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Attachement dans le cas de prématurité : un lien médiatisé

par les perceptions maternelles


Josée Laganière, Réjean Tessier, Line Nadeau
Dans Enfance 2003/2 (Vol. 55), pages 101 à 117
Éditions Presses Universitaires de France
ISSN 0013-7545
ISBN 2130533620
DOI 10.3917/enf.552.0101
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Attachement dans le cas de prématurité :
un lien médiatisé par les perceptions maternelles

JOSÉE LAGANIÈRE, RÉJEAN TESSIER, LINE NADEAU


ATTACHEMENT DANS LE CAS DE PRÉMATURITÉ

Josée Laganière*, Réjean Tessier**, Line Nadeau***


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RÉSU M É

L’objectif de cette étude est d’évaluer le lien entre le statut de naissance (préma-
turé vs à terme) et la relation d’attachement de l’enfant à sa mère en tenant compte
de l’effet médiateur des perceptions maternelles et de l’effet modérateur du contexte
familial. L’échantillon est composé de 91 dyades mère-enfant dont 65 sont nés préma-
turément, soit 34 à haut risque néonatal, 31 à faible risque et 26 sont nés à terme.
L’attachement est mesuré par le Tri-de-Cartes de Waters lorsque les enfants sont
âgés, en moyenne, de 16 mois (âge corrigé pour les prématurés), et les perceptions
maternelles sont obtenues, au même âge, à partir de l’Index de Stress parental de Abi-
din. Les résultats suggèrent que la prématurité expose les enfants à des difficultés
dans leur développement socio-émotif et que la gravité des complications médicales à
la naissance accroît les risques de développer un attachement insécurisant. Toutefois,
les perceptions maternelles de l’enfant agissent comme variables médiatrices entre le
statut de naissance et l’attachement : la maturité gestationnelle de l’enfant à la nais-
sance est liée positivement aux perceptions qu’en a la mère et ces dernières sont positi-
vement associées à la sécurité d’attachement. À l’inverse, les mères qui perçoivent leur
enfant comme ayant des difficultés à s’adapter aux changements, comme étant plus
distrait, plus exigeant et d’humeur difficile sont le plus souvent des mères d’enfant pré-
maturé dont la relation d’attachement est plus insécurisée.
Mots clés : Attachement, Prématurité, Risque néonatal, Perceptions maternelles.

SUM M ARY

Mother-infant attachment and prematurity : A link mediatized by maternal


perceptions

The objective of this study is to assess the link between birth status (preterm vs
full term) and mother-infant attachment by taking account of the mediator effect of

*** Centre de recherche de l’hôpital Sainte-Justine, Université de Montréal, Canada.


**** École de psychologie, Université Laval, Cité universitaire, Québec, Canada
G1K 7P4.
*** Institut de réadaptation en déficience physique du Québec, Québec, Canada.
ENFANCE, no 2/2003, p. 101 à 117
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maternal perceptions and the moderating effect of the family context. The sample is
composed of 91 mother-infant dyads from which 65 were born prematurely (34 at
high neonatal risk and 31 at low risk), and 26 were born at term. The Waters’ Q-sort
was used to assess the mother-infant attachment at 16 months of age (corrected for
prematurity) and maternal perceptions were obtained at the same age using the Abi-
din’s Parenting Stress Index. The results suggest that a premature birth exposes
infants to difficulties in their socioemotional development and that the severity of the
medical complications at birth increases the risks to develop an insecure attachment.
However, maternal perceptions of the infant act as mediating variables between birth
status and attachment where the infant gestational age at birth is positively linked to
mother’s perceptions that are positively associated to attachment security. Inversely,
the mothers who perceived their infant as having difficulties dealing with changes, as
being more distractible, more demanding and of difficult mood developed a more inse-
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cure attachment relationship with their premature infant.
Key-words : Attachment, Prematurity, Neonatal risk, Maternal perceptions.

Plusieurs facteurs associés à une naissance prématurée sont susceptibles


d’influencer la relation d’attachement de l’enfant à sa mère. D’une part, la
période entourant la naissance est particulièrement éprouvante pour les
parents en raison, notamment, des complications médicales, de la distance
physique imposée par les traitements intrahospitaliers et des inquiétudes
qui s’en suivent quant à la survie et au développement du bébé (Broo-
ten et al., 1988 ; Meyer et al., 1995 ; Thompson, Œhler & Catlett, 1993).
D’autre part, les caractéristiques mêmes des prématurés diffèrent considé-
rablement de celles des enfants nés à terme et en santé. Durant la pre-
mière année de vie, ils sont décrits comme plus irritables, moins alertes et
moins actifs lorsqu’en interaction avec leur mère. Ce sont aussi des
enfants qui initient moins d’interactions alors que leurs mères sont rappor-
tées comme plus actives, plus directives, voire intrusives (Barnard, Bee,
& Hammond, 1984 ; Brachfeld, Goldberg, & Sloman, 1980 ; Crawford,
1982 ; Crnic, Ragozin, Greenberg, Robinson, & Basham, 1983 ; Field,
1977 a, 1977 b, 1983 ; Landry & Chapieski, 1988 ; Landry, Smith, Miller-
Loncar, & Swank, 1997 ; Wasserman, Allen, & Solomon, 1985). Ces
caractéristiques de la dyade sont de nature à complexifier l’établissement
d’interactions harmonieuses favorisant le développement social et émotif
des enfants.
Partant de ce qui précède et du modèle théorique de l’attachement, nous
pourrions inférer une probabilité accrue de relations insécurisées chez les
enfants nés prématurément. Mais les données empiriques ne sont pas aussi
limpides : certaines études démontrent un lien entre la prématurité et
l’attachement alors que pour d’autres, il s’agit de faits indépendants. Une
première explication, d’ordre méthodologique, a trait à la composition des
échantillons qui varient considérablement selon la définition de la notion de
risque associée à la prématurité. Dans certaines études, le petit poids à la
naissance est le seul critère de risque alors que d’autres travaux catégorisent
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les échantillons selon les complications médicales à la naissance en les asso-


