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Techniques spécifiques de

recherche de terrain en
sciences sociales
Pr Mesmin TCHINDJANG
Université de Yaoundé 1
Plan
• Politique de terrain
• Enquête de terrain
• Pourquoi mener une enquête de terrain
• Types et techniques d’enquêtes
• Types d’échantillon
• Approche participative de la recherche
La politique du terrain
• Sociologie, anthropologie et histoire partagent une seule et même
épistémologie. Cette assertion est au principe de cette revue. Les
procédures interprétatives, les problématiques théoriques, les points de
vue heuristiques, les paradigmes et les modalités de construction de l’objet
leur sont pour l’essentiel communs ou transversaux. Mais elles ne
produisent pas pour autant nécessairement leurs données de la même
façon. Ces disciplines cousines semblent se distinguer « malgré tout » par
les formes d’investigation empirique que chacune d’entre elles privilégie.
Les archives pour l’historien, l’enquête par questionnaires pour la
sociologie, le « terrain » pour l’anthropologie : voilà trois modes de
production de données distincts, trois configurations méthodologiques
spécifiques, qui apparaissent au premier abord comme respectivement
« attachés » à chacune de ces sciences sociales cousines.
La politique du terrain

• En particulier, l’enquête de terrain a acquis une place non négligeable


en sociologie. De fait il n’y a aucune différence fondamentale quant
au mode de production des données entre la sociologie dite parfois
« qualitative » et l’anthropologie. Deux traditions fondatrices
fusionnent d’ailleurs clairement : celle des premiers ethnologues de
terrain (Boas, et surtout Malinowski) et celle des sociologues de
l’école de Chicago. Et l’on se référera ici de façon égale à leurs
postérités respectives
La politique du terrain

• Ceci étant, l’enquête de terrain, pour ceux qui ne la pratiquent pas, reste nimbée
d’un flou artistique que ceux qui la pratiquent ne se pressent guère de dissiper.
Du fait de ce caractère souvent opaque ou mystérieux de la production des
données de terrain, l’anthropologie est, vue de l’extérieur, à la fois la plus
méconnue, la plus fascinante et la plus contestée des sciences sociales. On
crédite souvent l’anthropologie de son empathie, et l’anthropologue de son vécu.
Inversement on condamne tout aussi souvent l’une comme l’autre pour péché
d’impressionnisme et de subjectivisme. Les aspects souvent irritants et parfois
grotesques du mythe du terrain, lorsque l’anthropologue s’en autoproclame le
héros en dramatisant ses propres difficultés, achèvent de brouiller les pistes. Or
l’enquête de terrain n’est qu’un mode parmi d’autres de production de données
en sciences sociales. Elle a, comme les autres mais à sa façon, ses avantages et
ses inconvénients. Elle a ses propres formes de vigilance méthodologique, et a
tout à gagner à expliciter la « politique » qui la guide. Ce « flou » du terrain doit
donc être autant que possible dissipé
L’enquête de terrain : définition, méthodes,
conseils et exemple
• L’enquête de terrain est une méthode de recherche assez commune avec
laquelle vous entrez vous-même dans le champ pour collecter des
données. La recherche sur le terrain peut être utilisée comme méthode de
recherche et de collecte de données pour votre mémoire.
• Diverses techniques peuvent être utilisées, comme des questionnaires,
des entretiens et des observations. De cette façon, vous trouverez
exactement les données dont vous avez besoin pour répondre à
vos questions de recherche et vérifier vos hypothèses.
• L’article présente l’enquête de terrain dans sa largeur : de sa définition aux
différentes méthodes pour mener ce genre d’enquête, à la technique
d’analyse des données, le tout avec plusieurs exemples concrets.
Une enquête de terrain : qu’est-ce que c’est ?

• Aussi appelé “étude de terrain” ou “travail de terrain”, l’enquête de terrain permet au


chercheur d’étudier son sujet dans son environnement naturel pour mieux le
comprendre. Le contexte est un élément central de l’analyse.
• L’enquête de terrain est une méthode de collecte de données plutôt qualitative pour
laquelle le chercheur doit se rendre sur le terrain et mener ses recherches dans le cadre
quotidien du sujet étudié, tel qu’une salle de classe ou une entreprise.
• En choisissant ce mode de recherche, on obtient une image concrète du domaine de
recherche dans un environnement pratique (contrairement à un cadre de laboratoire
dans lequel un chercheur tente d’exclure autant de facteurs externes que possible), ce
qui peut influencer les résultats de la recherche.
• À travers diverses techniques, l’enquête de terrain permet de récolter des données
informatives utiles qui doivent aider l’enquêteur à répondre à sa problématique et
vérifier ses hypothèses.
Enquête par échantillon
• L’enquête correspond à une méthode de collecte de données consistant à interroger des individus qui
appartiennent à une population choisie ou à un échantillon représentatif de cette population-mère. Le
travail d’enquête est très exigeant ; il comporte plusieurs étapes essentielles. Lors de chacune d’elles,
le chercheur doit être vigilant afin d’assurer la qualité des données recueillies.
• L’avantage principal de l’enquête est qu’elle permet de recueillir des données de nature très variée :
• des données se rapportant à la personne enquêtée i.e. des données sur le profil socio-économique :
l’âge, le revenu, le niveau d’instruction, l’affiliation religieuse, l’appartenance ethnique, la profession,
etc. ;
• des données concernant le ménage ;
• des données sur le milieu de vie ou le voisinage ;
• des données concernant les opinions.
• L’enquête se traduit par un entretien entre l’enquêté et l’enquêteur. Cet entretien peut être structuré
ou non. Un entretien non structuré est souvent centré sur un événement ou sur un thème particulier
et ne comporte pas de liste de questions pré-établies à l’avance. Il s’appuie plutôt sur une liste de
contrôle abordant plusieurs sujets. Un entretien non-structuré est très utile pour explorer une
question. Se rappeler néanmoins que la codification des réponses est très délicate et sujette à
interprétation de la part de l’enquêteur.
Enquête par échantillon
• Un entretien structuré impose à chaque répondant une série de questions déjà
établies à l’avance. Les réponses sont notées sous une forme codée ou pré-codée
(voire post-codée). Une question pré-codée demande au sujet de choisir lui-
même les réponses préétablies parmi une liste d’énoncés. Une question codée
est une question où l’enquêteur classe lui-même la réponse. Une question post-
codée est une question où la codification se fait après l’enquête (cas des
questions ouvertes pour lesquelles on effectue ultérieurement une
catégorisation).
• Il est important de bien articuler les objectifs de la recherche elle-même avec les
objectifs de l’enquête. Pourquoi entreprendre une enquête ? Peut-être y a t-il
une absence de données sur le sujet étudié ou constate-t-on des lacunes
importantes dans la qualité et la nature des données ? Il importe alors de définir
la nature et les types de données à collecter en fonction des objectifs et des
thèmes retenus auprès de la population-cible i.e. celle visée par l’enquête.
Étapes d’une recherche par enquête
Pré-test ou pré-enquête
• Pré-test ou pré-enquête
• Le pré test d’un questionnaire est indispensable ; il permet d’apporter les corrections nécessaires
avant la mise en œuvre définitive de l’enquête auprès de l’ensemble de l’échantillon retenu. La
préenquête, auprès d’une dizaine de personnes, permet :
• de savoir si le questionnaire répond aux objectifs de la recherche ;
• de prévoir, d’anticiper ou même de résoudre les problèmes liés à l’administration du
questionnaire ;
• de recueillir les réactions des enquêtés ;
• de savoir si les questions sont bien comprises par les enquêtés ;
• d’appliquer ou d’apporter les modifications, si nécessaire.
• La formation des enquêteurs
• Dans le cas où il s’agit d’une équipe d’enquêteurs, il est indispensable de préparer un manuel
d’enquête avec des instructions précises permettant à chaque enquêteur d’administrer le
questionnaire de manière rigoureusement identique. Cela suppose impérativement que des
réunions de formation soient organisées à l’amont de tout travail sur le terrain.
Pourquoi mener une enquête de terrain ?

• Dans la partie empirique d’un mémoire ou d’une thèse, l’étudiant peut récolter des informations
grâce aux techniques de l’étude qualitative et/ou quantitative.
• Si certaines techniques, comme le sondage, ne demandent pas de “faire du terrain”, d’autres
méthodes obligent l’enquêteur à se déplacer et se confronter à la réalité du contexte.
• Aller sur le terrain peut représenter plusieurs avantages pour l’étudiant chercheur :
• Se rendre compte de la réalité d’un phénomène ou d’un sujet pour mieux le comprendre.
• Récolter des informations supplémentaires qu’une enquête derrière son ordinateur ou au
téléphone n’aurait pas permis d’obtenir.
• Apporter une valeur ajoutée à son mémoire à travers le travail empirique réalisé.
• Dévoiler de nouvelles hypothèses de travail.
• Développer la curiosité, le sens de la compréhension, l’adaptation en terrain inconnu et
l’assurance de l’enquêteur.
• Donner plus de relief et valoriser le travail empirique de son mémoire ou de sa thèse.
Avantages et inconvénients de l’enquête de terrain
Avantages Inconvénients

Peut façonner précisément la La recherche sur le terrain peut


recherche en fonction de votre prendre beaucoup de temps.
question de recherche.
Vous pouvez clairement justifier Il peut être difficile de trouver
comment la recherche a été faite. suffisamment de répondants.
Bon pour la validité et la fiabilité.
Types et techniques d’enquêtes
De manière conventionnelle, on distinguera plusieurs types d’enquête :
• les enquêtes par interview,
• les enquêtes par questionnaire postal,
• les enquêtes par téléphone,
• les enquêtes par interception,
• les enquêtes mixtes.
• Chacun de ces types comporte des caractéristiques bien précises, des avantages et des inconvénients. La maîtrise de l’ensemble de cet arsenal est indispensable
pour qui prétend avoir recours à l’enquête. Le choix définitif d’une méthode d’enquête plutôt que d’une autre dépendra :
• des objectifs de l’enquête elle-même,
• de la base d’échantillonnage,
• de la taille de l’échantillon,
• des types de questions,
• de la durée de l’enquête,
• de la distribution spatiale de l’échantillon,
• du niveau d’instruction des répondants ou du niveau d’information,
• des considérations éthiques,
• des ressources disponibles et des contraintes budgétaires, etc.
Les techniques de l’enquête de terrain
• Pour mener à bien une enquête de terrain, le chercheur peut avoir recours à
plusieurs techniques le plus souvent qualitatives, mais aussi quantitatives.
• L’observation
• Pour mener une enquête de terrain, l’observation est la technique la plus
communément utilisée.
• Que l’observation, soit participante ou non participante (c’est-à-dire que
l’étudiant se montre ou ne se montre pas), elle permet au chercheur de prendre
connaissance de faits et de situations. Elle permet d’observer la réalité d’une
situation, et ce, directement dans son espace naturel.
• Pour mener à bien une observation l’étudiant devra au préalable la préparer en
notant les éléments qu’il souhaiterait observer le jour J. Pendant l’observation, il
est conseillé de prendre des notes pour retenir un maximum d’éléments
informatifs.
Les techniques de l’enquête de terrain
• L’entretien
• L’entretien (directif, semi-directif ou libre) représente également une
super technique pour l’enquête de terrain.
• S’il peut être réalisé par téléphone ou par vidéoconférence,
l’entretien effectué en face à face, sur le terrain, permet au chercheur
d’obtenir d’avantages d’informations.
• L’enquêteur peut noter plusieurs choses comme l’ambiance, les
émotions de la personne interrogée et décrire le lieu dans lequel il
l’interroge.
Les techniques de l’enquête de terrain
• Le focus group
• Le focus group, aussi appelé “groupe de discussion”, est une
technique qui peut s’effectuer sur le terrain et consiste pour
l’enquêteur, à regrouper une dizaine d’individus pour discuter autour
d’un sujet connu.
• Qu’il soit homogène ou hétérogène, le focus group est une technique
de terrain qui permet de collecter des informations.
• Pour un chercheur qui travaille sur un sujet de thèse, il peut être
intéressant de réaliser un focus group après avoir effectué une longue
période d’observation
Les techniques de l’enquête de terrain
• Cette enquête de terrain peut révéler des informations qu’une
observation ou qu’un entretien individuel n’aurait pas pu délivrer.
• Le questionnaire
• Le questionnaire, qui est une technique de l’étude quantitative, est
principalement mené par le biais d’e-mails via les réseaux sociaux.
Cependant, faire passer un questionnaire sur le terrain permet
d’obtenir d’autres informations annexes qui s’avèrent utiles pour
comprendre le phénomène étudié.
• Les principales méthodes pour mener une enquête de terrain
possèdent des caractéristiques propres, des avantages mais aussi des
limites.
Construction du questionnaire et codification

