Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
Apparus en France au tournant du XXIe siècle, les sites de rencontres sur internet
sont aujourd’hui largement fréquentés. Ils étendent la géographie des rencontres
amoureuses et sexuelles mais introduisent aussi un nouveau scénario de mise en
couple. Cette nouvelle organisation des rencontres rend difficile la mobilisation
du modèle explicatif habituel de l’homogamie, et ce de deux manières. Sociale-
ment et spatialement peu ségrégés, les sites suspendent d’abord la médiation des
cadres de sociabilité dans la formation des couples. Fréquentés par des per-
sonnes socialement hétérogènes, ils semblent ainsi désenclaver l’espace des ren-
contres amoureuses et sexuelles. Ensuite, l’absence de face-à-face et la
communication écrite modifient profondément le mode d’évaluation des parte-
naires potentiels. Si les sites changent donc les conditions de rencontre, les par-
tenaires qu’ils introduisent restent, eux, proches socialement. L’article montre la
manière dont est produite cette homogamie en ligne. L’analyse révèle une auto-
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
sélection sociale produite processuellement au cours de trois étapes : l’évaluation
des profils d’utilisateurs, l’échange écrit et la rencontre en face-à-face. À chacun
de ces moments interviennent des mécanismes de sélection spécifiques qui don-
nent lieu, mais par d’autres chemins, à un appariement toujours homogame.
Online Correspondence
Homogamous Matching on Online Dating Sites
Online dating sites appeared in France at the turn of the 21st century and are
widely used today. They extend the geographical scope of meeting places but
also introduce a new dating scenario. This new organisation of dating makes it
difficult to apply the conventional explanatory model of homogamy. First, with
little social and spatial segregation, the sites seem to eliminate the mediation of
venues of sociability in couple formation. Used by socially heterogeneous indivi-
duals, they appear to de-segregate the romantic and sexual market. Second,
written communication and the absence of face-to-face interaction radically
change the mode of partner evaluation. Although the sites change the conditions
for dating, they nevertheless tend to introduce socially similar partners. The article
presents the way this homogamy is produced online. The analysis reveals a social
selection organised in three sequential steps: user profile evaluation, written
communication and physical encounter. Specific mechanisms of selection are at
work at each of these stages that, just like offline situations, result in homogamous
matching.
INTRODUCTION
SOCIÉTÉS
13 CONTEMPORAINES
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
question de l’homogamie : la tendance des individus à former un
couple avec une personne socialement semblable 1. Sujet classique
en sciences sociales, l’homogamie fait l’objet de nombreux travaux
dont les résultats – les « statistiques » – sont aujourd’hui connus
au-delà du cercle académique : « la “foudre”, quand elle tombe, ne
tombe pas n’importe où » (Bozon et Héran, 1987, p. 946). Il en est
de même des théories explicatives, largement consensuelles, selon
lesquelles l’homogamie se produit en deux étapes. L’homogénéité
sociale des couples tient d’abord aux contextes de sociabilité. La ségré-
gation sociale des espaces de vie fait que les individus ont des oppor-
tunités de rencontres plus importantes lorsqu’ils sont proches dans
l’espace social (Bozon et Héran, 1988 ; Blau, 1994 ; Kalmijn et Flap,
2001). Ensuite, et à l’intérieur de ces cercles de relations socialement
restreints, l’homogamie advient du fait des préférences des acteurs.
Comprises comme des choix stratégiques (Becker, 1973) ou bien
comme des « goûts » socialement différenciés (Desrosières, 1978 ;
Bozon, 1991), ces préférences diffèrent entre milieux sociaux et
rapprochent des personnes socialement similaires.
1/ Mesurée par la proximité des partenaires en termes d’éducation, de profession ou d’origine sociale, cette
tendance a connu une évolution à la baisse depuis la fin des années 1960 comme le montre Milan
Bouchet-Valat (2014).
