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Traversée du genre, traversée du fantasme

Serge Hefez
Dans Adolescence 2023/2 (T.41 n° 2), pages 311 à 323
Éditions Éditions GREUPP
ISSN 0751-7696
ISBN 9782906323391
DOI 10.3917/ado.112.0311
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TRAVERSÉE DU GENRE,
TRAVERSÉE DU FANTASME

SERGE HEFEZ
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La sexualité reste un terrain peu exploré des études sur la
transidentité. Sans vouloir la sexualiser inutilement, et si sexe et genre
recouvrent des données volontiers hétérogènes, il est difficile de ne pas
entendre des questionnements qui s’entrecroisent et s’entremêlent. Car si
le changement de genre n’est pas étroitement corrélé aux choix sexuels
conscients ou inconscients, la sexualité est aussi, à sa manière, une
« fabrique du genre ». Les actes sexuels ont, tout comme les figures du
genre, une capacité performative, en contribuant à se sentir appartenir à un
bord ou à un autre. Les pratiques sexuelles ont des significations genrées
qui forgent les catégories d’homme et de femme ou, à l’inverse,
permettent de s’en émanciper (Beaubatie, 2021). Une lecture des
annonces de rencontre entre hommes sur certains sites très fréquentés
montre à quel point la bicatégorisation – « actif/passif »,
« dominant/dominé », « femelle en chaleur cherche mâle puissant » –
mobilise la fantasmatique érotique de nombreux usagers masculins.
C’est en ce sens qu’il me paraît intéressant de faire état de ce que
des jeunes qui se définissent en transition, en fluidité de genre, ou qui
souhaitent tout simplement échapper aux catégories homme/femme,
homo/hétero, cis/trans, disent de leurs pratiques sexuelles. Alors qu’il est
aujourd’hui beaucoup question, et sans aucun doute à tort et à travers, de
« déconstruction », les relations amoureuses, et les pratiques des corps
Adolescence, 2023, 41, 2, 311-323.
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dont ces jeunes sont de plus en plus amenés à faire état lors de nos
entretiens, me donnent tout de même le sentiment d’une mise en chantier
de toute une architecture psychique consciente et inconsciente, et de
chamboulements fantasmatiques parfois déconcertants.
Il ne s’agit donc pas tant de faire passer ces pratiques au crible de la
psychanalyse, mais à l’inverse de tenter de penser ce qui pourrait
« hybrider » voire « queeriser » nos théories de l’inconscient (Bourlez,
2018). Cette précaution s’impose en effet : de quelle place un psychiatre,
fût-il analyste, se situe-t-il alors qu’il expose les pratiques sexuelles de ses
patients ? R. von Krafft-Ebing (1886) en avait fait l’inventaire en son
temps, en rangeant dans la case des perversions tout ce qui échappait au
coït hétérosexuel dans la position du missionnaire, positionnant la
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psychiatrie à l’articulation des normes juridiques et des normes sociales.
Si Freud s’est bien sûr placé dans une rupture épistémologique avec ce
courant sexologique, la question de la filiation de la perversion, et
principalement de l’homosexualité, avec celle des normes sociales est
resté un point épineux, comme en témoignent bien des écoles de
psychanalyse qui refusaient, jusqu’à peu, la présence dans leurs rangs de
psychanalystes homosexuel·le·s.

« C’est l’extase, c’est la perfection ! » Ainsi s’exprimait récemment avec


ferveur Thibault, dix-neuf ans, en commençant sa séance. Je reçois ce patient
depuis près de deux années. Il avait inauguré nos entretiens par cette apostrophe :
« Je me demande si je suis homo ou si je suis trans. » Une quête identitaire qui
va l’emmener à revisiter bien des identifications. Fasciné par sa mère depuis sa
tendre enfance, il passe des heures à la regarder se maquiller et s’habiller, à
« devenir une femme » devant la glace de la salle de bains. Cette performance,
multipliée à l’infini, hante son imaginaire d’enfant.

