Vous êtes sur la page 1sur 13

Les méthodes de datation : « L'archéométrie »

Ce qui suit est un résumé qui ne prétend pas épuiser le sujet mais en montrer la diversité et la complexité.

L'archéométrie est une mesure scientifique de datation d'un objet qui fut (ou fit partie d') un être vivant ou
d'un matériau inanimé.
Il existe de nombreuses méthodes de datations adaptées à chaque groupe de cas particuliers et chaque
méthode à sa plage d'incertitude (erreur absolue ou relative).
Plus la datation est proche de la date de mesure (5 000 ans), plus elle est précise ; plus elle est éloignée
(centaines de milliers, millions, milliards d'années), plus l'erreur est importante.
Il est important de savoir que la datation n'est assurée (diminution de la marge d'erreur) que si elle est
confirmée par d'autres méthodes. De plus, la datation n'est pas seulement liée à la méthode mais aussi par
les conditions du laps de temps qui nous sépare de l'origine de l'objet : variations de températures,
rayonnement cosmique, tectonique des plaques, rayonnement solaire ionisant, diffusion atmosphérique
importante de radionucléides (essais de bombes atomiques, centrales nucléaires avec coeur en fusion,
etc...)

Il y a deux types de datations : relative et absolue.

La datation relative indique seulement si l'âge d'un objet est antérieur ou postérieur à un autre.
La datation absolue indique une datation chiffrée ± l'erreur exprimée en années (mille, millions milliards).
Seule cette dernière sera abordée ici.

Les méthodes de datations se basent sur plusieurs techniques scientifiques telles que :

- La radioactivité
- La spectrométrie de masse
- La thermoluminescence (TL)
- Potassium/Argon (K/Ar)
- Uranium/Thorium (U/Th)
- Rubidium/strontium (Rb/Sr)
- Uranium/Plomb (U/Pb)
- L'archéomagnétisme
- Le paléomagnétisme
- La dendrochronologie
- Résonance de spin électronique
- La diffractométrie de rayon X
- etc...

Les méthodes radioactives

Généralités
Un élément radioactif, qualifié d’éléments père (P), est constitué par un atome instable. Il se désintègre
spontanément, donnant naissance à un autre élément, l’élément fils (F), radiogénique. La proportion
d’atomes radioactifs qui se désintègrent par unité de temps est une constante immuable, donc une horloge
potentielle appelée constante radioactive (λ exprimé en Nbr désint/an).
La désintégration de l’isotope père suit la loi suivante, appelée loi de désintégration radioactive qui suit
une courbe exponentielle de la forme :
Np0
Npt = -------
eλt

avec :
➢ Npt: nombre d’atomes de l’isotope père radioactif au temps t
➢ Np0 : nombre d’atomes de l’isotope radioactif à l’instant initial t0
➢ λ : constante de désintégration de l’isotope étudié
➢ t : temps écoulé depuis la fermeture du système (depuis la formation de l’échantillon), c’est-à-dire le
temps qui nous intéresse pour dater une roche ou les restes d'un êtres vivant.
➢ e : la constante exponentielle. e ≈ 2,7183... (les machine à calculer ont cette valeur en mémoire)

Remarque : T (majuscule) correspond à la période radioactive ou ½ vie qui correspond au temps


nécessaire à la désintégration de la moitié des éléments radioactifs présents. T = ln 2 / λ
Note : ln est le logarithme népérien. (fonction également présente sur les machines à calculer)

Mais l'intérêt est de connaître la datation, c'est-à-dire « t ». Les matheux feront la démonstration.

ln ( Np0 / Npt )
t = ------------------
λ

λ s’appelle l’activité : c’est le nombre de désintégrations par unité de temps. L’unité de mesure
internationale de l’activité est le becquerel (Bq), qui correspond à une désintégration par seconde. Une
autre unité est utilisée, le curie (Ci).
1 Ci = 3,7 x 1010 désintégrations par seconde = 37 gigabecquerels.
Donc 1 Bq = 31 536 000 désint/an = 31,54 106 désint/an
et 1 Ci = 37 * 106 * 31,54 106 = 1,17 1015 désint/an

