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Faculté des Lettres et Sciences

Humaines d’Oujda

Filière : Sciences de l’éducation

Sciences du langage et
enseignement des langues
(S1 : 2021-2022)

Professeur : C. ZEROUAL
Les différentes étapes de
l’acquisition
et du développement
du langage (L1)
Introduction
Depuis leur naissance les enfants :
mettent plusieurs années avant de parler comme les adultes.
passent par plusieurs étapes ou stades assez comparables, malgré les
différences sociales et culturelles entre eux.

Les observations montrent


« une remarquable homogénéité dans les moments et
l’ordre d’acquisition des principales étapes de l’acquisition du
langage »

Ces différentes étapes seront développées dans cette section.

3
Introduction
Les psycholinguistes divisent ces étapes en deux grandes phases.

La phase pré linguistique


❖ De la naissance, jusqu’au aux premiers mots (fin 1ère année).
❖ ‘stade des sons végétatifs et réflexifs’, ‘stade des gazouillis’, ‘stade des
jeux vocaux’, ‘stade du babillage (redoublé et diversifié)’.

La phase linguistique
❖ A partir des premiers mots jusqu’à 4-5 ans.
❖ ‘stade des premiers mots’, ‘stade de l’explosion lexicale’, ‘stade des
premières combinaisons des mots’, ‘stade grammatical’, ‘stade des
acquisitions tardives’.
Remarques
D’autres compétences linguistiques (notamment lexicales et sémantiques) à
se développer même après 5 ans.
4
I. La phase pré-linguistique
Les capacités perceptives
prélinguistiques
Les bébés a des capacités sensorielles auditives développées même avant la
naissance.
Ces capacités auditives se modifient avec l’âge et l’expérience.
Dès leur naissance, les bébés préfèrent entendre :
La voix de leur mère, à condition qu’elle garde les caractéristiques
prosodiques et acoustiques (prénatales) de la langue maternelle.
Leur langue maternelle à celle d’une autre langue quelle que soit la
personne qui la prononce.

Comment ces compétences auditives


des nouveaux-nés sont-elles
identifiées après la naissance ?
Les capacités perceptives prélinguistiques :
Méthode de la succion non nutritive
Adoptée aux bébés très jeunes (ne peuvent pas orienter leur tête).
Protocole expérimental
Tétine reliée à un ordinateur enregistre les variations de l’intensité de la succion
L’enfant familiarisé avec un son S1, jusqu'à ce que sa succion redevient normale.
Ensuite, un son S2 différent est présenté au bébé.
Hypothèses de travail
❖ Si la succion devient plus intense (rapide), S2 est perçu différent de S1
❖ Si l’intensité (fréquence) de succion baisse (ou stable), S2 est perçu identique à S1.

Fig. 1
Fréquence de succion du bébé en fonction des
sons présentés (Eimas et al. 1997).
(a) contraste phonologique /pa/ vs. /ba/.
(b) même stimulus est répété /pa/ vs /pa/.

L’accroissement de l’intensité de
succion lors d’un changement de
stimulus confirme le lien entre
perception et succion.
7
Les capacités perceptives prélinguistiques:
La perception catégorielle

Frome de la courbe de perception


catégorielle dans une tâche
d’identification
d’un continuum
variant de [ba] à [pa].

Eimas et ses collègues (1971) ont montré que les nourrissons distinguent de
manière catégorielle entre les sons (consonnes ou voyelles).
Les nouveau-nés ne distinguent entre les syllabes ba vs. pa que si ces deux
syllabes sont très différentes acoustiquement.
Les sons de la parole sont perçus de manière catégorielle par les adultes.
8
Les capacités perceptives prélinguistiques :
La segmentation de la parole
Expérience avec la méthode du « temps de regard » (looking time)
Adoptée avec les bébés plus âgés capables de contrôler leurs muscles du cou qui
permet d'orienter leur tête.

Le bébé est entre 2 haut-parleurs qui


émettent des sons différents.

A chaque haut-parleur est associée une


lampe qui s’allume lorsqu’il envoie un son
(de manière répétée).

Fig. 3. Protocole de l’expérience


de l’écoute préférentielle.