SOCIÉTÉS
CONTEMPORAINES 14
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
Marie BERGSTRÖM
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
par l’absence de face-à-face et par la communication écrite, propo-
sant ainsi des conditions d’interaction fort différentes de celles hors
ligne. Dans une étude des préférences conjugales, Michel Bozon
souligne le rôle central que joue l’apparence physique dans la sélec-
tion amoureuse. Envisagé comme un « signe global », révélateur à
la fois de propriétés psychologiques, intellectuelles et sociales, le
corps est au cœur des jugements relatifs aux partenaires potentiels
et ainsi de l’appariement homogame (Bozon, 1991). Ce deuxième
ressort de l’homogamie se trouve fortement modifié sur les sites de
rencontres. Basés sur l’interaction à distance, les sites substituent
un « profil » synthétique au corps physique pour remettre la ren-
contre de visu à un deuxième temps. Ces nouveaux services chan-
gent donc profondément les conditions de rencontres. Plus que de
simplement annuler un des facteurs de l’homogamie, ils rendent
difficile la mobilisation du modèle explicatif traditionnel de ce fait
social.
Quelle est donc la nature des couples formés via ces services ?
Comment se déroulent les rencontres et quelles en sont les logiques
sociales ? L’article met en évidence le scénario de rapprochement des
partenaires, spécifique aux sites, et les mécanismes homogames qui La diffusion des
le traversent. Ce faisant, il éclaire non seulement les usages sociaux rencontres en ligne
est l’occasion de
des sites de rencontres mais il revient aussi sur les théories de l’homo- revenir sur la
gamie. Alors que les travaux sur ce sujet se renouvellent surtout par question de
comment
la mise au point des outils de mesure (enquêtes et modèles statisti- l’homogamie
ques), la diffusion des rencontres en ligne est l’occasion de revenir advient.
sur la question de comment l’homogamie advient. À partir d’un ter-
rain qui met au défi les mécanismes habituels, et en adoptant une
SOCIÉTÉS
15 CONTEMPORAINES
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
2013-2014 par l’Ined et l’Insee est également mobilisée. Âgés de 26 à 65 ans,
les répondants étaient interrogés au sujet de leurs « relations amoureuses impor-
tantes », en cours ou vécues par le passé. L’enquête nous permet de comparer
l’homogamie des unions selon les lieux de rencontres. Pour ce faire, on regarde
un sous-échantillon d’individus en couple au moment de l’enquête, soit 5 509
personnes dont 153 ayant connu leur partenaire actuel sur un site de rencontres.
Épic nous permet aussi de mesurer – pour les relations ayant débuté sur ces sites –
le temps écoulé entre le premier contact sur internet et la rencontre en face-à-face.
L’échantillon retenu est alors différent, constitué de l’ensemble des « relations amou-
reuses importantes » nouées via un site de rencontres (rompues ou en cours), soit
282 relations.
Enfin, on recourt à des données issues d’un site de rencontres. Grâce à un
partenariat avec la société Meetic, nous avons pu analyser les bases de ce site.
La première contient l’ensemble des profils d’utilisateurs enregistrés sur la plate-
forme entre 2002 (l’année de son lancement) et 2014. Elle comprend des don-
nées anonymisées quant aux informations renseignées par les utilisateurs dans ces
fiches descriptives. La deuxième base comporte, elle, des métadonnées quant à
l’ensemble des emails envoyés sur le site entre 2011 et 2014. Sans dévoiler le
contenu des messages, elle permet de savoir qui contacte qui. Nos analyses se
concentrent sur les profils créés en 2014 et ne correspondant pas à des visites
uniques : l’utilisateur s’est reconnecté au profil au moins un jour après sa date de
création (désormais appelés profils « actifs »). Pour pouvoir comparer les usages
du site en fonction du niveau d’éducation, l’analyse se restreint aux profils compor-
tant cette information, soit 57 % des profils « actifs » (N : 579 221). L’analyse des
comportements de contact se centre, elle, sur les emails envoyés sur le site en
2014 par des profils « actifs » ayant indiqué le niveau d’éducation, soit plus de
41 millions d’emails.
SOCIÉTÉS
CONTEMPORAINES 16
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
Marie BERGSTRÖM
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
ment. D’abord, les sites dits « grand public » ont vu leurs utilisateurs
changer. C’est le cas de Meetic dont la structure des diplômes,
déclarés par les membres, s’est modifiée au fil des années. En 2002,
lors du lancement du site, 46 % des utilisateurs disaient avoir fait
des études supérieures en deuxième cycle (Bac+4 ou Bac+5) contre
27 % déclarant avoir suivi un cycle court (niveau Bac ou inférieur).