Voici quelques exemples de demi-vie radioactives

Le Carbone 14 (C14)
Le C14 est un élément radioactif présent dans le CO2 qui est assimilé par les plantes par le principe de la
photosynthèse, et en conséquence par le monde animal par le jeu de la chaîne alimentaire.
Homme, animaux (dans leurs os), mollusques (dans leur coquille), plantes (dans leurs cellules végétales)
fixent le C14 en proportions égales grâce à des échanges permanents de C14 avec l’atmosphère.
A la mort des ces organismes (= « fait marquant »), les échanges en C14 s’arrêtent et la quantité de C14
diminue progressivement de moitié tous les 5568 ± 30 ans (= « demi-vie » ou « période » du C14).
On va alors calculer le temps écoulé depuis la mort de l’organisme qui est marqué par l’arrêt de l’échange
en C14 et par sa décroissance.
Limites chronologiques : après 6 « périodes » radioactives (33 000 ans), il n'y a plus de radiocarbone dans
la matière. L’échantillon ne peux plus être daté par cette méthode.
La datation au C14 se base sur la formule précédente avec λ = 1,2449 10-4 désint/an (= ln (2) / 5568 )

Exemple 1 :
On relève des restes humains dont la radioactivité est de Npt = 1600 Bq.
Or la radioactivité actuelle d'un être humain est d'environ Np0 = 8600 Bq.
Donc Np0 / Npt = 5,375

Alors t = [ln ( Np0 / Npt )] / λ


= [ln (5,375)] / 1,2449 * 104
= 13 509 ans < 33 000 ans
Donc la méthode du C14 est valable.

Notes :
1) La méthode de datation par le C14 n’est réellement valable que pour les restes de corps vivants.
2) Une méthode plus précise a été mise au point en 2020 qui est la datation par le rapport isotopique
R = C14/C12 = 10-12 et qui tient compte aussi de la variation de température pendant la période
estimée. La limite de précision passe alors de 33 000 ans à 50 000 ans ± 5 ans, ce qui est
remarquable.

Exemple 2 :
On prélève 10 g de granit ayant une radioactivité de Npt = 0,01 Bq.
Or, sa radioactivité normale est d'environ Np0 = 1 Bq/g soit 10 Bq
Il y a principalement dans les roches de l'Uranium 234 (U234) – [ cette affirmation doit être confirmée par
d'autre mesures ] – qui, lors de la désintégration se transforme en Thorium 230 (Th230) – voir le tableau
ci- avant qui donne une demi-vie T = 245 000 ans.

λ = ln 2 / 245 000 = 2,829 10-6

t = [ln ( Np0 / Npt )] / λ


= [ln (1000)] / 2,829 * 106
= 2 441 765,7 ans
soit plus de 2 millions d'années.

Le choix de la méthode dépend de l'endroit où l'on trouve la roche. Les archéologues pourront confirmer
ou pas l'hypothèse d'une roche très âgée mais le calcul devra de toute façon être confirmé par d'autres
méthodes pour être validée.

La spectrométrie de masse

Principe
Le gaz carbonique de l’atmosphère contient une petite proportion de C14, élément radioactif naturel, c’est-
à-dire qui a la propriété de se désintégrer spontanément en donnant un ou plusieurs autres éléments eux-
mêmes stables ou radioactifs. Dans la haute atmosphère l’action de neutrons, créés par les rayons
cosmiques, sur l’azote (N14) de l’air produit le C14. Ce nouvel atome s’oxyde rapidement en gaz
carbonique (C14O2) et se mêle à celui de l’air des couches les plus basses de l’atmosphère et à celui des
eaux continentales et océaniques. Il s’intègre alors au cycle naturel du carbone et est absorbé ainsi par
tous les êtres vivants (animaux et végétaux). Sa production dans l’atmosphère se fait de façon continue
mais sans accumulation : il se désintègre spontanément pour redonner un atome d’azote. La production
de C14 et sa disparition par désintégration s’équilibrent autour d’une faible teneur en C14 conférant une
radioactivité naturelle au gaz carbonique de l’atmosphère. Tant que les organismes restent en échange
avec ce gaz carbonique, ils présentent cette teneur en C14. À leur mort, la fixation du radiocarbone cesse
et sa concentration dans les matières organiques mortes diminue avec le temps. Il est alors possible, en
mesurant le taux résiduel de C14 d’une matière carbonée, de déterminer le temps écoulé depuis sa mort.