L’enfant doit continuer à regarder la lampe pour que le son du haut-parleur continue :
ce son cesse si l’enfant ne regarde plus vers le haut parleur au-delà de 2 secondes.
La préférence pour l’écoute d’un stimulus est mesurée par le temps de fixation que fait
le bébé pour la lampe qui s’allume en même temps. 9
Les capacités perceptives prélinguistiques:
La perception phonétique universelle

Avant 8-9 mois : perception universelle


Les bébés distinguent entre tous les sons possibles dans la parole (Werker et
al. 1988), même ceux non attestés dans leur langue.
Les bébés japonais distinguent [la] vs. [ra] même si le japonais n’a que /r/.
Cette distinction concerne tous les paramètres phonétiques : la sonorité, le
10
lieu et le mode d’articulation.
Les capacités perceptives prélinguistiques:
Le crible phonologique
Discrimination entre les sons /l/
vs/ /r/ (produits dans les
syllabes /ra/ vs. /la/) par des
enfants américains et japonais
âgés entre 6-8 mois et 10-12
mois (Kuhl et al., 2006 adaptée
et citée par Kuhl et al. 2011).

A partir de 8-9 mois


Les bébés japonais plus âgés ne distinguent plus entre [la] vs. [ra].
Passe de l’écoute encyclopédique vers les sons de leur langue maternelle.
La perception devient phonologique : distingue uniquement entre les sons
attestés dans sa langue maternelle (Werker et al. 1988).
Cette surdité phonologique due au crible ou filtre phonologique,
caractérise aussi la perception des adultes.
Elle explique les difficultés que possèdent les apprenants pour apprendre les
11
caractéristiques phonétiques d’une langue étrangère.
Les capacités perceptives prélinguistiques :
synthèse

Dès la naissance, le bébé a des capacités perceptives étonnantes.

La perception des segments est phonétique (universelle) avant 8-9


mois.

Elle devient phonologique (adaptée à la langue maternelle) à partir


de cet âge.

12
II. La phase linguistique
La phase linguistique :
La compréhension contextuelle des mots
"A partir de neuf mois, [l’enfant] a pris conscience que les mots ont un
sens et son but principal est alors de comprendre, de reconnaître des
mots pour les relier à un sens [...] L'enfant devient attentif au sens, il
cherche à mémoriser et à représenter les formes auxquelles il peut
attribuer une signification". Boisson-Bardy (1996 ) et ses collègues

Le « sens » associé par l’enfant à un mot « familier » est toujours global ou


contextuel, et ses premiers mots compris sont ambigus hors contexte.

Pour l’enfant de cet âge, le mot biberon, ne renvoie pas à l’objet biberon,
mais à l’ensemble de la situation ou contexte liée à l’action de manger.

les enfants durant la phase des premiers mots « se basent sur l’ensemble de
la situation pour en inférer la signification de l’énoncé entendu ».

14
La phase linguistique :
La compréhension non contextuelle des mots
Expérience avec la méthode
de la « préférentielle » visuelle

Utilisée avec les bébés à partir et


après la fin 1ère année.
L’enfant est sur les genoux de sa
mère, 2 écrans en face de lui.
Un haut-parleur placé entre les
deux téléviseurs envoie des
énoncés avec une voix de
femme : « exemple où est le
camion?

Immédiatement après les deux téléviseurs s’allument : un présentant un objet en


accord avec la demande (camion) et l’autre non (une chaussure).
Ensuite la femme renouvelle la demande (exemple: trouve le camion!).
Le bébé comprend le mot demandé, si son temps de fixation de l’écran
présentant la scène correspondant à la demande est plus long. 15
La phase linguistique :
La compréhension non contextuelle des mots

Vers 12-13 mois, débute la période où il peut comprendre les mots isolés
(hors contexte).
Ces mots sont formés, là aussi, par les formes les plus fréquentes dans le
répertoire utilisé par l’adulte dans son discours avec le bébé.
A ces mots familiers, les enfants vont leur associer une représentation
mentale pour les reconnaître par la suite.
Plusieurs techniques ont étés utilisé pour tester la compréhension des mots
par les bébés: « la prise d’objets » «l’écoute préférentielle », « le temps de
regard » « l’enquête auprès des parents ».
L’enquête auprès des parents surestime parfois les capacités liées à la
compréhension (et à la production) linguistiques des enfants.
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La phase linguistique compréhension :
l’explosion lexicale

