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INTRODUCTION

« Ce qui arrive à la Terre, arrive aux fils de la Terre » Un chef indien, Seattle, nous l’avait dit
en 18901.
La République de Guinée est un pays côtier de l’Afrique de l’Ouest situé Elle est située entre
7°05' et 12°51' de latitude nord et 7°30' et 15°10 de longitude ouest. Elle couvre une
superficie totale de 245 857 km2 et comprend quatre régions naturelles caractérisées par des
écosystèmes différents.
Autrefois appelée ‘’les Rivières du Sud’’, la Guinée est le véritable château d’eau de l’Afrique
Occidentale. Les fleuves Niger, Sankarani, Sénégal, Gambie et Mano y prennent leurs
sources. D’autres comme le Milo, le Niandan, le Bakoye, le Tinkisso constituent le réseau des
affluents du Niger.
Il faut signaler que de nombreux autres cours d’eau côtiers en provenance des montagnes du
Fouta Djallon se jettent dans la mer. Parmi eux figurent la Fatala, le Konkouré, le Cogon, le
Bofon, la Mélakoré et le Rio Kapatchez. En République de Guinée on compte plus de 1 500
cours d’eau dont 1 200 au moins ne tarissent pas pendant la saison sèche. Le long de ces cours
d’eau sont situés plusieurs milliers d’hectares de plaines très fertiles.
La République de Guinée dispose d’une façade maritime de 300 km sur l’océan atlantique. Sa
population est estimée à 9 000 000 d’habitants avec environ 52% de femmes en 2008.
La vocation minière de la République de Guinée remonte aux grands empires médiévaux de
l’Afrique de l’Ouest dont les Empires Ghana, Sosso et Mali (Mandingue). Les gisements
aurifères du Bouré dans la préfecture de Siguiri en Haute Guinée représentaient le fondement
de la puissance de ces empires. Durant des siècles, ces Etats furent les principaux fournisseurs
d’or du monde méditerranéen. L’Empire du Ghana fondé par les Sarakollés entre les fleuves
Niger et Sénégal se trouve être le premier grand Empire de l’Afrique Noire. Sa richesse en or
était telle que son Empereur porta le titre ‘’Kaya Maghan’’ qui signifie ‘’Roi de l’or’’. Entre
le XIIème et le XIIIème siècle, l’Empire du Mali connaît la prospérité grâce aux mines d’or du
Bouré. Sa capitale Niani, située sur la rive gauche du Sankarani dans la préfecture de
Mandiana à proximité de la frontière malienne, était également la capitale de l’or. Au XIV ème
siècle l’Empire atteint son apogée sous le règne de Kankou Moussa Keita dont le pèlerinage à
la Mecque est resté légendaire dans l’histoire des peuples musulmans d’Afrique. Au cours de
son voyage il aurait distribué plus de 8 tonnes d’or. Au XVII ème siècle, toutes les régions
aurifères du Manding tombèrent sous la domination du Maroc qui en tira bien des profits (1
1
J. M. LAVIEILLE, les Principes généraux du Droit International de l’Environnement un exemple : le Pricipe
de Précaution, Formation à Distance, Campus Numérique « EnviDroit » Cours 4.

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500 kg d’or pour la seule année de 1591). Au XVIII ème siècle commence la pénétration
française, certainement motivée par la présence de l’or dans l’Ouest Africain. L’on se
souviendra d’une vieille pièce de monnaie britannique en or qui porta le nom de « Guinée » à
cause de son origine. L’effort des colons a porté sur le recensement des points d’orpaillage,
l’amélioration du rendement de l’exploitation de l’or par les méthodes traditionnelles et sur
quelques travaux miniers de moindre importance.
Le premier diamant guinéen a été découvert en 1932 par le prospecteur irlandais R. Dermody
en remontant le cours supérieur de la rivière Makona (région de Macenta).
C’est en 1815 que la bauxite guinéenne a été identifiée par le français Richard Mollien. Cinq
ans plus tard, Pierre Berthier trouva la même roche dans la province de Baux en France; d’où
son nom de bauxite.
L’exploitation industrielle quant à elle à commencé avec la bauxite : bien que l’existence de
dépôts de bauxite en Guinée soit connue depuis le début du dix-neuvième siècle, cette
ressource n’a pas été exploitée de manière importante avant la réorganisation de l’industrie
qui a eu lieu sous la direction des intérêts nord-américains après la Seconde Guerre mondiale.
La production de guerre a fortement stimulé l’industrie et entraîné une augmentation massive
des capacités de production nord-américaines. En 1948 et 1950, la bauxite guinéenne
provenant des îles de Los2 a commencé à être expédiée, en petites quantités, aux usines
d’aluminium de la société Alcan, situées au Saguenay–Lac-Saint-Jean, au Québec. La
production s’est poursuivie sur l’île de Kassa jusqu’en 1965, et ce même après la
nationalisation, en 1961, des installations par le nouveau gouvernement guinéen ayant pris le
pouvoir en 19583.
Alors que la première institution environnementale du pays date de 1986 avec le Décret
n°008/PRG/ du 19 mars 1986 fixant les attributions et l'organisation du Secrétariat d'Etat du
Ministère des Ressources Naturelles, de l'Energie et de l'Environnement chargé des Eaux et
Forêts.
On peut de finir l’exploitation minière comme étant l’ensemble des activités concernant la
découverte et l’extraction de minéraux qui se trouvent sous la surface de la terre. La loi / 2011
/ 006 / CNT du 09 septembre 2011 portant code minier de la République de Guinée définit
les activités minières en son article 1 al 2 comme étant « toute opération de reconnaissance,
de recherche ou d'exploitation de substances minérale ». Ces minéraux peuvent être
métalliques (tels que l’or, le fer, la bauxite, le diamant…). Ces métaux sont mélangés à

2
Qui comprennent Tassa et Tamara
3
Bonnie Campbell, l’exploitation minière en Afrique : quelle réglementation pour le développement, 2010

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beaucoup d’autres éléments, mais parfois on en retrouve de grandes quantités concentrées
dans une zone relativement petite – le gisement – d’où l’on peut extraire un ou plusieurs
métaux avec des bénéfices économiques.
Pour des raisons de pertinence scientifique afin de bien cerner ce sujet « L’exploitation
minière et la protection de l’environnement en République de Guinée », nous examinerons
l’exploitation minière proprement dite en traitant l’exploitation industrielle et artisanale en
excluant l’exploitation des carrières inerrante au développement de l’habitat et dont la
règlementation bien que minière est très souple et l’impact moins destructeur. Nous excluons
aussi l’exploitation pétrolière dont la règlementation fait l’objet de textes spécifiques mais
aussi l’enjeu et l’impact est d’une autre dimension.
La problématique des impacts environnementaux de l’exploitation minière ont trait à la mine
elle-même, à l’élimination des déchets de la mine, au transport du minéral et au traitement de
ce dernier, qui implique souvent l’utilisation ou la production de substances dangereuses.
Les dimensions des mines peuvent être très variées, depuis les petites opérations produisant
moins de 100 tonnes par jour jusqu’aux grandes mines qui déplacent des centaines de milliers
de tonnes. La méthode d’exploitation utilisée pour extraire un minéral déterminé dépend du
type, des dimensions et de la profondeur du gisement, et des aspects économiques et
financiers de l’opération en question.
Précisons ici que toutes les mines Guinéennes sont des mines à ciel ouvert (où l’on extrait en
général des métaux de roche dure) et les mines de lixiviation (où des produits chimiques sont
appliqués pour filtrer et séparer le métal des autres minéraux).
Une mine à ciel ouvert est une grande cuvette en gradins larges et profonds au milieu d’un
paysage désolé, dénudé et dépourvu d’êtres vivants. La première étape consiste à enlever la
végétation et le sol ; ensuite, on creuse par dynamitage les rochers et les matériaux qui
couvrent le minerai pour arriver au gisement, et là on dynamite encore pour obtenir des
morceaux plus petits. Les nouvelles technologies, qui permettent de meilleurs rendements
dans la vitesse de l’extraction et le traitement du minéral, accroissent les problèmes
environnementaux, car les déchets ne sont pas normalement réutilisés dans la restauration du
site.
L’extraction minière par lixiviation utilise des produits chimiques, tels que l’acide sulfurique
et la soude caustique dans le cas de la bauxite ou une solution de cyanure et de sodium dans le
cas de l’or, pour dissoudre les métaux en question et les extraire du minerai qui les contient,
avec un taux de récupération très élevé. Il existe la lixiviation in situ, où le solvant est
introduit dans un trou pratiqué à la foreuse dans le rocher, et la lixiviation en tas, très

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fréquemment utilisée. Les solutions chimiques employées libèrent les métaux souhaités, mais
aussi d’autres métaux lourds (tels que le cadmium), ce qui provoque souvent la contamination
des eaux superficielles et souterraines.
Bien que les impacts de l’exploitation minière sur l’environnement puissent varier suivant le
type de minéral et le genre de mine, il s’agit là d’une activité intrinsèquement non durable, car
elle implique l’exploitation d’une ressource non renouvelable par des moyens destructeurs ou
polluants, tels que le concassage, le broyage, le lavage et le classement des minéraux, le
raffinage et la fusion. A l’heure actuelle, elle est doublement destructrice en raison de ses
grandes dimensions et de la technologie qui a augmenté sa capacité de production4.
Personne ne peut (ne doit) douter que lorsqu’elle est effectuée dans des zones boisées
l’exploitation minière constitue un facteur de déprédation des forêts. Il est estimé que
l’extraction minière, jointe à la prospection du pétrole bien sûr qui ne sera pas traité dans ce
mémoire, met en péril 38% des dernières étendues de forêt primaire du monde.
Ces activités minières comprennent diverses étapes, chacune impliquant des impacts
environnementaux particuliers. D’une manière générale, ces étapes sont : la prospection et
l’exploration des gisements, la mise en place et la préparation des mines, leur exploitation, et
le traitement des minéraux obtenus dans des installations appropriées afin d’en tirer des
produits commerciaux.
Pendant la phase d’exploration, quelques-unes des activités ayant des impacts sur
l’environnement sont la préparation des voies d’accès, les relèvements topographiques et
géologiques, le montage de campements et d’installations auxiliaires, les travaux de
géophysique, les recherches hydrogéologiques, l’ouverture de fossés et de puits de
reconnaissance, et la prise d’échantillons.
Pendant la phase d’exploitation, les impacts qui se produisent dépendent de la méthode
utilisée. Dans les zones de forêt telle qu’en Guinée maritime ou Guinée Forestière, le
défrichement des sols et l’élimination de la végétation ont des impacts à court, à moyen et à
long terme. La déforestation atteint non seulement l’habitat de centaines d’espèces
endémiques (dont beaucoup sont portées à l’extinction comme les espèces mammaliennes),
mais aussi le maintien d’un flux constant d’eau à partir des forêts vers les autres écosystèmes
et vers les centres urbains. L’élimination des forêts provoque un écoulement rapide de l’eau
de pluie, ce qui aggrave les crues pendant les saisons pluvieuses, car le sol ne peut retenir
l’eau comme il le ferait en présence de masses boisées.

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WWF, Bulletin Nº 71 du WRM, juin 2003

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En plus de la zone affectée par l’excavation, la dégradation superficielle provoquée par
l’érosion et par l’ensablement qui s’ensuit (la sédimentation du lit des cours d’eau) est
aggravée par l’accumulation de résidus rocheux sans valeur économique (que l’on appelle
matière stérile), qui constituent souvent d’énormes montagnes, parfois plus vastes que la
superficie sacrifiée pour l’excavation.
Les grandes quantités d’eau nécessaires à l’activité minière réduisent généralement la nappe
phréatique du lieu, et arrivent même à assécher des puits et des sources (Boké, Kouroussa,
Kérouané et Siguiri). L’eau est souvent contaminée par l’écoulement acide, c’est-à-dire par
l’exposition à l’air et à l’eau des acides qui se forment dans certains types de minerai – en
particulier, dans le cas des minerais sulfuriques – qui à leur tour réagissent avec d’autres
minéraux exposés. Cela donne lieu à un écoulement perpétuel circulaire de matériel toxique
acide qui peut continuer pendant des centaines ou même des milliers d’années. D’autre part,
les petites particules de métaux lourds qui peuvent, avec le temps, se détacher des résidus, se
disséminent avec le vent et se déposent sur le sol et sur les lits des cours d’eau, et s’intègrent
lentement aux tissus des organismes vivants tels que les poissons.
Des produits chimiques dangereux utilisés au cours des diverses étapes de traitement des
métaux, tels que le cyanure ou la soude caustique, des acides concentrés et des composés
alcalins, quoique censément contrôlés, aboutissent souvent, d’une manière ou d’une autre,
dans le système hydrologique.
La modification et la contamination du cycle hydrologique ont des effets collatéraux très
graves qui portent atteinte aux écosystèmes environnants et aux personnes. Ces atteintes sont
particulièrement graves dans le cas des forêts.
La contamination de l’air peut se produire par la poussière dégagée par l’activité minière, qui
est une cause grave de maladies, généralement des troubles respiratoires chez les personnes et
l’asphyxie chez les plantes et les arbres. D’autre part, il peut y avoir des émanations de gaz et
de vapeurs toxiques, la production de dioxyde de soufre – responsable de la pluie acide – par
le traitement des métaux, et de dioxyde de carbone et de méthane – deux des principaux gaz à
effet de serre qui provoquent les changements climatiques – par le brûlage de combustibles
fossiles et la création de lacs artificiels derrière les barrages hydroélectriques destinés à
fournir l’énergie nécessaire pour les usines.
L’activité minière consomme d’autre part d’énormes quantités de bois, pour la construction,
et comme source d’énergie dans les mines. Elle implique également de grands travaux
d’infrastructure, tels que des routes, des chemins de fer – qui ouvrent l’accès aux forêts –, des

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ports, des villages miniers, le détournement des fleuves, la construction de barrages et de
centrales génératrices d’énergie.
Le bruit assourdissant des machines utilisées dans l’exploitation minière, ainsi que celui des
explosions, n’est pas un impact négligeable, car il crée des conditions qui peuvent s’avérer
insupportables pour les habitants des lieux et pour les animaux des forêts.
Aujourd'hui, les conséquences de cette exploitation sont dramatiques en Guinée et tendent à
s'amplifier avec l’augmentation considérable de la taille et du nombre des entreprises minières
et de l'évolution technologique qui les accompagne.
Aujourd’hui des années d'exploitation des ressources minérales ont entraînées une
dégradation importante de l'écosystème Guinéen et une chute considérable de la biodiversité.
Les récifs coralliens et d'autres habitats comme les réserves par exemple sont
considérablement menacés de disparition.
Pour la mangrove Guinéenne, la superficie a été estimée en 1965 à 350.000 ha, elle couvre
aujourd’hui 250.000 ha environ avec une régression annuelle de 450 ha soit 4,2% par an5.
La forêt dense qui se subdivise en forêt dense humide et forêt dense sèche subit la même
évolution.
La forêt dense humide Guinéenne jadis couvrait 14 millions ha, il n’existe aujourd’hui que
quelques petits îlots notamment à Macenta, N’Zérékoré et Yomou où vient de s’installer deux
des plus grandes entreprises minière du monde : Rio Tinto et BHP Billiton. Déjà selon
Gaillard 1989, elle ne couvrait qu’environ 700.000 ha.
La forêt dense sèche couvre environ 800.000 ha avec de beaux peuplements à Kouroussa où
est basé SEMAFO et dans la boucle de la Mafou. Sa régression est estimée à 17% tous les 15
ans soit 1,4% par an (9.120 ha/an). Elle renferme sans doute la faune mammalienne la plus
riche du pays, avec des animaux comme la lion, la panthère, l’antilope, les biches, les agoutis,
les lièvres et autres.
Cette dégradation entraîne l’effondrement des 1123 cours d’eaux répertoriés dont les 13
fleuves internationaux qui irriguent la plupart des territoires de l’Afrique de l’Ouest sans
oublier les autres impacts négatifs cités plus haut.
Face à cette dégradation rapide des ressources naturelles et de l’environnement en Guinée, le
gouvernement avec l’appui des partenaires au développement a entrepris l’adoption de toute
une série de textes législatifs et réglementaires de portée globale et sectorielle. Ce mouvement
déclenché tardivement en 1986 soit 28 ans après l’indépendance du pays se poursuit et abouti
à l’adoption de plusieurs lois, complétées dans certain cas par leurs textes d’application.
5
direction nationale de l’environnement, monographie de la biodiversité Guinéenne

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Ainsi, il a été adopté en 1986 un code minier remplacé en 1995 et en 2011 et le code de
protection et de mise en valeur de l’environnement du 28 mai 1987 ainsi que ses textes
d’application de 1989 et 1990.
D’autres textes comme le code forestier et son décret d’application de 1989 et le code de
protection de la faune sauvage de 1990 et encore le code foncier et domanial de 1992 et le
code de l’eau de 1994 ont été adoptés.
Force est de reconnaître que le législateur Guinéen a été particulièrement actif et créatif ces
dernières années en matière d’environnement et des ressources naturelles. Mais son œuvre,
pour appréciable qu’elle soit, est loin d’être achevée pourtant.
Des lacunes subsistent effectivement dans le droit de l’environnement guinéen
particulièrement dans l’encadrement des activités minières.
C’est pourquoi il est à se demander quels sont les impacts l’exploitation minière sur
l’environnement et la société en République de Guinée ?
Mais aussi comme il ya impact, quels sont les différents mécanismes juridiques mises en
œuvre par la législation Guinéenne et les exploitants pour la protection de l’environnement
des activités minières?
Pour la bonne application de ces normes, il faut impérativement des institutions dynamiques
et opérationnelles. Qu’en est –il de ces institutions en Guinée?
Ces normes et institutions s’étant assigné des missions, les questions de leurs effectivité et
applicabilité nous amène à nous demander quel constat se dégage-t-il ?
En toute objectivité, ce constat permet de mettre a l’évidence les forces et les faiblesses tant
des législations en vigueur que des institutions y afférentes ; Ainsi quelles perspectives
devrons-nous envisager pour une meilleure prise en compte de la protection de
l’environnement et des ressources naturelles ?
Cet ainsi, pour répondre à ces questions et traiter ce thème tant important, nous examinerons
l’impact de l’exploitation minière sur l’environnement dans une première partie et le cadre
juridique de la protection de l’environnement dans l’exploitation minière dans une deuxième
partie.
L’exploitation minière première ressource économique de la Guinée est une activité non
durable car exploitant des ressources non renouvelables. Cette activité aux impacts négatifs
énormes sur l’environnement et la société doit avoir un encadrement juridique impeccable
pour minimiser ses impacts et profiter à tous les acteurs impliqués.
C’est ce qui justifie le choix de commencer ce travail par l’indentification des différents
impacts sur l’environnement et la société afin de savoir comment faire face à ces problèmes

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par le Droit. Certes aucun acteur ne reste les bras croisés, l’état a mis en place un certain
nombre textes législatifs et réglementaires qui sont mises en œuvre tant par les institutions
Etatiques que non étatiques. C’est pourquoi dans la deuxième partie de ce travail, nous faisons
une analyse de ses textes ainsi que le rôle joué par chaque acteur afin de comprendre les
atouts et les faiblesses de cette législation pour une amélioration plus consistante donnant
enfin les avantages tant souhaités de l’exploitation minière en République de Guinée.
Notre démarche s’articulera autour de trois étapes successives : la recherche documentaire,
l’analyse et le choix de solutions.
La recherche documentaire aura pour but de dresser un inventaire relativement exhaustif du
point de vue normatif et doctrinal. Il sera question de collecter et d’intégrer les instruments
juridique, écologique, économique, administratif et politique régissant la protection de
l’environnement minier au Guinée.
Dans ces différentes sources généralement utilisées en recherche juridique, nous nous
limiterons à la documentation écrite. Mais nous procéderons également à l’exploitation des
rapports produits par les institutions minières et internationales. Nous utiliserons aussi les
nouvelles technologies de l’information et de la communication NTIC.

Première Partie : L’impact de l’exploitation minière sur la protection de


l’environnement en République de Guinée.

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L’industrie minière a des conséquences désastreuses sur l’environnement : déforestation,
ouverture de l’accès aux forêts, déplacement de quantités phénoménales de terre, pollution
des eaux et des sols par les produits chimiques utilisés pour l’extraction (cyanure, acide
sulfurique…) ou par des métaux lourds, réactions acides, résidus minéraux, poussières et
boues qui contaminent l’air, les sols et les cultures, émanations de gaz toxiques… Les effets
de la mine peuvent se prolonger bien après sa fermeture, d’autant que les exploitant se
contentent généralement d’un nettoyage du site à la fin de l‘exploitation et non d’une remise
en état comme le cas des mines de diamant de l’AREDOR à Kérouané.
Les impacts sociaux sont également graves : déplacements de population, perte des moyens
de subsistance (l’agriculture, la pêche ou l’élevage sont compromis par l’appropriation des
terres par les entreprises minières et la pollution des écosystèmes), problème d’accès à l’eau
(cette ressource étant massivement captée ou polluée par la mine), problèmes de santé dus aux
pollutions, augmentation de la prostitution et des maladies sexuellement transmissibles
(notamment du Sida) liées à l’arrivée massive de travailleurs migrants, etc. 6
Comme pour dire que l’exploitation minière à des impacts, que ce soit sur le milieu physique
et biologique (Chapitre I), ou sur le milieu humain (Chapitre II).

6
Les Amis de la Terre France, Banque Européenne d’investissement, Six ans de financement du pillage minier en
Afrique, Novembre 2007

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Chapitre I : L’impact de l’exploitation minière su le milieu physique et
biologique

Les industries extractives, que ce soit au niveau de l’extraction des minerais, de leur
transformation, ou de leur transport, génèrent des dommages environnementaux dont
l’ampleur est fonction d’une part de la substance exploitée et d’autre part du milieu naturel
préexistant, La pollution et la restriction de l’eau, la gestion de la fermeture, le bruit, la
poussière, et la perturbation du paysage sont des questions qui peuvent affecter la santé et la
vie du pauvre et des groupes vulnérables qui sont peu mobiles et sans moyen de combattre les
impacts négatifs. L’industrie minière est une activité de courte durée mais dont les effets
persistent longtemps. Personne ne doute que lorsqu’elle est effectuée dans des zones boisées
elle constitue un facteur de déprédation des forêts, des faunes ainsi que des ressources
génétiques.

Section 1 : L’impact de l’exploitation minière su le milieu physique

L’industrie minière a des conséquences désastreuses sur l’environnement physique : ouverture


de l’accès aux forêts, déplacement de quantités phénoménales de terre, pollution des eaux et
des sols par les produits chimiques utilisés pour l’extraction (cyanure, acide sulfurique…) ou
par des métaux lourds, réactions acides, résidus minéraux, poussières et boues qui
contaminent l’air, les sols et les cultures, émanations de gaz toxiques… Les effets de la mine
peuvent se prolonger bien après sa fermeture, d’autant que les exploitant se contentent
généralement d’un nettoyage du site à la fin de l‘exploitation et non d’une remise en état.

Paragraphe 1 : La dégradation du sol et de la terre

La perturbation des sols par les activités extractives a des effets marqués sur les ressources
pédologiques physiques, chimiques et biologiques.
L’extraction et le compactage physique dû au déplacement de véhicules peuvent perturber la
structure originale du sol, en particulier de la terre végétale, et causer des dommages aux
ressources biologiques, telles que les graines, qui y sont contenues. Les sols endommagés
n’assurent plus, de manière optimale, la circulation des gaz et des solutions dans le réseau de
pores. Le taux d’infiltration des eaux de pluie est diminué et la capacité de rétention de l’eau
réduite. L’eau qui reste en surface s’évapore en déposant des sels qui aggravent la salinisation
des sols. La découverte des couches protectrices de sol et de végétation expose les roches

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sous-jacentes et les couches internes et peut augmenter le risque d’érosion éolienne et
aquatique.
Dans les zones arides et semi-arides comme Boké, Kindia, Kérouané, Dinguiraye, Kiniéro et
Siguiri, les pentes sèches à la végétation éparse sont particulièrement vulnérables à l’érosion
durant la saison des pluies, lorsque les précipitations sont intenses7.
La sensibilité d’une roche particulière à l’érosion dépend de son type et de son origine ainsi
que des processus d’altération mécanique et chimique auxquels elle est soumise lorsqu’elle
est exposée.
Dans ces Régions, la rareté de l’eau ralentit généralement les effets de l’altération chimique.
L’expansion et la contraction thermiques diurnes, ainsi que le vent, sont des facteurs plus
importants. Le débit d’oueds éphémères et l’écoulement superficiel en nappe, qui résultent de
phénomènes de précipitations intenses, peuvent aussi provoquer des flux d’eau de surface à la
force physique énorme, en mesure de transporter de vastes charges de sédiments et de causer
une érosion massive. En général, les roches consolidées et les plus anciennes du point de vue
géologique résistent mieux à l’érosion physique.
Les gisements polymétalliques sulfurés et massifs peuvent produire des exhaures de
formations rocheuses acides. La libération d’autres métaux et contaminants comme le
cyanure dépendra de la géochimie spécifique et des conditions environnementales du
gisement et peut avoir des effets graves et persistants sur la végétation et les eaux souterraines
dans ces régions. Dans des conditions climatiques arides et semi-arides, caractérisées par de
longues périodes sèches entrecoupées de rares phénomènes de fortes précipitations, l’exhaure
de formation rocheuse acide peut ne pas apparaître avant un certain temps.
Les stériles salins et sodiques posent souvent un problème particulier dans ces régions où le
sel contenu dans la roche est d’origine atmosphérique ou interstitielle et ne peut être déduit
d’après la géologie. S’il est stocké avec les stériles, le sel peut être lessivé de certaines parties
du terrain et concentré dans d’autres. Bien que la salinité tende à augmenter avec la
profondeur dans le profil rocheux météorisé, en zone aride, les taux élevés d’évaporation
peuvent entraîner des taux élevés de salinité dans la croûte superficielle. Les niveaux de
salinité peuvent être compliqués par la structure des eaux souterraines. On peut utiliser des
échantillons de forage pour déterminer le niveau relatif de salinité avant exploitation et ainsi
mettre au point des séquences de stockage des morts terrains pour atténuer le plus possible la
quantité de sel proche de la surface.