Les différentes techniques de mesure


La teneur en C14 résiduel est déterminée soit par la mesure de la radioactivité de l’échantillon avec des
compteurs proportionnels ou des détecteurs à scintillation (datation dite conventionnelle), soit par le
décompte du nombre d’atomes de C14 restants (datation par spectrométrie de masse couplée à un
accélérateur : datation Sma). La première technique nécessite une masse d’échantillon importante (tableau
1) et un temps de mesure très long pour obtenir une précision statistique suffisante des datations. Par
contre, à précision égale, la deuxième technique utilise des échantillons beaucoup plus petits (de l’ordre
du milligramme de carbone) et le temps de mesure est beaucoup plus court.
Tableau 1

Mesure du C14 par :


Scintillation Spectrométrie de masse couplée à un
liquide accélérateur
Charbon de bois 5 à10 g 5 à 10 g
Os 100 à 500 g 0,5 à 5 g
Tourbe humide 100-200 g 200-500 mg
Bois sec 10 à 20 g 10 à 100 mg
Durée de la mesure pour une même
3 jours 1 heure
position
Comparaison des masses d’échantillon requises et des temps de mesure pour les deux techniques

La précision des mesures


Les progrès dans les deux techniques de mesure donnent des résultats équivalents. La précision actuelle
des résultats est donc fonction de l’ancienneté de l’échantillon mesuré : plus il est ancien, plus faible est
sa teneur en radiocarbone et, par conséquent, plus grande la marge d’incertitude de la mesure. Elle a
cependant en vingt ans été réduite d’un facteur de trois à quatre. On obtient maintenant, par compteur ou
par Sma, une marge statistique des dates BP (Before Present : avant 1950)
- de ± 30 à ± 50 ans pour les dix derniers millénaires,
- de ± 200 ans vers 20 000 BP
- de ± 400 ans vers 30 000 BP.

Détection de perturbations ou d’intrusions dans un site


La petite taille des échantillons aide aussi parfois à détecter des perturbations dans les stratigraphies dues
à des micro-failles, à des terriers de rongeurs, à des micro glissements de terrains ou à tout autre accident
de stratigraphie permettant l’intrusion d’éléments nettement plus récents ou plus anciens dans une couche
archéologique (tableau 2). Ces accidents ne peuvent pas être systématiquement détectés lors de la fouille
et nombre d’entre eux ont rendu inexplicables des datations.

Tableau 2

Site Matériel daté Âge attendu Âge obtenu Référence datation


Abri de la Fru Charbon 14 000 BP 1 285±55 BP Lyon-926 (OxA)
Abri des Renardières Os 9 000 BP 29 200±450 BP OxA-9461 (Lyon-127)
Exemples de mobilité des échantillons dans des niveaux archéologiques (Valladas et al. 2001)

Résumé des caractéristiques de la spectrométrie de masse


- très sensible : quelques attomoles sont détectées
- haute résolution permet de distinguer les isotopes naturels d’un élément
- analyse rapide (quelques ms) et compatible avec des mélanges séparés par chromatographie liquide en
ligne
- génère de nombreuses données : spectres MS, MS/MS qui renseignent sur la structure de biomolécules
- compatible avec l’étude de mélanges hautement complexes comme un protéome entier.

Méthode de datation par résonance de spin électronique (ESR = Electronic Spin Resonance)
La compréhension de cette méthode de datation demande des connaissances concernant le spin de
l’électron.
La résonance de spin électronique (ESR), également appelée résonance paramagnétique électronique
(RPE), est une méthode classique d’analyse de la structure de la matière, couramment employée en
physique du solide, en chimie moléculaire, en biologie et en cristallographie.
C’est aujourd’hui devenu un outil géochronologique important, qui permet en particulier de fournir des
points de repère chronologiques sur les séquences continentales pléistocènes, principalement à travers la
datation de dents de mammifères fossiles

Le Pléistocène s'étend de 2,6 millions d'années à 12 000 ans avant le présent. Le Pléistocène est marqué
par les cycles glaciaires. Sa fin correspond plus ou moins à celle du Paléolithique.
Le pléistocène est subdivisé en trois « sous-époques géologiques » :

 Le pléistocène inférieur : 2,6 millions d’années à 780 000 ans avant le présent
 Le pléistocène moyen : 780 000 à 126 000 ans avant le présent
 Le pléistocène supérieur : 126 000 à 12 000 ans avant le présent).