Considérez le graphique
suivant représentant le
nombre de mots compris
en fonction de l'âge des
enfants (Teyssèdre et al.
1994)

Déduction
Le Nbr. de mots compris se
développe de manière
discontinue.
Avant l’explosion lexicale
De manière lente et progressive jusqu'à l'âge de 18 mois.
De 12 à 18 mois, il passe de presque 50 à 75 mots : différence de -50% (Fig. 5).
Après la phase de l’explosion lexicale
De 18 à 24 mois : il passe de 75 à 300 mots : plus de 300% (Figure).
17
L'augmentation rapide après 18mois est appelée : « l'explosion lexicale ».
La phase linguistique :
La production des mots isolé

Phase des mots isolés


Les premières productions verbales des enfants ayant un sens linguistique
sont constituées par des mots isolés.
Les premiers mots apparaissent vers 12-13 mois.
Les filles semblent acquérir leurs premiers mots plutôt que les garçons.
Les 1ers mots produits sont des mots familiers ayant un sens contextuel.
Exemple
chapeau (prononcé « papo ») veut dire à la fois l’objet chapeau, l’action de
sortir, etc.

18
La phase linguistique :
La production des mots isolé

Figure 2 : Nombre de mots compris (à gauche) et produits (à droite) par des bébés âgés de
8-16 mois. b : la moyenne, c : les enfants les moins avancés, a : les enfants les plus
avancés. Données de Bates et al. (1995).

Déduction
Le nombre de mots produits est inférieur à celui des mots compris.
Une grande variabilité est observée entre les enfants.
Des enfants de 16 mois ne produisent aucun mot, mais peuvent comprendre plusieurs.
19
La phase linguistique :
La production des mots isolé
Avant et après l’explosion lexicale

Figure 2 : Nombre de mots et produits par des bébés âgés de 8-16 mois (à gauche)
et de 16-30 mois (à droite). b : la moyenne, c : les enfants les moins avancés, a : les
enfants les plus avancés. Données de Bates et al. (1995).

Entre 12-13 et 18 mois, la production est très lente (2 à 3 mots nouveaux


appris en moyenne par jour) : avant l’explosion lexicale.
Après 18 mois, l'enfant est capable d’apprendre 5 à 10 mots nouveaux par
jour : durant et après l’explosion lexicale.
20
La phase linguistique
Premières combinaisons de mots
Stade du langage itératif
Utilisé avant l’émergence de la fonction symbolique (avant 18-19 mois).
Ce langage se manifeste par la répétition de mots ou phrases toutes faites, qui
sont produits par les parents et imitées (non crées) par l’enfant.
L’enfant imite ses parents, même s’il ne comprend pas leurs productions.
L’enfant ne maîtrisent pas encore les relations qui existent entre les mots
dans un énoncé (niveau syntagmatique) et celles entre un mot de l’énoncé
et les autres mots qui leurs sont équivalents (niveau paradigmatique).
Notons que certaines espèces animales (« perroquets ») mémorisent et
répètent des suites de mots.

21
La phase linguistique
Premières combinaisons de mots

Stade du langage génératif


Il se caractérise par la production de combinaisons de mots crées par
l'enfant.
Cependant :
« Le passage du langage itératif, où l’enfant répète ce qu’il entend, au langage
génératif qui est tout à fait original de sa part est difficile à préciser, on ne
peut pas être sûr que la phrase prononcée par l’enfant s’agit-elle d’une
véritable création ou seulement d’une simple imitation. » (Teyssèdre et al.
1994)

Seules les personnes qui vivent avec le bébé peuvent identifier les premières
combinaisons de mots créés par lui.

22
La phase linguistique
Premières combinaisons de mots
Stade du langage génératifs
Les premières combinaisons n’ont
▪ pas de marqueurs morphologiques (articles, prépositions, pronoms la
conjugaisons) : langage télégraphique.
▪ sont principalement constitués de deux mots.

Rappelons que « […] l’aspect combinatoire est […une ] caractéristique


essentielle du langage [humain] ».
Très tôt, les bébés sont déjà conscients de l’importance de l’ordre des mots.
Parfois, rien qu’en inversant l’ordre des mots, les enfants produisent des
énoncés qui ont des sens différents.
Exemples (emprunté à Gopnik et al., 2005):
« bisou nounours » : maman doit embrasser l’ours en peluche.
« nounours bisou »: l’ours en peluche va embrasser maman.

