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BELIDAM wafia

Module : Linguistique 3
Semestre 5

Méthodes et protocoles d’enquête


Le sociolinguiste étudie les rapports entre le linguistique et le social dans la réalité en
collectant des données à analyser in vivo, l’échantillon obtenu devra être représentatif de la
communauté linguistique. Les moyens utilisés assurent l’obtention de résultats objectifs et
fiables. Quelle que soit la méthode choisie ; celle-ci devra être spécifiée clairement
notamment lors de la publication desdits résultats.
La méthodologie de l’enquête permet de définir la démarche employée pour répondre à une
problématique, en fonction d’un positionnement théorique, du choix des données, de leur
constitution, de leur traitement et de leur interprétation. Pour ce faire, le champ des sciences
humaines et sociales bénéficie de plusieurs types d’approches telles que la collecte de
document préexistant (corpus), l’observation directe ou participante, le questionnaire (avec
plusieurs formes de questions possibles), l’entretien directif, semi-directif, libre, etc.
1) L’enquête par observation :
L’observation est utilisée dans le cas d’une étude qualitative ; c’est une technique qui permet
à l’enquêteur d’observer les personnes, de recueillir des données. Cette technique empirique
se fait sans l’intervention du chercheur. La description de l’observation doit être l’apanage de
la réalité et il est important de procéder systématiquement.
Les types d’observations
Vous pouvez décider, selon les besoins, de participer plus ou moins à la situation observée et
l’observation peut se faire de manière plus ou moins structurée.
L’observation participante consiste, pour l’enquêteur, à faire partie du contexte dans lequel le
ou les individus sont étudiés. Il est aussi possible d’interagir avec la ou les personnes
observées pour poser des questions.
Dans ce type d’observation les personnes observées peuvent être au courant ou pas de la
présence de l’observateur. L’avantage dans ce cas est d’apporter des informations
supplémentaires quant à la spontanéité des observés.
En revanche, en intervenant, ou en étant visible, l’observateur peut modifier le comportement
de la personne observée.
L’observation participative est principalement utilisée lorsque vous voulez obtenir des
informations détaillées sur une production particulière.
Exemple
Pour répondre à la question « quelles langues sont utilisées dans un quartier ? », l’observation
participante visera à observer les productions des habitants. L’observateur/chercheur peut
alors poser des questions sur certaines pratiques en temps T.
L’observation non participante exclut l’enquêteur du cadre social étudié. Il est invisible
pour les observés et peut filmer sans être vu.
Ce type d’observation a l’avantage de ne pas modifier la situation observée : elle reste
totalement conforme à la réalité du phénomène étudié ce qui augmente la fiabilité des
résultats. L’observation non participante peut être suivie par la suite d’autres méthodes de
recherche.
L’inconvénient de cette démarche est qu’elle ne permet pas à l’enquêteur d’intervenir s’il le
désire et il est possible de passer à côté de données pertinentes.
Exemple
Dans l’enquête de William labov il y a eu d’abord observation non participante des magasins.
Celle-ci a fait émerger des interrogations qu’un entretien oral ultérieur a pu étoffer.

2) L’enquête par questionnaire


Si le chercheur opte pour la démarche de « l’enquête par questionnaire », il faut que cela soit
expliqué afin que la recherche soit validée. Il s’agit dans ce cas de poser des questions à un
ensemble de personnes censées être représentatives d’une population. Les questions seront
évidemment ciblées en fonction de la recherche et les objectives visés. Les personnes seront
par exemple sélectionnées par rapport à leur statut social, professionnel, familial par rapport à
leurs représentations du monde ou à l’égard de l’objet de recherche.
a) Les avantages du questionnaire
Cette méthode est la plus répandue car permet d’obtenir une analyse quantitative ce qui
pointera les éventuelles récurrences d’un thème et aura pour but d’établir des corrélations. Les
questions posées peuvent être directement liées aux thème par exemple : quelle langue parlez-
vous ? Dans quelles situations ? Avec qui ? etc. Ce dernier point est relatif à la forme du
questionnaire. En effet, il peut être sous deux formes, une forme structurée ou une forme non
structurée :
Le questionnaire structuré est composé de questions fermées ou semi-fermées qui suscitent
de la part du sujet une réponse positive ou une réponse négative, l’une exclue l’autre. Les
réponses à ces questions sont fixées à l’avance. Par exemple : Parlez-vous une langue
étrangère ? Dans un questionnaire structuré, les questions peuvent être semi-fermées, elles
permettent alors au répondant de choisir parmi des propositions préétablies par le chercheur
ou l’enquêteur. Elles permettent un décodage rapide, un traitement simple car les résultats se
prêtent à une analyse immédiate mais elles sont aussi frustrantes car elles imposent au
répondant des réponses toutes faites. Le questionnaire non structuré comprend quant à lui des
questions ouvertes sans suggestion de réponses. Par exemple : que pensez-vous de la situation
du français en Algérie ? Le répondant pourra dans ce cas répondre librement, commenter,
juger, donner des détails, exprimer son point de vue. Les questions ouvertes sont d’autant plus
intéressantes quand il est question d’étudier les représentations. Le chercheur notera puis
traitera le contenu par la suite.
La plupart des chercheurs optent pour un questionnaire structuré alliant questions fermées et
semi-fermées, au lieu d’un questionnaire constitué uniquement de questions ouvertes. Dans
certains cas, il sera question des trois types de questions à savoir fermées, semi-fermées et
ouvertes.
b) Les Inconvénients du questionnaire
La construction du questionnaire est une tâche délicate qui nécessite une bonne préparation,
du temps et des moyens Cette méthode a des inconvénients car le questionnaire n’est pas apte
à accéder aux représentations effectives des répondants.