7
Joachim Gratzfeld, Industries extractives dans les zones arides et semi-arides : Planification et gestion de
l’environnement, UICN, 2004.

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En plus de la zone affectée par l’excavation, la dégradation superficielle provoquée par
l’érosion et par l’ensablement qui s’ensuit (la sédimentation du lit des cours d’eau) est
aggravée par l’accumulation de résidus rocheux sans valeur économique (que l’on appelle
matière stérile), qui constituent souvent d’énormes montagnes, parfois plus vastes que la
superficie sacrifiée pour l’excavation.
Pour plus d’illustrations voyons ce qui ce passe dans les différentes sociétés minière en place :

1- SAG et SEMAFO pour l’exploitation industrielle de l’or


L'exploitation minière de l'or dans ces deux concessions concerne des minerais de faible
teneur. La teneur moyenne en or des minerais concassés est de 1,1 g d'or par tonne de minerai
à la SAG de Siguiri et de 3,3 g d'or par tonne de minerai à la mine de SEMAFO à Kiniéro. La
production de 10 tonnes d’or que la SAG a réalisée en 2007 a nécessité théoriquement le
transit par le concasseur de 1 000 000 tonnes (400 000 m 3) de minerai ; et pour 2 tonnes d’or
produits par la SEMAFO, il a fallu déplacer au moins 600 000 tonnes (230 000 m 3) de
minerai.
En réalité, cette exploitation minière induit le déplacement de quantités plus importantes de
masses de roches, qui doivent être dégagées pour donner accès à la zone porteuse du minerai
d’or. Il en résulte de gigantesques fosses d'excavation jonchées de terrasses sur plus d'un
kilomètre de longueur et plusieurs centaines de mètres de largeur. Les masses de roches
stériles déplacées sont stockées séparément pour être utilisées ultérieurement pendant les
opérations de remblayage s’il ya lieu. Aussi, le traitement du minerai génère des résidus
boueux qui sont déversés dans des bassins.
L’exploitation et le traitement du minerai aurifère influencent ainsi fortement l’environnement
de surface, tout en provoquant à des degrés divers, des dégâts environnementaux décrits
comme suivent:
- Cette exploitation minière à ciel ouvert éprouve le terrain jusqu’à une profondeur de
80 m et sur une échelle de l’ordre de 100 m au kilomètre;
- le déplacement de quantités énormes de substances rocheuses;
- la dépréciation de la nappe phréatique; conséquence immédiate de la position
subjacente du minerai par rapport à l'aquifère;
- des lacs de boue sur des hectares contenant les résidus toxiques résultant des activités
minières.

2- CBG et Sangarédi pour la bauxite

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4
L'exploitation de la bauxite en Basse Guinée, contrairement à celle de l'or en Haute Guinée,
occupe des surfaces de terrain beaucoup plus importantes. Les couches superficielles des
zones bauxitiques sont marquées en général par des cuirasses latéritiques de quelques mètres
d'épaisseur constituant les immenses plateaux. A Sangarédi, la bauxite est exploitée
actuellement sur 3 plateaux.
Au cours de l'exploitation de la bauxite, la fine couche de "sol végétal" est d'abord dégagée
pour être stockée à part. Cette couche servira plus tard dans la préparation du sol en vue de
son reboisement. La croûte latéritique sous-jacente de quelques mètres d'épaisseur ainsi que la
couche stérile en alumine, sont disloquées par dynamitage, transportées et stockées
séparément sous forme d'amoncellement. Le minerai de bauxite, en général de 8-12 mètres
d'épaisseur juste en dessous, est aussi abattu par dynamitage pour être collecté et transporté
par la suite.
La teneur en alumine de la bauxite de Sangarédi varie d’un plateau à l’autre. C’est pourquoi il
est mélangé pour obtenir une teneur homogène de 53% d'aluminium. Le transport s'effectue
par voie ferroviaire sur une distance de 135 Km jusqu'au port de Kamsar. De là sont partis en
2006, 13 millions de tonnes de bauxite.
L'exploitation de la bauxite touche annuellement une surface de 250 ha. En avril 2008 la
surface "béante" engendrée par l’activité minière était de 1 650 ha, dont 827 ha reboisés en
anacardiers, acacias et autres espèces locales sauvages.
Les plateaux latéritiques offraient un couvert végétal très réduit, et le sol végétal de quelques
centimètres d'épaisseur ne se prêtait point à une exploitation agricole. Cela qui explique de
facto la faible densité démographique à l'intérieur des immenses concessions bauxitiques et,
par conséquent, l'impact sur l'homme reste relativement négligeable. La relocalisation de
villages touchés par les activités minières n'est faite que dans des cas exceptionnels.
Cependant, des problèmes existent pour l'homme qui vit et pratique l'agriculture sur les
surfaces alluviales arables confinées dans les vallées entrecoupées par les plateaux
bauxitiques8.

3- Rio Tinto, Iron Ore (Chaîne de Simandou) pour le Fer


Rio Tinto Iron Ore (RTIO) effectue actuellement une série de travaux d’exploration et
d’évaluation avancés sur plusieurs cibles de minerai de fer de haute teneur reparti le long des
110 km de la Chaîne de Simandou, située dans la partie Sud-est de la Guinée. Le programme
le plus avancé concerne le Pic de Fon situé dans la zone Sud de la Chaîne, à environ 50 km au

8
Ibid

11
4
Sud-ouest de Beyla. Les résultats obtenus à date indiquent l’existence d’un gisement de
minerai de fer avec un potentiel d’exploitation d’une grande mine à ciel ouvert, sur plus de 50
ans. Les résultats des travaux effectués ont montré un potentiel de ressources géologiques in
situ d’à peu près 1 milliard de tonnes de minerai de fer de première qualité au Pic de Fon. Rio
Tinto a aussi repéré un potentiel des ressources additionnelles de qualité similaire à l’intérieur
de la concession au Nord de Pic de Fon à Ouéléba et au Sud.
En 2007 les activités de RTIO ont énormément augmenté. Il s'est agi notamment de l’étude de
faisabilité d’exploitation des minerais de fer dans la région de Pic de Fon et Ouéléba ainsi que
l’étude de faisabilité du ‘Trans-Guinéen’, qui va englober :
- le chemin de fer;
- la mise en fonction du transport du minerai;
- la construction et la mise en fonction d’un port minéralier en eau profonde à Matakan
dans la préfecture de Forécariah.
Le projet d'exploitation minière sur les domaines du Pic de Fon et d'Ouéléba va modifier
considérablement le paysage de la chaîne de Simandou à travers, l'opération à ciel ouvert, la
station d'embarquement du minerai et la voie ferrée. Cet impact est prévu, selon le niveau
actuel des connaissances, dans le domaine de la partie sud de la chaîne. Le minerai de fer de
faible teneur de la partie nord est pour l'instant du point de vue économique de faible
importance et pourrait conséquemment ne pas faire l'objet d'une exploitation.
La Chaîne de Simandou s’élève comme une ligne de crête de 600-800 mètres dominant la
plaine en contrebas. Elle s’élève jusqu'a 1 650 mètres et possède des versants abrupts entaillés
profondément par des réseaux de drainage. La végétation est constituée de savane herbeuse le
long de la crête et des pentes. Elle passe le long des flancs, particulièrement dans les profonds
réseaux de drainage en forêts primaires précieuses. La minéralisation ferrugineuse est
généralement concentrée le long de la crête herbeuse non peuplée9.

4- Pour l’exploitation artisanale


En Guinée comme ailleurs dans la sous région, l’impact des exploitations minières artisanales
sur l’environnement varie bien sûr en fonction des contextes géographiques, des substances
exploitées et des méthodes utilisées.
Dans les techniques de l’orpaillage et du diaminage traditionnel, les risques et les dangers
pour l'environnement physique se traduisent en général par des déboisements, la destruction

9
Ibid

11
4
du couvert végétal et des sols, la pollution des ressources en eau résultant souvent de l'usage
de produits chimiques dans les traitements de l’or.
Les cas de fortes concentrations de centaines, voire de milliers d’orpailleurs ou de diamineurs
sur le même site, s'accompagnent souvent d'une coupe abusive de bois pour faire face aux
besoins de mine, d'habitation et de chauffe. La destruction des végétaux se trouve renforcée
aussi par la recherche de pépites qui sont réputées se trouver surtout entre les racines de
certaines plantes. Il en résulte une dégradation des terres qui sont alors rendues impropres à
l'agriculture. Suite aux fréquents déplacements des mineurs vers d’autres sites plus riches, des
centaines de puits et d’ouvrages miniers sont parfois abandonnés, et offrent ainsi le sol au
ravinement et à des processus d’érosion intensive, aboutissant à une destruction totale du sol
superficiel. Ce déséquilibre peut provoquer un sur-alluvionnement des vallées et leur asphyxie
plus ou moins profonde. Ces processus sont quasiment irréversibles et peuvent devenir
catastrophiques à l’échelle de quelques générations.
Dans le cas des productions basées sur le traitement des minerais extraits par dragage, l’usage
de produits chimiques comme le mercure risquant de polluer les rares ressources en eau
demeure un danger permanent. Ce danger est d'autant plus grand que, souvent les utilisateurs
de dragues n’ont aucune formation pour contrôler ou éviter une éventuelle pollution des
nappes. En l’absence d’un encadrement et d’une sensibilisation des artisans mineurs sur les
concepts de la protection environnementale, les exploitations traditionnelles, conduisent très
souvent à une destruction écologique que l’on se doit de minimiser.
En résumé et de façon générale, les principaux problèmes environnementaux liés à la terre et
au sol imputables à la mine artisanale en Guinée sont les chantiers « orphelins » représentent
un réel danger pour la circulation des hommes et des animaux. Les anciens sites,
généralement abandonnés sans aucune protection, sont jalonnés d’excavations parfois très
profondes (jusqu’à 50 ou 60 m) souvent camouflées par les eaux stagnantes ou la végétation
secondaire10.

Paragraphe 2 : La pollution de l’eau et de l’air par l’exploitation minières

La Guinée a un potentiel hydrologique riche et diversifié qui, bien géré, peut largement servir
de support pour son développement et ses échanges à long terme avec les autres nations.

10
Seydou KEITA, Etude sur les mines artisanales et les exploitations minières à petite échelle au Mali, MMSD,
Août 2001.

11
4
Selon le Ministère de l’Hydraulique et de l’Energie (MHE), 82% des 245 850 km² qui
forment le territoire guinéen, sont drainés par 1161 cours d’eau dont l’ensemble constitue 23
bassins fluviaux avec 14 bassins internationaux. (Source: Barry 2005)
Pourtant lorsque, par l’exploitation minière, la structure du drainage est modifiée suite à des
changements dans les conditions pédologiques — perturbation de la végétation, compactage
dû à des déplacements de véhicules ou extraction et/ou accumulation de la terre végétale et du
sous-sol — on peut observer des changements hydrologiques et hydrogéologiques (aquifères
et régimes de recharge). Lorsque la mine devient opérationnelle, des changements à long
terme peuvent se produire, en particulier s’il est nécessaire de procéder à un drainage en
profondeur et à l’assèchement de la mine. Ce dernier tend, en outre, à accélérer le rythme
d’abaissement de la nappe phréatique dans la localité, en particulier si l’eau de la mine est
déversée dans un bassin hydrologique différent.
Les opérations minières nécessitent souvent d’importantes quantités d’eau qui servent à
supprimer la poussière, séparer le minerai et le traiter, ainsi que pour la consommation. En
conséquence, dans une région où les ressources en eau sont extrêmement limitées comme le
nord de la Guinée, la demande d’eau a fortement augmenté. Par ailleurs, l’installation de
nouvelles entreprises et industries de services contribue aussi à faire augmenter la demande
d’eau.
Dans certains cas, il faudra transporter l’eau par camion ou par conduite. Dans d’autres, il
faudra creuser des puits profonds pour exploiter les ressources souterraines. Tout cela
contribue à l’abaissement de la nappe phréatique. Autre cause d’appauvrissement de la
ressource, la demande induite, créée par les constructions autour du site, risque de persister
longtemps après la fin du projet.
La consommation d’eau augmente dans toutes les zones où opèrent des industries extractives
et le risque de pollution et de contamination des eaux de surface et souterraines augmente :
- Le pompage en vue d’assécher les mines peut donner lieu à un drainage minier acide
(DMA) et à une contamination aux métaux lourds. Dans certaines régions, cette eau
peut être salée ou hyper salée comme à Kamsar; en la libérant, on risque de
contaminer de vastes régions et de dégrader la végétation. Le drainage minier acide
finira par s’infiltrer dans les systèmes d’eaux de surface et souterraines.
- La migration des lixiviats provenant des parcs à résidus peut aussi gravement
contaminer les eaux de surface et souterraines. En cas d’orages violents et
d’inondations éclair, comme il y en a parfois dans les zones arides, les parcs à résidus

11
4
sont submergés ou rompus et libérer des eaux et des sédiments fortement contaminés
dans les cours d’eau.
- Les procédés d’extraction physique et chimique produisent des effluents qui peuvent à
la fois contaminer les cours d’eau et les charger en sédiments, en particulier après les
orages.
- Les techniques d’amalgamation utilisées dans l’orpaillage artisanal, qui comprennent
une phase finale de distillation, sont en général réalisées en cycle ouvert. Durant
l’opération, environ 40 % du mercure peuvent s’échapper dans la nature sous forme de
billes métal ou de vapeurs (deux grammes de mercure « s’évaporent » par gramme
d’or récupéré). Le mercure rejeté peut être ensuite drainé vers les cours d’eau et se
déposer dans les sédiments où il est transformé par action bactérienne en méthyle-
mercure, composé organique d’une grande bio disponibilité qui peut rentrer facilement
dans la chaîne alimentaire. Ainsi les expositions chroniques au produit ne touchent pas
seulement les utilisateurs directs qui inhalent les vapeurs, mais également plus
indirectement l’ensemble de la population qui évolue et trouve sa nourriture dans la
zone contaminée. L’étude de ce problème étant encore à ses débuts, nous ne disposons
pas encore de données fiables sur les impacts écologiques liés à l’utilisation du
mercure ou d’autres produits chimiques ;
- Durant les forages d’exploration, il existe un risque de déversement d’huiles et de
lubrifiants. Les conditions qui règnent à l’intérieur du trou de forage étant incertaines,
le forage exploratoire peut présenter des risques de déversements et d’éruptions
accidentels.
- Les déchets domestiques et les eaux usées provenant des logements du personnel et
des villes constituent un autre risque de pollution de l’eau.
Pour ce qui est de la pollution de l’air et des autres nuisances, les opérations des activités
extractives provoquent trois types principaux d’émissions : poussière et particules; gaz de
combustion et gaz à effet de serre; et émissions de gaz d’exploitation.
De loin, le problème plus généralisé provient de la grande quantité de matières particulaires
générées par presque toutes les opérations d’exploitation minière, notamment le dynamitage,
le terrassement, la concentration et le criblage.
Le vent peut aussi souffler les particules fines des bassins à stériles en train de s’assécher ainsi
que celles qui proviennent du forage et des activités de construction, notamment la
construction de routes d’accès. Les quantités de poussière libérées dépendent du type de
morts-terrains et de minerai.

11
4
Si la poussière se compose de particules relativement grandes, elle sédimente rapidement. En
revanche, des particules plus fines persistent dans l’air plus longtemps et peuvent causer des
problèmes respiratoires.
Le problème de la poussière est particulièrement aigu dans les zones bauxitiques de la Guinée
où il y a peu de précipitations naturelles pour humidifier la poussière. Les vents tendent à
maintenir la poussière dans l’air plus longtemps et à la transporter plus loin. Toutefois, les
impacts peuvent être moindres dans une zone plus humide comme en Guinée forestière où il y
a naturellement moins de particules dans l’air.
Les critères stricts de qualité de l’air qui conviennent en zone urbaine ne conviennent peut-
être pas dans une zone minière isolée. Il faut cependant prendre soin d’évaluer les impacts sur
les communautés situées en aval et sur les modes d’occupation des sols car des niveaux élevés
de particules portent préjudice à la santé et à la production agricole. Dans la plupart des cas, la
poussière est relativement inerte mais il se peut qu’elle contienne des éléments de traces
dangereuses tels que la soude caustique ou le cyanure. Des particules noires contenant du
carbone sont également libérées par la combustion du pétrole et du gaz par les machines.
Il y a aussi le cas des gay à effet de serre par l’utilisation de générateurs, de véhicules et autres
engins qui libèrent du NOx, du CO2, du monoxyde de carbone et des composés organiques
volatiles (COV); ces gaz peuvent réagir avec la lumière solaire et créer des conditions locales
de smog, mais ce risque est relativement limité car les quantités générées par des mines
isolées sont relativement faibles. Toutefois, compte tenu des liens entre les émissions de gaz à
effet de serre, les changements climatiques et la désertification, les compagnies minières
actives dans les zones minières Guinéennes devraient déployer des efforts particuliers pour
réduire les émissions.
Les gaz d’exploitation sont notamment :
- les émissions de dioxyde de soufre produites par l’usine d’alumine;
- les composés de carbone perfluoré de la l’usine d’alumine.
Ces gaz dangereux peuvent causer des dommages importants à l’environnement, en
particulier lorsqu’ils se mêlent à la pluie pour donner des précipitations acides.
Parmi les effets de l’industrie extractive sur l’air et l’environnement en général, le
changement climatique mérite une mention spéciale étant donné qu’il constitue l’un des
principaux problèmes d’environnement du XXIe siècle qui exige une attention urgente.
L’extraction minière et l’utilisation des combustibles fossiles contenant des hydrocarbures ont
des effets considérables sur le changement climatique. L’industrie extractive est et reste l’une

11
4
des activités qui consomme le plus de combustibles lourds pour la production d’électricité
produit d’importantes quantités de gaz à effet de serre.
L’un dans l’autre, l’industrie minière joue un rôle important dans le réchauffement planétaire.
Même si la Guinée, en tant que membre du « Groupe les pays Africains » ne contribuent pas
beaucoup au réchauffement de la planète, ils subissent de manière disproportionnée les effets
du changement climatique. Outre notre fragilité économique, notre situation géographique et
notre forte dépendance des produits de base issus des ressources naturelles pour notre
subsistance et le revenu national, nous rendent particulièrement vulnérables au changement
climatique11.

Section 2 : L’impact de l’exploitation minière sur le milieu biologique

La flore et la faune guinéenne sont très riches en raison même de la multitude des sites
écologiques répartis dans les quatre régions naturelles. On trouve en Guinée presque toute la
gamme de biomes propres à la zone subtropicale. 3077 espèces végétales et 3273 espèces
animales sont recensées et réparties dans les différents écosystèmes.
Cependant l’extraction minière de petite envergure et d’échelle industrielle posent toutes deux
des menaces sérieuses pour les forêts ombrophiles tropicales restantes dans les aires
prioritaires de Guinée, dont la plupart se trouvent sur des substrats riches en fer, diamants, or
et bauxite. L’extraction minière à grande échelle est un souci particulier dans les zones
montagneuses, telles que le Mont Nimba, où on trouve fréquemment du fer et de la bauxite
qui peuvent affecter gravement les systèmes d’eau douce et les bassins hydrographiques
régionaux.
L’extraction à petite échelle des diamants et de l’or présente des menaces pour la biodiversité
par l’intermédiaire des coupes de forêts et de la chasse au gibier qui l’accompagne.

Paragraphe 1 : L’exploitation minière et la dégradation de la forêt en Guinée

La forêt humide Guinéenne, qui englobe une grande partie des côtes de Guinée, Sierra Leone,
Libéria, Côte d’Ivoire et Ghana, certaines forêts continentales comme le Fouta‐Djalon en
Guinée et certains reliefs du Togo et du Bénin, est reconnue comme étant l’une des plus
importantes zones de biodiversité (« biodiversity hotspot») au plan mondial. Critical
Ecosystem Partnership Fund (CEPF) reconnait « qu’en termes d’étendue originelle, la Zone
Prioritaire de Forêt Guinéenne se place au cinquième rang parmi les 25 zones prioritaires
11
Rapport du Groupe d’études international sur les régimes miniers de l’Afrique, Les ressources minérales et le
développement de l’Afrique,Novembre 2011, p 51.

11
4
identifiées par Conservation International. Elle se place au quatrième rang si l’on tient compte
uniquement des zones encore intactes… ».12
A cela s’ajoutent les zones littorales (mangroves, estuaires, dunes côtières) et quelques zones
humides continentales comme la boucle du Niger.
Différentes études internationales ou nationales ont délimité des aires importantes pour la
biodiversité : une trentaine se situe dans la zone de forêt guinéenne 13, d’autres, plus rares, en
zone de savane ou en zone sahélienne. Indépendamment de leur statut juridique (protégées, en
projet de protection ou non protégées), ces aires ont été prises en compte pour estimer la
sensibilité de la zone par rapport à d’éventuels impacts miniers. Il s’agit d’une synthèse faite
entre les données du WWF, du projet WAMER (Programme Marin pour l’Afrique de
l’Ouest), de Wetlands international…
Dans ces zones, surtout celles arides du nord, les changements dans le couvert végétal que ce
soit pour défricher le site et permettre le déplacement de véhicules durant les activités
d’exploration ou pour un défrichement à grande échelle pour les opérations de production,
affectent le sol et peuvent conduire à une perte massive d’habitats et d’espèces.
La demande de bois de feu pour cuisiner et chauffer l’eau pour le personnel et les ouvriers de
mines isolées augmente et exerce de nouvelles pressions sur la végétation locale. En outre,
lorsqu’elles aménagent les sites de leurs bureaux et de leurs installations, les compagnies
minières tendent à introduire des plantes exotiques qui peuvent mettre en péril l’équilibre
écologique des écosystèmes arides et semi-arides compte tenu de leur caractère
potentiellement envahissant. En outre, si elles ne sont pas adaptées aux conditions arides, ces
plantes peuvent être grandes consommatrices d’eau.
En prenant la CBG en exemple, on sait qu’elle est installée à l’intérieur de l’écosystème
appelé « Forêt de haute Guinée »14 qui est l’un des 34 écosystèmes mondiaux les plus riches
sur le plan biologique mais aussi l’un des plus menacés 15 que se trouve Kamsar dans la zone
côtière guinéenne. Outre la mangrove, habitat aux services écosystémiques variés et de grande
importance, Kamsar avoisine trois aires protégées : Le Delta de Kapatchez, les Iles Tristao et
l’Ile Alkatraz. Toutes ces trois aires sont des zones humides classées internationalement en
vertu des engagements de la Guinée comme Pays- Partie de la Convention de Ramsar. Les
12
UICN, Evolution du secteur minier en Afrique de l’Ouest, Quel impact sur le secteur de la conservation,
UICN-PACO, 2011.
13
La diversité spécifique est clairement privilégiée dans ces approches. La forêt guinéenne est celle qui renferme
le plus grand nombre d’espèces ce qui la classe en première priorité pour la conservation. Les écosystèmes
pauvres en variétés d’espèce comme les zones sahariennes sont relégués en arrière plan, alors qu’ils peuvent
contenir des écosystèmes et des espèces très particulières.
14
Désignation réalisée par une étude de Conservation International
15
Mittermeier et al. 2005

11
4
Iles Tristao sont en plus, dans le cadre du PRCM 16, en train de devenir la première aire
maritime protégée de la Guinée.
Plusieurs études affirment qu’à certaines périodes de l’année ce sont plus d’un demi-million
d’oiseaux d’eau, en particulier des limicoles migrateurs qui sont présents dans ces zones. En
plus des oiseaux, ces zones hébergent de nombreuses espèces de poissons, d’invertébrés et de
vertébrés dont des espèces clés en danger, prioritaires en matière de conservation et de gestion
comme les dauphins, les lamantins, les tortues marines, les crocodiles et les chimpanzés.
En 2005, à la demande d’Alcoa et d’Alcan, une évaluation rapide de la diversité biologique de
Kamsar a été menée par Conservation International et Guinée Ecologie. Une équipe
comprenant 15 scientifiques avaient alors mené une évaluation des plantes, des reptiles et
amphibiens, des grands mammifères, des crustacés, des oiseaux, des primates, des fourmis,
des invertébrés. Cette évaluation a confirmé la présence d’une multitude d’espèces de flore et
de faune caractérisant la zone comme étant d’une biodiversité riche et remarquable.
L’analyse des données collectées avaient par ailleurs montré que même si la zone subissait de
nombreuses menaces anthropiques, il n’en demeure pas moins qu’elle abrite un habitat
important de mangrove côtière et des espèces de faune et de flore unique.
Le rapport de cette étude publié par Conservation International mentionne une diversité
biologique importante, mais menacée par de multiples facteurs dont les plus évidents seraient
l’exploitation minière, la chasse, l’exploitation forestière, les pratiques agricoles non durables.
D’où les recommandations figurant dans ce même rapport et qui sont issues d’un atelier de
planification faisant suite à l’évaluation environnementale et tenu à Conakry les 22 et 23 juin
2005.
L’exploitation artisanale présente les mêmes dangers que celle industrielle. A Siguiri par
exemple : l’orpaillage est accompagné d’une forte utilisation végétale. L’ensemble du
patrimoine forestier des zones exploitées subissent de fortes pressions anthropiques qui se
manifestent par un déboisement excessif pour des besoins de bois d’énergie, de bois de
service et de bois d’œuvre. En outre il faut noter la coupe à blanc étoc au niveau d’installation
des puits miniers et des laveries touchant le plus souvent des surfaces forestières d’une qualité
biologique très intéressante. Ceci se traduit par une réduction considérable de la surface
boisée, de la densité des espèces végétales et de l’abondance de certaines espèces. Il apparaît
une nette différence entre l’aspect du paysage jadis fermé, dense, luxuriant et une diversité
biologique remarquable et celui d’aujourd’hui caractérisé par une dégradation accrue 17.
16
Programme Régional de la Conservation de la Zone Côtière et Marine
17
A.I.P. DIALLO, Fatou Wade et Sandaly Kourouma, Effets de l’exploitation artisanale de l’or sur les
ressources forestières à Siguiri République de Guinée. (sans date).