23
La phase linguistique
Premières combinaisons de mots
Stage du langage génératif
Le sens des premières combinaisons de mots crées par les bébés sont
presque universels.
Ces premières combinaisons désignent en général:
-Des désirs ou des refus : (« encore gâteau », pas bain, pas beau, etc.
-Apparition ou la disparition d’un référent: « parti papa ».
-La possession: « maman chaussure ».
-La localisation: « papa bureau », « papa travail ».
-Relation action-patient : « frappe chien ».
-La récurrence: « encore dodo ».

24
La phase linguistique
la phase grammaticale ou de la phrase

« La mise en place des différents sous-systèmes morphologiques et des


structures syntaxiques s’effectue progressivement à partir de 2 ans et se
trouve pour l’essentiel réalisée vers 4-5 ans ».

L’une des caractéristiques du développement grammaticale est le fait que


« l’ordre d’apparition des principaux éléments grammaticaux [est] à peu
près identique pour les enfants qui apprennent une même langue ».
Les erreurs commises par l’enfant au niveau de la langue constituent une
preuve de l'acquisition de cette compétence.
Exemples « les hôpitals » au lieu d’hôpitaux (français) et « goed » au lieu de
« went » en anglais.
Les « erreurs » linguistiques des enfants en langue maternelle sont
considérées, comme des indices d’un processus actif d’acquisition.
Selon Chomsky, ce type d’erreur constitue un argument en faveur de la
présence d’une grammaire, c’est-à-dire d’une connaissance implicite que
possèdent tous les apprenants sur leur langue.
25
La phase linguistique
la phase grammaticale ou de la phrase

Même si l’enfant peut utiliser certaines catégories morphologiques, leurs


sens et emploi se précisera avec l’âge.
Dans le cas du français:
-3 ans, l’enfant peut utiliser les préposition de temps et de lieu mais de
manière inadéquate.
-Vers 5 ans, il utilise le future simple ou paraphrastique : je vais manger ».
-Avant 4 ans, il peut former des phrases interrogatives sans sujet: « à qui? ».
-A partir de 4 ans, il peut formuler des interrogatives en utilisant « qu’est ce
que…… ».
-Les phrases passives ne sont produites par l’enfant qu’à partir de l’âge de 7
ans; certains enfants plus âgés (9 ou même 10 ans) peuvent ne pas
comprendre la passive.

26
La phase linguistique
Le langage génératifs et types de mots

Figure 4
Pourcentage des catégnoms
communs, prédicats (verbes +
adjectifs) et des classes fermées
en fonction de la taille du
vocabulaire Bates et al. (1995).

Proportion des noms


○ toujours dominantes
○ maximale (60 %) si vocabulaire : 101-200 mots.
○ diminue quand la taille du vocabulaire augmente

Classes fermées : apparaissent que si la taille du lexique est très importante.

% verbes+adjectifs (les prédicats) : augmente avec la taille du lexique (12% de


verbes pour 51-100 mots, contre 25% pour 401-500 mots). 27
La phase linguistique
Le langage génératifs et types de mots
L’enfant passe 2 étapes avant d’atteindre le stade grammaticale
Stade référentiel
Comprend et produits beaucoup plus de noms.
Apparaît surtout au niveau des premiers stades de l'acquisition du lexique.
Stade prédicatif
L’enfant comprend et utilise un peu plus de verbes et d’adjectifs.
Stade grammatical :
Utilisation des mots des classes fermées (pronoms, conjonction,... etc).

Figure 4 : Pourcentage des catégories noms,


prédicats (verbes + adjectifs) et des mots
fonctionnels en fonction de la taille du vocabulaire
Bates et al. (1995).