Les mammouths de grande taille se sont dispersés de l’Afrique vers l’Eurasie, puis vers l’Amérique du
Nord au début du pléistocène inférieur. Ils se sont éteint suite à une hausse brutale de la température à la
fin du pléistocène inférieur. La méthode du C14 n’est donc pas applicable à ce cas.

Les étapes
majeures du
peuplement de la
planète par les
groupes Homo
Sapiens
D’Afrique
(- 315 000 ans)
vers l’Amérique
du nord
(-14 000 ans)

1 - Principe général de la datation ESR


La méthode de datation par ESR repose sur l’accumulation au cours du temps d’électrons piégés sous
l’effet de la radioactivité naturelle dans des défauts du système cristallin des minéraux. Un minéral est en
effet soumis de façon continue à une irradiation, du fait de la présence en son sein et dans son
environnement immédiat d’éléments radioactifs naturels, principalement les isotopes des familles de
l’uranium et du thorium et le potassium. Les rayonnements α, β et γ émis par ces différents radio-isotopes
entraînent la libération dans le cristal d’électrons
Or, un cristal comporte toujours un certain nombre de défauts structuraux et d'impuretés qui viennent
rompre la périodicité locale du réseau cristallin (lacunes, interstitiels, impuretés de substitution ou
interstitielles, dislocations, macles, joints de grain, dommages causés par des noyaux de recul alpha,
traces de fission,…). Ces défauts, intimement liés à la formation et à la croissance du minéral considéré,
vont “ piéger ” une partie des électrons ainsi libérés.
En absorbant l'énergie fournie par les rayonnements radioactifs, un électron peut quitter la bande de
valence et passer dans la bande de conduction. Ce départ laisse alors dans la bande de valence une place
vide, appelée "trou", qui va se comporter comme une charge positive.
Les défauts structuraux et impuretés du minéral considéré, en rompant localement la périodicité du
système cristallin, entraînent l’apparition de niveaux d’énergie supplémentaires à l'intérieur de la bande
interdite et un certain nombre d’électrons et de trous libérés par l’irradiation naturelle peuvent y être
piégés. Il est alors nécessaire pour libérer ces derniers de fournir au système une certaine quantité
d’énergie Ea, appelée énergie d’activation en eV,
(L’électron-Volt est une unité très petite ; 1 eV = 1,6 10-19 Joule),
qui correspond à la différence d’énergie entre le piège et la limite de la bande de conduction (pour un
centre électron) ou de valence (pour un centre trou). Plus l’énergie d’activation d’un piège est forte, plus
on considère que celui-ci sera stable thermiquement, qu’il sera “ profond ”. Les pièges les plus
« profonds » vont alors voir les électrons s’y accumuler, principe de base de la méthode de datation.
La plupart des pièges se vident rapidement à température ambiante, mais la durée de vie moyenne de
certains pièges peut atteindre le million, voire le milliard d’années. Les électrons libérés sous l’effet de la
radioactivité naturelle peuvent alors s’y accumuler au cours du temps et le nombre d’électrons piégés
dans un échantillon donné est alors proportionnel à la dose totale de radiations que celui-ci a reçue, cette
dernière dépendant de l’intensité du champ ionisant et du temps d’irradiation. Ce phénomène est à la base
de plusieurs méthodes de datation dites paléodosimétriques dont les plus utilisées sont la
thermoluminescence (TL), la luminescence stimulée optiquement (OSL) et l’ESR.

La spectrométrie ESR
La détection par spectrométrie ESR des électrons piégés sous l’effet de la radioactivité dans un
échantillon est basée sur le comportement de ces derniers lorsqu’ils sont placés dans un fort champ
magnétique.
Les calculs dépassent le cadre de cet exposé général.

Calcul d’un âge ESR


a) Détermination de la paléodose
La paléodose d’un échantillon donné est déterminée par la méthode dite de l'addition. Différentes
aliquotes (qui est contenu un nombre entier de fois dans un tout) d'un même échantillon sont "vieillies"
artificiellement par irradiation ; à chaque dose d'irradiation appliquée correspond une valeur particulière
de l'intensité ESR du signal utilisé pour la datation et l'extrapolation de la courbe ainsi obtenue à une
intensité nulle donne la valeur de la paléodose de l'échantillon considéré (Figure 5).
L’extrapolation mathématique la plus couramment utilisée en laboratoire est de type exponentielle

1
I = I∞ * [ 1 - --------------- ] (5)
eμ * (Dart + D)

I est l'intensité du signal ESR (en unités arbitraires) d'un échantillon irradié artificiellement à la dose
Dart (Gy = Gray : voir la note ci-après),
I∞ l'intensité de saturation (u.a.),
μ le coefficient de sensibilité de l'échantillon
D la paléodose (Gy).