11
4
En plus ces orpailleurs exploitent aussi bien en alluvionnaire (dans les cours d’eau) qu’en
roche (filons de quartz) et utilisent assez fréquemment mercure et même cyanure pour
récupérer l’or. Les essais de maitrise de ces activités dites informelles ont eu peu de succès.
Le fait est que ces orpailleurs se trouvent dans des zones écologiquement fragiles aggrave
l’impact. Même si les volumes extraits sont minimes en comparaison des mines industrielles,
le nombre de personnes travaillant sur ces sites, l’absence d’équipements techniques,
l’absence de planification des travaux ont des conséquences importantes sur l’environnement
en général: érosion des sols, déforestation, perte d’habitat pour la faune, turbidité des eaux,
pollutions chimiques.
D’après l’UICN dans « Evolution de l’exploitation minière en Afrique de l’Ouest : quel
impact sur le secteur de la conservation ? », beaucoup d’aires protégées de la Guinée sont
menaces par l’exploitation minière. Les plus menacées sont entre autres :
- l’exploitation d’or signalée pour le parc du Haut Niger est la mine de Kinièro,
exploitée par la société SEMAFO et située à plus de 20 km des limites du parc.
- l’aire protégée du Rio Kogon, (aire protégées en cours de constitution) inclut
différents indices de fer et de bauxite identifiés depuis longtemps, que ce soit en
Guinée ou en Guinée Bissau.
- L’aire protégée bafing falémé (en cours de création) qui englobe plus de 200 indices
d’or et plusieurs gisements en exploitation (Léro, Fayalala) ;
- L’aire protégée de Kankan, dans laquelle 2 indices d’or sont répertoriés, mais a priori
sans grand intérêt économique et hors des zones aurifères connues. Il peut cependant y
avoir présence d’orpailleurs ;
- L’aire protégée du haut Niger, bordée à l’est par une série d’indices aurifères
susceptibles un jour de devenir des mines, comme Kiniéro ;
- Manden Wula, situé dans le district de Siguiri, dont l’or est connu depuis des siècles ;
- L’aire protégée de l’Aïr‐Ténéré : les indices connus d’Uranium (cité dans le
RAPPAM) sont situés à une centaine de kilomètres de l’aire protégée.
- Mais aussi et surtout la réserve des Mont Nimba faisant actuellement l’objet de
plusieurs explorations minières importantes.
Finissons ce paragraphe par le cas des monts Nimba. Les Monts Nimba sont en théorie
intégralement protégés mais un gisement a été exploité coté Libéria, avec une voie ferrée
reliant les Monts Nimba au port minéralier de Buchanan et coté Guinée, une zone très
minéralisée a été déclassée du site du Patrimoine Mondial pour pouvoir faire l’objet de
recherches minières.

11
4
Etant donné l’instabilité économique et politique du Libéria, la Guinée prévoit la construction
d’une voie ferrée de plus de 1000 km reliant les Monts Nimba au port minéralier de Kamsar.
Le projet de tracé passerait en bordure de la réserve naturelle intégrale de massif du Ziama.
Depuis plus de 20 ans, l’exploitation en Guinée du fer des Monts Nimba oppose les
défenseurs de l’environnement et les promoteurs miniers : d’un coté un écosystème
montagneux unique abritant des espèces inconnues ailleurs (notamment le crapeau vivipare
Nimbaphrynoides occidentalis, mais aussi le micropotamogale de Lamotte Micropotamogale
lamottei, également endémique des Monts Nimba) et ayant de part son altitude une influence
climatique régionale et de l’autre un projet de plusieurs milliards de dollars (la voie ferrée et
le port en eau profonde de Conakry étaient estimés en 2008 à 4 Milliards de $US auxquels il
faut ajouter plusieurs centaines de millions pour le développement de la mine elle‐même), des
dizaines de milliers d’emplois et des royalties garanties pour une vingtaine d’années. Le
projet s’est jusqu’à aujourd’hui heurté au coût élevé des investissements mais si les métaux se
maintiennent au cours actuel, ce projet d’exploitation (Rio Tinto Simandou) pourrait voir le
jour très prochainement18.

Paragraphe 2 : L’exploitation minière et la destruction de la faune en Guinée

La dégradation des habitats fauniques, considérée comme la cause principale de la perte de


biodiversité, loin devant la surexploitation des ressources, ne se limite pas à la déforestation
mais concerne également les eaux douces et peut concerner aussi les espaces marins. Les
facteurs de modification et dégradation des habitats sont nombreux et variés.
L’exploitation minière dans ses différentes composantes constitue l’un des plus importants
facteurs de modification et de dégradation des écosystèmes en Guinée.
En Guinée la Monographie nationale (1997), fait état de 3273 espèces fauniques avec une
nette prédominance des insectes (1.117 espèces). Viennent ensuite les amphibiens (76
espèces), les reptiles (140 espèces), les oiseaux (518 espèces) et les mammifères (260
espèces)19.
A cause d’une part de son étendue, et d’autre part des différences de caractéristiques des
différentes régions naturelles, on y retrouve une faune riche et variée. Dans la savane de la
haute Guinée on rencontre encore des espèces mammaliennes. L’écosystème Guinéen
héberge la plupart des grands mammifères : éléphant ; hippopotame ; girafe ; buffle ; antilopes

18
UICN, Evolution du secteur minier en Afrique de l’Ouest, Quel impact sur le secteur de la conservation,
UICN-PACO, 2011.
19
Stratégie Nationale de Gestion des Eléphants en République de Guinée pour 2007 – 2016. p14

11
4
; céphalophes ; phacochères ; potamochères ; singes ; lion ; lycaon ; hyène ; léopard ;
rongeurs. Cet écosystème abrite une avifaune également riche. Il faut remarquer que, bien que
très riche, la faune est inégalement repartie. Comme à l’accoutumée, les insectes et les reptiles
demeurent mal connus. On peut tout de même citer les crocodiles, le python ainsi que les
tortues.
Malheureusement l’installation progressive des industries extractives dans les différents
habitats dont les aires protégées, entraine l’accroissement du braconnage et la migration
continue et accélérée des différentes espèces, la menace sur cette biodiversité reste
aujourd’hui l’une des plus importantes au monde.
La mine de Sangarédi (CBG) par exemple dans la forêt de Haute-Guinée, se trouve dans l’un
des écosystèmes les plus riches biologiquement, mais les plus menacés, du monde. Les
récentes évaluations biologiques de la zone entourant la mine de bauxite et l’installation de
traitement de l’alumine envisagée ont recensé 5 espèces de reptiles, 17 espèces d’amphibiens,
140 espèces d’oiseaux, 16 espèces de mammifères et de nombreuses espèces de primates,
notamment le chimpanzé d’Afrique de l’Ouest et le colobe rouge. La mine de Sangarédi est la
plus grande et la plus rentable de Guinée. Un projet de raffinerie d’alumine, à environ 25
kilomètres de la mine, devrait attirer un investissement de 3 000 millions de dollars É.-U.,
créer des milliers d’emplois et développer l’infrastructure. Le consortium chargé de construire
cette raffinerie travaille avec Conservation Internationale pour prendre en compte les aspects
écologiques lors de l’élaboration des plans. Une évaluation biologique de la zone a été
effectuée dans le cadre de ce processus.
Les mines de bauxite et les raffineries d’alumine sont en général la cause de graves problèmes
écologiques. Le minerai de bauxite est extrait dans des puits à ciel ouvert, ce qui nécessite la
suppression de la végétation et de la couche arable. La mine de Sangarédi est un grand puits à
ciel ouvert d’environ 20 kilomètres de long d’un bout à l’autre. Le raffinage de l’alumine
produit une « boue rouge » hautement caustique qui a des effets nocifs sur la qualité des eaux
superficielles et souterraines. Outre les effets directs sur l’environnement, l’accroissement de
la population et le développement de l’infrastructure en relation avec la mine exerceront
probablement une énorme pression sur cette zone « écologiquement sensible »20.
En outre, dans les zones minières les armes à feu utilisées pour la chasse sportive et
commerciale foisonnent et ce type de chasse détruit un grand nombre de mammifères et
d’oiseaux.

20
UICN, Evolution du secteur minier en Afrique de l’Ouest, Quel impact sur le secteur de la conservation,
UICN-PACO, 2011.

11
4
La nécessité de se procurer une alimentation riche en protéines et se faire des revenus
économiques amène la population à prélever constamment dans la réserve faunique naturelle
terrestre et/ou aquatique. À cette fin, la chasse (battue, affût, pièges, feu) utilisée pour traquer
les animaux, la capture et le commerce d'oiseaux, la pêche (utilisation de plantes ichtyo
toxiques et d’engins inappropriés, assèchement des cours d’eaux), constituent les principaux
moyens de prélèvement dont les conséquences néfastes sur la faune sont importantes.
Toute fois de nombreux groupes sociaux ont bénéficié de la conversion des écosystèmes
naturels suite à l’exploitation des ressources minières. Toutefois, ces bénéfices ont été réalisés
à des coûts de plus en plus élevés, sous forme d'appauvrissement de la diversité biologique, de
dégradation de nombreux services fournis par les écosystèmes et d'aggravement de la
pauvreté de certains groupes sociaux.

Chapitre II : L’impact de l’exploitation minière sur le milieu Humain

Si l’on doit attendre les bienfaits de l’exploitation minière c’est bien et surtout sur le plan
humain. Malheureusement là encore les problèmes abondent de toutes parts tel que :
l’appropriation des terres des communautés locales, les impacts sur la santé, la modification
des rapports sociaux, la destruction des moyens de subsistance et des modes de vie des
populations, la désagrégation sociale, les changements brusques et radicaux dans les cultures

11
4
régionales, le déplacement d’autres activités économiques locales, actuelles ou futures. Sans
compter les conditions de travail, dangereuses et insalubres, de ce genre d’activité.
Ainsi pour mieux cerner ces problèmes humains, nous examinerons les problèmes liés à la
pauvreté (section 1) et particulièrement les problèmes de santé et de sécurité des mines
(section 2)

Section 1 : L’exploitation minière et la problématique de la pauvreté en République de


Guinée

Le poids du secteur minier dans le développement économique peut être analysé d’une part au
niveau national à travers les ressources mobilisées par l’Etat et injectées dans le
développement (Paragraphe 1) et d’autre part à partir des ressources fiscales locales et
philanthropiques mobilisées et investies dans le développement communautaire (Paragraphe
2).

Paragraphe 1 : L’exploitation minière et le développement national En République de


Guinée

Selon les estimations de septembre 2005 de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la


Guinée contribuerait à environ 40 % du commerce international de la bauxite et comblerait
également 40 % de la demande en bauxite des États Unis 21. La production nationale s’est
maintenue à approximativement 17 millions de tonnes pendant près de 10 ans, ayant connu
une légère baisse à 16 millions de tonnes en 2004, puis une hausse jusqu’à environ 19
millions de tonnes en 2005 et en 2006. En 2004, la valeur totale des exportations s’élevait à
743,2 millions de dollars américains, et la part du secteur minier s’élevait à 666,9 millions de
dollars américains22. Des exportations minières, la bauxite et l’alumine représentaient 455,4
millions de dollars américains, ce qui implique que ces minerais constituaient plus de 60 % de
la valeur de l’ensemble des exportations du pays, tous secteurs confondus.
Cependant, bien que ces données témoignent de la richesse potentielle du pays ainsi que de sa
forte intégration aux marchés mondiaux, un regard sur les retombées du secteur minier sur
l’économie de la Guinée semble paradoxalement dresser un tout autre portait.
Selon les données du Fonds monétaire international (FMI), en 2004, la contribution du secteur
minier aux exportations totales de la Guinée s’élevait à 92,3 % et était répartie ainsi :

21
OMC, 2005a, p. 66 cité par Bonnie Campbell, Ressources minières en Afrique : Quelle Règlementation pour
le Développement, Presse de l’Université du Québec, 2010, p67 et suiv.
22
Fonds monétaire international [FMI], 2006c, p. 64 cité par ibid

11
4
 Bauxite : 40,5 % ;
 Alumine : 22,6 % ;
 Diamants : 6,7 % ;
 Or : 22,6 %23.
La décroissance des recettes minières du pays, dont les secteurs de la bauxite et de l’alumine
représentent la plus importante part, a été particulièrement prononcée au cours des dernières
années. La contribution du secteur minier aux revenus du gouvernement central est en effet
passée de 73,7 % en 19863, à 26 % en 1996 24 et à 18,27 % en 2004. Les projections du FMI
prévoyaient une autre diminution à 14,8 % pour 200725. En 2006, le FMI a révisé à la hausse
les données pour 2005-2008 :
 2005 : 24,3 % ;
 2006 : 27,57 % ;
 2007 : 26,69 % ;
 2008 : 29,48 %.
Plus de dix ans après l’adoption des réformes visant la libéralisation du secteur minier, il a été
admis que « toutes les réformes opérées dans le secteur, malgré leur pertinence, n’ont pas
permis d’obtenir les impacts positifs escomptés sur l’économie nationale » 26. Le paradoxe du
déclin dans la contribution des recettes fiscales est encore plus frappant quand on voit la
stabilité relative des données de production de bauxite couvrant cette période.
Ces tendances revêtent une importance particulière, car le pays dépend de ce secteur de
premier plan pour satisfaire les critères de performance des institutions financières
multilatérales et, plus fondamentalement, pour permettre la restructuration et la diversification
de son économie dans l’optique de stimuler la croissance et de contribuer à la réduction de la
pauvreté.
Dans le cas de la Guinée, les nouvelles mesures de libéralisation économique introduites
depuis 1985 ont eu des résultats très mitigés et, par conséquent, ont été ponctuées de
nombreuses interruptions de financement externe pour des raisons de non-respect des critères
de performance proposés par les institutions financières multilatérales au cours des années
1980 et 1990. Cette situation s’est d’ailleurs répétée en 2002, quand le FMI a provisoirement

23
FMI, 2006c, p. 48 cité par ibid
24
Cadre intégré pour l’assistance technique liée au commerce en faveur des pays les moins avancés [CI], 2003b,
p. 3 cité par ibid
25
FMI, 2004a, p. 29 cité par ibid
26
OMC, 2005b, p. 9 cité par ibid

11
4
interrompu l’appui de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC)
de la Guinée27.
Les raisons permettant d’expliquer ces résultats décevants pour la restructuration économique
et le développement constituent évidemment un sujet des plus complexes. Une analyse
approfondie de cette question implique la prise en compte de l’interaction entre plusieurs
facteurs historiques, administratifs, politiques et économiques, qui sont à la fois internes et
externes à la Guinée28.
En moyenne, les recettes minières ont représenté 21,94% des recettes globales de l’Etat sur
les 10 dernières années. Les recettes minières ont été maintenues à un niveau acceptable entre
2000 et 2001 (moyenne de 24%). Entre 2002 et 2004, le niveau s’est fortement détérioré pour
se retrouver à un plancher de 14,04% en 2003. Par la suite le taux s’est fortement amélioré et
c’est ce qui s’est traduit par un pic de 27,97% en 2006 et il s’en est suivi une tendance à la
baisse jusqu’en 200929.
Il apparaît clairement que l’Etat n’a pu profiter entièrement des avantages financiers du
secteur minier en raison de la nature des accords conclus avec les sociétés minières. Les
recettes fiscales générées par le secteur ont sensiblement diminué durant les trois premières
années de la décennie alors qu’elles étaient de l’ordre de 40% dans les années 90. Ce déclin
est la résultante de l’allègement de la taxation du secteur minier après l’adoption du code
minier de 1995 dont l’objet était de libéraliser le secteur. Ainsi, le niveau d’imposition et de
réglementation a été déterminé par une approche cas par cas avec ce code. Le code minier de
1995 n’était utilisé que comme une référence. Toutes les conventions qui ont été négociées
dans la décennie 2000 ont été réalisées sur une base ad hoc souvent avec des acteurs pas
toujours imprégnés du secteur. En outre, dans certains cas les régimes d’imposition ont
changé considérablement sur une base provisoire ou ad hoc, alors que les conventions
existantes étaient en vigueur. La résultante de ces pratiques est que les conditions
d’imposition n’ont jamais été les mêmes pour les sociétés minières. Des changements
généralement négociés dans des conditions non transparentes se sont toujours produits.
La conséquence de ces pratiques a été et est, pour le moment, la non-conformité des revenus
tirés de l’industrie minière guinéenne aux standards internationalement acceptés. En effet, le
taux moyen des recettes de l’Etat par rapport aux exportations minières sur les 10 dernières

27
Bonnie Campbell, Ressources minières en Afrique : Quelle Règlementation pour le Développement, Presse de
l’Université du Québec, 2010, p.71.
28
Pour une analyse intéressante à ce sujet, voir Clapp (1994, p. 307-329). Cité par ibid
29
M. Ch. Diallo, Ah. Tall L. Traoré, Les enjeux de la Gouvernance du secteur minier enGuinée, Mars 2011, p.
49.

11
4
années est de 12,47%. Les revenus miniers représentent 21,94% des revenus globaux de
l’Etat, en dessus du taux des mines par rapport au PIB (5,2%). De manière notoire ces taux
cachent une performance faible et une décroissance de la capacité de taxation de l’Etat 30.
Parmi les six sociétés minières actuellement en activité en Guinée, une seule la CBG, avec
une participation étatique de 49%, paie environ 85% du total des revenus miniers que l’Etat
perçoit. Les autres sociétés versent des impôts et taxes qui représentent en moyenne entre 3 et
5% de leurs ventes brutes. Cette situation constitue un problème réel et résulte d’une
mauvaise gestion du secteur qui a prévalu durant les 10 dernières années. Ainsi, les revenus
sont largement en deçà de la moyenne internationale de 15%.
Certaines sociétés minières sont soupçonnées de manipulations comptables pour dissimuler
leurs bénéfices réels. Ces faits sont souvent combinés avec le transfert injuste de prix qui est
souvent pratiqué dans la chaine de valeur de la bauxite. Car, les groupes miniers qui opèrent
dans ce secteur sont aussi les leaders mondiaux dans la chaine bauxite-alumine-aluminium.
Ainsi, ils transfèrent des coûts entre les éléments de la chaine de valeur et font apparaître des
profits là, où la fiscalité est plus souple. Pour le moment l’Etat guinéen ne dispose pas des
ressources humaines nécessaires pour lui permettre de maîtriser les coûts de production réels
des sociétés minières et de déceler ainsi ces pratiques. Les solutions doivent comporter la
relecture du code minier, la mise en place de la réglementation requise et le renforcement des
capacités du MEF et du MMG pour qu’ils jouent efficacement leurs rôles autant lors des
négociations que lors du contrôle et du suivi des opérations.
Par l’intermédiaire des recettes budgétaires de l’Etat, le secteur minier assure l’équivalent de
15,88% des dépenses pro-pauvres (santé, éducation, eau potable, développement des
infrastructures et autres secteurs prioritaires). Ce niveau des dépenses est largement en deçà
des standards de la sous-région de 40%31.
L’exploitation artisanale n’est pas en marge de la contribution au développement de
l’économie nationale. Selon des enquêtes de CECIDE dans le cadre de l’application du
processus de Kimberley, plus de 100 000 personnes vivent directement ou indirectement de
l’activité d’exploitation et de commercialisation du diamant en Guinée. En effet, en plus de
l’activité d’exploitation proprement dite, il existe certaines activités liées aux travaux de
production du diamant (artisanat : confection des outils de travail, mécanique….) permettant
de générer des revenus;

30
Ibid p. 50
31
Ibid p. 50

11
4
L’exploitation et la commercialisation du diamant procure à l’Etat au titre des redevances et
de taxes divers plus de 2 000 000 USD par an.
Les données statistiques du Ministère des mines montrent l’artisanat minier Guinéen occupe
plus de 100 000 personnes dans les travaux d’extraction de l’or et du diamant. La production
de l’or a atteint six (6) tonnes en 1997 et a rapporté 50 millions de dollars USD ; le diamant
produit entre 1996 et 1999 est de 2 millions de carats qui ont donné une valeur de 232
millions de dollars USD32.
C’est dire que ce secteur mérite d’être suivi et maîtrisé dans le cadre de la stratégie nationale
de réduction de la pauvreté initiée par le Gouvernement Guinéen.
Quito de l’impact des mines sur le développement communautaire ?