28
III. Relations entre
le développement du langage
et l’émergence de certaines compétences
cognitives

29
Relation entre l’explosion lexicale et
La permanence de l’objet
Considérez le tableau suivant
Stade en mois Réaction du bébé face à
Remarques
un objet caché devant lui
Stade 1 : 0-2 Aucune réaction de la part du bébé
L’objet caché cesse d’exister
Stade 2 : 2-4 Désappointement sans recherche
Objet en partie visible = recherche de
l’objet Début de
Stade 3 : 4-8
Objet totalement caché = aucune la permanence
recherche
Objet caché plusieurs fois = recherche L’objet caché continu
Stade 4 : 8-12
dans l’endroit de la 1ère apparition d’exister
Objet caché + apparu = 2
Objet caché plusieurs fois = recherche choses différentes
Stade 5 : 12-18
dans l’endroit de la dernière cachette
Permanence un peu plus
élaborée
Objet caché + objet apparu =
Objet caché plusieurs fois = recherche même objet
Stade 6 : 18-24
dans les différents endroits
L’évolution de la capacité cognitive de la "permanence de l’objet" chez l'enfant.
Permanence acquise
30
Relation entre l’explosion lexicale et
La permanence de l’objet

La permanence de l’objet : La capacité de comprendre que les objets


existent en dehors du sujet, qu’ils continuent d’exister même s’ils ne sont
pas perçus par nos organes de sens (vus, entendus, touchés, etc.).
C’est Piaget (dans les années 40) qui a le premier étudié le développement
de cette capacité chez les bébés.
Déduction
L’explosion lexicale qui émerge généralement entre 18-24 mois est
attribuée par certains auteurs à l’acquisition de la permanence de l’objet :
Le langage devient nécessaire pour évoquer l’absent.
Remarque
Son protocole expérimental a été adapté à l’étude de cette compétence
chez les animaux.
Cette capacité existe également chez les animaux qui semblent l’acquérir
au même rythme que le bébé (le singe et le chien atteignent le stade 6).
31
Relation entre l’explosion lexicale et l’
émergence de la fonction symbolique
Les auteurs attribuent la phase de l’explosion lexicale (compréhension
linguistique et production) à : l’émergence de la fonction symbolique.
Fonction symbolique: aptitude spécifiquement humaine d’avoir une
représentation interne, par les signes (linguistiques), de ce qui est
absent.
Selon plusieurs auteurs (exemple; Piaget), cette capacité cognitive ou cette
fonction est acquise à partir de 18-24 mois.
Elle se manifeste également chez l’enfant à travers le jeu, lorsque l’enfant
joue, par exemple, avec une boîte comme s’il joue avec une voiture.

Remarque
La maîtrise de la fonction symbolique permet également une meilleure
maîtrise des autres caractéristiques morphologiques sémantiques et
pragmatique de leur langue.

32
Relation entre l’explosion lexicale et la
reconnaissance de soi
Expérience 1 (test de la tâche) Considérez la vidéo suivante

33
Relation entre l’explosion lexicale et la
reconnaissance de soi
Expérience 1 (test de la tâche) Considérez la vidéo suivante
Considérez la vidéo suivante
Protocole expérimental
▪ L’enfant est occupé par une personne familière.
▪ Elle lui met une tache sur son visage sans qu’il s’en aperçoive. Cette tache ne doit
pas être visible pour l’enfant.
▪ L’enfant est placé devant un miroir.
▪ Deux réactions sont généralement possibles :
L’enfant est attiré par la tache, mais touche son visage sur le miroir.
L’enfant est attiré par la tache, il touche directement son visage par sa main :
émergence de la reconnaissance de soi
Résultats
De manière générale, les enfant réussissent ce test vers 18-24 mois.
Rappelons que l’explosion lexicale est également observée chez les enfant
durant cette période.
Déduction
L’explosion lexicale (compréhension linguistique et production) coïncide avec
l’émergence de la fonction symbolique et de la reconnaissance de soi. 34
Relation entre la reconnaissance de soi et l’
émergence du moi (je : identité individuelle)
Age Développement des gestes Age
Développement du regard.
(mois) (orientés vers le monde) (mois)
Sait interpréter et utiliser le
geste de "dire oui et non par Tourne son regard vers l'objet fixé par
7-12 6
la tête", tendre la main (la l'adulte.
quémande).
Peut regarder précisément l'objet fixé
Sait interpréter le geste de
12 12 par l'adulte même si plusieurs cibles
pointage.
sont présentes.
Peut localiser un objet regardé par
11-15 Utilise le geste de pointage. 18 l'adulte qui est hors de son champs de
vision (exemple : derrière lui).
Tableau 2 : Tableau récapitulatif du développement gestuel et du regard
chez l'enfant.