Douze ans plus tard, les différences se sont atténuées et la balance
s’est inversée : parmi les utilisateurs inscrits en 2014, 37 % affirment
avoir un diplôme de deuxième cycle contre 40 % déclarant avoir
suivi un cycle court 4. Cette évolution est principalement due à un
afflux de membres faiblement diplômés, mais elle tient aussi à la
popularité stagnante du site auprès des individus scolairement dotés Au fur et à mesure
qui lui préfèrent désormais d’autres espaces. La diffusion des ren- que les sites
pionniers se sont
contres en ligne s’accompagne en effet d’une segmentation des sites. popularisés,
Au fur et à mesure que les sites pionniers se sont popularisés, d’autres d’autres sont
apparus, ciblant
sont apparus, ciblant des populations spécifiques. Une partie de ces des populations
sites dits de « niche » ciblent les classes supérieures, par le moyen spécifiques.
de la cooptation ou sur le principe du partage de pratiques cultu-
relles distinctives. Il en résulte un mouvement de migration des usa-
gers, allant des sites « grand public » vers des espaces dédiés aux
personnes pourvues de capitaux économiques et/ou culturels
(Bergström, 2014). Aussi la démocratisation des sites de rencontres
traduit-elle une « démocratisation ségrégative » (Merle, 2002).
2/ Source : enquête CSF, Inserm-Ined, 2006. Champ : personnes vivant en France et âgées de 26 à 65 ans.
3/ Source : enquête Épic, Ined-Insee, 2013-2014. Champ : personnes vivant en France et âgées de 26 à
65 ans.
4/ Source : base d’utilisateurs de Meetic.fr, 2014, Meetic Group.
SOCIÉTÉS
17 CONTEMPORAINES
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
pas suffisamment fortes pour pouvoir conclure à une spécificité de ces
services. Seuls les contextes professionnels et éducatifs apparaissent –
par leur nature même – comme étant davantage propices aux rencon-
tres entre partenaires ayant un travail ou une éducation similaires.
TABLEAU 1
Homogamie selon les lieux de rencontres par rapport aux sites de rencontres –
coefficients de régression logistique
Lecture : toutes choses égales par ailleurs, les couples formés sur le lieu de travail sont plus souvent homogames du point
de vue des catégories socioprofessionnelles (les deux partenaires ont un emploi appartenant à la même catégorie) que
les couples formés via les sites de rencontres. Les différences constatées – en termes d’homogamie professionnelle – entre
les couples formés via ces sites et ceux formés dans d’autres contextes ne sont pas statistiquement significatives.
Variables de contrôle : âge au début de la relation, année de début de la relation, rang d’union et catégorie sociopro-
fessionnelle (PCS).
Test : * p < . 05 ** p < . 01 *** p < . 001.
Champ : personnes âgées de 26 à 65 ans, en couple au moment de l’enquête.
Source : Épic, Ined-Insee, 2013-2014.
5/ Pour cette mesure, on se base sur une version modifiée de la nomenclature des professions et catégories
socioprofessionnelles (PCS), regroupant, d’une part, les employés et ouvriers qualifiés et, d’autre part, les
employés et ouvriers non qualifiés.
SOCIÉTÉS
CONTEMPORAINES 18
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
Marie BERGSTRÖM
Ces résultats sont concordants avec une étude portant sur des
couples formés en Allemagne et aux États-Unis. Comparant l’homo-
gamie d’éducation des relations nouées sur internet (tous sites
confondus) et ailleurs, l’auteure montre que seuls les couples qui se
sont connus dans des lieux d’études ou de travail sont significative-
ment plus homogames que les couples issus d’internet. Peu ou pas
de différences (en termes d’homogamie d’éducation) sont observées
entre les rencontres en ligne et celles faites via les amis, la famille,
les associations ou les loisirs (Potârcă, à paraître) 6. La diffusion des
sites de rencontres ne semble donc pas affecter sensiblement l’appa-
riement de couples socialement homogènes. Comment se produit
alors l’homogamie sociale sur ces sites, c’est-à-dire en l’absence de
certains éléments essentiels des modèles habituels ? On retrace ici
les nouveaux chemins vers un autre semblable. L’enquête met en
évidence un processus de rapprochement des partenaires composé
de trois phases clairement identifiables : l’évaluation des profils d’uti-
lisateur, l’échange écrit et la rencontre en face-à-face. À chacun de
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
ces moments interviennent des mécanismes de sélection spécifiques,
socialement différenciés, qui mettent fin à certaines relations poten-
tielles et conduisent d’autres à l’étape suivante.