Paragraphe 2 : l’exploitation minière et le développement communautaire en


République de Guinée

Avant d’analyser les interventions des différents acteurs dans le développement


communautaire au niveau des zones minières, il est important de se pencher sur l’existence
d’une stratégie nationale.
Actuellement la seule stratégie nationale de développement communautaire qui est considérée
comme une politique nationale est l’approche développée par le Programme d’Appui au
Communautés Villageoises (PACV). Elle est orientée sur le déroulement d’un processus de
planification participative qui permet à la communauté d’élaborer son Plan de Développement
Local (PDL) et un Plan d’Investissement Annuel (PIA) dont la mise en œuvre relève
exclusivement de la responsabilité du Conseil Communal. L’aspect le plus important pour
cette approche est l’apprentissage de la maîtrise d’ouvrage et de la maitrise d’œuvre exercée
par les structures communales et les liens de redevabilité entre ces structures et les
communautés locales. Cette approche a été mise en œuvre par le PACV lors de la phase pilote
et durant les deux phases de mise en œuvre (PACV 1 et 2), et les résultats ont été assez
éloquents.
Lors de la conception de la deuxième phase du PACV, des réflexions assez poussées ont été
entamées quant à la possibilité de mettre en place un deuxième guichet pour financer les
activités économiques locales dont les porteurs sont les acteurs dynamiques économiques
privées (activités agropastorales, petites transformations, autres activités génératrices de
revenus etc.). Cette ouverture du PACV à la prise en charge du développement économique

32
F. Diaby et A. Touré, Séminaire sur les mines artisanales et les mines à petite échelle en Afrique, Yaoundé
2002, p.86

11
4
local a nécessité la révision du schéma institutionnel avec l’introduction des départements
ministériels en charge des activités agropastorales à travers leurs démembrements au niveau
régional et préfectoral en vue d’appuyer et d’accompagner la demande du guichet productif
émanant essentiellement des organisations agropastorales. La complexité de la mise en œuvre
de ce nouveau mécanisme, utilisant les structures de gestion de la commune, a amené le
gouvernement et les principaux bailleurs de fonds à abandonner cette ouverture du
Programme aux activités économiques.
La même problématique de promotion d’un développement durable se pose avec acuité au
niveau des zones minières. Même s’il reste évident que les besoins en infrastructures
sociocommunautaires (écoles, postes et centres de santé) restent assez importants, la présence
de la société minière s’accompagne avec l’apparition d’autres besoins (aménagement et
développement urbain, gestion de l’environnement, création d’emplois, développement de
petites et moyennes entreprises locales pour répondre à des sollicitations de la société minière,
développement des activités agropastorales pour répondre aux besoins de consommation
urbaine, fermeture de mines etc.). C’est dans ce cadre que le MMG, en partenariat avec la
Chambre des Mines de Guinée (CMG) a été appuyé par la Banque Mondiale à travers
l’utilisation des fonds CommDev pour réaliser une étude portant sur « le Cadre de
Développement Communautaire pour le Secteur Minier en Guinée ». Cette étude a abouti à la
proposition d’une approche qui se décompose en cinq phases :
 Des études référentielles de base favorisant une meilleure connaissance du contexte,
 Un plan d’engagement multipartenaire décrivant les contraintes, les actions à
entreprendre et les engagements de tous les partenaires,
 Une évaluation de l’impact environnemental et social qui permet d’établir les impacts
positifs et négatifs sur les communautés et de préparer un plan de gestion de ces
impacts,
 Un plan d’action de réinstallation des communautés, et
 Un plan de développement communautaire qui est la synthèse des différentes phases.
A notre avis, la problématique du développement communautaire des zones minières doit être
une préoccupation du MMG et du Ministère chargé de la décentralisation. Il ne s’agit pas de
créer une direction spécifique qui risque d’être plombée par des entraves bureaucratiques.
La structure idéale serait de créer une Cellule de Coordination d’un Comité Consultatif
rattachée au Secrétariat Général du MMG, dont la mission se limite à servir de Secrétariat au

11
4
Comité en charge du développement économique des zones minières. Ce comité aura la
charge, entre autres, de :
 Réfléchir sur une stratégie nationale de développement des zones minières en se
basant sur les stratégies nationales et sectorielles ;
 Promouvoir la mise en œuvre de la stratégie lors de la phase développement d’un
projet minier ;
 Promouvoir les approches PPP pour le développement des zones minières ;
 Appuyer la mise en œuvre des projets de développement des zones minières ;
 Renforcer les capacités des structures déconcentrées de l’Etat dans les zones minières
pour un meilleur suivi de la mise en œuvre des projets de développement dans les
zones minières ;
 Assurer le suivi et l’évaluation des projets de développement des zones minières ;
 Capitaliser les différentes expériences en vue d’améliorer de façon permanente la
stratégie.
Pour réaliser ces différentes activités, le comité sera présidé par le Secrétaire Général du
MMG et sera composé de la CMG, des directeurs nationaux des structures du MMG qui sont
impliquées dans cette problématique (DNM et le CPDM), de la Direction Nationale de la
Décentralisation (DND), de la Direction Nationale du Développement Local (DNDL), de la
Direction Nationale de l’Environnement (DNE), de la Direction Nationale de l’Urbanisme
(DNU) et de la Direction Nationale du Budget (DNB).
La base de réflexion pour la stratégie et l’approche de développement communautaire sera
celle du PACV. La mission du Comité sera de l’adapter aux besoins spécifiques des zones,
notamment dans les domaines suivants : aménagement et développement urbain, gestion de
l’environnement, création d’emploi, développement de petites et moyennes entreprises (PME)
locales pour répondre à des sollicitations de la société minière, développement des activités
agropastorales pour répondre aux besoins de consommation urbaine et fermeture de mines. Ce
qui implique que l’approche en matière de formulation de la demande sera de type participatif
et le PDL sera aussi l’outil de planification pour la mise en œuvre des activités.
Cela nécessite aussi qu’en plus des approches participatives classiques, des approches
thématiques visant l’identification des besoins spécifiques soient réalisées pour permettre à la
collectivité de disposer d’un PDL global.

11
4
Les ONG internationales et locales qui disposent de réelles capacités dans la mise en œuvre
des projets et programmes de développement communautaire seront sollicitées pour la
maîtrise d’œuvre et la réalisation des activités.
Par ailleurs, à défaut d’une stratégie nationale de développement des zones minières, les
sociétés et les acteurs locaux ont développé des approches assez variées pour appuyer le
développement de leurs zones d’intervention. Trois types d’interventions ont été recensés : les
interventions par le biais de l’administration locale, les approches projets et les interventions
directes qui sont proches du philanthropisme.
Interventions par le biais de l’administration locale
Cette approche consistait à verser chaque année un montant déterminé à la structure
administrative qui assure la tutelle (région ou préfecture) sur une base contractuelle
(convention minière) ou sur la base d’une entente entre la société minière et l’Etat. Cette
structure est chargée de répartir ce montant aux autres collectivités territoriales (préfectures et
CRD) suivant des clefs de répartition qui ne répondent pas nécessairement à une logique
prédéfinie.
C’est cette situation qui a prévalu dans la préfecture de Boké avec la CBG de 1987 à 1998 et
dans les deux sites miniers gérés par Rusal (Rusal / Friguia à Fria et Rusal / Débélé à
Kindia)33.
Cette approche est actuellement dénoncée par les organisations de la société civile et les
collectivités locales des zones d’intervention. Car, ceux-ci ne disposent d’aucune information
sur les critères qui permettent de fixer les montants (Fria et Kindia) et sur les critères de
répartition des montants entre l’administration préfectorale et les collectivités locales. Or, ces
dernières sont les plus touchées par les effets négatifs des activités minières. C’est aussi le cas
de la CRD de Sangarédi qui reçoit moins de 17,5% des 200 millions GNF versés chaque
année par la CBG, alors que toutes les activités d’extraction se déroulent sur son sol.
A Fria et Kindia, cette forme de gestion de la contribution au développement local sur
laquelle l’Etat a une grande responsabilité a toujours entrainé une frustration des
communautés et conduit souvent aux blocages des carrières d’extraction ou à des

33
Sur instructions du Ministre des Ressources Naturelles et de l’Environnement (lettre N° 2155/CAB/MRNE en
date du 23/10/1991), cette procédure a évolué. Il a été demandé à la CBG de régler les factures présentées par les
prestataires des infrastructures réalisées sur demande de l’administration locale. Au niveau de Rusal / Débélé, la
situation est un peu confuse, car, l’annexe C de la convention qui stipule que 0,1 USD/tonne extraite doit être
alloué aux communautés locales comme contribution au développement local n’a jamais été ratifié par
l’Assemblée Nationale.

11
4
soulèvements comme ce fut le cas, en 2009, de la mine de Débélé et qui s’est soldé par des
pertes en vies humaines34.
Approches projets
Dans le but de prévenir une situation conflictuelle qui risque de porter atteinte aux activités
des sociétés minières, des projets de développement communautaire ont été initiés au niveau
de quatre sites miniers :
 A Siguiri avec la SAG,
 Dans la préfecture de Boké avec Rio Tinto / Alcan et l’AFD pour un projet de
construction d’une usine d’alumine,
 A Beyla avec Simfer (Rio Tinto) et
 A Kouroussa avec la SEMAFO.
Ces projets ont utilisé l’approche participative dans le processus d’identification des actions à
réaliser. La différence entre ces quatre se situe au niveau de l’ancrage institutionnel pour la
mise en œuvre des actions. Dans le projet Rio Tinto / Alcan avec AFD qui intervient au
niveau des trois CRD de Kolaboui, Kamsar et Sangarédi, c’est l’approche PACV qui est mise
en œuvre. La maîtrise d’ouvrage pour la réalisation des activités est assurée par la CRD qui
utilise son Fonds d’Investissement Local (FIL) alimenté par elle-même (quote-part de la
CRD) et les bailleurs fonds (Rio Tinto, Alcan et l’AFD) avec l’appui technique du CECI en
qualité de maîtrise d’œuvre. Il en est de même au niveau de la SEMAFO qui verse la
contribution locale au développement local au Programme de Développement Local en
Guinée (programme du PNUD / FENU) qui utilise la même approche que le PACV.
A Siguiri et Beyla, les sociétés minières utilisent une approche plus ou moins similaire. Il
s’agit de s’appuyer sur des comités locaux de développement pour la sélection des projets
devant être financés par les fonds affectés au développement communautaire. A Siguiri, la
SAG et les autres acteurs locaux se sont basés sur une structure légale prévue par les textes
sur la décentralisation : le Comité Préfectoral de Développement (CPD), présidé par le Préfet
et composé des Présidents des CRD et le Maire de la CU, des responsables des structures
déconcentrées de l’Administration, des représentants de la société minière et des représentants
de la société civile locale. Au niveau de Beyla, le Comité est composé uniquement des
Présidents des CRD, des représentants de la société civile et ceux de la société minière. Sur le
plan financier, les ressources sont gérées par la société minière dans les deux sites et les
décaissements sont faits sur présentation de factures de prestations accompagnées d’une
demande émanant des comités de sélection. Il est important de signaler qu’à Beyla, Rio Tinto
34
M. Ch. Diallo, Ah. Tall L. Traoré, op cit, p.52

11
4
décaisse des fonds provenant de sa fondation (Simfer / Simandou est à l’état de projet) et qu’à
Siguiri les fonds proviennent des 0,4% du chiffre d’affaires qui constituent la contribution au
développement local.
Sur le plan technique, ces deux initiatives sont soutenues par des opérateurs externes : Le
CECI à Siguiri et le Bureau d’Entraide pour le Développement (BED) à Beyla, ceci en qualité
de maîtrise d’œuvre. La mission de ces prestataires est de former les acteurs locaux membres
des comités pour qu’ils maîtrisent le processus de sélection et de mise en œuvre des projets.
Le constat global est que, tant que les prestataires assument cette mission, la transparence est
toujours assurée. Ce qui n’est pas toujours le cas à la fin du contrat de l’opérateur. C’est le cas
qui est actuellement observé dans la gestion de la contribution au développement local au
niveau de Siguiri35.
Interventions directes
En plus de ces deux types d’intervention, toutes les sociétés minières investissent des fonds
assez importants provenant généralement des fondations dans le développement
communautaire de leurs zones d’intervention. L’objet de ces fonds dénommés « licence
sociale » servent généralement à apaiser le climat social dans leur zone d’intervention et
sécuriser les importants investissements réalisés et l’exploitation. Ces financements sont
souvent réalisés sur la base d’une demande provenant des associations de jeunes ou des
ressortissants et ciblent pour la plupart des cas la construction d’infrastructures culturelles,
sanitaires, scolaires ou la réalisation de forages ou des puits améliorés. Il arrive aussi souvent
que ces ressources servent à financer des activités génératrices de revenus au profit des
associations féminines.
Ces types d’interventions viennent souvent compléter les deux autres types cités ci-dessus
dans la plus part des sites miniers. Il est nécessaire de signaler que sur les sites de Russal, ces
pratiques sont très courantes. Malheureusement, les infrastructures réalisées ne correspondent
pas toujours avec les besoins réels des communautés des zones d’extraction.
L’appropriation de ces types de projets par les communautés n’est toujours pas évidente. Car
dans la plupart des cas, les bénéficiaires ne participent pas à la réalisation. Ce sont les sociétés
minières qui engagent et suivent tout le processus de réalisation. Ainsi, il est fréquent
d’observer le fait que les promoteurs se retournent vers la société minière en cas de
dégradation de l’infrastructure ou de pannes des équipements.
Autres interventions des sociétés minières

35
Actuellement, sur instruction de la Présidence de la République, les fonds provenant des 0,4% (contribution au
développement local de Siguiri) sont bloqués dans un compte à la BCRG.

11
4
Dans le but de mieux apaiser le climat qui prévaut dans sa zone d’intervention et pour
répondre à une demande sociale croissante, la CBG a lancé un projet pilote assez innovateur
de promotion de petites entreprises créées par les jeunes formés dans les écoles
professionnelles.
Ce projet dénommé « Projet Pilote Promotion des TPE (Toutes Petites Entreprises) » a
comme objectif général la réduction de façon significative du chômage des jeunes garçons et
filles dans les CRD de Kamsar, Kolaboui et Sangarédi. De façon spécifique, il s’agit de :
 Réduire le chômage des jeunes par le biais de la facilitation à l’accès à la sous-
traitance locale de la CBG,
 Promouvoir l’entreprenariat féminin en offrant des opportunités de revenus aux
femmes, et
 Contribuer à l’éclosion et au développement d’un tissu de PME locales pouvant offrir
des prestations de qualité à la CBG et aux futures sociétés industrielles.
C’est dans ce cadre que des corps de métiers correspondant aux besoins locaux de la société
minière dans des domaines comme l’entretien, la petite maintenance et l’assainissement ont
été sélectionnés. Ce projet cible à impliquer les jeunes à travers leurs entreprises dans les
activités de la société minière. Cette approche a des avantages certains pour la société car elle
permet d’abaisser les coûts des sous-traitants locaux et permet aussi de lutter contre le
chômage.
Actuellement l’expérience vient juste de démarrer. Elle paraît intéressante et les responsables
de la société minière ont déjà identifié certaines contraintes comme la faible capacité des
promoteurs en management et dans les domaines techniques (gestion de la qualité, respect des
normes de sécurité etc.). Dans le domaine technique, la société dispose des ressources
humaines pour assurer une meilleure qualification des dirigeants des TPE. C’est dans les
domaines liés au management comme l’esprit d’entreprise, la gestion administrative, la
gestion comptable et financière, etc., qu’elle souhaite l’appui des bailleurs de fonds
institutionnelles.
Dans le même ordre d’idées, lors de la formulation de la deuxième phase du Programme de
Développement Local en Haute Guinée (PDLG II), un protocole de partenariat avait été signé
avec la SEMAFO qui avait décidé de mettre en place une ligne de crédit auprès d’une
institution de micro finance en vue d’appuyer les projets des dynamiques économiques de la
CRD de Kiniéro (groupements de producteurs et productrices, entreprises rurales, etc.).
L’identification, la formalisation et le renforcement des capacités des bénéficiaires devait être
assurés par le PDLG avec les fonds du PNUD. Mais ce processus n’a pas été mis en œuvre en

11
4
raison des problèmes liés au fonctionnement du PDLG : contexte politique et retards dans la
mise en œuvre de l’outil d’analyse du FENU, à savoir du Système d’Analyse Institutionnelle
et Financière des Collectivités Locales (SAFIC). Actuellement, la disponibilité de la Direction
Générale de la SEMAFO de mettre en œuvre son projet est toujours d’actualité, car l’objectif
ciblée est de mieux insérer les entreprises rurales spécialisées dans la production de produits
agricoles dans le secteur des BTP et l’assainissement dans les chaînes de valeur. Mais c’est
l’appui d’une institution professionnelle pour accompagner ce processus qui fait toujours
défaut. Histoire à suivre.
Les effets des interventions des sociétés minières dans le développement communautaire sont
assez variés. Ils dépendent surtout du type d’intervention.
Impacts des interventions dans la lutte contre la pauvreté
Les interventions par le biais de l’administration publique ont des effets limités dans le
développement économique des communautés locales et notamment dans la lutte contre la
pauvreté.
Généralement, elles sont caractérisées par des pratiques de mal gouvernance qui affectent la
répartition des fonds entre les différentes circonscriptions administratives et la gestion des
fonds au niveau de chaque collectivité territoriale. Les autorités régionales ou préfectorales,
qui ne sont que des représentants de l’Etat au niveau de la circonscription administrative
concernée (région ou préfecture), s’attribuent la part la plus importante (entre 40% et 47% en
moyenne des fonds versés), alors qu’il est rare qu’elles investissent ces sommes dans une
infrastructure collective. Par contre, les collectivités locales qui abritent les installations de la
société minière et les autres se partagent le reste des fonds. Il n’est pas possible d’obtenir des
explications sur les critères de répartition des ressources au niveau de la société minière et de
l’administration locale, Il a été aussi constaté que la capacité de gestion des autorités locales
est faible. Généralement, elles cherchent à faire valoir un minimum de transparence en
respectant certaines procédures du code des collectivités locales (convocation du Conseil
Communal pour décider de la priorisation des investissements etc.). La situation qui prévaut
dans les collectivités des zones d’extraction se comprend d’autant plus étant donné que le seul
programme national de développement communautaire qui existe en Guinée, le PACV avait
exclu de sa zone d’intervention les zones minières. Ceci avec comme argument l’existence de
ressources assez importantes par rapport aux autres collectivités locales. Par conséquent et
contrairement à celles qui ont été appuyées par le PAVC, les structures de gestion des
collectivités des zones minières n’ont pas bénéficié des formations dans certains domaines
clés comme :

11
4
 la gestion administrative et financière d’une collectivité locale,
 les procédures de passation de marchés au niveau communautaire et
 la gestion des infrastructures communautaires.
Ceci dit, on peut bien comprendre que les pratiques de mal gouvernance rencontrées dans les
collectivités locales des zones d’extraction relèvent aussi bien de l’analphabétisme assez élevé
que de la méconnaissance des textes et règlements qui régissent la décentralisation.
Les interventions directes réalisées par les sociétés minières sous la forme de financements
philanthropiques n’ont que des effets limités dans la lutte contre la pauvreté. Les
infrastructures réalisées par ces types de financements ciblent particulièrement les jeunes et
les femmes. L’objectif de ces actions n’est pas d’assurer le développement durable des zones
d’extraction, mais il s’agit plutôt de chercher à se prémunir des éventuels soulèvements
sociaux dans lesquels les jeunes jouent un rôle primordial.
Par contre, les interventions dans le développement communautaire des zones d’extraction
portées par les projets et programmes ont des effets positifs dans la lutte contre la pauvreté.
Leurs approches pour la détermination de la demande permettent d’impliquer les bénéficiaires
dans tout le processus (identification, planification, mobilisation des ressources, mise en
œuvre, suivi et évaluation). Cette démarche permet aux communautés des zones d’extraction
de résoudre leurs contraintes et d’améliorer leurs conditions de vie36.
Contraintes des interventions
A la suite de l’analyse ci-dessus portant sur les interventions des sociétés minières dans le
développement communautaire et leur capacité à promouvoir la lutte contre la pauvreté, des
contraintes ont été mises en évidence. Les plus importantes sont : i) l’absence d’une stratégie
nationale de développement des zones minières, ii) l’opacité de la gestion des ressources
destinées à financer le développement des collectivités locales, iii) la faible implication des
organisations de la société civile dans la gestion des ressources locales, iv) le faible niveau de
la concertation entre les sociétés minières et les communautés, v) la faible capacité en
management des structures de gestion des collectivités et vi) l’absence d’une stratégie
dynamique des sociétés minières de promouvoir les entreprises locales dans leurs chaînes de
valeur.
Absence d’une stratégie nationale de développement des zones minières
L’absence d’une stratégie nationale de développement des zones minière capable de
promouvoir un développement durable intégré a été notoire. Cette situation a amené de
grandes sociétés minières qui disposent d’une ligne de conduite proche des normes et
36
M. Ch. Diallo, Ah. Tall L. Traoré, op cit, p.56

11
4
standards internationaux les plus élevés en matière de développement durable à dérouler leur
propre approche au niveau de leurs zones d’intervention. C’est le cas de BHP Billiton qui
compte intervenir dans l’exploitation du fer du Mont Nimba – un milieu agroécologique
disposant d’une biodiversité rare et très fragile – et de Rio Tinto pour l’exploitation d’une
partie du Mont Simandou. Cette dernière société, bien qu’elle n’existe qu’à l’état de projet,
projette dans le cadre de développement communautaire de s’investir dans tous les secteurs du
développement durable de la zone de Beyla : Cet appui vise, entre autres, le développement
urbain de la ville de Beyla et de la CRD de Nionsomorodou, le développement agropastoral
dans 19 villages de la zone d’intervention et la promotion des PME locales en partenariat avec
l’IFC et des institutions de formation et de micro crédit.
Par contre dans les autres sites miniers, chaque société minière déroule son approche suivant
les trois types d’intervention décrits ci-dessus.
Cette multiplicité dans les approches conduit souvent à des résultats très mitigés. Même celle
qui est jugée actuellement la plus appropriée (approche projet) est confrontée à des problèmes
de pérennisation. Dès la fin de la période d’assistance technique, le respect des procédures et
des pratiques de bonne gouvernance est relégué au second plan.
Opacité de la gestion des ressources destinées à financer le développement des
collectivités locales
La confusion a toujours été entretenue par les problèmes liés à la production des textes
d’application du code minier de 1995. Selon l’article 142, « les droits, redevances et taxes ci-
dessus sont répartis entre les budgets de l’Etat, des collectivités locales et du Fonds de
Promotion et de Développement Minier. Les taux de répartition sont fixés par arrêté conjoint
du Ministre chargé des finances et du Ministre chargé des mines ».
Dans l’esprit d’expliciter l’article 142 du code minier, la note de service N° 0020/MMGE/03
en date du 31 juillet 2003, signé par le Secrétaire Général du MMG, fixe la répartition des
taxes minières et celles de l’exploitation des carrières comme suit :
 Budget national : 20% ;
 Budget préfectoral : 25% ;
 Budget CRD : 25% (dont 10% pour le district concerné) ;
 Fonds Minier : 30%.
Par la suite, l’arrêté conjoint N° A/2007/033/MEDE- MMG/SGG du 29 janvier 2007 fixant
les taux de répartition des droits fixes, des taxes et redevances résultant de l’octroi, du
renouvellement, de la prorogation, du transfert et/ou de l’amodiation des titres miniers, exclu

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4
la collectivité locale de la répartition des droits taxes et redevances payés par les détenteurs de
titres miniers. C’est uniquement l’arrêté conjoint N° 3765/MEF/MMG/SGG en date du 10
octobre 2008 fixant les taux et tarifs des droits fixes et taxes et redevances résultant de
l’octroi, renouvellement de la prorogation du transfert et l’amodiation de titre minier qui
affecte l’intégralité de la taxe superficiaire à la collectivité locale de la zone d’extraction.
Cette situation a favorisé l’installation d’une cacophonie dans la gestion des ressources
locales provenant de l’exploitation minière et des carrières. Ainsi, dans chaque région ou
préfecture, l’autorité administrative applique les textes qui correspondent à ses intérêts
particuliers. Il est important de savoir que les structures de gestion des collectivités
territoriales administratives telles que la région administrative et la préfecture sont des
démembrements de l’Etat. Par conséquent et conformément à l’esprit de l’article 142 du code
minier, elles sont exclues des bénéficiaires des impôts, taxes et redevances payées par les
sociétés minières.
Même le recouvrement de la taxe superficiaire pose souvent des problèmes alors qu’elle est
réservée à réparer les dommages occasionnées par l’ouverture des puits (recherche), des
mines (exploitation) ou des carrières. Selon l’arrêté conjoint N° A/2007/033/MEDEMMG/
SGG du 29 janvier 2007, la société minière ou l’exploitant de la carrière doit verser
directement le montant de la taxe à la collectivité locale. Dans les zones ou le Président de la
CRD ou le Maire dispose d’une forte influence et maîtrise les textes, il arrive à s’imposer et à
faire valoir les droits de sa collectivité. Dans les autres cas, c’est la préfecture, par le biais du
Chef du Service Préfectoral des Mines et Carrières, qui collecte ces taxes et les répartit en
fonction des directives de l’autorité préfectorale.
Faible implication des organisations de la société civile dans les mécanismes de gestion
des ressources locales
Elles jouent un double rôle, à savoir : (i) la promotion de la transparence dans la gestion des
taxes et redevances minières et (ii) la formation des membres des structures de gestion des
collectivités locales dans les domaines de la gouvernance administrative et financière.
Dans le domaine de la promotion de la transparence dans la gestion des taxes et redevances
minières, la coalition nationale « Publiez Ce Que Vous Payez » (PCQVP) a installé des
antennes dans les zones minières avec comme mission la promotion de la transparence dans la
gestion des ressources provenant du secteur minier. Dans certaines zones comme Sangarédi,
l’antenne est très dynamique et entretient des relations de partenariat avec le bureau de la
CRD et la direction décentralisée de la CBG qui l’utilise dans la sensibilisation des

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4
communautés pour une meilleure gestion de l’eau et de l’électricité. Par contre, dans les
autres sites miniers, ces antennes ne sont pas encore opérationnelles.
Il a été aussi constaté l’existence de quelques ONG locales qui sont appuyées par le
Programme concerté de Renforcement des capacités des Organisations de la société civile et
de la Jeunesse Guinéenne (PROJEG). Ces ONG jouent un rôle assez important dans la
promotion de la gestion transparente des redevances minières et le renforcement des capacités
des membres des structures de gestion des collectivités locales dans des domaines comme la
gestion administrative et financière ainsi que la passation des marchés. Mais elles ne sont pas
bien structurées.
Faible niveau de concertation entre les sociétés minières et les communautés
La capacité des sociétés minières à prévenir les conflits avec les communautés des zones
d’extraction varie d’un site à un autre. Dans certaines zones minières comme Fria, Débélé
(Kindia) et Kiniéro (Kouroussa) le niveau de concertation entre les sociétés minières et les
communautés est faible. Cela résulte le plus souvent de l’absence d’une politique de
communication et d’une certaine méfiance des responsables de la société par rapport aux
communautés locales. Ces sociétés pensent que les rencontres avec les communautés risquent
de se transformer en tribune destinée à la réclamation d’un certain nombre de doléances.
C’est la raison pour laquelle les sociétés ne sont pas très intéressées par ce genre de rencontre.
Par contre, dans d’autres localités comme Siguiri et Sangarédi, l’existence de cadres de
concertation entre la société minière, l’engagement de l’administration préfectorale et des
responsables des CRD qui représentent les communautés permet de régler les problèmes
identifiés et de prévenir d’éventuels conflits. La périodicité des rencontres est fixe- Dès qu’un
acteur identifie un problème qui risque de perturber la paix sociale, il a la latitude de
convoquer une réunion du cadre de concertation.
Dans certaines localités comme Kiniéro, la situation conflictuelle qui prévaut dans la zone et
qui a pris des dimensions inquiétantes (avec des vols et la destruction des équipements de la
société minière) est animée et entretenue par des acteurs externes, s’agissant surtout
d’hommes d’affaires originaires de la zone, qui instrumentalisent certains acteurs
communautaires comme le conseil des sages pour des raisons personnels. C’est pour cette
raison qu’il est important, afin de créer un environnement pacifié, d’intégrer les associations
des ressortissants dans la concertation car elles jouent un rôle important dans leur milieu
d’origine.
Faible capacité en management des structures de gestion des collectivités locales

11
4
Malgré les efforts effectués par l’Etat dans le cadre du renouvellement des conseillers
communaux, le niveau d’analphabétisme est toujours très élevé dans les collectivités locales
des zones minières. La conséquence de cette situation est le fait que c’est dans ces zones où
l’on rencontre les conflits entre les sociétés minières et les communautés locales les plus aigus
- conflits généralement attisés par des acteurs externes qui manipulent les structures de
gestion (conseil des sages ou conseil communautaire) ou les associations des jeunes.
Dans la plupart des collectivités locales des zones minières, il y a peu de membres des
structures de gestion des collectivités locales qui ont bénéficié des formations nécessaires
dans les différents domaines liés à la gestion communale (gestion administrative et financière,
passation de marché etc.). C’est ce qui explique souvent les défaillances constatées dans le
faible niveau de mobilisation et de gestion des ressources. Cette spécificité des collectivités
locales des zones minières est la conséquence, au moins en partie, de la décision du PACV de
ne pas les couvrir.
Absence d’une stratégie dynamique des sociétés minières de promouvoir les entreprises
locales dans la chaîne des valeurs
Dans certaines sociétés minières comme la CBG et la SEMAFO, il a été constaté une réelle
volonté de promouvoir les entreprises locales dans les chaines de valeur de l’industrie
extractive.
Dans tous les cas, ces expériences ciblent un double objectif. Il s’agit de prévenir les conflits
avec les communautés locales dont les jeunes constituent la classe la plus sensible et de
réduire le coût de la sous-traitance qui dès fois coûte très cher. C’est dans ce cadre que la
CBG a mis en place son projet de promotion des toutes petites entreprises (TPE) et la
SEMAFO cherche un appui institutionnel pour développer les organisations de producteurs et
les petites entreprises rurales de la CRD de Kiniéro. Même si la première expérience (celle de
la CBG) semble être très avancée, toutes les deux sont marquées par l’absence d’une stratégie
réelle de développement des PME. Ainsi, le projet de la CBG est déjà confronté à des
problèmes liés à la qualification des dirigeants des TPE dans certains domaines comme le
contrôle de la qualité et la gestion comptable et financière alors qu’au niveau de la SEMAFO,
le projet n’arrive pas à voir le jour.
Toutes ces contraintes qui bloquent l’émergence d’un développement durable intégré dans les
zones minières sont les facteurs essentiels qui favorisent la pauvreté des communautés locales
dont le corollaire est la persistance d’une situation conflictuelle qui n’est pas profitable à
aucun des acteurs. Pour ces raisons, il est important que l’Etat et les sociétés minières
conjuguent leurs efforts pour résoudre ces entraves.