Remarque
Vers la fin de la deuxième année, les enfants commencent à utiliser le
geste de pointage vers soi (émergence de l’identité sociale). 35
Relation entre la reconnaissance de soi et l’
émergence du moi (je : identité individuelle)

La reconnaissance de soi coïncide avec l’émergence d’une autre compétence


cognitive: la conscience de soi.

Il semble que c’est durant cette période (à partir de la troisième année) que
l’enfant prend conscience qu’il a une identité propre (individuelle).

C’est la période du début de l’affirmation de son « moi ».

C’est la période durant laquelle l’enfant commence par


prononcer les pronoms renvoyant à la première personne : moi, ana, etc.
Utiliser le geste de pointage vers soi (voir diapo suivante).

36
La théorie de l’esprit ou
« test d'inférence d'une fausse croyance"
Expérience 1
Protocole expérimental
Un autre test plus simple est également utilisé
Une boite qui doit contenir des bonbons est montrée à un enfant, qui
découvre qu’elle est remplie de crayons au lieu de confiserie. Ensuite, on
demande à l’enfant de prédire ce que ses amis vont répondre si on leur
demande ce qu’il y a dans cette même boite.
Résultats
Deux réponses sont possibles
-Les enfants âgés de moins de 4 ans pensent que leurs amis répondront qu’il
y a des crayons dans cette boite.
-Les enfants âgés de plus de 4 ans pensent que leurs amis répondront qu’il y
a des bonbons dans cette boite.

Ces réponses montrent que seules les enfants de plus de quatre ans vont
savoir que d’autres entrant vont également se tromper sur le contenu
37
de
la boite qui devait être des bonbons.
La théorie de l’esprit ou
l’émergence de l’identité sociale
C’est l’une des compétences cognitives que les enfants doivent acquérir afin
d’entrer efficacement en interaction avec leur entourage.
« La théorie de l’esprit « renvoie à la capacité de prendre en compte les
états mentaux supposés d’une autre personne » (Jakobson, 1962 : 132).
« Cette théorie se rapporte à notre compréhension des gens en tant qu’
êtres fonctionnant avec un mental, chacun ayant ses propres états
mentaux – tels que ses pensées, ses désirs, ses raisons et ses sentiments
[et intentions] ». (Astington et Edwards, 2010).

La théorie de l'esprit est donc une étape où on devient capable de réfléchir


sur ses propres pensées, croyances, désirs, et notamment sur ceux des
autres.
Comme pour la reconnaissance de soi les auteurs, dans le cadre de la
psychologie cognitive, recourent à une série de tests pour étudier l’
émergence de la théorie de l’esprit chez l’enfant.

38
La théorie de l’esprit ou
« test d'inférence d'une fausse croyance"

Avant 5 ans, l’enfant se base sur ses propres sensations extérieures. L'enfant
projette constamment sur le monde ambiant ce qu'il éprouve lui-même.

À l’âge de quatre ou cinq ans, les enfants réalisent que les gens parlent et
agissent selon leur conception du monde, même si leurs pensées ne
reflètent pas la situation réelle.

A partir de 5 ans, l’identité sociale de l’enfant commence à se développer.

D’autres auteurs, par contre, pensent que la TE peut apparaître plus tôt.

39
La théorie de l’esprit ou
un autre point de vue
La théorie de l’esprit serait-elle acquise plus tôt?
Manifestations en faveur de cette hypothèse :
« l’attention conjointe » : ou le fait de regarder vers le même objet ou la
même direction que l’adulte (qui apparait à partir de 6 mois).
Les jeux de « faire-semblant » : ou le fait d’essayer de faire croire à
l’adulte quelque chose qui est fausse pour agir sur sa pensée ou ses
croyances.

Déduction
Si « la théorie de l’esprit permet de faire des prédictions sur le
comportement à venir d’autrui, en fonction des croyances ou des états
mentaux qu’on impute à cette personne », alors ces deux comportements
(attention conjointe et le faire-semblant) peuvent être considérés comme
une preuve de son émergence chez des bébés mêmes très jeunes.

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