Détermination de la paléodose par la


méthode de l’addition

Note :
Un gray (Gy) délivré à l'ensemble du corps (dose corps-entier) correspond à une dose absorbée très
élevée : une telle irradiation, délivrée en une seule fois, est le seuil d'apparition du syndrome d'irradiation
aiguë, aussi appelé mal des rayons. On l'utilise donc pour exprimer des doses élevées, par exemple
en radiothérapie. Dans le cas d'un cancer, la dose typique est de 40 à 80 Gy.
Pour d'autres applications, cette unité est trop élevée, et on préfère utiliser ses sous-multiples :
le nanogray (nGy) = 10-9 Gy, plus adapté aux très faibles doses, dans les calculs d'exposition
environnementale exprimée en nGy/h (nano Gray par heure).

Datation par thermoluminescence (TL)


La luminescence : phénomène physique d’émission de lumière par les atomes, les molécules ou les
cristaux. Pour être luminescents, ces entités sont préalablement « excitées » par un apport en énergie
(électrique, biochimique, radioactive).
La thermoluminescence est une énergie radioactive.
Il y a émission lumineuse seulement si le matériau est chauffé, d’où le terme de thermoluminescence.
Elle est utilisée pour dater la dernière chauffe ou la dernière exposition à la lumière de minéraux.

Principe :
Lorsque l’on chauffe un quartz (par exemple), la quantité de lumière émise par thermoluminescence est
proportionnelle au nombre d’électrons libérés (au départ piégés dans les impuretés du quartz), lui-même
proportionnel au nombre de pièges initialement occupés, lui-même proportionnel au temps écoulé depuis
le fait marquant.
« Le fait marquant » est le vidage par la chauffe de tous les pièges auparavant occupés par des électrons

Les matériaux concernés : céramiques, fours, briques, silex chauffés, roches volcaniques.…
Domaine chronologique d’application :
De 50 000 à 200 000 ans, donc compris entre la limite supérieure du C14 et la limite inférieure du
Potassium-Argon.

La méthode Rubidium/Strontium (Rb-Sr)


Au cours de leur formation, certains minéraux des roches magmatiques et métamorphiques intègrent dans
leur réseau cristallin quelques atomes de rubidium. Or il existe plusieurs isotopes du rubidium, dont l’un,
Rb87, est radioactif et se désintègre en donnant un isotope du strontium, Sr87, avec une période
suffisamment longue pour permettre la datation des roches les plus anciennes.

Principe :
On utilise au moins deux minéraux d’une même roche et on prend en compte un autre isotope le
strontium 86 (isotope stable).
On mesure les rapports isotopiques Sr87/Sr86 et Rb87/Sr86 dans chaque minéral.
On construit un graphique représentant les rapports isotopiques Sr87/Sr86 des divers minéraux en
fonction de leur rapport Rb87/Sr86. Les points représentatifs se disposent suivant une droite d’équation :

y =a*x +b
Sr87/Sr86 = a * Rb87/Sr86 +b

Si on choisit 2 points A et B de la droite, on a

a = (yB – yA) / (xB – xA) puisque b = 0

qui représente la tangente de l’angle que fait la droite avec l’axe des x
Par calculs, on détermine que a vaut a = eλt – 1 d’où

ln ( a + 1 )
t = -------------
λ

Connaissant la constante de désintégration λ, on peut trouver l’âge t. Cette pente est d’autant plus forte
que le temps écoulé depuis la formation de la roche est grand. Donc plus a est important et plus la roche
est âgée.