• Les étapes de construction d’un questionnaire


• Rappelons que l’attention du chercheur doit d’abord porter sur le contenu des questions : la première
interrogation concerne la nécessité et l’utilité de la question : est-elle essentielle par rapport aux objectifs de
l’enquête ? Quelle est son utilité réelle ? quel est le nombre de questions par thème ? Y a-t-il nécessité de poser
plusieurs questions sur chacun des thèmes du questionnaire ?
• les futurs enquêtés sont-ils suffisamment informés pour répondre aux questions ?
• le contenu de chacune des questions est-il trop général ou trop spécifique ?
• s’agit-il d’une question trop partiale ou trop orientée ?
• On portera ensuite une attention toute particulière à la formulation des questions :
• la formulation de la question est-elle ambiguë au point de donner lieu à une mauvaise interprétation ?
• comporte-t-elle clairement les alternatives liées au problème posé ?
• la question est-elle fallacieuse ?
• la formulation peut-elle indisposer le répondant en raison de sujets tabou ? Peut-elle heurter le sujet ?
• la forme de la question doit-elle être directe ou indirecte ?
Construction du questionnaire et codification
Caractéristiques principales et structure générale d’un questionnaire
• Un questionnaire ne saurait être une simple liste de questions. Il est
d’abord un instrument composé d’un ensemble de questions destinées à
répondre aux objectifs de l’enquête. Tout questionnaire est construit et
conçu en fonction du problème posé et des hypothèses de recherche
retenues. C’est un instrument de mesure permettant d’appréhender les
caractéristiques et les attitudes, d’une part, à l’échelle de l’individu et,
d’autre part, à l’échelle du groupe.
• La principale qualité d’un bon questionnaire réside d’abord dans sa clarté.
En effet, il faut utiliser un langage adapté à la population-cible, soigner la
présentation matérielle du questionnaire. À cette exigence de clarté, on
ajoutera celle de brièveté (limiter le nombre de questions et la longueur
des questions).
Construction du questionnaire et codification
• La structure générale d’un questionnaire pourrait être la suivante :
• mentionner les identificateurs : ce sont des informations générales
permettant d’identifier et de localiser les répondants. Les informations
peuvent être multiples : le numéro de l’enquête, la zone d’enquête, la date,
l’identification de l’enquêteur, le nom et le numéro de téléphone du
répondant... ;
• recueillir les caractéristiques socio-démographiques de l’enquêté : ce sont
des variables de contrôle, utiles pour la ventilation ultérieure des données,
d’autant plus qu’elles peuvent être croisées avec d’autres variables de
l’enquête ;
• formuler des questions portant sur le thème de recherche : ce sont des
questions relatives au sujet de la recherche ; elles occupent la plus grande
partie du questionnaire.
Construction du questionnaire et codification
• Divers types de questions peuvent être évoquées :
• la question alternative : permet un choix à l’intérieur de la même question ;
• la question dichotomique : permet le choix entre deux réponses (vrai ou faux ; oui ou non) ;
• la question de reconnaissance : permet d’identifier des éléments, des objets ou des sujets ;
• la question à choix multiples : permet de choisir autant de réponses que désiré ;
• la question à possibilités multiples : permet le choix entre plusieurs réponses ;
• la question avec classement : le répondant doit ordonner différentes réponses selon un ordre ;
• la question avec échelle d’évaluation : on demande de répondre par un score (souvent utilisée
pour mesurer le degré de satisfaction).
• 69Quant aux questions ouvertes, elles sont utiles pour différents types de recherches : les études
préliminaires, les études d’exploration (dans le but de formuler des hypothèses), les études
empiriques, etc. Bref, le recours aux questions ouvertes nous apprend beaucoup sur les valeurs,
les opinions, les attitudes des répondants car elle donne l’opportunité de s’exprimer librement sur
une question ou un sujet donné.
Construction du questionnaire et codification
• D’autres types de questions sont également d’usage courant : ce sont les échelles
d’attitude. Elles permettent de sonder et de mesurer les opinions, les valeurs, les
attitudes et le comportement d’individus. Parmi les échelles d’attitude les plus
connues, on peut citer : l’échelle de Thurstone, l’échelle de Likert ou encore
l’échelle de Guttman ou celle d’Osgood
• Échelle de Thurstone : le répondant doit indiquer son accord ou son désaccord à
partir d’une liste d’énoncés. Les énoncés doivent être brefs et couvrir un large
éventail d’opinions.
• Échelle de Likert : le répondant doit indiquer à partir d’une liste d’énoncés dans
quelle mesure chacun correspond à son opinion. C’est une question à choix
multiple où l’enquêté montre son appréciation sur une échelle (graduée).
• Échelle de Guttman : le répondant doit donner un pointage selon un ordre
croissant ou décroissant à une liste d’énoncés ; cela permet au chercheur
d’analyser la hiérarchie des valeurs ou des attitudes.
Construction du questionnaire et codification
Code Catégories

Q101 célibataire

Q102 marié

Q103 veuf

Q104 divorcé
Code Catégories

Q105 moins de 19 ans

Q106 20-39 ans

Q107 40-64 ans

Q108 65 ans et plus


Tableau récapitulatif des différentes méthodes
de l’enquête de terrain
Caractéristiques Avantages Limites
L’observation L’observation permet à l’enquêteur L’observation permet à l’enquêteur L’observation ne permet pas
de faire des constatations et de comprendre en partie par lui- toujours de poser des questions
collecter des données informatives même un phénomène. aux personnes observées pour
grâce à son observation dans le répondre à une interrogation.
lieu naturel du sujet ou du
L’enquêteur peut prendre du recul L’observation doit se faire dans un
phénomène qu’il étudie.
sur la scène pour mieux l’observer temps long pour être pertinente, il
sans être forcément remarqué. faut donc du temps.
Cette méthode offre une grande Sur un sujet trop précis et mal
liberté à l’enquêteur. maîtrisé, le chercheur peut
produire des interprétations
erronées.
L’entretien L’entretien peut s’avérer être une Cette méthode permet d’obtenir L’entretien individuel est utile pour
méthode d’enquête de terrain utile des informations précises auprès récolter des informations précises,
lorsque le chercheur analyse avec d’un professionnel sur un sujet mais il ne permet pas d’étudier
précision l’attitude de la personne technique. globalement une situation, un
interrogée, et l’atmosphère du lieu phénomène (il faudrait pour cela
À travers l’entretien, l’enquêteur
de travail dans lequel il l’interroge. mener plusieurs entretiens
peut observer l’environnement de
individuels)
travail de la personne qu’il
interroge. Cette attitude peut lui Il faut donc du temps pour récolter
permettre de collecter des un maximum d’informations à
informations supplémentaires. travers les entretiens sur le terrain.
Tableau récapitulatif des différentes méthodes
de l’enquête de terrain
Caractéristiques Avantages Limites
Le focus group Le focus group peut venir compléter une Le focus group peut être utile en La méthode du focus group est
phase d’observation sur le terrain. Cette complément d’une période d’observation. compliquée à gérer pour l’enquêteur qui
méthode permet d’interroger plusieurs doit faire face à une dizaine de personnes
Dans ce cas, il peut permettre de faire le
personnes issues d’un environnement et animer le débat.
point avec les principaux acteurs
que l’on étudie.
observés pour pouvoir les questionner Il peut-être est difficile de mettre en place
sur des éléments restés sans réponse. un focus group sur le terrain : il faut
Le focus group, qui peut être mené trouver un créneau d’au moins une heure
exclusivement sur le terrain, permet de où l’ensemble des personnes sera
faire émerger des informations à travers disponible.
l’acquiescement ou la contradiction de la S’il est mal préparé ou mal mené,
parole entre plusieurs individus du le focus group peut ne rapporter que peu
groupe. d’informations.
Le questionnaire Le questionnaire, bien que souvent mené Le questionnaire mené sur le terrain Le questionnaire, même mené sur le
par écran ou téléphone interposé, permet permet à l’enquêteur de noter des détails terrain, ne permet pas de poser des
de récolter d’avantages d’informations qu’il n’aurait pas pu avoir si celui-ci avait questions complémentaires qui pourraient
quand il est réalisé sur le terrain (attitude, été posé par e-mail. s’avérer utiles.
sentiment, humeur).
Le questionnaire est utile pour poser Si le questionnaire permet de connaître
plusieurs questions afin de connaître un une opinion, il ne permet pas de rentrer
avis, une opinion, sur un sujet donné. dans les détails expliquant celle-ci.
Cette méthode peut faire naître de Il étudie plus la forme d’un sujet, que le
nouvelles hypothèses de travail. fond.
Quatre conseils pour mener une enquête de terrain

• Définissez en amont les pistes que vous souhaitez explorer : que


vous vous apprêtiez à mener une observation, un entretien, un focus
group ou un questionnaire, vous devez structurer votre enquête de
terrain. Si le guide d’entretien doit vous aider à définir vos objectifs à
travers des questions et des thèmes définis, vous devez également
prendre le temps de noter les principaux éléments sur lesquels vous
souhaitez obtenir des informations
• Structurez bien votre enquête : pour mener un travail empirique et
une enquête de terrain, mieux vaut bien préparer en amont son
enquête. Pour une observation, définissez le cadre, le temps imparti,
repérer le lieu et réaliser une revue littéraire pour être prêt. Pour les
entretiens, une revue littéraire est aussi utile
Quatre conseils pour mener une enquête de terrain

• Analysez les données au fur et à mesure : lorsque vous êtes sur le terrain,
vous récoltez souvent un grand nombre de données. Si la partie
empirique de votre mémoire ou de votre thèse vous demande plusieurs
enquêtes sur le terrain (des entretiens ou plusieurs observations), pensez à
traiter ces données informatives petit à petit. Cela évitera d’être vite
débordé et l’analyse des données récoltées pourra en plus faire naître de
nouvelles hypothèses de travail à étudier.
• Soyez attentif et curieux : lorsque vous menez une enquête de terrain,
chaque élément doit attirer votre attention. Si vous effectuez un entretien,
n’hésitez pas à observer avant la rencontre, le lieu dans lequel vous vous
trouvez (s’il a un rapport avec le sujet étudié). Lors d’une observation,
prenez le temps de discuter avec certaines personnes rencontrées si cela
est possible. Le but est de collecter un maximum d’informations.
La politique du terrain

• L’enquête de terrain, ou enquête ethnographique, ou enquête socio-


anthropologique, repose très schématiquement sur la combinaison
de quatre grandes formes de production de données : l’observation
participante (l’insertion prolongée de l’enquêteur dans le milieu de
vie des enquêtes), l’entretien (les interactions discursives
délibérément suscitées par le chercheur), les procédés de recension
(le recours à des dispositifs construits d’investigation systématique),
et la collecte de sources écrites
L’observation participante

• Sociologue, géographe anthropologue se frotte en chair et en os à la réalité


qu’il entend étudier. Il peut ainsi l’observer, sinon « de l’intérieur » au sens
strict, du moins au plus près de ceux qui la vivent, et en interaction
permanente avec eux. On peut décomposer analytiquement (et donc
artificiellement) cette situation de base en deux types de situations
distinctes : celles qui relèvent de l’observation (le chercheur est témoin) et
celles qui relèvent de l’interaction (le chercheur est coacteur). Les
situations ordinaires combinent selon des dosages divers l’une et l’autre
composantes.
• Dans tous les cas, les informations et connaissances acquises peuvent soit
être consignées plus ou moins systématiquement par le chercheur, soit
rester informelles ou latentes. Si les observations et interactions sont
consignées, elles se transforment en données et corpus. Sinon, elles n’en
jouent pas moins un rôle, qui est de l’ordre de l’imprégnation
L’observation participante

• Les données et corpus


• Partons de l’observation. Si le chercheur s’attache à multiplier et organiser ses observations, c’est
pour en garder autant que possible trace. Il lui faut donc procéder à des prises de notes, sur-le-
champ ou a posteriori, et tenter d’organiser la conservation de ce à quoi il a assisté, sous forme en
général de descriptions écrites (parfois enregistrées en vidéo).
• Par là il produira des données et constituera des corpus qui seront dépouillés et traités
ultérieurement. Ces corpus ne sont pas, comme chez l’historien, des archives, ils prennent la
forme concrète du carnet de terrain, où l’anthropologue/géographe/sociologue consigne
systématiquement ce qu’il voit et ce qu’il entend. D’où l’importance de ces carnets : seul ce qui y
est écrit existera ultérieurement comme données, fera fonction de corpus, et pourra être ensuite
dépouillé, traité, restitué.
• Bien évidemment, les données, au sens où nous l’entendons ici, ne sont pas des « morceaux de
réel » cueillis et conservés tels quels par le chercheur (illusion positiviste), pas plus qu’elles ne
sont de pures constructions de son esprit ou de sa sensibilité (illusion subjectiviste). Les données
sont la transformation en traces objectivées de « morceaux de réel » tels qu’ils ont été
sélectionnés et perçus par le chercheur
L’observation participante

• Le désir de connaissance du chercheur et sa formation à la recherche peuvent l’emporter au


moins partiellement sur ses préjugés et ses affects (sinon aucune science sociale empirique
ne serait possible). Une problématique initiale peut, grâce à l’observation, se modifier, se
déplacer, s’élargir. L’observation n’est pas le coloriage d’un dessin préalablement tracé : c’est
l’épreuve du réel auquel une curiosité préprogrammée est soumise. Toute la compétence du
chercheur de terrain est de pouvoir observer ce à quoi il n’était pas préparé (alors que l’on
sait combien forte est la propension ordinaire à ne découvrir que ce à quoi l’on s’attend) et
d’être en mesure de produire les données qui l’obligeront à modifier ses propres
hypothèses. L’enquête de terrain doit se donner pour tâche de faire mentir le proverbe
bambara : « L’étranger ne voit que ce qu’il connaît déjà
• Une part non négligeable des comportements n’est en fait que peu ou pas modifiée par la
présence de l’anthropologue/géogrpahe/sociologue, et c’est une des dimensions du savoir-
faire du chercheur que de pouvoir estimer laquelle. Becker a souligné que le chercheur est
souvent pour un groupe une contrainte ou un enjeu négligeable par rapport aux propres
contraintes ou enjeux qui pèsent quotidiennement sur ce groupe. La présence prolongée de
l’ethnologue est évidemment le facteur principal qui réduit les perturbations induites par sa
présence : on s’habitue à lui.
L’observation participante

