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Approche théorique du lien social

Approche contemporaine de l’exclusion sociale


L’exclusion fait partie des concepts qui sont l’objet de nombreuses critiques et de moult
questionnements. Elle n’en demeure pas moins une notion que la majorité des auteurs
considèrent comme floue et imprécise puisqu’elle est :
• difficile
• voire impossible à mesurer
• et remplie de pièges à plusieurs égards.
En raison de ce flou conceptuel et sémantique qui semble traverser cette notion (tant sur le
plan théorique que pratique), les auteurs qui s’y sont penchés ont déployé beaucoup d’efforts
pour en spécifier la nature, le sens et le processus qui la sous-tend.
En effet, le concept d’exclusion nous pousse :
• à examiner la société contemporaine sous un autre angle,
• à la réfléchir différemment,
• à ouvrir de nouveaux lieux de débats
• et à interroger sérieusement les transformations en cours ainsi que leur impact sur les
individus et le développement de la société.
Ainsi perçue, cette notion permettrait de repenser et de reconsidérer nos manières de vivre
ensemble. Elle doit être abordée dans cette optique et non pas dans celle de déterminer si
cette nomination peut rendre compte des réalités qui traversent actuellement la société.

René Lenoir publia, en 1974, son livre « Les exclus » dont l’indignation dénonciatrice
n’était accompagnée d’aucune analyse approfondie des causes de cet état de fait que l’on
nommait l’exclusion sociale. Ainsi, la notion d’exclusion a été utilisée pour la première
fois en France dans un contexte marqué par le développement du chômage et par ce que
l’on nommait d’abord nouvelle pauvreté, rendue de plus en plus manifeste par la
réapparition dans les rues des grandes villes de miséreux, sans moyens d’existence ni
domicile fixe, survivant grâce à la charité publique ou privée.

En effet, la notion d’exclusion sociale concernait, dans les années 1970, les handicapés
physiques et mentaux, les invalides âgés, les toxicomanes, les délinquants…

Elle s’est ensuite élargie à la disqualification, à la relégation ou encore à la désaffiliation

qui sont considérées comme une menace pesant sur certaines populations.

L’exclusion sociale couvre de nombreux problèmes économiques et sociaux. Elle s’élargit


lorsqu’elle sert à désigner également, au cours des années 1980, de « nouveaux pauvres » qui
sont :
− les jeunes en difficulté d’insertion,
− les chômeurs de longue durée,
− les personnes occupant un emploi à temps partiel contraint,
− les personnes en rupture de liens familiaux,
− les ménages fortement endettés, etc.
L’exclusion sociale se définit par la marginalisation d’une partie des individus d’une société
en raison de différents facteurs et critères sociaux les différenciant du reste de la population.
Elle atteint l’identité même de la personne qui se retrouve transformée dans le regard des
autres en « inutile au monde ». La durée du chômage peut être considérée comme un facteur
important d’exclusion sociale, les problèmes de logement, d’accès aux soins, de
surendettement, de région en crise, de discrimination liée à l’origine, la couleur de la peau, le
sexe, le handicap... sont également à mentionner. Les personnes handicapées, sans-abri ou
âgées peuvent être concernées.
Les contours de l’exclusion sociale sont difficiles à définir car son déroulement n’est pas
linéaire et peut arriver plus ou moins brutalement, jusqu’à l’absence de liens sociaux avec le
reste de la population.
Bien que la marginalisation et l’exclusion sociale soient souvent liées, cette dernière n’est pas
forcément juxtaposée à une situation de pauvreté. La concomitance des deux termes intervient
la plupart du temps en raison du sentiment d’exclusion sociale que peut engendrer un
chômage de longue durée. La participation active et l’appartenance au marché de l’emploi
sont en effet vectrices de sociabilisation et de maintien quasi-obligatoire de liens sociaux.
L’exclusion sociale est un processus et un état qui empêche les individus et les groupes de
participer pleinement à la vie sociale, économique et politique et d’affirmer leurs droits.
Désormais, il s’agit avant tout d’un paradigme sociétal, c’est-à-dire d’un ensemble de
représentations de l’ordre social suffisamment concordantes et stabilisées dans la durée pour
que s’organise à l’échelon de la société tout entière une réflexion sur ses fondements et ses
modes de régulation. Cela n’implique pas qu’il y ait consensus sur tout. Mais la référence à
l’exclusion, comme menace pour la collectivité, est plus ou moins acceptée par tout le monde.
Le succès de cette notion est en grande partie lié à la prise de conscience collective d’une
menace qui pèse sur les franges de plus en plus nombreuses et mal protégées de la population.
L’exclusion sociale s’explique par un manque de moyens financiers, un bas niveau
d’éducation, un faible accès à l’information ou une insuffisante capacité à tisser des liens
sociaux, etc.
Le comité de direction du Centre d’étude sur la pauvreté et l’exclusion au Québec s’est
entendu par consensus sur la définition suivante de l’exclusion sociale :
«L’exclusion sociale est le résultat d’un ensemble de processus économiques, politiques,
institutionnels, culturels, souvent interdépendants et cumulatifs, qui mettent des
personnes ou des groupes à part dans la société. […] Les mécanismes de l’exclusion
sociale peuvent être corrigés par une action collective et par des politiques publiques.»
L’exclusion sociale peut se traduire par des possibilités limitées pour les individus (et
conséquemment pour leur famille et leur communauté) de maintenir leur autonomie
économique, tout en affectant l’intégrité de leur identité sociale, leur santé, leur éducation,
leur participation au marché du travail ainsi qu’aux réseaux de relations sociales et familiales.
Selon Amartya Sen, « le fait d’être exclu des relations sociales peut causer d’autres privations
limitant davantage nos possibilités de vie. Par exemple, le fait d’être exclu de la possibilité
d’avoir un emploi ou de recevoir un crédit peut entraîner l’appauvrissement économique et
partant d’autres privations (comme la sous-alimentation ou l’absence de domicile fixe).
L’exclusion sociale peut ainsi être considérée autant comme un élément constitutif que
comme une cause de la privation des capacités.

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