Exemple
Supposons que les mesures donnent : a=∆y/∆x
a = ∆ (Sr87 / Sr86) / ∆ (Rb87 / Sr86) = 2
et pour la demi-vie (Sr-Rb) T½ = 48,8 109 années = 48,8 milliards d’années
donc λ = (ln 2) / T½
et λ = 1,42038 10-11

alors t = [ln (a+1)] / λ


t = [ln (2+1)] / 1,42038 10-11
t ≈ 77 346 364 259 ans
t ≈ 77 milliards d’années

La méthode K (potassium) / Ar (argon)


Le K40 se désintègre en Ar40: : (T = 1,31 milliards d'années et λ = 5,81.10-11 ).
Dans cette méthode, c'est la quantité Ar40 (F) formé au cours du temps que l'on va mesurer, car avant la
fermeture du système l'argon formé par désintégration de K40 est éliminé dans le milieu (dégazage du
magma au cours de sa progression vers la surface, par exemple). Lorsque la température est devenue
assez basse pour que la cristallisation soit achevée, le système se ferme et le chronomètre isotopique est
remis à zéro. L'âge de la roche est donc l'âge de la fin de son refroidissement. Cet âge est donné par la
formule de l'équation I:

ln ( Ar40/K40 + 1 )
t = ----------------------
λ

La méthode Potassium-Argon (K-Ar)


Cette méthode de datation isotopique peut couvrir la quasi-totalité des âges géologiques avec une bonne
précision. Elle repose sur la mesure de la quantité d'argon (Ar40) et de potassium 40 (K40) présente dans
un échantillon de roche provenant de la solidification d'un magma entièrement dégazé. Elle permet de
dater les minéraux des roches métamorphiques et des roches volcaniques.
De nombreux minéraux, comme du mica ou certains feldspaths, contiennent du potassium. Ils incorporent
donc au moment de leur formation une faible quantité d’un isotope radioactif du potassium, K40, qui se
désintègre en donnant un isotope stable de l’argon Ar.40 Ces minéraux ne contenant pas initialement
d’argon, la totalité de Ar40 provient de la désintégration de K40. Connaissant la constante de
désintégration de K40, on peut donc estimer directement le temps écoulé depuis le début de cette
désintégration en utilisant l’équation :

Ar40 / K40 = 0,105 (eλt -1) d’où

ln [9,5 * (Ar40/K40) + 1]
t = --------------------------------
λ

Remarque : Le coefficient 0 ,105 provient du fait que le K40 se désintègre en réalité en deux éléments
fils, l’argon 40 et le calcium 40. Ce coefficient représente la fraction du K40 se désintégrant en argon.
La principale difficulté de cette méthode provient du fait que Ar40 est l’isotope de l’argon le plus
abondant dans l’atmosphère. Si au moment d’une éruption volcanique, une petite quantité d’argon
atmosphérique est incorporée dans les projections de lave, l’âge calculé à partir de des cendres
volcaniques sera supérieur à son âge réel. Aussi réalise-t-on, dans ce cas, plusieurs mesures sur des
échantillons différents afin de s’assurer, par leur concordance, de l’absence de contamination de la lave
par le Ar40 atmosphérique.

La méthode Rb (rubidium) / Sr (strontium)

Lors de la formation d'une roche magmatique, du rubidium et du strontium sont intégrés dans les réseaux
cristallins de certains minéraux (micas, feldspaths). Chacun de ces éléments se présente sous plusieurs
formes isotopiques : Rb85 et Rb87 d'une part, Sr88, Sr87, Sr86 et Sr84 d'autre part.
L'isotope 87Rb, radioactif, se désintègre en donnant 87Sr : (T = 48,8 milliards d'années et λ = 1,42.10-11 .
Or on ne connaît pas la quantité initiale de ces éléments dans les minéraux de la roche à la fermeture du
système, que ce soit celle de P ou celle de F qui n'est pas nulle au départ.

F mesuré = F0 initial + P mesuré * (eλt - 1) qui devient :


Sr87 mesuré = Sr087 initial + Rb87 mesuré * (eλt - 1)

On dispose ainsi d'une équation à deux inconnues : la quantité Sr087 initial et le temps t de désintégration
du Rb87 en Sr87 qu'il faut résoudre.
Pour cela, il faut comprendre que deux minéraux (ou deux roches) cristallisant à partir d'un même magma
intégreront dans leur réseau cristallin du strontium avec un rapport isotopique Sr87 / Sr86 identique à
celui du magma d'origine. On dit que ces échantillons sont cogénétiques.
Sachant que Sr87 est stable et que Sr86 n'est ni radioactif ni radiogénique, la quantité de cet isotope ne
varie pas au cours du temps dans un système clos et Sr86 = Sr086. Si on divise toute l'équation par le
nombre de l'isotope Sr86, l'équation devient donc :