Nous savons que J. Lacan (1956-1957) prend pour point de départ


du fantasme, un arrêt sur image, comme au cours d’une projection
cinématographique. Ce mécanisme a une fonction défensive qui vise à
immobiliser, geler, une scène sous-tendue par l’angoisse de castration,
principalement le « manque » chez l’autre maternel. Le fantasme devient
alors une tentative, à jamais infructueuse, de répondre à l’énigme du désir
de l’autre. Il s’agira par la suite, de dévoiler le rôle du fantasme
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fondamental du patient dans la structure symbolique qui conditionne son


mode de jouissance. Le fantasme est, en quelque sorte, une modalité
retravaillée du souvenir qui possède par là-même un pouvoir
éminemment transformateur.
Voici donc Thibault, captif de l’image spéculaire de sa mère, se mettant
du rouge aux lèvres, se lissant les cils, enfilant ses sous-vêtements. Des vêtements
qu’il enfile lui-même, dès qu’elle a le dos tourné. Il passe ses journées avec des
copines d’école et devient le confident chéri des amies de sa mère. Un essai de
rapport hétérosexuel avec une de ses camarades lorsqu’il a quinze ans, et la crise
d’angoisse que cela suscite, lui confirme son attirance envers les garçons.
Si l’aspect performatif du genre lui apparaît très tôt comme une évidence
grâce à ces métamorphoses maternelles quotidiennes, il comprend vite que pour
susciter le désir des hommes, il vaut mieux opter pour une autre performance, et
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« jouer au mec ». Cette incorporation de la figure maternelle, cet « arrêt sur
image », plutôt que de l’engager vers une orientation gender fluid ou
transidentitaire, le conduit vers une autre captation spéculaire : il opte donc pour
la musculation et la barbe de trois jours, vénère son reflet d’homme viril, et
multiplie les expériences homosexuelles, soit par le biais d’une sexualité qu’il
qualifie lui-même de « monotone et ritualisée » ou « je te suce, tu me prends »
avec des partenaires vite oubliés, dénichés sur Grindr, soit dans une quête
d’excitation de plus en plus effrénée, galvanisée par des drogues aphrodisiaques,
lors de rencontres de groupe. Mais il sent que ce « chemsex » met sa santé
mentale en péril et il décide de se sevrer et de revenir au service minimum.
C’est alors qu’a lieu la rencontre avec James, un jeune homme transgenre
de vingt-cinq ans, rencontre qui va bouleverser son existence. Car c’est James qui
va incarner cette « extase », cette « perfection » que Thibault n’avait jamais
connue malgré ses innombrables partenaires. Le corps de James, torse musclé et
velu, barbe fournie, crâne rasé, vagin offert et clitoris dressé, le transporte dans
une volupté dont il ne soupçonnait pas l’existence. Il n’a de cesse d’explorer ce
corps inconnu, de le caresser, de l’embrasser, de le pénétrer. « C’est une passion,
j’ai enfin trouvé l’homme de mes rêves ». « J’aurai passé ma vie à me décrocher
la mâchoire et à me faire pénétrer par des b… qui ne m’excitaient pas tant que
ça, tout juste parce que j’ai eu une mère castratrice et fusionnelle qui ne m’a pas
laissé d’autre alternative que d’avoir peur des femmes et de coucher avec des
hommes », me dit-il en éclatant de rire.
Je lui fais remarquer, en riant moi-même, que ce raccourci est un peu
lapidaire, mais je ne peux m’empêcher de penser que, plus qu’une nouvelle
pratique sexuelle, c’est toute une architecture fantasmatique qui semble voler en
éclats, et que la découverte de ce « vagin d’homme » provoque des remaniements
psychiques pour le moins surprenants. Du reste, Thibault ne manque pas de
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revenir à ces questions qui l’avaient amené à me consulter : « Qu’est-ce que je


suis maintenant ? Hétéro, bi, gay, “pan”1, ou juste complètement tordu… ? ! ».
Il abandonne vite ce questionnement identitaire cloisonnant, avec ce
sentiment, écoutons-le, de « faire tomber les murs qui compartimentaient mon
esprit (…). C’est comme si tout s’ouvrait, tout devenait possible, comme si je me
découvrais moi-même ». Thibault vit aujourd’hui en « trouple », c’est-à-dire un
couple à trois, avec une fille et un garçon de son âge, et les multiples figures que
ce trio invente au quotidien, ainsi que la richesse de leurs élans affectifs
réciproques le ravissent éperdument.

Ces remaniements psychiques qui semblent galvaniser Thibault


sont précisément ceux qui animent de plus en plus de mes patients à
l’orée de leur vie sexuelle et sentimentale. La remise en chantier de la
binarité homme/femme, hétéro/homo n’est pas un questionnement
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théorique ou existentiel ; elle s’incarne dans de nouveaux usages du corps
et de ses plaisirs.

