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PERSONNEL EN ÉDUCATION À L’ENFANCE

LE DÉVELOPPEMENT LANGAGIER

Le langage oral
Le langage réceptif précède le langage expressif, c’est-à-dire que le jeune enfant comprend les mots avant de
pouvoir les prononcer. En effet, si, entre l’âge de 11 et de 14 mois environ, l’enfant produit ses premiers mots,
il en comprend habituellement déjà près d’une centaine. […]

Les protomots et premiers mots


Pour être en mesure de comprendre un mot, le jeune enfant doit être capable de le distinguer parmi tous les
mots qui composent l’énoncé dans lequel il est inséré, pour ensuite lui donner une signification. Le contexte
dans lequel le mot est prononcé donne à l’enfant des indications importantes qui lui permettent d’inférer sa
signification. Ainsi, le poupon comprend mieux ce que l’on attend de lui s’il est assis à la table lorsqu’il entend
« Veux-tu un morceau de banane ? » que s’il est en train de jouer avec des blocs. « La fréquence et la répétition
d’un même mot dans des contextes différents permettent au jeune enfant de s’apercevoir qu’il s’agit d’un
mot» 1 et d’en saisir graduellement la signification.
Il arrive que le poupon babille toute une série de sons qui ressemble à une phrase, avec des intonations, un
début et une fin, pour répondre quand on lui parle. Par la suite, […] l’enfant emploie des protomots, c’est-à-
dire « une juxtaposition de sons pour désigner un objet précis » 2 qu’il utilise systématiquement jusqu’à ce qu’il
apprenne le mot juste. « Gaga » peut alors être utilisé au lieu de « lait », par exemple, dans le vocabulaire
coloré du bébé.
L’enfant prononce d’abord les mots qu’il connaît, généralement des noms, de façon approximative […]. Un
seul mot peut lui servir à exprimer une idée. Par exemple, en disant « ballon », il fait savoir qu’il veut le ballon
ou invite son éducatrice à y jouer avec lui. […]
Le jeune enfant emploie également des stratégies de simplification pour être en mesure de prononcer des
mots difficiles. Ainsi, il peut omettre une syllabe, dire « nane » au lieu de « banane » […]. Il réorganise parfois
l’ordre des parties du mot, prononçant « pestacle » au lieu de « spectacle ».
Le langage entendu par l’enfant, tant par sa qualité que par sa quantité, influence son développement
langagier. En conséquence, « […] il est extrêmement important que l’adulte prononce correctement […] en
présence de l’enfant » 3. L’emploi de mots simples et de phrases courtes, parfois accompagnés de gestes, fait
partie des moyens appropriés pour soutenir le développement langagier des poupons 4. À mesure que l’enfant
grandit, l’emploi, par l’adulte, d’un vocabulaire plus varié et de phrases complexes est beaucoup plus indiqué.
De plus, la disponibilité, l’écoute et la sensibilité dont font preuve le personnel éducateur et les RSG sont
particulièrement utiles pour les aider à comprendre ce que les enfants cherchent à dire et à leur donner le

1
Diane Daviault, L’émergence et le développement du langage chez l’enfant, Montréal, Chenelière Éducation, 2011, p. 51.
2
Caroline Bouchard et Nathalie Fréchette, Le développement global de l’enfant, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2008,
p. 199.
3
Diane Daviault, L’émergence et le développement du langage chez l’enfant, Montréal, Chenelière Éducation, 2011, p. 75.
4
Caroline Bouchard et Nathalie Fréchette, Le développement global de l’enfant, chapitre 5, Québec, Presses de l’Université du
Québec, 2008, p. 215.

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goût de bien s’exprimer. L’apport des parents est d’ailleurs précieux pour saisir leur prononciation de certains
mots et le sens de leurs protomots. […]

Apprendre deux langues


L’apprentissage de deux langues était considéré, il n’y a pas si longtemps, comme un désavantage
pour les enfants. Nous savons maintenant que ce n’est pas le cas. Le vocabulaire des enfants bilingues
serait moins étendu dans chacune des langues que celui des enfants exposés à leur seule langue
maternelle. Il compterait toutefois autant de mots lorsque les deux langues sont considérées. Entre
4 et 8 ans, les enfants bilingues manifesteraient d’ailleurs un avantage en matière de résolution de
problème.
L’apprentissage de sa langue maternelle pour l’enfant qui apprend une deuxième langue en SGEE est
d’une grande importance pour plusieurs raisons. Entre autres, c’est à travers sa langue première que
le jeune enfant apprend d’abord à connaître ses émotions et à composer avec celles-ci. Une bonne
connaissance de cette langue facilite sa communication avec sa famille, ce qui constitue pour l’enfant
un facteur de protection. De plus, l’identité sociale de l’enfant se développe avec l’apprentissage de
sa langue maternelle et au contact de sa culture.

