. Les sanctuaires dédiés aux Trois Saints
Jeunes Gens en Egypte byzantine, Chron. Eg. 59, 1984, p. 333-337.
La fin du mois de phaôphi est marquée par un trait tiré entre les lignes
5 et 6, qui commence à gauche de C I par une ligne sinusoïde verticale.
21. L'église d'Annianè n'est pas attestée par ailleurs. Elle n'était pas
dédiée à une sainte, mais nommée d'après sa fondatrice.
22. Saint-Cosme est attesté dès 480 (PWisc II 64) ; des veuves lui
étaient associées en 482 (POxy XVI 1955) ; il est encore mentionné au
6e siècle (PSI VII 791). Ision, qui y est commémoré, est un saint dont
nous avons ici l'unique attestation, papyrologique ou autre.
40. αμα [ : La restitution «Héraïs» est fondée sur SPP X 35 (7e s.) :
&μα Ηρ[... On ne connaît pas, il est vrai, d'autre sainte égyptienne dont
le nom commence par Hp... Mais une martyre devrait être désignée par
αγία et non par αμα. La mention pourrait aussi se référer au couvent
d'ama Ioulianè, connu par ailleurs à Oxyrhynchos: POxy XXIV 2419
(6e s.).
48. Entre le 24 tybi et le 4 mécheir. ] Ιουλ[... peut aussi bien être une
femme qu'un homme. Un couvent d'Ama Ioulianè est connu {POxy
XXIV 2419, 6e s.).
49. Entre le 25 tybi et le 5 mécheir. Saint abba [... n'est utilisé, dans
les textes oxyrhynchites connus, que pour άγιος αββα 'Ερμης (PSI I
89, 6e s.). On trouve aussi, dans POxy XVI 1917,19, άγιος απα Τίττος.
55. «Au même» : cette formule fait penser que cette célébration et la
précédente étaient consécutives. Elle n'est employée dans C I que pour
les synaxes qui ont lieu le lendemain de celles qu'elles précèdent. Dans
le cas - unique - où deux synaxes se succèdent à la même église sans
qu'il s'agisse de deux jours consécutifs, le nom de celle-ci est répété en
entier (1. 35 et 36, εις την Φοιβάμμωνος).
Deux traits avec des lignes sinusoïdes au départ sont tirés au-dessus et
au-dessous de cette ligne, comme à la fin du mois de phaôphi (1. 5). Ils
indiquent sans doute le début d'une période importante, qui serait, à cet
endroit, le Carême.
6 1 . Entre le 23 et le 29 mécheir.
12. PSI I 63,24-28 : xrj όγδ[ό]τ) ήμέρςι της εορτής του άρχηαγγέλου Μ[ιχ]αηλ του
άθύρ [μην]ός.
13. D. Bonneau, La crue du Nil. Divinité égyptienne à travers mille ans d'histoire (332
av. - 641 ap. J.-C), Paris 1964, p. 24 et 1 17.
LA LITURGIE STATIONNALE À OXYRHYNCHOS 15 1
14. Cela était souvent le cas dans les liturgies stationnales des différentes villes : voir
Baldovin, Urban Character, p. 59-63 (Jérusalem); p. 121-122 (Rome); p. 196-199
(Constantinople) ; p. 224-226 (développement du rite byzantin de l'Eucharistie).
15. Voir D. Bonneau, op. cit.,, p. 370-371 ; R.-G. Coquin, Les origines de l'Epiphanie
en Egypte, Noël, Epiphanie, Retour du Christ, éd. B. Botte et ai, Paris 1967, p. 163-169.
16. Il s'agit soit des Harpqkratia au milieu du mois, soit de l'ancienne fête du Nil : F.
Perpillou-Thomas, Fêtes d'Egypte ptolémaïque et romaine d'après la documentation
papyrologique grecque, Louvain 1993, p. 146-148.
17. Par exemple SB XIV 12130,21 (576e s.) ; PSI VII 791,2 (6e s.) ; VIII 953 59 (568) ·
POxv VI 993 (6e s.) ; SPP XX 260 (677e s.).
18. POxv XVI 1857,5 (6e /7e s.).
19. Voir SB XIV 12130 (576e s.) ; PSI VIII 955 (6e s.) ; POxy XVI 1950 (6e s.?) ; PSI
VII 791 (6e s.); PSI VIII 953 (568); POxy VI 993 (6e s.); voir aussi les remarques
concernant les héortika dans E. Wipszyska, Deux papyrus concernant des grands
domaines byzantins, Chron. Ég. 43. 1968. p. 348-349.
152 ARIETTA PAPACONSTANTINOU
20. Voir L. Casarico, 'Εορτή e πανήγυρις nei papiri, Aegyptus 64, 1984, p. 135-162,
en particulier p. 1 5 1 - 1 53 et 1 58- 1 62.
