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Robert Castel*
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1. Voir Colette Bec, Assistance et République, L'Atelier, Paris, 1994. La Convention natio
nale, reprenant les propositions du Comité pour l'extinction de la mendicité, avait déjà imposé
et commencé à appliquer ce principe du droit au secours, « dette inviolable et sacrée » à l'égard
des citoyens malheureux. Mais il ne survivra pas à la reconquête des conservateurs et des libé
raux dont l'alliance sur ce point, tout au long du XIXe siècle, cantonne l'assistance au domaine
d'une bienfaisance publique ou privée, charitable ou « sociale », mais maintenue en dehors de
la juridiction de l'État et de la sphère des obligations légales.
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3. Pourquoi le travail social ?, avril-mai 1972. Ce numéro a fait beaucoup pour populariser
et stabiliser l'expression « travail social », qui n'était pas familière à l'époque. Il vaut la peine
pour notre propos de rappeler la définition proposée par Esprit : « Par "travail social" nous
entendons d'abord toute action qui vise à réduire une inadaptation quelconque ou qui est (expli
citement ou implicitement) préventive de l'inadaptation d'un individu ou d'un groupe », (op.
cit., p. 547).
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« Exclusion », « précarité » :
l'élargissement des populations concernées
4. Ainsi le reproche synthétique que formule Pierre Lascoumes et qui vaut pour des cen
taines de déclarations du moment : « L'action sociale participe directement à la gestion et à la
reproduction de la force de travail », in Prévention et contrôle social, les contradictions du tra
vail social, Masson, Paris, 1977, p. 203. Aujourd'hui, on aimerait bien qu'elle ait ce pouvoir !
5. Ce panorama reste nécessairement sommaire dans ces limites. Pour un véritable bilan, il
faut se reporter à la synthèse de Michel Autès dans la thèse qu'il vient d'achever, les Modes de
légitimation de l'intervention publique : de l'assistance au développement social, École des hautes
études en sciences sociales, 1997.
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6. Les deux importantes lois de 1975, l'une sur le statut des institutions sanitaires et socia
les, l'autre « en faveur des personnes handicapées », peuvent être interprétées comme la pour
suite sur sa lancée du processus des années de croissance que l'on vient de retracer.
7. Lionel Stoleru, Vaincre la pauvreté dans les pays riches, Paris, Flammarion, 1974.
8. René Lenoir, les Exclus, Paris, Le Seuil, 1974.
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février 1981 est symptomatique des progrès, mais aussi des lenteurs
et des ambiguïtés de cette prise de conscience13.
La demande du Premier ministre Raymond Barre est classique, et
même traditionnelle, puisqu'elle interroge les moyens de lutter contre
les « îlots de pauvreté » qui subsistent dans la société française, et
certaines propositions du rapport de Gabriel Oheix reprennent aussi
les catégories classiques de l'aide sociale, personnes âgées, enfants
en difficulté, anciens détenus, etc. Mais le rapport s'intitule « Contre
la précarité et la pauvreté » et souligne l'importance des politiques de
l'emploi, du logement, de l'éducation pour vaincre la pauvreté. Tout
se passe comme si ce rapport laissait coexister deux logiques tout à
fait différentes. La pauvreté est encore partiellement pensée comme
un phénomène résiduel, une poche d'archaïsme au sein des sociétés
modernes. Mais la précarité fragilise des situations qui n'ont rien
d'exceptionnel et peut faire basculer des gens qui paraissaient inté
grés. On les appellera bientôt les « nouveaux pauvres ».
13. Gabriel Oheix, Contre la précarité et la pauvreté : 60 propositions, février 1981. Ce rap
port n'a pas été publié. Des sociologues commencent au même moment à soulever ce thème de
la précarité. Voir aussi Agnès Pitrou, la Vie précaire. Des familles face à leurs difficultés, Paris,
Cnaf, 1980, sur l'analyse de familles ouvrières qui ne sont nullement des « cas sociaux », qui se
tiennent même à l'écart des services spécialisés, mais qui peuvent néanmoins décrocher au
moindre aléa.
14. Bien qu'à la fin de l'étape précédente, certaines innovations comme les opérations
« Habitat et vie sociale » (1976) anticipent certains traits des politiques territoriales. De même,
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les « Pactes pour l'emploi » lancés par Raymond Barre, le premier en 1977, peuvent être consi
dérés comme le coup d'envoi de nouvelles politiques d'accès à l'emploi fondées sur les stages.
Mais c'est seulement à travers la promotion de l'insertion que ces tentatives trouveront leur doc
trine.
15. Sur l'esprit général de ces politiques, voir Jacques Donzelot, Philippe Estèbe, l'État ani
mateur, Paris, éd. Esprit, 1994. Jacques Ion a proposé une première analyse d'ensemble de
leurs implications sur le travail social dans le Travail social à l'épreuve du territoire, Toulouse,
Privat, 1990.
16. Lancées dans le prolongement de son rapport, l'Insertion professionnelle et sociale des
jeunes (Paris, La Documentation française, 1981), le premier et le plus explicite des rapports
publiés au début des années quatre-vingt sur l'insertion.
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17. Je ne parle pas des situations où le Rmi est alloué sans qu'il y ait proprement un contrat
de passé, et qui sont pourtant les plus nombreuses. Le Rmi est alors traité pour l'essentiel par
les assistantes du service social « ordinaire ».
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* Ce tableau et le suivant sont repris de J. Ion et J.-P. Tricart, les Travailleurs sociaux, Paris,
La Decouverte, coll. « Repbres », 1992, ouvrage en cours de reedition.
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(Ministere) (Insee)
1970 1975 1980 1988 1982 1990
1990
Educateurs techniques ■?
3 000? 4 500? 15 000
? ? ?
9 800 1 ?
Aides medico-psychologiques
Animateurs11 ? V
25 000? 55 000 33 660 55 000
?
850 1750 ?
Conseillers conjugaux
Conseillers en economie
?
sociale et familiale' 2 300 3 110 6 000 5 080 5 500
? V
Delegues a la tutelle 800 1200
Sources : ministfere des Affaires sociales, Service des statistiques, des Etudes et des sys
t£mes d'information (Sesi), Insee, RP 1982, 1/20®, vol. D 100, tableau 06; RP 1990,
l/20e, Insee-Rtsultats (population active), 1992. La statistique ministSrielle 1988-1990
est incomplete et elle est donnSe k titre indicatif.
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