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V
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A PARIS,
'
^Guillaume de Luynes, Libraire Juré, dans
' V' la Salle des Merciers, au Palais,.^'
l’Enfeigne de la Juftice.
£
Pont S.Michel, au bon Protecteur*
!
'
ET .• jÉ.
au grand Navire\
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MONSEIGNEUR
^^^mOT^SETGN£V^, '•£.>
L’union que Dieu a établir entre la
Juftfce & la Mérité y me donne Uhar-
dieffe de frèfenter mon ouvrage a Vôtbîe
'Gran'beùr. Quelque égalité que câte
timon fembh mettre entre' elles , l'ordre
de la S'agcffc éternelle a voulu cfue
. U
Vérité fat fout la protell ion de Ujufti.
À Ce
. -
,
E P I TR £.
ce & que une étant naturelLemerit tou-
i l'
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famé fe prunier Afiniftre de lafitftiw:
que le Roy a reçue de Dieu four être
dtftribuée aux Peuples : je ferais prefque
affez. h^M four regardereJM Defcartes
.
•
la V
crise que Dieu nu Peint révélée, &
dont il a bien vojul u abandonner la re-
cherche &
la difcuffion aux Hommes*
Si M, Defcartes avoit été affez. heu-
reux pour rétablir la vraye Philofophie
par les foins qu il a pris toute, fa vie de •
e pitre;
hommes. Il avait reçu de ‘Dieuuiï
'des
Amour •violent pour cette Pente . Cet a.
mour fe trouvant accompagné de toute
la droiture du fens &
de toute ht finceritê
du cœur que put fouhaiter , luy avait
l'on
fait pourfuivre cette P
éritè par tout ou
U s était douté qu'il pourroit la décou-
vrir , Et s'il fallait juger du fttccés de
fi 5 travaux par T excellence des talent
qu'il y a empiriez, nous aurions dequoi
raifèmablcment préfumer que Cette Pe-
tite fe ferait enfin prefentée d luy fans,
dèguifement
Mais P expérience de fa propre foi-
hleffe lui avant perfuadé 3 que Dieu, qui
donne gratuitement la cormoiffance des
Veritez fur naturelle s par la révélation,,
ne s'engage pas toujours a recomposer
delà même maniéré les travaux que Von.
effuie dans la recherche des Veritez na-
turelles : il a tâché de fatisfairi au moins
de fa fidelité &
défia perfeverance. 'Ont
Maîtrefe telle que la Vérité ne pouvoit
être mieux fer vie qu avec ces deux qua*
liiez , fur tout lorfqtte P on confidere que
MéDefcartes joignoit les fentimtns du
cœur avec les rdijbnnemens de l'efprit
pour U
reconnaître.
A- iiij Ce
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,
£ P IT R E!
Ce font Jà, MONSEfGMEVTtJ
les motifs de la confiance avec laquelle
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EPI T RE.
il a voulu joindre en vous fa puifiance a\
fo» eflime ,
par l'intérêt qu'il avait de
rendre fes fujets heureux.
La part que j'ai a cettefélicitégénéra-
it) & les jujles rejfentimens des hontez. \
MONSEIGNEVR , »
i
;
De V&tre Gràndïur* .
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AVERTISSEMENT.
E ne me pis contenté de fuivre dans
fuis
cet Abrégé que je m’étois preferit
l’ordre
J
&
dans l’hiftoirede la vie de M. Defcartes,
d’en obfcrver l’crconomie dans la meme
divifion des livres &
des chapitres. Je me fuis
encore aÛujetti autant que j’ai pu à ne le
compofer que des mêmes expreffions afin ,
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SOMMAIRE DE CE QV1 EST.
contenu dans V Abrégé de U Vie
de M, Defcartes.
LIVRE PREMIER,,
Depuis L’an 15 96 ]ufqu‘en 1619.
Livre fécond.
'Depuis 1619 jufquen 1619.
I
. TL entre eu quartier d’hiver. Sa folitude. Il tache
* le fe défaire de fes préjugez. Ses peines ôc fcs
embarras fur ce fujet. 11. Recherche des Frères
de la
Rofc-Croîx. 11 va en Scüabe Sc conaoît Faulhaber. U
•
fe trou»
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,
Sommaire.
*e trouve au fiége de Prague, nt. Il pafle en Hon-
grie smais il ne ferc pas contre les Turcs, ïv. il
*enonceàla pr jfeiTiondes armes. Sesvoiages dans le
Nord. Il court rifquc de la vie. v. Il revient dans
fon pays. Il va à Paris. Il détruit la calomnie qui
le faifoit pafler pour Rofe-ctoix. vi. Ses inquiétudes
fur un genre de vie. Il renonce aux Mathématiques 8c
à la Phyfique. Etude d'une Mathématique univerfelle.
Il embrafle la Morale ÔC reprend la Phyfique- Il va en
Bretagne ÔC en Poitou ; il vend fa terre, vit. Son
voiage dTtalie, vnt. Son retour en France, ix. Il
levient demeuru à Paris fa maniéré de vivre. Ma-
:
Livre troifiéme.
Depuis 1615 jufqu'en 1637-
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Sommaire:
'
Livre quatrième.
Depuis U )7 jufqu'en 638 1 .
de A7. de Fermât, x, M
de Fermât fait fa paix'avec
M. Defcartes ôc devient fon amy avec M. Pafcal,-
M. Rohaut ôc Af. Clerfelier achèvent de convaincre
M. de Fermât, xiôcxit. Difputes avec M. Petit,,
avec Af. Morin, avec M. de Beaugrand* Son petit
•
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-
Sommaire.
Livre cinquième.
Depuis i 6}8 jufqu 'en 1641.
Livre fixiéme..
Depuis 1641 \ufquen 1644.
ïiT)UE»lication de fes Méditations métaphyfiques. 11»
M Abtcgé de ce quelles cemicnnent. Aianicre dont '<
1
Sommaire.
telles font écrites. Premières Objections, ni. Se*
conJes Objections. Troifiémes Objections p.u moi*-
fieur Hobbes. Autres Objections de Monneur Hob-
bes. iv, 'Quatrièmes Objections par m. Arnaud.
Eftime ôC amitié de m. Defcartes pour ce DoCteur. v.
Cinquièmes Objections par m, Gallcndi. Origine de la
broüillerie de m. Gaflendi avec m. Defcartes., Sixiè-
mes Objections. vi. Voetius devient Reétcur de T ü-
uiverfitè. il fefettde fon aucorjté pour détruire Re.
gius ÔC M. Defcartes. Théfes de Regius. Thefes de
Voetius contre Regius, vu. Tempête^ excitée contre
Regius. Avis de m. Defcartes à Regius. Voetius fait
condamner la Philofophie nouvelle, vin. Sentimens
favorables des Peres de KOratoirc 6c des Jefuites pour
la Philofophie de m, Defcartes. Le Pcre Bourdin écrit
contre les méditations. Hilloire des leptiémes Objec-
tions. ix. M. Defcartes demeure à Eyndegeeft ; ou Sor-
hiére fait connoiflance avec lui. Regius 8t Picot fe
voient à Eyndegeeft, M, le Duc de Luincs 6c M Clerfe.
lier traduifent les Méditations, x ÔC xi. Livre de Voe.
tins ÔC de SchocKtus contre M. Defcartes : ÔC contre
la confrérie de N- D. de Bofleduc. Réponfe de M-Def.
cartes. Procedures d’Utrccbc cétre M. Defcartes. ichooc-
Kiuseft cité à Groningue. xn 6c xn i. Libelle nou.
veau de Voetius. lnflances ou Répliqué de M. Gaflendi
à la réponfe de M Defcartes. Sorbiere les brouille en-
fçmhle. xtv. Traduction latine des Eflais par EU. de
Co’ircelles, Voiage de M. Defcartes en France. Il va
en Bretagne 6C en Poitou.
Livre feptiéme.
Depuis 1644 jufqu'en 1650.
i ÔC xi. T} Dition
des Principes de fa Philofophie. Eli-
Xlizabeth Princeffe Palatine difciplc de M.
Defcartes. m.Son féjour à Paris où il voidfesamis.
tv. 6c v. Il fe retire à Egrnond. Il fait terminer fon
procès de Grcnin*ue , 6c Unit avec Voetius à TJtrecht.
vi.M»Gaflendi refufe d'écrire contte lesPrincipcs de M;
Defcartes. Hcerebcord enfeigne le Cartehanifme à
Zxydc. S chifme ÔC ingratitude de Regius. vu. Traité
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X
Sommaire.
tîcsAnitmüx pillé par Regius.Etudes &
Traitez d'Ana-
tomie.Queftions fur la quadrature du cercle. M.Defcar-
tes vuid M.Chanut èc M.Porlier dAmfterdam.il fait
fa Réponfe aux lnftancesde M.Gaflcndi,5c une ébauche
de l'on traité des pallions de l’arae. vtn. Difputes
avec M, de Rober val fur les Vibrations , 8cc. Com-
merce dcPhilofophie morale avec la PrinceflcElifabeth.
Il défavoue Regius &
fon livre, ix. LiaifondeM.
Defcaries avec M. de Hcogheland. Difperfion de fes
amis de la Haye à la retraite de 1 Princefle Elizabeth.
.
Livre huitième.
Contenant les qualitetjle fon corps &
de fon e/prit- S
maniéré de vivre avec Dieu &
avec les hommes.
I. COn corps. Son régime. Sa famé. it. SjndomeC.
v^cique. Son def-intereflement pour les biens de la
. . . . fortune*
Stnnmàire.
fortune, nr: Sa vie retirée. Mépris de la gtotrPi-
Ses habitudes d’écrire & de lire.Son ftile. tv. Son
efprit, fa mémoire. Ton jugement, fon amour pour la
.
*•
ABREGE’
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LIVRE PREMIER, * r
»
meilleures de la Tou-
^ s
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de M . Defcartes.
tagnei^ après s’être fait poùrvoir d’une
Liv. I.
' r
*
charge de Confeillec au Parlement de
Rennes le 14 de Février 1 par la
refignation d'Emery Regnauld. Il épou-
(à enfuire par contrat du 15 de Janvier
1589 Jeanne Brochant fille du Lieu-
tenant general de Poitiers, qui lui don-
na trois enfans dans Je peu
de temps
qu’elle eut à vivre avec lui. L’aîné ap-
pellé Pierre Defcartes fieur de la
Bretailliere Confeiller au Parlement de
Bretagne étoit pere de Monfiepr Def-
cartes * fieur de Kerleau qui elt main-
•
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.'4 Æregéde U Vie
wâiïTancc, hors des regiftres bapti&éflsi
* de: fa parodie ,
& des archives généa-
logiques de fa maifon. Sa-raifon étoie,
J
qn il avoir averjîon
f our les faifeurs
"êfhorofcopt ,à l'erreur defquels il ferré-
ble 'que foré contribue quand en publie
la natjfance de quelqu'un. Mais c’eft
moins une raifon qu’un prétexte qu’il
alleguoic à ceux qui voûtaient emploier
cette circon fiance pour le faire connoi-
___ tte au Public.
III. Il reçut le Baptême ïe troifiéme
Sa» £*/>-jour d’Avril fuivant, dans l'Eglife p.u-
Umt ‘
S.George de la H»ye:&
roiÆïale de lui m
fit porter le furnom du Perron qui écoit
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de M. Defartes. Liv. I.
j
Les foins du pere purent bien ga- 1^96
nantir l’enfant des inconveniens que
l’on dévoie craindre de la privation de
la mere : mais ils ne purent le fauves e tatik
des infirmitez qui accompagnèrent la fa fanu *
mauvailè fanté qu’il avoir apportée en
venant au monde. Il avoit hérité
de fa mere une toux féche & une cou-
leur pâle qu’il garda jufqu’à l’âge
de plus de vingt ans : & tous les Mé-
decins qui le voîoient avant ce temps-,
là le condamnoient à mourir jeune;
Mais parmi ces premières difgraces il
reçût un avantage dont il s’eft fouve-
nu toute fa vie \ c’eft celui d’avoir été
confié à une Nourriffe qui n’oublia rien
de ce que fes devoirs pouvoient exiger
d’elle. C’eft ce qu’il fçût geneteufèment
reconnoître par une penfion viagère
qu’il lui fit pour le refte de fes jours,
dés qu’il fe vid en état de polîeder quel-
que bien.
. La mort de
. fa mere contribua beaiü-
Stc °*L
coup
1
à détacher fon pere des habituw
, „ F
des qu il avoit en Poitou r & des in^
, mariât*
de fon
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r
6 , . . Âhregé de IdV'ië '
V -
:
quelqu'une des maifons ou des terres
qu'il
y polledoit Iuy avoir plû juf-
ques.lai il &
y alloit volontiers paf-
fer le temps que le fervice femeilre
du Parlement lui laifîoit libre. Mais il
Te. reduifit entièrement à la Bretagne
peu d’années après, il
y fixa le refte &
de là vie par un nouveau mariage qu’il
y contra&a avec Anne Morin fille du
premier Prefident de la Chambre des
. Comptes à Nantes. Il en eut un gar-
çon & une fille. Le garçon fut Con-
feiller au Parlement, feigneur deCha-
r
Les soins de cette nouvelle fa-
mille ne firent point diverfion à ceux
j
que Joachim Defcartes devoit à (on fils
fens.
La foi-
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de M. Dejcartes. Liv.I. 7
* de fa complexion ,
T*a foibleffe & rj
Fincon fiance de fa fan té l’obligèrent à
le laiflèr long-temps fous la conduite
des femmes. Mais dans le temps qu’on
ne travailloit qu’àluy former le corps 9
& à luy acquérir de l’en-bon- point , iL
donnoit des marques prefque conti- \
nuelles de la beauté de fon génie. Il fie
pàroître au milieu de fes inficmitez des
difpofitions fi heureufos pour l’étude*
que fon pere ne pût s’empêcher de luy
procurer les premiers exercices qui
convenoient au defiein qu’il avoir de*
cultiver ce fonds, malgré la réfolutioti . .
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S 'Abrégé de U Vie
16 °4 veur des Jefuites. Il l’y mit en penfion
~ après l’hyver de l’an 1604. , le re- &
commanda particulièrement aux foins
du P. Charlet (on parent. Ce Pere
.qui fut long-temps Reéteur de ce col-
lège , avant que de palier aux premiers
emplois de la Compagnie, conçût une
afteélion fi tendre pour le jeune Def-
c:irtes-du~Perron 9 qu’il voulut fe char-
• ger de tous les foins qui regardoient
le corps auflï-bien que l’efprir. Il luy
tint lieu de Pere ôc de Gouvernent
pendant ht tic ans ôc plus qu'il demeura
dans le collège : Ôc luy donna pour
Prefet particulier le P. Dinet qui fut
depuis Provincial & Confeffeur de nos
Rois. L’un & le jeune
l’autre voïant
Ecolier allez lerfible à toutes leurs
bontez, ne tardèrent point de jorndre
Peftime à l’afl-edb on Ôc après avoir été
:
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de M. T)ejcartes. Liv.I.
9
fera queftion de le diftinguer dans là 1604
parenté , avoit apporté en venant aq -a
•] /
3 &
dé i* tout ouvert ;
il répondit
toujours avantageufemenc
anx intentions de fon Pere
aux foins &
e Tes Maîtres. Dans tout
le cours de
les Humanitez qui foc
de cinq ans
demi, on n’apperçût en Iny
&
aucune af-
fectation de hngularité
, linon celle que
pouvoit produire l’émulation
avec la-
quelle il fè piquoit de laifïèr
derrière
luy ceux de les compagnons
qui paC
loient les autres. Aiant un
bon naturel
avec une humeur facile accommodan- &
te , il ne foc jamais gêné dans la
fou.
mifîîon qu’il avoir pour la
volonté de
les Maîtres : & l’affiduicé qu’il
appor-
toit à fes devoirs
de clalîe de cham- &
bre luy coûtoic rien.
11e
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10 jibregé de la Vie
1604. ne pourroient fe l’imaginer ceux qui
:
ne le confidérent que comme un Phi-
lofophe qui auroit renoncé à la baga--
telle. Il avoit même du talent
pour la
Pôëfie &
il a fait voir qu’il n
en igno-
;
couru
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•
de
couru,
M .
nous
Défîmes. Liv.l.
l’en croions, tous les
n
« 1604
——
fi
J ^
B iij
' fans
w *
Digîtized by Googl
,
Ahcgéde la rie
lêï0 doute ceux
.
connut à la Flè-
qu’il
che. Mais outre Rent le Clerc qui
fut depuis Eveque de
Glandéves , 8c le
heur Chauveau de Melun qui de-
,
vint enfuite grand
Mathématicien Sc
zele Cartéfîen nous ne connoiflons
,
plus de ces premiers temps
que le P».
A4 arin Merfetwe Minime qui apafle-
parmi le monde fçavant pour le
Refi-
dent de M. Delcartes à Paris y
& pour le Doien de fes amis & de fês
feétuteurs quoiqu’il fôt de prés de huit
,
ans plus âgé que iuy
, 8c qu’il fût en
Rhétorique lorfque celuv-cv
commen-
çoit la Grammaire.. ‘
t .l'Z
r '
. ,
M
- De ca rccs
J'
écoit dans la pre-
meurde miere annee de fon cours
de Philo'o
ÏÏZ u PWe . lorf.jue la nouvelle de la
du Roy tue le vendredy
££
iv de May 1610
ht cefler les exercices du
collège. Ce
bon Prince en donnant fa
maifon de la-
Flèche aux Jefuites avoit
fouhaité
, que
fon cœur
les fuccefïeurs
, celuy de la Reine , & de
y fulTenc portez après
leur mort, 8c gardez
dans leur Eglile.
De forte que le temps qui
s’écoula de-
puis cette funefte nouvelle
jufqu’aa
tranfport du cœur du
Roy à la Flèche
fut
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de.M'.DeJcartes Liv. . I.. 15
fat emploie dans le collège à des prie- 161&
res publiques ,
àdes compofitions funé-
bres de vers tk de profe ,
tk aux pré-
paratifs de la réception de ce depoft.-
Elle fefitle iv de juin avec beaucoup de
cérémonie : &
il fut réglé dans l'hôtel
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4
14 Abrégé de la Vie
ï6io voir qu’à expliquer aux autres celles
,
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de M . Dejcartes LivJ. .
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, ,
•
i£ Abrégé de la Vie
ttyfiqne.
au }j eu £j e cette connoifance claire ér
ajfurée de tout ce qui ef utile à la vie ,
qu’on luy avoit fait efperer de fes étu-
des. Plus il avancoit plus il découvroic
,
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1
de M.Defcdrtes. Liv.I. 17
douteufe. Toute l’eftirae qu'il pouvoit Iéll
avoir pour Tes Maîtres ne luy donnoit
point la prefomption d’efperer qu’il pût
rencontrer mieux que les autres. Con-
fideranc la diverfité des opinions fou-
tenues par des perfonnes doétes tou-
chant une même matière ,
fans qu’il
y
en puilïe avoir jamais plus d’une qui
Toit vraye s’accoûtumoit déjà à re-
, il
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i3 jéhregê de la *7e
dre de fe conduire luy - mefme.
^ ll
Malgré les ohftæles qui arrétoient
"
fm eiprit durant le cours de fà Fhilofo-
Etud, t
Mut ht -
t
1
hig
.
*
j] fallut finir cette carrière en
,
Digiiized by Google
âe M. Defcartes. Liv.î. ï?
1
fonc auteur de cette efpéce d’Algébre
qu’ils appellent la clef de tous les Arts
liberaux & de toutes les Sciences , 8c
qu’ils eftiment être la meilleure mé- v
, &
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\
* A s
* jr . , < t
20 1Abrégé de la Fie
de ce q Ue fon efprit a produit de plus
**’ 1
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de M. Défîmes. Liv. I. îî
duifoient ,
félon luy ,
qu’à des embar-
ras à des doutes ,
,
&
à des peines d’ef-
prir. Les lauriers dont fes Maîtres l’a-
voient couronné pour le diftinguer da
refte de fes compagnons ne luy pa-
rurent que des épines.-
Pour ne pas entièrement démentir le
jugement desconnoiffeurs de ces temps-
là , on ne devroit pas nier qu’il eût
mérité , tout jeune qu’il écoir, le rang
que le Public luy donnoit dés-lors par-
mi les doétes 8c les habiles gens du-
fiecle. Mais, jamais il ne fut plus dan-
gereux de prodiguer la qualité de Sça *
•oant. Car il ne fe contenta pas de re-
jetter cette qualité qu’on luy avoir
donnée mais voulant juger des autres''
:
Livret &
libérations > q u ’il renonça aux
cuxZen- Livres dés l’an 1615 , qu’il fe défit en-
«s, à- fièrement
&
de l’étude des Lettres. Pat
wrquoi.
efpéce d’abandon ,
il fembloit
imiter la plufpart des jeunes gens
de qualité ,
qui 11’ont pas befoin
d’étude pour fubfifter , ou pour s’avan-
cer dans le monde. Mais il y a cette
différence que ceux-cy en difant adieu
,
aux livres ,
ne longent qu’à fecoüer un
joug que le collège leur avoit rendu
infupportable : au lieu que M,Defcar-
tes n’a congédié les livres pour lef.
quels il étoit très paffionné d’ailleurs,
que parce qu’il n'y trouvoit pas ce qu’il
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de Mr Defcartes* Liv.ï. 2.3
très qui n'avoient fen omis de ce qui j^î|
dépendoit d'eux pour le fatisfaire , il ne »*«i
fè croïoit pourtant pas redevable à Tes
études de ce qu’il a fait dans la fuite
pour la recherche de la vérité dans les
Arts &c les Sciences. Il ne .fàifoit pas
difficulté de dire à fes amis que quand
fon Pere ne l’auroit pas fait étudier , il
n’auroit pas laille d’écrire en nôtre lan-
gue les mêmes chofes qu’il a écrites en
•Latin.
Il passa l’hy ver de la fin de 1611
& du commencement de 1613 dans la ^„fej 0 û9
ville de Rennes à revoir fa famille , *
à monter à cheval , à faire des armes, p^àriû
& à d’autres exercices convenables à
là condition. On
peut juger par fon
petit traité d’Efcrimes’il
y perdit en-
tièrement fon temps.
Son pere qui avoit déjà fait prendre
le parti de la Robe à fon aîné , fem-
bloit le deftinet au fervice du Roy &
de l'Etat dans les armées. Mais fon
peu d’âge , &
la foiblefie de fa com-
>lexion ne luy permettoient pas de
{’expofer fi- tôt aux travaux de la guer-
re. Il crûc qu’il feroit bon de luy faire
voir le grand monde auparavant. C’eft
Ç5
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.
14 Abrégé de la V/^
ce qui le fie refoudre à l’envoïer à Paris-
vers le printems. Mais il fit peut-être
une faute de l’abandonner à fa propre
conduite, fans luy donner d’autre gou-
verneur qu’un valet de chambre , ni'
d’autres infpe&eurs que des laquais. 11
r Son
en eut allez pour fe garantir des
Il
o’Jt-
VCté. grandes débauches ,
pour ne pas &
tomber dans les defbrdres de l’intempe-
rance : mais il ne fe trouva point à
l’épreuve des compagnies qui rentrai-
nerent aux promenades ,au jeu, & aux
autres divettiflerpens qui palfent dans
lé monde pour indiflèrens. Ce qui con-
tribua à le rendre plus particulièrement
attaché au jeu ,
fut le fuccés avec le-
quel i! réüfEfoit fur tout dans ceux
y ,
qui dépendent plus de l’induftrie que
ou hazard..