ciant ou non au poids. En aucun cas, l’âge de gestation n’est utilisé comme
critère d’inclusion ce qui entraîne des variations considérables de l’âge
moyen des groupes étudiés qui varie de 34 semaines (Frodi & Thompson,
1985 ; Plunkett, Meisels, Stiefel, Pasick, & Roloff, 1986 ; Rode, Chang,
Fisch, & Sroufe, 1981 ; Wille, 1991) à 30 semaines (Easterbrooks, 1989 ;
Macey, Harmon, & Easterbrooks, 1987) ou moins, soit 29 semaines (Gold-
berg, Perrotta, Minde, & Corter, 1986) et 28 semaines de gestation (Man-
gelsdorf et al., 1996). En conséquence, la grande variabilité intragroupe de
l’âge gestationnel qui s’ajoute au petit nombre de sujets par groupe (qui
n’excède jamais 35) induit des problèmes de puissance statistique pouvant
être à la base des résultats contradictoires.
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Une seconde hypothèse pour expliquer l’absence de résultats conver-
gents est l’âge moyen des enfants lorsqu’ils sont soumis à la Situation
étrangère, mesure uniforme dans la plupart des études à l’exception de
celles de Mangelsdorf et al. (1996) et de Moran, Pederson, Pettit et
Krupka (1992) qui utilisent le Tri-de-Cartes (Q-sort) comme mesure
d’attachement. Dans la quasi-totalité des études, les enfants ont été testés
vers 12 mois (âges corrigés pour la prématurité) ce qui représente un han-
dicap pour certains enfants peu mobiles et moins habiles à manifester les
comportements typiques du système d’attachement (explorer, se déplacer à
proximité de l’adulte ou pour l’accueillir suite à une période de détresse)
(Landry, Fletcher, Denson, & Chapieski, 1993 ; Williamson, Wilson, Lifs-
chitz, & Thurber, 1990). La codification s’en trouve moins fiable et les
résultats plus aléatoires. La seule mesure alternative connue actuellement
est le Tri-de-Cartes d’attachement de Waters (1986/1995) pour laquelle il
existe un large consensus démontrant la convergence avec la Situation
étrangère (Howes & Hamilton, 1992 ; Tarabulsy, Avgoustis, Phillips,
Pederson, & Moran, 1997 ; Vaughn & Waters, 1990. Voir aussi la mono-
graphie de Waters, Vaughn, Posada, & Kondo-Ikemura (1995) pour une
discussion exhaustive). La seule étude répertoriée qui n’observe pas cette
convergence est celle de Van Dam et Van IJzendoorn (1988) réalisée
avec la première version de la mesure. Le Tri-de-Cartes, qui établit le
score d’attachement sur une large variété de comportements de l’enfant
observés en milieu naturel, apparaît comme un outil plus approprié pour
évaluer la relation d’attachement chez les prématurés puisqu’il permet
de contourner le problème des limitations motrices propres aux grands
prématurés.
En résumé, le jeune âge des enfants au moment de l’examen, la varia-
bilité de l’âge de gestation dans les échantillons, le nombre restreint de
sujet par groupe, l’absence de critères uniformes pour déterminer l’état de
santé des enfants à la naissance et au moment de l’examen sont des
aspects méthodologiques non uniformes qui peuvent expliquer la disper-
sion des résultats. À ceux-ci s’ajoutent parfois des biais de sélection
comme une surreprésentation du milieu socio-économique faible (Wille,
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1991), la présence de jumeaux et de naissances uniques dans la même


cohorte (Goldberg et al., 1986), la variabilité du groupe de comparaison
(à terme ou prématurés à risques divers) et l’absence d’appariement entre
les groupes.

