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ROYAUME DU MAROC
عمالة الرباط
PREFECTURE DE RABAT
التقريراإلبثاتي
RAPPORT JUSTIFICATIF
VERSION CTL
JUILLET 2015
PPAS PATRIMOINE DE LA VILLE DE RABAT VCTL
2
Sommaire
1. Introduction 5
2. Les données de base 7
2.1. Histoire du secteur :........................................................................................................ 7
2.2. Organisation et dessin urbains : ................................................................................... 15
2.3. Les monuments historiques : ............................................................................................ 19
2.4. Le patrimoine bâti : ....................................................................................................... 22
2.5. Les habitants : ............................................................................................................... 31
2.6. L’habitat : ...................................................................................................................... 32
2.7. Les activités à caractère privé : ..................................................................................... 36
2.8. Administrations et équipements publics : .................................................................... 39
2.9. Espaces publics et pratiques sociales : ................................................................................ 43
2.10. Situation des infrastructures et de l’environnement : ........................................................... 45
2.11. Le foncier :..................................................................................................................... 46
3. Les enjeux stratégiques 47
3.1. Le centre ....................................................................................................................... 47
3.2. Le quartier Habous de Diour Jamaa .............................................................................. 58
4. La vision à 20 ans 60
5. Les orientations stratégiques 61
5.1 Le centre ville.................................................................................................................... 61
5.2 Diour Jamaa ...................................................................................................................... 64
6. Le plan d'aménagement et de sauvegarde de la ville de Rabat 65
6.1. Principes généraux ayant guidé l’établissement du PASP................................................... 65
6.2 Les principes d’aménagement........................................................................................... 67
6.3 Présentation des documents ............................................................................................ 69
la Ville Nouvelle, 146 ha, qui fait partie de l’arrondissement de Rabat Hassan
Le Quartier Habous de Diour Jamaa, 4ha situé au sein de l’arrondissement d’Agdal Ryad
Les termes de références de l’étude précisent que le PASP est ‟un document ambitieux sous-
tendu par une volonté forte, celle d’éviter la disparition ou l’atteinte irréversible à un noyau
historique de la ville de Rabat “. Ils rappellent que ‟ les enjeux économiques, le renouvellement
urbain et la spéculation immobilière exercent une forte pression sur le tissu du 20eme siècle“
et précisent qu’il “s’agit avant tout d’accompagner le devenir de la ville, afin d’assurer une
continuité avec le passé et d’inscrire durablement, dans l’espace et dans la mémoire collective,
la ville de demain“
Le PASP est un outil d’aménagement et de gestion urbaine qui articule l’ensemble des actions
de sauvegarde du patrimoine urbain, paysager et architectural et les accompagne des mesures
indispensables pour leur réalisation
Constitué une importante documentation concernant les édifices et les espaces publics
appartenant au secteur d’étude
Défini l’ensemble des biens patrimoniaux et précisé les modalités diversifiées pour leur
protection
Proposé les règles concernant la transformation des édifices ‟ordinaires“ ou la
réalisation de nouvelles constructions
Déterminé les grands projets à réaliser pour permettre la mise à niveau du centre ville
et de Diour Jamaa, leur valorisation durable et leur mise en tourisme
Proposé des modalités de gestion spécifiques ainsi que l’ensemble des actions
permettant de sensibiliser, d’associer et de mobiliser le secteur privé et la société civile
pour la réalisation des objectifs stratégiques
Proposé des modalités et des moyens de marketing ouverts à la dimension
internationale
Il faut rappeler ici que l’établissement de ce Plan d’Aménagement et de Sauvegarde fait parti
des engagements pris par le Maroc dans le cadre de la demande formulée par le pays pour
demander l’inscription de ‟Rabat Capitale Moderne et Ville Historique, un Patrimoine en
Partage“ sur la Liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Aussi il est nécessaire qu’il puisse
être consulté comme un document à part entière à la fois spécifique et complémentaire du Plan
d’Aménagement unifié de la ville.
Sur un site d’occupation très ancienne (les traces humaines découvertes dans le quartier
Qbibat datent de 160 000 ans avant J.C), comprenant d’une part de nombreux témoignages
d’une présence humaine continue notamment dans les grottes situées le long du littoral et
d’autre part les vestiges de la ville mauretanienne puis romaine, Rabat a été fondée en 1150
par le sultan Almohade Abdelmoumen (1147-1163). Après plus de 7 siècles d’une histoire
mouvementée, la ville, à l’avènement du protectorat est constituée de 2 parties :
- Une muraille longue de 5,2 kilomètres construite à la fin du 12ème siècle par le
souverain almohade Yacoub El Mansour ceinturant sur les côtés Ouest et Sud un
territoire quasi rectangulaire d’environ 420 ha comprenant :
La médina
Le quartier de Touarga
La Tour Hassan
Rabat n’est qu’une petite cité de moins de 25000 habitants lorsque Lyautey en fait la
capitale politique et administrative du Protectorat Français.
Dès Juillet 1912, le Palais Royal et la Résidence Générale (d’abord installée à Fès),
déplacent leurs sièges à Rabat qui est choisie pour devenir la capitale du Pays. Les raisons
sont multiples :
- Position sur la cote, la mer étant considérée comme la principale voie pour les
échanges internationaux
Rabat fait partie des 4 villes impériales du pays. Cette installation d’abord provisoire ne
ère
devient définitive qu’à la fin de la 1 guerre mondiale. Commence alors dans le
prolongement de la médina, la réalisation d’un ensemble urbain nouveau aux
caractéristiques remarquables.
er
2.1.4. Contexte et principales orientations du 1 plan d’aménagement
a) Le centre
- Une ville fonctionnaliste 15 ans avant la Charte d’Athènes (1933). La ville est
organisée en zones aux vocations bien définies (quartier administratif, zone de
commerces et d’habitations, quartier de plaisance, quartier universitaire, zone
industrielle...).
- Une cité jardin accordant une grande importance aux questions de l’hygiène urbaine.
Le plan de la ville prend en considération les recommandations de J.C.N Forestier
concernant la création de parcs pour Rabat. L’assainissement est obligatoire et les
questions d’hygiène sont traitées dans le dimensionnement des voies et des blocs
bâtis.
- Une ville mariant art urbain et science des réseaux. Le dessin de la nouvelle cité est
établi avec un art consommé de l’échelle permettant de maîtriser les rapports entre
le bâtiment (et ses dispositions propres, notamment la cage d’escalier et la cour), le
lot, l’ilot et le tracé des voies tertiaires, secondaires et primaires. L’ensemble des
réseaux est mis en œuvre simultanément accompagnant la création de la ville.
- Une ville mettant en scène la médina et les monuments des périodes antérieures par
la création de zones de recul, la mise en perspective, l’aménagement de voies
ouvertes sur des paysages ou encore en édictant des servitudes des hauteurs.
b) Diour Jamaa
- « Deux ordres de ville tous les deux respectables » selon l’expression du Maréchal
Lyautey, les musulmans doivent pouvoir disposer de quartiers respectant leur mode
de vie
- Des services :
L’agence Henri Prost, appellation souvent utilisée pour les 2 services (qui sont
fondus en 1920). Les architectes qui la constituent sont en même temps
fonctionnaires et concepteurs exerçant comme des architectes privés.
- La création de jardins
- Le changement de zonage
- De faire les ajustements rendus nécessaires par le passage d’un plan dessiné au
1/5000 (plan de 1917) à des documents opérationnels conçus au 1/1000 (plans
modificatifs)
ème
2.1.7. Evolution du Centre ville et de Diour Jamaa tout au long du 20 siècle
- aux plans de la ville datés de 1924, 1929, 1933, 1935, 1939, 1946 et 1958
Le centre en 1924
A l’extérieur du centre, on peut voir déjà une occupation très forte dans le quartier de
l’Océan et à l’Agdal autour du Jardin d’Essais et dans la partie située au nord de Charii Al
Abtal. On peut aussi remarquer que l’opération Habous à Diour Jamaa est déjà engagée.