• Quant au problème que pose la part des comportements qui est modifiée de
façon significative par la présence du chercheur, il a deux solutions radicales :
• La première est de tenter d’annuler cette modification par des procédures
diverses qui ont toutes pour but d’éliminer ce que le statut d’observateur a
d’extérieur, et d’assimiler le chercheur à un indigène indiscernable des autres
dans le jeu local : on aura ainsi d’un côté l’endo-ethnologie, ou encore la
formation d’enquêteurs « indigènes», et de l’autre côté la « conversion », le
« déguisement » ou l’« indigénisation».
• La seconde solution est à l’inverse d’en tirer parti : c’est alors le processus
même de cette modification qui devient un objet de recherche. L’enquête se
prend en quelque sorte elle-même en compte et devient son propre
révélateur. Utiliser sa propre présence en tant que chercheur comme méthode
d’investigation devient alors une des dimensions du savoir-faire de
l’anthropologue.
L’observation participante

• L’imprégnation
• Le chercheur de terrain observe et interagit aussi sans y prêter autrement attention, sans avoir l’impression
de travailler, et donc sans prendre de notes, ni pendant, ni après. Il ne se sent pas toujours en service
commandé, heureusement pour lui. Il mange, bavarde, papote, plaisante, drague, joue, regarde, écoute, aime,
déteste. En vivant il observe, malgré lui en quelque sorte, et ces observations-là sont « enregistrées » dans
son inconscient, son subconscient, sa subjectivité, son « je », ou ce que vous voudrez. Elles ne se transforment
pas en corpus et ne s’inscrivent pas sur le carnet de terrain.
• Elles n’en jouent pas moins un rôle, indirect mais important, dans cette « familiarisation » de l’anthropologue
avec la culture locale, dans sa capacité à décoder, sans à la fin y prêter même attention, les faits et gestes des
autres, dans la façon dont il va quasi machinalement interpréter telle ou telle situation. Nombre des
interactions quotidiennes dans lesquelles le chercheur est engagé ne sont pas en liaison avec l’enquête, ne
sont pas consignées dans le carnet de terrain, et donc ne sont pas transformées en données.
• Elles ne sont pas pour autant sans importance. Les rapports de bon voisinage, ou cette jovialité des
bavardages le soir, les plaisanteries échangées avec la jolie voisine, la tournée au bistrot, ou la fête de
baptême de l’enfant du logeur, tout cela est en dehors des heures de travail. Mais c’est ainsi que l’on apprend
à maîtriser les codes de la bienséance (et cela interviendra très indirectement et inconsciemment, mais très
efficacement, dans la façon de mener des entretiens) ; c’est ainsi que l’on apprend à savoir de quoi la vie
quotidienne est faite et de quoi l’on parle spontanément au village (et cela interviendra très indirectement et
inconsciemment, mais très efficacement, dans la façon d’interpréter les données relatives à l’enquête).
L’observation participante

• L’imprégnation
• On peut considérer le « cerveau » du chercheur comme une « boîte
noire », et faire l’impasse sur son fonctionnement. Mais ce qu’il observe,
voit, entend, durant un séjour sur le terrain, comme ses propres
expériences dans les rapports avec autrui, tout cela va « entrer » dans
cette boîte noire,
Les entretiens

• La production par le chercheur de données à base de discours autochtones qu’il aura lui-
même sollicités reste un élément central de toute recherche de terrain. D’abord parce que
l’observation participante ne permet pas d’accéder à de nombreuses informations pourtant
nécessaires à la recherche : il faut pour cela recourir au savoir ou au souvenir des acteurs
locaux. Ensuite parce que les représentations des acteurs locaux sont un élément
indispensable de toute compréhension du social. Rendre compte du « point de vue » de
l’acteur est la grande ambition de l’anthropologie.
• L’entretien reste un moyen privilégié, souvent le plus économique, pour produire des
données discursives donnant accès aux représentations émiques (emic), autochtones,
indigènes, locales. Ce sont les notes et les transcriptions d’entretiens qui constituent la plus
grosse part des corpus de données de l’anthropologue.
• Contrairement à ce qui est souvent affirmé, je ne pense pas qu’il y ait des « techniques »
d’entretien. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y ait pas de « savoir-faire ». Plus
exactement, on pourrait parler d’une « politique de l’entretien », dont on peut évoquer les
grands axes.
Les entretiens

• Consultation et récit
• Les entretiens oscillent en général entre deux pôles : la consultation et le récit. Celui qu’on appelle
parfois un « informateur » est donc tantôt un consultant, tantôt un racontant, et souvent les deux.
• L’entretien porte parfois sur des référents sociaux ou culturels sur lesquels on « consulte »
l’interlocuteur. Celui-ci, invité à dire ce qu’il pense ou ce qu’il connaît de tel ou tel sujet, est supposé
alors refléter au moins en partie un savoir commun qu’il partage avec d’autres acteurs locaux, voire
avec l’ensemble du groupe social considéré.
• C’est sa « compétence » sur la société locale ou sur tel de ses segments qui est sollicitée. Cette
compétence ne signifie pas qu’il soit considéré nécessairement comme un « expert » au sein de la
société locale, et encore moins qu’il faille accepter le principe de l’« informateur privilégié », grand
érudit sur lequel le chercheur se reposerait pour produire un récit « collectif ».
• La notion de « consultant » renvoie ici à un registre spécifique de discours dans les situations
d’entretien, et non à un statut particulier de l’interlocuteur. De même, la notion de « compétence »
renvoie ici à la simple capacité de cet interlocuteur à avoir quelque chose à dire sur un référent
extérieur à sa propre expérience directe, et ne sous-entend aucun jugement de valeur sur son
niveau de savoir.
Les entretiens

• Consultation et récit
• Mais l’enquêté peut parfois être sollicité à propos de son expérience personnelle. On
lui demandera de raconter tel ou tel fragment de sa vie, de rendre compte
d’événements dont il a été un acteur. C’est cette fois le registre du récit à la première
personne qui sera privilégié
• Une forme particulière et systématique en est évidemment l’histoire de vie, où
l’autobiographie « guidée » de l’interlocuteur qui devient le thème même de
l’entretien, voire de l’enquête. Il existe sur cette question une littérature
particulièrement abondante. Mais beaucoup plus faciles d’accès et d’utilisation sont
les « séquences de vie », c’est-à-dire des récits d’épisodes biographiques limités
choisis en fonction de leur pertinence pour l’enquête (on évoquera ainsi, selon les
thèmes de recherche, un départ en migration, les divers recours thérapeutiques
utilisés au cours d’un épisode morbide, la conversion à une nouvelle religion,
l’histoire d’un divorce ou les étapes d’un apprentissage…).
Les entretiens