Objectifs et hypothèses :
l’effet des variables médiatrices et modératrices

La plupart des travaux recensés ont voulu tester un lien direct entre le
statut de naissance et la relation d’attachement sans étudier le rôle du
milieu ambiant, notamment celui de la perception des parents et celui de
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la situation sociale des familles. La perception des parents de leur enfant
(dans notre étude, celle des mères), si elle est, dans la population générale,
intimement associée à la qualité des relations parents-enfant (Rubin, Rose-
Krasnor, Bigras, Mills, & Booth, 1996), semble l’être encore davantage
dans le cas des enfants prématurés. Tel que rapporté précédemment, les
mères d’enfant prématuré perçoivent ce dernier comme étant plus
vulnérable que les enfants nés à terme et aussi plus difficile et représentant
une source de stress importante (Goldberg, Morris, Simmons, Fowler,
& Levison, 1990 ; Moran et al., 1992). Elles développent, en conséquence,
des conduites plus structurantes, voire plus dominantes à leur égard. Pour
ces motifs, les perceptions seront utilisées dans cette étude à titre de
variable médiatrice1. On suggère ici que le développement socio-émotif de
l’enfant prématuré n’est pas uniquement fonction de son statut de
naissance mais aussi de son premier environnement social, ce qui
induit l’hypothèse d’un lien indirect, médiatisé par les perceptions
maternelles.
Par ailleurs, certaines caractéristiques de l’environnement sont plus sta-
bles dans le temps et sont fondées sur les ressources économiques,
l’éducation des parents et la structure familiale. Elles sont représentées ici
par le concept d’adversité familiale, une mesure sommative des aspects néga-
tifs de ces divers paramètres (e.g. Famille monoparentale, faible scolarité,
jeune âge de la mère). Ces aspects de l’environnement sont fréquemment
associés à la qualité de la relation d’attachement mère-enfant (Booth, Rose-
Krasnor, & Rubin, 1991 ; Crockenberg, 1981 ; Egeland & Farber, 1984 ;
Vaughn et al., 1979). Dans le contexte où l’enfant impliqué est un prématuré,
reconnu comme étant plus irritable et plus difficile à décoder, il est possible
que le risque associé au milieu familial soit doublement important lorsque le

1. Une variable médiatrice traduit un lien indirect entre deux variables (dépendante et
indépendante) ; elle est reliée aussi bien à l’une comme à l’autre et son introduction dans
l’équation statistique modifie le lien entre ces deux dernières au profit du lien entre la
variable médiatrice et la variable dépendante. La variable médiatrice agit comme un filtre de
la relation entre VD et VI (Baron & Kenny, 1986).
ATTACHEMENT DANS LE CAS DE PRÉMATURITÉ 105

risque biologique est également élevé. C’est l’hypothèse du double risque qui
sera testé par le rôle modérateur de l’adversité familiale1.
Les objectifs de l’étude sont ainsi : a) d’évaluer le lien entre le statut de
naissance et la relation d’attachement mère-enfant tel que mesuré par le
Tri-de-Cartes ; b) de vérifier l’effet médiateur des perceptions maternelles
sur la relation d’attachement de l’enfant prématuré à sa mère et, c) l’effet
modérateur du contexte d’adversité familiale. Le statut de naissance est un
score dichotomique déterminé par l’âge de gestation à la naissance (préma-
turé vs à terme) et le risque associé à la prématurité est établi à partir du
poids et des complications médicales à la naissance. Le risque social est éta-
bli par une mesure d’adversité familiale. La relation d’attachement sera
mesurée par le Tri-de-Cartes. Cette mesure permet d’évaluer l’enfant en
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fonction d’un plus large répertoire de comportements que la Situation
étrangère et produit un score continu (contrairement à la Situation étran-
gère dont le score est dichotomique) ce qui augmente la variance de la
mesure et permet des interprétations nuancées.

MÉTHODE

Sujets

Les enfants nés prématurés. L’échantillon est composé de 65 dyades


mère-enfant prématuré, recrutées dès la naissance dans un hôpital de la
région de Québec entre les mois d’octobre 1992 et septembre 1993. Les cri-
tères d’inclusion des enfants sont : le poids à la naissance (< 2 500 g) et
l’âge de gestation (< 37 semaines complètes). Les enfants sont exclus de
l’étude selon les critères suivants : naissance gémellaire (si les deux enfants
survivent), diagnostic de trisomie 21 ou de trisomie 17, syndrome alcoolo-
fœtal, anomalie du tube neural ou malformation congénitale. Le groupe est
scindé en deux selon le niveau du risque néonatal mesuré par l’Index médi-
cal néonatal de Korner et al. (1993). Les mères doivent être Caucasiennes et
parler français ; elles sont exclues si elles ont un diagnostic clinique ou si
elles sont suivies en psychothérapie.
Les bébés nés à terme. Le groupe témoin est composé de 26 enfants
recrutés dans la même région que les enfants prématurés. Les critères
d’inclusion et d’exclusion pour les mères et les enfants sont les mêmes dans
les deux groupes hormis le fait d’être né prématuré ou d’avoir eu des pro-
blèmes de santé à la naissance pour le groupe d’enfants à terme. Ces derniè-
res informations proviennent de la mère et la validité de ces informations

1. Une variable modératrice indique une condition sous laquelle la variable indépen-
dante est reliée à la mesure dépendante. Elle se traduit statistiquement par un effet
d’interaction avec la variable indépendante (Baron & Kenny, 1986).
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TABLEAU 1. — Description des caractéristiques néonatales et sociodémographiques

Prématurés Prématurés
À terme (AT) Faible risque (FR) Haut risque (HR)
(n = 26) (n = 31) (n = 34) Post-Hoc (Tukey)