11
4
Section 2 : Les problèmes de Santé et de Sécurité liés à l’exploitation minière

Les conditions de vie très souvent dures des mineurs dans les petites et les grandes mines, en
parallèle avec un manque d’information et d’éducation sur la prévention peuvent contribuer à
une prolifération du SIDA et autres maladies contagieuses parmi les mineurs et leur famille
(Paragraphe 1). De même, les accidents du travail et les risques de maladies — cancer du
poumon par exemple — réduit l’espérance de vie du mineur et souvent met les familles dans
des situations précaires (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : L’exploitation minière et les problèmes de Santé publique

En raison de leur situation relativement privilégiée (source importante d’emplois, revenus


dans le secteur supérieur au revenu moyen, infrastructures sociales – santé, éducation –
relativement plus opérationnelles aux alentours des mines etc.), les zones minières constituent
des pôles d'attraction pour les populations actives en quête d'emploi et pour les travailleuses
du sexe. En retour, avec la promiscuité, le mariage « circonstanciel » et de courte durée et
l'afflux des prostituées toutes les fins de mois, les miniers et les populations des zones
minières sont très vulnérables et font partie des groupes à haut risque. Ces populations sont
donc jugées à risque tout comme les professionnelles du sexe (PS), les routiers, les hommes
en uniforme et les pêcheurs.
Ici notre étude portera principalement sur le VIH/SIDA et subsidiairement la tuberculose et le
paludisme qui sont les principaux dévastateurs dans les zones minières.
L’étude ESCOMB 2007 sur le SIDA qui visait 600 miniers industriels et 600 exploitants
traditionnels a atteint 1174 miniers, parmi lesquels 587 exploitants traditionnels. A partir des
données disponibles auprès de la Chambre des Mines, l’échantillon des miniers du secteur
formel a été reparti avec probabilités proportionnelles à la taille entre les sites suivants : CBG
(Kamsar, Sangaredi), CBK (Conakry et Kindia), ACG (Fria), SEMAFO (Kouroussa), SMD
(Lero/Dinguiraye), SAG (Siguiri) et AREDOR (Gbenko/Kérouané).
Les sites traditionnels retenus étaient tous ceux opérationnels pendant la période d’enquête
soit Forécariah, Kouankan (Macenta), Sibiribaro et Banankoro (Kérouané), Mataganya
(Dinguiraye), Mandiana et Siguiri. La répartition des échantillons a été faite en se référant aux
données et indications des Associations des exploitants traditionnels. Considérant la
répartition des ressources minières et des exploitants industriels et artisanaux entre les
différentes régions naturelles, plus de la moitié des miniers enquêtés ont été retenus en Haute
Guinée (58%), à ceux‐ci se sont ajoutés les miniers de la Basse Guinée (34%), de la Guinée

11
4
Forestière (4%) et de Conakry (4%). Seul 49 miniers ont été atteints en Guinée Forestière, ce
qui représente moins de 10% de l’échantillon calculé pour cette région.
La prévalence VIH chez cet échantillon de miniers est de 5,2%, plus de trois fois celle de la
population générale (1,5%). Elle peut différer substantiellement selon des critères
sociodémographiques. De 0% chez le groupe d’âge 15‐19, elle atteint 5,7% chez les 25+. Elle
est de 14,6% chez les miniers non mariés. Elle est légèrement plus élevée (bien que pas
statistiquement significatif) chez les miniers ayant fait le secondaire (5,3%) vis‐à‐vis de ceux
qui ont fait le primaire au plus (5,1%). Bien que l’échantillon y soit restreint (n=49) la
prévalence est la plus élevée chez les orpailleurs de la Guinée Forestière.
Eu égard à cette situation, d’importants programmes de lutte contre le sida ont été mis en
oeuvre dans le secteur minier, tant par les sociétés (à l’interne) que par la Chambre des Mines
(en collaboration avec les partenaires au développement). Cependant, les connaissances,
attitudes et pratiques des miniers montrent que le but de l’accès universel à la prévention
préconisé par la communauté internationale est encore loin d’être réalisé. Il en est de même
pour l’accès universel au dépistage, bien que la proportion des personnes qui n’ont jamais été
testées (29%) soit nettement supérieure à celle de la population générale en 2005 (ESDG II)
où seuls 6% des femmes et 8% des hommes n’ont jamais été testés.
La prise en charge médicale par la thérapie antirétrovirale et le suivi biologique n'existent pas
encore dans les hôpitaux des sociétés. Jusqu’à mi 2007, la prise en charge médicale des
PvVIH était assurée par le CHU de Conakry et certaines ONG 37. Une formation sur la prise en
charge globale du personnel soignant de 10 structures sanitaires privées et publiques des 2
principales zones minières du pays38 a été réalisée, avec l’appui de PCS, en faveur de 34
professionnels de la santé (médicaux et paramédicaux). Mais le principal obstacle
aujourd’hui, à une prise en charge médicale au niveau des sites miniers réside essentiellement
dans l’indisponibilité des ARV que le MSP avait promis de fournir depuis plus de 6 mois,
ainsi que dans la mise à niveau des plateaux techniques de certaines structures sanitaires. La
SAG est la seule société à avoir inclus les ARV dans leur liste d’achat de médicaments.

37
Des ONG nationales et internationales (ASFEGMASSI, MSF Belgique, la Communauté de Sant’Egidio, la
GTZ), proposent également une prise en charge à Conakry et à Guéckédou (MSF Belgique).
38
34 participants de 10 structures sanitaires (7 structures privées et 3 structures publiques) ont suivi la
formation : Pour la Basse Guinée, 6 formations sanitaires privées et publiques : l’hôpital ANAIM de Kamsar
(CBG), l’hôpital préfectoral public de Fria, l’hôpital privé de Friguia (ex ACG) à Fria, le centre de santé privé de
Simbaya à Conakry (CBK), le service médical privé de Sangarédi à Boké (CBG) et le centre de santé public de
Kayenguissa.
Pour la Haute Guinée, 4 formations sanitaires privées et publiques : le centre médical privé de Koron (SAG), la
formation sanitaire privée de Léro à Dinguiraye (SMD), la direction préfectorale de la santé à Siguiri et l’hôpital
de Koron à Siguiri (SAG).

11
4
Par ailleurs, il reste toujours à mettre en place des mesures en vue du soutien psycho‐social
des PVVIH, de l’appui nutritionnel aux orphelins et autres enfants vulnérables.
Enfin, l’absence d'une politique commune et harmonisée de lutte contre le SIDA, le
paludisme et la tuberculose, au niveau de la Chambre des Mines d’une part et, d’autre part,
l’absence d’une politique cohérente de prise en charge du VIH en faveur des populations
riveraines, affectent fortement l’efficacité des programmes de prévention mis en place dans
les sociétés minières. En effet, une importante communauté de miniers informels (orpailleurs
et chercheurs de diamants) de plus de 100.000 artisans gravite autour de ces sociétés. Ces
miniers bénéficient de relativement peu de services et constituent une lourde pression sociale.
La CBG a mis à disposition de la Chambre des Mines de Guinée (CMG) un cadre qui assure
la présidence du Comité de pilotage de lutte contre le VIH/Sida. La CMG mène des actions en
étroite collaboration avec ALCAN/ RIO TINTO, société anglo‐australienne qui est un des
principaux actionnaires de la CBG, membre du réseau de la GBC (coalition mondiale des
entreprises contre le sida) et surtout un des fers de lance de l’engagement du secteur privé
dans la lutte contre le Sida en Guinée. La CMG a développé un partenariat public‐privé
portant sur l’accessibilité des sites miniers au dépistage du VIH/SIDA avec le Comité
National de Lutte contre le SIDA (CNLS), l’USAID, la Banque mondiale, le CCM (sur
financement du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme) et le
PCS.
En juin 2007, une mission conjointe de PCS/GBC/ALCAN a eu lieu en Guinée (Conakry et
Kamsar). Elle a permis de dégager des priorités d’intervention, de rencontrer les porteurs de
projet, les acteurs gouvernementaux et les partenaires au développement. De cette mission, il
ressort que la Chambre des Mines de Guinée, qui regroupe 66 des plus importantes entreprises
(minières et de services) en Guinée, a la volonté de s’engager plus loin dans la lutte contre le
sida, le paludisme et la tuberculose.
La mission a d’ailleurs estimé que cette implication permettrait de doubler l’accès des
populations en particulier du secteur minier et des communautés environnantes, aux services
de prévention, dépistage et prise en charge globale du VIH/SIDA.
Des négociations sont en cours et doivent être poursuivies et redynamisées afin de poursuivre
le partenariat public privé et de l’étendre aux 7 hôpitaux miniers du pays, et au niveau de son
contenu, à la prise en charge globale des PVVIH. Ainsi, un projet de $ 427.379, auquel la
CMG et la GTZ contribueraient à part égale, a été planifié.

11
4
Les objectifs et les résultats attendus de ce projet, qui est encore en cours de négociation sont
donnés ne seront pas expliquer ici. Le solde de $ 72.000 et les contributions de $ 95.000 à
ce jour des sociétés restent en deçà du budget CMG requis. Des concessions en termes de
contribution en nature sont demandées à la GTZ, et les sociétés sont incitées à augmenter leur
contribution volontaire.
A présent retenons que les structures sanitaires des sociétés sont généralement bien équipées
et bénéficient de ressources financières et humaines adéquates. Elles sont complémentaires
aux structures sanitaires publiques, de par leur ouverture occasionnelle à la population
riveraine (même si les soins y restent financièrement peu accessibles), de par leurs références
aux structures publiques entre autre pour le traitement antirétroviral et de la tuberculose et les
soins de maternités, et de par leur intégration dans le système national des offres de soins.
Ainsi, les ARV, achetés sur le budget du Fonds mondial devraient être mis à disposition de
toutes les structures privées ou publiques accréditées à la thérapie ARV, et ceci gratuitement
depuis septembre 2007. En réalité, il y a eu plusieurs ruptures de stock prolongées. Les
structures sanitaires des sociétés avoisinantes sont comme suit :
ACG : Hôpital de 105 lits et 12 médecins à Fria ville. Le plateau technique inclut un
laboratoire relativement bien équipé, radiographie, et endoscopie, et les services de médecine
interne, maternité, chirurgie, et pédiatrie. Le Budget annuel est de USD 1,2 m. L’hôpital est
accessible aux travailleurs et leur famille. En plus, l’usine a un poste de médecine du travail.
La ville a un hôpital préfectoral avec des services PTME.
CBK : Un dispensaire de 12 lits au siège à Simbaya, Conakry, desservant le personnel du
siège, du chemin de fer et du port. Il est équipé d’un laboratoire de base et d’un service de
radiologie et compte 5 médecins. Un centre de santé à l’usine à Kindia avec 1 médecin et un
poste de santé à la mine de Débélé. Le budget n’est pas communiqué. La ville de Kindia a un
hôpital préfectoral.
CBG : Un hôpital de 150 lits, 23 médecins et 60 paramédicaux à Kamsar desservant le siège,
l’usine et le port ; un dispensaire de médecine de travail à l’usine de Kamsar ; un dispensaire
de 18 lits, 4 médecins et 24 paramédicaux desservant la mine à Sangarédi, et un poste de santé
à la mine. L’hôpital de Kamsar a la particularité d’être une structure publique ANAIM 39 avec
un personnel ANAIM, mais financement privé CBG. Les soins, subsidiés pour les travailleurs
et ayants droits, sont peu accessibles aux riverains de par leurs coûts élevés. L’hôpital a un
service d’urgence, un CDV, une maternité, 3 salles d’opérations, médecine interne, pédiatrie,
dentisterie, échographie et radiologie. Le dispensaire de Sangarédi fonctionne comme un
39
Agence nationale d’aménagement des infrastructures minières

11
4
hôpital avec 28 personnels de santé dont 4 médecins, et offre les mêmes services qu’à Kamsar
sauf la maternité. La qualité du laboratoire sort du lot par rapport aux structures sanitaires
visitées. Les frais médicaux semblent s’emballer : de 7 m USD en 2006 à une prévision de 11
m USD pour 2008, et des évacuations à 3,5m USD en 2006 à des prévisions de 6m USD en
2008.
La ville de Boké, à mi‐chemin entre Kamsar et Sangarédi (à une soixantaine de kms de
chacun) est dotée d’un nouvel hôpital régional accrédité pour le traitement ARV. La ville de
Kamsar a deux centres de santé publique. Sangarédi a un centre de santé publique, avoisinant
le dispensaire CBG et pourvu d’une maternité avec services PTME.
SMD : Un dispensaire avec 4 lits, un laboratoire élémentaire situé à l’usine et réservé aux
travailleurs et ayants droits. Les 2 médecins sont détachés de la clinique Ambroise Paré de
Conakry. La société supporte le centre de santé public avoisinant de Léro, qui a 2 médecins et
4 lits. Le budget médical annuel de la SMD est d’environ 1,8 m USD, plus 3 m USD pour les
évacuations. Ces évacuations sont une des raisons pour laquelle la société construira
prochainement un hôpital d’une vingtaine de lits au prix d’un demi‐million de dollars. La
sous‐préfecture a un centre de santé, peu équipé à une dizaine de kms de la mine. L’hôpital
préfectoral de Siguiri, récemment rénové et accrédité pour le traitement ARV, est à plus de
160 kms. Siguiri a également un centre de santé avec des services PTME
SAG : Dispensaire de 16 lits, 3 médecins et bien équipé au siège à Koron, avec laboratoire,
radiologie, et 43 salariés. Un nouvel hôpital a été construit et démarrera en décembre 2008,
pour lequel 6 salariés additionnels seront recrutés. Les spécialités seront contractées avec le
ministère. Pas de maternité. Pas accessible aux riverains. C’est la seule structure sanitaire de
société ayant acheté des ARV depuis 2006. Un poste de médecine de travail servi par 4
personnes dont un médecin à l’usine. Il y a une bonne collaboration avec l’hôpital préfectoral
de Siguiri (voir ci‐dessus).
SEMAFO : Un dispensaire à l’usine avec 1 médecin, 3 infirmiers, 1 assistant infirmier, et 1
laborantin. Pas de radiologie et laboratoire limité à la microscopie. Un centre de santé
publique avec services PTME à 5 kms, et un poste de santé à 8 kms. Hôpital préfectoral à une
trentaine de kms à Kouroussa, mais l’accès nécessite un bac. L’enclavement du site associé à
sa petite taille en fait une structure dont la fragilité est à prendre en considération.
SIMFER : un dispensaire à Kanga avec 1 médecin en permanence et 2 infirmiers
anesthésistes/urgentistes, vu sa spécialisation dans les urgences. Laboratoire avec
bactériologie, pas de radiologie, 2‐4 lits. Le personnel est également détaché de la clinique

11
4
Ambroise Paré à Conakry. Un poste de santé au site d’Ouleba. Il y a un centre de santé public
à une dizaine de kms de la mine. Le personnel SIMFER fait des consultations 4 jours par
semaine dans un village à environ 5 kms dans une maison privée, bien que SIMFER y ait
rénové le poste de santé. L’hôpital préfectoral de Beyla à 25 kms n’a pas d’eau courante ni
d’électricité pour alimenter la nouvelle unité de radiologie.
Pour les médicaments, Le secteur public est approvisionné par la pharmacie centrale de
Guinée (PCG). La PCG est chargée d’approvisionner les structures privées en médicaments à
gratuité, tels les ARV et les antituberculeux.
Cependant, la PCG est sujette à de multiples, parfois longues, ruptures de stocks. Les
structures sanitaires confessionnelles n’ont pas de centrale d’achat parallèle comme c’est le
cas dans beaucoup de pays d’Afrique. Jusqu’à ce jour, les ONG importantes qui prennent en
charge les PVVIH, comme MSF, préfèrent maintenir leur indépendance dans
l’approvisionnement pour éviter toutes ruptures de stock.
Quelques sociétés achètent leurs médicaments « en gros » sur le marché international,
complété par des achats d’urgence chez des fournisseurs nationaux fiables. D’autres les
achètent principalement sur le marché national. Les pharmacies de société sont généralement
de taille moyenne et ne disposent pas toutes d’un système pharmaceutique informatisé. Par
contre, la CBG a une pharmacie externe climatisée de grand volume, avec une importante
capacité de stockage à chaîne froide, et un système pharmaceutique informatisé directement
relié aux bureaux de consultations des prescripteurs. Etant localisée à moins d’un km du port
de Kamsar, cette pharmacie est principalement alimentée par voie de mer, bien qu’elle soit
également accessible par une route bituminée de Conakry, et par air via l’aéroport de Kamsar.
La pharmacie a une capacité de stockage adéquate pour stocker tous les ARV nécessaires
pour le secteur minier, pourvu qu’un système logistique soit mis en place entre les entreprises
minières.
Seule la SAG achète ses propres ARV, l’approvisionnement public faisant défaut, la SAG est
la seule compagnie qui dispose d’ARV.
Il semble que la plupart des sociétés n’aient pas un programme de formation, supervision et
de motivation pour l’usage rationnel des médicaments. En pratique un large éventail de
médicaments de marque est employé, avec relativement peu de prescription de médicaments
génériques, même s’ils existent. Le nombre de prescriptions par patient a été rationalisé dans
une certaine mesure, et ceci non sans difficultés sociales, dans quelques sociétés, comme à la
CBG.

11
4
Encore important, aucune société n’a instauré un système de mutuelles. Chaque société
applique ses propres critères d’ayants droits, allant de toutes les femmes et tous les enfants, à
une restriction du nombre de femmes et/ou d’enfants. Cette définition est d’ailleurs parfois
une cause de tension sociale. Le nombre estimé d’ayants droits a été communiqué tel quel, ou
sur base d’un multiple des travailleurs (entre 4 et 10). La majorité des sociétés n’a pu estimer
la population riveraine

Paragraphe 2 : La sécurité des travailleurs et des populations locales des les zones
minières en Guinée

La mine à grande échelle peut contribuer, grâce aux revenus plus élevés, à une meilleure
alimentation et une meilleure éducation, améliorant ainsi les profils de santé d’une
communauté. Toutefois, il est courant de voir une exploitation minière exposer la population
locale, et en particulier le pauvre, à des risques sanitaires et de bien-être sérieux, de même
qu’à leur sécurité d’emploi, revenu et pouvoir d’achat.
Les risques sanitaires individuels liés à l’exploitation minière à grande échelle consistent
essentiellement en accidents du travail et risques pour la santé, de même qu’une exposition
accrue aux maladies infectieuses. Les possibilités d’emploi et les revenus plus élevés peuvent
également créer des problèmes sociaux tels que les migrations, alcoolisme et une
augmentation des maladies vénériennes et du SIDA.
L’impact sécuritaire négatif indirect affecte surtout la femme — à cause de ses responsabilités
au sein d’une famille étendue, pour s’occuper des enfants, des malades, des vieillards et des
invalides. Finalement, l’apport d’argent et la disponibilité de l’alcool de même que la
migration, peut augmenter le risque de violence surtout parmi les femmes.
Les dégâts à l’environnement représentent un risque sanitaire supplémentaire pour diverses
raisons, depuis la pollution ou la restriction de l’eau jusqu’à la poussière, le bruit et les
affaissements. Dans le cadre de la fermeture d’une mine, les mines abandonnées ou sans
contrôle sont préoccupantes car elles continuent à polluer et représenter un danger public.
Les conditions sanitaires et environnementales n’ont peut-être pas été établies à la mise en
exploitation de la mine ou n’ont pas été surveillées. Il est facile de montrer comment le
manque de préparation pour la fermeture de la mine alors qu’elle est en exploitation peut
augmenter l’impact négatif sur l’environnement local et les économies régionales, affectant
ensuite les budgets gouvernementaux et la stabilité sociale.

11
4
Le développement économique positif qui accompagne souvent l’établissement d’une
exploitation minière peut également avoir un impact négatif sur le niveau de consommation
du pauvre. Les salaires plus élevés du mineur, particulièrement dans les zones isolées,
peuvent provoquer une augmentation des prix locaux, laissant le pauvre à la traîne.
L’arrêt soudain des possibilités économiques offertes par une exploitation minière, dans le
cadre de sa fermeture, surtout lorsqu’elle n’a pas été planifiée, a tendance à augmenter
dramatiquement le niveau de pauvreté ; une fermeture peut également priver la population
locale des services sociaux les plus élémentaires et à l’accès aux biens publics tels que eau
propre, énergie et transports, si ceux-ci étaient préalablement fournis par la société minière
(comme le cas de l’AREDOR et maintenant avec FRIGUIA) . L’absence de ces services et
biens affectent les groupes vulnérables plus dramatiquement que les autres. Les implantations
souvent distantes des mines rendent encore plus compliqués les développements économiques
locaux après la fermeture de la mine, car les ressources gouvernementales sont difficiles à
libérer pour ces zones. Les problèmes sociaux et environnementaux légués par la mine
peuvent compromettre les avantages économiques passés.
Risques macro-économiques : Les conséquences négatives de la mauvaise gestion macro-
économique sont plus graves dans le cadre d’une industrie minière que dans une économie
non minière : un secteur minier peut augmenter le niveau des salaires et maintenir un taux de
change élevé comme cela se passe en Guinée, ce qui empêche les autres secteurs de devenir
compétitifs sur le marché international et empêcher leur croissance à l’exportation. Les coûts
de cette mauvaise gestion macro-économique sont élevés, surtout comme une large partie des
revenus fiscaux de la mine sont gaspillés comme si on considèrait que les ressources minières
sont renouvelables.
Pour illustrer ces problèmes securitaires nous prenons cette étude de l’ONG CECIDE sur la
mine de SMD à Lero (Siguiri).
D’après Mark Logsdon40, un certain nombre de problèmes existent dans la mine mais les deux
problèmes suivant sont plus techniques en nature. Il s’agit de la « sécurité et accès au lac de
cyanure » ainsi que « l’érosion et la sédimentation ».
1. Sécurité et accès au lac de cyanure
il existe une déficience majeure dans la gestion de la mine qui porte sur l'accès au lac de
cyanure. Le long d’une partie (mais seulement d’une partie) du périmètre de ce lac, la SMD a
placé des fils barbelés par terre. Toutefois, cette mesure ne constitue pas une barrière de

40
M. Mark Logsdon, un expert géochimiste américain avec plus de 30 ans d’expérience dans le secteur minier
(Responsable de l’étude).