Mais ce qu’il fit de moins inutile
durant tout ce temps d’oifiveté fut la
connoifTance qu’il renouvella avec di-
verfes
,
Je M . T>ejcartes.
verfes perfonnes qu’il avoit vuc-s
Liv.I.
à
zj
la
Flèche, & l’amitié qu’il contra £fca avec —
quelques gens de merie, qui fer virent
à le faire un peu revenir de ce grand
éloignement ou il étoit pour l’étude
& les livres.
Le plus importanr de ces nouveaux Amit
lf
amis fut célébré Claude Afydorge, Mjdor&H
le
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Ae M.
Defcartes. Liv.I. %j
ferma avec un ou deux domeftiques
g
feulement fans en avertir fes amis ni
fès parens. Etant ainfi rentré dans le
goût de l’étude , il s’enfonça dans celle
des Mathématiques aufquelles il donna
tout ce grand loifir qu’il venoit de fe
procurer , &
qui fut de prés de deux ans.
Ceux de fes amis qui ne fervoient
qu’aux palfetemps & aux parties de di-
vertilfement ,
s’ennuicrent bien-toft de
ne le plus revoir. Ils le cherchèrent inu-
tilement dans la Ville, à la Cour, & dans
fa Province. Il avoit eu la prudence au
.commencement de fa retraite ,
de fè.pré-
cautionner contre les hazards de la ren-
contre ,
pour ne pas tomber entre les
mains de ces Facheux,lorfqu’il étoit obli-
gé de (brtir pour fes befoins. La choie
ne luyreüilit point mal pendant prés
de deux ans. Mais il fe repofa dans la
fuite avec un peu trop d’aflùrance fur le
bon- heur de (a folitude: & ne veillant
plus fur fa route &
fes détours avec la
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,
9.8
'
jibregê delà V/>*
en coûta la liberté à M. Defcartes,
Il
r pour ne rien dire de plus. L’ami fît fi
Il tfi dé.
bien par fes vifites réitérées 8c par Tes
couvert importunitez qu’il vint about de trou-
& inter -
,
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de M; D ejcaries. Liv.I. 29
, Ne pouvant plus efperer des 1617
Importuns de Ton âge & de fa qualité,
la liberté de rentrer dans fa retraite ou
IX.
J L -ua. ett
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36 jflregé de la Vie
Ï6 les accidens de la vie. Afin de n’êtré
— 17
— gêné par aucune force fuperieure , il re-
nonça d’abord à toute charge & à tout
engagement ; & il s’entretint toûjouts
à fes dépens. Mais pour garder la forme,
il fallut recevoir au moins une fois la
lea
.
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cle M. Defcartes • Liv.I. 31
le propcfer aux fçavans , & endeman- 1617
der la folution. .M. Defcartes voiantle à
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$L Abrégé de Vie U
if * >1 7 Viéte en avoic apporté autrefois pour
refoudre en moins de trois heures le
fameux problème qu’ Adrien Romain
avoit propofé à tous les Mathémati-
ciens de la terre. Pour ne point man*
quer à fa parole , il alla dés le lende-
main chez BeecKman , luy porta la lo-
lution du problème , ôc s’offrit même
à luy en donner la confttu&ion , s’il
la louhaitoit. Beeckman parut fort fur-
pris mais fon étonnement augmenta
:
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de Ad. Defcartes. Liv.I. 33
<îe ,
comme il l’avoit fouhaité.
Pendant que le Comte Maurice «
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.
34 jibrtgé de la Vie.
VîiS honnête de vouloir acquérir de la répuf
ration au préjudice de la vérité.
Ses amis ne purent le faire confen-
fir à la publication de c.e petit traité,
,
tant qu’il fut aumonde. Ses ennemis
en ayant recouvré une copie aflez dé-
feétueufe cherchèrent à fe vanger de luy
par la publication qu’ils en firent in-
continent après fa mort. Mais ils tra-
vaillèrent à leur propre confufion ; &
loin de des-honorep fa mémoire , ils lui
Mathématiques, &
luy propofer des
ljueftions.i refoudre. M, Defcartesn’en
» », demeura •
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de M . Dejcartes. Liv.I. 3 5
dfemeura pas aux réponfes qu’il luy fie. rfrS
*
Il compola encore divers petits ouvra-
ges qui auraient été d’excellens garans
du bon employ de Ton temps , s’il leur
1 avoir lailTé voir le jonr. C’eft dans ces
ouvrages de fa jeunetfe que Ton a trou-
vé fon fentiment de l’ame des Bêtes oW
des Automates 3 Vingt ans avant que d’a-
Voir publié fon principe touchant la
diftinétion de la fubftance qui penfe,
& de la fubftance étendue. Il n’avoit
encore lu à cet âge ni S. Auguftin , ni
Pereira , ni aucun autre auteur capable
de luy donner des ouvertures fur ce
fentiment. Il paraît même qu’il ne vid
jamais de fa vie le livre de Pereira ; <Sc
que ce fut de fes amis & de fes envieux
qu’il apprit en 1641 ce que l’on trou-
• voit de fembiable entre fon opinion 6c
celle de cet Efpagnol.
Cependant M. Defcartes ne trou-
•vant pas fous le Prince d’Orange cette
variété d’occupations qu’il s’étoit pro-
‘fniïe en quittant la France ,
cherchoit
l'occafion de fortir des pais-bas pour fer-
vir ailleurs. Les nouvelles qu’on avoit
apportées àBfeda des grands mouvemens
derÀUemagne réveillerept la curiofiré
Ç ii) qu’il
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36 Abrégé de U Vie
Ï 6 i^ qu’il avoir de fe rendre fpeétateur de
* — "
tout ce qui fè palTèroit de plus confiée-
rable dans l’Europe. On parloir d’un
nouvel Empereur ; on parloir de la ré-
volté des états de Bohême contre leur
Roy } & d’une guerre allumée entre les
Catholiques & les Proteftansà cefujer*
M. Defcarres voulant quitter la Hollan-
de , prit pour prétexte le peu d’éxercice
que luy j>roc{uifoit la fufpenfion d’ar-
mes qui du Prin-
etoit entre les troupes
ce d’Orange St celles du Marquis de
&
Spinola } qui devoir durer encore deux
ans félon les conventions de la trêve. Sa
refolution étoit de pafler en Allemagne
pour fervirdans les armées Catholiques;
mais avant que de fe déterminer à au-
cun engagement , il voulut aflifter au
couronnement du nouvel Empereur qui
devoir fe faire dans la ville de Francford.
XIT. Il partit de Breda au mois de
i it*Û* Juillet de l’an 1619 pour fe rendre à
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de Ad. Defcdrtes. Liv.I. 37
feur Jean Schvvichard avoit cité les au-
très Ele&eursde l’Empire félon les for-
mes accoutumées , & les avoit fommez
— \6\cT
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3S jihregê de U P^ie
îéîp
délibérait du parti qu’il avoit à prendre^
•—— Iorfqu'il apprit que le Duc de Bavière
iüfïld ^evo i c des troupes. Cette nouvelle luy
troupes fit naître le deüein de s’y mettre , (ans
fç av °i r précifement contre quel enne-
IsJviirt-
mi eRo dévoient marcher. Tout ce qu’it
en fçavoit fe reduifoit à ne pas ignoref
le bruit que faifoient les troubles de
Bohême par toute l’Allemagne. Com-
me il fe loucioit peu d’entrer dans les
interdis des Etats & des Princes fous
Ja domination desquels la providence ne
l’a voit pas (ait naître ,
il ne précendoit
pas porter le moufquet pour avancer
tes affaires des uns , ni pour détruire
celles des aurres. Il fe mit donc dans les
troupes Bavaroifes comme (impie Vo-
lontaire fans vouloir prendre d’employ :
& l’on publioit alors , mais en general
qu’elles étoient deftinées contre le bâ-
tard de Mansfeld , 8c les autres gene-
raux des révoltez de Bohême. Mais le
Duc de Bavière fit connoître peu de
temps après qu’elles dévoient marcher
contre l’Ele&eur Palatin Frédéric V ,
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M
. De/cartes.
de Liv.II. 39
1619
I que l'on vouloir exclure de cette
I.
livre second,
D épais 1 619 jftfqhen 1
M
de
*
fervir
Des-cart&s
autrement fous
n’aiant pas delfein
le Duc
fous le Prince
de
I.
Il entre
.
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40 Abrégé de U Vit
r
fées. Ce que des pré-
n’étoient d’abord
^ 9 ludes d’imagination il ne devint : &
hardi que par degrez, en paflant d’une
penfée à une autre , à mefure qu’il fen-
toit augmenter le plaifir que fonefpric
trouvoit dans leur enchaînement. Une
de celles qui fe prefènterent à luy des
premières ,
fut de confiderer qu’il ne fe
trouve point tant de perfeétion dans les
ouvrages compofezde plufieurs pièces,
&faits de la main de divers maîtres-,
que dans ceux- aufquels un feul a tra-
vaillé. Il luy fataifé de trouver dequoy
foutenir cette penfée , non feulement
-dansées arts où l’on remarque la diffi-
culté qu’il
y a de faire quelque chofe
d’accompli en ne travaillant qqe fur
l’ouvrage d’autruy; mais même dansda *
.
police qui regarde gouvernement des' le
peuples , &
dans l’écablilTèment de la
religion qui eft l’ouvrage de Dieu feul.
Il appliqua enfuice cette penfée aux
* nflil
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de lA- DeJcartes. Liv.II. 41
peu des opinions de divers particuliers, 16 19
& ne Ce trouvant compofées que des "?
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4z *
Abrégé de U Fié
roit entrepris de jettet par terre toutes
~ les maifons d’une ville dans le leul def-
fein de les rebâtir d’une autre maniéré.
Cependant comme on ne trouve point
à redire qu’un particulier falTe abatte
Ta (îenne lorfqu’elle le menace d’une
ruine inévitable pour Ta rétablir fur des
fondemens plus lolides : il fe perfuada-
qu’il
y auroit en luy de la témérité à
vouloir reformer le corps des feiences
ou l’ordre établi dans les écoles pour*
les enfejgner ;
mais qu’on ne pourroit
le blâmer avec juftice d’en faire l’épreu-
ve fur luy-même, fans rien entreprendre
fur autruy..
Ainli it fe refolut une Bonne fois de
fe défaire de toutes les opinions qu’il
avoir reçues jufqp’alors -, mais Ion in-
tention étoit de ne les ôter de fa créan-
ce ^ qu’afio d’y en fubftituer d’autres
enfuite qui fiillènt meilleures , ou d’y
. remettre les mêmes après- qu’il les au-
roit vérifiées , & qu’il les auroi tajnfléer
. an niveau de la raifort.. Il crût trouver
en ce point les moiens de réüfTîr à ré-
gler la conduite de la vie beaucoup
mieux que s’il, ne bâtilToit que fur de
vieux fondemens , appuie feulement fur
te
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de M. 'Défîmes. Liv.II. '45
les principes qu’il s’étoit laiflé donner
*
dans fa première jeuneffe , fans avoir
jamais examiné s’ils étoient vrais.,
’
Ils prévoioit neantmoins qu’un pro-
Digltized by GoogI
4# Abrégé dè
! la Hs
ôtiffip qu’ilne jugeoit pas fort neceflàires an
- bien du genre humain.
Dans Ta nouvelle ardeur de fes refo-
iafrls™' lutions ,
il entreprit d’executer la pre-
mière partie de les delîeins qui ne con-
hftoit qu’à détruire, C’étoit allurément
la plus facile des deux. Mais il s’ap-
perçût bien tôt qu’il n’efl: pas aulïiaifé
a un homme de fe défaire de fes pré-
jugez ,
que de brûler fa maifon. Il s’é-
roit déjà préparé à ce renoncement dés le
forcir du Il en avoit fait quel-
collège.
ques elïàis premièrement durant fa re-
traite du fauxbourg S. Germain àPaiis,
& enfnite durant Ion (èjour à Breda.
Avec toutes ces difpofitions ,
il n’eut
pas moins à foufïrir que s’il eût été
queftion de fe dépouiller de (by mêmeé
Il crût pourtant en être venu à bout.- •
* *
“
, . _
moiens •
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.
de M. D e/cartes. Liv.îl. 45
taioiensde parvenir à cette heureufe
conquête ne luy cauférent pas moins j
d’embarras que la fin même. La recher-
che qu’il voulut faire de ces moiens,
jetta fon efpric dans de violentes agi-
tations qui augmentèrent de plus en
plus par une contention continuelle
dont il le tenoit bandé , fans fouflrir
que la promenade ou lës compagnies
y fiflènt diverfion. Il le fatigua de telle
forte que le feu luy prit au cerveau*:
&il tomba dans une efpece d’en-
thoufiafme qui difpofa de telle manié--
re fon efpric , déjà abatu , qu’il le mit
en état de recevoir les impreflîons des;
fonges &
des vifiôns..
Il nous apprend que le x de Novem-
5
bre 1619 s étant couché tout rempli de
fon enthoufîafme , &
tout occupe de la
penfée d'avoir trouvé ce jour -la Us
fondement de la fcience admirable , il
eut trois fondes confecutifs , maisaflez?
extraordinaires pour s’imaginer qu’ils
• pouvoient lùy être venus d’enHaut. Il
crût appercevoir à travers de leurs
ombres les vertiges du chemin que
Dieu luy traçoit pour fuivre fa volonté
dans fon choix de vie ? &
dans la re-
cherche
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Abrégé de U Vie
cherche de cette vérité qui fàifoic Je
fu jet de Tes inquiétudes. Mais l’air fpi-
cicuel & divin qu’il afte&a de donner
aux explications qu’il fit de ces fonges
fi Fort de cet enthoufiafme dont
tenoit
il fè croioit échauffé, que Ton auroit
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de A4 . D ejcartes. Liv.II. 47
faire qu’il jugeoit la plus importante jdrjf
de fa vie : & prenant Occafion d’un
voiage qu’il niédicoit en Italie , il for-
ma le voeu d’un pèlerinage à N. D. de
Lorette qu’il rte put accomplir que
quelques années après.
Son enthoufiafme le quitta peu de
jours enfuite. Mais quoique fon efprit
eût repris fon alïiéte ordinaire , & fût
rentré dans fon premier calme, il n’en
devint pas plus decifif fur les refolu-
fions qu’ii avoit à prendre.
Sa solitude pendant cet hiver
*
étoit toûjours fort entière principale-
, Reche che
!
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— ,
4S Abrégé de la Vie
1 &P nouvelle fagelle c’eft à dire la vé*
~ ^ -
1
»
,
encore
'
— .a
.Digitized by
de M. D efcartes. Liv.II. 49
eu y. Mais comme l’un de leurs ftatuts
étoic de ne point paroître ce qu’ils
étoient ,
de n’être diftinguez des autres
hommes , ni par l’habit ,
ni par la ma-
nière de vivre ,
& de ne fe point dé-
couvrir dans leurs difcours, on ne doit
pas s’étonner que toute fa curiofîté ôc
fes peines aient été perdues.
ne luy fut pas poflible de décou-
Il
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3e M. 'Defcartes. Liv.II.
$
t
Il prit cette occafion pour Ce rendre *6*0
à Ulm ville Impériale où les Ambaifa- —
deurs de France dévoient tenir une ad
femblée célébré pour temedier aux de-;
(ordres de l’Empire. Il n’y arriva qu’au
mois de Juin de l’an 1610 mais il y
:
deuts
K Digitized by Google
,
5
* Àhegé de U Vie
.16*0 deurs de France après avoir conclu le
r
—- traité d’Ulm étoienc allez trouver l'Em-
pereur pour luy offrir encore leur mé-
diation envers les mécontens de Hon-
grie & le Prince Betlen Gabor de
Tranflilvanie. Mais aiant appris que le
Duc de Bavière Ton general avoir fait
marcher fes troupes en Bohème : au
lieu de fuivre les Ambafladeurs en Hon-
grie , il alla de Vienne droit à fon
camp , &
fe trouva en perfonne aux
expéditions des Catholiques Impériaux
& Bavarois , &
fur tout à la rameufe
bataille de Prague , oïl il entra le ix
de Novembre avec les vi&orieux. Quel-
ques auteurs ont prétendu qu’il fefer-
vit de cette eccanon pour vifiter les
fameufes machines de Y Aftronome Ty-
co Brahé. Mais il y avoit déjà plus
d’un an qu’elles avoient été pillées
brifées, ou diftraites par l’armée de l’E-
lcéfceur Palatin : &
le grand Globe ce-
lefte d’airain, Punique de ces précieux
monumens qu’on étoit venu à bout
de fauver, avoir été tranlporté à Neilïè
en Silefie , & mis en dépôt chez les
III. Jefuices.
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de M. Defcartes . Liv. Iï. 53
tartes vint paffe r le quartier d’hiver avec 1 £
une partie des troupes que le Duc de çous u
'
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54 . . ,
- Àlregé de U Vie
Ï6u & de plufieurs autres places où Tom
prétend qu’il la levée
fe fignala. Mais
du fiégede Neuhaufel qui n’avoit pas
été aufîi heureux que les autres pour les
Impériaux , jointe à la perte de l'on Ge-
neral qui
y avoit été tué , acheva de
le dégoûter de la profeflion des armes.
Digilized by Googfe
,
de A4 . Défîmes. Liv.II. 55
que ce fut fans changer d'état. Car ce
qu'il entreprenoic n’étoit dans le fonds i6u
qu'une continuation de voiages qu’il
vouloit faire dorénavant fans s’afTujet-
tir à fuivre les années , croiant avoir
Digitized by Googl
jihregé de la V'te
ges ,
leurs coûcumes & leurs inclinai-?
tions. C’eft ce qu’il appellent le grand
livre Ah mende dans lequel il preten-
,doit chercher la vraye fcience, n’efpe-
.iant pas la
;
pouvoir trouver ailleurs que
dans ce volume ouvert publiquement^
& dans foy même , fuivant la perfus-
ion dû il étoit que les femences que
Dieu a mifes en nous ne font pas en-
tièrement étouffées par l’ignorance 014
par les autres effets du péché.
Selon ces principes il voulut que fès
voiages luy ferviflent à s’éprouver luy-
même dans les rencontres que la fortu-
ne luy propofoit , &c à luy faire faire
fur toutes les chofes qui fe préfentoient
.des réflexions utiles à la conduite de fa
vie. Car il iatoit fon efprit de l’efpe-
rance de trouver plus de vérité dans les
raifonnemens que font les particuliers
touchant les affaires qui les regardent,
que dans ceux que fait un homme de
lettres au fonds de fon cabinet fur des
ipéculations qui ne produifent prefque
point d’autres effets que la vanité qu’il
en tire d’autant plus volontiers, quel-
les font ordinairement plus éloignées
.du fqns cotnmqn , aptes avoir mis
tout
Digitized by
de M. Dejcartes. Liv.II. 57
tfbfl èfprit &
toute fou induftrie à les 1621
•rendre probables. -• -
Mais à dire vray
, lofqu’il ne s’ap-
pliquoit qu a confiderer les mœurs des
.autres hommes , il n’y trouvoit guéres
dequoy s afTurer de rien. Il
y apperce-
voit prefque autant de diverfité qu’il en
avoit remarque autrefois dans les opi-
nions des Philofphes. De forte que le
plus grand profit qu’il en retiroit étoit
,
<[ue voiant plufieurs chofès qui toutes
extravagantes &
toutes ridicules qu el-
les nous paroifiènt , ne laiiïent pas d’être
^communément reçues & approuvées par
d autres peuples , il apprenoit au moins
a ne rien croire legerement & à ne
,
point s’entêter de ce que l’exemple ÔC
la coûtume luy avoient autrefois per-
fuadé.
Aiant quitté laHongrie, il rentra dans
la Moravie où il avoit joint les trou-
pes de l’Empereur fous le Comte de
Bucquoy. Il vifita la Siléfie les extré-
,
•
mitez de la Pologne la Pomeranie les
, ,
cotes de la mer Baltique la marche de
,
Brandebourg • & delcendic dans le
Holftein , d’où après s’être défait de fon
équipage , il s’embarqua avec un feul
D ij valet
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*
5
$ Abrégé de U vie
ï£ii valet pour la frife orientale. Apres l'a- .
* w%
ïsvie*' Pr e^ ue P our
<
?
* eux m
P oul v °i r à (a
'
nullement
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de M.Defcaftes. ILiv.ïI. 5 9
nullement favorables à bourfe
fa , &c
^
pour luy oter les moiens de les dénon-
éer enfuite , ils fongerent en même
temps à fe défaire de luy.- ils voioient
que c’étoit un étranger venu de loin , •
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}
€o Abrégé de U Vie
de l’imprefïion que peut faire la har-
diefTe d’un homme fur une ame baffe ;
f
i6il
— mais une hardiefïe qui eft au defliis des
forces &
du pouvoir dans l’execution ;
une hardiefle qui en d’autres occafions
pouvoir paflèr pour une pure rodomon-
tade. Celle qu’il fit paroître en cette oc-
cafion eut un effet merveilleux fur l’ef-
pritde ces miferables.L’épouvente qu’ils
en eurent fut fuivie d’un étourdiflement
qui les empêcha de confiderer leur avan-
tage ,
8c ils le conduîfirent aufïi paifl»
blement qu’il pût fouhaiter.
De la Weft
il vint en Hol-
Frifè
V. lande où il une bonne partie d'e
palTa
il revit nt l’hiver attendant l’évenement des deux
ptTj. fiéges de Juliers 8c de l’Eclufe formez
par les Efpagnols ou Flamans qui a voient
repris lés armes contre les Hollandois
depuis cinq mois que la trêve étoit ex*
pirée. Au mois de Février fuivant il
Kjli
r pafla dans les pais bas Catholiques dont
il voulut voir les principales villes : &
delà étant rentré en France , il alla
droit à Rennes en Bretagne chez M.fon
père vers le milieu du mois de Mars;
Il avoit alors vingt-fix ans achevez
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cle M.î)efcartes. Êiv.ïï. ét
Cafîon de fà majorité pour le mettre en 61%
poflefliondu bien de fa mère dont il —1
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éfz Abrégé de la Vie
i£z$ bâtard de Mansfeldt , & la tranflatioà
de l’Eledoratdu C. Palatin au Ducde
Bavière fait à Ratifbonne le xv de Fé-
vrier précédent, fournifïoient la matière
des entretiens publics. Il eut dequoy
.
de Tes amis fur ce
fatisfaire la cutiofité
point , mais en revanche ils luy firent
part d’une nouvelle qui leur caufoit
quelque chagrin,toute incroiable qu’elle
parût. Ce n'étoit que depuis tres-peu
de jours qu’on parloit à Paris des con-
frères de la Rofe croix, qu’il avoir in-
utilement recherchez en Allemagne du-
rant l’hiver de l’an 1(319, & l’on com-
:
11 détruit
^ d’autant plus furpris de cette
la calom- nouvelle que la chofe avoir moins de
U rapport au caradére defon efprit
, & à
frj.g
fafjtr l’inclination qu ilayoit toujours eue de
un
Rofe. confiderer les Rofe-croix comme des
voix. impofteurs & des vifionnaires. On les
appelloit à Paris les Invifibles l’on
publioit que de trente-fix députez que
le chef de leur focicté avoit envoiez
par toute l’Europe , il en étoit venu fix
en France au mois de Février , s’é- &
toient logez au marais du Temple à
‘
,
,
Paris
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• de M.DeJckrtes. Liv.II.
com-
Paris :mais qu’ils ne pouvoient fe
1613
muniquer au monde & que l’on ne
pouvoir. communiquer avec eux que
par la penfée jointe à la volonté ,
c’eft
à dire d’une manière imperceptible aux
Cens.