Enfants :
Poids naiss. : gr., M ± ET 3 382 ± 400 1 775 ± 362 1 231 ± 488 AT > FR > HR***
Âge gest. : sem., M ± ET 39,8 ± 0,83 32,4 ± 1,9 28,5 ± 3,0 AT > FR > HR***
Hospit : jrs., M ± ET nd1 30,0 ± 11,2 73,7 ± 34,9 FR < HR***
Apgar 5 min. : M ± ET nd1 9,1 ± 1,1 8,1 ± 2,2 FR > HR*
Pér. crânien : cm, M ± ET nd1 29,4 ± 1,7 26,4 ± 2,8 FR > HR***
Sexe : Fille : N (%) 15 (58) 16 (52) 14 (41) ns
Âge lors de la rencontre2 : mois, M ± ET 18,9 ± 1,9 14,8 ± 2,3 15,3 ± 2,3 AT > FR = HR***

Mères :
Âge : M ± ET 29,8 ± 3,9 29,4 ± 5,4 26,9 ± 3,7 AT = FR > HR*
Scolarité : M ± ET 16,5 ± 3,1 12,6 ± 2,4 12,6 ± 2,4 AT > FR = HR***
Statut marital : N
en couple 25 30 32 ns
seul 1 1 2
Adversité famille : M ± ET 0,22 ± 0,18 0,30 ± 0,23 0,39 ± 0,24 AT < HR = FR*
Revenu familial : N (%)
$ 0 à $ 29 999 8 (30,8) 6 (19,4) 14 (45,2) ns
$ 30 000 à $ 44 999 8 (30,8) 13 (41,9) 10 (32,3)
$ 45 000 et plus 10 (38,4) 12 (38,7) 7 (22,6)
* p < .05 ; ** p < .01 ; *** p < .000.
1
Donnée non disponible ; 2 Âge corrigé pour les prématurés.

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ATTACHEMENT DANS LE CAS DE PRÉMATURITÉ 107

est démontrée par les travaux de Casey, Rieckhoff, Beebe, & Pinto-Martin
(1992) qui rapportent ces données comme fiables (concordance de 90 %)
deux ans après la naissance, en regard de l’information contenue au dossier
médical.
Tel que prévu, les trois groupes se distinguent par rapport aux caracté-
ristiques néonatales soit l’âge de gestation, le poids et le nombre de jours
d’hospitalisation à la naissance (tableau 1). Les 2 sous-groupes de prématu-
rés sont équivalents pour les autres paramètres de l’enfant (sexe, âge corrigé
lors de l’examen) ou de la famille (âge, scolarité de la mère, statut marital
et revenu) mais les enfants du groupe témoin sont plus âgés lors de
l’examen (F(2,88) = 30,2, p < .000) et leurs mères sont plus éduquées
(F(2,88) = 12.4, p < .000) et légèrement plus âgées (F(2,88) = 3,96, p < .05)
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que celles des enfants prématurés. Ces valeurs seront prises en compte dans
les analyses subséquentes. Pour l’ensemble des analyses, l’âge des enfants
prématurés est corrigé en fonction de l’âge de gestation à la naissance.

Mesures

L’Index médical néonatal (IMN, Korner et al., 1993) a été développé à


partir du « Neonatal Health Index » (NHI, Scott, Bauer, Kraemer, & Tyson,
1989) et la convergence entre les deux mesures est élevée (r = – .73,
p < .000 ; Korner et al., 1994). Le IMN prédit le développement cognitif et
moteur, mesuré par le Bayley à 12 et 24 mois, des prématurés de petit poids
à la naissance (< 1 500 g ; Korner et al., 1993) ainsi que le développement
mental, mesuré par le Stanford-Binet, jusqu’à l’âge de 3 ans. Cette mesure
permet de catégoriser le risque néonatal de l’enfant en cinq niveaux en se
basant sur le poids à la naissance, le besoin et la durée de ventilation méca-
nique assistée ainsi que sur la présence de certaines complications. Dans la
présente étude, les prématurés à faible risque (score de 1 ou 2) ont un poids
supérieur à 1 000 g et ont reçu de la ventilation assistée durant moins de
48 heures. Les prématurés à haut risque (score de 3, 4 ou 5) ont reçu de la
ventilation assistée durant une période variant de 3 à plus de 28 jours et/ou
ont eu d’autres complications médicales néonatales.
Le Tri-de-Cartes d’attachement (version 3 . 0 : Waters, 1995) permet
d’évaluer la qualité de la relation d’attachement de l’enfant à sa mère en
milieu familial. La construction de la mesure du Tri-de-Cartes repose sur
une correspondance étroite avec la théorie de l’attachement et une bonne
validité de convergence est reconnue avec le système de classification de la
Situation étrangère où les enfants catégorisés comme sécurisés ont un
score au Tri-de-Cartes significativement plus élevé que les enfants insécu-
risés (Bosso, 1985 ; Pederson & Moran, 1996 ; Vaughn & Waters, 1990 ;
Waters, 1986 ; Waters & Deane, 1985). Le score de sécurité d’attachement
s’exprime sur une base continue (de – 1 à + 1 dans le sens où plus le score
est élevé, plus la relation d’attachement est sécurisante) et varie largement
108 JOSÉE LAGANIÈRE, RÉJEAN TESSIER, LINE NADEAU