11
4
sécurité adéquate car dans de nombreux endroits le long de ce périmètre, cette barrière
n’existe pas ou elle est endommagée.
Dans d'autres endroits, aucune restriction n’existe et les humains, tout comme les animaux,
ont un accès direct aux résidus.
Deux risques majeurs sont associés à ces résidus. Tout d'abord, la SMD nous a dit qu’elle
décharge les résidus à une concentration nominale de cyanure (CN) de 50 mg / L, bien que les
représentants de la compagnie reconnaissent que dans certaines conditions, des concentrations
beaucoup plus élevées peuvent avoir été déchargées. En raison du fait que nous n’avons
jamais obtenu accès à des données de monitoring, nous ne pouvons pas confirmer que la
concentration d'exploitation habituelle de la compagnie est en fait 50 mg / L. Dans la pratique
au niveau international, ce chiffre est utilisé pour protéger contre la toxicité aiguë pour les
oiseaux migrateurs. Dans des opérations minières standards, les barrières seraient intactes sur
tout le périmètre du lac pour empêcher que les animaux ou les humains s’approchent. Des
concentrations de 1 mg / L sont extrêmement toxiques pour les êtres humains, et même les
bovins trouveraient la mort à 5 mg / L. En effet, la SMD a reconnu (par le paiement de
restitutions) que les boeufs appartenant à la population ont été tués sur cette installation.
D’ailleurs, au cours d’une mission du CECIDE/Global Rights, l’équipe a vu un bovin et un
oiseau mort au bord du lac. Des étangs d’eau sont souvent à la surface du lac et a l’oeil nu,
ressemblent à l’eau normale. Toutefois, ils contiennent du cyanure qui est un poison pour les
animaux et les êtres humains.
Deuxièmement, les résidus, qui sont composés de sables et de sablons saturés, représentent un
danger physique majeur. Les animaux à la recherche d’eau à boire (dans les étangs à la
surface du lac de cyanure) s'embourberaient et trouveraient la mort par noyade s'ils entrent
dans les résidus qui ont souvent l’apparence d’être secs. De la même façon, les populations
qui tenteraient de sauver leur bétail précieux, courent le même risque.
Finalement, le barrage Carrefour sur la rivière Tambiko est si proche du village et même plus
proche de la source de la rivière : un lieu d’extraction d'eau traditionnels et une zones de
lavage pour le village. L'intégrité physique et la perméabilité de la digue sont donc
extrêmement importantes pour la sécurité et la santé de la population qui utilisent cette source
d'eau. Nous avons demandé à plusieurs reprises pour les plans d'ingénierie et de construction
du barrage, mais avons été informés par la SMD, que ces informations ne nous serons pas
fournies41.
2. Erosion et Sédimentation
41
CECIDE, Memorandum au Premier ministre, 12 octobre 2010

11
4
Les premiers 50 à 100 m de sol qui ont été extraits sont composés d’un sédiment qui se
décompose rapidement pour devenir comme du sable quand il est abattu, déplacé dans des
camions, puis jetés dans le tas de stériles qui entourent les mines à ciel ouvert. En raison du
fait que les pentes de ces piles sont raides, elles sont également soumises à l'érosion rapide. La
conséquence est qu’il y a un sérieux problème de ruissellement qui emporte ces sédiments
vers les propriétés avoisinantes, y compris dans les ruisseaux et dans certains cas, dans les
champs plantés par la population. Dans certains endroits, où les piles sont à proximité des
habitations (par exemple près de Carrefour et, dans certains de ces campements dans la région
de la mine) des personnes peuvent être blessés lors de la saison pluvieuse, par l’accès à ces
piles n'est pas contrôlée. Ces tas de stériles ont gravement endommagé les champs de Garanke
Mady par exemple qui sont maintenant rendues inutilisables.
Pendant des décennies, l'industrie minière internationale a su construire correctement ces tas
de stériles afin de limiter l'érosion et la sédimentation. Il est clair que SMD comprend cela,
aussi, parce qu’elle a des zones d'essai où elles cherchent à mieux contrôler l'érosion et la
sédimentation. Mais ce ne sont que des zones d'essai et seulement quelques-unes existent. En
nous fondant sur notre visite du site et les discussions, nous estimons que 95% des sites n’ont
pas encore été récupérés et représentent des risques d'érosion et de sédimentation futurs.
Industrie minière artisanale
D’après la situation, les avantages des mines artisanales peuvent être effacés par ses
répercussions négatives, touchant essentiellement les pauvres en les exposant à des risques
qu’ils courent soit comme individus, soit comme membres d’un groupe. Les risques
individuels provenant de la mine artisanale sont surtout des risques sanitaires et liés à la
pauvreté, d’accidents de travail, et de la prolifération de maladies telles que le SIDA de même
que les pertes de terres dues à l’invasion des mineurs.
Les risques pour le groupe trouvent leur origine dans les dégâts environnementaux et dans les
conflits socioculturels. Comme ils n’ont pas de perspective à long terme pour leur opération,
les mineurs artisans ne se préoccupent que peu ou pas de l’environnement. La pollution des
eaux est souvent très répandue et aussi variée que les déversements dans les rivières du
mercure utilisé dans les traitements que les alluvions importantes causées par le dragage des
lits des rivières. Ces dégâts ont des effets économiques et sanitaires sur les communautés
environnantes. Dans les zones où les mineurs envahissent les terres des communautés, des
conflits sévères se produisent à la limite de la guerre culturelle come c’était le cas à Mandiana
en 2008. Les mineurs sont considérés comme un groupe amenant la démolition de
l’environnement et des maladies dans une région précédemment équilibrée.

11
4
Dans un environnement sans réglementations, les mineurs artisans risquent également de
perdre leurs propriétés et leurs gains futurs. Où il n’y a pas de cadre légal pour établir des
droits d’exploitation sûrs, le pauvre se trouve exposé à tous types de comportement corrompu
ou criminel qui mettent sa vie en danger de même que sa possibilité de profiter financièrement
de son investissement personnel dans l’activité.
L’extraction du diamant, à petite échelle ou autre, est connue pour avoir aidé au financement
des conflits régionaux en particulier en Afrique. Des cas en Sierra Leone, Angola et Congo
suggèrent fortement une relation entre l’intensité des conflits régionaux et les ressources
provenant du commerce illégal du diamant. A ce point, peu d’efforts systématiques ont été
faits pour créer des instruments de réglementation pour combattre cette tendance ; toutefois,
les initiatives les plus efficaces semblent être celles qui introduisent plus de clarté et de
concurrence dans un négoce qui a toujours été très secret et fermé à la curiosité du public.

Deuxième Partie : Le cadre Juridique de la protection de


l’environnement en République de Guinée

Pour alléger les risques socioculturels, sanitaires et environnementaux pour la population de


la République de Guinée et améliorer le niveau de développement par l’information et
l’éducation, de même que par des accords avec la compagnie minière pour qu’elle assure des
conditions de travail acceptables en aidant à l’établissement d’une infrastructure de
communauté, de santé et d’éducation correcte et accessible. La clé à l’allégement de ces
risques et à l’augmentation du niveau de développement est l’instauration et la surveillance
de normes juridiques adéquates et d’institutions étatiques et paraétatiques efficaces qui

11
4
collaborent dans un partenariat public / privé qui fait bon usage de la capacité
d’investissement des industries extractives ainsi que les acteurs des mines artisanales sans que
ceux-ci ne prennent le contrôle du rôle de l’état.
C’est pourquoi dans cette deuxième partie nous examinerons la réalité des industries
extractives et leur capacité de protection de l’environnement sur les différentes sites en
Guinée, ainsi les exploitants traditionnels (Chapitre I), avant de terminer dans un deuxième
chapitre l’état des institutions, de la législation et de la règlementation en dégageant bien sûr
des perspectives (Chapitre II).

Chapitre II : Les entreprises minières et leurs politiques de protection de


l’environnement en Guinée

Aujourd’hui la République de Guinée ne compte que:


 deux sociétés d’exploitation de bauxite (la Compagnie des bauxites de Guinée - CBG
– et la Compagnie des bauxites de Kindia - CBK) ;
 une raffinerie d’alumine à Fria (Friguia /Rusal) ;
 trois sociétés aurifères (la société Ashanti Gold Fields de Guinée -SAG, la Société
minière de Dinguiraye – SMD, et la Société d’exploitation minière de l’Afrique de
l’ouest - SEMAFO) ;

11
4
 une laverie de diamant avec la société AREDOR (actuellement en difficulté technique
et financière) ;
Parmi les sociétés de la bauxite, la CBG est une compagnie mixte avec 49% de participation
de l’Etat guinéen et détient une concession de 1 269 km² La CBK de son côté détient 1 015
km2 Rusal/Friguia est une entreprise entièrement privée. Elle extrait de la bauxite, la raffine
en alumine et l’exporte.
Des trois sociétés d’exploitation d’or, la SAG est la plus ancienne et de loin la plus importante
en termes de production et d’emploi. En 2008, elle dispose d’une capacité de dix tonnes d’or.
La seconde est la SMD qui évolue depuis 1995 sur une concession de 1500 km 2 et exporte en
moyenne trois tonnes d’or par an. La SEMAFO produit en moyenne une tonne et demie d’or
et un peu moins d’une tonne d’argent par an.
AREDOR mène ses activités sur une concession de mille kilomètres carrés. Elle a produit
quelques-uns des plus gros diamants du monde, dont deux se sont vendus l’un à huit et l’autre
à dix millions de dollars US. Aujourd’hui elle est en difficultés.
L’exploitation artisanale concerne essentiellement l’or et le diamant. En effet, l’orpaillage est
devenu une activité presque culturelle en Haute Guinée et principalement dans les préfectures
de Siguiri, Mandiana, Kouroussa et Dinguiraye où presque tous les bras valides s’affairent
pendant la saison sèche. En 2007 sa production est estimée à environ six tonnes d’or.
L’exploitation artisanale du diamant se pratique surtout dans le triangle Kérouané,
Kissidougou, Macenta. Cependant, elle est devenue une nouvelle occupation pour les
habitants de Kindia où des petits gîtes de diamants alluvionnaires sont identifiés. Sa
production est évaluée à 699.773 carats en 2007.

Section 1 : Les entreprises d’exploitation de la bauxite et du fer en Guinée

Elle apparaît comme la principale ressource minérale actuelle et constitue la principale source
de devises pour le pays (plus de 80 % des recettes annuelles en devises). Le potentiel
bauxitique de la Guinée est estimé à plus de 40 milliards de tonnes à la teneur de 40%
d’alumine, soit plus des 2/3 des réserves mondiales de bauxite.
Les principales régions bauxitiques sont la Basse-Guinée, la Moyenne-Guinée et la Haute-
Guinée; les gisements sont situés à des distances variant entre 100 et 500 km de l'Océan
Atlantique.

11
4
Paragraphe 1 : L’exploitation de la bauxite et la protection de l’environnement en
Guinée

La bauxite est la plus importante ressource minière actuellement en exploitation. Les


gisements de bauxite de Guinée sont les plus vastes et les plus riches du monde. Ils
constituent un phénomène géologique spécial évoqué parfois comme un "scandale
géologique". Le minerai s’est développé par altération superficielle sur des formations
sédimentaires détritiques, des dolérites et des syénites néphéliniques. L'épaisseur moyenne
varie entre 3 et 9 m sous un recouvrement stérile d'épaisseur insignifiante. L'accès aux
gisements est facile et l'exploitation se fait à ciel ouvert.
La bauxite est présente en Basse, Moyenne et Haute Guinée. La Guinée détient les deux tiers
des réserves mondiales de bauxite. Les gisements sont situés à des distances variant entre 100
et 500 km de l'Océan Atlantique. La Guinée dispose à elle seule d’un potentiel global en
bauxites de plus de 40,14 milliards de tonnes, dont 10,6 milliards de tonnes de réserves
prouvées et de ressources mesurées, étudiées à la maille systématique d’au moins 600 x 600
m; 18,7 milliards de tonnes de ressources indiquées et supposées et plus de 10,8 milliards de
tonnes de ressources pronostiquées. Malgré cet important potentiel bauxitique, elle ne produit
en moyenne que 17 millions de tonnes dont CBG 13 millions, ACG 2 millions et CBK 2
millions. Le démarrage de la dernière exploitation date de 1973 42. Depuis cette date, la Guinée
n’arrive pas à développer une nouvelle mine de bauxite pour la production de l’alumine. Dans
cette perspective, en plus de nombreux permis miniers, plusieurs projets sont en cours de
développement dans le pays. Les projets d’exploitation sont CBG, ACG et CBK qu’on va
voir. Commençons par la CBG.

La CBG et la protection de l’environnement


L'exploitation de la bauxite en Basse Guinée, contrairement à celle de l'or en Haute Guinée,
occupe des surfaces de terrain beaucoup plus importantes. Les couches superficielles des
zones bauxitiques sont marquées en général par des cuirasses latéritiques de quelques mètres
d'épaisseur constituant les immenses plateaux. A Sangarédi, la bauxite est exploitée
actuellement sur 3 plateaux.
Au cours de l'exploitation de la bauxite, la fine couche de "sol végétal" est d'abord dégagée
pour être stockée à part. Cette couche servira plus tard dans la préparation du sol en vue de
son reboisement. La croûte latéritique sous-jacente de quelques mètres d'épaisseur ainsi que la

42
GTZ, les Enjeux de la Gouvernance du secteur des mines en Guinée, Mars 2011.

11
4
couche stérile en alumine, sont disloquées par dynamitage, transportées et stockées
séparément sous forme d'amoncellement. Le minerai de bauxite, en général de 8-12 mètres
d'épaisseur juste en dessous, est aussi abattu par dynamitage pour être collecté et transporté
par la suite.
La teneur en alumine de la bauxite de Sangarédi varie d’un plateau à l’autre. C’est pourquoi il
est mélangé pour obtenir une teneur homogène de 53% d'aluminium. Le transport s'effectue
par voie ferroviaire sur une distance de 135 Km jusqu'au port de Kamsar. De là sont partis en
2006, 13 millions de tonnes de bauxite43.
L'exploitation de la bauxite touche annuellement une surface de 250 ha. En avril 2008 la
surface "béante" engendrée par l’activité minière était de 1 650 ha, dont 827 ha reboisés en
anacardiers, acacias et autres espèces locales sauvages44.
Les plateaux latéritiques offraient un couvert végétal très réduit, et le sol végétal de quelques
centimètres d'épaisseur ne se prêtait point à une exploitation agricole. Cela qui explique de
facto la faible densité démographique à l'intérieur des immenses concessions bauxitiques et,
par conséquent, l'impact sur l'homme reste relativement négligeable. La relocalisation de
villages touchés par les activités minières n'est faite que dans des cas exceptionnels.
Cependant, des problèmes existent pour l'homme qui vit et pratique l'agriculture sur les
surfaces alluviales arables confinées dans les vallées entrecoupées par les plateaux
bauxitiques.
Le transport de la bauxite porte atteinte aux infrastructures traditionnelles (pistes et autres) et
polluent l'air par l'émission de poussières.
Au port bauxitique de Kamsar, le minerai de bauxite est concassé, séché et transporté via un
système de bande sur une distance de 1,5 km jusqu'à l'embarquement dans les bateaux. La
compagnie CBG s'investit considérablement dans le dépoussiérage de l'usine. La poussière est
active et agressive sur 7 mois de l'année (nov.-mai) et est transportée, les vents du sud aidant,
jusqu'en Guinée Bissau. Toujours dans le cadre de la réduction de l’émission de poussières, la
CBG a dégagé une enveloppe de 15 millions USD pour la mise en œuvre effective de ce
projet.
Kamsar compte une population de 25 000 habitants à la cité et 80 000 aux alentours
immédiats. Cette cohabitation n'est pas sans problèmes. Ainsi les populations se manifestent
plus fréquemment sous forme de demandes comme:
 l'approvisionnement en denrées alimentaires et en eau potable;
43
GIZ, Mines et Développement Durable en République de Guinée, Juillet 2008.
44
ibid

11
4
 l'approvisionnement en électricité;
 l'installation ou la réhabilitation du système de canalisation;
 la mise en place d'un service sanitaire élargi.
Il reste pourtant clair que la CBG a déjà consenti d'énormes efforts pour les infrastructures de
Kamsar, non seulement dans la construction d'écoles, de services sanitaires et de mosquées,
mais aussi à l'exécution ne fusse qu'en partie des demandes susmentionnées. La CBG à elle
seule ne pourrait être tenue responsable des problèmes d'approvisionnement en eau, d'énergie
et d'autres infrastructures pour la totalité de la population de Kamsar ainsi que d'autres
secteurs portuaires avoisinants. Par ailleurs, on observe avec inquiétude la diminution des
activités agricoles dans la localité. Aussi, des plaintes portant sur la passivité des Communes
et de l'Etat par rapport à la conservation et l'amélioration des infrastructures existantes ont été
exprimées.

ACG - FRIGUIA et la protection de l’environnement


Fria se trouve à 110 km à vol d'oiseau au nord de Conakry et est relié par une ligne de chemin
de fer de 160-170 km au port de la capitale. L'exploitation de la bauxite s'effectue en général
d'une manière comparable à celle de Sangarédi. La teneur en alumine du minerai de bauxite
est de 40%. Quant à l'exploitation minière, les effets sur la nature et l'homme comparables à
ceux de Sangarédi sont aussi observés à Fria. Ils sont en effet négligeables à cause de la
stérilité d'une part, et de la faible densité démographique sur les immenses étendues de
plateaux d'autre part.
Il est procédé chaque année au reboisement avec des plantations d'anacardiers, d'acacias et
d'autres espèces locales sauvages, ainsi que des plants de manguiers dans des lieux
appropriés.
Fria est le site de l’unique usine d'alumine en Guinée, qui a commencé à fonctionner en mai
1960 avec une production de 450 000 tonnes d'alumine par an. Avec la reprise par RUSAL en
2006 des activités minières et de l'usine de production d'alumine, la production annuelle
avoisine aujourd’hui les 700 000 tonnes. L'alumine est transportée par voie ferrée jusqu'au
port de Conakry, où elle est embarquée dans les bateaux pour l'exportation. Au port se
trouvent des silos d'entrepôts transitaires pour protéger la substance minérale contre les
intempéries. Malgré ces dispositions, la ville de Conakry souffre de l'émission de la poussière
d’alumine qui couvre les alentours du port pendant la saison sèche45.

45
Bonnie Campbell, Ressources Minière en Afrique : Quelle Réglementation pour le Développement,
Pesse Universitaire du Québec, 2010

11
4
Au cours de la production de l'alumine par le procédé Bayer, des résidus sous forme de
masses sablonneuses et de boue rouge sont reversés dans la nature. La boue rouge est retenue
dans des lacs sur des hectares; elle a une réaction basique et peut, par conséquent, changer la
composition chimique de la nappe phréatique. C'est ainsi que l'on constate des valeurs de pH
élevées dans plusieurs puits aux alentours des lacs de boue.

Compagnie des Bauxites de Kindia (CBK)


La CBK exploite la bauxite à partir des gisements de Débélé et depuis peu, Balandougou, à
environ 110 km de Conakry. La production de la mine a commencé en 1974 avec l’Office des
Bauxites de Kindia (OBK) qui deviendra plus tard la Société des Bauxites de Kindia (SBK).
En 2003, l’Etat a mis en location gérance l’usine à Russki Alumini (Rusal) en vue de la
réhabilitation, l’extension des installations et l’exploitation des gisements de bauxite de
Kindia.
En 2005, la CBK a produit 2 800 000 tonnes de bauxite et en 2007 cette production n’était
que de 2 316 195 tonnes. La CBK détient une concession de 1.015 km² jusqu'en 2026. Elle
produit en moyenne entre 2 à 2,5 millions de tonnes de bauxite à 12% d’humidité qui est
transportée par chemin de fer jusqu'au port de Conakry d'où elle est expédiée exclusivement à
la raffinerie d'alumine de Rusal à Nicolaiev, en Crimée (Ukraine)46.
Par ailleurs à la fin décembre 2009, 36 sociétés ont détenu des permis de recherche au niveau
du cadastre minier. Il y avait aussi six concessions minières accordées. Parmi ces projets, on a
enregistré sept projets importants (qualifiés de "méga majeurs") dans la filière bauxite.

Guinea Alumina Corporation (GAC)


Les partenaires qui sont autour de ce projet sont BHP Billiton, Global Alumina, Dubaï
Aluminium et Mubadala. La production ciblée de 10 millions de tonnes de bauxite et 3,3
millions de tonnes de d’alumine à Sangarédi. Le coût du projet est d’environ 4,5 milliards
USD. Le projet prévoit de partager la ligne de chemin de fer de CBG pour transporter
l'alumine jusqu'au port de Kamsar où il est prévu de construire un nouveau terminal.

Rusal / Compagnie des Bauxites de Dian-Dian (COBAD)


L’Etat est en partenariat avec Rusal dans ce projet dont la production est estimée à 12 millions
de tonnes de bauxite et 2,8 millions de tonnes d’alumine. Le coût du projet est évalué à 4

46
GTZ, les Enjeux de la Gouvernance du secteur des mines en Guinée, Mars 2011 et GIZ, Mines et
Développement Durable en République de Guinée, Juillet 2008.

11
4
milliards USD. Il détient une concession minière de 1.170 km², signée depuis le 25 octobre
2002 pour une durée de 25 ans.

Projet d'usine d'alumine Alcoa-Alcan / Rio Tinto


Ce projet cible la construction d’une usine d’alumine à Kolaboui dans la préfecture de Boké.
Les partenaires qui sont autour de ce projet sont Alcoa et Alcan / Rio Tinto. La production
initiale sera de 1,5 millions de tonnes d’alumine avec la possibilité d’extension à 4,5 millions
de tonnes à partir de la bauxite non exportable qui sera produite par CBG. Le coût du projet
est estimé à 1 milliard USD.

Société des Bauxites de Dabola-Tougué (SBDT)


Il s’agit d’un vieux projet où l’Etat est en partenariat avec l’Iran pour la production de 10
millions de tonnes de bauxite pour 1 million de tonnes d’alumine par an. La SBDT détient une
vaste concession de 5.684 km² jusqu'en 2023 dans le centre du pays (zones de Dabola et de
Tougué). L'investissement nécessaire est évalué à 2,5 milliards USD.

Projet de bauxite de Gaoual / Alliance Mining Corporation (AMC)


Le principal actionnaire est la société AMC, une société australienne pour la production de
bauxite et d’alumine dont les études de faisabilité sont en cours.

Projet Boffa / BHP Billiton


Les premières études de BHP Billiton dans cette zone ont démontré l’existence de ressources
géologiques de plus d’un milliard de tonnes de bauxite qui faisait l’objet d’un projet d’usine
d’alumine dans la région. Ce projet comptait aussi construire un port d’évacuation à
l’embouchure de la Fatala. BHP estimait que le projet pourrait être réalisé d’ici l’horizon
2018. Malheureusement ou heureusement par suite de désaccords avec le gouvernement, le
projet a été annulé et BHP vient de quitter le pays.

Paragraphe 2 : L’exploitation du fer et la protection de l’environnement en Guinée

La Guinée recèle deux gisements de fer de classe mondiale inexploités : les Monts Nimba et
Simandou, distants de 110 km, dans le sud-est de la Guinée. Ils figurent parmi les tout
derniers connus au monde de cette classe à n'avoir pas encore été développés. Leur mise en

11
4
exploitation intéresse certaines des plus grosses sociétés minières mondiales, la société Rio
Tinto pour le Simandou et la société BHP-Billiton à travers le consortium Euro-Nimba pour
les Monts Nimba. Ces gisements à haute teneur (66 à 68% Fe) sont liés aux itabirites
(quartzite à magnétite rubanés) de l'Archéen tardif et du Paléo-protérozoïque précoce et aux
accumulations d'altération qui en dérivent.
D'autres gisements de moindre envergure ou moins connus ont été relevés dans d'autres zones
en Haute Guinée et en Guinée Forestière et dans les schistes et quartzites du Protérozoïque
inférieur à Forécariah ou liés aux grès ordoviciens dans le centre du pays (Moyenne Guinée).
Il existe aussi des gisements latéritiques en Basse Guinée dont le gisement de la presqu'île de
Kaloum à Conakry. Le projet le plus avancé en exploration est celui de Rio Tinto Simfer.SA
(Simandou).