Le hazard qui avoir fait concourir
leur prétendue arrivée à Paris avec cel-
le dé M. Defcartes auroit produit de
fâcheux effets pour fa réputation , s’il
eût cherché à fè cacher , où s’il fe fût
retiré en folitude dans la ville , comme
il avoit fait avant fes voiages. Mais il
D y* depuis
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Ç4 Airegedè Fa P'ie
161$. depuis de l’an 1 6\y.
la fin &que ce fàtnr
* * bruit avoit chagriné d’autant plus faci-
lement, qu’il étoit moins difpofé à croire-
que les Rofe-croixfuflent des inviftbles
ou des fruits de la chimère , après ce que-
pi ufieurs Allemans & Robert Fludcfc
Anglois avoient écrit en leur faveur..
T
Le grand monde que M..Def-
Se/in- cartes
voioit à Paris n’étoit pas capable-
«uiétudes de remplir tous les vuides de fon féjour*,
%ïnr?\ ou de le tenir perpétuellement occupé
hors de luy-même. Lorfqu’il rentroit
chez luy , il fentoit revenir fes inquié-
tudes iur le choix d’un genre de vie-
qui fut conforme à fa vocation , &
quL
fût commode pour l’execution des défi
feins qu’il avoit conçus touchant la re-
cherche de la vérité. L’établifTement où
ii voioit la plôpart de fes amis, placez',
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àrM. Defcarïès: Liv.II. (fj
'
Il ne voioit rierr de moins folide que
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CG Abrégé de la Vie
*****
que cette application nous délacé
ctoit
coutume inlènfiblement de l’ufage de
nôtre raifon , & nous expofe à perdre
la route que fà lumière nous trace.
Mais on P eut q 11
"*! n’abandonna
Marie, 1’écude particulière de l'Arithmetique &
Zmiér- Géométrie , que pour fe donner
f'Uc'j tout entier à la recherche de cette Scient
ce generale mais vraie & infaillible^
que les Grecs ont nommée judieieufe-
ment Aéathcfis 9 &c dont toutes les Ma^
thématiques ne font que des parties...
II prétendoit que ces connoiflances par-
pour mesiter le* nom de Ma-
ticulières
thématiques dévoient avoir des rapports*,
des proportions, &
des mefures pour
objet. Delàü jugeoit qu’il y, avoir une
Science generale deftinée à expliquer
toutes les queftions que l’on pourroit
faire touchant les rapports, les propon.
lions, & les^nefures, en les connderant
comme détachées de toute matière : &
que cette Science generale pouvoir à
très- jufte titre porter le nom de Af athe-
fis , ou tVWatkematicfue umverfelle r
puisqu'elle renferme tout ce qui peut
faire mériter le nom de Science & de
Mathématique particulière aux- autres
«onaoiflances^ Voilât- .
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& ,
Déjcdrtes. Liv.IT. 6j
Voilà dénouement de la difficulté
le
qu’il
y auroit à croire que M. Defcartes n m :
.
(ommesÿf
— •—
•
te —t
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,
£$ Abrégé delà, Vie
» (ommes } quel eft le monde dans lequel
nous vivons ; & qui eft laCréateur de
” cet Univers oùndus habitons. Il a té-
” moigrié longtemps que depuis la con-
noiflance qu'il avoir acquife de la Phy-
fîque lùy avoir beaucoup fervi pour éta-
M blir des tond emens certains dans la Mo-
” raie ; & qu’il luy avoir été plus facile dè
” trouverla fatisfaéhon qu’il cherchoit eh
n ce point, que dans plufîeurs autres qui;
” regardoient la Medecine, quoiqu’il eût
y
” emploié beaucoup plus de temps. Dè
” forte qà’aprés toutes fes recherches il
tr pouvoir Te
vanter, non d’avoir trouvé les
moiêns dè conferver la vie , mais cèluy
de ne pas craindre la mort} de s’ÿ &
préparer fans cette inquiétude ordinaire
à ceu* dont la fàgeftè eft toute tirée des
ènfejgnemens d’autruy , appuiée fur des
fon^emens qui ne dépendent que de là-
prudence & de- l'autorité des hommes.
il va tir M. Defcartes fut deux mois & quel*.
.
B n
& lnp o-. <î ües jours à Paris , entretenant Tes amis*
mu u de cette illufion où il étoit touchant
'rZif fon prétendu renoncement aux Mathé-
matiques & à la Phyfique. Ils fe don-
noient foavèht le plaifir dè démenti#
£& tèfdlu tiens : de les thoifldxes èiccà*
fions»
Digitized by Google
Je 2M, Defcartes. Lîv.IT. 69
fions qu’ils luy prefentoieht pour re- 162$
“
foudre un problème , ou pour faire une -
'
'
1
expérience , étoient des pièges inévi-
tables pour luy.. Les embarras de fon
efprit joints au bèfoin qu’il avoir de
régler lès affaires le firent retourner
en Bretagne vers le commencement de
de May. De là il alla en Poitou , 8c
pendant les mois de Juit* & de Juillet
qu’il
y demeura,.il vendit du confen-
tement de fbn. Pere la plus grande
partie des biens qui luy étoient venus
du côté de fa mère , &
principalement
là terre du Perron , dont il retint le nom
’
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, 7° Abrégé de U Vis
*Giy revenait plus riche, au moins en revien*
" droit-il plus capable. » •
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de Ai . Defcdrtes Liv. II. jï
.
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,
yt jéhrege de U Vie
1614 favorable à la paflion qu’il avoir toujours
• eue de connoitre le genre humain par
1 ^1
S luy-même , qu’au lieu de palier fou
temps à examiner des édifices, des fta-
tués ,
des tableaux ,
des antiques ,
des
manufcrits , & les autres raretez de l’an-
cienne & de la nouvelle Rome , il s’ap-
>
pliqua particuliérement à étudier les in-
clinations ,
les moeurs ,
les difpofitions
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de M.Defcartes. Liv.îl. 73
fie. Mais cela ne s’eft écrit que fur de 161Ç
faillies relations : & nousTommes obli-
gez de reconnoître fur fon propre témoi-
gnage qu'tl n’ajamais vu ce Mathema*
ticien , & qu’il na eu aucune commit^
fit cation avec luy.. /
Tout éroit rempli du bruit des expéw
ditionsque le Duc de Savoye & le Coiv-
nécable de Lefdiguiéres faifoient fur les
Génois & les Espagnols*. C’eff,* ce qui
donnaàM.Defcartes lacuriofoé d’aller
au forrir de la Tofcane vifîrer Tannée
du Connétable qu’il trouva occupé du
fiége de Gavi lors qu’il arriva dans fon
camp. La ville prifele dernier jour d’A-
vril , il voulut être encore témoin d’une
partie des merveilleux progrès que fàû’
foit l’armée du duc de Savoie. De là il
vint à Turin vers le milieu de May mais ;
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74 Abrégé de la fôâ,
*6*5 & trouvé la raifon pour laquelle il ton-*
ne plus rarement l’hiver que l'été.
. Il vint en polie de Lion eriPob.
I X. tou , d’où aianc appris que fon Pere
i/ -vient étoit à Paris , il partit fur la fin de juin
la ûngularité &
de l’affe&ation qu’il
.
pull s’imaginer. Tout étoit alfez com-
mun chezluy enapparence fon meuble :
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,
de M.DeJcartes. Liv.II . 7$
ZfC
tit
la table étoient toujours très- propres,
mais fans fupeifln.
nombre de valets
11 étoit fervi d’un pe-
marchoit lans
\ il
—
train dans les rues vêtu d’un (impie
-,
ê
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f6 Abrégé de la Viei
ïSïf défait des préjugez de Ton éducatioft
Cette occupation cenfiftoit unique-
ment à emploier toute fa vie à cultiver
là raifon., &
à s’avancer de tout fon po£
fible dans la connoiflànce de la véri-
té , fuivant la méthode qu’il s’étoit
prefcrite.
'Mgùmts II ne fe ttouvoit pat la grâce de
,
Ÿ Dieu efclave d’aucune des pallions qui
d$imte. j
rendent les jeunes gens vicieux. Il étoit
parfaitement guéri derinclination qu’on
luy avoit autrefois infpirée pour le jeu ,
&de pour la perte de fon
l’indifférence
temps.L’irrefolution qui pouvoir luy re-
fter touchant les vûés generales de Ion
état ne tomboit point fur fes adions par-
ticulières. Il vivoit &
agifloit indépen-
demment de l’incertitude qu’il trouvoit
dans les jugemens qu’il faifoit fur les
fciences. Selon les maximes de la Mo-
rale qu’il s’étoit faites, il pretendoit era-
brafler les opinions les plus modérées
les plus communément reçûës dans U
pratique, & les plus éloignées de l’ex-
cès, pourregler fa conduite ;
fe fàifant
d’ailleurs la juftice de ne pas preferer
fes opinions particulières a celles des
perfonnes qu’il jugeoit plus fages &
mieu:*
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de M. Dejcartes, Liv.IÏ. 77
•mieux fenfées que luy.
Il paroiffoit envoûtes rencontres tel-
lement jaloux de fa liberté, qu’il ne pou-
voir diffimuler l’éloignement qu’il avoit
pour tous les engagemens qui font ca-
pables de nous priver de nôtre indiffé-
rence dans nos a&ions. Ce n’eft pas qu’il
pretendift trouver à redire aux loix qui
pour remedier à l’inconftance des ef.
prits foibles , ou pour établir des fure-
tez dans le commerce de la vie , per-
mettent qu’on fafle des vœux ou des
Contrats , qui obligent ceux qui les font
volontairement & légitimement , à per-
feverec dans leur entreprife. Mais ne
voiant rien au monde qui demeurait
toujours en même état , fe promet- &
tant de perfectionner fes jugemens de
plus en plus ,
il auroit crû offénfer le boa
fens s’il fe fuft obligé à prendre une cho-
fe pour bonne lors qu’elle auroit cefle
de l’être ou de luy paroître telle , fous
pretexte qu’il l’auroit trouvée bonne
dans un autre temps.
A l’egard des aétions de fa vie qu’il
ne croioit point pouvoir foufféir de de-»
lai ,
lors qu’il n’étoit point en état de
dtfcetner les opinions les plus verita-
blesa
8 ,
7 ''Abrégé' de U Vie.
blés, il s’attachoit toujours aux plus pro- :
Digitized
de M. De/cartes. Liv.II. 79
douce & innocente aux yeux des hotn- itfic
mes ; qui s etudient à féparer les
plaifirs
des v,ces qui pour jouir de leur
loi-
Ur ians s ennuier ont recours
de temps
enremps a des divertiiTemens
honnêtes.
Amh fa conduite n’aiant rien de fingu-
lier qui fuitcapable defraper les
yeux
ou himagination des autres
, pe.fonne
ne formoudobttac e à
la continuation
de fes défais
, &
il avançait
de jour en
jour dans la recherche
de la vérité qui
regarde les chofes
naturelles.
^
^
procure une
oi qiie M. Defcartes fe fuil
efpéce d’établilTement
y
vV
Pans.il ne s’aiTujettit
à &
&XI '
pourtant pas
tellement a la refidence r 'ï*~
pendant les trois
ans qu ,1
y demeura , qu'il ne fe donnait
la liberté d
P" Z
entreprendre de temps
temps des promenades
en \T
à la campagne,
& des voiages même
en province.
Quelques femaines après
fon retour
ditalie le defir de
revoir la Cour de
France le fit aller à
Fontainebleau où il
eut occafion de faluer
le Leg 3 t qu’il
n’a
voit point VÙ depuis
fon dépan de Ro.‘
me. Il fe fervit du
crédit qu'il avoir
ac.
quis auprès de lui
pour lui reconnut
der quelques perfonnes
de lettres d’en.
E tre
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,
8o j4breqe de la Vie
_ O
Ib M tre les amis
,
,
& nommément M. de
* Balzac dont
, il détendit la caule de^
vant ce Cardinal ,contre le Pere Goulu
General ,des Ftijillans,
Apr^s un voiage qu’il fit l'année fui-
vante en Bretagne & en Poitou , avec
M. le Valïeur fon hofte & Ton parent
il alla fe loger an fauxbourg S. Germain
pour y vivre plus retiré. Mais ilne lui
fut plus auffi aifé qu'au par avant de joiiir
de Ton loifir. Ses anciens amis , & par-
ticulièrement M, Mydorge & le Pere
Merfenne avoienr tellement étendu fa
réputation ,
qu'il le trouva en peu de
temps accablé de vilîtes , & que le lieu
de fa retraite le vid changé en un ren-
dez-vous de conférences, Il ne pût em-
pêcher que le nombre de fes amis ne
multipliait , mais au moins fut il le
maîcre de fon difcernement dans le
choix qu’il en fir.
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de M. Dejcartes. Lîv.II. 81
pkis grands genies de fon temps
, en
ce qui concernoit les Mathématiques.
M. Morin profeflèur Royal des Mathé-
matiques à Paris &
do&eur en Médeci-
ne. Le Pere Gibieufà oéfceur de
Sorbon-
ne & Pretre de l'Oratoire lun des plus
grands Théologiens de fon fiécle.
Le
Pere de la Barde jle Pere de Sancy-
,
le Pere de Gondren tous
de la même
congrégation outre le Cardinal de Be-
rtille qui en étoitle chef.
M
.Des Argues
Gentilhomme Lionnois habile dans les
Méchaniques. M. de. Boijfat Gentil,
nomme du Dauphiné qu'il avoit vu au
nege de Gavi. M. de Serizay
Inten-
dant de laMaifon de M. de la
Roche- •
A
!'.
™f e Launay. M. des B
Aman x.
M. 1 Aobe, de ouchelaye l'aîné. M. de
T
Çandais. M* de Ville- Arnoux. M.
de
E ij Ville -
Si Abrégé de U Vie
_ Médecin de Grenoble ;
Ville Breffieux
& plufieurs autres encore, dont nous ne
nommerons que M. Ticot Prieur du
Rouvre qui voulut être dans la fuite des
temps fon correfpondant , & l’agent de
fes affaires domeftiques.
» Mais de tous fes amis il ne voioir
XII. alors , apres le Pere Merfenne , perfon-
TaiUe ne avec plus d’affiduité que M. My-
de lunes- dorge, Audi n en avoit-n trouve aucun
tes & de
j onc j a converfation luy fût plus avan-p
mretrs '
tageufè , & les fervices plus réels &
plus fenfibles. G’eft ce qu’il éprouva
particuliérement au fiijet des verres que
M. Mydorge luy fît tailler à Paris du-
l
rant les années 1617 & 1 618
,
qu’il$
jouïfloient l’un de l’autre à loifir. Rien
ne lui parût plus utile que ces verres
pour connoître & pour expliquer la na-
ture de la lumière , de la vifion , & de
la réfra&ion. M, Mydorge luy en fie
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Defcartes. Liv.II. 83
peu de temps un grand maître dans l’art
de tailler les verres. Et comme l’induftrie d-injtta-
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,
84 ’
jibregi de la V/V !
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deM.Üejcartes. Liv.ïï. 85
qui s’introduifoient chez lui à la fa- 162$
'
veucde fes amis. Les curieux de litera-
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$<> Abrogé de U 'Vie
i6z8
mitez de la ville en un quartier ou il
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de M.Dejcartes. Liv.II. sy
du mois d’Aouft de l’an 1628, pour être î6iS
feulement le témoin du fiége qui étoit -
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88 :
'Abrégé & Et- Vit/,
.1618 Philofophe de Ton amitié depuis quef-
~ que temps. M. Defoartes y fut convié,,
& il
y mena le P..Mer(ènne & M.dç
Ville - Breffieux pour entendre le Sieup.
Cbandoux qui devoir y débiter des fen-
timens nouveaux fur la philofophie. «
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*
de M. De/cartes: Liv.II. 89
& dire après les approbations de tant de
161$
fçavans hommes. Cette défaire accom- -7-
—
pagnee d un accent qui avoir quelque de u
.
jngemept dç tant deperfonnesgraves &
E vj; judicieulês,-
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<)o abrégé de la Vie
i6i8 judicieufes. Il ajoûta que lors qu’on a
— affaire à des gens affez faciles pour vou-
loir bien fe contenter du vrai fembla-
ble ,
comme venoit de faire l’illuftre af-
fèmblée devant laquelle il avoic l'hon-
neur de parier > il n’étoit pas difficile de
débiter le faux pour le vrai , de faire &
réciproquement pafler le vrai pour le
faux à la faveur de l’apparent.
Pour en faire l’épreuve fur le champ,
il demanda à l’alïèmblée que quelqu’un
.
men$;
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de M. Défîmes. Liv.II.
mens : mais elle fut encore plus éton- iéiS
née de fe voir fi clairement convaincue '
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pi. Ahregé de la Vie
\ mieux que le Cardinal de Berulle , qui’
témoigna à M, Defcartes qu’il fouhai-
teroit l’entendre encore une autre fois
entendre'
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,
de M. T>ejcanes. Liv.II. 9J
entendre qu’aiant reçû de Dieu une i£if
force & une pénétration avec
d’eiprit
'
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,
94 Abrégé de [a Vie
Les inftances que (es amis renouvela
lerent pour preflèr de communiquer
le.
LIVRE TROISIEME
. depuis 1618 jufquett 1637.
re
/
««JL k ^ eu
ït plus & retraite comme ,
le
cipagne ,
favorable
à l’execution de fes
> ü établit le P. Merfenne fan
^efTeins
îïïu2,
correlpondant pour le commerce deslet-
J
très qu il devoir entretenir en France
-
&
commit le foin de fes affaires do-
f '
meftiques
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de M. DefcarUs^LiwlU. 9 jr
meftiques à T Abbé Picot. Etant forti
de la Ville vers le commencement de
P A vent de l’an K z8 , il ne jugea point
à propos d’aller droit en Hollande pour
ne pas expofer d’abord fa lancé à la ri»
gueur de la faifon : mais il fe retira en
un endroit de campagne où il
la pafïa
l’hiver loin des commoditez des villes
pour s’acoùcumer pardégrez au froid
& à lafolitude. v
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6
5? Abrégé de U V'ie
.
ferablement à tout autre endroit de
l'Europe , &
enfin d'avoir renoncé à la
fociete humaine en fuiant les compa-
gnies.
Comme il avoic préparé Ton efpric à
rout événement , il s'étoit auEi endur-
ci le cœur contre la faulfe tendreflfe: &
perfuadé que fa conduite n'avoit befoin
d’aucune juftificacion * il ne fe mit pas
en peine de faire celîer les plaintes de
fes proches &
de les amis. Mais voiant
que temps avoit diflipé leurs rdTenti-
le
mens dont la raifon n'auroic peut être
pd venir à bout fur l'heure , il voulut
bien donner des éclairciJTèmens à fa
conduite pour la fatisfa&ion de ceux
qui auroient été touchez de ces fortes
de reproches. Pour raifon d’avoir quit«
té la France, il alleguoit les importu-
nitez du grand monde qu’il auroit été
obbligé de voir & de fouffrir dans fon
tays au préjudice de fes études, outre
Îa chaleur du climat qu’il ne trouvoit
point favorable à fon tempérament par
rapport à la liberté de fon elprit. Pour
juftifier le choix qui! avoir fait de la
Hollande, il rapporcoit la tranquillité
donc le fonds de ce pays jouidoit, en-
vironné
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de M. Dejcartes , Liv. III. -w
vironné des armées qui fervoient à le
conferver j les commoditez de la vie ' ,, ""*s
que le commerce y produifoit i les
moiens d’y vivre folitaire & inconnu
.au milieu d’une foule de peuple occu-
pé de fes propres affaires enfin la &
qualité du climat préférable pour Ça fanté
-à la chaleur de l’air d’Italie doqt il au,-
.roit ehoifi le féjour fins cela par la
confideration de la Religion Catholique»
.Mais pour ce qui eftdu reproche qu’on
.lui fàiïoit de fuirla compagnie des
hommes, il étoit bien perfuadé quec’â*
- toit moins la caufe particulière qua
celle de tous les grands Philolophes,
qui pour fe procurer la liberté de vac-
quer à l’étude &
à la méditation ont
abandonné la Cour des Princes, le &
féjour de leur patrie.
; Etant arrivé .
en Hollande il fit
connoître d’abord qu’il s’y regarderait,, H*. i
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9S Abrégé de U Vie >
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de M . Defcartes . LiVi III. 99
tieux de France qui voiagérent pendant
1 1 1
tout ce temps en Hollande , furent pri-
vez de la facisfaétion de le voir pour
navoir pû le déterrer. De fon côté
lorfqu’il écrivoit à fes amis, fur tout
avant qu’il fe fût établi à Egmond, il
dattoit ordinairement fes lettres non
pas du lieu où il demeuroit , mais de
quelque ville ,
comme Amfterdam Ley- ,
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r. ioo Abrégé de U Vie
iGiy tous l €S autres exercices de la Religion
Catholique.
Ce fur là qu’aiant renouvelle devant
les autels Tes anciennes proteftations
de ne travailler que pour la gloire de
Dieu & l’utilité du genre humain ,
il
r turelle ,
mais feulement celle de reve-
jll. lation qu’il excluoit defes deffeins.
Sttvuét II ne donnoit pas tellement fon
touchant temps à la Metaphvfique ou Theolo-'
trique, gie naturelle qu il n en relervat quelque 1
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AeM. Defcartes. Liv.III. ior
ploié pour la taille des verres. Il ne fe
crut pas déchargé du foin qu’il avoir
pris autrefois de ia fortune de fon &
snftruûion. Mais les offres qu il lui
fit de le recevoir chez lui & de l'en-
tretenir comme fon frère, dans une'
communication égale de biens & d’étu-
des devinrent inutiles par le défaut de
conduite dans Ferrier, que la négligen-
ce fit tomber depuis dans diverles mi-
lères aufquelles M. Defcartes qui les
lui avoir prédites ,
ne pût remedier
qu’à demi de fi loin.
Les irrefolutions de Ferrier lui firent U retour*
changer les mefures prifes pour di-
vers laboratoires qu’il avoir déjà pré-
parez dans fa maifon prés de Frane-
xer afin de le faire travailler aux inftru-
mens &
aux verres. Au bouc de fix
mois il quitta cette demeure pour reve-
nir à Amfterdam , où il emploia encore
troismois à fes Méditations Meraphy-
fiques.Mais le traité qu’il en avoit com-
mencé fut interrompu par d’autres étu-
des au commencement de i’annèe fui-
vante,& il ne le reprit que dix ans après. -
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10 i À bregé de laVie
[Ï& 1 ? fameux phénomène des ParhèliesaML
le
faux Soleils obfervé à Rome le xx de
l
Met éo^
phénome Mars de l’an 162 9 L’obfervation lui avoic
;
. .