( Sr87 / Sr86 ) mesuré = ( Sr087 / Sr86 ) initial + ( Rb87 / Sr86 ) mesuré * (eλt - 1)

Cette équation exprime une fonction sous la forme : y = a * x + b où les inconnues recherchées sont :

a = (eλt - 1) qui est la pente


b = Sr087 / Sr86 ) initial qui est une constante n'ayant pas changé (les isotopes ont les mêmes propriétés
chimiques) Pour trouver la valeur b, il faut opérer de la façon suivante :

(a) - Effectuer les mesures (par spectrométrie de masse), des rapports Sr87 / Sr86 et Rb87 / Sr86 sur
plusieurs échantillons d'un granite par exemple qui correspond à un système clos.
(b) - Construire une graphe et reporter les mesures Sr87 / Sr86 sur l'axe des ordonnées (y) et Rb87 / Sr86
sur l'axe des (x).
(c) – Ces mesures se répartissent sur une droite dite isochrone. L'intersection de cette droite avec l'axe des
ordonnées donne la valeur B du {Sr087 / Sr86} initial.
(d) – Connaissant B et la constante de désintégration λ, on peut déduire t (de l’équation précédente) qui
devient :

( Sr87 / Sr86 ) mesuré = ( Sr087 / Sr86 ) initial + ( Rb87 / Sr86 ) mesuré * t * λ

La méthode Uranium/Plomb (U-Pb)


L’Uranium 238 se désintègre en Plomb 206 avec une constante de désintégration qu’on appellera λ238.
U238 ==> Pb206 + 8He et l’Uranium 235 se désintègre en Plomb 207 : avec une constante de
désintégration qu’on appellera λ235.
U235 ==> Pb207 + He7
L’utilisation de base est simple puisqu’elle ne nécessite pas de calcul mais seulement une lecture
graphique et sa compréhension.

On établit une courbe avec en abscisse la


valeur de Pb207/U235 et pour ordonnée, la
valeur de Pb206 / U238. Cette courbe est ce
qu’on appelle la Concordia.
Tout minéral situé sur la Concordia donne
l'âge de cristallisation du minéral, donc du
magma.
Par exemple, dans le cas étudié ci-contre, le
rapport (Pb206 / U238) = 0,8 et le rapport
(Pb207 / U235) = 40. Les coordonnées
concordent avec la courbe et donne un âge
de 3,75 milliards d’années.
Lorsque les rapports ne sont pas concordants, les
points représentatifs se placent en dehors de la
Concordia et sont souvent alignés selon une courbe
(parfois même une droite) qui définit la Discordia.
Cela signifie alors qu'il y a eu ouverture du système
avec perte de plomb. L'intersection supérieure de la
Discordia avec la Concordia permet d'obtenir l'âge de
la fermeture du système (cristallisation du magma).
L'intersection inférieure de la Discordia avec la
Concordia date l'ouverture du système (suite par
exemple à un événement thermique, telle une phase de
métamorphisme).

Le couplage des deux méthodes de datation


À partir de l’ensemble de ces principes de datation relative, une échelle de découpage du temps a été
réalisée. Les méthodes de datation absolue permettent de situer dans le temps les différentes coupures de
l’échelle stratigraphique, obtenues grâce à la datation relative.
Inversement, celle-ci est souvent utilisée pour guider le choix du géochronomètre le plus pertinent.
Lorsqu’il est impossible de pratiquer une datation absolue sur un objet géologique (une strate, un fossile,
une surface d’érosion…), les deux méthodes appliquées conjointement (principe de superposition et
datation absolue de strates situées de part et d’autre de l’objet) permettent d’estimer son âge. On peut, par
exemple, définir la fin du Crétacé par la disparition des ammonites, ou des dinosaures, mais dire aussi que
cette période s’est achevée il y a 65 millions d’années.