Les phrases
Autour de l’âge d’un an et demi ou lorsque l’enfant possède un vocabulaire expressif d’une cinquantaine de
mots, on assiste à l’explosion de son vocabulaire 5. Il perçoit alors « de plus en plus les contrastes entre les
différents phonèmes qui composent les mots » 6.
Cette familiarité avec la phonologie de sa langue augmente surtout au contact de la prononciation des
adultes 7. L’enfant en arrive à combiner deux mots pour exposer une idée, comme « Atie maman » pour dire
« Partie maman »8, dans un langage télégraphique 9. […]
L’enfant est par ailleurs de plus en plus attentif à la syntaxe, c’est-à-dire à l’ordre des mots dans une phrase.
De plus, il ou elle saisit graduellement qu’un mot peut prendre différentes formes (la morphologie), le féminin,
le masculin et l’accord des verbes s’insérant dans ses paroles.
Avec la pratique et l’expérience, le jeune enfant comprend aussi de mieux en mieux l’usage de la langue dans
différents contextes sociaux (la pragmatique). Il peut éventuellement employer le langage pour poser des
questions, demander de l’aide, expliquer ses idées, faire des salutations, consoler ou faire rire, par exemple. Il
comprend également qu’il peut s’exprimer de façon plus familière avec les enfants qu’il connaît qu’avec les
adultes qu’il ne connaît pas.

5
Diane Daviault, L’émergence et le développement du langage chez l’enfant, Montréal, Chenelière Éducation, 2011, p. 66.
6
Diane Daviault, L’émergence et le développement du langage chez l’enfant, Montréal, Chenelière Éducation, 2011, p. 67.
7
Diane Daviault, L’émergence et le développement du langage chez l’enfant, Montréal, Chenelière Éducation, 2011, p. 75.
8
Caroline Bouchard et Nathalie Fréchette, Le développement global de l’enfant, chapitre 5, Québec, Presses de l’Université du
Québec, 2008, p. 203.
9
Robert S. Siegler, Judy Deloache et Nancy Eisenberg, How Children Develop, New York, Worth Publishers, 2011, p. 241.

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« […] L’enfant réalise des progrès considérables sur le plan langagier entre l’âge de 3 et 5 ans. Plus précisément,
la prononciation des sons s’affine. Son répertoire de mots s’accroit et ses phrases se complexifient. » 10 L’enfant
comprend aussi de mieux en mieux les intentions de ses interlocuteurs. « En contextes éducatifs, le fait que
les occasions d’entrer en relation avec les autres soient nombreuses, complexes et diversifiées, notamment
par les interactions dans le jeu, favorise le développement des habiletés à communiquer de l’enfant. » 11

Afin de soutenir le développement du langage oral des enfants, le personnel éducateur et les RSG peuvent :
 dialoguer avec les parents sur les progrès réalisés par leur enfant sur le plan langagier et sur les moyens
qui permettent de le soutenir dans ces apprentissages;
 agir comme modèles langagiers auprès des enfants en employant dans leurs interventions un vocabulaire
riche et varié;
 profiter de toutes les occasions qui se présentent de nommer les objets, les personnes et les événements
qui surviennent au SGEE, tout en évitant « d’envahir » les enfants;
 employer un même mot dans différents contextes pour soutenir sa compréhension par les enfants;
 répéter, avec la prononciation correcte, les mots des enfants, sans toutefois leur demander de se corriger
pour éviter de les distraire de leur intention de communication;
 reformuler les paroles des enfants pour refléter sa propre compréhension;
 leur poser des questions ouvertes 12, lorsque leur niveau de développement le permet, de façon telle qu’ils
cherchent à donner une réponse plus complexe;
 donner aux enfants beaucoup d’occasions de parler et leur laisser le temps nécessaire pour s’exprimer,
dans le contexte d’interactions individuelles;
 planifier des expériences riches sur le plan du langage, comme des moments où chansons, comptines et
lecture d’albums et d’histoires sont à l’honneur;
 organiser un coin de jeu symbolique attrayant et le renouveler régulièrement pour soutenir l’intérêt des
enfants à y jouer, le jeu symbolique offrant beaucoup d’occasions de parler avec leurs pairs;
 planifier des retours fréquents sur les expériences vécues par les enfants au SGEE;
 etc.

Source : Extrait de : Accueillir la petite enfance : programme éducatif pour les services de garde du Québec,
p. 139 à 142
Ministère de la Famille

10
Caroline Bouchard et Nathalie Fréchette, Le développement global de l’enfant, chapitre 9, Québec, Presses de l’Université du
Québec, 2008, p. 359.
11
Caroline Bouchard et Nathalie Fréchette, Le développement global de l’enfant, chapitre 9, Québec, Presses de l’Université du
Québec, 2008, p. 359.
12
Les questions ouvertes sont des questions auxquelles on peut répondre en employant plusieurs mots. Elles débutent
généralement par « comment », « pourquoi », « où », « quand », etc.

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