3) L’enquête par entretien ou interview


La méthode de l’entretien permet d’obtenir des informations qui nécessiteront d’être
analysées, très souvent par le biais d’une analyse de contenu. L’enquêteur ne formule pas de
questions préétablies mais de points à aborder relatifs au thème de la recherche.
Quivy et Van Campenhoudt (2006 : 174), avancent que :
« Sous leurs différentes formes, les méthodes d’entretien se distinguent par la mise en œuvre
de processus fondamentaux de communication et d’interaction humaine. Correctement mis en
valeur, ces processus permettent au chercheur de retirer de ses entretiens des informations et
des éléments de réflexion très riches et nuancés. A l’inverse de l’enquête par questionnaire,
les méthodes d’entretien se caractérisent par un contact direct entre le chercheur et ses
interlocuteurs et par une faible directivité de sa part ».
L’entretien non-directif (ou non-dirigé)
Le propre de ce type d’entretien est qu’il se caractérise par sa forme spontanée donnant
l’impression que l’enquêteur et l’enquêté conversent de manière ordinaire. Cette structure peu
formatée demande une analyse qui repose sur des connaissances théoriques importantes.
En outre, dans l’entretien non-dirigé l’enquêteur ne pose à la personne qu’il interroge qu’une
seule question directe, « la consigne » après cela, il ne pourra que le pousser à approfondir ici
et là les réponses apportées.
En limitant la participation de l’enquêteur on recueille la réponse effective de l’interviewé,
l’enquêteur devient un simple auditeur passif. Cela permet à l’enquêté de revenir sur ses
premières paroles de se contruire de manière autonome et d’éviter ainsi d’être censuré.
l’entretien semi-directif
Quivy et Van Campenhoudt stipulent que l’entretien semi-dirigé (2006 : 174) :
« n’est ni entièrement ouvert, ni canalisé par un grand nombre de questions précises.
Généralement, le chercheur dispose d’une série de questions-guides, relativement ouvertes, à
propos desquelles il est impératif qu’il reçoive une information de la part de l’interviewé.
Mais il ne posera pas forcément toutes les questions dans l’ordre où il les a notées et sous la
formulation prévue. Autant que possible, il « laissera venir » l’interviewé afin que celui-ci
puisse parler ouvertement […] Le chercheur s’efforcera simplement de recentrer l’entretien
sur les objectifs chaque fois qu’il s’en écarte et de poser les questions auxquelles l’interviewé
ne vient pas par lui-même, au moment le plus approprié et de manière aussi naturelle que
possible ».
Ce type d’entretien associe donc liberté (ordre des questions, formulation des questions) et
objectifs précis (rendus possibles grâce à la présence d’une grille d’entretien sur laquelle
figurent les questions essentielles pour le chercheur). Il s’agit donc à la fois d’un compromis
entre le questionnaire -très formaté et identique pour tous les participants- et l’entretien libre-
sans doute trop hasardeux pour commencer.
L’entretien directif
Il s’agit du questionnaire oral que celui-ci soit fermé ou ouvert. Il doit répondre à une
standardisation ; l’objectif est de comparer scientifiquement les différentes réponses en
adressant aux interviewés exactement les mêmes questions. Un travail en amont doit se faire
afin d’établir la structure des questions ainsi que leur ordre d’apparition : l’intervieweur lit
une question puis passe à la suivante une fois qu’il aura obtenu la réponse de l’interlocuteur.
L’inconvénient de l’entretien c’est le coût en temps et en moyens matériels et financiers, la
réduction de la taille de l’échantillon et le fait que la plupart des informations qu’il permet de
collecter peuvent être obtenues par le moyen de questionnaires écrits soumis aux sujets.

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