en fonction des populations à l’étude (voir Tessier, Tarabulsy, Larin,


Laganière, Gagnon, & Trahan, 2002, pour une recension). Dans la pré-
sente étude, le Tri-de-Cartes est complété par les évaluatrices suite aux
visites à domicile. Elles utilisent une version traduite et validée en français
(Tessier et al.). L’accord interjuges effectué sur 35 % de l’échantillon est ici
de 90 %.
Les perceptions maternelles. L’Index de Stress Parental (ISP : validation
française de Lacharité, Éthier, & Piché (1992) du Parental Stress Index de
Abidin (1983)) est composé de 101 items (13 sous-échelles) mesurant
l’évaluation par le parent des difficultés reliées aux caractéristiques de
l’enfant et à différents aspects du rôle parental. La mesure fournit 2 scores
(enfant et parent) ainsi qu’un score total ; un score élevé reflète un degré de
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difficulté plus grand. Abidin rapporte des coefficients alpha de 0.89, 0.93,
0.95, respectivement pour les domaines enfant, parent et pour le score total
et des indices de fidélité test-retest variant de .55 à .91 pour des intervalles
allant de une à trois semaines.
Mesure de risque contextuel. Le risque contextuel est mesuré par l’indice
d’adversité familiale de Vitaro, Tremblay, & Gagnon (1992). Cet indice est
constitué de variables habituellement associées à la présence de problèmes
d’adaptation sociale chez l’enfant. Ces variables sont : le statut marital, le
niveau de scolarité des parents vivant avec l’enfant, l’occupation des
parents et l’âge des parents à la naissance de l’enfant. Un score faible
d’adversité familiale varie de 0 à 0.49 alors qu’un score modéré à élevé
varie de .50 à 1.00.

Procédure

La prise de mesures se fait par deux évaluatrices lors d’une visite à


domicile de trois heures. La visite est composée d’une évaluation du déve-
loppement de l’enfant suivie de deux séances de jeux mère-enfant filmées
puis d’une entrevue semi-structurée. La visite se termine avec l’admi-
nistration du questionnaire de perceptions maternelles (ISP ; Abidin, 1983).
Ces différentes activités permettent d’observer les interactions de l’enfant
avec sa mère et d’observer comment celle-ci partage son attention entre les
demandes de l’évaluatrice et celles de son enfant.

RÉSULTATS

Les données sont analysées à l’aide du logiciel SPSS 9 . 0. Les groupes


se distinguent au départ sur quelques variables sociodémographiques
(tableau 1) mais les analyses révèlent qu’aucune d’entre elles n’est liée au
score du Tri-de-Cartes d’attachement. L’âge des enfants (âge corrigé pour les
ATTACHEMENT DANS LE CAS DE PRÉMATURITÉ 109

prématurés), bien que non statistiquement différent selon les groupes, reste,
cliniquement, susceptible d’influencer les résultats ; il sera covarié dans les
analyses où le groupe « à terme » est impliqué.

Statut de naissance et attachement

Les résultats suggèrent une relation linéaire et continue entre le niveau


de risque et la sécurité d’attachement, les enfants nés à terme ayant un atta-
chement plus sécurisant (M = 0,36 ± 0,25) que les prématurés à faible risque
(M = 0,28 ± 0,30) et ces derniers plus que les prématurés à haut risque
(M = 0,21 ± 0,33). L’analyse de covariance indique que les prématurés (pris
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comme un seul groupe) ont un attachement significativement moins sécu-
risé que les bébés nés à terme (F(1,88) = 4,6, p < 0,05) mais que ce sont
principalement les prématurés à haut risque néonatal qui se différencient
des bébés nés à terme (F(1,89) = 5.3, p = .02). Le groupe à faible risque
n’est pas statistiquement différent des deux autres groupes. La covariable
« âge de l’enfant » n’est pas significative.

Variable modératrice

Selon Baron & Kenny (1986), pour mesurer un effet modérateur, l’effet
d’interaction doit être significatif après qu’on ait introduit la covariable et
les variables indépendantes dans un modèle de régression hiérarchique (âge
de l’enfant, groupe et adversité familiale). Une variable d’interaction signifi-
cative (groupe x adversité familiale) aurait démontré un effet modérateur
du contexte. Les résultats n’indiquent pas d’effet d’interaction, suggérant
que l’adversité familiale ne joue pas le rôle attendu de variable modératrice
(données non en tableau).