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•
Digitized by Googl
10 4 Abrégé de U Vie
9 voir Contribuer au foulagement des tra-
~ vaux de l’homme , &
à la multiplication
des commoditez de la vie par la Mécha-
nique ,
il jugea qu’il falloir chercher les
moiens de garantir le corps humain de
tous, les maux qui peuvent troubler fa
fiant é ,
& lui ôter la, force de travailler,,.
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ileAd'.'DeJcdrtes.Liv.Ill. 105
jours dans cette fçience comme dans
, ,£ ?0
Tautre, quelque chofe qu’il ne trouvoit
pas dans les livres. Mais avant que de
lemettre à la recherche des maladies 6c
des remèdes , il voulut Ravoir s’il
y
avoir moien de trouver une Medecinç •
yj j
lui beaucoup plus heureux qu’il n’avoit
ofe l’efperer & il ne pouvoir manquer feC()tuiui-
:
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to<j Abrégé de U Vie
1630 treren luy. même :& quoiqu’il voulue
— bien lui abandonner ce qu’il lui avoir
autrefois donné fur l*Algébre,la Dioptri-
que 3i la Géométrie ,
il lui bc rendre
l’original de ion traité de Mufique qu’il
•
lui avoit laiflé depuis dix ans çour
mettre au moins quelques bornes à
vanité.
L’autre reconnoillant la faute qu’il
avoit faite l’année precedente ,
en refu-
fant d’aller demeurer avec M. Defcartes
en Frife 3c voulant la réparer en un
*,
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,
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ioS Abrégé de la Vie .
Conftantinople &
dans le Levant. If
"
euft louhaité qu’une femblable occafion
le fuft prefentée à lui quatre ou cinq
ans auparavant. Mais s’étant mis hors
d’état de plus voiager,il s’en excnfa fur
Tes occupations, qui ne lui permettoient
pas de quitter le lieu de fa retraite.
— Il ne lailîa point de faire le voiage
16 î l
d’Angleterre peu de temps après , & il
il -va en
dans I e v °ifinage d e Londres quel-
Aniie- qnes obfervations fur les declinaifons de
urn '
l’Aymarr qui varient en Angleterre. Ce
voiage qu’il qualifioit de fimple prome-
nade fut allez court. A fon retour il lon-
gea aux moiens de fe décharger & le P*
Merlenne avec lui d’une partie desim-
pominitez que fa réputation luiattiroit
de la part des Mathématiciens , afin de
ménager le loifir de l’un de l’autre &
11 ne pour des études plus importantes.
tro]£
S
^es P ar ^ cu ^ ers fçachant qu’il n’y
de probu- avoir point d’autre voie de communica-
fi'w'à-
“ on c
l
ue cana ^ de ce Pere pour en-
fî réduit voier leurs confultations à M. Defcar-
refiJdn »
168 ^ P our en recevoir les réponfes
que ceux alloient en foule à fon convent lui por-
PZj? leurs queftions , & retournoienc y
wit, prendre les folutions & les éclairci ITe-
mens-
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u 1
de M DeJean
. es. L iv . 11 .1 09
-filens de M. Defcartes. Ce concours 1651,
"donnoit an Pere une occupation donc il ^
«
avoit la bonté de ne jamais fè plaindre:
&non content d’exhorter M. Defcar-
tes à répondre à toutes les queftions qui
lui étoient propofées dans les pacquets
qu’il lui envoioit, il leprovoquoit en-
'
tore à lui envoier de fon côté des pro*
blêmes à propofer aux autres , dont il fe
ehargeoit de lui renvoier les folutions.
M. Defcartes le fît fouvenir qu’il avoit
renoncé à l’étude des Mathématiques
depuis pluûeurs années , qu’il étoit &
refolu plufque jamais de ne plus perdre
fon remps à des operations fteriles de
Geomettie &
d’ Arithmétique dont la ,
-
plusdans le defTein de propofer aucun
problème à qui que ce fuit \ ôc qu’il
crcïioit beaucoup prendre fin: lui-même,,
*
-
- que de fe réduire dorefnavant à ne re-
ibudre que ceux des autres , dont il té-
moignoit d’ailleurs être déjaferc fatigué.
1
r D’ k grand nombre d’amis en Fran-
'
ce à qui fon abfence paroifloit difficile à n r co:t
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,
•
zio Abrégé de la Vtff
i£$i. avec lui, nous ne connoiflons que M*
de Balzac dont il témoignoit qu’il auroit
agréé la compagnie r Mais il faut que les
obftacles qui fe font oppofez à l’execu-
tion du deflèin de M. de Balzac aient été
bien infùrmontables , s’il eftvrai com-
me il le protefte bien ferieufemem qu’il
mourait d'envie de fc réunir khi afin de
ne s'en feparer jamais,
M. de Ville- Breflîeux fut plus hey-
reux que lui en ce point : & fa prefence
fut d’autant plus agréable à M. Defcar-
tes qu’il connoifloit en lui avec une
.
grande facilité d’efprit beaucoup de ge-
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-
de jM.Defcartes . Liv.III. m
vers le printemps de l’année 1633. Là il
reprit le loin de continuer divers ouvra-
ges cjU'il avoir interrompus l’année pré-
— 1633.
cédente ,
8c particulièrement fa Diop-
trique 8c fon traité du Monde. U s’ap-
pliqua auffi tout de nouveau à la con-
noilfance des choies celeftes , & fes ob-
fervations aftronopniques luifirent bien-
tôt connoîcre la necefficé d’étudier à
fondsja nature des comètes..
Il prit occafion de cette forte d'étude
Digitlzed by Google
Ut Abrégé de la Fie
1633
des chofes matérielles , hormis ce quP
"* concerne la Lumière qu’il avoir voulifc
expliquer dans toutefon étendue..
- Pour ne pas s’engager à fuivre ou à-
réfuter les opinions qui font reçûës par-
mi les Doétes , il voulut laiflèr ce Mon-
de.ci à leurs difputes , & parler feule—
ment de ce qui arriveroit dans un nou-
veau Monde , fi Dieu créoit dans les efo
ïaces imaginaires allez de matière pourr
fe composer. Il fuppofoit que Dieu vou-
lût agiter diverfement & fans ordre tou-
de forte
tes les parties de cette matière,
qu’il en compofaft un chaos ou une malle
confufe j &
qu’en fuite il ne fift autre
choie que prêter fon concours ordinaire
à la Nature , &
la lailïêr agir fuivant les.
loix qu ïî a établies.
Dans cette fuppofition il décrivit d’a-
bord cette matière. Il fit voir quelles,
étoienrles loix da la Nature. Il montrai
enfuite comment la plus grande partie
de la matière de ce chaos devoit en con-
féquence de ces loix Ce difpofer s’ar- &
ranger d’une certaine manière qui la*
rendoit femblable à nos cieux &c. ,
Digitized by GoogI
. —
1
il' r j • « trait*'
•
priions de l’Inquifition
Cette aventure furprit d’autant plus^
JM. Defcartes qu’il avoit d’un côté beau-
coup de foûmiffion pour le faint fiége ^
Ôc que de l’autre il étoit perfuadé que*
l’opinion du mouvement de la Terre eflr
, &
la plus vrai-femblable la plus com-
mode pour expliquer tous lesphénomé--
.Hes. Ç’eft fur cette hypotHéfe qu’il avoit -
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fi 4 Alregê delà Vie
îé#
"
Monde. De forte que ne la pouvant ôter'
" '
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*
fenne &
commerce avec le P. Mer-
tretien de Ton
les autres fçavans , il quitta
cettedemeure Vannée (uivante pour re-
— 1654
tourner Amfterdam.,
Peu de temps après il fit un voiage Jl va <*
Digitized by Google
'
ne 'Jbregé de la Vie
ï—— dans
prefence
fa fource lorfqu’il jouïfïoit de
,
Ce fetvit d'une fi favorable
fit
, .
furent luy tomber ainfi des nues , &
qu’il ne fallût que des- yeux pour les
'
Connoître. *
'
*•».; *.
r
* • r
Le fouvënir de fa belle folitude de
Deventer le fit enfuite retourner en cet-
te ville pour éviter les frequentes vifices
' que lui at tir oit le fe jour d’Amfterdam»
Cinc^ôu ûx mois après j c’él^à dire vers
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*
^
de M.Defcartes.'Liv.Ill. 117
de l'automne de Tan 1635, il pafla
fa fin
en Frife
, &
alla fè retirer à Lieuvarden
ville principale de la province, à deux
lieues de Franexer, ou il avoit demeuré
dés l’an i<j 2£>. Là il compofa , ou pour
me (èrvir de Tes termes r il brocha (on
petit traité de Mechanique pour M. de
Znytlichem (on ami & Ton correfpon-
dant qui étoit un Gentilhomme de grand
mérité, Confeiller & Secrétaire du Prin-
ce d’Orange..
"
Il revint à Amfter dam vers le com-
mencement du mois de Mars , & il
fnr
fit Obferva
tion
en paflant Zuyderzée une obfer- les cou-
fur le
vation fort curieufe fur les couronnes ronnes
des chu »
ou cercles colorez qui fe forment au- dtlltî *
tour des chandelles par rapport à nps
crique de M. Dêicactes.-
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h8 '
^ dé la Vie
Abteçe * *
LIVRE QUATRIEME. s *
Î&TT '
A ^ R ES re ^ution °l
ue M. Def-
*
JLJk cartes avoit faite de ne point laiC-
F ’irim" fer imprimer fes ouvrages de fon
vivant-,
il femble .qu’il ne s’agifloit plus^que de
h>/opi£' le tuer pour mettre le public en poflef-
fion d’un bien qui devoir lui apparte-
nir. Ses amis lui firent faire réflexion
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de M. Defcartes. Liv. IV. 119
le iv de May 1657 ,
pour
imprimer 165^ faire
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*2 0 '
jilrcgé de la V le
itrés, .A
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, ••
de M.Defcartes Liv.III. . i li
——
re félon les lumières naturelles qu’il a-
voit reçues de Dieu. —îèfi
Le Premier eflài de cette Mé-
thodeeft le traité de la Dioptriejue par- HL
tagé en dix parties qui font autant de
Difcours ou Dillèrtations fort courtes
fur la lumière fur la réfradionjfur l'œil
;
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ït i Abrégé de la; Vie
7 patitions de plufieurs foleiis.
Le dernier des effais de fa- Méthode
SaGeo- eft fon traité de G éometrie qui comprend
trois livres ,
où il s’agit principalement
de la conftru&ion des problèmes. Le
deflfeinde l’Auteur dans cet ouvrage
étoit de faire voir par voie de demon-
Uration qu’il avoit trouvé beaucoup de
chofes ignorées avant lui j
& d’infinuëc
en même temps qu’on en pouvoir dé-
couvrir encore beaucoup d’autres , afin
d’exciter plus efficacement tous les hom-
mes à la recherche delà Vérité.
Mais on fe tromperoit de croire que
M.-Defcartes eût eu intention de donner
les élemens de la Géométrie dans cet
ouvrage, qui demande d’autres ledeurs
que des écoliers en Mathématique. Il
s’étoit étudié*dans les trois traitez qui
precedent celui-ci , à fe rendre intelli-
gible à tout le monde parce qu’il étoit
,
queftion de faire comprendre des chofes
qui n’avoient pas encore été enfeignées*
ou dont on n’avait pas encore donné les
véritables principes- Mais voiant qu’il
s’étoit fait avant beaucoup d’ouvra-
lui
ges de Géométrie aufquels il ne trouvoit
tien, à redire :.il ne crût pas dévoit ré-
pétée
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de M.DefcartesXÀvXV . îz f
peter dans fon traité ce qu’il avoit vû de 1 Cyf
*
'
bon 8c de bien démontré dans les
fort
autres. Ainfi , loin de vouloir les rendre
inutiles 9 il travailla aies rendre necef-
faires en commençant par où ils ont fini;
De pour
forte qu’il faut les avoir lus
comprendre fa Géométrie. Il fupprima
les principes de la plus grande partie de
fes réglés ,
& leurs demonftrations. Il
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,
les
parole quelle étoit confiderée par
crin, autres d’une façon toute differente
de
ce qu’elle étoit effectivement félon
lui.
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de A4 . Départes. Liv.IV. 115 .
’7
pes pourra facilement être apperçuë &, -
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,,
\*i 6 Abrégé de U Vk
donne* à M. de
cieux de n’en avoir pas
Un Roberud feul qu’il ne connoifïoit
pas
les Mathématiques a
Origine mais qui profefloit
de l'tini-
rnofité de
Paris ,
ne lui fut avantageux d’eji
qu’il
Robcrval avoir donné un grand
nombre à la cour
contre
D'fcartes de France à celle de Rome. M. de
&
omif-
Roberval fe tint offênfé de cette
fion , quoiqu’elle fut venue du P-
&
Merfenne plutôt que de M.Defcartes,
prépara defiors à bien critic^er la
il fe
Géométrie de celui-ci. Telle fut 1 origi-
immortelle qu il
ne de cette animofité
il n eue pas
conçût contre lui , 5c dont
même la diferetion de diffimulerle pré-
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dt M. Defcartes Liv.IV. 117
ïfoublia rien pour le bien regaler,&il lui ^57,
procura entre autres chofes la converfa-
— J
tion du Doreur Silvius pendant huit
jours entiers. Silvius étoit l’un des grands
Théologiens de Ton lîécle , & le pre-
mier ornement dé l’Univ.erfité de Doüay
depuis la mort d’Eftius. Il parut tres-fa-
tisfait de M. Defcartes mais il neût pas
,
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îi8 Abrégé de la Vie
>" res dont il avoit lui-même publié uii
,
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,
de M. DefcdrtesLivAV. n0
réponfe que fit M. Defcartes qu’il con-
fentit qu'on imprimât fes objections
avec elle. Il ne pût s’empêcher de té-
moigner que ce qui lui plaifbit princi-
palement en M. Defcartes , étoit cette
hardielle qui faifoit que s’écartant des
chemins battus &c des routes ordinai-
res , il avoir l’aflurance de chercher de
nouvelles terres , 6c de faire de nouvel-
les découvertes.
M. Defcartes n’ayant point d’autre
paillon dans tout ce qu’il écrivoit que
celle de découvrir ne (e
la vérité ,
&
croiant point capable d’en venir à bouc
feul ,
cherchoit pour ainfi dire des Ad-
versaires plutôt que des Approbateurs
afin que l’obligation de leur répondre
ôc d’examiner leurs objections le rendic
de plus en plus exaCt,& lui fit ouvrir les
yeux fur ce qu’il n’auroit pu découvrir
auparavant. Dans cette vue il attendoit
aveejoye les objections que lesjefuites
de la Fiêche,de Louvain, de Lille &de
quelques autres endroits lui avoienr
fait efperer par leurs letrres. Mais il fut
allez furpris d’aprendre de quelques uns
d’entr’eux, qu’il étoit for! clans leur ap-
probation j
qu'ils nedejiroient rien en ce
1
G ij qu'il
130 Abrégé delà Vie
1637 qu il avait voulu expliquer , mais feuh-
" ~ ment en cequ il ri avoit pas voulu écrire >
& ejuils demandaient fa ‘Thy/îque & fa
» Àietaphyfîcjuc avec grande infiance.
VI. E n F r a n c e la leCture de Ton li-
'
;
'
parler
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^
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131 Æregé de U V />. *
tiw'de
M. Defcartes ,
il ne s’en trouva point
m. de de plus diligent ni de plus capable que
Termcu
xontre U fa p ermat 9
Confeiller au Parle-
Dioptrie ment de Toulouie ,
1 un des premiers
5Me,j
hommes du liécle pour les belles con^
noilïànces de l’efprit, & fur tout pour
Jes Mathématiques, Dés le mois de No-
vembre
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,•
Géomt\
le P. Merfênne un Géométrique
écrit
trk%
de fâ compofition , de Maximis Ait- &
nimis , c’eft à dire des plus grandes &
des moindres quantités: &
pour ne pas
encore déclarer fon nomàM. Defcartes
Origine
il fe de celui de M. Carcavi, de la dou-
fervit
Lionnois fon ami, qui étoit alors fon ble dijÿu-
tt entre -
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13 4 jéhregê de la Vie
*63? une marque de fon eftime &
de fâ re-
connoilfance ,
mais encore un avertifïe-
ment de ce qu’il croioic que M. Def.
ou
cartes avoit oublié fans y penfer,
omis mal à propos , dans fà Géométrie.
Cela fit un nouvel incident dans la pe-
tite querelle que M. de Fermât venoil
d’exciter , & qu’il croioit être en état
de terminer en peu de jours.
Mais il ne lui fut pas aifé d’éteindre
ces premières étincelles. Le feu de la
difpute prit de grands accroiffemens par
le zele de ceux qui voulurent y entrer :
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,
G v leur
Abrégé de la Fie
lé 8
* leur écrit : mais il trouva que s’ils avoienr
’
L
bien rempli les devoirs de l’amitié à l’é-
gard de M.de Fermât ,
ils s’étoient aflezr
mal acquitez de lacommiffion qu^ils
avoient prife de le décharger, de 1* &
défendre.
M Vef- Cet écrit qui étoit tout entier du
ri. ftile de M.
de Robeïval fût réfuté par
tond, M. Defcartes avant la fin du mois de
Février. Et la répliqué de M.de Fermât-
touchant la Dioptrique étant enfin ve- *
nue dans le même mois, il
y fit furie
champ diverfès réponfes qu’il addrefla
à fes principaux amis , une à M. M'y—
dorge, un autre à M. Hardi, une ttoi-
fiéme au P. Merfenne.
Vo i an t qu’il n’y avoir aucune ne-
IX.
ceflité qui eut obligé M.de Fermât à lui-
Tronlu.
rts il* erivoier le traité de Maxim s &Mimmi$ t
different
à examiner , il avoir pris cette a&ion
tntre M-
deFermat pour un défi. La maniéré de l’appeller
& Mr.
jointe au mérité &
à la dignité de là>
Defcartes
>erfonne qui lui envoioic le cartel,
f'empêcha d’éviter cette rencontre. L’é-
crit qu’il envoia au P. Merfenne contre
le Traité de Maximis,tn étoit un efjbece
d’acceptation. La ville de Touloufe &
T
" r '
te'
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de M.üejcartes. Liv. IV. 137
*
d’Egmond écoient des extrémi-
le defert
tez où il paroifl'oit difficile que les par-
ties puffent agir : de elles avoient aflez
de fiertépour ne vouloir pas avancer
l’une en faveur de Vautre. La Provi*
dence y ménagea un milieu, ÔC dilpofa
tellement: les choies que la ville de Pa-i
ris où écoient leurs habitudes , leurs amis
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m 138
de
Abrégé de la "Vie
M. de Fermât. Les autres Mathémati-
ciens que l’on auroit pu engager à con-
noîcre de cette affaire n’étoient pas fans
«Joute en petit nombre à Paris. Mais les
uns n’étoient pas en état d’entendre allez
parfaitement la Géométrie de M. Def-
cartes ,
les autres n’étoient pas allez
connus de lui en excepte deux
,
fi l’on
illuftresGéometres,au jugement defquels
il pouvoir furement s’en rapporter. C’é-
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.
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i^.o jibregé de la Vie
*658 cette réponfe compofa incontinent unè
,
,
d’abord du peu de poli telle de M. de
Roberval Sc de fa précipitation il man- ,
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,
de M'D$a'rtesÆiv\ly. 14 ^
'
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,
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de M.DefcartesXivJV . 143
fà&ion de lui écrire en droiture pour lui
offrir fon amitié & Tes lèrvices. L’acqui-
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1
mina
iAprés quoi M.Clerfeiier s’offrit,
la querelle à la gloire de m, Def.
& ter-
45
^ *.*
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—
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de Ad.DeJcartës, Liv.IV. 147
cre Mathématicien , mais qui ne fe fai-
foit pas aflez de juftice en ce point. Il
éroit ami de M. de Fermât, ennemi de &
M.des Argues. La confideration de ce
dernier ravoir porté à rendre de mauvais
offices à M. Defcartes , à caufe., du zele
avec lequel il voioit que celui-ci s’atta-
çhoit à n’avoit pû s’empê-
le fervir. Il
cher même
de faire glilTer dans fon li-
vre quelques traits de fà mauvaife vo-
lonté. M. Defcartes
auroit peut-être
bien fait au defir de ceux qui
de refifter
le portoient à le réfuter, pour ne pas
rendre fufpeél de reffentiment. Mais
il fe releva promtement de cette foi-
blelïe ,
en révoquant la permiffion qu’il
avoir donnée d’imprimer cette réfuta-
tion , &
en la détachant de fon petit
traité de Statique ou Geoftatique , au-
quel il ne prétendoit pas interdire la
lumière.
C
e f u t cette même année que s’é-
leva parmi lesMathématiciens de France
la queftion fameufe de la Roulette dont
,
on ne trouvoif aucun veftige ,
ni parmi
les anciens, ni dans les livres d’aucun
&de U
des Methématiciens qui a voient vécu fart que
M. Df/I
jufqu'à lors ^quoiqu’il ni ait rien de carte
j tut
'
.
v -V..' plus
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^ Î48 jibrege de la Vie
plus commun que cette ligne, & qu’ellé
^ guère moins frequente dans l’u-
V ne foit
4
&ge du mouvement que la ligne droite
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de'M.DeJcartes.LivlV. 149
Roberval fut le premier qui démontra
que Yefpace de la Roulette eft triple de
la roué qui la forme . Après cela M.de
Fermât Si M.Defcartes en donnèrent) la
démonftration ;
Si leurs folutions fe
trouvèrent non feulement différentes
l’une de l’autre , mais encore de celle de
M,de Roberval. Le P. Merfenne aiant
;
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,
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ryi Abrégé de la Vie
~ du&ion reguliere & fiiivie de toute {k
Géométrie, pour en faciliter l’intelligen-
ce à toutes fortes de leéteurs. Elle fut
trouvée fi excellente &
fi courte
,
qu’on
crut qu’il en étoit l’auteur. Ceux qui fe
plaignirent de la brièveté de cet écrie
furent priez de confiderer que c’étoic
une introdu&ion & non pas un com-
mentaire. Mais on pouvoit donner le
titre de commentaire aux excellentes
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de M. “Ùejcartes. Liv. IV. 153
M. de fainte Croix au mois de Juin, le
16 fi*
fatigua tellement ,
qu'il conjura le Pere ——-•
Merfenne de ne lui en plus envoier au-
cune de cette nature , telles qu elles
puflent eftre. Il tâcha auffi de fe défaire
des problèmes &
des obje&ions fteriles jiceffedc
des autres . (ous les prétextes les plus répondre
Hi) LIVRE
/
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*54
' '
dbregé de là Vie
KftS
LIVRE CINQUIE’ME
depuis iij 3 S jufqu'en 1641.
.
ÿ'Tro.' la
Tienne^ L’Univerfité d’Urrech qui.
ftffcurk fembloit être née Cartefienne , après
Vtrech.
qU on em
*
fa j t ve nir de Deventer le Pro-
fefleurReneri pour prévenir même Ton,
ére&ion , fe remplifloit infenfiblemenç
de fesdifciples fous la difeiplinede cet
habile homme.