6/ Les couplés allemands et surtout les couples états-uniens qui se sont connus sur internet sont, en
revanche, significativement moins endogames que d’autres couples du point de vue des caractéristiques
ethno-raciales.
7/ Voir l’annexe 1 pour un aperçu des éléments présents dans le « profil » sur Meetic.
SOCIÉTÉS
19 CONTEMPORAINES
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
Cher visiteur,
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
Si comme moi vous cherchez à construire une vie nouvelle dans la joie et la
confiance*, vous trouverez en première présentation l’essentiel sur cette page où,
comme chez vous je l’espère, tout est vrai et frais de cet été. Et pour garder cette
fraîcheur, envoyez-moi un petit mot, j’y répondrai, c’est quand même plus sympa
qu’un flash. Cependant, désolée, aucun espoir pour les toyboys, les infidèles, les
traumatisés du couple, les obsédés de la concurrence, les déçus, distants, désa-
busés. Je suis assez indépendante de pensée et d’activité pour aimer la proximité,
les doux gestes du quotidien. Car je mets toute mon extravagance dans mes
occupations et mon mode de vie, plaisant, autonome et ce qu’il faut en mouve-
ments. Ainsi j’apprécie la constance amoureuse et n’ai pas besoin d’éprouver à
tout bout de champ mon pouvoir de séduction. Oui, j’espère que le vôtre va de
soi, que vous goûtez la beauté du monde et que vous aspirez comme moi à une
sécurité affective réciproque, pour aller tendrement de l’avant.
À vous,
F.
* « Il faut prendre un parti décisif, si nous voulons passer le reste de notre vie
d’une façon allègre et n’être pas vieux avant le temps. » Stendhal, La Chartreuse
de Parme (Françoise, 60 ans, consultante et enseignante-chercheuse. Mère, femme
au foyer ; père : diplomate), annonce issue du site Meetic.fr)
SOCIÉTÉS
CONTEMPORAINES 20
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
Marie BERGSTRÖM
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
niveau « Bac+5 » utilisent en moyenne 208 caractères pour rédiger
une annonce, les personnes qui disent avoir le « niveau lycée et
inférieur » utilisent en moyenne 142 caractères. Cet inégal investis-
Pièce maîtresse du
sement dans l’annonce traduit un rapport socialement contrasté à profil pour les
l’écrit mais aussi à l’exposition de soi que cet exercice implique. Il usagers favorisés,
l’annonce est plus
tient non seulement aux différences d’aisance et de compétences brève chez les
linguistiques mais aussi à des dispositions plus ou moins grandes à personnes de
milieux modestes
se mettre en scène ainsi. Dans les classes populaires en particulier, car jugée
« parler de soi expose au soupçon de prétention, de souci de dis- ostentatoire.
tinction » (Poliak, 2002, p. 8). Pièce maîtresse du profil pour les
usagers favorisés, l’annonce est donc plus brève chez les personnes
de milieux modestes car jugée ostentatoire.
SOCIÉTÉS
21 CONTEMPORAINES
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
GRAPHIQUE 1
Usages de l’« annonce » et de la photographie sur Meetic.fr selon le niveau d’éducation déclaré
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
Note : Les niveaux d’éducation correspondent aux modalités de réponses propo-
sées sur le site.
Champ : profils d’utilisateurs « actifs » enregistrés sur le site Meetic.fr en 2014
indiquant le niveau d’éducation.
Source : Base d’utilisateurs de Meetic.fr, 2014, Meetic Group.
SOCIÉTÉS
CONTEMPORAINES 22
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
Marie BERGSTRÖM
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
■ Modes de qualification des partenaires
SOCIÉTÉS
23 CONTEMPORAINES
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
« Moi je trouve que ça fait un peu peur quand quelqu’un vous contacte
et qu’il y a plein de photos [...] Des gens qui me contactaient avec plein
de photos, plein de choses, je répondais pas. » (Estelle, 27 ans, auditeur
interne. Mère, ingénieure ; père, chef d’entreprise)
Il faut faire un descriptif (une annonce) ?
« Non, pas forcément. Je pense que la photo suffit pour que les gens
viennent te voir. Non, j’ai pas mis de description. »
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
Et lui il en a mis (homme rencontré en ligne) ?