Variable médiatrice

Parmi les scores traduisant la perception de la mère (perceptions du


parent, perceptions de l’enfant), seul le facteur référant aux perceptions de
l’enfant est lié au score global d’attachement (r = – 0,26, p = 0,01) indi-
quant qu’un attachement plus grand est associé à moins de difficultés per-
çues par la mère ; il sera seul conservé dans le modèle de médiation. Pour
tester un effet de médiation, la variable indépendante doit être reliée tant
à la variable dépendante qu’à la variable médiatrice (équations 1 et 2) et
l’introduction de cette dernière dans l’équation 3 doit être significative et
réduire l’effet de la variable dépendante observé en équation 1 (Baron
& Kenny, 1986). Les régressions linéaires indépendantes indiquent
(tableau 2) que le statut de naissance (prématuré vs à terme) est relié à
110 JOSÉE LAGANIÈRE, RÉJEAN TESSIER, LINE NADEAU

l’attachement (équation 1) et aux perceptions de l’enfant (équation 2). Le


statut de naissance explique 5 % de la variance de l’attachement et 7 %
des perceptions de l’enfant : les bébés nés à terme sont plus sécurisés que
les prématurés (b = 0.29) et sont perçus plus positivement par leur mère
(b = – 0.34). Dans l’équation 3, les perceptions de l’enfant sont ajoutées
dans le modèle de régressions hiérarchiques. Elles augmentent la variance
expliquée du modèle (de 5,0 % à 9,3 %) et font disparaître la contribution
unique attribuable au statut de naissance : la valeur du bêta de la variable
« Groupe » passe de 0.288 à 0.214 et devient non significatif. Selon le
modèle de médiation, les perceptions maternelles, dont la valeur du bêta
(b = – 0,216), est significative médiatisent totalement le lien entre le statut
de naissance et l’attachement. Les perceptions de la mère ont ainsi une
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plus grande valeur, pour expliquer statistiquement la qualité de
l’attachement de l’enfant à sa mère, que le seul fait d’être né prématuré ou
à terme.

TABLEAU 2. — Régressions hiérarchiques vérifiant l’effet médiateur


des perceptions maternelles sur l’attachement mère-enfant
pour les groupes de prématurés vs à terme1

Variable Cumu-
dépendante lative R2 Prédic-
et étapes R2 change teurs sr2 b

Équation 1
Attachement
Étape 1 .000 .000 Âge de l’enfant .000 .008
Étape 2 .050* .050* Groupe .050* .288*
Équation 2
Perceptions
de l’enfant2
Étape 1 .007 .007 Âge de l’enfant .007 .085
Étape 2 .077** .070** Groupe .070** – .342**
Équation 3
Attachement
Étape 1 .000 .000 Âge de l’enfant .000 .008
Étape 2 .093* .093* Groupe .026 .214
Perceptions
de l’enfant .043* — .216*
* p < .05 ; ** p < .01.
(1) Le groupe est une variable « dummy » où le groupe prématuré est « 0 » et le groupe à
terme « 1 ».
(2) Un score élevé signifie une perception de difficulté.
ATTACHEMENT DANS LE CAS DE PRÉMATURITÉ 111

DISCUSSION

Les objectifs de cette étude étaient d’évaluer le lien entre le statut de


naissance et la relation d’attachement de l’enfant à sa mère en tenant
compte de l’effet modérateur du contexte et des perceptions maternelles
comme variables médiatrices. L’hypothèse selon laquelle le risque néonatal
est associé à un attachement moins sécurisant est confirmée tout comme
celle suggérant que les perceptions maternelles agissent comme médiateur
entre le statut de naissance et la relation d’attachement. Par ailleurs,
l’hypothèse du rôle modérateur du contexte familial est infirmée.
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Statut de naissance et attachement

Les résultats suggèrent que la prématurité expose les enfants à des diffi-
cultés dans leur développement socio-émotif et que la gravité des complica-
tions néonatales accroît les probabilités de développer un attachement insé-
curisant. Ces résultats vont à l’appui de ceux obtenus précédemment par
Mangelsdorf et al. (1996), Plunkett et al. (1986) et Wille (1991) mais vont à
l’encontre de ceux de Easterbrooks (1989), Macey et al. (1987), Rode et al.
(1981) et de Frodi & Thompson (1985). Ces deux dernières études (Rode,
Frodi, & Thompson), n’ont toutefois porté que sur des échantillons de pré-
maturés relativement en santé comparables au groupe des prématurés à
faible risque de la présente étude lesquels ne se distinguent pas non plus
des enfants nés à terme en ce qui a trait à la qualité de la relation
d’attachement.
Comment expliquer que les prématurés, particulièrement ceux à haut
risque néonatal, soient plus sujets à développer une relation d’attachement
insécurisante ? Quelques hypothèses peuvent être avancées dont une, qui
repose sur les bases mêmes de la théorie de l’attachement. Selon cette
théorie, la qualité de la relation repose en grande partie sur la sensibilité
maternelle, c’est-à-dire sur la capacité de la mère à reconnaître, interpréter
et répondre de façon rapide et appropriée aux besoins et demandes de
l’enfant ainsi que sur la réciprocité s’établissant progressivement dans leurs
échanges (Ainsworth et al., 1978). Or, les enfants prématurés décrits, dans
la littérature scientifique, comme plus difficiles à décoder, plus passifs, plus
maussades et plus difficiles à consoler (Brachfeld et al., 1980 ; Crnic et al.,
1983 ; Landry et al., 1997 ; McGehee & Eckerman, 1983, Wasserman et al.,
1985 ; Wille, 1991) et qui ont des difficultés attentionnelles et/ou motrices
(Als & Gilkerson, 1997) peuvent représenter une source de difficultés parti-
culières pour l’expression de la sensibilité des mères. On peut supposer que
ces dernières adoptent spontanément des conduites compensatoires visant à
réduire les difficultés de l’enfant, en utilisant, par exemple, des conduites
112 JOSÉE LAGANIÈRE, RÉJEAN TESSIER, LINE NADEAU