Celui qui fe diftingua le plus ,
fut un
jeune Médecin nommé Henri de Roi ,
dit l^egius , à qui Reneri communiqué
cette méthode excellente qu’il avoit re-
çût de M. Defcartes pour conduire &
raifon dans la recherche de toutes for-
tes de veritez. Regius ne borna point fà
reconnoilfance à Reneri, mais il la fit -
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Je M. D efiartes. Liv. v. i#
lequel conçût dés lors une haute efti-
il
le r &
pour ne point faire diverfion à
l’étude qu’il faifoit de la philofophie de
M. Defcartes ,
il s’avifa de la mettre
par cahiers ,
&
de la débiter à fes éco-
liers fous le nom de Phyfiologie à me-
fure qu’il la comprenoit.
.La fimplicité de l’hypothéfe,le bel en-
chainement des principes des raifon- &
nemens ,
la netteté & la facilité avec"
H iij laquelle
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'
15 6 [Abrégé de la Vie
1638 laquelle il en foifoit déduire lesv
leur
~ * vericez , les ravie de telle forte que fans -
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>
de M. Dejcartes. Liv. V.
preferer aux autres pour remplir la chai- 163$
~“
re i & qui le fit recevoir avec plaifir pour
collègue par tous les Profefleurs de l’U-
ni veufité dont Reneri avoir difpofé les
efprits.
Regius crut avoir toute l’obligation
du faccés de cette affaire à M. Defcar*
tes ,
dont la Philolophie avoit formé en
lui ce mérité qui l’a voit fait paffer fu ries
autres concurrens. Il prit la liberté par
une première lettre du iSd’Aouftde le
remercier d’unlèrvicefi important qu’il
lui avoit rendu fans le fçavoir. Il le
conjura enfuite de ne point abandonner^
fon propre ouvrage de ne pas lui re*&
füffr les afliftances neceffaires pour fou»,
tenir cette première réputation. U lui
promit de fon côté tout ce qui dépen-
diroit de lui pour ne rien faire qui fut
pollible.
Pour fe mettre d’abord en poffeflïon
des droits attachez à cette qualité, il lui'
envoia fes E (J'ai s de medecine pour les
examiner avec toute la feverité d’un
Hiiij Maître j
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158 A hregé de la V ie
1638 M aître & il lui demanda les objections
*—
-,
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i s *
de la ville ,
Meilleurs Vander-Hoolc^
Van heevtf', Parmentier , &c. outre les
deux Van- Dam Médecins, les deux ’
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.
ï£o
1^8 (bit. Ils étoient tous deux Mathémati-
ciens amateurs de la paix
, &
des (çien-
ces, vertueux, d’une vie frugale 6c
exemplaire au milieu des Proteftans donc :
ils s’étoient prefque generalement ac-
de Züytlichem &
de quelqu’autres Sei- -
gneurs de fes amis qui croient en crédit. .
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de M. D ejcar tès. Liv. V . 1 61
verfité. A peine Regius étoit-il affermi I
fy 9 _
dans Ton nouvel établillement que Ton
perdit Reneri au milieu du mois de .
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iGz .Abrégé delà Vie
dont nous foions oblf-
la feule maîtrefle
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de M. T)ejcartes. Liv.V. 163
tes de la reconnoi fiance qu’ils avoient ,
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'
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.
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id6 • A Itéré de \a Vte *
l(*W ce qu’il avoir envifàgé comme un avan-
tage confiderable pour faire valoir Tes
talens , & pour débiter avec plus d’é-
clat les opinions nouvelles de Phyfique
ôC de Medecine que les vieux Peripaeti- :
—
IV.
de foutenirau préjudice de fa fblitude
& de la tranquillité de fa vie.
P ERS o n n e n’étoit alors plus élevé
n* P^
us con ^^ er cdansl’Univerfitéd’U-
tius t ti
f trech que fe Voetius. Tl étoit le premier
«fe/fw,
(kg Profrffeiirs en Théologie , & le
principal Miniftre ouPafteut de la Vil-
le. Il portoit par tout cet airtriomphant
qu’il avoir rapporté du Synode de Dori •
d’auto-
Digitized by Google
,
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16 % Abrégé de la Vie
qu’à fa morr. Mais étant allé à fon oraî-
lon funebre avec fa prévention ,
les
éloges inelpérez qu’il y entendit de
M. Defcartes lui donnèrent tant de ja-
loufie , qu’il en fortit avec la relolution'
de mettre en œuvre tout ce que fon
induftrie pourroit lui fournir pour dé-
truire cettenouveauté. Neantmoins
Fapprobation que le Magiftrat avoir-
donnée à ces éloges , l’obligea d’aller
bride en main , pour ne pas fe commet-
tre mal à propos avec fes fuperieurs*-
C'eft pourquoi abandonnant ce qui é-
toit du relfort de la Philofophie, contre-
quoi il ne lui étoit ni feur ni honnête
de s’élever , il fe reduifit à ramalTer ce-
qui pourroit fe rapporter à la Théolo-
gie dans le difcours de la Méthode de
M. Defcartes pour en faire la matière-
de les cenfures , & tâcher pat ce moien
de faire bannir de l’Univerfité fa Philo-
lophie comme petnicieufe à la Religion
Proteftante & au repos des Etats des
Provinces-Unies.
Il commença fes hoftilitez par des
théfes qu’il au mois de Juin \ 6 39,’
fit
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de M.Defîartes. Liv.V. 1^9
là mauvaife volonté , il s’abftint d'y i$$
nommer d’abord celui à qui il en vou- " +
loit , &fe contenta d’y jetter les fonde-
mens de la calomnie, dont il croioit de-
voir le charger pour venir à bout de
le ruiner..
Cette calomnie dans laquelle il a
toujours perfifté depuis , confiftoit à
M.Defcartes pour un Athée:
faire palfer
& qu’on ne pût s’y tromper en
afin
prenant quelqu’autre pour lui, il mêla
dans fes théfes parmi les marques de
rAthéifme toutes les chofes qu’il fça-
voit eftre attribuées à M. Defcattes pat
'
le bruit commun.
G e s premières démarches de Voe-
tius firent connoître à Regiùs qu’il fkU
lbit; uter de quelque diffimulation s’il précau -
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h
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de M.DefcanesXiv.V. jyi
une thefe dePhilofophie foûr.enue le 9
de Juillet fous le Profefleur Senguer- -
dius par Florent Scbnyl qui devint néant-
moins Cartéfiendans la fuite. L’aggref-
fgur qui difputoit avoit compofé les ar- f
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'
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«
âe M. Defcdrtes.Liv.V. 1 7$
rpour le mettre en état d’établir Tes prin- i
cipes. Elles rouloient la plupart fur la —
nature des Anges , fur celle de l’Ame de
l’homme ,
fur fon union avec le corps ,
fur l’ame des bêtes & des plantes, fur la
vie ,
fur le mouvement du coeur, & fur
la circulation du fang.
M.
Defcartes avoit mis cette derniere Mauvai
queftion en grand crédit parmi les fça- fe c0 ” du:
vans : $c il avoit merveilleufement ré- Htwfmi
de Harvée
tabli fur ce fiijet la réputation
qui avoit été maltraitée par les fatires
& le decri de divers Médecins des Païs-
bas , la plupart ignorans ou entêtez des
anciennes maximes de leurs Facultez.
Ce qu’on pouvoir alléguer de plaufible
contre ce fentiment , avoit été objeété
îS mois auparavant à M. Defcartes par
fon ami Plempius Médecin à Louvair^
Mais quoique celui-ci parût alors con-
tent de fes réponfes , il fit enfuite une
chofe tout- à- fait indigne de leur ami-
tié. Il jugea à propos pour augmenter
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*
a
*74 Abrégé de U Vie w
v
,
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!
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17 6 Abrégé de U V ie
1640 Plempius ne le fouvenoit plus d’a-
-
voir écrt auparavant qu’il ne croioic
pas que l’on pût convaincre M. Def-
cartes d ‘avoir jamais avancé une fauf-
fêté ou même une bagatelle. Mais s’il
avoir à révoquer les loüanges qu’il lui
avoir données , c’étoit une pitoiable
rétractation que de les effacer avec des
injurey. M. Defcartes ne parut pas fort
ému d’une conduice fi extraordinaire,
& il avoir été de n’y oppofèr
d’avis
que le filence. Regius n’en jugea pas de
même. Il vengea ion maître d’une ma-
nière qui fit apparemment ouvrir les
yeux à Plempius , puifqu’il changea fon
fèntiment fur la circulation du fang pour
embrafier celui de M. Defcartes.
—— Au m o de Novembre de la mê-
1 s
VI* me année le P. Merfenne revenu de
du'ituue
quelques voiages lui donna avis d’un
Af.Pa/- prodige qui venoit de patoître parmi
a
*16
*ns? les fçavans de Paris. Le prodige étoit
qu’un jeune garçon de 16 ans avoir
compoie un Traité des Coniques qui
faifbir l’étonnement de tous les vieux
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de M.Defcartes. Liv. V/177
Rouen: & l’on necroioit point le fla-
kî’j.o
ter en publiant qu’il avoir
été plus
heureux qu’ApoIlonins en quelques
points. M. Defcartes qui n’admiroic
prefquerien, dilîirnulant fa furprife, ré-
pondit allez froidement qu’il ne lui
paroilfoit pas étrange qu’il Ce trouvât
«les gens qui puflènt démontrer les Co-
nques plus aifémentqu’Apollonius :
mais qu’on pouvait bien propofer d’au-
tres choies touchant les Coniques
qu’-
un enfant de fèize ans auroit de la
peine à deméler.
N’aiant voulu s’en rapporter qu’au
témoignage de fes yeux pour la créance
de ce fait, il fallut que le P. Merfen-
ne envoiât une copie du Traité.
lui
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e
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de M. Defartes. Liv. V. 175?
i6$9
écoit échappé de dire que fa Phyftque
ri er oit autre chofe que sJW ech unique -,
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ïgo Alregé dè Vie U
164° en une maifon de campagne prés de
*
cette ville* dans le voifinage de M. de
'
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de MtDefcartes. Liv.V. 181
comme les autres , il en fut encore le
proteéieur &c l’appui.- Comme il étbit
en réputation d’être le plus éloquent
Prédicateur du pays , il fe fervoit fort
heureufement de fon avantage pour in-
fpirer à fes Auditeurs l’eftime qu'il avoir
lui même de cette philofophie, dont il
tiroic les raifonnemens , Jes comparai-
lons, & les explications qui le faifoienr
admirer.
Il n'en étoit pas de même de Rivet Amitié de
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,
78 1 . abrégé' de la Vie
i ^4°
bliquement par fbn maître , il traita
neantmoins tonte cette affaire dont il
avoit eû la conduite d’une pure badine-
rie, qui n’éroit pas digne de ^inquiétude
de Rivet, ni de la curiofité des Mathé-
maticiens de Fiance.
Cependant on vid fortir de la prefïe
Dtfiarir. à laHaye un livre fait contre m. Def-
cartes. C’ctoitle premier des ouvrages
qu’on eût encore entrepris de publier
pour combattre &c ruiner fa Philofophie ;
& il étoit de la dernière confequence
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de M.DeJctrtes: Liv. V. 1*83
t e [u
cîarer ennemi de la Religion réformée
& des Eglifes proteftantes , par ceux
même qui l’honoroient le plus -de leur
bienveillance r 11 avoit fait foutenir de
fécondés &
de troifiémes théfes,oû il
avoit renouvellé la calomnie del’atheif.
me contre lui, afin de préparer peu à peu ;
'
leçons &
fes écrits de quoi lui ftifcitec
un procès.
-
Il commença’ par l’examen des opi-
'
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.
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de M.DéfcàrtèsXiv.V. 185
ou trahir une vérité
pâs rejetter fous
—1640
—
le
“*
pretexte feul qu’elle autoit le caractère
de nouveauté j
&.de ne pas adopter les
erreurs fous le voile d’une venerable
antiquité. Deforte qu’il fallut affembier
l’Univerfité ,
pour délibérer fur te re-
fus qu’il fèmbloit faire d’acquiefcer au
v mainSj-,
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.
/
i 8 <j jébreq-é de la Vie
1640 mains, pourvu que ce fut dans Pécoifre
ou la tribune de Mademoifelle Schur-
mans , parce qu’il ne vouloir pas être
vu* Mais la chofe n’eut point d’effet*
parce que cette a&ion aiant été différée
jufqu’à la fin du mois de Juin, elle con-
courut avec le déménagement qu’il fit
pour palier de Leyde à Àmersfort à trois •
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de M.DeJcartes . Dv.V. iSTÿ
'
douceur &
d’honnêteté.
Cependant les Curateurs de l’CJniver-
irté d'Utrecht follicitez par Voetius &
quelques autres ProfefTeurs de remedier
aux troubles qu’ils feignoient que les
théfes &
les opinions frnguliéres de Rei
gius commencoient à exciter pa rmi euxï^
o > i
publièrent une Ordonnance pour défen-
dre d’introduire des nouveautez ou des
maximes contraires aux ftatuts de PU-»
niverficé.La chofe étoit afïez équivo-
que. C’eft ce qui porta M. Defcartes àr
la démêler , &
à faire. une explication de
l’Ordonnance des Curateurs en forme
de réponfe. M.Vander-HoolcK l’un des*
principaux Magiftrats de la ville qui fur
même Conful l'année fuivante ,
trouva
cette réponfe fort belle & fort judicieu-
& il goûta merveilleufement le defc»
•
fei»
*£8 Abrégé de la Vie
i&f© fein qu’avoit M. Defcartes de lai(Ter
*"
continuer Regius dans manière d’en-
la
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de M. Defcartes. Lîv.V. ISO
1^40
plis qui fe confervent dans du papier,
après qu’il a été une fois plié.- Projet
d\ tttbLif-
Ce fut pour lors que M. .Defcartes ment en
fut averti du projet que l'on faifoit fans Angle-
terre.
fà participation d’un établiffement pour Amitié'
lui & pour fon ami m. Mydorgeen An- avec Can*
diche-
gleterre fous la ptote&ion & par les
bienfaits du Roy Charles I. M.
Defcar-
tes n’en parut pas fort éloigné fur ce
qu’on l’avoitaflu ré que le Roi ttoit ca -
tbolicjue Le promoteur de
de volonté
cette entreprifè étoitun feigneur An-
gJois nomméeharles Cstve7$disk ou Can~
diche frère du Duc de Newcaftle tons
deux amis de nôtre Philofbphe. Can-
difehe étoit grand Mathématicien.. Il
étoit devenu outre cela éperdument'
amoureuxde ta philofbphie de M Def- .
difficuU-
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,
i<)o jfbregé de la Vie
° bonté qu’il avoir eue
difficultez par la
’
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,
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tpi Jbrege de la Vie
mérité & de
grande confideration dans
l’Univerfité de Leyde par Tes emplois Sc
fon fçavoir n’avoit neantmois aucune
relation avec lui. Bien plus , il fçavoir
» que Heinfius avoit averfion de luide-
»> puis long-temps ,
à caufè qu’il étoic
ami de Balzafc quiavoit cenfuréla tra*
gedie d’Herode.
jUèkrotï
M
A s les fuites de la méchante hu-
1
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de M. Dejcartes. Liv. V. 193
1540
larme de ce qui fe fie contre lui par leur
Profelïèur de Mathématiques dans ce
collège , croiant que cela auroit été con-
certe avec Tes fuperieurs ou Tes con-
frères.
Ce Profelïèuc étoit le P. Bourdin
qui voulant refùter deux ou trois en-
droits de la Dioptrique de M.Defcar-
tes,au lieu de lui envoier fes obje&ions,.
comme en avoient ufë Meffieurs de Fer-
mât ,
Petit ,
Morin, & les autres Mathé-
maticiens les avoit inférées à l'ufage
de fes Ecoliers dans fes théfes foûtenues
le 30 de Juin & le i de Juillet par Pim
d’eux nommé Châties Potier qui le fit
quelques années après Cartéfien malgré
fes premières imprefïions.
Le Pere Merlènne non content d'a-
voir publiquement défendu les opi-
nions de fon ami contre l'Ecolier le &
Profelïèur y lui envoia l'extrait de la
théfe qui le regardoit avec le friant-
buU^y c’eft-à-dire le difeours prélimi-
naire , compofé par le Profèlleur pour
l'ouverture de la difpute ,
parce qu'il-
étoit entièrement contre lui, en lui mar-
quant que c’étoit le Profelïèur même'
qui le lui envoioitpar fon miniftére.
M. Defcar--
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9
1 4 sfbregc âe h Ÿ’ie
M.Defcartes qui avoit oublié la trcf>
•vfaçdts niére dont on fe comporte dans les cal-
lég es > aiant vu le difcours préliminai-
Han^Us
Théfa. re & les articles de la Théfe, s’imagi-
na qu’on avoit eu intention de lui mi-
ré infulte publiquement. Il crud que
les jefuites au lieu de l’avertir de fès
fautes en particulier ,
s’étoient étudiez
à le traduire en ridicule devant le plus
beau monde de Paris. Cela lui fit per-
dre l’indifférence qu’il avoit témoignée
en tant de rencontres pour ce qui fe
pafToit à fon préjudice : & il fe mit fe-
rieufementen colère lorfqu’ilvid que le
Profe (leur, fous prétexte de former im
fujet de difpute à fes écoliers , lui avoic
attribué des opinions qu’il n’avoit poi»r s
pour les réfuter plus facilement. Il eue
peut être tort de ne pas confidérer qu’en
ces occafions les Maîtres font fouvent
obligez de forger des chimères à leurs
difeipies pour les accoutumer au com-
bat -, que tout ce qui dans ces
fe paffè
aétions publiques ,
qu’un jeu &C
n’eft
on divertidement d’efprit ; que ce qui
s’y dit n’efi: d’aucune conféquence con-
tre la vérité des opinions d’un Auteut
qu’on y attaque ; que félon l’ufage des
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de M'Defcartes. Liv.V. 195
écoles de l’honneur du Maître ÔC
,
il eft 1(340
do Répondant de paroîcre au moins for-
tir vi&orieux de la difpute-, que ces pe-
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1^6 abrégé de la Vie
*64° ploièr Ton autorité pour engager les
Peres de la Compagnie à lui découvrir
J
une bonne fois tout ce qu ils trouvoient
à redire dans fes ouvrages , afin qu’il
pût ou fe corriger ou leur répondre.
C etoic une honnête déclaration de
guerre pour tous les Jefuites en Con
nom. Il crut devoir la confier à une
perfonne fage & difcréte &: par cette
:
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de M. Defcartes. Liv.V. 197
vancement des fciences. 1640
1
Le Recteur ne parut point mal
fatisfait des raifons de M. Defcanes 8c tC, *,
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Ip8 Abrégé dé la Vie
1640 fut un ftratagéme pdur corriger ces .é-
crits à loifir & les mettre en état de
,
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*
4,
t
ans , ) afin de voir fi elle me femblera «
maintenant meilleure qu’elle ne faifoit «
autrefois. Pour cet effet j je, vous prie «
de, me mander les noms des Auteurs qui «
ont écrit des cours de Philofophie , lefr «
» quels font les plus fuivis parmi les Je- «
fuites,& s’ils en ont quelques nouveaux. «
Je ne me fouviens plus que, des Corinne «
ï
•
• ?!*"> ..-J' i,; .Vf.
:
•>• t ; <
3; i^iTrôi K teurs
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,
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*
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loi Abrégé de la Vie
1640. f tage. H tapleura avec une tendreflè
. qui lui fit éprouver que la vraie Philo-
fophie n’érouffè point le naturel. La
douleur en eut étoit capable de
qu’il
foire conjecturer que cette entant étoit
unique. Mais les médifans n’ont rien
oublié pour lui en fubftituer d’autres,
La calomnie quoique fbûtenuc par l’au-
torité &
les écrits d’un grave Miniftre
des Reformez d’Utrecht lui parut fi mal
établie qu’il fe contenta d’en rire’, SC
,
de répondre au reproche que lui en fai-
foit fon ennemi
,
que n’aiant point fait
'
vœu de chafteté , n’étant point &
exempt des fbibleflès qui font naturel-
les à l’homme, il ne feroit point diffi-
culté de les avouer publiquement s’il en
-avoir. Mais encore qu’il n'en eût au-
cun,il confentoit neanmoins de ne point
palier pour un grand Saint dans l’efptit
d’un Miniftre qui n’avoft pas grande
opinion de la continence des EcclefïaC-
tiques de l’Eglife Romaine qui vivent
*
dans le célibat. .
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D
de M. ejcàrtes. Liv.V. zo $
dans fa première perfe&ion ,
avant mê-
me qu’il eût acquis la qualité de Pere^
Au refte le Public' n’auroit jamais fçeu
cette circonftance humiliante de fa vie,
s’il n’en avoir fait lui- même une con-
fêffion publique en écrivant l’hiftoire
de fa Francine fur la première feuille
d’un livre qui devoit être lû de plu-
fieurs.
Trois fem^ines après la mort de cette
enfant, il quita la ville d’Amersfort pour
aller reprendre fa demeure à Leide. Il auprès
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104 Alrege de la Vie
à un ennemi commun , & qu’il s’agifr
—
164.0
foie de défendre la Religion en genefat-
contre un Sceptique &
un Athée, à quoi
les Catholiques n’étoient pas moins in-'
terellez que les Proteftans. 11 alla folli-'
citer les efprits julqu’au fonds des cloî-
tres de Paris, &
il eut la hardiefle mê-
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. de MjDejcartes.î^îv.V. io<$
tant plus remarquable que Voetius fèm- <1^49
bloit devoir être le dernier de qui on
’
'
—
eût dû efpérer une (emblable cofifeflïon;
après s'être déchaîné fans fujet contre
l’Eglife Romaine en d'autres occafions 9
- & s'être broüillé même avec quelques
autres Miniftres,qui n’avoient pû fouf-ï
frir fes excès 8t fes impoft ures. Mais
comme les Catholiques ne fçurent au-
eun gré de cet aveu à Voetius , que &
I,es Proteftans ne lui en firent anciiïi
crime : on le regarda comme une fuite
du dérèglement de fon efpcit ,
auquel
les uns & les autres étoient déjà tout
accoutumez. ne falloit point d'autre
11
marque de ce déreglement que la ma-
ligniréavec laquelle il afïêâroic de faire •’
r
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'
106 Abrégé de la Vie •
notables .
le commencement de 1 autre qu il vou-
mais en i 0 c reconnoîcre publiquement fon mé-
i
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.
de Ad.DeJcartes.LwiV. 207
élevé,
(oit à la Cour , Toit dans le Parle- i&f 0 *
ment , pour le faire voir à tous fes peu- '
:
m ’«'• .
•
>. f
î. 1 i* i . ;
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ro8 Abrégé
O de U Vie
16 41
LIVRE SIXIE’ME.
Depuis 164t. jufqu’en 1644.
fîtes. Do&eurs a
tât iont
Paris fous le titre de M édi-
touchant la première Pbilofo-
phicyou l'on démontre ïéxtflence de Dieu,
& l'immortalité de V Âme. Mais il faut
refnarquer que ce fut contre l'inten-"
:
tion de rAtiteür qu'on laid a gliffer le
' niot d'immortalité ait lieu de celui et trn-
1
J
matérialité. '
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Je Ad Xiefcartë$\L iv.Vl.