Noah, d’abord baptisée Noémie il y a dix-neuf ans, fut durant son


adolescence une lesbienne « butch » grandissant entre un père idéalisé, malgré la
préférence évidente de celui-ci pour sa sœur aînée très « féminine », et une mère
dans une relation d’étayage agressif et toujours en recherche de conflits teintés de
provocation. Dès l’âge de seize ans, elle décide d’entamer une transition, prend
de la testostérone, puis procède à une mastectomie. Elle veut devenir un garçon,
non pas un garçon hétérosexuel, mais un garçon gay. J’ai rencontré ainsi bien des
jeunes filles qui non seulement changent de genre, mais changent dans le même
mouvement d’orientation sexuelle. C’est-à-dire qu’au fond, elles restent
homosexuelles, au sens classique de la nosographie, mais comme garçon attiré
par des garçons après avoir été une fille attirée par des filles. Ce garçon « trans »
qui, lorsqu’il est habité par une excitation sexuelle, aime à dire qu’il se sent
« chien », fréquente le milieu gay, veut coucher avec des hommes, mais des
hommes gays, pas des hommes hétérosexuels. Il vit pourtant aujourd’hui une
relation amoureuse avec Simon, dix-huit ans, qui se ressentait jusqu’alors
« hétéro de base ». Aujourd’hui encore, ils façonnent au quotidien les usages de
leurs corps et de leur relation dans les joies et les tourments inhérents à toute
conjugalité. Au point qu’ils commencent à être habités par une rêverie jusqu’à
présent inimaginable pour l’un comme pour l’autre : avoir un enfant que Noah

1. « Pan » est la contraction de « pansexuel », c’est-à-dire une orientation sexuelle


caractérisant les individus qui peuvent être attirés, sentimentalement ou sexuellement,
par un de n’importe quel sexe ou genre.
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pourrait porter puisqu’il a conservé son utérus et ses ovaires. Il pourrait, de la


sorte, rejoindre la cohorte des « pères enceints » que je rencontre actuellement.

Djamilah, superbe jeune femme trans de dix-neuf ans, d’origine


marocaine, me confie être tombée folle amoureuse de Théo, un garçon trans de
vingt-deux ans. Cet homme est si beau, me dira-t-elle, que « toutes mes copines
veulent me le piquer…, à commencer par celles qui sont “ cis ” et qui se fichent
pas mal de ce qu’il a dans la culotte ». Beau au point de détourner Djamilah de
son projet de vaginoplastie pour lequel elle avait obtenu à grand-peine un rendez-
vous chirurgical un an plus tard. « Théo adore mon sexe », me dit-elle en
rougissant, « et moi, j’adore le pénétrer… j’avais demandé à l’endocrino de
pouvoir conserver des érections. Et Théo, il ne se laissera jamais prendre par un
vrai mec… ».
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De toute évidence, les remaniements, les transformations, les
« déconstructions » dont il est ici question, ne sont pas seulement d’ordre
corporel ou social. Ces jeunes semblent, en effet, déconstruire toute une
architecture fantasmatique, dans une invention, une circulation
fantasmatique, une interfantasmatisation qui modifie puissamment la
construction psychique antérieure…
« La psychanalyse, c’est la réalité du sujet aliéné par son fantasme »
(1967). Telle est la thèse de J. Lacan au moment où il invente la passe. Car,
le sujet en analyse doit découvrir son aliénation dans « le fantasme comme
moteur de la réalité psychique ». Le moteur de cette réalité, c’est le
fantasme. Freud avant lui, avait largement souligné que sur le plan de
l’inconscient, masculin et féminin n’existent pas ; ce qui se joue est de
l’ordre de l’actif et du passif. Hommes et femmes, garçons et filles
partagent ces deux composantes, et la dualité fantasmatique
activité/passivité ne se superpose pas à la dualité homme/femme. La
richesse du fantasme réside dans l’infinité des variations qu’il autorise,
puisque le sujet y tient tous les rôles. Alors comment opèrent sur le plan
fantasmatique les représentations de ces corps en métamorphose, et les
agencements nouveaux que ces corps autorisent, femmes avec pénis,
hommes avec une vulve ou portant un enfant ? D’autant que ces corps
existent déjà dans la fantasmatique des théories sexuelles infantiles.
Thibault, dans la découverte du corps inédit de son compagnon,
n’opère-t-il pas une traversée fantasmatique qui dégèle une scène sous-
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tendue par l’angoisse de castration, et qui autorise une modification de son