« Non. Mais si tu veux, les trucs à remplir sont assez détaillés pour
savoir beaucoup sur la vie de la personne [...] Donc tu as vraiment la
possibilité de te décrire par ça. C’est pas la peine de rajouter je pense. »
(Jennifer, 23 ans, étudiante en sociologie. Mère, agent d’entretien ; père :
agent d’entretien)
« Il n’y a rien de plus triste que de voir un profil où la personne a rempli
que les champs obligatoires et qu’il y a pas un peu un message person-
nalisé. » (Laurent, 33 ans, ingénieur. Mère, comptable ; père, inspecteur
des impôts)
SOCIÉTÉS
CONTEMPORAINES 24
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
Marie BERGSTRÖM
■ Le dégoût de l’orthographe
« Quelqu’un qui fait des fautes d’orthographe par exemple, c’est pas la
peine ! » (Yannick, 31 ans, professeur agrégé. Mère, clerc de notaire ; père,
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
clerc de notaire)
« Déjà les fautes d’orthographe, si je vois des fautes d’orthographe, je
zappe tout de suite. » (Élodie, 20 ans, étudiante en sciences politiques.
Mère, professeur agrégée ; père, ingénieur)
SOCIÉTÉS
25 CONTEMPORAINES
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
jeunesse exprime ici, non pas un écart d’âge, mais une distance
sociale : est considéré immature un homme de statut social inférieur.
Si les fautes d’orthographe de son interlocuteur n’empêchent pas
l’interviewée d’échanger avec lui, elles la conduisent néanmoins à
abréger le contact. Dans les classes supérieures, l’orthographe est
jugée plus sévèrement encore et souvent dans les registres de l’édu-
cation : la différence sociale est envisagée comme une différence
morale et les pratiques des classes inférieures – aussi linguistiques –
sont jugées comme un manque de valeurs (Le Wita, 1988). Ainsi,
chez les interviewés dotés en ressources, la mauvaise orthographe est
souvent qualifiée de « rédhibitoire ». C’est le cas de Paul (26 ans,
responsable webmarketing (chef de projet). Mère, institutrice ; père,
officier) qui ajoute que « si je vois qu’elle fait des fautes d’orthographe
ou qu’en gros, elle écrit pas bien, c’est pas possible. Même juste pour
La mauvaise du sexe, pour un plan cul entre guillemets, je ne pourrais pas ». La
orthographe ne mauvaise orthographe ne disqualifie pas seulement la personne en
disqualifie pas
seulement la tant que conjoint mais elle rebute plus largement. Intimement mais
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
personne en tant implicitement liée à l’appartenance sociale, elle révèle que les préfé-
que conjoint mais
elle rebute plus rences amoureuses et sexuelles ne traduisent pas seulement des goûts
largement. mais aussi des dégoûts.
SE SÉDUIRE À L’ÉCRIT
SOCIÉTÉS
CONTEMPORAINES 26
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
Marie BERGSTRÖM
de contact sur Meetic (tableau 2). L’analyse des emails échangés sur
ce site montre d’abord que – conformément à des tendances obser-
vées par ailleurs (Desrosières, 1978 ; Bouchet-Valat, 2014) – l’homo-
philie est plus marquée aux pôles de l’échelle sociale que dans les
groupes sociaux intermédiaires où prévaut une certaine fluidité. Cela
est vrai lorsque l’on regarde la profession des usagers et surtout leur
niveau d’éducation : la tendance à contacter quelqu’un avec un
niveau de diplôme similaire au sien est plus forte chez les personnes
ayant suivi un cycle court (niveau Bac ou inférieur) ou au contraire
un cycle long (études supérieures de deuxième cycle) que chez les
personnes avec un niveau intermédiaire (niveau Bac+2 ou Bac+3) 8.
Surtout, l’analyse révèle que l’homogamie se renforce au fil des
échanges. Les premiers contacts concernent en effet des profils plus
hétérogènes que ceux associés à des échanges poursuivis par l’envoi
de 10 emails ou plus. Autrement dit, et comme le montre également
TABLEAU 2
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
Comportements de contacts sur Meetic.fr selon le niveau d’éducation déclaré – tableau de sur- et de
sous-représentation
Expéditeur
Niveau lycée et inférieur 1,52 1,23 1,04 0,93 0,83 0,67
Bac 1,21 1,14 1,05 0,98 0,90 0,79
Bac+2 0,98 1,02 1,04 1,02 0,98 0,94
Bac+3 0,90 0,96 1,00 1,02 1,03 1,05
Bac+4 0,87 0,92 0,97 1,00 1,10 1,12
Bac+5 et plus 0,66 0,78 0,91 1,02 1,14 1,36
< 0,9 Sous-représentation 0,9-1,1 Proche du taux attendu > 1,1 Surreprésentation
Lecture : Lors d’une prise de contact (1e email envoyé), la proportion d’emails envoyés par des utilisateurs indiquant
« Bac+5 et plus » à des utilisateurs ayant indiqué ce même niveau de diplôme est 1,36 fois supérieur à la proportion
attendue.