Rio Tinto, Iron Ore (Chaîne de Simandou)


Le Projet Simandou est développé par la société de droit guinéen Simfer S.A. (Simfer).
Simfer est membre du Groupe Rio Tinto et possède une concession de minerai de fer qui
couvre la partie sud de la chaîne de montagnes de Simandou Les actionnaires actuels de
Simfer sont le groupe Rio Tinto (95%) et la Société Financière Internationale (SFI– 5%). La
mine sera exploitée par Simfer et la construction de la liaison ferroviaires et des
infrastructures portuaires sera réalisée par une société distincte à créer (connue comme
structure de titrisation) devant être détenue à 51% par le gouvernement guinéen et à 49% par
les actionnaires de Simfer et ses affiliés. Les développements de la mine, de la liaison
ferroviaire et du port, leurs infrastructures connexes sont ci-après dénommés « Le Projet
Simandou »47.
Rio Tinto Iron Ore (RTIO) effectue actuellement une série de travaux d’exploration et
d’évaluation avancés sur plusieurs cibles de minerai de fer de haute teneur reparti le long des
110 km de la Chaîne de Simandou, située dans la partie Sud-est de la Guinée. Le programme
le plus avancé concerne le Pic de Fon situé dans la zone Sud de la Chaîne, à environ 50 km au
Sud-ouest de Beyla. Les résultats obtenus indiquent l’existence d’un gisement de minerai de
fer avec un potentiel d’exploitation d’une grande mine à ciel ouvert, sur plus de 50 ans. Les
résultats des travaux effectués ont montré un potentiel de ressources géologiques in situ d’à
peu près 1 milliard de tonnes de minerai de fer de première qualité au Pic de Fon. Rio Tinto a
aussi repéré un potentiel des ressources additionnelles de qualité similaire à l’intérieur de la
concession au Nord de Pic de Fon à Ouéléba et au Sud. Les dépenses s’élèvent à 25 millions
47
Rio Tinto Simfer .SA, Projet Simandou, Termes de référence de l’Etude d’impact environnementale et sociale,
partie E Programme pour route, 14 nov. 2011

11
4
USD et un supplément de 30 millions de USD avait été engagé jusqu’à la fin de 2006. Ce
financement a pour objet de terminer l’étude de préfaisabilité du Pic de Fon, l’étude d’ordre
de grandeur de Ouéléba et d’évaluer le potentiel de cibles d’indices de fer dans la partie Nord
de la concession minière. En 2007 les activités de RTIO ont énormément augmenté. Il s'est
agi notamment de l’étude de faisabilité d’exploitation des minerais de fer dans la région de
Pic de Fon et Ouéléba ainsi que l’étude de faisabilité du ‘Trans-guinéen’, qui va englober :
 le chemin de fer;
 la mise en fonction du transport du minerai;
 la construction et la mise en fonction d’un port minéralier en eau profonde à Matakan
dans la préfecture de Forécariah.
Le projet d'exploitation minière sur les domaines du Pic de Fon et d'Ouéléba va modifier
considérablement le paysage de la chaîne de Simandou à travers, l'opération à ciel ouvert, la
station d'embarquement du minerai et la voie ferrée. Cet impact est prévu, selon le niveau
actuel des connaissances, dans le domaine de la partie sud de la chaîne. Le minerai de fer de
faible teneur de la partie nord est pour l'instant du point de vue économique de faible
importance et pourrait conséquemment ne pas faire l'objet d'une exploitation.
La Chaîne de Simandou s’élève comme une ligne de crête de 600-800 mètres dominant la
plaine en contrebas. Elle s’élève jusqu'a 1 650 mètres et possède des versants abrupts entaillés
profondément par des réseaux de drainage. La végétation est constituée de savane herbeuse le
long de la crête et des pentes. Elle passe le long des flancs, particulièrement dans les profonds
réseaux de drainage en forêts primaires précieuses. La minéralisation ferrugineuse est
généralement concentrée le long de la crête herbeuse non peuplée. Ainsi, des mesures de
relocalisation de populations pour la mise en fonction de la méga-mine au Pic de Fon, ne
seront pas nécessaires. Aussi, les problèmes hydrauliques et ceux de la conservation des eaux
au sein du réseau de drainage, seront techniquement solvables sans entraves écologiques
majeures.
Dans le but de contrecarrer les impacts négatifs de l’extraction du minerai dans sa zone
d’intervention, Rio Tinto a lancé en novembre 2008 un programme de développement
communautaire.
Ce programme utilise comme support un comité local composé des représentants de la CRD
de Nionsomorodou, des organisations de la société civile et des représentants de Rio Tinto. Ce
comité qui est appuyé par un Bureau d'Entraide pour le Développement (BED) qui assure :

11
4
 Des projets devant être réalisés dans les 19 villages de la sous-préfecture de
Nionsomorodou, dans la préfecture de Beyla, à proximité du site d’exploitation de Rio
Tinto ;
 L’appui aux comités de gestion des infrastructures ;
 La réflexion sur la gestion des impôts locales et taxes qui seront injectés dans le
développement local ;
 La promotion du développement des activités agropastorales au niveau des 19 villages
concernés.
Ce projet pourrait connaître d’autres développements lors de la phase exploitation 48.
A l’instar de ce grand projet, d’autres aussi sont en exploration comme :

Projet Monts Nimba - SFMG / Euro-Nimba


Les partenaires autour de ce projet sont Euro-Nimba (des sociétés multinationales dont BHP
Billiton et Newmont) et la MIFERGUI. La SFMG a signé une convention minière portant sur
le projet d'exploitation du minerai de fer. Elle détient une concession de 5,56 km² jusqu'en
2028. La société envisage, après une nouvelle étude de faisabilité, un rythme d'exploitation de
20 millions de tonnes par an. Sa réalisation est tributaire de la construction d'une voie
d'évacuation, soit à travers la Guinée par un chemin de fer Transguinéen (1.000 km), soit par
une solution alternative à partir du Libéria dans le cas ou la première possibilité se révèle
économiquement non rentable.
Il faut noter que l'opérateur s'engage à suivre les 18 recommandations émises par le Comité
du Patrimoine Mondial et à bien tenir compte des contraintes de protection des biotopes
classés des Monts Nimba.

Projet des Mines de fer de Kalia (Faranah)


Le principal partenaire de l’Etat dans ce projet est la société Bellzone d’Australie qui vient de
s’associer avec China Investment Funds. Elle a découvert un gisement de fer assez important
et a présenté récemment une étude de faisabilité en vue d’obtenir une convention assortie
d’une concession minière.

Projet Zogota (N’Zérékoré)

48
GTZ, les Enjeux de la Gouvernance du secteur des mines en Guinée, Mars 2011.

11
4
Au début, le principal partenaire de l’Etat dans ce projet était la société Benny Steinmetz
Group Resources (BSGR). Actuellement la société brésilienne Vale vient de racheter plus de
50% de la concession de Zogota et des permis de recherches des blocs 1 et 2 de Simandou.
Ce projet cible l’exploitation du gisement de fer de Zogota dont les ressources sont estimées à
plus de 2 milliards de tonnes de fer. La société a présenté en 2009, son étude de faisabilité qui
a été accepté par le Gouvernement. La société prévoit d’évacuer le minerai par le Libéria.

Section 2 : Les entreprises d’exploitation de l’or et du diamant en Guinée

La principale région aurifère de Guinée est la Haute Guinée et en particulier le bassin de


Siguiri (préfectures de Siguiri, Kouroussa, Mandiana, Dinguiraye, Kankan). On trouve aussi
de l'or en moindres quantités dans les zones de Fitaba (Mamou et Faranah), Kindia et
N'Zérékoré. Il est présent en Guinée sous forme de gisements primaires (disséminations,
Stockwerks, veines de quartz) et secondaires (enrichissements latéritiques, alluvions des lits et
terrasses de cours d'eau). Ces gisements sont exploités de façon artisanale, semi-industrielle et
industrielle.
Les ressources du pays sont estimées à plusieurs centaines de tonnes, dont près de 300tonnes
identifiées. La recherche de ressources supplémentaires (exploration à la recherche
d'extension des gisements connus et de nouveaux gisements) par les sociétés privées se
poursuit.
Malgré la présence de plus de 130 sociétés en phase de recherche d’or, principalement dans le
bassin du Birrimien, il n’y a en Guinée que 3 exploitations de d'or à l'échelle industrielle:
SAG (Koron / Siguiri), SMD (Léro / Fayalala) et SEMAFO (Kiniéro).
S'y ajoutent plusieurs exploitations en petite mine ou par dragage et une intense activité
d'exploitation artisanale, essentiellement en Haute Guinée. Plusieurs sociétés sont en phase
d'exploration active à la recherche de nouveaux gisements à mettre en valeur. Parmi les
principales on pourra citer Cassidy Gold, Caracal Gold et Mining Guinée.
Le diamant quant à lui a été découvert en Guinée en 1932 par le prospecteur irlandais R.
Dermody qui a remonté le cours supérieur de la rivière Makona (région de Macenta), suite
aux découvertes de Sierra Leone en 1930. Les principaux gisements connus sont situés dans le
triangle formé par les préfectures de Kérouané, Kissidougou et Macenta, le long des rivières
Baoulé, Milo et Diani. D'autres découvertes de diamant ont été faites dans l'ouest de la
Guinée, notamment à Kindia et à Forécariah. Il est présent dans des gisements secondaires
(éluvionnaire et alluvionnaire en lit vif et en terrasses) et primaires (kimberlites). En Guinée,
les kimberlites sont datées de 175 millions d’ans environ (Jurassique). Les diamants sont

11
4
généralement de bonne qualité avec une nette prédominance des pierres de joaillerie. Les
ressources totales sont encore mal évaluées et peuvent être de quelques dizaines de millions
de carats, mais le potentiel reste ouvert car les kimberlites ne sont pas encore complètement
inventoriées.

Paragraphe 1 : L’exploitation industrielle et la protection de l’environnement en Guinée

L’exploitation industrielle de l’or concerne trois (3) sociétés aurifères : SAG, SEMAFO et la
SMD ; alors que celui du diamant ne concerne que l’AREDOR.

SAG et SEMAFO
L'exploitation minière de l'or dans ces deux concessions concerne des minerais de faible
teneur. La teneur moyenne en or des minerais concassés est de 1,1 g d'or par tonne de minerai
à la SAG de Siguiri et de 3,3 g d'or par tonne de minerai à la mine de SEMAFO à Kiniéro. La
production de 10 tonnes d’or que la SAG a réalisée en 2007 a nécessité théoriquement le
transit par le concasseur de 1 000 000 tonnes (400 000 m 3) de minerai ; et pour 2 tonnes d’or
produits par la SEMAFO, il a fallu déplacer au moins 600 000 tonnes (230 000 m 3) de
minerai49.
En réalité, l’exploitation minière induit le déplacement de quantités plus importantes de
masses de roches, qui doivent être dégagées pour donner accès à la zone porteuse du minerai
d’or. Il en résulte de gigantesques fosses d'excavation jonchées de terrasses sur plus d'un
kilomètre de longueur et plusieurs centaines de mètres de largeur. Les masses de roches
stériles déplacées sont stockées séparément pour être utilisées ultérieurement pendant les
opérations de remblayage. Aussi, le traitement du minerai génère des résidus boueux qui sont
déversés dans des bassins.
L’exploitation et le traitement du minerai aurifère influencent ainsi fortement l’environnement
de surface, tout en provoquant à des degrés divers, des dégâts environnementaux décrits
comme suivent:
 l'exploitation minière à ciel ouvert éprouve le terrain jusqu’à une profondeur de 80 m
et sur une échelle de l’ordre de 100 m au kilomètre;
 le déplacement de quantités énormes de substances rocheuses;
 la dépréciation de la nappe phréatique; conséquence immédiate de la position
subjacente du minerai par rapport à l'aquifère;

49
GIZ, Mines et Développement Durable en République de Guinée, Juillet 2008.

11
4
 des lacs de boue sur des hectares contenant les résidus toxiques résultant des activités
minières.
Les mesures d’atténuation des dégâts causés par les activités minières sont de plusieurs
ordres. Essentiellement, elles consistent à remblayer les espaces vides de telle manière que
l'homme ainsi que les autres composantes de l'écosystème (faune et flore) y retrouvent leurs
comptes. Ces opérations sont menées pendant l'exploitation ou plus tard, sous forme de
reboisement. A titre illustratif, la SEMAFO a procédé en 2006 au reboisement de 57 120
plants d'arbres forestiers et fruitiers sur environ 28 ha.
Il faut mentionner par ailleurs l'attention particulière des ingénieurs des mines sur la
protection des eaux souterraines aux alentours de l'exploitation et du traitement des minerais.
En effet, la souillure de ces eaux peut être provoquée par l'exploitation à ciel ouvert,
particulièrement lorsque les couches minéralisées entrecoupent l'aquifère, et au cas où les
huiles minérales des machines s'infiltrent accidentellement dans la nappe phréatique. Aussi,
les substances toxiques des retenues boueuses peuvent s'infiltrer dans la nappe sous-jacente.
La mesure adéquate pour parer à ces dégâts est le suivi méticuleux des points d'observation
des nappes phréatiques et superficielles, afin de pouvoir réagir éventuellement par des
mesures appropriées et à temps opportun.
Les services de protection de l'environnement de toutes les mines visitées ont prouvé avec
professionnalisme qu'ils ont la maîtrise tant de la minimalisation des effets et dégâts
susmentionnés, que des techniques de réparation des impacts négatifs en cas de nécessité.
Des mesures de protection particulières sont évidemment prises pendant le transport et
l'utilisation de l'acide cyanurique. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les analyses
chimiques effectuées sur le terrain par la SAG et la SEMAFO n'ont révélé que d'infimes
quantités d'acide cyanurique dans les lacs de boues. De toute évidence, le complexe
cyanurique déversé dans le lac de boue se désagrège sous l'influence des rayons ultraviolets
solaires, ce qui conduit à la décontamination progressive des eaux. Pour preuve, il n'est pas
rare d'observer des centaines de canards sauvages dans le bassin de boue de Kiniéro comme
l'illustre la photo ci-dessus.
Plus délicats sont les impacts qui touchent directement à la vie de l'homme dont:
 la relocalisation entière ou partielle des agglomérations;
 la perte des champs agricoles touchés par l'exploitation minière;
 la construction de nouvelles infrastructures reléguant les anciennes à l'arrière-plan.

11
4
Les dégâts ainsi engendrés peuvent être techniquement minimes. Cependant, leurs réparations
supposent une concertation minutieuse avec les populations concernées. Des difficultés de
relocalisation des populations subsistent par exemple à la SAG de Siguiri, où les villages de
Kintinian et Bokariah (voir Photo ci-contre) se trouvent sur des zones à haute importance
minière. Ici, seules les périphéries des villages ont pu être relocalisées. Le centre par contre
est protégé contre la pression de l'exploitation minière par une bande de 100 mètres environ
de largeur.
La SAG et la SEMAFO contribuent techniquement et financièrement (déjà avec quelques
milliers USD par an) au développement communautaire par:
 la construction de mosquées, d'écoles, d'infrastructures sanitaires et communautaires;
 la fourniture d'équipements et de médicaments aux centres sanitaires;
 la construction de puits pour l'approvisionnement en eau potable;
 l'arrosage des pistes pour limiter l'émission de poussières;
 la distribution de masques anti-poussières aux personnels exposés;
 la construction de routes.
Pour la mise en œuvre de cette participation au développement et la négociation avec les
communautés, certaines sociétés font intervenir des ONG en tant que facilitatrices pour gérer
les ressources mises à disposition. Le Centre Canadien de Coopération Internationale (CECI)
joue ce rôle au compte de la SAG et de la commune de Siguiri.
Un des facteurs réellement positif dans le cadre de l'exploitation minière est avant tout, la
création d'emplois. La SAG emploie environ 1 200 personnes tous corps de métiers
confondus; s'y ajoutent environ 1 000 personnes qui trouvent leur compte à travers des sous-
traitances. La SEMAFO de son côté emploie 700 personnes toutes professions confondues50.
La société industrielle de diamant AREDOR est actuellement en arrêt technique. Toutefois,
entre 1997 et 2003, elle a contribué à la construction d'écoles et réfection de routes, et a fourni
d'autres types d'assistance pour une valeur de 370 860 USD à l'initiative propre de l'entreprise.
A partir de 2001, un montant de 1% du chiffre d'affaires est alloué à la préfecture de
Kérouané comme contribution au développement communautaire. La petitesse de ce montant
est liée à la taille de la société.

Société Minière de Dinguiraye (SMD)


La Société Minière de Dinguiraye (SMD) exploite, depuis 1995, une concession de 1 500
km2. Gérée par KENOR s.a. société norvégienne. Cette opération en "heap leach" produisait 3
50
ibid

11
4
tonnes d’or par an sur les gisements primaires de Lero, Fayalala et environs à la limite entre
les préfectures de Siguiri et de Dinguiraye. Elle détient une concession de 1.500 km² jusqu'en
2024.
La SMD est détenue aujourd’hui à hauteur de 100% par Crew Gold Company, elle-même
détenue à 92% par le groupe russe Severstal. Le Gouvernement guinéen a vendu ses 15%
d’actions contre une participation de 7,8% dans Crew Gold.
La SMD a construit une nouvelle usine de cyanuration en cuve (CIL) à un investissement de
plus de 250 millions USD. Ce qui lui a permis de doubler sa production entre 2007 et 2009,
passant de 3 à 6 tonnes d’or par an. Elle emploie directement près de 1.000 travailleurs.
En vue d’augmenter cette production à 13 tonnes par an, la SMD a de procéder
L’inauguration de sa nouvelle usine est programmée en cette année 2008.

AREDOR First City Mining Company


L’actionnaire principal, Trivalence Mining corporation, compagnie minière internationale
basée au Canada, est un nouveau producteur de diamants de haute qualité. Trivalence réalise
sa production sur la concession AREDOR (1 000 km 2) dont elle détient 85% des parts. La
mine a produit quelques-uns des plus gros diamants du monde, dont deux se sont vendus
respectivement à 8 et 10 millions USD, ainsi qu'un diamant de 70 carats qui s'est vendu à 2,7
millions USD. Aujourd’hui AREDOR est en difficultés techniques et financières. Elle
continue néanmoins ses activités au ralenti avec une petite laverie non performante dans la
localité de Banankoro. Ses activités sont arrêtées en 2004 faute de financement. Un opérateur
national à la personne de Bouna Keita avec des partenaires étrangers avaient repris le projet
qui aussi c’est soldé par un échec. Laissant un très énorme passif environnemental derrière
eux. Aucune restauration n’a été faite, même pas sur un seul des sites exploités.

Paragraphe 2 : L’exploitation artisanale de l’or et du diamant et la protection de


l’environnement en Guinée

L’exploitation artisanale de l’or (orpaillage) est ancestrale. Elle remonte du Moyen-âge et se


pratique essentiellement en Haute Guinée (préfectures de Siguiri, Mandiana, Dinguiraye,
Kouroussa et Kankan). L’orpaillage en Haute Guinée occupe des dizaines de milliers de
personnes (50.000 à 100.000). Il est autorisé par le code minier de 1995 et celui de 2011 pour

11
4
les seuls nationaux, avec des permis d'exploitation artisanale par parcelles de 1000 m²
valables pour une période d’un an51.
En principe la gestion de ce secteur relève de la Direction Nationale des Mines (DNM). C’est
elle qui délivre les permis d’exploitation artisanale. Mais, compte tenu des problèmes
spécifiques à ce secteur, ce sont les services préfectoraux qui cherchent à le réglementer. En
réalité, cette activité est gérée de manière traditionnelle. Les services préfectoraux des mines
essayent cependant de faire respecter un minimum de règles de sécurité (travail des enfants
etc.). On constate ces dernières années une recrudescence de cette exploitation, même pendant
l’hivernage, alors qu’elle est interdite pour permettre aux populations de s’adonner à
l’agriculture.
Le commerce de l'or issu de l'exploitation artisanale est libre à l'intérieur du pays. Une partie
est achetée par la Banque Centrale guinéenne (BCRG), qui dispose de deux bureaux d'achats,
l'un à Kankan, l'autre à Conakry, équipés de laboratoires de titrages gérés par le MMG. Une
autre partie est exportée par des sociétés et négociants privés. Enfin une troisième partie, non
comptabilisée dans les statistiques, est utilisée par les bijouteries locales.
L’or est utilisé aussi comme valeur de refuge. L'exportation de l'or par les privés doit être
enregistrée à la BCRG. Elle est théoriquement soumise, selon le code minier, à une taxe de
3%.
En 2009, les exportations d’or provenant de l’exploitation artisanale à travers le circuit
officiel de la BCRG se sont chiffrées à 2,45 tonnes d’or, pour une valeur totale de 69,4
millions USD.
L'exploitation artisanale ou à petite échelle du diamant se pratique essentiellement dans le
Sud-est de la Guinée (préfectures de Kérouané, Macenta, Beyla, Kissidougou et Guéckédou).
La plus grande zone de concentration est celle de Banankoro (Kérouané), sur des terrains
réservés par l'Etat, dans le voisinage des terrains de la société AREDOR. Elle se pratique
aussi dans les préfectures de Kindia, Forécariah et Télimélé où elle a été autorisée en 2009.
L’exploitation artisanale du diamant est une activité moins ancestrale et traditionnellement
moins encrée que l'orpaillage. Il occupe des dizaines de milliers de personnes, mais implique
souvent des populations déplacées. C’est ce qui explique la prolifération des problèmes
sanitaires (MST / SIDA) et sécuritaires. L'outillage utilisé est généralement très rudimentaire :
pelles, pioches, tamis et motopompes.

51
GTZ, les Enjeux de la Gouvernance du secteur des mines en Guinée, Mars 2011 et GIZ, Mines et
Développement Durable en République de Guinée, Juillet 2008. Cité plus haut

11
4
Le code minier autorise l'attribution de permis d'exploitation artisanale du diamant par
parcelles de 1 ha, valables 1 an, uniquement aux nationaux. La Division de l'Exploitation
Artisanale de la DNM dispose d'une cellule de 8 agents à Banankoro et fait office de bureau
d’encadrement et d’enregistrement. Elle délimite les parcelles et prépare les arrêtés
d'attribution.
En fonction des années, entre 50 et 200 titres sont attribués. Il existe aussi une activité
clandestine significative, en particulier dans la zone de Kindia.
L'attribution des permis d'exploitation artisanale est soumise au paiement de droits fixes (frais
d'instruction et de découpage, redevance) et d'une caution de restauration (500.000 GNF/ha),
en théorie remboursable si l’exploitant restaure le site. Les exploitants emploient des ouvriers
mineurs nourris et équipés puis payés en pourcentage de la récolte.
Les diamants récoltés sont ensuite vendus à des collecteurs dûment autorisés, obligatoirement
de nationalité guinéenne, ou directement à l'un des comptoirs d'achat agréés, seuls autorisés à
exporter. Les lots à exporter doivent d'abord être évalués par le Bureau National d'Expertise
(BNE), qui délivre des certificats d'origine conformes au "Processus de Kimberley" et perçoit
une taxe de 3% sur la valeur d'évaluation. Les lots sont alors transportés scellés jusqu'à la
passerelle de l'avion. Le diamant produit entre 1996 et 1999 est de deux (2) millions de carats
qui ont donné une valeur de 232 millions de dollars US.
En Guinée, la quasi-totalité de l’exploitation artisanale est hors-la-loi. De bons mécanismes
législatifs existent déjà, mais le manque de connaissance de la loi, la pénurie de compétences
techniques et de ressources pratiques pour garantir l’application des bonnes pratiques, le
manque de renforcement de la loi, ainsi que l’impact négatif du comportement prédateur de
certains acteurs contribuent à des pratiques illégales dans le secteur.
Elle se caractérise de nos jours par des structures de petite taille dont l’organisation de la
production est jugée faible et qui travaillent sans investissements importants ni équipements
appropriés avec un nombre très élevé d’artisans miniers généralement peu qualifiés. On note à
cause de l’utilisation des maigres moyens d’exploitation, un faible taux de récupération de
l’or et du diamant. La non-maîtrise des problèmes d’exhaure, l’absence de mesures d’hygiène,
de sécurité et de protection de l’environnement.
L’exploitation artisanale de l’or et du diamant est saisonnière et l’intention des actions
artisanales varie selon les zones. Ainsi les artisans miniers consacrent les périodes creusent de
l’exploitation à d’autres activités (agriculture, élevage, pêche, petit commerce).