Le centre en 1929
Le centre en 1935
La ville s’est fortement peuplée entre 1927 (37 848 habitants) et 1936 (83 000 habitants).
La carte de 1935 montre que :
- Les trois zones denses de 1924 font désormais parties d’un tissu général
homogénéisé. L’avenue Mohammed V est quasiment dans sa forme actuelle.
- Des bidonvilles prennent place pour la première fois sur la carte : au sud, Douar
Doum et à l’ouest, les premiers baraquements de Douar Dbagh. La ville déborde des
limites du Plan d’Aménagement de 1917.
Dès 1937, le quartier Yacoub El Mansour va faire l’objet d’un plan d’aménagement qui
permet d’urbaniser cette zone.
Le centre en 1946
Le centre en 1958
- Le bâtiment de la Wilaya est réalisé et les anciens baraquements qui occupaient l’ilot
ont disparu.
Ces transformations peuvent être approchées notamment à partir des photos aériennes
de 1974, 1982 et 2009. On peut ainsi noter :
1958 – 1974 :
- La transformation d’une partie des villas du sous - secteur 3 (voir définition des sous
secteurs en page ----) en immeubles.
1974 – 1982 :
1982 – 2009 :
b) Diour Jamaa
- Ce n’est qu’en 1935 que le troisième ilot de Diour Jamaa est totalement figuré sur le
plan mais sans l’école qui n’est édifiée qu’après 1946.
2.1.8. Les plans d’aménagement des années 50, le plan d’aménagement de 1990
- Six PA ont été établis pour Rabat entre 1951 et 1953 portant sur les secteurs de
l’Aviation, Yacoub el Mansour, les jardins, le grand Agdal ouest, le grand Agdal sud, la
zone de Kebibat et de la gare de marchandises (gare de l’agdal).
Après la phase de création 1912 – 1924, les structures de gestion du centre de la ville de
Rabat ont continué à s’adapter à l’évolution des problèmes posés. Quelques grandes étapes
peuvent être rappelées :
- 1924 : Le Service des Beaux arts et des Monuments historiques (BA MH) se voit
confier des prérogatives élargies en matière d’architecture et d’urbanisme
- A partir de 1956 : Les missions relatives à l’urbanisme sont intégrées dans différentes
configurations ministérielles.
- L’Agence Urbaine de Rabat Salé est créée en 1994 et son avis conforme est
nécessaire pour tous les permis de construire.
2.2.1. Le centre
a) Les îlots
La taille des ilots est étroitement liée à la nature des activités projetées.
L’analyse fait apparaitre des formes d’ilots qui optimisent le rapport espace public/espace
privé tout en produisant une architecture et des lieux publics de type urbain.
A titre d’exemple, pour l’ilot 24 (représenté ci-dessous), l’espace public ne représente que
25% de l’ilot.
- Des tailles de lots très différentes, allant de quelques hectares à des superficies
inférieures à 50m² et leur juxtaposition au sein d’un même îlot
- Des lots totalement enclavés sans accès apparent à partir de la rue ou reliés à celle-ci
par un passage étroit (des constructions donc sans façade sur rue)
- Lot profond :
Ils permettent, au-delà du bâtiment sur rue, des formes d’occupation à l’arrière, sur cour.
En zone à rez de chaussée commercial, il débouche sur la création de cours d’immeubles
dédiées aussi bien à de l’activité (rez de chaussée) qu’à de l’habitat.
- Lot traversant :
De nombreux lots traversants (d’une voie à la voie parallèle) existent, notamment le long
de l’avenue Allah Ben Abdellah. Ils ont permis la création de galeries marchandes.
Si certains lots ilots sont occupés par des équipements publics, un lot tel que celui de
l’immeuble Assaada a débouché au rez de chaussée sur la création d’un ensemble
commercial organisé autour d’allées piétonnes couvertes.
L’avenue Mohamed V fait partie des nombreuses voies et places pour lesquelles l’arrêté
du Directeur Général de l’Instruction Publique, des Beaux Arts et des Antiquités DGIPBAA,
daté du 31 Mai 1924, considère qu’il est nécessaire d’assurer l’unité d’ordonnance
architecturale (cet arrêté porte sur 11 voies et places à Rabat, mais également sur des
espaces publics, en nombre moins important à Casablanca, Kenitra, Fes, Marrakech,
Mazagan, Meknès et Safi). Son ordonnancement va faire l’objet de trois arrêtés successifs du
ème ème
DGIPBAA datés du 4 Juin 1925, 18 Novembre 1925 et 29 Janvier 1926, le 2 et le 3
portant rectification du 1er et du 2ème. La réglementation mise en place vise notamment à
maitriser les façades des 2 blocs situés de part et d’autre de l’hôtel Balima, constitués pour
celui du bas de 2 lots ouvrant sur le Boulevard et pour celui du haut de 3 lots.
L’opération Habous est constituée de 3 îlots. Le premier, réalisé dès 1924, est organisé
autour d’une place allongée, accessible à partir du Boulevard Hassan II. Les îlots 2 et 3,
réalisés à partir de 1931, mettent en œuvre un espace public, constitué de ruelles étroites.
De petites placettes, des corps de bâtiments sur rue et des arcs compartimentent cet espace
en séquences courtes. La rue Ibn Bajah, large et plantée de ficus, articule les 3 îlots.
Trois lois successives ont constitué au Maroc le fondement de l’activité de protection des
monuments historiques et des sites.
- Le Dahir du21 Juillet 1945 relatif a la conservation des monuments historiques et des
sites, des inscriptions, des objets d’art et d’antiquité et à la protection des villes
anciennes et des architectures régionales.
Ces lois ont produit des instruments, la dernière a défini ceux actuellement en usage.
- L’inscription
- Le classement
- Le déclassement
- Le registre de l’inventaire général des patrimoines culturels (tel que précisé dans le
texte d’approbation de la loi de 1980).
- La Mosquée Mouline
- Le Cinéma Royal
A ces monuments, il faut ajouter les deux périmètres de sauvegarde institués par le plan
d’aménagement de 1999 et les dispositions prises pour Diour Jamaa.
Ville européenne, diagnostiquer l’état des bâtis existants, répertorier les cas
délabrés, identifier les infractions et rajouts non compatibles à l’esprit des
lieux ; responsable : non précisé
2.4.1. Le centre
La zone d’étude comprend 850 lots/bâtiments réalisés sur 1 siècle. Le travail a permis
d’en fixer les principales caractéristiques architecturales.
La vocation du centre ville et les grands équipements, destinés aux uns et aux autres,
qu’il comporte, expliquent que cette zone possède une très grande diversité et un éventail
élargi de styles dont certains témoignent d’une grande richesse décorative et d’un certain
éclectisme d’une façade à une autre et parfois dans un même édifice.
Ce mélange des formes n’a cependant pas effacé les styles architecturaux et l’existence
de constructions pouvant être clairement apparentées à tel ou tel courant.
L'Art Nouveau est né à la fin du XIXème siècle et s’est développé au début du XXème. Il n’a
duré qu’une dizaine d’années. La diversité des matériaux utilisés (pierre, brique, bois, fer, cuivre,
verre), la référence aux formes animales et végétales comme sources privilégiées d’inspiration et
les lignes courbes le caractérisent. Les artistes se sont rendus compte que l’esthétique industrielle
les coupait de la nature qu’ils cherchaient éperdument à réintroduire dans leurs oeuvres. Très
rapidement, ce style connait une diffusion internationale fulgurante que se soit en art, éléments
décoratifs ou architecture. L’Art nouveau qui a éclos dans des villes comme Bruxelles ou Nancy a
rapidement gagné la plupart des pays européens en prenant à chaque fois des formes et des
dénominations spécifiques (Liberty, Jugenstill…) et en marquant d’une touche originale des villes
comme Vienne, Glasgow, Barcelone, Paris, Prague ou Istanbul. Cet art était rythmé, coloré, et
audacieux. A Paris, par exemple, le style Guimard reste attaché aux bouches de métro en fonte. A
Nancy, capitale de ce style, les ferronniers, ébénistes et verriers avaient fait la gloire de ce
mouvement en réalisant de réels chefs d’oeuvres architecturaux.