rapport à la jouissance ? Les références au fantasme se retrouvent, nous le
savons, tout au long de l’œuvre de Freud, notamment, après qu’il a mis en
lumière le rôle des fantasmes de l’adolescence dans le travail de
reconstruction des souvenirs de l’enfance, dans son article sur les
« souvenirs-écrans » (1899). Ainsi, les théories sexuelles infantiles sont à
considérer sous l’angle de l’élaboration des fantasmes, théories
échafaudées par l’enfant pour s’expliquer les mystères de la sexualité, de
la conception et de la naissance. L’enjeu de l’adolescence est alors une
reconstruction de l’image inconsciente du corps telle que les théories
sexuelles infantiles peuvent en figurer les contours. Si le fantasme est une
formation interne détachée du réel, sa représentation tire sa substance des
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relations avec le monde extérieur. Tandis que le fantasme est
exclusivement au service du principe de plaisir, la représentation,
traduction du fantasme, est imprégnée par le principe de réalité.
Freud saisit tout de même bien le risque dans les Trois Essais (1905)
d’en revenir à l’ancrage biologique de la sexualité. Pour sortir de cette
série d’oppositions apparemment inconciliables (psychique/biologique,
interne/externe, conscient/inconscient), le concept de réalité psychique
place le fantasme en tant que charnière entre ces registres comme
« l’expression dernière et la plus vraie » (Freud, 1899) du registre des
désirs inconscients. Le fantasme se caractérise ainsi par sa mobilité,
comme un lieu de passage d’un registre à l’autre de l’activité psychique ;
il n’est pas réductible à un seul registre conscient ou inconscient.
L’éventuelle intégration dans nos paradigmes de cette nouvelle
créativité des corps et des plaisirs nous ramène, au fond, à cette
dénaturalisation de la sexualité et de la sexuation initiée par Freud dans ses
Trois essais sur la théorie sexuelle (1905). Il y souligne en effet les étapes
vers la maturité affective et sexuelle. Dans les deux premiers chapitres, il
ne se conforme en rien au rapport de la sexualité avec le destin instinctuel
et la préservation de l’espèce. Toutes les déviations qui existent dans les
activités de la sexualité infantile, et qui se retrouvent dans les aberrations
sexuelles de l’adulte, situent la sexualité humaine bien davantage du côté
de la recherche de plaisir, que d’un destin biologique.
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Or, dans son troisième chapitre – « Les transformations de la


puberté » –, tout doit rentrer dans l’ordre : les pulsions partielles liées aux
différentes parties du corps érogène, et sources de plaisir intense pour
l’enfant, doivent se regrouper au moment de la puberté, se régimenter
pour se soumettre à la fonction de reproduction. C’est vers cette seule et
unique fonction que la réorganisation psychique doit se diriger. Finie la
pansexualité, vive l’attraction vers l’objet hétérosexuel. C’est la logique
du corps biologique qui se retrouve dans la célèbre sentence de Freud :
« L’anatomie, c’est le destin » : le biologique revient au biologique
(Lubiensky, Jacquot, 2022).
La proposition freudienne d’une sexualité infantile polymorphe qui
fait feu de tout bois, finit dans les rails d’une finalité naturaliste
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reproductive. Seuls peut-être les plaisirs dits « préliminaires » peuvent
encore se teinter des délices de ces inventions enfantines. L’émancipation
a fait long feu. Freud était-il lui-même embarrassé, voire effrayé par sa
propre découverte : « La pulsion sexuelle ne vise pas du tout
originairement à servir la reproduction mais a pour but certaines façons
d’obtenir du plaisir » (1908, p. 34). N’est-il pas intéressant de reconsidérer
cette sexualité « perverse et polymorphe » pour penser la multiplicité des
arrangements et des variations avec lesquels les adolescents conjuguent
aujourd’hui corps, genre et sexualité ?
Le coït hétérosexuel introduit une logique binaire de couples
signifiants rigoureusement opposés, qui s’enchaînent irrémédiablement :
masculin/féminin, phallique/châtré, actif/passif, hétérosexuel/homosexuel,
pénétrant/pénétré, sadique/masochiste, dominant/dominé. Cette « attraction »
vers le coït construit ainsi des représentations des hommes et des femmes
tels qu’ils ont à s’agencer entre eux et dans l’espace social. Les formules
de la sexuation lacanienne, quant à elles, définissent des postures
masculines et féminines dans leur rapport au phallus et à la jouissance. La
conceptualisation de la différence des sexes qui en découle n’est pas
anatomique ou naturalisée, mais elle procède de l’organisation
symbolique structurale dans laquelle le rapport au phallus occupe la place
centrale. Ces formules, tout en ne s’appuyant pas sur la différence visible
des sexes, invoquent néanmoins deux groupes universels et elles tiennent
pour acquis l’existence de ces deux groupes, au titre d’une symbolique
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éternelle et irréductible, dans une indispensable articulation du phallique