• L’entretien comme interaction


• L’entretien ne doit pas être pour autant perçu comme une extraction minière
d’informations. Dans tous les cas, l’entretien de recherche est une interaction : son
déroulement dépend évidemment aussi bien des stratégies des deux (ou plus)
partenaires de l’interaction, et de leurs ressources cognitives, que du contexte dans
lequel celle-ci se situe.
• Cette interaction peut être analysée de divers points de vue. L’ouvrage de Briggs est
par exemple tout entier basé sur le constat de la réalité interactive de l’entretien. Il
critique salutairement l’oubli assez général de cette réalité interactive, et dénonce
les « mystifications » de l’interview, « l’illusion réaliste » et la « fausse conscience
d’objectivité » qui en découlent. Les caractéristiques culturelles et linguistiques de la
situation d’entretien et de son contexte engendrent de nombreux « biais » sur les
contenus référentiels, que sociologues et anthropologues prennent trop souvent au
pied de la lettre.
Les entretiens
• L’entretien comme conversation
• Rapprocher au maximum l’entretien guidé d’une situation d’interaction banale quotidienne, à savoir la
conversation, est une stratégie récurrente de l’entretien ethnographique, qui vise justement à réduire au
minimum l’artificialité de la situation d’entretien, et l’imposition par l’enquêteur de normes méta-
communicationnelles perturbantes.
• Le « dialogue », constitutif de toute conversation, n’est pas ici considéré comme une exigence idéologique,
contrairement aux discours moralisateurs des postmodernes. C’est une contrainte méthodologique, visant à
créer, si besoin est, une situation d’écoute telle que l’informateur de l’anthropologue puisse disposer d’une réelle
liberté de propos, et ne se sente pas en situation d’interrogatoire. Il s’agit autrement dit de rapprocher le plus
possible l’entretien d’un mode de communication reconnu dans la culture locale.
• L’entretien de terrain tend ainsi à se situer aux antipodes de la situation de passation de questionnaires, qui
relève d’un fort coefficient d’artificialité et de directivité, et représente assez bien cette perspective minière que
j’évoquais plus haut. Ceci a des implications très pratiques sur le mode de conduite des entretiens.
• Il est des entretiens qui gardent en effet une structure de questionnaire, même si les questions sont dites
« ouvertes ». Le guide d’entretien risque de ce fait d’enfermer l’enquêteur dans une liste de questions standards
préprogrammées aux dépens de l’improvisation que réclame toute véritable discussion. On s’éloigne alors du
registre de la conversation. Aussi n’est-il pas inutile de proposer une distinction entre guide
d’entretien et canevas d’entretien. Le guide d’entretien organise à l’avance les « questions qu’on pose », et peut
dériver vers le questionnaire ou l’interrogatoire. Le canevas d’entretien, lui, relève du « pense-bête » personnel,
qui permet, tout en respectant la dynamique propre d’une discussion, de ne pas oublier les thèmes importants. Il
en reste aux « questions qu’on se pose », en laissant à l’improvisation et au « métier » le soin de les transformer
au fil de l’entretien en « questions qu’on pose ».
Les entretiens
• La récursivité de l’entretien
• Loin d’être simplement conçu pour obtenir de « bonnes réponses », un entretien doit aussi
permettre de formuler de nouvelles questions (ou de reformuler d’anciennes questions). C’est
encore là une des grandes différences entre l’entretien mené par un chercheur et le
questionnaire sous-traité à des enquêteurs, et c’est là aussi une question de savoir-faire
informel. Admettre les détours et les digressions de l’interlocuteur, comme ses hésitations ou
ses contradictions, n’est pas simplement une question de « mise à l’aise », c’est une question
d’attitude épistémologique. Quand un interlocuteur est « hors sujet », ou quand ses réponses
sont confuses, le chercheur tendra encore plus l’oreille. Et loin de dédaigner l’anecdote, il la
sollicitera, car c’est elle qui « parle », en ouvrant de nouvelles pistes. On pourrait parler de
la récursivité de l’entretien de terrain, en ce qu’il s’agit de s’appuyer sur ce qui a été dit pour
produire de nouvelles questions. Ces questions induites par des réponses sont aussi bien des
« questions qu’on se pose » (niveau stratégique de l’évolution de la problématique) que des
« questions qu’on pose » (niveau tactique de l’évolution du canevas d’entretien).
• Cette capacité de « décryptage instantané » qui permet de repérer, parfois pendant le cours
même d’un entretien, ce qui permettra d’illustrer telle conclusion, de reformuler tel problème,
de réorganiser tel ensemble de faits, c’est cela le cœur même du savoir-faire du chercheur de
terrain. À cet égard l’entretien est, comme l’observation participante, un lieu privilégié de
production de « modèles interprétatifs issus du terrain» testés au fur et à mesure de leur
émergence.
Les entretiens
• L’entretien comme « négociation invisible »
• L’enquêté n’a pas les mêmes « intérêts » que l’enquêteur ni les mêmes
représentations de ce qu’est l’entretien. Chacun, en un certain sens, essaye de
« manipuler » l’autre. L’informateur est loin d’être un pion déplacé par le
chercheur ou une victime prise au piège de son incoercible curiosité. Il ne se
prive pas d’utiliser des stratégies actives visant à tirer profit de l’entretien (gain
en prestige, reconnaissance sociale, rétribution financière, espoir d’appui
ultérieur, légitimation de son point de vue particulier…) ou des stratégies
défensives visant à minimiser les risques de la parole (donner peu d’information
ou des informations erronées, se débarrasser au plus vite d’un gêneur, faire
plaisir en répondant ce qu’on croit que l’enquêteur attend…).
• Le problème du chercheur, et c’est un dilemme qui relève du double bind, c’est
qu’il doit à la fois garder le contrôle de l’interview (car il s’agit pour lui de faire
progresser son enquête) tout en laissant son interlocuteur s’exprimer comme il
l’entend et à sa façon (car c’est une condition de la réussite de l’entretien).
Les entretiens
• Le réalisme symbolique dans l’entretien
• C’est là une autre injonction contradictoire propre à la gestion de l’entretien par le chercheur. Celui-ci
est en quelque sorte tenu professionnellement d’accorder crédit aux propos de son interlocuteur (aussi
étranges ou suspects qu’ils puissent apparaître dans l’univers de sens du chercheur). Ce n’est pas
simplement une astuce d’enquêteur. Telle est la condition d’accès à la logique et à l’univers de sens de
ceux que l’anthropologue étudie, et c’est par cette prise au sérieux qu’il peut combattre ses propres
préjugés et préconceptions. C’est ce que Bellah appelle le « réalisme symbolique ». La « réalité » que
l’on doit accorder aux propos des informateurs est dans la signification que ceux-ci y mettent. En
même temps une nécessaire vigilance critique met en garde le chercheur contre le fait de prendre pour
argent comptant tout ce qu’on lui dit. Il ne s’agit pas de confondre les propos de quelqu’un sur une
réalité et cette réalité elle-même.
• C’est là un vrai dilemme. Comment combiner empathie et distance, respect et méfiance ? Comme tout
dilemme, il n’a pas de solution radicale. Mais il est sans doute de bonne politique de recherche que de
tenter de différer dans le temps les deux opérations. Celle de la prise au sérieux imperturbable
précédera celle du doute méthodique : elle est même une condition de cette dernière. Pendant
l’entretien, on crédite les propos de son interlocuteur de sens : on ne peut en effet accéder à ce sens
qu’en prenant au sérieux l’intégralité de ce qui est dit. L’entretien est donc géré à partir de ce préjugé
favorable. Par la suite, le décryptage critique, voire soupçonneux, portera sur le sens de ce sens, et le
rapport de l’énonciateur à l’énoncé, au référent et au contexte.
Les entretiens
• L’entretien et la durée
• L’insertion de l’entretien dans une dimension diachronique constitue une autre
forme de contraste avec la « perspective minière ». Un entretien est au moins
potentiellement le début d’une série d’entretiens et, au-delà, d’une relation
(même si, souvent, celle-ci tourne court).
• Un entretien n’est pas un dossier fermé, bouclé, mais un dossier ouvert, qui
peut toujours s’enrichir. Plusieurs entretiens avec le même interlocuteur sont
une façon de se rapprocher du mode de la conversation. Un entretien ultérieur
permet souvent de développer et de commenter des questions soulevées lors
d’un entretien précédent. De plus, à chaque nouvel entretien avec le même
interlocuteur, celui-ci crédite le chercheur de plus de compétence : ce crédit est
un atout majeur pour le chercheur. En effet, plus on a le sentiment d’avoir affaire
à un étranger incompétent, plus on peut lui raconter des histoires
Les procédés de recension
• Dans le cadre soit de l’observation soit de l’entretien guidé, il est fait parfois
appel à des opérations particulières de production de données que j’appelle ici
procédés de recension, non en ce qu’il s’agirait de dénombrer des populations
(recensement), mais en ce qu’il s’agit de produire systématiquement des
données intensives en nombre fini : j’entends par là des comptages, des
inventaires, des nomenclatures, des plans, des listes, des généalogies…
• On ne peut dresser une liste de ces techniques, dans la mesure où sur 10 000
problèmes différents il faudrait concevoir 10 000 techniques à bricoler soi-même
(ici, la position spatiale des coopérateurs lors d’une assemblée générale ; là, les
temps de travail journaliers d’une femme et de son mari ; ou bien encore le
diagramme des relations de parenté au sein d’un conseil municipal, la liste des
thérapeutes consultés par chacun des membres du groupe domestique depuis
trois mois, les temps de parole lors d’un palabre…).
Les procédés de recension
• L’importance de ce type de production de données ne doit en aucun cas être
sous-estimée : c’est ainsi que s’apprend le « métier », et c’est en se frottant à la
recherche de données empiriques ayant un degré raisonné de systématicité et
d’ordonnancement que le chercheur prend un recul nécessaire par rapport aux
discours (des autres) comme aux impressions (les siennes). C’est là que le recueil
de données « émiques » (données discursives entendant donner accès aux
représentations des acteurs autochtones) se combine au recueil de données
« étiques » (données construites par des dispositifs d’observation ou de mesure).
• L’opposition emic/etic prend en général dans l’anthropologie anglo-saxonne la
forme d’une opposition entre « catégories de pensée indigènes/catégories de
pensée de l’ethnologue » ou « représentations autochtones/interprétations
savantes ». Mais il me semble préférable de s’en servir pour mettre en contraste
deux types de données (données issues d’énoncés indigènes/données issues de
procédés de recensions), l’interprétation étant un tout autre type d’opération,
qui s’exerce sur et à travers des données émiques aussi bien que étiques.
Les procédés de recension
• Les procédés de recension offrent divers avantages. Parfois ils fournissent des chiffres, même
s’il ne s’agit pas nécessairement de pourcentages ou d’échantillonnages. Il ne s’agit donc plus
de « qualitatif », mais d’un certain « quantitatif » intensif sur de petits ensembles. Les
procédés de recension permettent aussi, s’ils sont bien conçus, d’être des indicateurs pour
lesquels l’investigation ne modifie pas, ou de façon négligeable, les données
produites (unobstrusive measures)
• Les procédés de recension ne sont autres que les dispositifs d’observation ou de mesure que le
chercheur se fabrique sur son terrain, si besoin est, et à sa façon, c’est-à-dire en les calibrant
en fonction de sa problématique de recherche du moment (toujours évolutive), de ses
questionnements (sans cesse renouvelés) et de sa connaissance du terrain (relativement
cumulative)
• Ces procédés peuvent intervenir à des étapes fort différentes du processus d’enquête, et
affecter de ce fait des significations variées. En début de terrain, il s’agira surtout de construire
des sortes de « fonds de carte », au sens réel aussi bien que métaphorique, qui permettront de
situer les acteurs principaux, les espaces pertinents, les rythmes fondamentaux, qui fourniront
au nouvel arrivant des repères, des entrées, des balises, des pistes, qui permettront au
chercheur d’acquérir un savoir global minimum organisé. En fin d’enquête il s’agit plutôt de
vérifier des intuitions, de fournir des éléments plus « objectivables », d’amasser des preuves et
des confirmations : les procédés de recensions sont moins polyvalents et plus « pointus ».
Les sources écrites
• Bien que plus classiques, et non spécifiques à l’enquête de terrain, celles-ci ne doivent pas être
oubliées ou minimisées. On doit ainsi les évoquer, pour mémoire, sans s’y attarder.
• Certaines de ces données sont recueillies pour une part préalablement à l’enquête de terrain (cf.
littérature savante sur l’aire considérée – anthropologie, histoire, géographie, sociologie, etc. – et
littérature « grise » – rapports, évaluations, maîtrises, etc.) et permettent alors une
« familiarisation » ou, mieux, l’élaboration d’hypothèses exploratoires et de questionnements
particuliers. D’autres sont indissociables de l’enquête de terrain, et intégrées à celles-ci (les
productions écrites des acteurs – cahiers d’écoliers, lettres, journaux intimes, tracts, etc. –, les
archives locales, la presse locale). D’autres enfin peuvent faire l’objet de corpus autonomes,
distincts et complémentaires de ceux que produit l’enquête de terrain (presse, archives).
• L’assimilation fréquente — et abusive — de l’anthropologie à l’étude des « sociétés sans
écritures », comme le fait que l’enquête de terrain transcrit des données pour la plus grande part
d’origine orale, font souvent oublier qu’il n’est pas de sociétés sur lesquelles on n’ait écrit, et qu’il
n’est plus de société où l’écrit ne joue de rôle.
• Les sources écrites sont donc pour les sciences sociales à la fois un moyen de mise en perspective
diachronique et d’élargissement indispensable du contexte et de l’échelle, et à la fois une entrée
dans la contemporanéité de ceux qu’il étudie.
La combinaison des données
• La combinaison quasi permanente de ces différents types de données que nous avons passés en revue
est une des particularités de l’enquête de terrain. Cette combinaison, moins encore que tel ou tel
mode particulier de production des données, ne peut faire l’objet de recettes. Nous nous contenterons
d’en évoquer deux aspects parmi bien d’autres.
• L’éclectisme des données (emprunte des éléments à plusieurs systèmes).
• L’enquête de terrain fait feu de tout bois. Son empirisme est résolument éclectique, et s’appuie sur
tous les modes de recueil de données possibles. Il est clair que les quatre types de données distingués
ci-dessus non seulement sont fréquemment en intersection mais aussi entrent souvent en synergie.
L’observation participante permet de choisir des interlocuteurs pertinents, et de donner aux entretiens
avec eux un tour plus conversationnel. Les entretiens in situ sont une forme particulière d’interaction
et contribuent aussi à l’insertion du chercheur dans la culture locale. Les procédés de recension
passent pour une part par du discours (et donc de l’entretien), pour une autre part par du visuel (et
donc de l’observation). Les sources écrites locales restent attachées aux acteurs et aux événements
locaux, et recoupent la vie quotidienne à laquelle le chercheur participe comme les entretiens qu’il
sollicite.
• L’éclectisme des sources a un grand avantage sur les enquêtes fondées sur un seul type de données. Il
permet de mieux tenir compte des multiples registres et stratifications du réel social que le chercheur
étudie.
La combinaison des données