1641
à quelques fçavans même des autres
communions qui paiToienc pour les plus
2-.-- K yj cenfeurs
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1
zio Abrégé de la Vif '
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;
de M.Dejcartes.lAViVI.
choies qui lui appartiennent
w
d’avec
,
de Dieu» .
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f
de M. Dejcartes, L iwV I . if
‘ C’eft pour cela qu'il ne jugeoit pas 164&'
à propos , ni même poffibfe d’inferer
’ ~" ~
dans le texte de lès Médications la ré-
ponfe aux Objeéhons qu’on y pour - 5
roit faire
,
parceque cela auroit inter- r
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,
M4 .1 jihreçe de U Vtc T
:•),
h avoient 1
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•
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'
n£ 'Jhrege de U Vie
y
: ditations pour faite des obje&ions£
y
* ^ mais ii lui déclara que le moiende me*
riter (on amitié &
fon eftime etoit düf
ne le pas épargner. M. Hobbes le crut*
Le Pere envoiant ces objections a Mv
Defc3rtes>les avoir accompagnées d’utf
mot de recommandation pour fonatnÿ
afin qu’il connût fon mérité , & qu
il.
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de M. Défunts. Liv.VI. 2.17
avoir faites fur fa Dioptrique, ni M. 1^41.
Defcartes lui refufer la fatisfa&ion de
répondra à fonami , M. Hobdes de-
buroit dans fon écrit parun commen-
cement pui ne regardoit point la Diop-
fripte de M. Defcartes. Il y parloitde
Dieu & de l'Ame comme de chofes cor-
porelles. Il y difcouroit fur fon efprit
interne qu’il établiffoit comme le Prin-
cipe de toutes chofes , & il y traitoic
beaucoup d’autres fujets étrangers qui
étoient éloignez de ce qu’il avoir entre-
pris d’examiner. Car encore qu’il pré-
tendît que la matière Jnbtile de celui-ci
file la même chofe que fon efprit interne*
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lîg ; Abrégé de* U Vie :
^4 f •
I(
fans qu’il parue à M. Hobbes oii à d’au-
*’" * très qu’elle futvenue de plus loin que
du Couvent .des Minimes de Paris.
Il marqua en même temps à ce Père
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de M. Defcartes.Liv.Vl. 2.19
ftand âgé pour lors de prés de \<) ans.
N'aiant pû obtenir du Père Merfenne
qu’il liroit les Méditations gratuitement,
il fe crud obligé de foire deux perfon-
nages dans l’examen qu’on demandoifc
de lui. Il parut d’abord en Philofophe
pour reprefenter les principales diffi-
cultez qu’on pourroit objeéter à M.
Defcavtes touchant les deux grahdesqué-
ftions de la nature de nôtre Ame de &
l’exiftence de Dieu. Il fit enfuite la fonc-
tion de Théologien pour marquer les
choies qu’il jugeoit capables de cho-
quer les oreilles accoutumées aux ex-
preffions ordinaires de fa Théologie.
M. Defcartes n’avoit pas encore eu
d’adverfaire plus raifonnable ni plus ha-
bile que ce jeune Dotteur qui non con-
tent de s‘être rendu très profond dans
toutes fortes de connoitîances faifoit
•encore regner un efprit parfaitement’
géométrique dans tous fes raiionne-
mens. Mais au lieu de perdre le temps
à l’admirer , il mit toute ion application
à lui répondre. Ce qui lui donna d’au-
tant plus d’exercice qu’il avoir à fatis-
faire un efprit auquel il ne lui étoit pas
poflible , d’impofer ou de donner *
le
> change,
no Abrégé dé U Vie
1041 change , &
qu'il s’agifloit de foudre
y en même temps des difficultez tres-fo-
lides & tres-fubtilement propofées.
Il manda au P. Merfenne qu’il n’au-
roic pu fouhaiter un examinateur de (on
livre plus clair- voiant &: plus officieux.
j
' cours
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Je M. D e/cmes. Liv.VL-iii
«bats en le munifTant de l’autorité de 1^4*
(àint Auguftin, dont la Philofophie a-
voit pour bafe &
foûtien le premier
principe de la fienne, .
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ziz. Abrégé de la Vià '
Ls ’
n
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ÆM.D^rw.Liv.Vl. 12.3
Il fouhaitoit que M. Arnaud vît fa T
pg
cet Adverfàire moins capable d’erreur Arnaud.
dans fes connoiffances , ou de diffimu-
lation dans fa conduite. Il ne fit point
difficulté de mander depuis aux Pe-
res de l’Oratoire, que tout jeune Do-
cteur que fût M. Arnaud , il ne laiffoit
>a? d’eftimer plus fon jugement que ce-
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-
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zi6 Abrégé de la V^ie
.1641 complaifance qu’il avoit tâché defuf-'
- pendre dans le corps de l’Ecrit, il prote-
fta que Ton de Hein en écrivant contre
M. Defcartes n’avoit été que de s’en-
tretenir dans l’honneur de (on amitié. Il
ajouta que s’il lui étoit échappé quelque
chofe de trop dur ,
il le defavoüoit fur
l’heure, & confentoit que tout ce qui
pourroit déplaire à M. Defcaçtes fut
rayé de fon Ecrit.
Ses honnétetezne fe bornèrent pas à
une fi belle fin. Il écrivit" encore en par-
ticulier une lettre pleine d’éloges non
feulement pourl’efpritde M.Defc.>-
tes , mais pour l’ouvrage même qu’il
avoir entrepris de cenfurer. Mais ce
qu’il ajouta enfuite touchant la neceflî-
té où l’avoit mis le P. Merfenne de lui
envoier fes doutes fes fcrupules ; &
touchantfa prétendue incapacité tou- -,
4
Mais quoique fa vengeance fut fans
fondement & ires-injulle en elle -mê-
me, elle fut neanmoins utile à M. Del»
partes, qui reçût fon écrit p/tr la voie du
P. Merlenne fous le titre de Difquifitio
ftapbyfica ,
feu Dubitationes , St c.
Il
y répondit d’une manière moins affe-
ctée fans doute que n’avoit été celle de
M. Galfendi ,
dont le ftile lui parut
ttes-beau & tres-agréable ,
quoi qu’il
voulût fe perfuader qu’il avoit moins
emploie les raifons d’un Philofophe
pour réfuter, les opinions que les artifi-
ces d'un Orateur pour les éluder. Mais
L iij le
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2.28 Abrégé de U Vie
le defir de ménager davantage fon Ad-
x<j4 t
verfaiue l’empécha de foûtenir le cara-
ctère de fà fimplicité ordinaire. Car s’é-
tant mis en tète de faire répondre VEf-
prità la Chair , comme fi c’étoient deux
perfonnages qu’il eût voulu introduire
fur le théâtre, il donna lieu à M.GaC
fendide fe reconnoître fous celui de la
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230 Abrégé de lit Vie
1641 laiffa fes paradoxes ou nouvelles opii
nions par manière de corollaires, avec
la permiflion de mettre même le nom de
M Defcartes à la tête de fes thefes.
Thtfts de La première difpute de ces thefes fe
.R«giw.
e yj d’ Avril. Regiusypréfidoit,
fî c l &
celui qui la foûtenoit étoit le Sieur Jean
dt Raey qui vit encore , & qui s’eft
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z^z Abrégé de U Vie
1641 aigrir les efpritsdes autres Profefïèurs
—— déjà mal difpofez pour lui. De forte
qu’on prit une refolution ferieufe de
s’oppofer aux progrès de Tes nouveau-
tez , &c d’en faire la caufe commune de
l’Univerfité contre lui 6c M. Defcartes..
Voetius quiavoitécé jufques là retenu
extérieurement par les foûmiiïions de
Regius , leva enfin le roafque , & fe dé-
clara le- chef de Tes adverfaires , fous
pretexte que dans quelques endroits de
fe s dernières thefes il s’étoit glilfé quel-
ques’ expreffions différences du lan-
gage ordinaire de l’Ecole , qu’il ne lui -
Google
de M.DeJcarte s. Liv.Vl. 13 3
nouvelles opinions dans leurs théfes de
Novembre & de Décembre. Pour lui il
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. ,
134 A bregé de UV ie
'
le faire déclarer hcretique fk procéder
1(j
à fa dépofition. Au nom de la Faculté
Theologique , c’eft-à-dire , de lui-mê-
me , de
fes deux collègues Charles De*
matins ëc Mainard Schotamts & des •
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.
qui le protegeoit ,
ami inti-
me de M.Defcartes.Le conful manda
le Re&eur Voecius , lui ordonna de cor-
riger Tes théfes ,
d’en ôter le ticre , &
tout ce qui pourroit intereflèr la réputa-
tion de Regius. Le Relieur qui devoir'
lui -même préfider à ces théfes fort-
étourdide l’ordre du Conful ne parla-
plusdeconfiftoire ni de fignature. Mais
comme les endroits des théfes qui re-
gardoient. Regius &
M. Defcartes
étoient déjà imprimez , &
qu’on étoit "
à la veille de lesfoûtenir ,il fe fervit de
ce pretexte pour couvrit fa defobeïlfan-
ce & fa mauvaife volonté.
Ces théfes furent foûcenues les i8j_,
& 14 de Décembre. Le répondant-
qui s’appelloît Lambert Vauden 'Water*
laet s’y. fignala autant que fon Prefi-
dent contre les opinions nouvelles , dé-
fendues avec une ardeur égale par les^
oppofans,qui croient prefque tous éco-
liers de Regius». Le Prefident fe voiant
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de M. Dejcartes. Liv.VI. 2.3 7
àUtrecht, ne fçavoir à Regius qu’il 164*;’.
étoitde même avis que le Conful.
Que fa penfée avoit toujours été qu’il
ne falloir point propofer d’opinions >
nouvelles comme nouvelles mais- \
Digitized by Google
138 '
Abrégé de. la V'ie'
^
. plus grande modeftie qu’il vous fora
poiïïble ce qu’il y a de vrai dans
a ,
ce que vous avez propofé de cor- ;
&
ri
g e,: fens entêtement ce qui ne paroit
„
n pas tel , ou qui eft mal exprimé : étant
Digilized by
1
de M. Defcartes .Lrv.V 1. 39
très ,
comme l’un des plus beaux mo- 164.%
numens- de fa doucéur & de fa pruden-
—
ce. Mais quoiqu’il lui eût marqué de
nouveau que fon dience vaudroit en-
core mieux que la meilleure réponfe
du monde, il ne laiffa poinrde publier
fon écrit ,
dont le fuccés répondit aux
appréhendons qu’on en avoit eues.
En effet on le Ht paflèr pour un Ii- r0tmr
belle imprimé fans ordre du Magiftrap/'^f"**
par un Imprimeur catholique, débité philofi.
par un Libraire remontrant contre P hie ««**
v* U '
l’honneur du Re&eur, de toute l’Uni-
verdté, &
même de la Religion Pro-
teftante. Voetius obtint que le Juge de
Police en faidroit les exemplaires. Ce
qui aiant rendu le livre plus rare , &
l’aiant fait rechercher avec plus d’em-
preffemenr , irrita le Re&eur de telle
forte
,
qu’aiant £agné par fes intrigues
la plufpart des Profèfleurs de l’Univer-
fite & des Sénateurs du confeil de ville,
il un decret des Magiftrats , puis-
obtint
un jugement de l’Univerdté contre la
Philofophie nouvelle ,
pour défendre à-
Digitized by Google
s
Digitized by Google
deM. D ejcar tes Liv.VT. 241
dont la fortune ne fut pas fi heureu-
Digitized by Google
1
i4 2 ,
'
Abrégé de ta Vie
1 ^4 da nettehient qu’il avoic fort approuvé
tout ce qu’il avoic écrit , fansen ex-*
cepter fon explication de l’Euchariftie j
& le V. Mefland ,
hon-
qui pour faire
neur à fa Philofophie, compofa un
abrégé de fes Méditations Metaphyfi-
fiques ,
6c les mit en ftile fcholaftique „
& intelligible aux efprits les plus mé-
diocres.
Le Cartéfianifme faifoit de grands
progrès dans la compagnie des Jefuites,
non feulement en Flandre, mais même en
France fous la prote&ion des deux prin-
cipaux de cet ordre ,vje veux dire du
Digitized by joo^e
Goo<ne
,
de M.Defcartes.Liv.V], 145
fôn Adverfaite. Il voulue l’attaquer ou-
Digitized by Googli
de M Defcartes. Liv.Vl.
avouer que le defir de fervir M. Gaf-
145 1(
,
gard de M. Defcartes.
C'ecoit par un autre efprit , & par pfÔTfe
d’autres interefts que Regius rendoit à *
M. Defcartes de frequentes vifitesdans
Eyndegeeft qu’il regardoit comme fon
ccole. Ce fut là qu’il connut l’Abbé
Picot , qui depuis la fin de l’année pre-
cedente étoit venu voir nctre Philofo-
phe avec l’Abbé de Touchelaye le puif-
lié , &qui lui fervoit prefqvre de fecré-
taire pour répondre à fa place aux que-
ftions de Phyfique & de Mathémati-
ques qu’on lui fàifoit.
Cependant Monfieurle Dnc de Lui-
nés fît pour l’utilité de tous les François pif* des
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,
Abrégé de la Vie
qua un cara&ére d’original , & les ren-
dit même meilleures que (on latin.
X. 'Tjlü d i s que les amis que M. Def.
Livrt* de
cartes avoir en France v.enoient en fou-
Voetius
contre M # le à Eyndegeeft, où ils f^avoient qu’il
Defcartes
s’étoit rendu plus vifibie qu’ailleurs > les
ennemis de fa Philofophie avançoienc
leurs deflèins à Uttecht. Voetius las
d’écrire d«.s lihelles fous fon nom contre
elle ,
& contre la perfonne de M. Def
cartes &de Regius,avoit débauché un
jeune ProfelTeur de Groningue nommé
Schoickim qui avoir été de les Ecoliers,
pour prendre la plume, ou lui prêter au
moins fon nom , dans le delFein de faire
croire au Public que M. Defcartes avoir
encore d’autres ennemis que lui.
Il avoir fous la preflc un nouveau li-
^
belle contre lui àUtrecht :& fçachant
que M. Defcartes à qui l’on en envoioit
les feuilles le réfutoit à mefiire qu’on
l’imprimoit, il en mit la copie eurreles
mains de Schôockius pour en prendre le
foin y & lui fit mettre Ion nom à la tête
afin de faire condamner M, Defcanes
de précipitation, Sc de pouvoir le traiter
comme un calomniateur & un impofteur
qui lui attribuoit les livres d’autrui.
II
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1
confrérie
tion, par un autre libelle que Voetius N. D.
de
fit dans l’intervalle de l’imprelïion con- de Bofla*
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,
M ij deux
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o Abrégé de U Vie
K> 4 ? deux écrits, quoi qu’il ne fe reconnût
point jufticiable de leur tribunal. Voe-
tius qui ne pouvoir ptouver autre cho-
eft*cité à
ces procedures que vers le milieu
Gronin- d’O&obre : & fans (çayoir quelles
v*c '
fuffent encore fi avancées, ,
ni même
qu’on y eût violé toutes les formes
fie juftice comme il l’aprit depuis , il
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r
de M. Defcartes.lÀsi.V 1 . 2-51
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+
Abrégé de la Vie
don de diflïmulation , il
j'643 n’aiant pas le
alla innocemment découvrir à M. Sor-
biére ce qu’il penfbit d’une femblable
conduite. Ne fçachant pas qu’il parloir
à l’efpion de M. Gaflendi qu’il recevoit
chez lui comme un ami, il luy décla-
ra un peu trop franchement que c’étoit
M. Galfendi qu’il avoit dans la penfée,.
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de M. Defcartes. Liv.VI. 253
bière imprimer l’ouvrage à Amfter- 1644*
fit
M inj de
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z 54 jihregé de U Vie
ï(*44 de Tes Principes avant fon voiage. Mai?
:r-:
les longueurs de ceux qui tailloient le 9
figures l’obligèrent d’en laifler le foin à
M. Schooten y &de avec M.de
partir
Ville- Breflïeux dés le premier de May
après avoir mis fon procez de Gronin-
gue hors d’état de pouvoir lui caufer
aucune furprife. D’Egmond du Hoef il
vint à.Leyde , delà il Fut à Amfterdam,
& pafla enfuite parla Haye pour
y pren-
dre congé de fes amis. M. Sorbiére qui
. feignoit ^d’cn être , l’y attend oit avec
les armes qu’il avoit demandées à M;.
[ Gal3èndi,pour l’attaquer fur fon opinion
M
du P* tilde. . Defcartes eut la patience
de répondre à toutes fes difficutez,
fansfe plaindre du contre-temps. M,
Sorbiére aiant ufé toute fà poudre con-
tre hii, &ne pouvant demander de
nouveaux argumens fur le vuide à Mi
Gàflendi , chercha d’autres fujets pour-
ne point fatiguer M. Defcartes à demi*
s’apliquant plutôt à trouver dequoi ob-
jecter, qu’à comprendre ce qu’on lui ré-
pondent. Dés le lendemain qui étoit le
io de Mai , il écrivit à M. Gafïèndi
pour lui rendre compte de tout ce qu’il
avoit fait contre M. Defcartes pour fon
fervice,
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, •
de M. 'Defcartes.Liv.'Vl. i/s
fèrvice , & il les brouilla fi bien qu’ils fe
*
164.1
traitèrent avec allez d’indifFerence pen-
dant quelque temps,fans fe foucier de fe
voir lors qu’ils étoient l’un & l’autre à
Paris. XIV.
E l z ev r
voiant avancer l’im- hon lall-
1 e
prellion des Principes de M. Defcartes >* dts
vers fa fin, fit folliciter l’Auteur de lui
jermettre d’imprimer en même temps counti .
ltt '
Îa tradu&ion latine de fes Eflâis, après
laquelle afpiroient' les Etrangers qui
n’avoient point l’ufage de notre lan-
gue. Cette Tradu&ion avoit pour au-
teur M.
de Courcelles l’ancien, Miniftre
6c Profelîeur Arminien ,
qui pria M. 1
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156 Abrégé de la Fie
i«44
qu’il la jugeâtau deflus de fa portée, foie:
qu’il eut avis que M. Schooten s’étoic
chargé de la traduire..
l'otage en
France*
M„ Defcartes s’embarqua pour la<
France au grand regret de Tes amis de
Hollande, qui apprehendoient les obfta-
cles de Ton retour
, &
fur tout le reflen-
timent des indignitez commifes à (on
égard par les Magiftrats & les Profef-
feurs d’Utrecht. Il arriva à Paris for la
fin de Juin ,
& chez l’Abbé
alla loger
Picot dans la rue Il en
des Ecouffès.
partit le t 1 dejuiiiet pour Orléans, d’où
il defeendit à Blois chez M..de Beaune
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de M.DefcurteslÀv.Wll. zyj
gnes au diocéfede Nantes chez (on puif- 1644
“*
né. Il pallà enfuite en Poitou pour y
faire comme en Bretagne la vifite de fon
bien ,
de fes parens & de fes amis , & il
» «
LIVRE SEPTIE’ME.
.Depuis 1644. jujqutn 1650.
A SON arrivée
tion de fes Principes
duftion latine de fes Eflais,&
il tïouva
& delaTra-
les
l’édi-
exem- tdiiioa
rapport &
de liaifon avec fès Médi-
• ’»
tations^. •
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i'5# Abrégé de U VtC
1 ^44 >
plus general dans la Phyfique, le. l’ex*'
~~
plication des- premières loixde la Natu->
re & des principes de-s chofes materiel-
les, les proprietez du corps ,-de l’efpa-
ce, du mouvement j &c;
La troifiéme contient l'explication-
particulière dû fyftéme du Monde , ÔC
principalement de tout ce que nous en-»
tendons par les deux &
les corps ce-
leftés.-
La dernière comprend tour ce qai*-
«oncerne la Terre..
'
Ce qu’il
y a de remarquable dans cet
euvrage eft que l’Auteur après avoir
premièrement établira diftinètion qu'il*
met entre l’efprit>8e le corps, après avoir
pofé pour principes des chotès corpo^
relies la grandeur., la figure,& îé mou-?
vementlocal , qui font toutes chofes fi-
claires Sc fi intelligibles qu’elles (ont
reçues de tout le monde , il à fçû expli-
quer prefque toute la Nature , & rendre*
raifon de fes effets les plus ctonnans-
fans changer 'de- principes 1
, & fans-fe
démentir en quoi que ce foir.
Il n’avoit pourtant pas la préfomptiorr
de croire qu’il eût expliqué toutes les
îhpfes naturelles , fur tout celles qui me -
tombeatc
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dt M. Defcartes. Liv.Vlï. 25 ?
tombent pas fous nos fens, de la manié- 1644-
re qu’elles font véritablement en elles «
mêmes. Il croioit faire beaucoup en ap-
prochant le plus prés dé la vrai-fem-
blance à laquelle les autres avant lui
n’étoient point" parvenus , en'faifant &
en forte que tout ce qu’il avoit écrit,ré-
pondît exa&ement à tous les phénomè-
nes de la Nature.C’eft ce qui lui paroiC-
foit fuftifànt pour l’ùfage de la vie, dont
l’utilitéfemblê être l'unique fin que l’on
fe doit propofèr dans la Méchanique/ là
Médecine , &
dans les Arts qui peuvent
fe perfectionner par lés fecours de là-
Phyfîque.
-
Mais de toutes les chofes qu’il a ex -
-
pliquées ,
il n’y eir a* point qui ne pa-
roilîènt au moins moralement’ certaines
par rapporta l’ùfage de la vie, quoi-
qu’elles fôient incertaines par rapport à'
lapuiflànceabfoluë de Dieu..Il y en a
même plüfieurs qui font'abfolnment ou
plus que moralement certaines ,
telles
que font les 'démonisations mathémati-
ques , & les raifonnemens évidens qu’il -
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2.6o Abrégé de U Vte
T *»44
“
l’autorité de décider & pour ne jamais
rien aflurer.
Quoique ce qu’il avoir eu intention
de donner fous le titre de Principes de
Philofophie fût achevé de telle forte,
qu’on ne fût point en droit de rien de-
mander de plus pour la perfection de
fon delTein ,
ilne lailfoit pas de faire ef-
perer à Ces amis l’explication de tou-
tes les autres chofes qui faifoient dire
que fa Phyfique n’étoit point complète.
Il fe prorrettoit d’expliquer de la même
manière la nature des autres corps plus
particuliers qui appartiennent au globe
terreftre, comme les minéraux, les plan-
tes ,.les animaux, &
particuliérement
l’homme. Après quoi il fe propofoit for
la mefure des jours qu’il plairoit à Dieu
de lui donner de traiter avec la même
exactitude de toute la Médecine , de
toute la Méchanique, & de toute la
Morale, pour donner un corps entier de
philofophie.
Élisabeth H dédia fon livredes Principes à fon;
Manne ïHuftre. difoiple la PrincelTe Palatine
difcii-'/ede Elizabeth ,
l’ainée des filles de l’infor-
tuné Frédéric V. Electeur Palatin élû'
&oi de Bohême. Cette PrincelTe avoir-'
M- iV* été-
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—
Je M.DeJcartes.Liv.'Vlï. i6ï
été élevée dans la connoilTance d’un
grand nombre de langues ,
que l'on comprend fous
& de tout ce
le nom de
—
Belles lettres. Mais l’élévation & la*
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i6z Abrégé delà "Vie
coûtumée infenfiblement à la médi-
"" tàtion profonde des plus grands myfté-
res de la Nature & l’aiant exercée fùf-
,
fifamment dans les queftions les plus
abftraites de la Géométrie &
les plus
veritex Metaphyfiques.