et du pas-toute, et dans la distinction de deux modes de jouissance. Mais
où se situerait le trait unaire unifiant ici ces deux groupes distingués dans
une binarité ? Ces deux modes de jouissance, le phallique et le pas-toute,
même s’ils appartiennent autant aux hommes qu’aux femmes,
n’empêchent-ils pas de penser le psychique à partir de la fluidité et de la
multiplicité (Ayouch, 2018a) ?
Car la réalité bouge, ô combien, à la fois celle des corps, des
sexualités, mais aussi des agencements de ces corps et de leurs plaisirs.
Sans parler d’une multiplication infinie de la visibilité de ces anatomies
exposées à l’envie. À cet égard, le flux d’images du corps auquel les
adolescents sont soumis, que ce soit dans la scène pornographique à
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proprement parler, ou dans les clips infinis des réseaux sociaux, focus
grossissants, élargissements, agrandissements, organes démultipliés à
l’infini, orifices détachés du corps (Bidaud, 2022). Le corps se
déconstruit et se reconstruit, s’hypertrophie, se démultiplie. Tout est
visible, tout est possible.
Si l’inconscient qui sous-tend nos désirs n’est plus corseté par les
normes, il redevient ce chantier foisonnant du sexuel infantile. Déjà dans
l’Anti-Œdipe, G. Deleuze et F. Guattari (1972) concevaient le désir en
termes de connexions et de flux, plutôt que de manque et d’incomplétude.
Loin du « signifiant despotique de la castration », ils évoquaient un désir
libre de désirer, tout entier, empli de joie affirmative, et au-delà de toute
négativité. De Platon à Freud, c’est toute la place accordée par la pensée
occidentale au manque, à la négativité et à la culpabilité qu’ils proposent
de reconsidérer (Bourlez, 2015). Leur proposition est réjouissante : se
méfier des identités, déjouer les oppositions binaires homme/femme,
homo/hétéro, cœur/cerveau, être entre deux ou au-delà ou en deçà du deux.
En se référant aux apports de M. Foucault (1976), S. Prokhoris
(2000) soutient que la pensée inconsciente n’aurait de cesse de renverser
les barrières qui encadrent les oppositions binaires. D’après lui, cette
pensée libre, rebelle et polymorphe fait en permanence coexister les
différences et se moque des contradictions. Cette pensée inconsciente est
loin d’une logique binaire dont le souci principal serait de différencier le
même de l’autre, et elle ne peut du reste imaginer l’existence de telles
TRAVERSÉE DU GENRE 319