• L’étude de cas
• Une forme de combinaison particulièrement fructueuse – il en est d’autres – est
l’« étude de cas », qui fait converger les quatre types de données que nous
avons distingués autour d’une séquence sociale unique, circonscrite dans
l’espace et le temps. Autour d’une situation sociale particulière, constituant un
« problème » pour les intéressés, problème social et/ou problème individuel,
l’anthropologue va entrecroiser les sources : l’observation, les entretiens, les
recensions, les données écrites. Une accusation villageoise en sorcellerie, un
conflit foncier, un rituel politique ou religieux, une maladie : les « cas » sont
innombrables dont la description et le décryptage peuvent s’avérer révélateurs
pour des recherches d’objectif plus général.
La politique du terrain
• Le processus de recherche sur le terrain peut aussi être appréhendé de façon synthétique, au niveau de certaines exigences
méthodologiques générales qui font « malgré tout » de l’anthropologie une science sociale empirique, et non une forme
savante de journalisme, de chronique, ou d’autobiographie exotique. Ce terrain, qui cumule les diverses formes de
production de données que nous avons passées en revue, relève en effet d’une « stratégie scientifique » qu’y mène le
chercheur, que cette stratégie soit relativement explicite ou qu’elle reste largement implicite. L’implicite peut camoufler
d’innombrables paresses méthodologiques, et notre tentative consistera au contraire à expliciter au maximum ce qui peut
l’être, afin de mettre à jour quelques-uns des « principes » qui nous semblent pouvoir régler ou optimiser la « politique du
terrain ».
• La triangulation
• La triangulation est le principe de base de toute enquête, qu’elle soit policière ou ethnographique : il faut recouper les
informations ! Toute information émanant d’une seule personne est à vérifier : c’est vrai pour un alibi comme pour une
représentation rituelle. Ceci semble relever du bon sens, et les historiens ont mis en œuvre ce principe depuis longtemps.
Mais une certaine tradition ethnologique va parfois contre le bon sens, en faisant d’un individu le dépositaire du savoir de
toute une société.
• Par la triangulation simple le chercheur croise les informateurs, afin de ne pas être prisonnier d’une seule source. Mais on
pourrait parler de triangulation complexe, dès lors qu’on tente de raisonner le choix de ces informateurs multiples. La
triangulation complexe entend faire varier les informateurs en fonction de leur rapport au problème traité. Elle veut croiser
des points de vue dont elle pense que la différence fait sens. Il ne s’agit donc plus de « recouper » ou de « vérifier » des
informations pour arriver à une « version véridique », mais bien de rechercher des discours contrastés, de faire de
l’hétérogénéité des propos un objet d’étude, de s’appuyer sur les variations plutôt que de vouloir les gommer ou les aplatir,
en un mot de bâtir une stratégie de recherche sur la quête de différences significatives.
La politique du terrain
• L’itération
• L’enquête de terrain procède par itération, c’est-à-dire par allers et retours, va-et-vient. On pourrait
parler d’itération concrète (l’enquête progresse de façon non linéaire entre les informateurs et les
informations), ou d’itération abstraite (la production de données modifie la problématique qui
modifie la production de données qui modifie la problématique).
• Sous la forme la plus concrète et la plus simple, l’itération évoque les va-et-vient d’un chercheur
sur le terrain. À la différence en effet d’un enquêteur « par questionnaires », qui commence par un
bout de la rue ou de l’annuaire pour finir à l’autre
• Mais l’itération, c’est aussi, en un sens plus abstrait, un va-et-vient entre problématique et
données, interprétation et résultats. Chaque entretien, chaque observation, chaque interaction
sont autant d’occasions de trouver de nouvelles pistes de recherche, de modifier des hypothèses,
d’en élaborer de nouvelles. Pendant toute l’étape de terrain, le chercheur interprète sans cesse, au
fil des rencontres, des observations et des entretiens, bien que de façon latente plus que de façon
explicite. La phase de production des données peut être ainsi analysée comme une restructuration
incessante de la problématique au contact de celles-ci, et comme un réaménagement permanent
du cadre interprétatif au fur et à mesure que les éléments empiriques s’accumulent
La politique du terrain
• L’explicitation interprétative
• Ce point est lié au précédent. En effet le fait que les interprétations et
reformulations de l’objet de recherche s’opèrent pendant la production des
données débouche souvent sur une contradiction ou un paradoxe. Le terrain
prolongé, parce qu’il est fait de processus de rétroactions incessants entre
production de données et interprétations, réponses et questions, suppose une
verbalisation permanente, une conceptualisation permanente, une auto-évaluation
permanente, un dialogue intellectuel permanent. Mais l’insertion prolongée
implique, elle, plutôt un travail solitaire, dont le moins qu’on puisse dire est qu’il ne
favorise guère la verbalisation, la conceptualisation, l’auto-évaluation ou le dialogue
intellectuel. Le chercheur doit dialoguer avec lui-même, mais ce dialogue reste
largement virtuel, inachevé, implicite.
• Le journal de terrain joue un rôle à cet égard, qui permet de « faire le point »
régulièrement, et de pallier ce manque de dialogue scientifique tout au long d’une
enquête qui le rend pourtant indispensable. Certes le journal de terrain a d’autres
fonctions possibles, plus souvent soulignées.
La politique du terrain
• La construction de « descripteurs »
• C’est là une certaine façon de pratiquer l’explicitation, mais par la recherche de
données ad hoc transformant les interprétations en « observables ». On se donne
des médiateurs entre concepts interprétatifs et corpus empiriques. La recherche de
données cohérentes et significatives (discursives ou non) pour vérifier, infirmer ou
amender une hypothèse, comme pour en produire à partir d’intuitions plus ou
moins explicites, permet de combiner la méthode à l’improvisation et de mettre de
l’ordre et de la systématicité dans un travail de terrain par ailleurs largement soumis
aux humeurs et aux impressions. On pourrait utiliser aussi bien le terme
d’indicateur, bien que celui-ci ait pour le sens commun une forte connotation
quantitativiste. Il s’agit en effet de construire des ensembles pertinents de données
« qualitatives » permettant de corroborer ou d’infirmer, et plus souvent de modifier,
des propositions interprétatives spécifiques. Quels « observables » particuliers se
donne-t-on pour mettre à l’épreuve telles ou telles conjectures particulières ?
• Chaque enquête de terrain se construit ainsi ses « indices », multiples, hétéroclites,
jamais standardisés, mais circonscrits, spécifiés
La politique du terrain
• La saturation
• Quand donc peut-on mettre fin à la phase de terrain ? Celle-ci n’inclut pas dans son
dispositif un signal de « fin », contrairement à l’enquête par échantillonnage. En fait, on
s’aperçoit assez vite quand, sur un « problème », la productivité des observations et des
entretiens décroît. À chaque nouvelle séquence, à chaque nouvel entretien, on obtient de
moins en moins d’informations nouvelles. On a alors plus ou moins « fait le tour » des
représentations pour un champ d’investigation donné, ou parcouru l’éventail des stratégies
relatives à une arène particulière. La durée de ce processus dépend évidemment des
propriétés empiriques de ce champ ou de cette arène, c’est-à-dire des caractéristiques du
thème de recherche que s’est donné le chercheur dans cette société locale.
• Le principe de saturation est évidemment plus qu’un signal de fin : c’est une garantie
méthodologique de première importance, complémentaire de la triangulation. En différant
la fin de la recherche sur un thème ou un sous-thème jusqu’à ce qu’on ne recueille plus de
données nouvelles sur ce thème ou ce sous-thème, on s’oblige à ne pas se contenter de
données insuffisantes ou occasionnelles, on se soumet à une procédure de validation
relative des données, on s’ouvre à la possibilité d’être confronté à des données divergentes
ou contradictoires
La politique du terrain
• Le groupe social témoin
• Il est en général utile, voire nécessaire, de se donner un lieu de recherche intensif, portant sur un ensemble social
d’interconnaissance, qui puisse servir ensuite de base de référence pour des enquêtes plus extensives. Ce « groupe
témoin » varie évidemment selon les thèmes de l’enquête, et peut relever d’échelles différentes, bien que toujours
réduites : une famille, un village, une bande de jeunes, un atelier, un quartier, une cité… Sur un même espace social
s’empilent à la fois l’observation participante, les entretiens approfondis, les techniques de recension, la recherche de
documents écrits. Une certaine durée dans un groupe, un réseau ou une société d’interconnaissance est de toute façon
une condition de l’observation participante. L’intensivité permet également d’opérer des recoupements incessants entre
diverses sources d’information. Elle permet aussi de mettre en rapport, parce qu’on travaille à une échelle réduite et en
profondeur, des connaissances d’ordres divers et de registres variés, d’avoir une approche transversale, « holiste » (au
sens purement méthodologique du terme), où les acteurs sociaux sont appréhendés dans la diversité de leurs rôles.
• Ainsi le religieux, la parenté, le politique, la sociabilité, le clientélisme, la production, entre autres, qui sont des
configurations sociales qu’il est impossible de saisir simultanément de façon empirique à une vaste échelle, peuvent être
mis en rapport lorsqu’on est proche des acteurs sociaux et de leurs interrelations effectives. Ces acteurs en effet se
« promènent » sans cesse entre ces configurations. Le chercheur noue des relations personnelles et « multiplexes » avec
les uns et les autres. La mise en rapport de « sphères » ou de « niveaux » de la pratique sociale habituellement disjoints
par l’analyse est un atout de l’enquête de terrain, et ce même, voire surtout, si l’on travaille sur un thème « pointu » ou
spécialisé
• Précisons enfin qu’un « groupe social témoin » peut parfois renvoyer à un seul groupe stratégique, considéré comme
central. Mais le plus souvent il inclut des personnes relevant de plusieurs groupes stratégiques
La politique du terrain
• Les informateurs privilégiés
• L’« informateur privilégié » peut évidemment être considéré comme un cas extrême de
groupe social témoin restreint à un seul individu. Dans de nombreux cas la stratégie du
recours à un informateur privilégié recouvre un point de vue culturaliste qui fait d’un seul
individu considéré comme expert le dépositaire d’une culture tout entière. Ce point de vue
culturaliste se combine de surcroît avec une stratégie de recherche paresseuse. Mais le
problème des informateurs privilégiés va bien au-delà des usages douteux qui en ont
parfois été faits.
• Entendons-nous bien : il n’est pas de chercheur qui n’ait ses informateurs privilégiés. Mais
le recours préférentiel à tels ou tels interlocuteurs peut et doit se combiner avec le principe
de triangulation. Il est en effet impossible de se passer d’informateurs privilégiés, et pour
de multiples raisons. Parce que les affinités personnelles jouent un rôle important dans la
recherche de terrain. Parce que d’un thème de recherche à l’autre, d’un « problème » à
l’autre, les compétences locales varient et sont inégales. Parce que les capacités de
communication du chercheur avec chacun, et vice versa, sont très variables. Parce que tous
les consultants et tous les récitants ne se valent pas, en termes de qualité ou de quantité
d’information.
La gestion des « biais »
• L’enquête de terrain a évidemment ses propres biais, tout comme l’enquête par questionnaires. La
« politique du terrain » se mène en naviguant à vue parmi ces biais. Mais on ne peut y échapper.
L’objectif du chercheur est plus modeste. Il s’agit de tenter de les maîtriser ou de les contrôler.
Nous évoquerons quatre d’entre eux.
• L’« enclicage »
• L’insertion du chercheur dans une société ne se fait jamais avec la société dans son ensemble, mais
à travers des groupes particuliers. Il s’insère dans certains réseaux et pas dans d’autres. Ce biais est
redoutable autant qu’inévitable. Le chercheur peut toujours être assimilé, souvent malgré lui, mais
parfois avec sa complicité, à une « clique » ou une « faction » locale, ce qui offre un double
inconvénient. D’un côté il risque de se faire trop l’écho de sa « clique » adoptive et d’en reprendre
les points de vue. De l’autre, il risque de se voir fermer les portes des autres « cliques » locales.
L’« enclicage », par choix du chercheur, par inadvertance de sa part, ou par stratégie de la clique en
question, est sûrement un des principaux problèmes de la recherche de terrain. Le fait même que
dans un espace social donné les acteurs locaux soient largement reliés entre eux sous forme de
réseaux rend l’anthropologue de terrain nécessairement tributaire de ces réseaux pour produire
ses données. Il devient facilement captif de tel ou tel d’entre eux. Le recours à un interprète, qui est
toujours aussi un « informateur privilégié », introduit des formes particulières d’« enclicage » : le
chercheur dépend alors des propres affinités et hostilités de son interprète, comme des
appartenances ou des ostracismes auquel le voue le statut de ce dernier.
La gestion des « biais »
• Le monopole des sources
• Le monopole qu’exerce souvent un chercheur sur les données qu’il a produites,
voire sur la population où il a travaillé, est incontestablement un problème
méthodologique propre aux enquêtes de terrain. La possibilité qu’ont les historiens
d’accéder aux sources de leurs collègues et de revisiter sans cesse les données