Elle continua de philofopher de vive
voix avec lui jufqu’à ce qu’un accidenr
Pobligea de s^éloigner de la'préfence de-
làReine de Bohême fà mère , &
de quit-
Hollande pour l’Alle-
ter leféjour de la
magne. Alors elle changea fes habitué-
dés =en un commerce de lettres qu’elle
entre»
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,
Je M.DeJcartet.Liv.Vll.
entretint avec luipar le tniniftére des
Princeflèsr Tes fœurs. —
Sur les mefures que M.Dèfcartes *
avoit prifes à Ton retour du Poitou pour
*
fe rendre en Hollande avant les glaces,
il s’étoit réduit à la neceflïté de ne pou- P*ru ob
voir point pafler plus de dix ou douze
jours à Paris. Il les emploia* erides’vifi-
tes continuelles qu'il rendit à (es an-
ciens amis qu’il n’avoit point vûs de-
puis le fiége de la Rochelle , & à ceux
que fa réputation lui avoit faits pendant
fon abfence.
L’un de (es premiers foins fut de voir
les Jefaites du collège de Clermont ,oà
fè ment les dernieres ceremonies de (a
réconciliation avec le P. Bourdin (on
ancien adverlàire
,
qui pour rendre fon
amitié agiflànte & utile voulut être fon
correfpondant pour les lettres qu’il au-
roit à envoier aux Peres de la Gom»
pagnie dans les provinces du Roiaume
& en Italie , ôc pour celles qu’il auroit
à recevoir d’eux.
Il vid encore outre M. le Duc dfc
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2 64 Abrégé de la V 'te
_ ‘ pour
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de M.Defcartes. Liv.VII.z65
pour bien répondre
faifoit M. Defcartes
à l’honneur que
; &
ladifpofitionoùilétoit de lui rendre ce
il protefta de
lui
—
.1644
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%(>6 Abrégé de la V ie
^44 Les nouvelles du retout de M.Def.
IV. cartes diflïpérent le trouble & les in-
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de M. Défîmes. Liv.VII. 167
leur confafion. L’éclat que leur in-
juftice nefervit pas peu aux Juges de
fit
—
1^44.
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'
2.68 '
Abrégé de la Vie' .
prelfion &
le débit de tout ce qui étoit
pour ou contre M. Defcartes.
Nonobftant cette ordonnance, Voe-
tius au defcfpoir de ce qui s’étoit pafle
à Groningue, ne laifla point d’impri-
mer une lettre au nom de Schoockius
contre
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de M. Defcartes. Liv.V ILl'fy
contre le gré dé l’auteur qui la defa-
voüoit : & fon fils attaqua les juges de
Groninguepar un libelle des plus info-
lens intitulé Tribunal iniqmm. Il fallut
que M. Defcartes prît la defenfe de ces
Meilleurs &
de leur jugement.
• Cependant Voetius le Pere Dé- &
matius fon collègue notez dans la Sen-
tence comme faulî'aires calomnia- &
teurs , concertèrent les moiens de pu-
nir l’ingratitude deSchoocKius 3 qui a voit
été lecolier & le confident du premier.
Ils apelloient ingratitude l'obligation
qu’avoit eue celui-ci de preferer la vé-
rité aumenfonge devant le tribunal de
fes juges. Mais parce qu’il n’étoit plus
fous la ferule , ils luy intentèrent un
procez d injures , comme s’il les avoir
calomniez. Toutefois les menaces que
Schoocicius fit à Voetius de découvrir
fes fecretsen juftice furent caufe du dé-
fi ftement de celui ci,lorfque le procez
fut fur le point d’être jugé àUtrecht,
& ils ne fe pardonnèrent jamais ferieu-
fement depuis.
Il n’en fut pas de même des difpofi-
tions de M. Defcartes à leur égard. La
tempête finie, il ne fit aucune difficulté
de
17° Abrégé de la Vie
*^ 4
-
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de M.DeJcartes, Liv.VII. 171
lè&ateur. de fa do&rine, pour imiter 164?
plulieurs Carteliens avec "•
lefquels il
tytefi*.
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1 .
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«
de M.DefcartesXiwyil^z'y^
(on efprit dans Tes bornes. Regius s ‘é toit 64$;
infhiliblement écarté depuis ce temps;: ——
1
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,
finir &
de divifer. Mais pour éviter les
incojiveniens dont M. Defcartes l’avoit
averti , il lui envoia ce modèle d’aver-
tilfement au Lefteur avec lequel il pre-
tendoit finir la préface de fon livre. Pour
détromper ceux qui s* imaginer oient cjue
les chofes contenues dans cet ouvrage fe-
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Je Ai. Defcartes. Li v. V II. 2.7 f
Mie quily a effectivement plufteurs en-
droits où je fais profeffon de fuivrc les
opinions de cet excellent homme ; mais
qu’il en d'antres anjji où je fuis d’une
y
opinion contraire , &
d'autres encore fur-
lefquels il n'a pas jugé à propos de s’ex-
pliquer. Pour tâcher de prévenir le defir-
veu public dont il fe croioit menacé par
M. Defcartes ,
il lui fit offre d'ajouter
encore dans fa préface tout ce qu’il ju-
gecoit propos, parce qu’il apprehen-
à
doirce defâveo comme une réfutation
de fon ouvrage, capable de l’étouffer on
de le décrier dans fa naiflànce. Mais il
ne patîa point de le retoucher dans le
fonds.
M. Defcartes lui manda qu'il approu'-
voit fort la manière de iraiter la Phyfi-
qüe par définitions & divifions, pourvu
qu’il y ajoutât les preuves necefiaires.
Mais il lui fit connoître en même temps
qu’il 11e lui paroifloit pas encore aiïez
verfé dans la Meraphyüque ,
ni dans la
Théologie,pour entreprendre d’en pu-
blier quelque chofe : que &
s’il étoit
l 'i VI x
fous
#
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dé Mt&ejcariéi. îLiv'.Vn. 277
M. E)efcart es refofa
fous pretexte que _1: ^
tant qu’il vécut de la reconnoittè pour
Çenne à caufe de cet extérieur étranger*
il s’en faific après fa mort , en fup pri-
mant même fon nom ,
avec tant d’indi-
gnité, qu’on le regarde autant comme le
premier Plagiaire de do&rine, que
fà
comme le premier ^clîifmatique de fil*
feéte.-
M. Defcartes répondit aux outrages
4 e Regius avec une douceur & une fai
ge(Tè qui auroit été capable de faire fôn
2pologie,s’ilen avoir eu befoin : & il ne
voulut finir fon commerce avec cet in--
:'
fc
La Pa*. tie la plus >odieîifeldu ^$4
vol qui rendit Regius plagiaire de Mi Je^Ant
Defcartes confiftoit dans des Memoi- «««*
res que celui- ci avoit drefTei deptrisïPé-J ï lûuT
t
- N iüj mens
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Abrégé de U Fie
T mens dé Vbyftejue (ans l'avoir pu com-
prendre tant parce cjue les figures lui
manquoient qu’à eau le que ce qu’avoit
,
mû™' J
G
^ e
,
cor s ^ umain par
P k
fecours
de fes expériences. Et il commença dés
1 automne de cette année fon traité fe-
paré de VH &
omme , même celui de la
formation dé Foetus quoiqu’il n’eut pas
,
achevé celui des Animaux.
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&e M . Dejcartes Liv.V II. 279
rent qui s’éleva en cette année entre
Longomontanus & Pellius touchant la -
quadrature du cercle. y avoit long-
Il
temps qu’il étoic convaincu qu’elle
étoit impoffible &
depuis qu’il en
avoir fait la preuve par le moien def#
Méthode &
de fon Analyfe , il s ’étoic
abftenu' de cette operation, comme
d’une chofe impraticable inutile. &
Au commencement d’O&obre il u.T Oit'
quitta fa folitude pour aller embrafler
fon ami M.-Chanut qui paiFoit à- Am- Tolikr *
fterdam pour la Suede en qualité de'
m ’
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z8o jél\regéctelaVie
— ... -
étoient necellaires pour continuer 13h
‘ -
Ll fait f*
Phyfique. t
aux in-
(ta.nct s c't
Réponfe qu’il avoir refufée d’abord ati 4
M. Gaf- M.GaIïèndi,queM 0
livre deslnftancesde :.
finai*
en nôtre langue avec-
Clerfelier traduifit
VIII.
Difputts
Cependant. M. de Roberval;
avec M. oubliant jeu à peu larefblution qu’il
de Rober-
val fur
avoir prife de vivre en bonne intelli-’
lesVibra- gence avec m. Defcartes après l’hon-
fie ns. '
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de MiBeJçaneïMv'.V U.
lui firent peut être M.de,Robèrval plus
criminel, qu'il njétoitj fans confiderer
^*£
1
hï N- Y ' v reçuf.'*’
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z8 z dbregê de h Vie ~
,
que M. Defcartes envoia au P.
MoHu Merfenne.
M*ec u Ce fut prefque dans le même* temps
qu’il examina le livre de Seneque dit
U*
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de M* Dejcartes. Li v.V ÎI. z8$
ta vie heureufe en faveur de la Princefle ^4^.
Elizabeth fa dilciple, qui lui avoir de-
mandé de quoi fe divertir dans fes drf.
grâces aux eaux de Spa ,
oû les Mede-
cins lui avoient interdit l’étude & la 1
tes,.
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ees > dd HoQghtand Gennlhommô
iffl 'i
*
catholique^ célébré par fa verfcu &pat
fés chantez , fqn hôte à Leyde &{bn
correfpondant , don h* au public des
marques de Ton étroite union avec kti*
G’eftçe qii’ilfk par la publication don
livre qu’il lui dédia concernant l’exi-
ûenee de Dieu , la fpiritualité dé l’A-
&
me > fon union avec de corps ; outre
PeeconUmie du corps de PAmpaat ex-s
pliquée méchaniquement. rr. . .
„ ,
d’oppofition avec Regius. qui lui fut fore
glorieux. Mon bon ami M.de Hooghe^
lande (dit-il à la Printdfle Elizabeth)
t'U fy
Si'
a fait toutrle contraire de Regius^ en ce
,
Si
.moi :àu lieu que l'autre n’a rien, écrit
» qui foit proprement de moi-j.& toutes-^
,
.
MaisPublic n’a pdinc crû devoir
le
s’arrêter à une déclaration qu’on foup-
t'».
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,
un nouvel ouvrage# ; -
:
*
i
Digitized by Google
il 6. Ahegf de h Vît
litf pe ii ci-devant Profefleur à Amfter-^
dam. Le fieur SAmfonJonjfon qu’on pre-
noit à Paris pour le Précepteur de la
Princefle Elizabeth ,
mais qui écoit feu-
lement' Prédicateur de la Reine de
Bohême fa mère, fut aufîi reçu dans le
même collège pour profèffer la Théo-
logie. Tous ces nouveaux ProfefTeurs-
qui faifoienr gloire de fuivre la doétri-
ne deM. Defcartes,rendirent leur Uni-
verfité , qu’on qualifioit du nom d’E- *
cote tlluflre ,
Cartéfienne dans fa naifi.
fènce ,
à la faveur des Curateurs qui-
étoient le grand Veneur de Hollande,
M. Rivet Aumônier & Théologien du^
Prince, & M .Huyghem fécond fils de
M. de Zuytlichem élevé dans les princi-
pes de M. Defcartes.
Parmi ceux q[ui demeurerent'à laHaye
il-ne s’en trouva point déplus confide-
rables que M.de Braflet gentil-homme
François,qui étoit fon cotrefpondant,&:
qui rut depuis Relident de France au-
près des Eftats Généraux ; M. le &
Bnrggrave de Dhona le jeune, gouver-
neur de la viile d’Orange, qui ne laiflà
pas de continuer dans les exercices de
la Philofophie Cartéfienne aveclaPrin*.-
ceflè -abfente.-
*
Outre- - j
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de Ad.DeJcdrtes. Liv.VII.1S7
Outre tant de fujets de fatisfaâ:ion, 164G*
~
M. Defcartes reçût encore pendant tou-
^ ^
te cette année divers complimens de e, amis
f
la part des lefcites de France des tar ™ les
&
Pays-bas* La choie lui fut d autant plus & ail •
agréable que ces Pères fembloient de- l<uri '
voir être ceux qui fe féntiroient les
plus interelfez dans la publication d’une
nouvelle philofophie j &
qui/elon lui,
auroient dû pardonner le moins,
le lui
s’ils
y avoient trouvé quelque choie à
redire. Il eut même le iplaifir de voir
revenir de leurs préventions quelques-
uns de ceux d’Allemagne &
d’Italie,
»
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r T
*-88 TT j4bregê de* U Vie" V
ïfyS. fuft entièrement rangé du côté des Gar-
er < téfiens. -, ;
<
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.
v *
« A pIin e M. Defcartesavoit-il fini *
JL r/_
avec M.'. le Comte & M. Porlier lès pond à Ix
Digitized by Google
z5>o Abrégé de la Vte
i<>4<*. déjà infpiré pour fa philofophie lui fk'
demander fon fentiment fur une que f-
tion de Morale qui s’étoit agitée entre-
elle & ce Rendent au mois de Novem-*
bre La queftion étoit de fçavoir'
quand on ufe mal de l’amour ou de la .
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’iïe Ad. De/cartes. Li v ,'VII .^ï
deFévrier fie juger à laReine que tout ce 16-47»
que M.Chanut lui avoir dit de M.Def- **
cartes, étoit encore au dertous de la vé-
rité. Elle en parut -fi contente qu’elle
ne pouvoir enfuite fe laflerde donner
des louanges à T Auteur , & de s’en-
quérir des particularitez de fa perfonne
éc de fa vie. M . Dejcartes (
dit- elle à
M. Chanut) autant que je le puis voir
far cet écrit, & par la peinture que
vous rn 'en fait es t eft le plus heureux de
tous les hommes ; & fa condition me
femble diçne d'envie. Vous me ferez,
plaifir de l’affurer de la grande efiime
que je fais de lui.
Elle donna fon confentement atout
ce que contenoic l’écrit, hors un mor,
qui faifoit voir en partant que M. Défi,
cartes n’étoit pas de l’opinion de ceux
qui veulent que le çjfyîunde foit fini.
Elle témoigna douter qu’on pût admet-
tre I’hypothéfe du Monde infini fans
blefler la religion chrétienne.M. Cha-
nut fut chargé de lui en écrire pour lui
demander i’éclairciflement de la diffi-
culté , à laquelle il répondit qu’il nete-
noit pas le monde infini mais indéfini
?
c’eft à dire qu'il n’avoit pas de raifons
joue
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ïyz Abrégé de U Vie '
\
KS^.7. pour prouver qu’il fçit- fini. Il fatisfic en
— ... » même temsM.Chanur,qui avoir ajouté
du une autre queftion couchant la
fien
véritable régie que nous devons fui-
vre dans le parcage de nos inclinations
concernant l’amitié dans l’échange des
offices mutuels de la bienveillance, ôc
dans la diftin&ion de l'eftime d’avec
l’affèétion. \j
——
•
. «
• .,
v Le plaisir que M. Defcartes
X I. goûtait dans la communication qu’il
avoir avec la Reine de Suede M. &
Vins & Çhanut fur. la Thilofophie morale fut
TrigUn:
doublé au commencement de cette an-
fufcité- nee par quelques Théologiens de Ley-
a
dg
d^u* tâchèrent de lui faire des affaires
dans leur Univerfité. Revins Principal
du collège des Théologiens fuhorné
(
comme on. l’a crû ) parles artifices fe-.
,crets de VoetiuSjqui ne fouffroit qu’a-
vec peine que le Carcefianifme qu’il
avait tâché de détruire à Utrecht prît
racine à Leyde , de faire
s’étoic avifé
foûtenir aux mois de Janvier de Fé- &
vrier quatre théfes differentes contre
M. Defcartes.
L’intention de Réviusétoit de per-
vertie le.fens des Médications. Meta-
physiques
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de MïDèfcartCïJkW'N ll.xpy
phyfiques de nôtre Philofophe. iEit
quoi il fut fécondé par rie miniftre T<otr j n
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19 4 Abrégé de la Vie
- avoir été attaquée & combatuc parles
Profefleurs de leur Univeriîté,pour pré-
venir les inconveniens qui en pour-
voient arriver de part & d’autre.
M. Defcartes fut a (lez mal fatisfaic
J
de cette conduite, & il n y trouva de
loüable que l’honnêteté des termes. II
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*
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» v *• - » .
palier
riva à Paris dans la refolution .de
en Bretagne dés le commencement dp
Juillet,pour régler les paires ,qui fer-
voient de prétexte à Ton voiage. Mais
l'édition françoife de fes Principes
qui
s’achevoit entre lésinais Ae l’Abbé Pi-
occafion
cot leur tr ad udeur lui donna
de^diffeter quelques jours , tant
pour y
faireune préface que pour voir entiè-
rement débarrafle de cette occupation
un homme qui devoir être de fa compa-
gnie dans fonvoiage. U ne vid pendant
cet intervalle que leP.Merfenne 5
M.
Mydorge qu’il ne devoir plus revoir de
fa vie ,
M.Clerfelier ,qui après une
&
longue maladie avoir procuré depuis
quelques mois la publication des Mé-
ditations en François de la traduction de
M. le Duc de Luines de la fienne. &
Après avoir réglé fes affaires en Bre-
^ '
tagne
de M Dejcartes. Liv.VH.197
tagne & en Poitou, il revint par laTou-
raine où M. de Crenan Gentilhomme de
fes amis le retint pendant quelque
temps. A fon retour il trouva bien du
defordre dans fes amitiez , le Pere
Merfenne malade , & Monfieur My-
dorge mort depuis huit ou quinze
jours.
*''*
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ip 8 Jbregé de te UV
*547 une .petfonne exacte ,& afFe&ionnée %
z -
la lui faire paier.
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,
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*«.
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de M.Defcar tes. Liv, VII. 301
qu’il avoit fon ennemi Révius pour ^47
r
qu’il étoit rempli de cavil
'
-
auteur , & _
^.
. i . O iiij très
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30 i Abrégé de ht Vie
tres libelles qui parurent contre luidans
le même temps : &
Ion mépris fat faivi
dé celui du Public qui leslaiflà périr.
Tnifii. A peine l’hiver étoit-il paflé qu’il re-
eût une efpéce d’ordre de la Cour , 3c
fntvoiage
f eu hm ,
U
comme de part du Roy de revenir en
r*»x- France fous aes offres avantageufes. Eh.
lés confiftoient dans l’agrément d’une
nouvelle penfion & d’an emploi confi-
derable , qui devoit lui procurer plus
d'honneur que d’occupation > afin de
lui laifler le loifîr de continuer Tes étu-
des. Il avoir une répugnance extraordi-
naire pour ce yoiage dont le fuccés lui
jparoifloit falped par le prelTentiment
qu’il avoir dés affaires du Roiaume,.
Mais aiant reçu dex la fin de Mars le
fcrévet de fa nouvelle penfion qu’un o£.
licier de la Cour qui étoit de Tes amis
lui’avoit envoié par M. de Màrtigny j il
ne fat plus en état de reculer..
Il partit donc au mois de Mai rmais
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de M.DeJcartes.Liv. VII. 303
qu’on lui avoit promis , il trouva
effets
qu’on avoit fait paier par un de fes pro-
elles les lettres qu’on lui avoit envoiées,
—
i^g
O q««-
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304 Ahregë de U Vie
^4-8 & maintenant Car-
q Ue Duc de Laon ,
•X\y am s communs*.
leurs ^
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-
de M. Defartes, Liv^Y II 3 0/ .
d’éteindre ou de rallentir.
Les perfecucionS de cet homme qui t0 “ r e
;
^ f
affèftoicde nes’abfenter d’aucune af- en HoV
fomblée où il Içavoit qu'il de voit fetrou-
ver,&de le chicaner fur fa taciturnité,
voiage. XV.
A peine goûtoir- il les premiers M< rt ** -
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3o 6 Abrégé de la Vîe »
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Se M. D'efeartes. Liv. VIT. 507 , r
h-Freittshemius Con Bibliothécaire d’é-
* ^ .
à fà-
tisfaire les premières ardeurs d’un nou- fie» tff
veair difciple que fa Philofophie lui
avoit en Angleterre. C’étoit Henry
fait Dtft*
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-
"
3o£ v Abrogé de la Fie ••
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de M.De/cdrtes.Liv.VÏÏ. 3 09
alorsaucune attache à la demeure de i £0
quelque lieu que ce fût. Quoiqu’il pa- «
rut être dans le fein du repos au fonds >»«r*
de la Nord-Hollande , &
qu’il rêvât
dans là folitude d’Egmond au0î paili- t'f* *-
mturu
blement &
avec autant de douceur
qu’il eut jamais fait y il fouhaitoit avec „
ardeur que les orages de la France s’ap-
paifalTent promtement pour pouvoir s’y
établir. Mais la continuation des trou-
bles de fa patrie jointe à l’apprehen-
fioqde fe mettrejamais en voiage , fem-
bloit le faire refoudre à pafler le relie
de là vie en Hollande , c’eft-à-dire dans
un lieu qui n’avoit plus les mêmes char-
•
mes qu 'autrefois pour le retenir, & qui
ne lui paroiftoit commode que parce
qu’il n’en connoilToit point d’autre où
il pût eftre mieux.
Lors qu’il raifonnoit de la forte il
a e
, fe ^f/e
ignoroit encore le fort que la Providen- veut l'at*
ce lui deftinoit. Mais peu de jours après “ rer *
t0
elle lui fit conjecturer qu’elle difpofoit
de autrement qu’il ne le l’étoit pro-
lui
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-
JT0 . Abrégé de U Vk
*649 d’aprendre (à philofophie de fa bouche.
— Comme il fongeôit aux termes de s’ex-
cufèr fur ce voiage ,il reçût de fécondés
puis de troifiémes lettres extrêmement
prenantes de la part de la Reine. De
forte que malgré toutes les apprehen-
~ fions 8c les diflSculcez qu’il trouvoic
dans un voiage qu’il eftimoit dangereux*
à fa fànté ,il manda à M. Chanut la dif
poution où ilétoit d’obeïr à la Reine
vers le milieu de l’été ,
pourvû qu’elle
luipermit de revenir à Egmond* trois
mois après , ou vers la fin de l’hiver
fuivant au plus- tard.
La Reine préfumant de fa bonne vo-
lonté, avant même que M. Chanut eut*
reçu fa dernière réponfe donna ordre à
l’Amiral Flemming de l’aller prendre à
Amfterdam , & de l’amener avant la finf
du mois d’ Avril.- L’Amiral alla'jufqu’à
Egmond , mais fous le nom d’un fimple
officier de la dote Suédoifepout lui of-
frir fesfervices , & lui montra les ordres
*
mois de délai qu’il avoit demander.