Champ : mails échangés en 2014 sur le site Meetic.fr entre comptes d’utilisateurs « actifs » indiquant le niveau d’éducation.
Source : Base d’utilisateurs de Meetic.fr, 2014, Meetic Group.
8/ Cette analyse ne présuppose pas que les usagers ont contacté (ou non) d’autres membres en raison de
leur niveau d’éducation. Le constat est simplement celui de comportements homogames.
SOCIÉTÉS
27 CONTEMPORAINES
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
■ Et plus si affinités
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
ques (la danse, la consommation de boissons et de repas, le travail,
les études, les activités associatives, etc.), l’interaction sur les sites
de rencontres se réduit à l’échange verbal. C’est d’autant plus vrai
qu’elle se caractérise également par l’absence de face-à-face et de
langage corporel. La séduction s’inscrit ainsi sur les sites de rencon-
tres « dans un registre intellectuel, pas sensoriel » comme le dit un
enquêté à propos de la rencontre avec sa conjointe :
[Relance] Et lorsque vous parliez sur MSN, l’affinité que tu as ressentie c’était
quoi ?
« Il était vachement ouvert. On pouvait parler de beaucoup de choses,
ça m’a plu. Il me comprenait. Il disait quelque chose et c’était le truc
auquel je pensais. Il finissait mes phrases, c’était bizarre. J’ai trouvé ça
excellent. Il me faisait rire. Tout quoi. C’était excellent. Une sensation de
bien-être. » (Jennifer, 23 ans, étudiante en sociologie. Mère, agent d’entre-
tien ; père, agent d’entretien)
SOCIÉTÉS
CONTEMPORAINES 28
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
Marie BERGSTRÖM
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
de discordance hein. » (Brigitte, 50 ans, infirmière. Mère, vendeuse ; père,
mécanicien)
SOCIÉTÉS
29 CONTEMPORAINES
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
« Toutes les personnes directement tournées vers “Alors, comment tu
t’appelles ? Qu’est-ce que tu aimes ? Tu aimes les garçons comment ?”, je
répondais pas parce que je trouvais ça un peu déplacé, même si j’étais
sur un site de rencontres. » (Estelle, 27 ans, auditeur interne. Mère, ingé-
nieure ; père, chef d’entreprise)
SOCIÉTÉS
CONTEMPORAINES 30
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
Marie BERGSTRÖM
Et on parle de quoi ?
« “Salut, comment tu vas beauté ? Tu as un beau sourire, ton profil est
sympa, qu’est-ce que tu fais dans la vie, tu habites vers où ?”, enfin voilà. »
(Carole, 31 ans, serveuse. Mère, vendeuse ; père, inconnu)
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
dans la vie, voilà tu peux rencontrer quelqu’un en discutant de bouquins
et des trucs comme ça tu vois. Et c’est ça que j’avais trouvé assez plaisant.
C’était un des rares qui avait... Enfin, sinon il n’y en avait pas un qui
s’intéressait... Ils disent que ton nom est beau mais ils s’intéressent pas à
ce que tu fais. Tu te dis que c’est vraiment absurde tu vois. C’est vraiment
un truc genre, sur la photo tu souris donc ils vont te dire « tu as un joli
sourire », mais ça paraît vraiment... ! Oui, c’est gentil mais bon ça n’a rien
de... voilà, ça n’a rien de particulier quoi. » (Sarah, 23 ans, étudiante en
philosophie et histoire des sciences. Mère, femme au foyer [traductrice] ;
père, graphiste)
SOCIÉTÉS
31 CONTEMPORAINES
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
écrite. Cette reconnaissance mutuelle des pratiques et des pensées –
dans le sens à la fois de reconnaître et de valoriser – se trouve au
cœur des récits et constituent un facteur important dans la décision
de faire passer la relation à l’étape d’après : la rencontre « en vrai ».