primaires contraste avec la solitude souvent jalouse et délibérée de l’ethnologue.
Comment opérer une critique des sources ou ce qui pourrait en tenir lieu ?
• Ce problème chercheurs en sciences sociales travaillent successivement ou
simultanément sur des terrains identiques ou proches. Mais la confrontation,
souvent indirecte et différée, de chercheurs sur un même terrain ne prend pas
toujours des formes aussi antagoniques. Elle peut relever de la complémentarité, et
parfois même de la convergence. La seconde solution est de fournir un accès au
moins relatif à ses sources, aux corpus que l’on a produit, ou à des échantillons de
ces corpus, afin d’autoriser des réinterprétations ultérieures, et par d’autres.
La gestion des « biais »
• Représentations et représentativité
• Parler indûment le langage de la représentativité est un autre biais. C’est le cas lorsque les
témoignages de quelques personnes sont présentés comme reflétant « une culture », que
ce soit la culture d’une classe sociale (culture ouvrière, culture populaire), ou la culture
d’un peuple ou d’une « ethnie ». L’enquête de terrain parle le plus souvent des
représentations ou des pratiques, pas de la représentativité des représentations ou des
pratiques. Elle permet de décrire l’espace des représentations ou des pratiques courantes
ou éminentes dans un groupe social donné, sans possibilité d’assertion sur leur distribution
statistique, même si le recours à des procédés de recension permet parfois de produire des
données exhaustives et/ou chiffrées. Il ne faut pas faire dire à l’enquête de terrain plus
qu’elle ne peut donner.
• Ainsi pourra-t-elle proposer une description des principales représentations que les
principaux groupes d’acteurs locaux se font à propos d’un « problème » donné, ni plus ni
moins. Ainsi permettra-t-elle, similairement, de décrire l’espace des diverses logiques
d’action ou des diverses stratégies mises en œuvre dans un contexte donné, ni plus ni
moins. Elle ne dira rien de la représentativité quantifiée de ces représentations ou de ces
stratégies, sauf à faire appel à une autre configuration méthodologique.
La gestion des « biais »
• La subjectivité du chercheur
• Le rôle personnel du chercheur est une ressource, nous l’avons vu plus haut, à travers par exemple
l’imprégnation qui lui donne accès peu à peu aux codes et normes locales, mais c’est aussi un biais.
La plupart des données sont produites à travers ses propres interactions avec les autres, à travers la
mobilisation de sa propre subjectivité, à travers sa propre « mise en scène ». Ces données
incorporent donc un « facteur personnel » non négligeable. Ce biais est inévitable : il ne doit être ni
nié (attitude positiviste) ni exalté (attitude subjectiviste). Il ne peut qu’être contrôlé, parfois utilisé,
parfois minimisé.
• C’est là une autre fonction du journal de terrain évoqué plus haut que d’aider le chercheur à gérer
ses impressions subjectives. Il lui permet d’évaluer ses propres affects, de témoigner sur les
modalités de son implication personnelle. Il sert de source pour ces annexes ou ces introductions à
caractère à la fois méthodologique et biographique, qui accompagnent nombre d’ouvrages
classiques ou contemporains, et explicitent pour le lecteur la « posture » du chercheur, sans pour
autant verser dans la complaisance ou le narcissisme. Il s’agit en l’occurrence non seulement
d’expliciter « d’où l’on parle », mais aussi « d’où l’on a produit ses données », et comment. Ni plus,
ni moins. Le travail en équipe, lui aussi déjà mentionné, trouve là un autre de ses avantages. La
collaboration et la complémentarité valent aussi contrôle mutuel des subjectivités. Ce contrôle
reste certes relatif, mais il n’en est pas pour autant négligeable.
La gestion des « biais »
• La subjectivité du chercheur
• De nombreux autres problèmes pourraient être soulevés. La « question de la subjectivité »
est trop complexe pour pouvoir être traitée systématiquement. On put se contenter de
signaler les deux problèmes adjacents suivants.
• Premier problème adjacent, celui des pressions incessantes des stéréotypes et des
idéologies sur le regard de l’anthropologue. L’anthropologue est loin d’être le seul qui soit
soumis à de telles pressions. C’est le lot de toutes les sciences sociales qui, depuis la
construction du thème de recherche jusqu’aux multiples niveaux d’interprétations qu’elles
mettent en œuvre, sont sans cesse menacées de més-interprétation et de sur-
interprétation.
• Le second problème adjacent, qui n’a lui aussi aucune solution définitive mais qui se
négocie dans la pratique, est que tous ceux avec qui le chercheur entre en interaction
effectuent eux aussi des opérations permanentes de « mise en scène », à son intention
comme envers autrui, depuis l’interlocuteur fortuit jusqu’à l’informateur privilégié. On est
donc dans un univers décrit par la problématique anglo-saxonne de la « gestion de la
présentation de soi
Conclusion : plausibilité et validité
• Diverses tentatives contemporaines ont été faites pour définir les conditions de la validité en
ethnographie ; toutes s’inscrivent dans un contexte largement libéré des visions positivistes
autrefois dominantes. On peut citer à titre d’exemple les trois « critères » que propose Sanjek : ils
combinent à leur façon nombre d’éléments évoqués ci-dessus : 1 – Dans quelle mesure les
théorisations du chercheur se fondent-elles sur des données de terrain fournies comme
« preuves » ? 2 – Est-on informé du « cheminement du terrain », c’est-à-dire qui sont les
informateurs et comment on a recueilli leurs informations ? 3 – Les décisions interprétatives prises
au fur et à mesure sur le terrain sont-elles explicitées ?
• Je ne suis pas si sûr qu’il faille parler de « critères », ni qu’on puisse les délimiter ainsi. Mais que le
souci de validité des données — qui est un autre nom pour cette quête d’une rigueur du
« qualitatif » dont j’ai essayé de préciser quelques éléments — doive être au centre du travail de
terrain me semble la condition de toute prétention de l’anthropologie à la plausibilité. Il s’agit de
gager les assertions interprétatives de l’anthropologue sur des données produites au cours de
l’enquête, et de garantir autant que possible la pertinence et la fiabilité de ces données. Or la
plausibilité est pour une bonne part assurée par ce qu’on pourrait appeler une « présence finale
des données » dans le produit écrit du chercheur, au-delà de leur usage comme support
interprétatif.
Conclusion : plausibilité et validité
• La recherche de terrain, dans nos pays du Sud, au cœur des cultures
africaines, à la ville comme à la campagne, reste réglée par le projet
scientifique de décrire, comprendre et comparer des logiques d’action et de
représentations — et leurs systèmes de contraintes — qui ne correspondent
pas aux normes habituelles de l’univers du chercheur. Ceci incite à
d’innombrables malentendus.
• Le savoir-faire du chercheur, tel que nous l’avons évoqué, consiste au fond à
ne pas succomber à ces malentendus, et à pouvoir transformer l’exotique ou
le pittoresque en du banal et du familier. On a pu ainsi dire qu’au terme de
son terrain le chercheur devait être capable d’agir comme ceux qu’il étudiait
s’il était à leur place.
Conclusion : plausibilité et validité
• Ce critère d’« accomplissement » du terrain ethnographique est largement
partagé : « il faut adopter la vérité des propos d’Evans-Pritchard lorsqu’en
substance il se dit capable de raisonner dans la logique de ceux qu’il étudie. »
• Pour une bonne part la validité des données produites sur le terrain relève
d’un tel « critère ». Or celui-ci n’est évidemment lui-même pas plus
formalisable, objectivable et quantifiable que les données qu’il devrait
permettre d’évaluer. Et pourtant toutes les enquêtes ne se valent pas, toutes
les données ne sont pas égales en validité, tous les énoncés descriptifs n’ont
pas une même véridicité, et la plausibilité des assertions interprétatives varie
aussi en fonction de la qualité des références empiriques dont elles
s’autorisent. C’est bien pour cela qu’il faut une politique du terrain
La démarche comparative
• Cette approche de recherche se concentre sur la comparaison des similitudes et des différences entre les
phénomènes sociaux afin de découvrir les facteurs ou les conditions qui accompagnent l’émergence d’un
phénomène social ou d’un modèle de comportement spécifique. La comparaison peut être :
• • Longitudinale : On compare un phénomène dans plus d’une communauté/région au cours d’une même
période.
• • Transversale : On compare un phénomène dans une seule population sur une longue période de temps afin
d’étudier le développement du phénomène et son évolution dans le temps. L’analyse comparative se fait
selon quatre cas de comparaison qui sont les suivants :
• • Comparer une variable dans des sociétés similaires, comme étudier le niveau de scolarité de la classe
ouvrière dans deux sociétés industrielles.
• Comparer plusieurs variables dans des sociétés similaires, comme l’étude de la situation économique (taux de
revenus, taux de chômage, prix des matières premières, etc.) dans les pays qui ont connu les « révolutions
arabes »
• Etudier la relation entre plusieurs variables dans une société, comme l’étude de la relation entre taux de
fécondité, classe sociale et zone géographique (urbaine et rurale) dans la société algérienne.
• • Etudier la relation entre plusieurs variables dans des sociétés différentes, comme l’étude de la relation
entre le genre et le revenu par habitant dans les sociétés du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord en
comparaison avec les sociétés scandinaves.
La démarche comparative
• La recherche comparative se distingue des autres sur plusieurs aspects.
• Premièrement, la recherche comparative aide à accroître la capacité du
chercheur/de la chercheuse à fournir des explications plus solides du phénomène
étudié, car ces explications sont basées sur des preuves recueillies auprès de
plusieurs sociétés ou sur une longue période ce qui réduit l’influence des facteurs
de hasard et des biais culturels.
• Deuxièmement, la recherche comparative renforce la capacité du chercheur/de la
chercheuse à élargir la gamme des variables étudiées qui sont incluses dans la
conception de la recherche. Il/elle utilise à cet effet divers indicateurs tirés de
plus d’une société, tels que les indicateurs qui sont utilisés pour mesurer le statut
social et qui comprennent le revenu et la profession. Dans certains pays, ils
incluent également le lieu de résidence et la lignée familiale.
• Troisièmement, la recherche comparative permet d’utiliser des facteurs et des
aspects culturels et sociaux de chaque société ; ce qui renforce également le
pouvoir des interprétations et augmente leur résilience face à la critique.
Étude de cas
• Contrairement à l’approche comparative, l’étude de cas constitue un type de recherche
scientifique qui se concentre sur une communauté ou un cas. Cette approche fournit au
chercheur/à la chercheuse des données quantitatives et qualitatives sur plusieurs facteurs liés
à des individus, des institutions ou des groupes sociaux dans des situations spécifiques. Ces
données comprennent à la fois des aspects personnels et environnementaux ; ce qui permet
au chercheur/à la chercheuse de mener une description approfondie et détaillée du cas sur
lequel se concentre la recherche. Si le sujet d’étude se consacre aux institutions sociales, alors
chaque institution sociale est considérée comme un cas, tandis que les individus deviennent
de simples parties ou facteurs impliqués dans la formation du cas.
• L’étude de cas est un examen approfondi d’une situation ou d’un cas spécifique. L’idée
principale d’une étude de cas est d’étudier un cas de manière détaillée et approfondie, à
travers toutes les méthodes appropriées et disponibles. Il peut y avoir une variété de
questions pour les études de cas, mais l’objectif général reste de parvenir à une
compréhension la plus complète possible du cas social analysé.
• Pour parvenir à étudier les modèles sociaux et leur évolution historique, la méthode de
l’étude de cas peut se consacrer à une étape spécifique de l’histoire de la société ou à toutes
les étapes que la société a traversées. Les outils de cette méthode comprennent l’entretien
personnel, l’étude des documents et registres officiels, des notes personnelles, l’analyse des
statistiques et des données quantitatives disponibles, etc.
Échantillonnage
• L’examen de l’échantillon est une partie essentielle et très importante de la recherche scientifique,
eu égard à la difficulté d’atteindre tous les membres de la société (en raison du coût élevé et du
temps requis). Le chercheur la chercheuse doit choisir un échantillon ou un sous-groupe de la
population étudiée qui l’aide à comprendre les schémas et la dynamique de la population
concernée. Par conséquent, un échantillon peut être défini comme un segment ou une partie de la
communauté étudiée qui porte les caractéristiques de cette communauté et qui la représente en ce
qui concerne l’objet de la recherche. Ainsi, les définitions suivantes peuvent être fournies :
• • Société étudiée : Tous les individus, événements ou observations qui constituent le sujet de la
recherche. Par exemple : les élèves des écoles en Algérie.
• • Échantillon : Un groupe partiel de la population étudiée. Par exemple : 200 élèves de 10 écoles en
Algérie répartis dans différentes régions.
• • Unité d’échantillonnage : L’un des individus ou observations choisis dans l’échantillon. Par
exemple : un élève d’une école de la wilaya d’Oran.
• La sélection précise et appropriée de l’échantillon donne des résultats largement similaires à ceux
que l’on peut obtenir lors de l’étude de la population étudiée. Une erreur dans la sélection d’un
échantillon peut conduire à des résultats de recherche inexacts ou complètement faux.
Stratégies générales d’échantillonnage
Selon Miles & Huberman (1994:28)