Pc»
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311 jibregé de la Vie
1^4 î>. Peu de jours après M. Chanut
partit d’auprès de la Reine de Suède
pour venir rendre compte de fa refiden-
ce à la Cour de France. Il arriva au
mois d’Avril en Hollande où il fut pré-
venu du brévet du Roy qui le faifoit fon
Ambalïadeur ordinaire auprès de la mô-
me Reine. Il alla chercher fon ami dans
Ion hermitage d’Egmond ,& acheva de
lever le refte des difficultez qu’il trou-
voit à fon voiage. Il le quitta pour Paris
dans la refolution de le reprendre à fon
retour ,
& de le mener lui - même à la
Reine de Suède ,au cas qu'il ne; put ob-
tenir du Roi fon maître la difpenfe de (a
nouvelle dignité , & la permiffion de
faire revenir fa famille en France,
XVII. Vers le mois de Mai Ion vid pa-
Edition
latine de roitre pour la première fois la Géomé-
fa Géo. trie de M. Defcartes en latin, de la tra-
mark.
du&ion de Schooten ancien Profefleui;
de rUniverfîté de Leyde en Mathéma-
tiques. Il y joignit des commentaires
de fa façon,avec les excellentes notes de
M. de Beaune dont nous avons déjà
parlé , &c qui mourut quelques mois
après cette édition. :* •>
Schooten à l’exemple de tous les au-
tres
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de M.DeJcartes.Liv.'VÏÏ. 313
très Traducteurs de M. Defcartes , l'a- ,
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514 abrégé de l<t Fie
nouveaux fentimens. Dans l'un des
deux il étoit parlé des principes de M.
Defcartes avec eftime mais on jugea à :
c_.
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,
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^ 3
r6 Abrégé de U Vie
— lacour de Suède pour tâcher de lui ren-
dre de mauvais offices de prcoccu- , &
er l’efprit de la Reine. Il n’ignoroit pas
F averfion que la Nobleflè Suédoife , &
la plufpart des Officiers
de cette cour
témoignaient pour toutes fortes de
fciences. Il fçavoitauffi que la paffion
delà Reine pour Sçavans commen-
les
çoit à devenir l’objet de la raillerie de &
lamédifance des Etrangers. On publioic
déjà qu’elle vouloit ramaffèr tous les
Pédans de l’Europe à StocKholm ; &
que bientôt le gouvernement du roiau-
me fèroit entre les mains des Grammai-
riens. Il craignoit de fe voir confondre
avec ces fortes de gens dans une cour
où les Naturels du pays fe (bucioienc
peu de diftinguer les Etrangers. Et la
vue de IaRéligion catholique fervoit en-
core à augmenter fes fcrupules. Il fal-
lut que Freinshemius à qui il en écrivit
fecretementles diffipât ,
& le preflât de
nouveau de la part de la Reine.
Quoiqu’il commençât par fixer fon
retour précifément au printemps de l’an-
née fui vante , il fe trouva dans un je ne
fçai quel preflemiment de fa deftinée
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de jfl/Î.DeJcdrtes.Liv.VH.$ij
comme s'il eut été queftion de faire le
vpiage de l’autre monde. .
' ——
1649
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fiB *
Abrégé de là Vie
re la jaloufie de quelques Sçavans, £
fr 1
qui fa venue fembloit avoir été redou-
table. A la fécondé vifite qu’il rendit à
la Reine,* elle lui découvrit le defleiti
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—
jettilfemens ,
ou pour parler comme les
Philosophes , de toutes les miféres des
Courtifans.Mais avant que de commen-
cer leurs exercices du matin , elle vou-
lut qu’il prît un mois ou fix lèmaines
jour fe reconnoître,
fe familiarifer avec
P Çom:e
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r
l’efprit,ladoâ:rine s &
le mérité de la
-'
r~— PrinceiTe Elizabeth en particulier.
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de M.DeJcartes.Liv.VH. 311
l’cfprit des Seigneurs de la cour , & fur 1649,
tout des Miniftres. Ils tâchèrent de leur 1
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,
W
fit imprimer allez correctement en
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314 jibregéde UVi6
*^45> commencez dans plufieurs rcgiftres de
differentes grandeurs touchant diverfes
parties de Mathématiques & de Phyiî-
- que , fousdes titres qui n’avoient aucun-
rapport à ces matières, comme de Par -
. tiœjjhs j
Olympica \ Democritica) Thau-
- manth Regia , &e.
Son Traité £ Algèbre , qui fe trouve
encore dans le cabinet de quelques fça-
vans r -
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de M. Départes. Liv.VlI. 315
peut être de plus achevé que le traité o
latin, qui contient des Régies pour con-
duire notre efprit dans la recherche de
la Vérité : au moins peut-on aflurer
qu’il n’y en a point d’une plus grande
utilité pour le Public. De trois parties
dont il de voit être composé, nous n’a-
vons que la première entière &
la moi-
'
tié de la fécondé.
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31^ Abrégé de la Vie
ï<? deux
49 livres , dont le premier regâft-^
'
doit les chofes de ce monde confédérées*
en elles- mêmes
j
& le fécond ces mê-
mes chofes raportées à nous , & envi*
fagées comme bonnes ou mauvaifes,
vraies ou faulfes^
Il coure encore par îe monde divers
petits manuferitsde M. Defcartes qui
n’étoient plus parmi fés papiers lorf.
qu’ilen fît la revue j comme fon petit
traitéde V dn d'Efcrime : celui du
Génie dt Socrate , &c. Car je ne parie
pas de la Comédie Françoifc qu’il ve-
noit de faire en Suède , 6c que M..
Chanut empêcha de périr contre fon
intention..
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-
de Ad.De/cartes. Liv.Vtt.317'
fut de choifir un bien noble & confï- 1^0"
derable dans les- terres les plusmeridio-
nales de la couronne- de Suède acquifes-
par Ht paix de Munfter , foie dans l'Ar-
chevêché de Btémejfoit dans la Poméra-
nie} de lui conftituer unrevenu d-’environ-
Mois mille ccus de rente , de lui faite & *
gneurs en Allemagne. •
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5%$' Abrégé dè la Vie
jéfo dinaire cette année , &
qui ruinoit û*
n - fanté de jour en jour..
Frojet La Reine qui ne fongeoit à rien moins-
ctdémù.' qu*à l’incommoder T-obligea dans le fart:
de la maladie de l’Ambafladeur à re-
tourner encore au palais après midi pen-
dant quelques jours, pour prendre avec
elle la communication d’un dedein de-
conférence ou d’alfemblée de fçavans^
qu’elle vouloit établir en forme d’ Aca-
démie , dont elle devoit être le chef"
•
& la proteélrice.. Elle voulut qu’il etti
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-
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330 ; * Abrégé de U Vie
-
I ^5° >
lonté de tout le«uînde. Le premier
“ Médecin de la Reine qui étoit M. du-
Ryer François de nation Sc Ton ami par-
ticulier étoit pour lors abfent : & cette •
fcn.- ,
Alors ii commença à fentir fa fiè-
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. . -
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33 ^ ' ’
Abrégé dè U Vit'
—
Hfjo te du défunt y &
fa fepulture dans le lieu le plus
rable du roiaume ,
quelle lui deftinoitr
hono-
au pied des Rois fèsc
prédeceflèurs ,
avec une pompe conve-
,
nable, & un riche Maufoléede marbre
qu'elle iepropofoit de lui faire drefler.
L'Ambafladeur qui n’ayoit encore
pûlortir depuisfa maladie ,_alla l’après-
midi au palais voir la Reine obtint : &
d’elle, pour de bonnes raifons qu’il lyi
fitentendre , que la fepulture fe fift d’u-
ne maniéré tres-fimple aux dépens du*
défunt, dans, un endroit du cimetière
des Etrangers ou l’on mettoit les Ca-
tholiques &
les Enfans qui mouroient:
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de Ad.DeJcartes.Liv.Vll. 333
Le lendemain l’Ambafladeuraccom- i^oi
pagné du premier Gentil-homme de la -a
chambre de la Reine , .
qui étoit Hrric
Spatre Baroh de Croneberg fit l’inven-
tairede ce que M.Defcartes avoit ap-
porté en Suède- Et le 4fde Marsfnivant:
M. de Hboghelande fit celui de ce qu’ils
avoir laifle en Hollande en prélènce de
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.
Àlregé de U Vie
nôtre Philofophe, avec un revers con*
tenant de magnifiques éloges.-
A^pre’s la converfion-delaReine ' 4
eendrcs &
de fes os de Suède enFrance-
dix-fèpt ans après fa mort. -
Cé fut M. d'Alibcrt Tréforier gé-
néral de^France qui fe rendit chef de
cette entreprife & qui» en fit toute la
dépenfe. emploia pour cet effet M.
Il -
qualité. -
*
v tobra-
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de M .T)efcartes.L V'.VIT. 33 J
i
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33 6 Abrégé de la Vie
Jofophe, avec une belle Epitaphe com-
posée de deux infer iptions, dont l'une^
qui eft en vêts françoîs a pour auteur
M.de Fieubet Confeiller d’Etat ,
ci de-
vant Chancelier de la Reine l’autre -,
m ke
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de Ad. Départes. I. VIH. 337
LIVRE HUITIE’ME.
Contenant les ejualitez. de fon corps &
de fon efprit. Ses mœurs. Sa manière
de vivre avec Dieu & avec Us
Hommes»
E Cok
L d’une
1»
taille
s
affez noirs ,
du menton un peu
le poil
moins : &
il commença à blanchir dés
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âe Ad.Dejcartes , 1 . VIII. 335*
drt-étoit point à charge à Tes compa-
gnies.
•
Il n’étoit ni délicat ni difficile fur h»
.choix des nourritures , £c il avoit ac-
coutumé fon goûr à tout ce qui n’eft
pas nuifîble à la fantédu corps. Sa diète
ne confiftoit pas à manger rarement 9
mais à difcerner la qualité des viandes.
Il eftimoit qu’il étoit bon de donner une
occupation continuelle à l’eftomac &
aux autres vifcéres comme on fait aux
meules, mais que ce devoit être avec
des chofes qui donnaient peu de nour-
riture, comme les racines & les fruits,
qu’il croioic plus propres à prolonger
la vie de l’homme que la chair des ani-
maux.
Il avoir obfèrvé qu’il mangeoit avec
plus d’avidité, & qu'il dormoit plus pro-
fondément lorfqu’il étoit dans la t;ifte£.
fe ou dans quelque danger, que dans
1
Digitized by GoogI
de M.Defcartcs. /. VIII. 341
latans ,
mais des drogues des Apo-
ticaires & des Empiriques. Il deman-
doit même beaucoup de précaution pouc
les rémedes delaChymie. Après s’être
entièrement dégagé de cette chaleur
de foie qui lui faifoit aimer les armes en
û jeunefle, il prit un train de vie fi égal
& fi uniforme qu’il ne fiat jamais mala-
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34Z Abrégé de la Vie
il
y avoit tou jours beaucoup d’empref-
fèment &
de brigue à fe mettre à fou
fèrvice: & l’on regardoic une place
parmi fes valets comme une condition
fort avantageufe. De fen cofté il les
avec une indulgence
traitoic une dou- &
ceur qui les affujetifloit par amour.Pouc-
ceux du premier ordre qui l’appro-
choient de plus prés en qualité de fe-
cretaires ou de valets de chambre, il les
regardoic fi peu au delïous de lui , qu’on
les auroit pris fouvenc pour Tes égaux.
Ceft ce qui contribua beaucoup à leur
former le coeur &
l’efprit $ &c la plus
part font devenus gens de mérite &c de
confideration dans le monde. On la re-
marqué dans la perfonne de M.de Ville-
Brelïieux Médecin de Grenoble, de M.
Gutlchovven ProfelTeur Royal à Lou-
vain , du fieur Gillot Mathématicien,
du fieur Schluter Auditeur ou Intendant
dejuftice en Suède, &
d’une autre per-
fonne en charge qui fe fait confiderer
encore aujourd’hui dans le Languedoc.
S#» d?f La dépenlè de fa maifon écoit tou-
interejje .
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de Ad-Dejcartes. /.VIII. 343;
au delà de fon revenu annuel. Ce reve-
nu n’étoit guéres que de fix à fept mille
livres de rente, fi l’on en excepte les
dernieres années de fa vie ,
aufquelles il;
inonde^. :
de def-imereffement , &
fon cœur ne
put fe foumetcre qu’à Ton Roi pour le-
point des libéralité*. Jamais il ne vou-
lut accepter d'aucun Particulier le fe-
cours qu’on lui offi oit pour fournir aux
grandes dépenfes que dcroandoient fes
expériences» Il refufa avec civilité une
Comme d’argent tres-confidérable que
le Comte d’ A-vaux jui avoit envoiée juC.
^u’en Hollande, Il s’excufa de la même
manière auprès de M. de Montroor qui
lui avoit cffm avec beaucoup d’in ftan-
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de M. Défîmes. U VIII. 345
def-intereflemenc des Philofophes pour
il n’en avoir pas l’orgueil.
les richelfes,
Digitized by Google
6
X'
34 Abrégé de la Vie
fâ plus tendre jeunelfe. La gaieté qui
lui écoit ordinaire lui faifoit faire toutes
chofes (ans répugnance ; & fi nous l’en
croions, elle lui en facilitoit le fuccés„
Elle contribuoit même.ià fa fimté. Sans
elle il n’auroit pu (oûtenir le poids de !
Qui
nettes nimis omnibus >
• fe connoîcre eux-mêmes.
Depuis qu’il s’éroit réduit à une con- •
Méprit
de U dition privée , il avoit regardé l’incon- *
gloire.
venient d’être trop connu comme une •*
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de A4 . Dejcartes. /. VIH. 347
• jamais de lui-même que pour eon-
fbrtir
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34'8 Abrégé de la Vit s
. traitées
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de A4 Defcartes. /.VIII. 349
traitées dans tous fes ouvrages , mais
particuliérement dans fes lettres.
C’eft un jugement ou plûtôt une
conjedure qu on a tirée de la beauté
delonftile,de la régularité de fes pen-
fées ,
de la netteté & de l’exa&itude de
fes expreffions,
Il a v o 1 t ÏEfprit d’une étendue IV.
Son ej-
prefque infinie, &
d’une force égaie prit /i %
Digitized by Google
350 Abrégé de la Vie
grandeur de Ton efprir. S’il lui marr-
quoit quelque chofe de ce côté- là , ce
défont fe trou voit amplement recom-
penlë par cette autre partie de Pâme
que nous appelions eJugement , &qui
1
plus commun ,
011 les plus grands ef.
prits,& fur tout les Géomètres ont cou-
tume de manquer d’attention.
U h a- Rien n’avoit tant contribué à perfec-
iour
*t*r ht tionner en- lui cette excellente qualité
Sirité.
que cet amour violent- pour la Vente y
qui ne l’a jamais cjuitté de fa vie. La fm-
cerité du coeur s 'étant toûjours trouvée
Dig'tized by Google
.
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3/i Ahege etc la Vie S
pou voit connoître la nature de
re qu’il
de toutes les feience^fans être nean^
moins verfé dans toutes les efpéces.
On peut dire qu’il avoit encore plus;
de doviliic quede fcience : & cette vet-
•tu étoit en lui' d’un- prix d'autant plus
ineltimable qu’dlecftrare dansles chefe
dè feéfce.. La paflion qu’il témoignok
pour corriger les fautes étoit toujours
fuivie de la reeonnoidànce qu’il avoir;
pour ceux qui; les- Jbi. faifoient con-
coure.. .
>
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ie M.Defcarm. H. VUL £53
qu’il avoir pour les louanges. ?
Q^yj} tioîp
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' ..
35 4 Abrégé de U V ïe
tion & du trouble. De là venoit cette
averfion qu’il avoir pour examiner les-
fautes d’autrui ,
ou pour les relever
quand il remarquées en lifant,
les avoit .
a’étoifc:
Digitized by Google
î
Digitized by Google
yfi :
jibrcçé de la Vie _ ,
Digilized by Google
. -
Digitized by Google
,
P-
rec °uvra par ce glorieux rétablifle-
v
Ses ver'*'
tus[ -. paeot tous les fruits dont il avoit plû -à
"
v’- Dieu**
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de M. Defcartes. /. VIII. 3/9
Dieu d 'honorer les vertus de Ton ame.
-Il ne lui en avoir manqué jufques-là au-
*
Apres l’avoir connu tel qu'il étoit
dans fon commerce avec les hommes 6c
-
Ses
-avec lui-même , il eft bon que l’onfça- mens fut
'
ehe comment ilen ufoit dans les rela- u.
Rtl*'
fujets-
Digitized by Google
%Go Abrégé de la Vie
fujets de religion. Jamais il n’a parlé
de Dieu qu avec la derniere circonfpec-
tion, toûjours avec beaucoup de fageffe,
toûjours d’une maniéré noble & élevée.
L'apprehenfion ou plûcôt la delicatefle
qu’il avoir fur ce point lui faifoit (cru-
puleufement éviter d’entrer dans des
queftions de pure Théologie , croiant
que c’eft faire tort aux veritez qui dé-
pendent de la foi , &
qui ne peuvent
etre prouvées que pardémon ftration na-
turelle que de vouloir les affermir par
,
Digitized by Google
de M.Défcartes. /. VIII.
* Pour ce qui eft de l'exiftence de Dieu,
il étoit fi content de levidence de la
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,
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de M.Defcarteî. /. VIII. 5 63'
elles tomberoient d’elles-mêmes ,
s’il
l’étouflèr fa naiflance. t
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t
3 ^4 ' Mregé de [a Y ie
novations ont cté long- temps fans le
-
lai vouloir pardonner. Parce qu'il n’a
point parlé comme eux de la Providen-
ce de Dieu &
de b Liberté del’Homme,
ce qu’ils ont pû faire de moins des-obli-
geant pour lui a été de le faire paflèr
pour un Pelagien. Mais leur accuiation
efttombée , n’aiant pû l’appuier fur au-
cun endroit de lès écrits ou de là con-
duite particulière , où il fut queftion de
la grâce de Jefus- Chrift, ou de la gloire
fùrnaturelle.
L ~~
Il e tolî perfùadé de la çonfor-
i
j^
Uanutt de fes opinions avec ce que
d’exfU» l’Eglifè nous enfeigne des veritez de la
Ÿra*>f »
que la Tranüubftantiation même
fubfta»- qu’il eft impoffible félon les Proteftans
tMHtn.
S’expliquer p ar la philofophie ordinai-
re , eft félon lui très facile par la lîenne.
Son explication au jugement de tous
les Catholiques Cartefiens eft beaucoup
moins embarairante que celle qu’on
nous donne dans les Ecoles : & fi l’on
en croid quelques Jefuites, il a fort
clairement expliqué tout le myjlere de
l'Euchariftie fuivant fes principes, fans
aucune entité d'accidens.
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.
pliquer la Tranfl'ubftantiation ,
de /ça-
voir qu’elle ait çu la force de convertit
des Huguenots à de l’Eglife Ro-
la foi
” "
1 .... viniftes
.
3 66 Abrégé de la'Vie
vinifies qui par un trait de malice ont
voulu fe faire honneur de le mettre de
leur nombre. Mais la calomnie a été
confondue paroles témoignages d u- -
cicw de
religieux obfervateur desloix de lEgli-
*u ‘ '
n a-
fe qu’étoit ce Philofophe. Jamais il
voit manqué de zele pour elle , mais
ce zele n’étoit ni aveugle ni déréglé. Ja-
mais il n’eut honte de profeffèr publia ,
. *
* • <•
>
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de Ad.ÜeJcartes, 1. V III. 367
miniftére évangélique des Théologiens
Proreftans ne lui fie jamais dire un mot
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•v
3 £8
Mrege de U Vie
L’attachement qu’il a voit pour tout
ï£glire < le corps de l’Eglife dont il étoit mem-
bre étoit foucenu d’une foûmiffion fin-
,
•
.de la Sorbonne, c’eft- à-dire, de toute .
.M
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de M.D ejcartes. /.VIII. $69
Ton fur fes pensées *, & de prendre tou-
tes les mefures neceflaires pour ne rien
écrire qui pût lui déplaire. Il eft à croi-
re que cette Congrégation de Ion côté
l’auroit épargné fi elle avoir pu fe dé-
fendre des intrigues d’un auteur parti-
culier qui fçut adroitement faire glifier
une
partie de fes ouvrages fahsY Index
?
au milieu d’une lifte<d autres livres dé-
pendus par un decret daxo de Novem-
bre 166 3. *
_
Il ssmble qu’on n’ait point trou- ^
vé pour le cenfurer ou pour lerejetter, rDnàr
de pretexte plus fpecieux que celui de raa ‘ Tt
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370 '
Abrégé de U Viê
les faire découvrir. D’ailleurs fon elprit
n’éroic pas du cara&cre de ceux à qui
deux ou trois mille ans font capables
d 'imprimer de la vénération pour l’er-
reur.. Il étoit aGfuré que les chofes les
)lus anciennes qui ont été reçues pat
Îa Pofterité, avoient été nouvelles dans
leur nailTance : & que fi la nouveauté
avoir été un obftacle à leur réception,
on n’auroit jamais rien, reçu dans le
monde..
Mais depuis. qu'on s’eft engagé
d’honneur à neplus confondre la Nou-
veauté avec la Faulîeté, ni l’Antiquité
avec la Vérité, l'Envie qui. ne pouvoir
fouffiir que.M, Defcartes fût innocent
a tâché, de prendre le change, pour le
rendre coupable. Ses défendeurs pour
repoufièr robje&iondè U Nouveauté
avoient entrepris de faire voir que fès
opinions n’écoient pas trop nouvelles,
éc que plufieurs avoient été débitées
avant lui. Ses envieux à qui tout avoir
paiû nouveau jufques-Ià n’ont pas man*
quéde profiter de ces ouvertures, ils &
1ont auffi-tôt accusé d'avoir volé, les
Anciens , &
même ceux.des Modernes
qui l’avoient prévenus.
4 .
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,
r
Je M.
Defcartes.l.Vlll, 371
- La multitude de ceux qui fembient Ses Ytn '
c
avoir eu avant lui des fentimens fembla- ™Tuu*
blés aux fiens peut bien fervir à rehauf- qui Vont
* nucle *
fér le prix de fa philosophie, faire &
juger de l'importance de ce qu’il
y a
ajouté de nouveau, foit pour corriger.
Soit pour perfectionner ce qui n’avoic
été qu'ébauché ou hazardé jnfques-là,
-fans principes ou fans méthode mais :
: écrits.
M. Defcartes convenant qtte ce qu’if 1
R- iij j
dift»e- c
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, ,.
ypx . .
jihregé de là Vie
difoitpouvoit avoir été déjà dit par
d’autres , croioit qu’il en étoic de même
de lui que d’un homme qu’on actufe-
roit d’avoir pillé l’alphabet, & le dic-
tionnaire ,
parce qu’il n’auroit pas em-
ploie de lettres qui ne furent dans le
premier, ni de mots qui ne fe trouvaf-
.
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,
avoit perfuadées.
Au refte il n’étoit pas.de ces efprits *
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errata.
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loi 16 feroic feroic.
206, 20 fit lui fie
2 b' 19 Vauden vanden
2 S9 7 très tous
H7 10 Eflais ajoutez, achevée
'
Achevé d’imprimer pour la première
fois le ij de Juin i6yi.
I