structurantes afin de permettre à ce dernier d’atteindre la qualité de com-


portements attendue chez un enfant de cet âge (Bell, 1971). Mais une
approche structurante des mères, visant une prise en charge directive dans
le but de compenser des difficultés réelles ou anticipées de l’enfant favorise,
en bout de course, le développement d’interactions non optimales où la
mère est l’initiatrice et l’enfant, le récepteur (Landry et al., 1997). Ce mode
d’interaction n’est pas inducteur d’échanges réciproques et l’enfant aurait
moins d’opportunités d’agir comme un partenaire actif propre à une rela-
tion d’attachement sécurisée.
La seconde hypothèse pour comprendre ces résultats a trait à la mesure
d’attachement utilisée. Les résultats de cette étude sont obtenus à l’aide du
Tri-de-Cartes d’attachement. À l’exception de Mangelsdorf et al. (1996) et
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de Moran et al. (1992), les chercheurs ont plutôt utilisé la Situation étran-
gère comme mesure d’attachement. Bien que ces deux mesures convergent,
statistiquement (de 20 % à 40 % de variance commune) il n’en demeure pas
moins que chacune a une large part de variance propre ce qui suggère que
la réalité mesurée par chacune réfère à des univers conceptuels sans doute
complémentaires mais distincts. Alors que la Situation étrangère est basée
sur l’observation de comportements de recherche de proximité et d’ex-
ploration dans une situation anxiogène, le Tri-de-Cartes repose sur un plus
large éventail de comportements tels la façon dont l’enfant obéit à sa mère,
comment il s’occupe dans le quotidien, jusqu’à quel point il recherche des
contacts physiques, comment il réagit à la présence d’étrangers à la maison,
quelles activités il préfère, etc. Le Tri-de-Cartes représente, plus fidèlement
que la Situation étrangère, la relation mère-enfant dans un contexte quoti-
dien de par la variabilité des comportements observés ainsi que par la
variabilité des contextes dans lesquels ils sont observés. Cette mesure a
davantage de validité écologique (externe) que la Situation étrangère. Par
contre, cette dernière est plus directement reliée à la théorie de
l’attachement en ce sens que c’est dans une situation anxiogène que se
manifestent les comportements de recherche de proximité du parent. Dans
les situations exemptes de ce caractère d’urgence l’enfant, bien que vigilant,
est plutôt centré sur la découverte et l’exploration de son environnement.
La Situation étrangère est ainsi davantage capable de faire apparaître des
comportements type d’attachement alors que la mesure par Tri-de-Cartes
représente mieux la qualité des rapports quotidiens entre mère et enfant.
Nous croyons que les observations utilisées dans la mesure du Tri-de-
Cartes décrivent un contexte d’interactions dans lequel se construit progres-
sivement la relation dont la sécurité (ou l’insécurité) se manifestera dans
une situation d’urgence, évaluée par l’enfant comme inquiétante, voire dan-
gereuse, comme dans la Situation étrangère.
À l’appui de cette hypothèse, les travaux de Mangelsdorf et al. (1996)
qui utilisent à la fois le Tri-de-Cartes et la Situation étrangère pour mesurer
la relation d’attachement tant à 14 mois qu’à 19 mois (âges corrigés). Leurs
résultats montrent que les grands prématurés de petit poids de naissance
ATTACHEMENT DANS LE CAS DE PRÉMATURITÉ 113

diffèrent des enfants nés à terme, mesurés à 14 mois par la mesure du Tri-
de-Cartes (et non à la Situation étrangère) et que cette mesure prédit, à
19 mois, des différences de groupe dans la Situation étrangère où le taux de
relations insécurisées devient plus élevé chez les prématurés à haut risque
que chez les bébés nés à terme. Ces données suggèrent que la mesure du
Tri-de-Cartes permet d’observer des difficultés dans l’évolution de la rela-
tion d’attachement à partir d’indices comportementaux qui ne sont pas
encore assez typés pour se manifester dans la Situation étrangère à 14 mois.
Ces difficultés prendraient graduellement de plus en plus d’importance au
cours de la deuxième année alors que l’enfant manifeste plus précisément
ses besoins et que la représentation qu’il a de la relation se construit plus
nettement et devient susceptible de se manifester avec plus d’intensité dans
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une situation critique comme la Situation étrangère. Cette interprétation
suggère une dimension développementale dans la mesure de la relation
d’attachement en ce sens que le Tri-de-Cartes permettrait de recueillir des
indices valides de la sécurité d’attachement alors que la relation est encore
en état d’ébauche.
Le Tri-de-Cartes, par sa plus grande validité externe et sa sensibilité au
processus de développement, semble s’imposer comme mesure de la relation
d’attachement chez des populations d’enfants ayant des limites fonctionnel-
les. La variabilité inter- et intragroupe des scores obtenus dans cette étude
confirme la capacité de la mesure de produire des résultats nuancés en fonc-
tion du risque à la naissance et des conditions de vie particulières associées
à ce risque. Nos résultats suggèrent toutefois que l’âge et le développement
des enfants peuvent être des facteurs déterminants dans les résultats obte-
nus et que le Tri-de-Cartes est avant tout une mesure sensible au contexte
relationnel en général plutôt qu’une mesure de conduites type d’atta-
chement. Des travaux supplémentaires seront toutefois nécessaires pour
reproduire ces résultats avec davantage de puissance statistique.