Datation par Uranium / Thorium


Principe : La méthode de datation par U/Th est basée sur le déséquilibre d’une chaîne radioactive
naturelle. L’uranium 238 se désintègre en uranium 234 puis en thorium 230.
La méthode consiste à mesurer par des procédés physico-chimiques le rapport 230Th / 234U pour en
déduire la date de cristallisation.
La demi-vie du thorium est de 75 200 ans.
Matériaux concernés : carbonates marins (coraux, coquilles mollusques, …), carbonates continentaux
(stalactites, calcite, … ), émail dentaire, dentine, os (si processus de fossilisation compatible)

Exemple d’un mollusque :


à la mort de l'animal, les échanges d’uranium avec le milieu ambiant sont stoppés, l'uranium contenu dans
la coquille va se désintégrer en produisant du thorium qui va rester piégé dans les cristaux de calcite.
Le fait marquant est la formation des cristaux et leur isolement du milieu ambiant.
Domaine chronologique d’application : de quelques milliers d’années à 350 000 ans.

L’ archéomagnétisme
Cette méthode est fondée sur le Champ Magnétique Terrestre (CMT). Ce champ est caractérisé par sa
direction, son inclinaison et son intensité. Ces trois grandeurs ont varié au cours du temps de manière
imprévisible et sont connues en France pour les 21 derniers siècles.

Principe :
L'archéomagnétisme permet de retrouver les caractéristiques du CMT à partir de l'analyse d'objets
archéologiques qui en ont gardé l’empreinte.
Exemple : lors de la cuisson de l'argile, l'orientation des oxydes de fer présent dans l'argile (hématite et
magnétite), s'aligne sur celle du champ magnétique terrestre local du moment et conserve cette orientation
lors du refroidissement qui succède = l'aimantation thermorémanente.
Matériaux concernés : matériaux contenant des oxydes de fer et qui ont été chauffés : fours de potiers, de
verriers, de bronziers, les fours à chaux, briques, tuiles, céramiques, …

Le paléomagnétisme
Méthode fondée sur l’utilisation du champ magnétique terrestre (CMT).
Principes : exploite les variations dans le temps du CMT mais dans ce cas, ce sont les variations de
grandes ampleurs qui sont exploitées. On étudie les inversions du champ magnétique et non pas les
variations régionales.
Matériaux concernés : les coulées de lave, basaltes, et les sédiments océaniques profonds.

Le fait marquant :
➢ pour la lave ou le basalte : fossilisation du CMT sous forme d’une aimantation thermorémanente au
moment du refroidissement de la roche.
➢ pour le sédiment océanique : fossilisation du CMT lors du dépôts des sédiments, les grains
magnétiques s’orientent suivant le CMT.

La méthode Samarium-Néodyme

Introduction
Le développement de la méthode Sm-Nd est une conséquence directe de la recherche cosmochimique
et notamment de l’étude des météorites et des échantillons lunaires. C'est donc une méthode
relativement récente. Les progrès qu'elle a permis d'accomplir dans le domaine de la cosmochimie et
son application aux roches terrestres en font un outil de recherche particulièrement efficace.

Intérêt géochronologique de la méthode Sm-Nd


Le Sm et le Nd appartiennent au groupe des lantanides (Terres Rares). Ces deux éléments possèdent
plusieurs isotopes, en particulier le Sm a les isotopes 144, 147, 148, 149, 150, 152, 154, le Nd a de s
isotopes 142, 143, 144, 145, 146, 148, 150. Le 147Sm est radioactif et se désintègre en 143Nd stable
suivant la réaction

La période T du 147Sm est de 1,06 x 1011 ans, ce qui correspond a une constante de désintégration
λ = 6,54 x 10-12 . Cette constante de désintégration est très faible, aussi la méthode Sm-Nd est-elle
plus appropriée a la mesure d'ages anciens, c'est-a-dire supérieurs a un milliard d’années qu'à celle
d'ages récents. La limite inférieure d'utilisation de la méthode est voisine de 100 Ma.

La méthode Sm-Nd permet théoriquement d'obtenir des datations de trois façons :

1. En calculant des ages conventionnels.


2. En construisant des isochrones sur minéraux ou roches.
3. Par le moyen des ages modèles.

Ces calculs dépassent le cadre de cet exposé (déjà complexe)

Domaine d'application de la méthode


La méthode isochrone est délicate a mettre en œuvre, en tout cas beaucoup plus délicate que
celle utilisant le couple Rb-Sr. L'application de la méthode Sm-Nd se cantonne principalement a
des cas ou les autres méthodes se sont avérées moins adaptées pour résoudre les problèmes posés.
C'est souvent le cas des roches très anciennes a histoire géologique complexe ou de haut degré
de métamorphisme.

Vous aimerez peut-être aussi