entités. Elle est le lieu du sexuel, qui ne découle aucunement de la


sexuation mais de la libre capacité de jouir d’une infinité de façons. Notre
« sexuel infantile » se nourrit d’une foule d’identifications, d’imitations, de
contaminations, d’incorporations qui alimentent une multiplicité
d’aptitudes sexuelles, d’identités érotiques. Les dissemblances, tout
comme les ressemblances n’y sont pas suffisantes pour établir des identités.
Ce désordre dérange, bouscule, interpelle. Cette liberté d’être, cette
liberté du corps et des plaisirs, finalement ! On fustige à tout va la volonté
de toute-puissance. Mais il suffit de rencontrer les personnes concernées
pour s’apercevoir que nul ne prétend « être tout », dans un fantasme de
toute-puissance et d’auto-engendrement, dans une tentative de nier le
manque et de dominer l’insatisfaction. Non, bien sûr, il y aura toujours
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du manque, de la culpabilité inhérente à la nature humaine, de l’angoisse,
de la peur : peur de l’envahissement, de la séparation, de la castration ;
on ne peut ni être tout ni tout avoir, mais on peut être un peu plus, et avoir
un peu plus, ne pas se laisser enfermer dans des schémas et vivre dans
des identités qui s’entremêlent. Nul ne pourra jamais réaliser
parfaitement son fantasme, mais chacun peut désormais s’autoriser une
invention de lui-même, sans être rattrapé par la peur de ne pas être dans
la totale jouissance.
Comment circulent ces fantasmes lorsque l’on sort des sentiers
battus ? On peut passer d’un sexe à l’autre, d’un corps à l’autre, on peut
ne pas aimer l’un et l’autre de la même manière, ou plutôt la fantasmatique
qui sous-tend l’agir est toujours éminemment singulière, et en perpétuelle
transformation… On peut jouir de l’un et aduler l’autre ; on peut être
habité par des fantasmes homos et ne pas aimer les hommes… Ou
l’inverse. Le désir peut dans ses multiples retournements s’émanciper de
toute binarité fantasmatique. Tous les fantasmes sont par essence
pansexuels. Et si comme le soutenait Freud, la binarité se situait davantage
dans l’activité ou la passivité, qui concerne les deux sexes, on voit à quel
point ces qualifications sont elles-mêmes devenues relatives.
Je me sens à l’écoute de ces jeunes gens, davantage interpellé par
l’érotique que par le sexuel, et par le pouvoir transformateur du désir et de
la relation affective. Le plaisir partagé, l’exultation de la découverte les
autorisent à des corps-à-corps créatifs, comme si leur vie fantasmatique
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n’était pas un préalable à leur rencontre, mais pouvait au contraire se


façonner progressivement, s’inventer dans une relation singulière.

Lorsqu’Axelle annonce à son conjoint son désir de transition, d’entendre


sa voix muer et de faire effacer sa poitrine, tout en gommant les deux dernières
lettres de son prénom, elle s’inquiète : « M’aimeras-tu encore, me désireras-tu
toujours ? ». Il la rassure : « C’est ta personne que j’aime, que m’importent les
poils sur ton menton ou la forme de tes seins… ! ».

Dans un article consacré à M. Foucault, au genre et à la


psychanalyse, T. Ayouch nous rappelle cette injonction foucaldienne qui
se révèle ici très éclairante : « Contre le dispositif de sexualité, le point
d’appui de la contre-attaque ne doit pas être le sexe-désir, mais les corps
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et les plaisirs » (2018b, p. 87). Pour M. Foucault, on le sait, la visée du
corps et des plaisirs était de désexualiser le plaisir, de dégénitaliser les
corps et de concevoir la sexualité au-delà de l’identité sexuelle. Il
distingue les « plaisirs du corps » des « catégorisations de la sexualité ».
Ainsi de la disjonction entre rapports sexuels, entre personnes du même
sexe et catégorisation de l’homosexualité. En réalité, c’est la différence
des sexes elle-même qui n’est pas vraiment prise en compte par
M. Foucault. Ce qui l’intéresse, c’est le corps sexuel, pas le corps sexué.
Cette injonction au « corps et aux plaisirs » va être vivement critiquée sur
sa droite par J.-A. Miller qui fustige « un corps de plaisirs pluriels où les
choses de l’amour ne formeraient pas un tout unifié par le phallus castré »
(1989) et sur sa gauche par J. Butler (1990) qui redoute que cette
incantation ne vise à l’éradication à la fois de la différence sexuelle et de
l’homosexualité, en situant les corps dans un espace idéalisé, antérieur à
toute construction discursive. Pour J. Butler, en effet, la question des
normes asymétriques de genre est au cœur de l’analyse de la sexualité et
du pouvoir ; réfuter le sexe-désir viserait à nier que la sexualité soit
structurée de part en part par la différence sexuée (Ayouch, 2018b).
Pourtant, ce que révèle la lecture de L’usage des plaisirs (Foucault,
1984) n’est pas la substitution d’un régime de pensée par un autre, mais
plutôt une interrogation sur leur coexistence : il existe une dimension
fondamentalement discursive des corps et des plaisirs qui interpelle
l’architecture signifiante du « sexe-désir », sans doute par le biais d’un
TRAVERSÉE DU GENRE 321