Le rôle médiateur des perceptions maternelles

L’hypothèse selon laquelle les perceptions maternelles agissent comme


variable médiatrice est confirmée et la procédure statistique employée per-
met deux interprétations. D’une part, les mères de prématurés perçoivent
leur enfant comme plus difficile que les mères d’enfants nés à terme. Ces
résultats soutiennent ceux démontrant que les enfants à risque sur le plan
biologique sont perçus par leur mère comme étant plus difficiles et repré-
sentant une source de stress parental plus importante que des enfants nés à
terme et en santé (Goldberg et al., 1990 ; Moran et al., 1992). Dans cette
étude, les mères perçoivent les prématurés comme ayant des difficultés à
s’adapter aux changements, comme étant plus distraits, plus exigeants et
d’humeur difficile. Ces perceptions correspondent étroitement aux évalua-
tions rapportées dans la littérature selon lesquelles les enfants prématurés
114 JOSÉE LAGANIÈRE, RÉJEAN TESSIER, LINE NADEAU

s’adaptent difficilement d’une tâche à une autre (Garner, Landry,


& Richardson, 1991 ; Landry & Chapieski, 1988), qu’ils présentent des défi-
cits attentionnels (Als & Gilkerson, 1997), qu’ils sont plus irritables et plus
maussades que les bébés nés à terme (Crnic et al., 1983 ; Patteson & Bar-
nard, 1990).
D’autre part, et c’est là l’aspect nouveau de ces résultats, la variance
dans les perceptions des mères des difficultés de leur enfant, qu’il soit pré-
maturé ou non, nous permet de mieux comprendre un des processus par
lequel s’établit la relation d’attachement de l’enfant à sa mère. Les percep-
tions servent de « filtre » (variable médiatrice) dans l’établissement de la
relation et les perceptions plus négatives par les mères d’enfant prématuré
risquent de faire évoluer le contexte relationnel dans une direction non
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optimale où la mère s’efforce de gérer les difficultés perçues de l’enfant pen-
dant que ce dernier développe une représentation de « bénéficiaire » de la
relation. Dans ce contexte, les enfants développeraient un faible sentiment
de contrôle sur leur environnement et auraient moins tendance à expéri-
menter des comportements actifs de recherche de sécurité lors de situations
anxiogènes. Des travaux complémentaires seront nécessaires pour identifier
la nature des déficits qui, chez les enfants, influencent le jugement maternel
mais nos résultats suggèrent que ces jugements se maintiennent au-delà
de la première année et qu’ils sont reliés à la sécurité d’attachement de
l’enfant. Ce résultat peut être utile pour la planification d’un programme
d’intervention. Si un changement de perception était suffisant pour modi-
fier l’évolution d’une relation d’attachement, ce serait une contribution
déterminante pour le développement de ces enfants. Les travaux recensés
dans la méta-analyse de Van IJzendoorn (1995) indiquent à cet égard que
des interventions ciblées auprès de dyades mère-enfant sont susceptibles de
modifier, bien que modestement, la relation d’attachement de l’enfant. Nos
résultats vont dans cette direction et suggèrent que la perception maternelle
peut être une cible déterminante dans un programme visant à influencer
l’évolution de la relation d’attachement de l’enfant prématuré à sa mère.
En conclusion, cette étude a démontré un lien entre une naissance préma-
turée à haut risque biologique et le développement d’une relation insécurisée
entre l’enfant et sa mère. Elle a mis en lumière deux aspects méthodologiques
qui semblent déterminants soit le choix de la mesure d’attachement et le rôle
médiateur des perceptions de la mère vis-à-vis son enfant prématuré. Un
débat reste à faire quant à ce que mesure exactement le Tri-de-Cartes en
regard de la théorie de l’attachement. Nous suggérons qu’il s’agit avant tout
d’une mesure de l’environnement relationnel à partir duquel le jeune enfant
va se construire une représentation interne de sa relation avec son parent. En
ce sens, il s’agirait d’une mesure de contexte d’attachement plutôt qu’une
mesure de conduites d’attachement. Suivant cette interprétation, les résultats
de cette étude nous informent que les enfants nés prématurément vivent, au
cours de leur première année, dans un contexte moins propice à développer
une relation d’attachement sécurisante que les enfants nés à terme.
ATTACHEMENT DANS LE CAS DE PRÉMATURITÉ 115

Note : Les auteurs désirent remercier les mères et les enfants qui ont participé à cette
recherche. Ils désirent également remercier Annie Fraser pour son aide inestimable lors de la
cueillette des données. Cette recherche été réalisée grâce à l’aide financière du Conseil québé-
cois de la recherche sociale (CQRS) et du Centre de recherche du pavillon Saint-François
d’Assise du Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ).

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© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 21/03/2023 sur www.cairn.info via Aix-Marseille Université (IP: 139.124.244.81)

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