Le protectorat au Maroc s’installe en 1912 alors que l’art nouveau est déjà en recul. D’un
aspect plus sobre que son homologue français, il s’est distingué malgré son nombre réduit de
bâtiments par sa simplicité et ses éléments décoratifs où les courbes, les contre-courbes et les
sinuosités apparaissaient de manière répétitive. A Rabat les immeubles que l’on peut rattacher à
l’art nouveau sont rares. On ne peut citer que deux cas réalisés dans les années 20 et dont la filiation
paraît probable.
Il est né vers la fin du 19ème siècle et s’est épanoui pendant le 20ème. Répondant à une
volonté politique, architecturale et urbaine dirigée par la France en Afrique du Nord à partir 1830,
ce style a accompagné l’arrivée de l’urbanisme, comme discipline, dans les colonies. Les raisons de
l’apparition de ce mouvement sont multiples : l’essor d’une architecture régionaliste dite
arabisante et la volonté de conserver vivace un patrimoine artistique, de mettre à profit les
techniques et de faire advenir une architecture nouvelle à la couleur locale.
Le style se caractérise par une organisation des façades – un ordonnancement – basée sur
des règles simples facilement reconnaissables, donnant une forte unité visuelle aux bâtiments. La
symétrie centrale s’appuie souvent sur un élément fort (avancée du bâtiment, fronton, coupole...).
Elle est complété par un marquage symétrique des ailes du bâtiment (une séquence plus décorée
ou largement en avant). Les étages sont différenciés, portiques ou bossage au rez de chaussée,
changement de la hauteur des fenêtres selon les étages, corniches et/ou acrotère à balustre pour
souligner la ligne de faite. Les baies sont alignées horizontalement et verticalement et leur
encadrement comprend de nombreux éléments décoratifs tels que colonnes et moulures
A Rabat le néo-classique est, dès l’amorce du Protectorat, largement utilisé. Il constitue avec le néo
traditionnel les deux styles employés en concurrence ou en complémentarité pour les bâtiments
officiels.
L'art déco, qui apparaît vers 1910, est a son apogée dans les années 1920 avant de décliner
vers la fin des années 30. L’esthétique de ce style est plus sobre que celle de l’art nouveau.
Les façades restent en général classiques dans leur organisation (répétition, alignement, symétrie).
Mais elles prennent de l’épaisseur grâce aux encorbellements facilités par le béton. La volumétrie
s’épure et la verticalité est mise en valeur. De larges ou très hautes (sur plusieurs niveaux) baies
vitrées apparaissent. Mais de petites ouvertures rondes ou octogonales sont également utilisées.
Les bâtiments comprennent parfois de larges corniches ou auvents.
La décoration utilise des motifs géométriques répétés : chevrons, triangles, carrés, losanges,
cercles… réalisés dans la maçonnerie, en zelliges ou en stuc.
A Rabat de très nombreux bâtiments de ce style sont réalisés après la Première Guerre
Mondiale. Par le rythme de leurs encorbellements dessinés sur plusieurs niveaux ils donnent une
grande cohérence à la partie basse du boulevard Mohamed V.
- Le style moderne :
Ce style est exprimé par ce qu’il est convenu d’appeler le Mouvement Moderne. Sa date de
naissance peut être précisément liée à la création du Bauhaus en 1919 mais la 1ere expression
manifeste de ce mouvement date de 1927 avec la réalisation de la Weissenhofseidleng à Stuttgart.
Ce projet exposition réalisé à l’initiative de la Deutscher Werkbound eut un succès considérable.
Dix huit architectes allemands mais également néerlandais, belges, français… dont certains devenus
célèbres ( Mies Van Der Rohe, Gropius, Le Corbusier… ) y participent et réalisent 21 constructions
d’une très grande unité formelle constituant une véritable vitrine du mouvement. L’architecture
moderne est lancée.
Le style postule le primat de la fonction sur la forme. Celle-ci doit être simple et sans
ornementation. Les compositions ont une volumétrie affirmée. Quelques éléments
PPAS PATRIMOINE DE LA VILLE DE RABAT VCTL
26
deviennent archétypiques de l’architecture moderne : la toiture terrasse, la fenêtre en bande,
les corniches ou auvents sans consoles. C’est souvent l’horizontalité qui est soulignée. La
couleur blanche est privilégiée. Certains critiques trouvent à cette architecture des références
en Afrique du Nord.
- Le style brutaliste:
Le mot brutalisme est issu de l’expression “ béton brut“. Il indique une expression
architecturale s’appuyant sur l’utilisation de matériaux non traités, le béton brut de décoffrage
mais également la pierre, la brique ou le métal. Le mouvement né dans les années 50 connait des
réalisations importantes au début de la décennie suivante. Sans rien oublier de l’importance de
la fonction il s’oppose à la volumétrie lisse du style moderne et postule un retour à une
architecture expressive liée au social (mieux exprimée certaines fonctions) et au territoire.
Deux bâtiments du secteur d’étude, se faisant face, réalisés au cours des années 80, trouvent
leur inspiration dans ce courant.
Au delà des styles et des courants évoqués ci-dessus il faut noter l’apparition à Rabat et de façon
plus générale au Maroc, d’une architecture tout à la fois néo-classique par l’organisation des
façades et le recours systématique à la symétrie et néo-traditionnelle par les éléments de décor
empruntés à l’expression locale. Cette architecture ne se réduit a aucun des styles auxquels elle
se réfère. Elle exprime ce qui peut être considéré comme l’architecture officielle du Protectorat.
Lyautey intégrant d’emblée comme une évidence les aspects néo-classiques l’évoque dans son
livre ’’Parole d’action’’ « Il y a un point, notamment, dont nous nous faisons quelque honneur.
C’est de nous être attaché à l’une des meilleures caractéristiques de la construction arabe, la
sobriété extérieure (…) la construction arabe met son point d’honneur à ne se manifester à
l’extérieur que par la ligne, la simplicité des contours et des façades. »
Cette architecture va se retrouver dans de nombreux bâtiments officiels.
Les recensements de 1994 et 2004 donnent pour l’aire d’étude du centre ville les chiffres
suivants :
- Une population d’âge plus avancé que celui enregistré pour la ville ou le pays (plus
d’adultes notamment dans la tranche des 30 à 39 ans et plus de personnes d’âge
supérieur à 60 ans)
- Un niveau d’étude très élevé (50% des chefs de ménage issus de l’enseignement
supérieur)
- Le lieu de travail est, dans 84,2%, hors quartier, la moitié des enfants est scolarisée à
longue distance. La vie au centre dépend des transports motorisés.
- 7 enquêtés sur 10 savaient que leur quartier avait été inscrit sur la Liste du
Patrimoine Mondial. Sa valorisation passe, pour eux, par plus d’hygiène et la création
d’associations de résidents.
- Un âge des chefs de ménage très élevé, 53,6% ont 60 ans ou plus
2.6. L’habitat :
L’appartement urbain constitue 99% des logements de l’aire d’étude du centre ville.
L’analyse des plans entre 1920 et aujourd’hui montre 3 périodes caractéristiques :
- 1920 – 1939 :
Les logements de 3 pièces sont constitués d’un salon, d’une salle à manger et
d’une chambre. Il existe beaucoup de garçonnières. Le bow window est
souvent utilisé et les balcons lorsqu’ils existent sont allongés.
- 1940 – 1959 :
- 1960 et au-delà :
Les salons sont conçus pour recevoir un ameublement le long des murs. La
buanderie est généralisée, les appartements possèdent des toilettes
indépendantes et les balcons sont de petites dimensions
ème
L’appartement du centre ville s’adapte tout au long du 20 siècle à l’évolution
technologique, aux modes d’habiter et aux courants architecturaux.