21. Sur les églises d'Oxyhrynchos, voir L. Antonini, Le chiese cristiane in Egitto...
(n. 4), p. 172-183, avec les restrictions exprimées ci-dessus ; G. Modena, II cristianesimo
ad Ossirinco secondo i papiri : chiese e conventi e loro condizione economica. Bulletin de
la Société d'Archéologie d'Alexandrie 31, 1937, p. 254-269 ; l'article de G. Pfeilsciiiftek,
Oxyrhynchos, seine Kirchen und Klöster, dans Festgabe Alois Knöpfler gewidmet,
Fribourg-en-Brisgau 1917, résumé par Modena, m'est resté inaccessible.
LA LITURGIE STATIONNALE À OXYRHYNCHOS 1 53
22. Sainte- Alexandra : POxy LVIII 3936, de 598; Saint-Georges: POxy XVI 1901 ;
Sainte-Thècle : POxy XXIV 2419; XVI 1993; Saint-Nil: POxy XVI 1898; Saint-
Pamouthios: POxy XVI 1917; Saint-apa-Titos : POxy XVI 1917; Saint-Phoibammon
:
SPP X 35 ; église de la Résurrection : POxy XXVII 2478 (595) ; XXVII 2480 (565-566).
23. PMert III 124 (520) ; POxy VII 1053 (fin 67début Τ s.) ; XVIII 2206 (6e s.) ; PSI
VII 791 (6e s.) ; VIII 953 (568) ; PRossGeorg III 6 (7e s.).
24. SB XIV 12021 (après 377) ; POxy XVI 1967 (427) ; PLond V 1777 (434) ; SB I
1980 (5e s.) ; X 10939 (5e s.) ; PMich XI 612 (514) ; POxy XVI 1900 (528) ; PSI III 216
(534); POxy XVIII 2238 (551); XVI 1894 (573); XVI 1892 (581); I 136 (583); XVI
1901 (6e s.) ; SB X 10472 (6° s.) : POxy XXII 2344 (677° s.).
25. Voir POxy XI, p. 24-25 ; Delehaye, Calendrier, p. 97-98.
26. Ioustos : POxv VI 941 (6e s.) et POxy X 1311 (5e s.) ; Sérènos : POxy LV 3804,164
(566).
1 54 ARIETTA PAPACONSTANTINOU
de Phoibammon 8
Saint-Philoxène 7
Sainte-Marie 4
Saint-Sérénos 4
église sud 3
l'Évangéliste 3
Saint-Michel 3
Saint-Juste 2
Saint-Ménas 2
d'Anniané 2
Sainte-Euphémie 2
Saint-Gabriel 2
des martyrs 1
Saint-Victor 1
Saint-Cosme 1
Saint-Pierre 1
ama ... 1
le Baptiste 1
Saint(e)-Ioul... 1
Saint-Zacharie 1
Saint-apa-Noup 1
Saint-Thé... 1
Saint-Théo... 1
Saint(e)-Ie... 1
Saint-abba.... 1
...tob... 1
Sainte-... 1
non-identifiées 3
Total 60
sur 3) et Saint-Sérénos (2 sur 4). Tel n'est pas le cas de l'église sud et, sur
tout, de l'église de Phoibammon, où une synaxe sur trois et deux sur huit
respectivement avaient lieu pendant des fêtes. L'église de l'Évangéliste,
enfin, occupe une position intermédiaire : une seule synaxe, certes, y était
célébrée pendant une période festive, mais les deux autres étaient organi
sées les dimanches précédant immédiatement deux des trois panégyries.
Dans l'ensemble, certaines églises se caractérisent par une prépondé
rance que renforce leur mise en évidence pendant les grandes périodes
festives. L'une d'entre elles, l'église dite «de Phoibammon», se singular
ise en apparaissant cinq mois sur six et en scandant, ainsi, toute la partie
de l'année couverte par le calendrier27. On y célébrait plusieurs synaxes
dominicales, dont celle du début du Carême. La popularité, à
Oxyrhynchos, de saints comme Michel, Jean l'Évangéliste, sainte Marie,
ou de martyrs locaux comme Sérènos et Philoxène, peut expliquer le rôle
joué par leurs édifices de culte. L'église sud - une des plus anciennes de
la ville - devait jouir, quant à elle, d'un grand prestige. Mais les raisons
de l'importance reconnue à l'église de Phoibammon nous échappent, et
ce d'autant plus que ce lieu de culte n'est attesté dans aucun autre docu
ment. On doit, en définitive, se demander si l'église épiscopale pouvait
être désignée dans un document officiel par le nom de son fondateur : si
tel était le cas, l'église de Phoibammon pourrait bien être, en fait, celle
de l'évêque, dont on a relevé plus haut la curieuse absence.