déplacement de certains signifiants langagiers opéré par cette nouvelle


fluidité des corps. Comment penser un « vagin d’homme », un « pénis de
femme », un homme « enceint », comment les nommer sans être
immédiatement absorbé dans les chimères issues de nos théories sexuelles
infantiles ? En quoi un vagin porteur pour Thibault de multiples angoisses
d’engloutissement ou de castration, peut-il devenir un lieu d’extase
érotique et perdre sa dangerosité s’il n’est plus exhibé par une femme
potentiellement maléfique ? Comment ce pénis sur le corps féminin de
Djamilah perd-il pour Théo sa dimension phallique dominatrice et
forcément abusive ? S’il n’est pas de pratique antérieure à un espace des
discours, et si ce sont essentiellement les discours qui en permettent
l’émergence, lui donnent un sens et l’érigent en pratique intelligible ; alors
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ce sont les usages du corps et de ses plaisirs qui autorisent cette remise en
circulation fantasmatique, cette déconstruction/reconstruction du désir
chez ces sujets. Qui ne se privent pas du reste d’inventer des mots pour
nommer toutes ces parties du corps qu’ils sont amenés à (re)découvrir.
Dans son dernier essai, Dysphoria Mundi (2022), le philosophe
P. B. Preciado, homme trans, relate sa rencontre charnelle avec Sigma,
jeune femme trans : « Aucun de nous n’avait cherché à reproduire avec
l’autre, ou par l’autre, la chorégraphie hétérosexuelle, lesbienne ou gay de
la sexualité. […] Ce jour-là, ensemble, nous avons appelé cette nouvelle
forme élargie et désidentifiée de baiser “ passer le test de Turing ” : une
baise sans hommes et sans femmes, sans organes qui se tiennent dans une
position de domination pénétrante, orgasmique ou reproductive, une
coopération des corps en circlusion2, où la potentia gaudendi coule sans
objectif productif ou reproductif. Nous n’étions plus ni actifs, ni passifs,
ni génitaux, ni oraux, ni pénétrants, ni pénétrés. Ni le contraire. Ni le
complémentaire ».

Il ne s’agit aucunement d’idéaliser les corps trans, hybrides, mais


d’en souligner la puissance émancipatrice, perturbatrice pour tous,
comme la place du corps des femmes dans la lutte contre le patriarcat et

2. Agencement à l’opposé de la pénétration : sucer, enfermer un organe (pénis, doigt,


langue, mamelon, gode, etc.) dans une membrane anale, vaginale ou orale.
322 SERGE HEFEZ

la domination masculine, ou celle des corps noirs dans les questions


racistes et décoloniales, tel que F. Fanon (2015) l’a largement étudié.
Comment intervient la puissance d’agir de ces corps qui s’entrelacent,
cette fantasmatique qui circule en toute liberté, ces effets de subjectivation
en mouvement dans l’élaboration de nos théories de l’esprit ? Pour
M. Foucault, le pouvoir n’est pas une substance mais une relation qui
définit les relations complexes entre individus comme une lutte
permanente produisant des identités. C’est cette relation entre partenaires
qui ouvre un champ de réponses et des stratégies de résistance. Cette
attention au corps et aux plaisirs ne vise aucune rupture épistémologique
avec le régime discursif du sexe-désir, mais pose plutôt la question de leur
coexistence (Ayouch, 2018b). M. Foucault ne poursuit en rien une histoire
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des avatars d’un désir résultant avant tout de sa répression, mais cherche,
comme il le dit lui-même, à « analyser les pratiques par lesquelles les
individus sont amenés à porter attention à eux-mêmes, à se déchiffrer, à se
reconnaître et à s’avouer comme sujets de désir » (1983, p. 47).
À un moment où les parcours transidentitaires et les divers
questionnements sur la fluidité de genre suscitent des déluges de
protestations et de mises en demeure chez nos confrères et consœurs les
moins au fait de cette écoute, se pose ici la question de décrire ou de
prescrire. L’écoute analytique n’advient que si elle ne cherche pas à
réduire l’autre par le même, à ramener l’étranger à la familiarité de ce que
l’analyste connaît et comprend. Se référer uniquement aux faillites par
régression, fixation, clivage ou forclusion dans le trajet libidinal très
normé du sexe-désir ne fait que rabattre le mystère et l’énigme de la
sexualité, la multiplicité et la plasticité psychique, les méandres des
circulations fantasmatiques au familier de la différence des sexes, et de la
binarité des genres et des sexualités.
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Serge Hefez
Hôpital de la Pitié Salpêtrière
Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent
47-83, bl. de l’Hôpital
75013 Paris, France
serge.hefez@wanadoo.fr

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