60% des immeubles n’ont pas de garage en sous-sol pour les résidents, 40%
n’ont pas de terrasse accessible, 40% n’ont pas d’ascenseur (11,5% des
ascenseurs existants sont en panne)
- Les appartements :
- L’organisation des maisons d’un coté, la forme et la taille des chambres par ailleurs
sont jugées satisfaisantes par respectivement 19 et 20 ménages sur les 22 réponses
obtenues
- Si l’ensemble des logements est branché aux égouts, les compteurs individuels aux
réseaux d ‘eau et d’électricité sont au nombre de 27 et 24 sur 28 logements. 23
maisons possèdent l’eau chaude et 9 sur les 28 enquêtés (quasiment le tiers, soit 3
fois plus que les appartements du centre ville) l’obtiennent par l’intermédiaire de
capteurs solaires (plus grande appropriation de la terrasse que dans le cas des
immeubles)
- En dehors de l’humidité dans les murs qui concerne 60% des maisons et des
décollements d’enduit présents dans une maison sur 7, les autres types de désordres
(ferraillages apparents, fissures) n’ont pas été cités
- Une très forte propension des ménages à ajuster le logement à leur mode de vie et à
leur statut social notamment à travers les modifications apportées aux salons.
Le centre abrite environ 130 logements non réglementaires occupés pour une partie par
des concierges et pour l’autre par des personnes ou des ménages sans rapport spécifique
avec l’immeuble (étudiants, jeunes employés…).
Les données (fournies par la Direction Régionale des Impots) concenent l'ensemble des
activités patentées du périmètre d’étude au centre ville.
Professions libérales
Services
Commerces
- La très grande importance des professions libérales qui représentent à elles seules
757 activités soit environ 40% du total (et encore les bureaux d’études techniques
très nombreux, ont été classés avec les services). Parmi ces professions libérales, on
note la présence de 199 médecins dont 99 spécialistes.
ème
- Les commerces viennent en 2 position avec 602 unités, soit 31,5% du total. Dans
cette catégorie, les magasins d’habillement se taillent la part la plus importante, soit
207 unités représentant plus du tiers des commerces.
ème
- Les services arrivent en 3 position avec 444 unités. Il faut remarquer dans cette
catégorie la part importante des services aux personnes, 147 (tailleurs, salons de
coiffure, photographes…).
- Enfin, la dernière catégorie concerne les métiers et services ayant un intérêt pour les
touristes avec seulement 116 unités. Nous noterons le nombre important de
restaurants, 46, et les 19 hôtels dont 14 étaient déjà ouverts en 1992.
Elle a été réalisée sur un échantillon restreint (20 porteurs d’activité, 5 par catégorie). Les
principaux résultats peuvent être résumés comme suit :
- Dans 12 cas sur 20, les locaux se trouvent dans des rez de chaussée d’immeubles
directement accessibles à partir de la rue. Six activités occupent des appartements
dont les 5 professions libérales.
- Ces locaux ont fait l’objet de réaménagements dans 8 cas sur 20.
- Deux activités sur 20 seulement sont liées dans leur fonctionnement à des locaux
séparés. L’autonomie des activités et l’adaptation des locaux (sauf dans 2 cas où ils
sont jugés trop étroits) assurent un fonctionnement adéquat.
- Le nombre d’emplois créés varient d’un type d’activités à l’autre : 3 à 4 pour les
professions libérales, 2 pour les commerces, entre 2 et 8 pour les services et les
activités liées au tourisme.
- Sept porteurs d’activités, seulement, sur 20 savaient que le centre ville avait été
inscrit à la Liste du Patrimoine Mondial, dont les 5 professions libérales.
- Treize responsables sur 20 considèrent que cette inscription n’aura pas d’effets
positifs sur leur activité dont les 5 professions libérales et les 5 services. Les
commerces et les activités liées au tourisme supposent de façon générale qu’ils
peuvent augmenter leur clientèle et sont prêts à agir dans ce sens (investissement,
recrutement, adaptation des produits).
- Comparée aux autres pôles à caractère central de Rabat, la zone étudiée possède la
palette d’activités privées la plus large. Plus de 150 types ont été répertoriés.
- Elle n’a pas reçu au cours des dernières années les commerces franchisés
représentant de grandes marques internationales.
- Le centre est dans l’ensemble peu équipé en activités privées destinées au tourisme :
cinémas aux normes et à la programmation pouvant intéresser les touristes, théâtres
fonctionnant tous les jours, salles d’exposition privée, lieux de spectacles.
- Les difficultés rencontrées au centre sont citées de façon quasi unanime. Elles
concernent la circulation, le stationnement, la pollution sonore, l’hygiène et la
propreté, les manifestations et la multiplicité des marchands ambulants. Malgré ces
difficultés, on peut noter qu’une partie importante des activités privées reste
attachée au centre ville.
De kiosques à journaux
De vendeurs de journaux et de livres à même le sol ou sur de petites estrades
Ils sont permanents, parfois très anciens, régulièrement répartis et disposent d’une
certaine reconnaissance (ils paieraient une taxe à la commune).
- 51,8 ha, soit 46% de la surface des îlots, leur sont dédiés auxquels il faut il ajouter
12ha de jardins.
Le quartier administratif
Musée Archéologique
Musée de la Monnaie
La zone d’étude de Diour Jamaa, dont la population est d’environ 1360 habitants, devrait
disposer des équipements de proximité correspondant au 1er niveau de la grille de
l’urbanisme, soit une mosquée, un hammam, un four, des commerces de proximité et un
petit jardin. Ces équipements, à l’exclusion du jardin, ont bien été intégrés à l’opération tout
au long de sa réalisation. Le quartier comprend également une école primaire, un 2ème four
et une 2ème mosquée.
- 1 dispensaire
- 1 grand jardin
- 1 cinéma
- Les travaux sur bâtiments sont courants : entretien, réparation mais également
réaménagements intérieurs.
La réhabilitation du bâtiment
A partir des résultats de l’enquête, le chiffre des emplois publics dans le centre ville a été
estimé à 15 000.
ème
Pendant la 1ère partie du 20 siècle, le centre est ressenti comme la ville des
européens. Il est en réalité l’espace des élites de l’administration et du secteur privé de haut
niveau. Les « petits blancs » habitent le quartier de l’océan au contact de la population
marocaine. Il est un lieu de représentation symbolique du pouvoir (infrastructures, mise en
scène des administrations, alignement, ordonnancement, « surfiguration » des monuments
anciens) en situation de Protectorat.
Au début des années 2000, les commerces franchisés s’installent à l’Agdal puis à Hay
Riad. La plupart des cinémas ferment, les jeunes et la population aisée désertent le centre
ville. Il reste cependant dans l’imaginaire collectif le centre de Rabat. C’est lui qui abrite
toutes les manifestations publiques à caractère national (fêtes, marches, grèves...).
- Une remarquable diversité des espaces publics au centre ville comme à Diour Jamaa :
boulevards de mise en valeur des murailles, boulevards à portiques, simples avenues,
places d’aires et de morphologies variées, squares, ruelles piétonnes enveloppées,
sabas, impasses… et une “séquentialisation’’ forte qui assure un rapport constant à
l’environnement physique.
- La très grande richesse de la palette végétale utilisée : hauteur, volume, texture des
feuillages, couleur des fleurs ou des fruits, forme des troncs, réseaux des racines
apparentes … Deux arbres apparaissent de façon dominante le palmier Washingtonia
élégant et élancé et le ficus dense et “ ombrageant“. De nombreux arbustes sont
utilisés en petit volumes ou en haies. Les surfaces engazonnées bien que protégées
par des bordurettes en bêton sont en mauvais état dans tous les parcs et les places
où la fréquentation est importante. Des cheminements improvisés traversent
les pelouses. L’arrosage est assuré partout à partir du réseau public. Enfin il faut
noter le système de taille aberrant des ficus.
- En dehors des aménagements classiques que sont les chaussées et les trottoirs,
certains lieux comportent des murs de soutènement, des escaliers, des grilles
métalliques de délimitation ou de protection, des potelets en bêton ou métalliques (
accompagnés parfois de chaines épaisses) pour interdire l’accès des voitures aux
- Deux types de revêtement de sols sont très majoritaires au centre ville comme à
Diour Jamaa.