La vie liturgique était donc, à la fois, dispersée entre un grand nombre
d'églises et concentrée autour d'un petit nombre d'entre elles. La liturgie
stationnale permettait ainsi à l'évêque d'être présent partout, et d'exalter,
par ailleurs, quelques édifices qui, pour des motifs variables, comptaient
plus que d'autres. L'accent, enfin, était placé sur une seule église, celle
de Phoibammon, qui acquérait, grâce à la liturgie stationnale - et peut-
être en dehors d'elle -, une certaine centralité.
28. Delehaye, Calendrier, p. 88 ; voir aussi l'annotation de la ligne 2 du texte (p. 143).
29. C'est, du moins, ce que suggèrent les documents relatifs à la liturgie stationnale
des différentes villes : il s'agit, le plus souvent, de livres liturgiques à valeur permanente
comme les lectionnaires ; voir Baldovin, Urban Character, passim.
30. Des mentions de lettres festales sont conservées dans les papyrus coptes, de la fin
du 6e et du début du 7e siècle, dont un certain nombre du patriarche Damien (578-607) :
CO 1 8, 249 et ad. 59 ; PRyl Copt 464.
31. Voir P. Évieux, Introduction, Cyrille d'Alexandrie, Lettres festales, I-IV, Paris
1991, p. 107-108.
LA LITURGIE STATIONNALE À OXYRHYNCHOS 1 57
32. Ibid., p. 108 : Cyrille, devenu évêque le 17 octobre 412, n'a pas envoyé la lettre
festale de 413 ; d'après un document du 6e siècle prévoyant une somme pour la publica
tion de Y héortastikè (PSI VII 791), celle-ci semble même avoir été prête dès le mois de
thôth (août-septembre).
33. Voir J. Maspéro, Histoire des patriarches d'Alexandrie, Paris 1923, p. 89 (querelle
sévériens-julianistes) et p. 100-1 18 (succession de Timothée 111).
34. Voir, par exemple, J. Gascou, Un nouveau calendrier de saints égyptien, An. Boll.
107, 1989, p. 384 et n. 1 voir la liste qui y est fournie des calendriers égyptiens connus
:
6e siècle est, de fait, capitale. Leur importance est sensible, à la fois, dans
le calendrier liturgique et dans l'espace urbain.
La liste des fêtes de toute nature mentionnées avec certitude dans
POxy XI 1357 s'établit de la façon suivante :
25 phaôphi Metanoia
3 hathyr Épimaque
12 hathyr Michel
14 hathyr Juste
15 hathyr Menas
15 choiak Ision
22 choiak Philoxène
28 choiak Nativité
Moins sûres, mais, malgré tout, probables, sont les fêtes de Pierre le
1er tybi, de l'Epiphanie le 11 tybi et de la Dormition le 21 tybi 35. La pr
édominance des saints dans cette organisation festive est évidente. Leur
présence est également marquée lors des trois panégyries, dont une est
liée uniquement à des mémoires de saints et une autre tire son éclat de la
commémoraison consécutive d'un saint local et de la Nativité.
Les saints envahissent aussi l'espace. Au début du 4e siècle, les deux
seules églises présentes à Oxyrhynchos sont désignées à l'aide de coor
données topographiques : l'église nord et l'église sud. Vers la fin du
siècle, l'auteur de YHistoire des moines d'Egypte voit, dans la même
ville, douze églises, sans, toutefois, en donner le détail 36. A la date de
notre document, ce nombre a plus que doublé, et peut-être même triplé.
Cette progression paraît, dans l'ensemble, indissociable du développe
ment du culte des saints : des vingt-cinq églises que le calendrier ment
ionne explicitement, dix-neuf, soit près des quatre cinquièmes, leur sont
dédiées.
Ces saints se signalaient enfin par la diversité de leurs origines.
Certains sont purement locaux, comme Ioustos ou Sérénos, dont les mar-
tyria se trouvent sur place. D'autres sont bibliques, et le plus souvent
néotestamentaires, comme Jean Baptiste, Jean l'Évangéliste, Marie,
Zacharie, Michel ou Gabriel. On trouve encore de grands saints orien
taux comme Cosme ou Euphémie. Il est frappant, en revanche, de voir la
petite place qu'occupent dans ce document des saints égyptiens aussi
importants que Menas ou Victor.
La comparaison d'Oxyrhynchos avec les autres villes dont on connaît
le cycle liturgique, se heurte à de nombreuses difficultés. Les sources
dont nous disposons pour connaître les calendriers locaux de date haute
sont peu nombreuses et elles concernent essentiellement de grands
35. Toutes les autres célébrations restent sans motif, exception faite des synaxes domin
icales.
36. A.-J. Festugière, Historia monachorum in Aegypto, Bruxelles 1961, chap. 5, p. 42.
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