Les stratégies énumérées ici


doivent servir de cadre de
réflexion. Il n’existe pas de lois !
bien choisir ses cas = éviter des
ennuis ultérieurs
Ces stratégies se recoupent
•Cette table sert surtout à vous
donner des pistes de réflexion pour
choisir les bons cas par rapport
aux buts de votre recherche
(voir pages suivante)
Types d’échantillons
• Il existe deux principaux types d’échantillons : les échantillons aléatoires et les
échantillons non aléatoires. Le type d’échantillon est choisi en fonction de la capacité à
déterminer la population de l’étude. Si la population étudiée est définie et connue, le
chercheur/la chercheuse doit prélever un échantillon aléatoire pour qu’il soit
représentatif.
• Par exemple, si le chercheur/ la chercheuse mène une étude sur les élèves des écoles
publiques, la population étudiée sera définie car il peut obtenir une liste de tous les
élèves inscrits à l’école publique. Par conséquent, le chercheur/la chercheuse doit, dans
ce cas, prélever un échantillon aléatoire.
• Si la population étudiée n’est pas spécifiée, le chercheur/la chercheuse doit choisir un
échantillon non aléatoire. Cela se produit dans les cas où il est difficile de connaître le
nombre total des membres de la communauté qu’il/elle veut étudier. Par exemple, si le
chercheur/ la chercheuse s’intéresse à l’étude du phénomène de l’abus de drogues, il est
difficile de déterminer le nombre de consommateurs de drogues parce que ces listes
n’existent pas et que peu de gens déclarent consommer de la drogue (dans les hôpitaux,
par exemple), en particulier dans les pays qui criminalisent la consommation de drogues.
Types d’échantillons
Types d’échantillons
• Échantillonnage aléatoire : Les échantillons aléatoires sont ceux dans lesquels il y a une chance
égale pour chaque élément de la population étudiée de faire partie des unités de l'échantillon. Un
échantillon aléatoire est choisi lorsque la population étudiée est définie et connue et la méthode
de sélection est non sélective car les items sont choisis au hasard en fonction du type
d'échantillon, en tenant compte de l'homogénéité et de l’hétérogénéité dans la communauté. Si
la population étudiée est définie et homogène, un échantillon aléatoire simple peut être prélevé
(en établissant des tableaux de chiffres pour tous les membres de la population étudiée et en
tirant le nombre d'échantillons requis par lot aléatoire). Un échantillon aléatoire systématique
peut aussi être prélevé (en prenant, par exemple, un élément sur cinq dans le tableau des
numéros de série de la population étudiée).
• Dans le cas où la population étudiée est hétérogène, un échantillon aléatoire stratifié doit être
prélevé. Dans ce type d'échantillon, la population étudiée peut être divisée en groupes ou strates
en fonction de cette variance. Par exemple, lorsque vous étudiez le travail bénévole parmi les
étudiant.es universitaires, on constate qu'il vaut mieux diviser les étudiant.es en strates par
année scolaire, ou selon le genre (hommes ou femmes), etc. Lorsque cela est possible,
l'échantillon aléatoire simple est le meilleur type d'échantillons car il donne la meilleure
représentation de la population étudiée. Les résultats de la recherche sur la base d'échantillons
aléatoires peuvent être généralisés pour parler de la population étudiée.
Types d’échantillons
• Échantillonnage non aléatoire : L’échantillonnage non aléatoire est utilisé
lorsqu'il est difficile d'accéder à un échantillon aléatoire parce que la
population de recherche n'est ni déterminée ni définie. Par exemple, nous
ne connaissons pas le nombre exact et les caractéristiques de la population
des combattant.es de l'Organisation État Islamique en Irak et au Levant
(EIIL). Nous ne pouvons donc pas prendre un échantillon aléatoire si nous
voulons les étudier. Nous pouvons donc prélever un échantillon accidentel
(de commodité) ou un échantillon par grappes si nous considérons que la
population EIIL est homogène, ou bien un échantillon de quota si nous
décidons de diviser les combattant.es de l’EIIL en Arabes et en étrangers.
Les échantillons non aléatoires sont caractérisés par le fait qu'ils ne
donnent pas la même possibilité à tous les membres de la population
étudiée d'apparaître dans l'échantillon. Par conséquent, nous ne pouvons
pas généraliser sur la base d'échantillons non aléatoires.
Types d’échantillons
• Choisissez un type d'échantillonnage pour chacune de ces
recherches :
• 1. Étude sur les combattants en Syrie ou au Cameroun
• 2. Étude sur les travailleurs du textile enregistrés dans un syndicat au
Tchad
• 3. Étude sur les étudiants et étudiantes universitaires Au Cameroun
• 4. Étude sur les étudiant.es de l’Université de Bangui
• 5. Étude sur les MST au Cameroun (comparaison hommes/femmes)
Étapes d‘examen de l’échantillon
• Le processus d’examen des échantillons passe par plusieurs étapes :
• 1. Définir clairement et précisément la population de l'étude en fonction
des caractéristiques qui distinguent ses membres car cela affecte le
nombre de membres de l'échantillon et la qualité de l'échantillon que le
chercheur/la chercheuse doit choisir ;
• 2. Déterminer les membres de la population d'origine à étudier. Le
chercheur/la chercheuse doit si possible les organiser en tableaux (selon
les numéros de série) car cela facilite la sélection d'un échantillon
représentatif de la communauté.
• 3. Déterminer les variables de l'étude afin de contrôler le plus grand
nombre possible de variables non étudiées.
Déterminer le nombre approprié d'échantillons