Malgré leur qualité, à de nombreux endroits, ces dalles ou ces carreaux sont en
mauvais état (cassés, disjoints, arrachés). Cette situation résulte probablement de la
mauvaise qualité du support (herissonage, dalle de bêton) dont l’affaissement, même
partiel, entraine automatiquement la dégradation du revêtement. D’autres types de
malfaçons, liés à la pose, peuvent également être rencontrés (jonction entre deux
types de revêtement mal réglée, réalisation de partie inclinée, seuil des
bâtiments, recouvrement des regards). Il faut également constater l’état de saleté
quasi-généralisée de la pierre par des produits collants de type chewing gum.
Malfaçons, détérioration des revêtements et état de saleté de certains d’entre eux
ne semble pas susciter de réaction.
- Des efforts ont été faits dans tout le centre pour réaliser des aménagements adaptés
au déplacement des personnes handicapées. Ces aménagements ne respectent pas
parfois les dimensions standards et l’encombrement de certains trottoirs
compliquent la présence des personnes en difficulté.
- Aucun aménagement spécifique pour les enfants, ni pour les adolescents, n’a été
rencontré. Pourtant, ils ont pu exister. Le square Washington, par exemple,
comportait un vaste bac à sable dans les années 70 et les enfants y jouaient
nombreux.
- La fréquentation par des promeneurs ou des touristes des places et squares est
surtout notable pour ceux se trouvant à proximité de l’avenue Mohamed V et
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disposant de bancs publics. Les lieux plus éloignés, même lorsqu’ils comportent des
aménagements et des arbres remarquables, sont peu fréquentés. Les bancs publics,
lorsqu’ils existent, sont peu nombreux et ne permettent pas d’assurer une présence à
la hauteur des investissements consentis. Il est très surprenant qu’en dehors de
l’avenue Mohamed V, les voies du centre ville ne disposent pas de bancs publics
permettant à des promeneurs de faire des pauses ou de s’asseoir pour mieux
observer un bâtiment remarquable.
- Déchets solides : Un service en principe conforme aux normes (nettoyage tous les
jours) mais la question de l’hygiène apparait comme un problème récurrent dans
toutes les enquêtes.
- Les bus : 41 lignes desservent le centre de Rabat provenant des autres parties de la
ville, de Salé et de Temara. Cinq d’entre elles pénètrent dans la zone d’étude. Dans
l’état actuel de la circulation, elles constituent une gène importante à certaines
heures. Diour Jamaa est desservie par les bus empruntant l’avenue Hassan II.
- Le train : 22600 voyageurs fréquentent chaque jour la gare de Rabat ville. Elle
focalise les taxis et s’articule à la ligne 1 du Tramway. Le trafic autour de la station
représente une gène pour la fluidité de la circulation.
- Les taxis : 3000 taxis (grands et petits) sont en circulation à Rabat. Ils rendent des
services importants mais sont constitués d’un parc ancien et polluant. Certaines
PPAS PATRIMOINE DE LA VILLE DE RABAT VCTL
45
stations (Nouzhate Hassan) représentent des gènes importantes pour la circulation.
2.11. Le foncier :
- 1 seul lot libre appartient au domaine de l’Etat et les Habous n’en possèdent aucun.
Partout dans le monde, les réflexions, menées actuellement sur les villes, appellent, dans
le cadre du développement durable, à créer de l’intensité urbaine c'est-à-dire à promouvoir
en même temps la densité d’occupation et la coprésence des principales fonctions urbaines.
Les données concernant la densité d’occupation par des résidents pour le centre ont été
établies dans la phase d’analyse : 82 habitants à l’hectare en rapportant la population à l’aire
d’étude en 2004.
Cette densité est faible pour un centre ville d’autant plus qu’elle a probablement baissé
entre 2004 et 2014.
La ville de Rabat a une densité générale de 627 932 / 11 800 = 53 habitants à l’hectare et son
centre inscrit au Patrimoine Mondial a une densité de 87 habitants à l’hectare, inferieure à
celle calculée pour des villes dans les limites de leur périmètre urbain.
humaine qui est défini comme le rapport entre : le nombre d’habitants plus le nombre
d’emplois et l’aire du secteur concerné.
- 11991 habitants
La densité humaine pour le centre est de : (11 991+21 650) / 146 = 230
Cette densité humaine est également basse. A titre d’exemple elle est de :
- 677 à Manhattan
ème ème
- Comprise entre 388 (14 arrondissement) et 808 (2 arrondissement) pour
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Paris intra muros
Il faut conclure que la densité résidentielle, comme la densité humaine sont faibles au
cœur de la ville de Rabat alors même que la fréquentation du centre-ville laisse penser
qu’elles sont très fortes. Ce sentiment résulte des problèmes de stationnement, des
difficultés de la circulation et de l’insuffisance des transports en commun.
- B1 : R+5
- B2 : R+4
- B3 : R+3
- B4 : R+2
Il comprend également deux zones de villas de types D1 et D2 prévoyant dans les deux
cas la construction de maisons comprenant un étage sur rez de chaussée.
La comparaison entre les droits à construire et la réalité du terrain pour les zones
immeubles montre :
On peut conclure que le seul potentiel réel de transformation concerne d’une part les
villas existant encore dans les parties du centre déjà prévues en immeubles et d’autre part
les bâtiments à caractère administratif sur lesquels des actions de densification/surélévation
peuvent être imaginées ( avec déplacement provisoire des bureaux sur un autre site…). Dans
ces deux cas toute transformation devra être évidement soumise au filtre patrimonial
En conclusion, malgré un vécu difficile, le centre de Rabat possède une faible densité.
Quelques possibilités théoriques de renforcement de l’intensité urbaine existent mais elles
sont difficiles à concrétiser et peu opportunes dans l’état actuel de fonctionnement de
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48
l’ensemble urbain
Cette double emprise sur la gestion du pays d’un coté et sur celle de la ville par ailleurs
est la caractéristique principale, la vocation première du périmètre d’étude. De cette
position à la tête de 2 territoires ont résulté de nombreuses fonctions urbaines
- Une fonction administrative générale dont les échelles se sont avec le temps
diversifiées (pays, région, ville, arrondissement Rabat Hassan, quartier…) Cette
fonction est maintenant partagée avec d’autres parties de la ville (Agdal, Hay Ryad…)
mais le centre reste le siège de quelques ministères emblématiques : Intérieur,
Finances, Travaux Public, Agriculture, Santé… et du Parlement du pays
- L’analyse des activités privées patentées montre également que le centre continue à
concentrer de très nombreux services et des métiers relevant de l’artisanat moderne.
C’est le pole urbain de Rabat qui regroupe la plus grande diversité d’activités et c’est
là, notamment, que l’on trouve certains services rares par ailleurs tels que :
antiquaire, apiculteur, astrologue, bonnetier, couturier sur mesure, encadreur,
photographe, graveur, horloger, vendeur d’instruments de musique…
- La fonction résidentielle est affirmée dans le PA de 1917. Il est difficile d’en avoir une
ème
évolution chiffrée tout au long du 20 siècle. A une période de forte croissance liée
à la réalisation du centre et au prestige d’y habiter a succédé une période de décrue.
Les chiffres des recensements généraux de la population de 1994 et de 2004 sont
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éloquents. La zone d’étude a perdu, dans cet intervalle de 10 ans, 2952 résidents soit
20% de sa population de 1994
- Le centre de la ville de Rabat a par ailleurs toujours occupé une place spécifique pour
la culture et les loisirs. C’est au sein du périmètre d’étude que se sont concentrés
cinémas, bars, boites de nuit, restaurants, galeries d’art, grandes librairies, centres
culturels français, espagnol ou allemand… C’est là que, dans les premières années du
Protectorat, se sont installés les hôtels dans leur très grande majorité. Cette activité
culturelle et de loisir a fortement régressée au cours des 2 dernières décennies
caractérisées par de nombreuses fermetures (notamment de cinémas)
un vieillissement des équipements et une programmation incertaine
incapable d’attirer le grand public et encore moins les touristes
Le centre est donc un espace multifonctionnel essentiel pour la ville de Rabat. Deux
fonctions : La fonction résidentielle en déclin et la fonction patrimoniale naissante vont faire
l’objet de développements spécifiques.
