Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
IBEM 2014 : International Conference on Innovation in Business, Economics & Marketing Research (IBEM’14)
ISSN: 2356-5608
pp.28-32
Copyright IPCO 2015
*
Professeur, Faculté de sciences économiques et de gestion,
, Université de Sfax, Tunisie
2 second. sami_hammami2005@yahoo.fr
Résumé—La santé semble occuper une place un bien de consommation et un capital. En tant que
capital, elle permet à chacun de générer des revenus
importante et spécifique dans le processus de sur le marché du travail. En tant que bien de
consommation, elle permet aux individus
croissance économique. En effet, les dépenses de soins d’accroître leur bien-être et leur donne la liberté de
poursuivre leurs intérêts. Sous l’angle économique,
qu’elle engendre suivent une tendance à la hausse
la santé est un facteur de capital humain et donc un
autonome ce qui conduit à s’interroger sur la capacité moteur de développement économique.
En fait, l’état de santé est de plus en plus
des pays, dont le système de santé repose sur un intégré dans les théories de la croissance
économique comme facteur de dynamisme. Par
financement public, à soutenir ces dépenses sur le long exemple, dans un rapport de 2001, l’OMS calcule
l’apport de la santé à la croissance économique. Ses
terme. L’approche économique permet d’aborder estimations établissent qu’en règle générale, une
amélioration de 10 % de l’espérance de vie est
cette question par le biais de la recherche d’un
associée à une augmentation de la croissance
système de santé efficient, alliant le meilleur niveau de économique de 0,3 à 0,4 % par an. Ainsi,
l’amélioration de la santé, par les deux moyens
santé possible avec des dépenses publiques les plus suivants devient une fin en soi :
• la réduction de morbidité et de la
productrices de capital humain. mortalité
• l’élévation du niveau de vie.
Par ailleurs,
les maladies d'une population, l'état sanitaire d'une revenu des ménages. L’accès à des conditions de
communauté, les services médico-sanitaires et vie meilleures améliore l’état de santé (bonne
socio-sanitaires, la planification et l'administration ; nutrition, habitation salubre…), mais également les
et la gestion des services de santé en incluant les dépenses affectées à la santé augmentent. Cet
soins curatifs. auteur insiste sur le faite qu’au niveau national,
l’amélioration de l’état de santé de la population ne
La loi n°2004-806 du 9 août 2004 relative se réalisera que s’il existe une répartition égalitaire
à la politique de santé publique indique que « la de la richesse. Il conclu que l’état de santé
Nation définit sa politique de santé selon des s’améliore :
objectifs pluriannuels. La détermination de ces • avec la croissance économique, à un taux
objectifs, la conception des plans, des actions et des marginalement décroissant ;
programmes de santé mis en œuvre pour les • avec une répartition égalitaire de la
atteindre ainsi que l’évaluation de cette politique richesse ;
relèvent de la responsabilité de l’Etat. La politique • avec le progrès technique et le taux
de santé publique concerne la surveillance et d’équipement des ménages ;
l’observation de l’état de santé de la population et • grâce aux facteurs socio-économiques et
de ses déterminants, la lutte contre les épidémies, la parfois la médecine ;
prévention des maladies, traumatismes et des • mais les inégalités de santé s’accroissent,
incapacités, l’amélioration de l’état de santé de la surtout en période de crise ;
population et de la qualité de vie des personnes • mais progression non proportionnelle aux
malades, handicapées et des personnes dépendantes, dépenses de santé (soins).
l’information et l’éducation à la santé de la Les économistes de la santé insistent sur
population et l’organisation de débats publics sur le rôle important de la croissance économique et de
les questions de santé et les risques sanitaires, l’élévation du revenu national dans l’amélioration
l’identification et la réduction des risques éventuels de la santé des populations. Ceci est traduit par une
pour la santé, par le développement de l’accès aux amélioration des conditions de vie ainsi qu’un
soins et aux diagnostics sur l’ensemble du territoire, développement des interventions collectives en
la qualité et la sécurité des soins et de s produits de matière d’infrastructures (hôpitaux, écoles, etc.) et
santé, l’organisation du système de santé et sa de protection sociale (assurance-chômage,
capacité à répondre aux besoins de prévention et de couverture du risque maladie, etc.). Par ailleurs, les
prise en charge des maladies et handicaps, la innovations médicales et le progrès technique
démographie des professions de santé .» Cette loi (imagerie médicale, techniques anesthésiques, etc.)
affirme par ailleurs le caractère d’objectif prioritaire améliorent l’efficacité de la médecine dans le recul
de l’accès à la prévention et aux soins pour les » de la mortalité et de la morbidité. En effet,
populations fragilisées. »6 Preston(1975)8 stipule que la relation qui unit
Les différents modèles de mesure des l’espérance de vie et l’état de santé moyen de la
sources de croissance économique ont commencé population avec le revenu par tête est démontrée.
avec Solow (1957) et Denison (1962). Ces auteurs Toutefois, Wilkinson (1992)9 ajoute qu’ à partir
n’ont pas pris en compte le facteur santé. Mais d’un certain niveau de revenu, la relation s’affaiblit
Bloom, Canning et Sevilla (2001) et Sala-i- martin et devient plus incertaine. En outre, une même
(2001) ont considéré la santé comme une des hausse de revenu n’a pas les mêmes effets dans tous
principales sources de la croissance. En effet, une les pays en termes d’état de santé. Plus que le
population en bonne santé joue un rôle moteur dans niveau de revenu par tête, la répartition des revenus
la croissance économique. Ces auteurs ont perçu la et son caractère plus ou moins inégalitaire
santé comme un produit final du processus de joueraient un rôle significatif sur l’état de santé des
croissance. Ils stipulent que les personnes à haut populations. Réciproquement, cet auteur indique
revenu sont bien portantes parce qu’elles ont plus que la santé des populations influence la croissance
facilement accès aux biens et aux services propices économique et le revenu global. Le rôle de la santé
à une bonne santé. dans le capital humain est admis tout comme l’est
En outre, selon Philippe Ulmann (2003)7,
l’amélioration de l’état de santé dépend du progrès
technique et de la médecine. Il note que la
croissance économique entraîne une hausse du
6 8
La loi n°2004-806 du 9 août 2004 relative à la Preston: « Introduction à l’économie de la santé »,
politique de santé publique 1975.
7 9
Philippe Ulmann : « Le rôle de la santé dans la Wilkinson : « Introduction à l’économie de la
croissance » 2003. santé », 1992.
IBEM 2014 : International Conference on Innovation in Business, Economics & Marketing Research (IBEM’14)