• Le nombre approprié d'individus dans l'échantillon est déterminé en fonction de


plusieurs critères :
• • Homogénéité ou hétérogénéité de la population : Plus l'homogénéité entre les
membres de la population est grande, plus le nombre nécessaire à la
représentation est petit, et vice versa.
• La méthode de recherche utilisée : Les études d'enquête nécessitent le plus
grand nombre possible de membres de la communauté, tandis que les études
expérimentales ou qualitatives dépendent d'un plus petit nombre d'individus.
• • Le degré de précision requis : Si l'étude nécessite un haut degré de précision,
par exemple s'il y a des décisions à prendre en fonction des résultats de la
recherche.
• Nous aurons besoin d'un plus grand nombre d'individus de l'échantillon pour
garantir la confiance nécessaire pour généraliser les résultats.
L’approche participative, la recherche-action et
leurs principales stratégies d’enquête et d’inclusion
des groupes subalternisés
• Définition et contexte d’émergence des recherches participatives
• Participative, action, expérimentale, émancipatoire, conscientisante,
communautaire, partenariale… la recherche est affublée d’une
diversité de termes, souvent polysémiques, aux frontières floues et
sans définition unanimement acceptée. Ces termes traduisent
cependant tous un élan des universitaires hors de l’Université et leur
volonté de lier la recherche à l’action. Productrice de confusion, cette
diversité de termes et d’usages est également une richesse reflétant
leurs différents contextes de production et garant d’un pluralisme
méthodologique
L’approche participative, la recherche-action et
leurs principales stratégies d’enquête et d’inclusion
des groupes subalternisés
• De manière générale, ces formes de recherche se distinguent de la recherche
réalisée et contrôlée de A à Z par les universitaires. Elles ont en commun la
participation effective, bien que variable, des personnes concernées par les
recherches à toutes ou certaines des étapes de la recherche. Ces courants de
recherche se développent au cours des années 1970 dans diverses régions du
monde au fil des rencontres entre universitaires, activistes, professionnel-le-s,
membres des groupes concernés par les recherches. Ces rencontres traduisent la
volonté de réduire la rupture entre les milieux universitaires et le reste de la
société, et de contribuer à l’amélioration des conditions de vie ainsi qu’à
l’émancipation des groupes opprimés au Nord comme aux Suds. En particulier, la
naissance de la recherche-action est associée à l’Amérique du Sud où, à partir des
années 1970, des mouvements d’éducation aux adultes inspirés par Paulo Freire,
Orlando Fals-Borda et d’autres intellectuel-le-s et activistes se répandent et
défendent des idéaux d’émancipation, de démocratie et d’horizontalité entre les
personnes et les savoirs qu’elles détiennent.
L’approche participative, la recherche-action et
leurs principales stratégies d’enquête et d’inclusion
des groupes subalternisés
• Au-delà de leurs spécificités, les différents courants de recherche participative visent à :
1) produire des savoirs avec et non « au nom de », 2) favoriser la prise en compte de la
diversité des savoirs des personnes qui participent au processus de recherche ainsi que
l’appropriation des savoirs produits durant ce processus, 3) permettre un engagement
explicite à travers l’action sociale et politique et selon des valeurs humanistes, qu’il
s’agisse de réduire les inégalités sociales ou d’améliorer le bien-être des populations
concernées.
• Si ce sont essentiellement les traditions latinoaméricaines qui inspirent aujourd’hui ce
champ de recherche en sciences humaines et sociales, il importe de mentionner d’autres
traditions ayant contribué à la richesse des approches participatives en recherche, dont :
les University Settlements en Angleterre et en Amérique du Nord à la fin du XIXe siècle, la
méthode de recherche-action initiée par Kurt Lewin (inventeur du terme) aux États-Unis
dans les années 1940 dans le champ de la psychologie, et encore les approches
participatives féministes de recherche à partir des années 1970. Enfin, dans certains
milieux, notamment dans les champs de l’éducation et de la santé, les professionnel-le-s
de l’intervention réalisent eux-mêmes et elles-mêmes des processus de recherche-
action.
L’approche participative, la recherche-action et
leurs principales stratégies d’enquête et d’inclusion
des groupes subalternisés
• Comment procéder? Les méthodologies participatives de recherche
• Lorsqu’on parle de méthodologie participative de recherche, il faut distinguer, d’une part, les
méthodes participatives de recueil des données et, d’autre part, le processus participatif de
recherche.
• Recueil des données
• On tend parfois à réduire spontanément les recherches participatives aux méthodes
participatives de recueil des données. Pourtant, ce n’est pas parce qu’on mobilise des méthodes
participatives de recueil des données que l’on réalise nécessairement une recherche participative.
Par exemple, lorsque des universitaires souhaitent documenter la réalité de personnes qui ne
savent ni lire ni écrire ou qui sont méfiantes à l’idée d’être enregistrées, ceux-ci ou celles-ci
peuvent proposer des méthodes originales et participatives de recueil des données. Il peut s’agir,
par exemple, de recourir à la méthode Voix et image (photovoice, en anglais) qui consiste à
donner aux personnes un appareil-photo pour qu’elles prennent des photographies qu’elles
jugent significatives des réalités qu’elles vivent. Pour autant, cela ne signifie pas que la recherche
est participative au sens où nous l’avons définie précédemment. En effet, une telle recherche
peut ne pas associer les personnes au choix de cette méthode, à l’analyse des données ou à toute
autre étape de la recherche, et ne pas avoir pour objectif de transformer la réalité des personnes
étudiées dans le sens d’une plus grande justice sociale.
L’approche participative, la recherche-action et
leurs principales stratégies d’enquête et d’inclusion
des groupes subalternisés
• Processus participatif de recherche
• On l’a dit, les recherches participatives ne sont pas une simple juxtaposition de
méthodes, mais une perspective de recherche visant à la fois des objectifs de
production des connaissances dans des rapports plus égalitaires et de
changement social selon des valeurs humanistes. Ces principes ont des
implications méthodologiques importantes. Les recherches participatives se
caractérisent par la participation de personnes qui n’ont pas de formation en
recherche à toutes ou à une partie des étapes de la recherche : de la formulation
des questions et objectifs de recherche au choix du cadre théorique et des
méthodes, en passant par le recueil des données, leur analyse et l’écriture, à la
diffusion des résultats. À chacune de ces étapes, il s’agit de renforcer la
participation des personnes impliquées dans le processus à la prise de décision
concernant l’orientation de la recherche, le tout, dans un contexte de contraintes,
par exemple, budgétaires, temporelles et organisationnelles
Raisons
Constats
d’être de la participation
 Les efforts de développement rural n'ont pas tenu leurs promesses. D'après
une évaluation récente, la moitié des projets de développement rural
financés par la Banque mondiale en Afrique se sont soldés par un échec pur
et simple.
 A quoi cet échec est-il imputable?
 Les stratégies classiques conçoivent en fait le développement
essentiellement comme une série de transferts techniques visant à
renforcer la production et à générer de la richesse.
 Le défaut fondamental de l'approche classique est que les ruraux pauvres
sont rarement consultés lors de la planification des projets de
développement, et ne prennent en général aucune part active aux activités
de développement.
 la grande majorité des pauvres ne disposent d'aucune structure
d'organisation pour représenter leurs intérêts. Isolés, sous-éduqués et
souvent assujettis aux élites rurales, ils ne disposent d'aucun moyen pour
améliorer leur accès aux ressources et aux marchés, ou pour s'opposer aux
programmes ou aux technologies irréalistes et impraticables que l'on
voudrait leur imposer. Par conséquent, ils sont exclus
Raisons d’être de la participation
 L'expérience de la participation populaire a démontré qu'une
participation authentique n'est possible que lorsque les ruraux
pauvres sont capables de mettre en commun leurs efforts et
leurs ressources pour poursuivre des objectifs qu'ils se sont
fixés eux-mêmes. Du point de vue des pouvoirs publics et des
organismes de développement, la participation populaire
s'exerçant dans le cadre de petits groupes offre certains
avantages remarquables:
 -Economies d'échelle. Le coût élevé des prestations de service
de développement au bénéfice de petits producteurs
disséminés sur le territoire est un gros obstacle pour les
programmes visant à réduire la pauvreté.
 Productivité accrue. Une fois qu'ils ont accès aux ressources et
qu'ils sont assurés de prendre pleinement part aux résultats de
leurs efforts, les pauvres deviennent plus réceptifs aux
technologies et aux services nouveaux, et parviennent à des
niveaux plus élevés de production et de revenus.
Raisons d’être de la participation
 Réduction des coûts et accroissement de l'efficacité. La
contribution des pauvres à la planification et à l'exécution
des projets permet de réaliser des économies qui réduisent
le coût de l'opération.
 Edification d'organisations démocratiques. La petite taille
des petits groupes sont à la mesure de la maigre
expérience des pauvres en matière d'organisation, et de
leur faible degré d'alphabétisation
 Viabilité. Le développement participatif conduit à accroître
l'autodépendance chez les pauvres, et favorise la
constitution de réseaux d'organisations rurales
autodépendantes
Recherche participative communautaire
• L’intérêt croissant des universitaires et des praticien-ne-s pour la
recherche de nouveaux moyens d’étudier et de relever des défis
sociaux complexes s’est doublé, ces dernières années, d’une
demande croissante de la part des communautés pour une recherche
communautaire, et non plus seulement sur les communautés. Le
nouvel accent mis sur la recherche translationnelle pour améliorer les
résultats des interventions dans des sociétés et des contextes divers a
également mis en lumière le potentiel des approches de la recherche
orientées vers l’action et fondées sur la communauté (The Association
of Commonwealth Universities, 2015).
Recherche participative communautaire
• La RPC est une approche ou une orientation pour mener des
recherches, et non une méthode. Elle fournit une structure et un
mécanisme pour une recherche collaborative et rigoureuse, utilisant
des méthodes bien établies ou émergentes, avec un accent sur la
communauté. La RPC met les chercheurs et les chercheuses au défi
d’écouter et d’apprendre des groupes qu’ils et elles essaient de
connaître et d’aider, de solliciter et de respecter leurs contributions,
et de partager le pouvoir, l’information et le crédit des réalisations
avec ces groupes (Minkler et Wallerstein, 2008)
Recherche participative communautaire
• Concrètement, la RPC est basée sur les principes suivants (Gaventa, 1993) :
• Elle est participative.
• Il s’agit d’une démarche coopérative, qui engage les membres de la
communauté et les chercheurs et chercheuses dans un processus commun
auquel tous et toutes contribuent de manière égale.
• Il s’agit d’un processus de co-apprentissage.
• Elle implique le développement de systèmes et le renforcement des
capacités des communautés locales.
• Il s’agit d’un processus d’empowerment qui permet aux participant-e-s de
mieux contrôler leur vie.
• Elle permet de trouver un équilibre entre la recherche et l’action.
Recherche participative communautaire
• Trois moyens pratiques peuvent être facilement adoptés dans le cadre de la RPC
pour que cette dernière contribue à une compréhension éclairée des ODD :
• 1. Définir des recherches utilisables localement. Les étudiant-e-s et le corps
enseignant des EES peuvent formuler leurs questions de recherche de manière à
produire des connaissances utiles et exploitables localement.
• 2. Construire des connaissances en partenariat. Les EES peuvent avoir besoin de
créer des structures transfrontalières pour réaliser des partenariats transversaux.
Toutefois, dans le cadre de ces partenariats, il est tout aussi important de tenir
compte des différences de pouvoir existantes entre les partenaires, de leurs
capacités et aptitudes respectives à contribuer au partenariat, et de son impact
sur les efforts collectifs.
• 3. Acquérir de nouvelles compétences. La formation actuelle en méthodologie
de la recherche dans la plupart des universités ne prépare pas les étudiant-e-s à
établir des partenariats. Peu d’attention est accordée à des attributs tels que la
pensée critique, la conscience et l’orientation éthique.
MARP
MARP
• La MARP (Méthode d'Analyse Rapide et de Planification Participative) ou RRA
(Rapid Rural Appraisal) est un processus d’apprentissage intensif, itératif et rapide,
orienté pour connaître des situations spécifiques. Cette méthode utilise de petits
groupes multidisciplinaires et une grande diversité de méthodes, outils et
techniques pour la récolte d’informations.
• Il y a quatre types d’utilisation de la méthode MARP, qui correspondent de facto aux
temps forts du cycle de projet ou de programme:
• Lors de la phase de diagnostic (mission exploratoire, diagnostic plus long)
• Lors de l’analyse d’une question thématique (liée à la mise en place de recherche-
action),
• Lors de la phase de planification (conception participative des actions)
• Lors de la phase d’évaluation de l’action
Caractéristiques de la MARP
Les MARPs se caractérisent par les éléments suivants:
• C'est un processus d’apprentissage « en temps réel » : L’analyse est faite durant la
recherche et non après.
• Le savoir local est ce qui reste, non l’interprétation de l’enquêteur.
• C’est une approche dynamique. Les outils et les techniques varient selon la
situation.
• C’est une approche flexible.
• L’écoute et l’interaction avec la communauté sont à l’ordre du jour.
• Les personnes de la communauté sont les partenaires de la recherche et non les
objets à étudier.
• Les chercheurs qui réalisent l’enquête doivent l’analyser et l’interpréter en temps
réel et sont de façon permanente en état d’être questionnés.
• L’équipe d’enquête doit être multidisciplinaire, avec une diversité de branches
sociales et techniques.
• Les résultats sont utiles si ils sont interprétés et utilisés de façon rapide.
Préparation de la MARP
• La première étape de la préparation d'une MARP consiste en une digestion et internalisation des phrases
suivantes:
• Nous savons -- ils savent
• Nous les faisons participer – ils contrôlent leur propre processus
• Nous avons mené une recherche – nous avouons être corrigé par les populations
• Nous utilisons des outils d’équipe – ils savent dessiner des cartes, des modèles, prioriser
• Nous partageons nos informations avec eux – nous facilitons leur apprentissage des uns et des autres.
• Les étapes à parcourir pour une bonne préparation de la MARP sont:
• Formulation de la finalité du DR
• Choix du/des site(s)
• Choix du timing et de la fréquence
• Définition des objectifs: Qu'est-ce nous voulons apprendre?
• Choix de l’équipe
• Examen des données existantes
• Organiser un atelier de préparation
• Prise de contact avec le village et les autorités
• Préparatifs logistiques
Principes de la MARP
• Les MARPs sont basées sur le respect des savoirs locaux.
• Diminuer au tant que possible des différents biais qui influencent la qualité des résultats.
• L’ignorance optimale. Les contraintes de temps obligent à choisir l’information à obtenir et à approfondir
sur certains aspects, laissant de coté d’autres. L’attention doit être centrée dans ce qui est important.
• Le degré acceptable d’imprécision. La méthodologie MARP se base sur la collecte de
données qualitatives. Elle met l'accent sur la compréhension des tendances et des ordres de grandeurs,
plutôt que sur les chiffres précises et données quantitatives.
• Triangulation: Il s'agit de la composition de l'équipe; des unités d'analyse ou des sources d’information et
des outils et techniques
• Processus itératif: Le processus de la MARP encourage le chercheur à revoir son approche et les
hypothèses au fur et à mesure qu'il acquiert une meilleure connaissance des phénomènes étudiés. Ceci
est l’une des raisons qui expliquent pourquoi l'utilisation de questionnaires standardisés n’est pas
encouragée.
• L'utilisation des méthodes et outils pour visualiser les résultats des analyses.
• .
Principes de la MARP
• Biais
Les biais à éviter sont :
• Le biais spatial : choisir les endroits les plus accessibles.
• Le biais saisonnier : mener la recherche pendant les saisons les plus confortables.
• Le biais économique ou social : enquêter uniquement les personnes influentes ou
économiquement stables.
• Le biais sexuel : ne pas prendre en compte certains groupes qui ne sont pas d’accès
facile, se limiter à certains heures, ne pas prendre en compte le calendrier
d’activités.
• Le biais de politesse : les personnes enquêtées ne corrigent pas les enquêteurs.
• Le biais des expectatives et besoins de la population : quand le groupe enquêteur
est perçu comme une possibilité d’obtenir des solutions pour la communauté, il
existe le risque de donner des réponses conditionnées pour obtenir une certaine
aide.
Principes de la MARP
• Triangulation-
• Trianguler la composition de l’équipe de recherche : Pour s'assurer que différentes
perspectives seront prises en compte dans l'analyse des problèmes étudiés, la composition de
l'équipe devra tenir compte des critères suivants:
• La multidisciplinarité. L'équipe devra être composée de personnes avec des backgrounds
différents. Au minimum des spécialistes des sciences sociales et des personnes de formation
plutôt technique devront faire partie de l'équipe.
• Femmes et hommes. L'équipe devra, autant que possible être composée de personnes des
deux sexes pour éviter le biais sexuel.
• Les aptitudes individuelles. L'expérience des gens affecte la manière dont ils approchent les
problèmes. Ainsi il est important d'avoir différents types d'expériences. Par ailleurs étant
donné que les individus sont différents dans leurs aptitudes à bien communiquer ou à
analyser, cette réalité devra être tenue en considération dans la composition des équipes.
• Des personnes du milieu et des personnes extérieures au milieu. Les personnes issues du
milieu ou y ayant vécu longtemps sont souvent dans une situation d’immersion qui les
empêche de voir certaines choses ou traînent tout simplement avec elles des idées
préconçues. Les personnes extérieures peuvent être porteuses d'une perspective plus
objective bien qu'elles puissent ignorer certaines réalités. Ces deux groupes peuvent se
compléter au sein d'une équipe.
Principes de la MARP
• Triangulation-
• Triangulation des unités d'observation: La triangulation des unités d'observation suppose la prise en
compte de différents points de vue dans le processus de collecte de l'information. Avec la MARP, le
nombre d'interviews est généralement limité. C'est pourquoi, il est important de procéder à une
stratification de ces unités d'observation afin de pouvoir intégrer la diversité des points de vue. Cela
permettra d'avoir une bonne compréhension des différents aspects liés au problème étudié.
Le choix des unités d'observation peut être, suivant les situations, fait soit de manière raisonnée, soit de
manière aléatoire. Ainsi par exemple le choix de certaines "personnes ressources" ou des groupes est
raisonné, alors qu'à l'intérieur des différentes strates identifiées, on peut tirer au hasard quelques
personnes à interviewer. Mais dans tous les cas, étant donné la nature de cette méthodologie, le
chercheur prendra ses décisions en fonction de la spécificité de chaque situation. En faisant la
triangulation des unités d'observation, on doit prendre en compte aussi bien les individus que les
groupes. En fonction du thème à étudier, on appréciera la nécessité d'inclure dans l'échantillon les
individus et/ou groupes suivants:
• Femmes et hommes
• Jeunes et vieux
• Notables et non notables
• Différents groupes ethniques
• Groupes à revenus économiques différents
• Natifs du village et immigrants
• Groupes pratiquant des activités économiques différentes (agriculteurs, commerçants, éleveurs)
• Les techniciens et autres spécialistes. Etc
Principes de la MARP
• Triangulation-
• La triangulation des outils et techniques: Chaque outil est porteur de biais. C'est
pourquoi, plus les outils utilisés sont diversifiés (triangulation), plus on a de chance
de corriger les biais liés à chaque technique considérée isolément. Votre
interlocuteur peut vous dire une chose alors que par l'observation vous pouvez
remarquer autre chose. Un diagramme peut vous révéler des choses que les gens
seraient embarrassés de vous dire de vive voix. Les données secondaires peuvent
suggérer des pistes d'investigation que les villageois ne vous donneraient pas à
moins qu'ils soient interrogés sur la question. Etant donnée son importance dans
une MARP, la triangulation doit être considérée de manière explicite. Ainsi tout au
long de l'étude on doit, de temps en temps, s'arrêter et se demander: "Avons-nous
suffisamment pris de recul pour confronter les différentes informations collectées à
travers l'utilisation de différentes techniques et sources d'informations? "
Techniques et outils de la MARP
La MARP offre toute une gamme d'outils pour l'obtention d'informations dans le cadre de la recherche sur les problèmes
de développement (rural). Ces outils font cependant l'objet d’un affinement permanent et ceci au fur et à mesure que
les praticiens, par leur créativité, trouvent d'autres moyens plus efficaces et plus intéressants de collecte de
l'information. Tous les outils ne sont pas applicables à toutes les situations et ont besoin d'être adaptés aux
circonstances dans lesquelles ils seront utilisés.
Il faut garder à l'esprit que des outils ne seront jamais autre chose que des outils. Ils sont utilisés pour une fin donnée et
leur efficacité dépendra entièrement de l'aptitude du chercheur à en faire le meilleur usage possible. Le chercheur
connaît le type d'information recherchée. Il s'agira pour lui de décider, parmi les outils disponibles quel est celui (ou
ceux) qui est (sont) le(s) plus approprié(s) pour obtenir cette information.
• Les outils MARP peuvent entre autre être catégorisés de façon suivante :
• Brises glâces
• Pour favoriser le travail en équipe
• Interviews semi structurés
• Brainstorming
• Collecte des données spatiales
• Classification
• Priorisation
• Analyse du changement au fil du temps
• Analyse relationnelle
• les transects ;
• les cartographies ;
• les arbres à problèmes
Techniques et outils de la MARP
• Les données secondaires: C’est la première technique à mettre en place, consistant à
l’étude de l’histoire et la recherche bibliographique.
• Les entretiens semi-structurés: Constitue la base de la recherche car complète les autres
techniques. Les axes fondamentaux doivent être inclus, ainsi que l’enchaînement des
questions ouvertes (Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Quand ? Où ? Comment ? )
• Les dessins: Ils doivent être utilisés seulement s’ils sont nécessaires, un support pour
initier une discussion, pas un objectif en lui-même. Quand le dessin apparaît trop propre
et parfait, la population évite de faire des corrections ou d’enrichir les détails. Il vaut
mieux être moins précis et faire les dessins avec la population avec l’aide d’une canne
pour dessiner sur le sol ou des feutres pour dessiner sur du papier. Passez le feutre à la
population !
• Les cartes: Sont valables les mêmes critères donnés aux dessins. Passer le feutre à la
population. Ne pas faire attention à l’échelle. Laisser à la population travailler et à la fin
ajouter si c’est nécessaire.
• Les « transects »: Ces dessins permettent d’avoir une idée verticale de la région et de
son utilisation. Pour les enrichir utiliser l’observation et l’enquête sur les différents
secteurs de la zone.
• Les calendriers: Cet outil permet d’avoir une vision globale des activités réalisées dans
une région (agriculture, récolte, commerce, activités culturelles, travail dans les usines).
Il peut exister des calendriers spécifiques (agricoles, culturels) et des calendriers
intégraux.
Techniques et outils de la MARP
• Les profils historiques: C’est une étude historique approfondie sur un sujet choisi.
• Les diagrammes de Venn: Il s’agit d’une représentation des organisations extérieures et
intérieures de la zone et des relations qui se tissent entre elles. L’intérêt de ce
diagramme est la discussion qu’il peut susciter.
• Les techniques de classement: Ces techniques peuvent mettre en évidence les
préférences, avantages et inconvénients des dites préférences, les niveaux de richesse de
la population, entre autres.
• Les jeux: La création de jeux qui prennent en compte la culture, ainsi que l’utilisation des
jeux locaux et acceptés par la population sont des ressources non négligeables.
• Les photos: Comme les autres techniques, le but de celle-ci n’est pas de donner une
explication personnelle mais d’ouvrir une discussion. Les photos aériennes peuvent
substituer les cartes.
• Les citations révélatrices: Certains commentaires de la population peuvent illustrer plus
clairement les éléments de la recherche.
• L’observation et la quantification.
• La participation dans les activités de la communauté.
Techniques et outils de la MARP
Le diagramme de Venn des parties prenantes
nous aide à comprendre QUI sera touché par
les activités de développement proposées. Les
parties prenantes, autant celles de la
communauté que celles extérieures à la
communauté, investiront des ressources dans
les activités de développement. Elles le feront
en cherchant à minimiser les risques et à
obtenir le plus d’avantages possibles. Il est par
conséquent essentiel de bien comprendre les
parties prenantes avant de parachever les plans
d’action de développement.
LA MARGE D’ERREUR ACCEPTEE de la MARP
• Du choix des zones et des personnes, ainsi que de la qualité des interactions avec
l’équipe et au sein de celle-ci dépendra la qualité des résultats. Les risques les plus
connus sont :
• L’écart spatial : choisir les endroits les plus accessibles.
• L’écart saisonnier : mener la recherche pendant les saisons les plus confortables.
• L’écart économique ou social : enquêter uniquement les personnes influentes ou
économiquement stables.
• L’écart sexuel : ne pas prendre en compte certains groupes qui ne sont pas d’accès
facile, se limiter à certains heures, ne pas prendre en compte le calendrier
d’activités.
• L’écart de politesse : les personnes enquêtées ne corrigent pas les enquêteurs.
• L’écart des expectatives et besoins de la population : quand le groupe enquêteur est
perçu comme une possibilité d’obtenir des solutions pour la communauté, il existe le
risque de donner des réponses conditionnées pour obtenir une certaine aide.

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