- Des personnes en activité dans la dernière tranche d’âge (le chiffre des 50 à 59 ans
est plus que le double de celui du Maroc) et des personnes de plus de 60 ans
particulièrement nombreuses dans le secteur (la proportion de cette catégorie est
50% plus élevée que pour le Maroc)
- Très peu d’enfants de 14 ans et moins. Leur pourcentage est inférieur à la moitié de
celui du Maroc. Il s’explique par l’importance des personnes âgées, les enfants ayant
déjà quitté leurs parents.
déserts urbains à la fermeture des bureaux. Il faudra être attentif à cette question au
moment de l’élaboration des grandes orientations.
L’habitat pose par ailleurs un problème spécifique résultant de la présence d’environ 130
logements non réglementaires occupés soit par des concierges, soit par des personnes sans
attaches avec l’immeuble. Le plan de sauvegarde aura également à se préoccuper de cet
aspect.
- Le Palais Royal
- Jamaa Essouna
- La médina
- La mosquée Molina
- Le Chellah
- La Tour Hassan
- La médina de Salé
- Les Oudayas
Beaucoup de ces sites et édifices anciens ont été classés monuments historiques. D’autres
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51
ème
du 20 siècle l’ont été également (le Cinéma Royal, le jardin Nouzhate Hassan). Enfin, il
faut rappeler d’une part que le Plan d’aménagement de la commune urbaine de Rabat
Hassan, adopté en 1988, définit deux secteurs sauvegardés tous les deux compris dans le
centre ville, et d’autre part que 20 bâtiments du Boulevard Mohammed V ont été inscrits en
2011 (selon les termes de la loi de 1980).
Cette richesse patrimoniale n’a pas créé à proprement parler une fonction patrimoniale si
l’on accepte que ce concept de fonction repose généralement sur la présence au sein d’un
territoire (une ville, un secteur urbain), d’un ensemble d’activités, d’emplois et
d’équipements permettant le développement d’une dynamique économique spécifique.
L’inscription d’un ensemble urbain, d’un site ou d’un monument sur la Liste du
Patrimoine Mondial de l’UNESCO est souvent projetée par les autorités du lieu comme un
moyen de créer une dynamique de développement durable. De nombreux cas montrent que
des biens inscrits ont vu leur attractivité touristique augmenter de façon importante. Mais
cette perspective ne se réalise pas toujours, elle nécessite un engagement fort des acteurs
locaux.
Mais cette fonction patrimoniale doit évidemment d’abord s’appuyer sur la protection et
la valorisation du patrimoine dans tous ses aspects :
- Paysage général (par exemple vue à partir de l’ancienne Résidence Générale sur le
Chellah, la vallée du Bouregreg, Salé, les Oudayas, la médina...)
- Bâtiments remarquables
La phase d’analyse a montré que la prise en compte du site, la protection des jardins
existants, ou la création de nouveaux, et le recours aux végétaux de tout type – essences
locales et espèces acclimatées – comme des moyens de dessiner et d’aménager l’espace
ème
urbain, avaient été des préoccupations essentielles des urbanistes du début du 20 siècle.
Des pelouses, des arbres et des arbustes en pleine terre qui occupaient le cœur
de nombreux îlots et parcelles, les haies surmontant les murs de clôture et les
surfaces plantées autour des villas, toute cette végétation, souvent remplacée
par des surfaces minéralisées, participait d’un écosystème urbain équilibré.
- Des efforts importants sont consentis en matière d’entretien des nombreux jardins
du centre ville ouverts sur l’espace public (dans des places, le long des murailles...).
mais ces efforts ne peuvent pas masquer l’état déplorable dans lequel se trouve le
jardin Nouzhate Hassan (ex Triangle de vue) pourtant classé monument historique.
Sa profondeur, son épaisseur, au lieu de le protéger, entrainent son peu d’entretien
et sa dégradation.
Aux projets prévus dans la vallée du Bouregreg – cette vallée est un site classé –
qui devraient faire l’objet d’une vaste concertation engageant notamment le
Ministère de la Culture.
Ces questions ont pourtant fait l’objet au cours de la dernière décennie de nombreuses
initiatives :
- Installation d’horodateurs
L’observation sur le terrain montre cependant que la circulation est problématique sur
quelques grands axes : avenue Moulay El Hassan, avenue Mohammed V (notamment à
proximité de la gare), avenue Moulay Youssef, avenue Hassan II, Avenue Yaacoub El
Mansour, rue Soekarno, rue Patrice Lumumba. Sa fluidification sur ces voies, qui
appartiennent pour l’essentiel à la structure primaire de la ville, ne peut trouver des
solutions que dans le cadre d’un plan de circulation pour l’ensemble de l’agglomération
même si des améliorations peuvent être faites dans le cadre du PASP.
La question du stationnement doit, elle, trouver des solutions efficaces et pérennes dans
le cadre du plan de sauvegarde.
Parlement
Ministère de l’intérieur
Malgré l’impression de saturation fortement ressentie, les deux sociétés qui gèrent le
stationnement au centre de Rabat – la société Rabat Parking SA (horodateurs et Mamounia)
et la compagnie générale des parkings (place Moulay El Hassan) annoncent des taux de
remplissage élevés mais laissant des possibilités additionnelles.
L’antinomie n’est qu’apparente. Le secteur central est vaste et il est extrêmement difficile
de se parquer dans certaines zones alors qu’il est possible de trouver des places dans
certaines ruelles en limite du secteur. Le stationnement dans les parkings souterrains est
plus cher – 6 Dhs/h pour le parking Mamounia et 5 Dhs/h pour Moulay El Hassan, l’heure
ère
étant totalement comptabilisée dès la 1 minute – que le parking de surface, 3 Dhs de
l’heure, consommé par tranches de 20 minutes. Si des possibilités de stationnement existent
elles ne sont pas à la bonne place ou ont un coût trop élevé. Les résultats en sont un
stationnement à distance tel par exemple le long au l’avenue Ibn Toumert, des voitures
arrêtées de longues minutes en seconde file et encombrant la chaussée et une circulation
accrue par des véhicules roulant à petite vitesse à la recherche d’une place libre.
Il est difficile d’établir avec précision les besoins en parkings. Le stationnement des
nombreux résidents qui ne disposent pas de garages particuliers, pour la nuit, ne pose pas
de problème. De nombreuses places libres existent dans les rues, à titre gracieux, après 19
heures. Mais les voitures ne sont pas gardées. Le parking de la place Moulay El Hassan
propose des abonnements mensuels couvrant le jour et la nuit aux habitants du quartier
Hassan pour un tarif de 625 Dhs.
Les besoins optimaux en stationnement en période de forte activité (les jours de semaine
PPAS PATRIMOINE DE LA VILLE DE RABAT VCTL
55
entre 9h et 19h) peuvent être estimés de la façon suivante
15 000 fonctionnaires, 50% de cadres; 1 cadre sur deux utilise une voiture
personnelle, 3750 places nécessaires
1900 porteurs d’activités privées, 1 place par activité sauf pour les commerces
d’alimentation (1900 – 130) = 1770 places nécessaires
Environ 1500 places pour les utilisateurs du centre (fréquentation des médecins,
dentistes, architectes, avocats, banques…)
Les besoins globaux en stationnement au centre ville peuvent donc être estimés à environ
7000 places soit le double de la capacité actuelle estimée à 3 300 places
A ces besoins il faut ajouter d’autres formes de stationnement aujourd’hui peu ou pas
pris en considération. Il faudra notamment promouvoir les aménagements permettant de
recevoir des cars de touristes (20 hôtels, le stationnement de groupes de touristes en visite
courte, le musée..) des motos et des bicyclettes. Il faudra par ailleurs réserver des
emplacements pour le stationnement des personnes handicapées
Rabat est inscrite sur la Liste du Patrimoine Mondial depuis 2 ans (Juillet 2012). Depuis force
est de constater que les actions entreprises dans les domaines de la culture, et de la
gouvernance sont circonscrites à :
- 7 résidents sur 10
- 3,5 porteurs d’activités privées sur 10
- Les habitants l’ont surtout comprise comme un moyen d’obtenir, auprès des
autorités, une amélioration des conditions générales de leur cadre de vie, sans
nécessité d’engagement de leur part
- Les professionnels installés dans le secteur se sont montrés dans l’ensemble
indifférents à cette inscription, seule une minorité considère qu’elle est un moyen
d’accroître sa clientèle et est prête à prendre toute initiative (investissement,
recrutement, amélioration de la qualité des produits...) à cet effet.