TABLEAU 3
Temps écoulé entre le premier contact sur internet et la première rencontre en face-à-face
1 semaine ou moins 30 30
1-4 semaines 38 68
1-2 mois 17 85
Plus de 2 mois 15 100
SOCIÉTÉS
CONTEMPORAINES 32
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
Marie BERGSTRÖM
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
des gens, leurs manières de réagir, etc. et qui t’en apprennent beau-
coup sur les gens » (Sandra, 23 ans, étudiante en sciences politiques.
Mère, employé de laboratoire ; père, employé de laboratoire). En
fonction d’une appréciation globale, les acteurs évaluent une attrac-
tion qui va au-delà de ce que l’on appelle habituellement « attirance
physique ».
« C’est très bête à dire mais j’ai su tout de suite que ça collerait pas,
tout simplement parce qu’en fait... ne serait-ce que... la peau en fait, le,
le... voilà, je sentais que chimiquement il y avait rien qui se passait. Voilà.
Pourtant, j’ai jamais eu de coup de foudre. Je sais pas vraiment ce que
c’est. Je sais pas si ça existe réellement. Mais voilà, il y avait quelque chose
qui physiquement, il était pourtant pas désagréable physiquement, je peux
pas dire que je le trouvais moche du tout. Il était très gentil [...] il y a
quelque chose d’indéfinissable qui compte. » (Delphine, 32 ans, assistante
sociale. Mère, agent d’entretien ; père, ouvrier qualifié)
SOCIÉTÉS
33 CONTEMPORAINES
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
il arrive et tout. Je le regarde et je me dis “ça va, il me plaît”, mais je le
regarde sans oser le regarder, je le touche si c’est vraiment lui, il avait un
truc chelou hein, s’il me plaît vraiment, en même temps, je me pose des
questions au niveau de la taille, ça va, le visage, ça va, je regarde un peu
plus parce qu’il avait une queue-de-cheval (sur la photo en ligne), mais
là il l’avait pas, ça allait quoi. Il était tout souriant, ce que j’aime. J’aime
les hommes qui sourient. » (Carole, 31 ans, serveuse. Mère, vendeuse ;
père, inconnu)
SOCIÉTÉS
CONTEMPORAINES 34
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
Marie BERGSTRÖM
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
à la fin du processus de rapprochement des partenaires. Au lieu
d’être le point de départ, la rencontre en face-à-face est le moment
où se vérifie la façon dont est réalisée « en pratique » une identité
sociale déjà connue. Lors de cette dernière étape, la sélection-élimi-
nation s’opère moins en fonction des caractéristiques sociales de la
personne que des expressions de celles-ci : manières de parler, de
bouger et de faire. Plus précisément, c’est le moment où l’on apprécie
la façon dont l’autre articule les deux et y imprime son individualité.
CONCLUSION
SOCIÉTÉS
35 CONTEMPORAINES
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
le corps physique. Cette réflexivité n’est pourtant pas synonyme
d’une rationalisation des comportements conjugaux comme on le
dit souvent. L’enquête révèle au contraire ce que les rencontres en
ligne doivent aux appréciations intuitives et aux jugements spon-
tanés : une affinité palpable mais difficilement définissable qui se
manifeste lors des échanges écrits et de la rencontre de visu. La
sélection amoureuse ne peut se réduire à un choix « sur profil »,
les sites de rencontres le révèlent d’autant mieux qu’ils distinguent
la considération d’éléments objectifs de l’appréciation des manières
d’être, de faire et de parler.
SOCIÉTÉS
CONTEMPORAINES 36
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
Marie BERGSTRÖM
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
compréhension des manières de faire.
Cet aspect concret de la formation des couples est très peu pris
en compte dans les travaux sur l’homogamie qui adoptent souvent
le cadre conceptuel du marché. Caractérisé par l’aspiration à une
formalisation des logiques sociales qui structurent la rencontre
amoureuse, ce concept conduit à négliger le contexte et les pratiques
effectives. Dans le cas du marché économique, cette approche objec-
tivante n’a pas empêché les ethnographes et les sociologues d’inter-
roger « les conditions sociales [...] qui permettent la réalisation d’une
“transaction marchande” entre deux individus » (Zelizer, 1994 ;
Weber, 2000, p. 87). Peu d’attention empirique a néanmoins été
accordée aux conditions et aux modalités concrètes de la « transac-
tion conjugale ». L’article souligne que les rencontres amoureuses
font appel à des codes, des rituels et des manières de faire et que le
devenir de la relation dépend aussi de l’entente des acteurs dans ce
domaine. Alors que les écrits sur les sites de rencontres renforcent
à l’extrême la vision de la sélection amoureuse comme un choix
préférentiel, l’étude qualitative de ces espaces conduit à prendre de
la distance avec cette conceptualisation de la formation des couples.