- Les administrations ayant répondu au document d’enquête (seulement 13 sur 91)
ont montré une disposition plus forte à s’engager elle-même selon différentes
modalités, au processus de sauvegarde. Mais le nombre important de « non
réponse » doit certainement être interprété pour ceux là comme une indifférence à
l’égard de la question patrimoniale.
L’inscription de Rabat s’est faite sur la base d’un plan de gestion détaillant un ensemble de
mesures propres à assurer une gouvernance adéquate du bien. Comme précisé ci-dessus,
certaines de ces mesures sont en cours de réalisation. Mais beaucoup reste à penser et à
faire :
La partie du quartier inscrite sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO est constituée
C’est l’opération Habous conçue par Auguste Cadet (le nom de Brion n’apparait jamais sur
les plans d’époque qui ont pu être retrouvés) qui a justifié l’inscription au Patrimoine
Mondiale.
Elle doit être analysée comme une opération résidentielle à maitre d’ouvrage unique
comprenant des logements et les équipements de proximité nécessaires à la vie des
habitants. Elle a néanmoins, conformément aux vœux exprimés dans certains textes, réussi à
agglomérer à sa périphérie de nombreuses constructions de maisons traditionnelles
réalisées par des marocains musulmans, les deux lotissements privés accolés mais
également de nombreuses constructions réalisées la long de l’avenue Hassan II (ex avenue
Temara) ou de la rue Lamartine.
- 50% des chefs de ménage ont plus de 60 ans ce qui représente un taux tout à fait
exceptionnel
- L’école primaire pourrait être fermée en raison de la baisse importante du nombre
d’enfants scolarisés (enquête auprès d’un responsable de l’école)
Cette situation s’explique par un montant des loyers extrêmement bas engendrant
l’attachement des résidents locataires à leur logement. Elle a deux conséquences
- Certaines maisons sont vides, le locataire n’y réside plus mais paye le loyer et garde
la maison en “attendant de voir“
- Les vieux résidents peuvent rechigner à mener les travaux de maintenance
nécessaires pour des logements qui ont en moyenne autour de 80 ans (étanchéité
des terrasses, fuite d’eau dans les structures...)
Les bâtis ont subi de nombreuses transformations destinées à accroitre la surface habitable
(adjonction d’espaces couverts sur la terrasse ou dans le jardin d’entrée pour les maisons en
disposant) ou à adapter les habitations au mode de vie contemporain (cloisonnement,
couverture des patios…)
Elles ont été réalisées sans l’agrément de l’administration des Habous et sans autorisation de
travaux obtenue selon les règlements en vigueur
Si l’espace public est réaménagé régulièrement, les choix opérés au cours des dernières
années suscitent des réserves :
- Pose de carreaux de type revsol qui se cassent rapidement quand le béton de pose
est mal réalisé
- Peinture des soubassements de murs dans une couleur agressive ne respectant pas
l’architecture du quartier
- Il est nécessaire d’enterrer les fils électriques (830 m/l de fils apparents) et d’unifier
les luminaires et leur mode de pose
PPAS PATRIMOINE DE LA VILLE DE RABAT VCTL
59
- Il faut interdire l’entrée des véhicules 4 roues (sauf ambulances et pompiers) dans
les rues et ruelles piétonnes
- Remettre les commerces à l’intérieur des boutiques et dégager les portiques existant
- Supprimer, pour le hammam, le bâtiment appendice destiné aux hommes et réalisé
selon une architecture grossière
- Supprimer les structures en tôle et plastique couvrant la cour d’entrée de la
mosquée
Leur existence des le début des années 30 témoigne de l’intérêt rapide accordé par certaines
catégories de marocains musulmans – une bourgeoisie issue de la fonction publique et des
affaires – aux nouvelles formes urbaines.
Comme pour l’opération Habous les constructions réalisées sur ces lotissements ont subi de
nombreuses adjonctions ou modifications non réglementaires (construction dans les zones
de recul ou sur les terrasses, modifications de l’aspect des façades, ouvertures de boutiques
sur la voie publique….
4. La vision à 20 ans
La phase d’analyse et de diagnostic a montré que le secteur d’étude, centre ville et Diour
Jamaa, possède un patrimoine exceptionnel fait de parcs et de jardins, d’édifices et d’espaces
publics. Par ailleurs, elle a également souligné le fait que la ville du début du 20ème siècle se
trouve au cœur du Rabat historique, ceinte par les Murailles Almohade et Andalouse et à
proximité de la Médina, des Oudayas, du Chellah et de la Tour Hassan.
Cet effort doit s’accompagner d’une mise à niveau des espaces publics permettant du
mieux relier la Médina à la Ville nouvelle dans une déambulation tranquille, le regard porté sur
la modénature des façades plutôt que sur les voitures et les feux rouges ou encore sur
les irrégularités (bosses, trous, carreaux cassés..) des trottoirs
Sans atteindre les chiffres de Paris (32 millions de touristes) ou de Venise (20 millions),
Rabat, qui accueille actuellement environ 700 000 visiteurs par an, a les attraits nécessaires
pour viser 1 million de touristes en 2020, 2 millions en 2025 et 5 millions dans 20 ans soit la
capacité actuelle de villes telles que Amsterdam ou Edimbourg
Conformément aux termes de référence, tels que précisés dans le cahier de prescriptions
spéciales, les orientations stratégiques proposées ci-après prennent en considération :
- Les orientations stratégiques définies pour le centre ancien par le plan d’aménagement
unifié de Rabat actuellement en cours d’étude (phase 3 portant sur les orientations
stratégiques déjà adoptée)
- Les engagements pris par le Maroc dans le cadre de la demande d’inscription de Rabat
sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
3. Maintenir la fonction habitat à son niveau actuel tel qu’il sera précisé par le
recensement de septembre 2014 et promouvoir un habitat équilibré du point de vue
des générations résidentes et des catégories sociales en facilitant la réalisation des
équipements de proximité. Lutter contre les formes d’habitat non réglementaire.
10. Réduire la circulation automobile sur les grands axes du centre ville (avenues Moulay
El Hassan, Mohamed V, Hassan II, Yaacoub El Mansour, rues Soekarno et Patrice
Lumumba), créer des possibilités supplémentaires de stationnement en parkings
couverts et surveillés, mettre en œuvre une politique de prix abordables pour les
ménages résidents dans la zone.
11. Améliorer l’accès au centre ville par le système des transports en commun propres
(train, tramway) densifié le réseau d’autobus mais privilégier des stations en limite du
secteur inscrit. Revoir l’emplacement des stations de grands taxis et les disposer, hors
centre, à l’aboutissement des axes desservis.
12. Améliorer la qualité environnementale : réduction des fumées, lutte contre le bruit,
emplacement des bacs à ordure, tri et ramassage régulier, nettoyage des
rues…Promouvoir des procédés durables notamment en matière de consommation
d’énergie (éclairage public). Gérer les dégradations touchant aux revêtements des
voies, trottoirs et espaces sous portiques.
13. Canaliser, gérer (proposer d’autres lieux de la ville) les manifestations sociales à
caractère revendicatif (sitting, défilés…) et empêcher qu’elles conduisent à une
désaffection pour le centre ville.
14. En dehors des espaces publics emblématiques pour lesquels tout bâtiment riverain
nouveau devra s’inspirer du patrimoine existant selon des règles qui seront définies par
le plan de sauvegarde, accueillir au sein de la zone inscrite au Patrimoine Mondial une
architecture de qualité, libre de son expression et permettant d’enrichir le secteur
d’œuvres avant–gardistes ou représentatives de la période contemporaine.
15. Pour tenir compte de la recommandation de l’UNESCO sur ‟les Paysages Urbains
Historiques″ et des chartes de l’ICOMOS, sauvegarder le profil général de la ville autour
du centre notamment au sein des tissus urbains accueillant les différentes parties de
Rabat inscrites au Patrimoine Mondial et de façon plus générale pour toute la
zone tampon. Maintenir absolument les cônes visuels ouverts sur le paysage par le plan
de 1917.
16. Renforcer l’intérêt des marocains, des rbatis, des résidents et des porteurs d’activités
installés dans la zone, pour le caractère patrimonial du secteur. Développer les
manifestations visant à éveiller ou a asseoir cet intérêt : conférence, visites guidées,
manifestations artistiques de rue…
18. Donner une identité forte à la zone du 20ème siècle inscrite au Patrimoine Mondial en
mettant en place un mobilier urbain spécifique, en créant un label et un site Web.
19. Développer les capacités techniques des professionnels intervenant dans les
opérations de sauvegarde (réparation, réhabilitation, restauration des bâtiments, tous
les corps d’état), dans l’entretien des parcs et jardins, dans la gestion du Patrimoine et
dans la conduite des visites selon les publics concernés.
20. Promouvoir un mode de gouvernance spécifique du secteur inscrit dont la gestion doit
aujourd’hui être conforme aux engagements pris par le Maroc, assurer un pilotage
multisectoriel et concerté, Modifier les règles d’instruction des dossiers en autorisation
de travaux et les règles de suivi.
5. Mettre à niveau les espaces publics et les aménager notamment en vue de promouvoir
le tourisme
1. Protéger tous les éléments de la Ville Nouvelle et de Diour Jamaa ayant un caractère
patrimonial. Graduer les mesures de protection qui concernent des ensembles
architecturaux, des édifices, des espaces publics, des jardins et des arbres d’alignement.
6. Autoriser – sur les lots vides ou pour de nouvelles constructions – des architectures
innovantes sous réserve qu’elles respectent certaines règles permettant d’assurer la
cohérence des masses urbaines.
7. Mobiliser dans l’action le secteur privé, notamment pour la réalisation d’un certain nombre
d’équipements (parkings souterrains, superettes, garderies d’enfants…), les régies et
sociétés participant à la gestion et les administrations possédant des biens dans le
territoire couvert par le PASP.
9. Traiter la question des habitations non réglementaires qui existent dans la zone en
proposant des solutions de relogement prenant en compte les situations spécifiques, faire
appliquer la loi en matière de syndics d’immeubles et de nettoyage des espaces communs
des édifices.
10. Organiser une communication permettant de faire adhérer des publics différenciés
(habitants, propriétaires, gérants, touristes, rbatis…) aux orientations générales, à la
réglementation et aux projets prévus par le PASP.
11. Assurer des modalités de gestion permettant tout à la fois un pilotage multisectoriel et
concerté et une attention soutenue au patrimoine et au respect des mesures de protection.
Favoriser la mise en place de services techniques aptes à conseiller, à autoriser et à
assurer la suivi de projets, de toute dimension, situés dans le secteur sauvegardé.
12. Promouvoir la recherche sur l’architecture, l’urbanisme et l’art des jardins de la 1ere
moitié du 20ème siècle au Maroc, constituer des archives et encourager la publication.
L’élaboration du PASP s'est également appuyée sur quelques règles générales concernant les
aménagements proposés ou proscrits:
Les sites pouvant recevoir des parkings souterrains réalisables par le secteur
privé ont été identifiés. Aucun équipement de ce type ne pourra être réalisé en
dehors de ces sites. La délimitation exacte de l’aire des parkings sera négociée au
moment de l’étude de faisabilité.
L’édifice qui abritait anciennement le Tribunal de Rabat puis le Ministère de
l’Information est choisi pour recevoir, après réhabilitation, le Centre
d’Interprétation du Patrimoine.
Par ailleurs l’ex-Résidence Générale est proposée pour loger la Fondation pour la Sauvegarde
du Patrimoine Culturel de Rabat.
La qualité des espaces publics dans la Ville Nouvelle comme à Diour Jamaa fait partie des
raisons qui ont fondé l’inscription de Rabat sur la Liste du Patrimoine Mondial de
l’UNESCO. Pour conforter cette qualité et donner du plaisir à fréquenter ou à visiter, le
PASP prend un ensemble d’initiatives tendant à "mettre en tourisme" et à accroitre la
place des piétons.
Le PASP a répertorié l’ensemble des jardins appartenant à l’espace public et des arbres
d’alignement de la Ville Nouvelle et de Diour Jamaa. Les arbres notamment les palmiers
washingtonia et les ficus plantés en même temps qu’était dessiné l'espace public et qui
appartiennent au patrimoine végétal, sont soumis à une procédure de sauvegarde.
Cette procédure concerne également les jardins dans toutes leurs composantes même si
certains ont été redessinés à plusieurs reprises.
Ces circuits touristiques qui peuvent être suivi en groupe ou individuellement nécessitent une
mise en valeur (fléchage, mobilier spécifique, tables informatives, plaques d’architectes…) et
la formation de guide de haut niveau (architectes ou étudiants en architecture)
6.2.5 L’architecture
Enfin le PASP postule comme principe d’aménagement l’accueil sur les parcelles de terrain qui
le permettent (parcelles libres, transformation autorisée de villa en immeuble) d’une
architecture créative, représentative des tendances contemporaines et susceptible de
prolonger la collection d’objets réalisés tout au long du XXe siècle. Le PASP précise les
conditions d’intégration des édifices nouveaux dans les masses urbaines existantes.
Le document graphique indique pour les édifices, les sites, les jardins et les alignements
d’arbres à protéger:
En dehors des éléments protégés de l’alinéa précédent le document graphique propose pour
les bâtiments et les espaces publics ordinaires un zonage constitué par :
Des zones de villas, D, reparties sur deux types de secteurs D1 et D2 différenciés par le
type des villas accueillies : villas en bande ou jumelées pour D1, villas isolées pour D2.
Des zones d’immeubles alignés, B, reparties sur 4 types de secteurs B1, B2, B3 et B4,
différenciés essentiellement par les hauteurs maximales autorisées.
Deux zones d’habitations néo-traditionnelles NTS.
Les autres équipements publics ou à usage du public - centre de santé, crèches, médiathèques
de proximité, superettes modernes, toilettes publiques - ne sont pas localisés et la parcelle ou
l’édifice qui doivent les accueillir devront être acquis ou mobiliser sur le marché privé ou
auprès de l’administration des domaines de l’Etat.
Il comprend par ailleurs 2 documents annexés qui font partie intégrante du règlement
d’aménagement.
6.3.2.2 Les dispositions relatives aux édifices, aux ensembles, aux espaces publics, aux
arbres et jardins protégés
Elles sont organisées en 4 chapitres, concernant les immeubles, les villas, les grands
équipements et les habitations néo-traditionnelles, qui précisent certains aspects liés à
l’architecture et permettant une bonne intégration dans le tissu urbain existant. Une 5ème
partie indique les règles concernant la façade des rez de chaussée commerciaux.
Les fiches actions comprennent, outre le libelle de l’action, son objectif, sa description, son
principal responsable et les acteurs importants impliquées dans sa réalisation, les étapes de
son exécution comprenant notamment les tâches transitoire à mener, une estimation
sommaire et la désignation du responsable du financement ou du montage financier.
Les tableaux ci-dessous résument l’ensemble des fiches actions et précisent l'échéance de la
réalisation pour chacune d'elles.