Elle incite à étudier la rencontre comme une pratique sociale où se
jouent, non seulement une probabilité de rencontre et des préfé-
rences amoureuses, mais aussi des savoir-faire, contribuant active-
ment à la fabrique de couples homogames.
Marie Bergström
Institut national d’études démographiques (Ined)
marie.bergstrom@ined.fr
SOCIÉTÉS
37 CONTEMPORAINES
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
BOZON M., HÉRAN F., 1987 « La découverte du conjoint, I. Évolution et morphologie
des scènes de rencontre », Population, 42 (6), p. 943-985.
BOZON M., HÉRAN F., 1988 « La découverte du conjoint, II. Les scènes de rencontre
dans l’espace social », Population, 43 (1), p. 121-150.
BOZON M., 1991 « Apparence physique et choix du conjoint », dans
L. Roussel et T. Hibert (dir.), L’Évolution de la nuptialité en
France et dans les pays développés, Paris : Ined/PUF,
p. 93-112.
BOZON M., 2016 Pratique de l’amour. Le plaisir et l’inquiétude, Paris : Payot.
CHAULET J., 2009 « Sélection, appariement et modes d’engagement dans les
sites de mise en relation », Réseaux, 2 (154), p. 131-164.
DESROSIÈRES A., 1978 « Marché matrimonial et structure des classes sociales »,
Actes de la recherche en sciences sociales, 20-21, p. 97-107.
HITSCH G., HORTACSU A., « Matching and Sorting in Online Dating », The American
ARIELY D., 2010 Economic Review, 100 (1), p. 130-163.
KALMIJN M., FLAP H., 2001 « Assortative Meeting and Mating : Unintended
Consequences of Organized Settings for Partner Choices »,
Social Forces, 79 (4), p. 1289-1312.
LE WITA B., 1988 Ni vue ni connue : Approche ethnographique de la culture
bourgeoise, Paris : Éditions Maison des Sciences de
l’Homme.
MERLE P., 2002 La Démocratisation de l’enseignement, Paris : La Découverte.
POLIAK C., 2002 « Manières profanes de “parler de soi” », Genèses, 2 (47),
p. 4-20.
POTÂRCĂ G., [à paraître] « Does the Internet Affect Assortative Mating? Evidence
from the U.S. and Germany », Social Science Research.
SCHMITZ A., 2012 « Elective Affinities 2.0? Bourdieu’s Approach to
Partnership Formation in the Light of E-Dating Contact
Patterns », RESET, Recherches en sciences sociales sur
internet, 1 (1), http://reset.revues.org/141 ; DOI:
10.4000/reset.141 [consulté le 20 novembre 2016].
SOCIÉTÉS
CONTEMPORAINES 38
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
Marie BERGSTRÖM
SINGLY (DE) F., 1984 « Les manœuvres de séduction : une analyse des annonces
matrimoniales », Revue française de sociologie, 25 (4),
p. 523-559.
SINGLY (DE) F., 1987 « Théorie critique de l’homogamie », L’année sociologique,
87, p. 181-205.
SKOPEK J., SCHULZ F., « Who Contacts Whom? Educational Homophily in
BLOSSFELD H.-P., 2011 Online Mate Selection », European Sociological Review,
27 (2), p. 180-195.
WEBER F., 2000 « Transactions marchandes, échanges rituels, relations
personnelles. Une ethnographie économique après le
Grand Partage », Genèses, 41, p. 85-107.
ZELIZER V., 1994 The Social Meaning of Money : Pin Money, Paychecks, Poor
Relier, and Other Currencies, New York (N. Y.) : Basic
Books.
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
SOCIÉTÉS
39 CONTEMPORAINES
No 104
(SE) CORRESPONDRE EN LIGNE
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 01/11/2023 sur www.cairn.info via Université de Lorraine (IP: 193.50.135.4)
SOCIÉTÉS
CONTEMPORAINES 40
No 104