11
4
L’environnement minier artisanal se caractérise par une profonde dégradation des ressources
naturelles, par une absence de mesure d’hygiène, de sécurité et de santé. Cette situation a pour
corollaire les effets néfastes sur la condition de vie des femmes et des enfants.
Cette exploitation artisanale est souvent associée à des impacts sociaux négatifs, comprenant
migration, toxicomanie, problèmes de santé, prostitution, travail des enfants, discrimination
sexiste et violence. Un grand nombre d’enfants et d’adolescents travaille dans le secteur
minier artisanal en Guinée, bien que cela soit interdit par la loi nationale et les conventions
des Nations unies ratifiées par l’Etat. L’impact de ce travail sur leur éducation, leur santé, leur
bien-être, ainsi que sur leurs perspectives d’avenir peut être dévastateur. L’exclusion des
écoles limite leurs choix futurs ainsi que leurs opportunités. Les travaux pénibles qu’ils
accomplissent nuisent à la croissance de leurs organes et de leurs os et l’exposition aux
minerais, aux poussières, aux produits chimiques et à la radioactivité peut avoir un impact
encore plus négatif chez l’enfant que chez l’adulte. Les facteurs qui expliquent le travail des
enfants dans ce secteur varient considérablement et il n’existe pas de solution simple.
Les femmes ont légalement le droit de travailler dans le secteur minier en vertu du droit
Guinéen et de la constitution du pays. Il existe cependant des normes aux niveaux locales et
des structures de gestion des mines qui limitent leur capacité d’accéder à l’égalité des
chances. Il est rare de voir des femmes creuser dans les mines, à moins qu’elles ne travaillent
sur des résidus, dans les zones ou carrières à faible teneur en minerai. Les femmes sont plutôt
impliquées dans le transport de matériaux et le traitement des minerais. Il existe aussi un petit
nombre, mais néanmoins significatif, de femmes qui travaillent comme négociants de produits
d’exploitation artisanale.
L’une des principales sources de revenus pour les femmes dans et autour des exploitations
minières artisanales est la fourniture de biens et de services aux mines. Cela inclut le
commerce de produits de consommation, la gérance de restaurants, ainsi que le commerce
sexuel. Dans certaines zones d’exploitation minière artisanale, le risque pour les femmes
d’être victimes de violences sexuelles et sexistes (VSS) est élevé52.
La combinaison des camps à dominance masculine, d’un grand nombre de jeunes hommes
loin de leurs maisons et familles, d’un chiffre d’affaires important au quotidien ainsi que d’un
mode de vie dans lequel l’alcool et la drogue occupent la première place contribue à ce que la
prostitution soit un facteur majeur dans de nombreuses zones d’exploitation artisanale. Le
niveau élevé de la promiscuité avec les pauvres, l’absence de services de santé ainsi qu’un

52
Étude PROMINES, Exploitation minière artisanale en République démocratique du Congo Pact, Inc. Juin
2010

11
4
manque d’assainissement et d’hygiène contribuent tous à des niveaux élevés de maladies et de
problèmes de santé dans les camps. La sensibilisation au VIH/SIDA est faible et la prévention
tend à s’appuyer sur la superstition plutôt que sur le changement de comportements, les
préservatifs, les tests de dépistage, les conseils, etc. Dans certaines zones d’exploitation
minière, on observe également un grand nombre de soldats en activité et démobilisés, ce qui
crée un autre facteur de risque étant donné le risque élevé de VIH/SIDA dans ce groupe. Tous
ces facteurs contribuent à ce que les régions et les camps d’exploitation minière artisanale
soient des sites à risques élevés de contamination par le VIH/SIDA ainsi que des vecteurs à
partir desquels des taux élevés de contamination peuvent se disséminer. Malgré ce risque, il
n’y a encore aucun programme de VIH/SIDA en Guinée qui se concentre spécifiquement sur
la prévention au sein de la communauté minière artisanale.
Les autres risques sanitaires associés au travail dans et autour des zones d’exploitation
artisanale sont : les risques pour la santé dus au travail, les problèmes associés au traitement
des produits miniers artisanaux, y compris l’exposition au mercure, aux minerais radioactifs, à
une mauvaise politique d’hygiène et d’assainissement dans les camps menant à des maladies
gastro-intestinales, à une charge parasitaire élevée53, etc.
Autre risque de taille : la malnutrition due à la mauvaise qualité des aliments, en particulier
sur les sites, la consommation d’eau et d’aliments contaminés par des substances minérales
provenant du lavage dans les sources d’eau locales, y compris la bioaccumulation de
minéraux dans les poissons et dans les cultures ainsi que les maladies du foie et d’autres
organes dues à l’usage excessif et prolongé d’alcool et de drogues.
L’environnement minier de l’exploitation du diamant de Banankoro est plus dégradé que celui
de l’or. Il est la résultante de deux activités d’exploitations industrielle et artisanale qui ont
provoqué et accéléré la détérioration des sols propices à l’agriculture, la disparition du couvert
végétal et surtout la destruction de l’écosystème humain depuis le départ de l’AREDOR.

53
ibid

11
4
Chapitre II : Le cadre normatif et institutionnel de la protection de
l’environnement dans les activités minières en République de Guinée
Malgré un potentiel important et les efforts déployés pour le réformer, le secteur minier
guinéen, faute de n’avoir pas bénéficié d’une meilleure gouvernance, n’a pas répondu aux
attentes en termes de contribution à l’économie et au développement nationale. Il est de
notoriété publique que les conventions minières régissant les activités du secteur ne sont pas
équilibrées. C’est aussi la conclusion de l’analyse de ces conventions effectuée en 2006, sous
l’égide de la Banque Mondiale. Cependant les opportunités d’améliorer les performances
n’ont pas manqué.
Depuis la Conférence de Rio en 1992, la protection de l’environnement et le développement
durable sont au centre des préoccupations de tous les partenaires des activités minières. La

11
4
problématique s’est enrichie de nouveaux concepts de développement des infrastructures et de
gestion transparente et équitable des revenus. Ce qui passe forcement par des institutions
fortes et efficaces (Section 1) fonctionnant par une règlementation efficiente (sections 2).

Section 2 : Le Cadre Institutionnel

Globalement, les Etats et les grandes sociétés sont les principaux acteurs du secteur minier,
cependant pour une bonne gouvernance des mines d’autres acteurs comme la société civile et
les partenaires bilatéraux et multilatéraux doivent forcement être associés pour une gestion
concertée et durable de ce secteur stratégique.
Par ailleurs, au-delà e ses prérogatives de souveraineté nationale, l’Etat a besoin des
entreprises internationales, détentrices des technologies et des capitaux pour la mise en valeur
de leurs ressources minérales. Les exploitants, les contractants et sous-traitants sont des
instruments de mise en œuvre des projets miniers.
Ainsi, le prochain chapitre étant consacré à ces sociétés minières, nous examinerons ici l’Etat
(paragraphe 1) et les autres institutions qui sont la société civile, les partenaires bilatéraux et
multilatéraux.

Paragraphe 1 : L’Etat et ses démembrements

L’Etat à la double responsabilité de négocier les contrats de mise en valeur et d’en gérer les
impacts et les revenus financiers générés. La répartition des produits d’exploitation entre
l’Etat, les sociétés et les groupes sociaux et l’anticipation des impacts environnementaux
socioéconomiques et leur contrôle font l’objet de négociations complexes et difficiles au
cours desquels les représentants de l’Etat cherchent à obtenir, dans un contexte changeant, un
partage équitable de la rente minière.
Il est évident que transformer des ressources non renouvelables en atouts pour le
développement durable n’est pas chose aisée. Cela implique des engagements forts dans un
partenariat constructif entre l’Etat, les opérateurs miniers, les communautés et la société
civile.
Les constats lors de la mission de terrain laissent apparaître que la construction et la
qualification de ce partenariat reste une tâche entière à réaliser dans les différents sites
d’exploitation visités.

Le Parlement

11
4
Depuis le coup d’Etat du 22 décembre 2008, l’assemblée a été dissout par le CNDD, les
institutions de la transition politique ont mis en place le Conseil national de transition qui joue
le rôle de l’Assemblée Nationale. D’après le calendrier politique ce conseil devrait être
remplacé par une assemblée élue six (6) mois après l’élection présidentielle.
Malheureusement dix huit (18) mois après cette élection présidentielle, CNT continue de
fonctionner faute d’élection législative. C’est ce CNT qui a voté la loi portant code minier et
qui ratifie les conventions minières de concession ou de permis d’exploitation.
Par ailleurs, elle suit la gestion du secteur minier à travers le contrôle qu’elle exerce sur le
Gouvernement. Pour s’acquitter correctement de sa tâche, et compte tenu de l’importance des
secteurs, la commission permanente « Mines et Energie » existant au sein de l’ancienne
l’Assemblée a été reconduite au CNT.
Espérant des élections législatives rapides, nous souhaiterons bien que des spécialistes en
droit de l’environnement soient élus et associés pour mieux redynamiser cette commission
parlementaire qui examine les conventions et contrats miniers.

Le Gouvernement guinéen
En Guinée, les services techniques du Ministère des mines et de la géologie et une
Commission Interministérielle dont le ministère de l’économie et des finances et celui de
l’environnement en priorité conduisent les négociations des contrats miniers. Les ministres en
charge des mines et des finances engagent l’Etat par leurs signatures.
L’opacité et la corruption dans la quelle sont négociées les conventions minières par le
gouvernement influencent la performance des contrats miniers, à cause de la mauvaise
application du code minier et du code de l’environnement déjà évoquée, mais aussi des
interférences intempestives du Cabinet de la Présidence de la République dirigée souvent par
son propre fils.
Rappelons à ce dernier égard l’affaire Paladino.

Le ministère des mines et de la géologie (MMG)


Le MMG est régit par les décrets D/2008/051/PRG/SGG et D/2008/055/PRG/SGG portant
attributions et organisations des Départements Ministériels et des Secrétariats Généraux. Le
personnel actuel du MMG est de 1.328 travailleurs, dont 100 au niveau des services
déconcentrés.
Près de la moitié de cet effectif (564) sont de nouveaux fonctionnaires.
Missions du Ministère des Mines et de la Géologie (MMG)

11
4
Le MMG a pour mission la conception, l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et le contrôle
de la politique du Gouvernement dans les domaines des mines, de la géologie et des
hydrocarbures.
A ce titre, il est particulièrement chargé :
 de définir la politique nationale de mise en valeur des ressources minières ;
 d’élaborer la législation et la réglementation minières et d’en assurer l’application et le
suivi sur l’ensemble du territoire national ;
 de négocier et de conclure tous les accords et conventions dans le cadre de la gestion
du patrimoine minier ;
 d’établir les infrastructures géologiques, hydrogéologiques et géotechniques du
territoire national à différentes échelles ;
 d’inventorier et d’évaluer les ressources minérales, eaux souterraines et le potentiel en
hydrocarbures du pays ;
 d’exécuter les travaux de télédétection et d’assurer le traitement et l’interprétation des
données qui en résultent et d’assurer la surveillance sismologique du pays ;
 de suivre et de contrôler la mise en œuvre des plans d’action proposés par les sociétés
et les projets miniers publics et privés ;
 de suivre la gestion des participations de l’Etat dans les sociétés minières en relation
avec les départements compétents ;
 de représenter la République de Guinée aux forums et organisations internationales du
secteur des mines et de la géologie ;
 de suivre l’évolution des marchés des matières premières et de réaliser des études
prospectives54.

Le Ministère en charge de l’environnement


La mise en place d’une administration chargée de la gestion de l’environnement en Guinée
date de 1986. Cette administration est d’abord confiée à l’ex –secrétariat d’Etat des eaux et
forets alors lui-même sous la tutelle du ministère des ressources naturelles, de l’énergie et de
l’environnement. Ensuite , la tutelle des services de l’environnement est successivement
confiée , à l’occasion des différentes restructurations du gouvernement , au ministère des
ressources naturelles et de l’environnement (1988), au ministère de l’énergie et de
l’environnement (1994) , au ministère des travaux publics et de l’environnement (1996) , au

54
D/2008/055/PRG/SGG portant attributions et organisations des Départements Ministériels et des Secrétariats
Généraux

11
4
ministère de l’équipement (1997) et au ministère des ministère des mines , de la Géologie et
de l’environnement ; il est érigé en ministère autonome en 2004, ministère d’Etat en 2009 et
aujourd’hui un ministère autonome.
Malgré ces différents changements de tutelle, les missions des services de l’environnement
sont restées les mêmes, à savoir : l’élaboration, la coordination, la mise en œuvre, le suivi et
l’évaluation de la politique du Gouvernement dans les domaines de la sauvegarde de
l’environnement, de la gestion rationnelle des ressources naturelles et de l’amélioration de la
qualité de vie, dans une perspective de développement durable.
A date, il est chargé entre autres:
 d’assurer la protection de l’environnement contre toutes formes de dégradation ;
 de concevoir, d’élaborer et de mettre en œuvre la législation et la réglementation en
matière d’environnement et d’en assurer le suivi et le contrôle ;
 de veiller à la prise en compte des principes de développement durable dans les
politiques sectorielles de l’Etat ;
 de mener des études stratégiques et prospectives en ce qui concerne la prévention et la
réduction des risques écologiques en matière d’urbanisation, d’équipement, de
transport, de grandes infrastructures, d’utilisation rationnelle des ressources
énergétiques et de développement des énergies renouvelables ;
 de mener des études d’adéquation de politiques nationales en matière d’urbanisation,
d’équipement, de transport, de grandes infrastructures avec la politique
environnementale du Gouvernement ;
 d’assurer la protection, l’aménagement, la reconstitution et la conservation des forêts
et des aires protégées en général et plus particulièrement des écosystèmes fragiles ;
 de prévenir et de lutter contre toutes formes de pollution et nuisances ;
 de veiller à l’intégration des préoccupations environnementales dans les plans,
programmes et projets de développement socio- économiques du pays ;
 de mettre en place et de gérer des mécanismes de veille et de suivi des tendances de
changement de l’état de l’environnement naturel et humain ;
 d’assurer l’information, la sensibilisation et l’éducation des citoyens en vue de leur
participation à la protection et à la gestion durable de l’environnement ;
 de promouvoir les actions de recherche et de vulgarisation environnementale en vue
du développement endogène et intégré des différentes régions du pays ;

11
4
Les activités minières sont principalement gérées par la Direction Nationale de
l’Environnement, le fond de sauvegarde de l’environnement, le conseil national de
l’environnement et le bureau national d’évaluation environnementale et d’étude d’impact.
La Direction Nationale de l’Environnement a pour mission la conception, l’élaboration et la
mise en œuvre de la politique du Gouvernement en matière de prévention et de lutte contre
toutes les formes de dégradation des ressources naturelles, de pollutions et de nuisances.
Pour accomplir sa mission, la Direction Nationale de l’Environnement comprend des services
d’appui et des Divisions Techniques. Les divisions techniques sont : la Division
Etablissements Classés, la Division Contrôle des Produits Chimiques et la Division
Prévention des Pollutions et Nuisances.
Un Fonds de Sauvegarde de l’Environnement (FSE) est mis en place pour des programmes de
renforcement des capacités des ressources humaines et d’approfondissement de la réflexion
sur les questions environnementales. Un appui est attendu par le MMG dans des domaines
comme : i) la formation de spécialistes en évaluation des principales nuisances industrielles et
énergétiques et la formation en ISO 14.000 et séries de tous les responsables de département
du Ministère, ii) l’appui institutionnel aux structures en charge du contrôle pour leur permettre
de réaliser correctement leurs missions et iii) la sensibilisation des populations des zones
minières.
Malgré l’existence d’un arrêté conjoint des deux Ministres en charge des mines et de
l’environnement harmonisant les procédures d’intervention des deux départements dans le
suivi environnemental, il n’existe pas de vraie concertation entre les structures impliquées.
La division concernée à la DNM n’est impliquée ni dans l’élaboration et l’évaluation des
études d’impacts, ni dans les autres interventions du ministère en charge de l’environnement
au niveau des sociétés minières, ce qui pose de sérieux problèmes.
le conseil national de l’environnement (CNE) est un organe consultatif de promotion de
planification et d’harmonisation .Il est chargé de formuler les avis sur les politiques
environnementales sectorielles en rapport avec ses commissions techniques ou
spécialisées .Selon le décret 241du16/10/97 le CNE a pour mission d’assister l’autorité
ministérielle chargée de l’environnement dans la préparation d’une politique nationale en
matière d’environnement, de coordonner et de faciliter par une activité consultative l’action
du gouvernement en matière de protection et de mise en valeur de l’environnement .A cet
effet , il est chargé :
 D’examiner et de soumettre à l’approbation du gouvernement la politique nationale en
matière de l’environnement ;

11
4
 D’assurer la coordination, faciliter la concertation et la collaboration entre les
différents départements ministériels, organisme mixtes et prives intéressés par la
protection et la mis en valeur de l’environnement ;
 D’approuver le rapport annuel sur l’état de l’environnement ;
 D’examiner les conflits majeurs qui peuvent éventuellement surgir entre les
départements ministériels, organismes publics mixtes et privés en matière
d’environnement ;
 De suivre la gestion du fond sauvegarde de l’environnement ;
Il s’occupe également du suivi du PNAE. Il abrite le point focal du fond mondial pour
l’environnement. Il a des ramifications dans des quatre (4) régions naturelles présent sous
forme du (SRE). Il est constitué de trois organes à savoir la Conférence, le Comité
d’Experts et le Secrétariat Permanent.
Le Bureau National de l’Evaluation Environnementale et d’Etude d’Impact comme son nom
l’indique, s’occupe de cette question.
Les EIES, introduites dans la politique guinéenne de gestion environnementale des activités
minières depuis la promulgation du code minier en vigueur en 1995 reconduites et renforcées
par la loi L / 2011 / 006 / CNT du 9 septembre 2011 portant code minier de la République de
Guinée
, sont un outil majeur de la prévention de la dégradation de l’environnement minier et de
développement durable des communautés locales et régionales. Elles ont pour but d’identifier,
d’analyser et d’évaluer les impacts et des mesures de réduction, atténuation et de
compensation. Elles se déterminent comme résultats des travaux d’investissement spécifiques,
des Plans de Gestion Environnementale et Sociale (PGES), des Plans de Réhabilitation et de
Fermeture (PRF) et des Plans de Relocalisation.

Les forces de sécurité


L’intervention des services de sécurité dans la gestion du secteur minier a toute une histoire.
Sous la première République, le secteur était strictement géré, sauf cas de force majeure, par
la règlementation minière et celle du travail. La sécurité étant généralement assurée, on
n’observait pas d’intervention des services de sécurité en dehors des procédures civiles et
pénales.
A l’avènement d’armée au pouvoir en 1984, une de leurs premières mesures fut de nommer,
auprès des directions des exploitations minières, des Attachés Militaires de Liaison. C’était le
début d’une militarisation, parfois à souhait en raison de la recrudescence de l’insécurité des

11
4
vols et des dégradations de toutes sortes. Il a fallu rationaliser l’intervention, en dehors des
procédures civiles et pénales, des forces de sécurité pour assurer la protection des titres
miniers des personnes et des biens des activités minières, d’où la prise du Décret
D/95/170/PRG/SGG du 5 juin 1995 portant sécurité minière. Ce décret institua une
Commission Nationale de Sécurité sous l’animation d’un coordinateur, des compagnies et
Point d’Appui (PA) de sécurité composés de gendarmes ou de militaires et affectées aux
sociétés et activités minières. Il a assuré aux ingénieurs des mines et aux agents civils des
structures de la sécurité minière une habilitation d’agents de police judiciaire dans
l’application de la réglementaire minière, en général, et en particulier du décret de sécurité
minière.
C’est le décret suscité qui créa la Brigade Anti-fraude des Matières Précieuses (BAFMP).
Celle-ci est chargée du constat et de la répression des fraudes dans les circuits de
commercialisation et d’exportation des matières précieuses (or, diamants et pierres gemmes).
Cette structure est la seule prévue au décret qui ait été créée et qui fonctionne. Par manque de
moyens, elle n’atteint pas tous ses objectifs.
En dehors de ces dispositions légales, les implications actuelles des forces de sécurité
constatées dans l’exploitation artisanale n’a rien de légal55.

Le Ministère de d’Etat chargé de l’Economie et des Finances (MEF)


Le MEF en cosignant les contrats miniers avec son homologue des mines, engage le
Gouvernement sur les questions fiscales et de gestion financière. Dans la mise en œuvre des
contrats, le MEF enrôle les impôts et taxes, règlemente et contrôle les agences du trésor
chargées de leurs liquidations.
L’insertion des revenus miniers dans l’économie nationale et la prise en compte des recettes
minières dans le Système de Comptabilité Nationale, autres missions du MEF, ne semblent
pas s’effectuer de façon satisfaisante. L’Etat guinéen, en adhérant à l’Initiative de
Transparence des Industries Extractives (ITIE) qui sera vu dans le paragraphe suivant, doit
désormais pouvoir mieux évaluer et programmer l’utilisation des ressources fiscales et autres
contributions du secteur afin qu’elles soient mieux utilisées dans la lutte contre la pauvreté 56.

L’administration du territoire et la décentralisation

55
GTZ, les Enjeux de la Gouvernance du secteur des mines en Guinée, Mars 2011.

56
ibid

11
4
La nouvelle constitution guinéenne, en vigueur depuis le 7 mai 2010, comprend 4 articles qui
s’adressent à l’organisation territoriale du pays :
 Article 134 : L'organisation territoriale de la République est constituée par les
circonscriptions territoriales et les collectivités locales. Les circonscriptions
territoriales sont les préfectures et les sous-préfectures. Les collectivités locales sont
les communes urbaines et les communautés rurales.
 Article 135 : La création des circonscriptions territoriales, leur réorganisation et leur
fonctionnement relèvent du domaine réglementaire. La création des collectivités
locales et leur réorganisation relèvent du domaine de la loi.
 Article 136 : Les circonscriptions territoriales sont administrées par un représentant de
l'État assisté d'un organe délibérant. Les collectivités locales s'administrent librement
par des conseils élus sous le contrôle d'un délégué de l'État qui a la charge des intérêts
nationaux et du respect des lois.
 Article 137 : La loi organise la décentralisation par le transfert de compétences, de
ressources et de moyens aux collectivités locales.
Malgré le paiement par les sociétés de taxes et contributions diverses locales aux préfectures,
celles-ci exercent sur celles-là de fortes pressions pour obtenir des ressources financières
supplémentaires ou des prestations relevant de leurs charges municipales.
Les collectivités locales sont objets et sujets des impacts négatifs des activités minières et des
mesures d’atténuation et de compensation de ces impacts. Elles s’attendent à un impact positif
sur l’emploi, au renforcement des services de base et à l’amélioration continue de leurs
conditions de vie. Par ailleurs, les sociétés minières, pour se mettre en harmonie avec leur
environnement et pérenniser ainsi leurs activités, contribuent au développement local par des
programmes financés sur les budgets d’exploitation ou par des fondations mises en place par
ces sociétés. Ainsi les collectivités constituent-elles un partenaire privilégié dans le cadre du
développement durable induit par les activités minières.
Le processus de décentralisation a connu un nouveau souffle avec l’adoption en 2006 du code
des collectivités locales. La mise en œuvre de ce code devait permettre à la Guinée de franchir
une nouvelle étape, en se donnant les moyens d’appliquer ce code et faire des collectivités
locales de véritables acteurs du développement.
Le constat est que les collectivités locales n’ont ni les moyens, ni les capacités d’assumer
leurs fonctions. Les principales difficultés auxquelles sont confrontées les collectivités locales
sont liées :

11
4
 au manque de transfert de compétences et de ressources financières,
 au manque de ressources humaines suffisantes en quantité et en qualité,
 au fait que les organes délibérants ne sont pas fonctionnels,
 au manque de bonne gouvernance locale et
 à l’influence pesante de l’administration locale.
Les communes urbaines et les communes rurales des zones minières n’échappent pas à ces
difficultés.
Mieux elles sont considérées à tort ou à raison comme des collectivités plus riches que celles
qui n’abritent pas de sociétés minières. Cela a eu pour conséquence, par exemple, que le
PACV ne les a pas appuyées lors de ses deux phases. D’un autre côté, les conditions de vie
des populations des zones minières sont assez précaires comparées aux cités des sociétés
minières.
La plupart des collectivités locales des zones minières ont besoin d’être appuyées en vue de
renforcer leurs capacités, notamment dans la formation des élus et le renforcement des
capacités de mobilisation et de gestion des ressources de façon transparente.
Par ailleurs la confusion a toujours été entretenue par les problèmes liés à la production des
textes d’application du code minier de 1995 qui est récemment remplacé par la loi L/06/CNT
du 9 septembre 2011 dont on attend encore les textes d’application. Selon l’article 142 de
l’ancien code, « les droits, redevances et taxes ci-dessus sont répartis entre les budgets de
l’Etat, des collectivités locales et du Fonds de Promotion et de Développement Minier. Les
taux de répartition sont fixés par arrêté conjoint du Ministre chargé des finances et du
Ministre chargé des mines ».
Dans l’esprit d’expliciter l’article 142 du code minier, la note de service N° 0020/MMGE/03
en date du 31 juillet 2003, signé par le Secrétaire Général du MMG, fixe la répartition des
taxes minières et celles de l’exploitation des carrières comme suit :
 Budget national : 20% ;
 Budget préfectoral : 25% ;
 Budget CRD : 25% (dont 10% pour le district concerné) ;
 Fonds Minier : 30%.
Par la suite, l’arrêté conjoint N° A/2007/033/MEDE- MMG/SGG du 29 janvier 2007 fixant
les taux de répartition des droits fixes, des taxes et redevances résultant de l’octroi, du
renouvellement, de la prorogation, du transfert et/ou de l’amodiation des titres miniers, exclu
la collectivité locale de la répartition des droits taxes et redevances payés par les détenteurs de

11
4
titres miniers. C’est uniquement l’arrêté conjoint N° 3765/MEF/MMG/SGG en date du 10
octobre 2008 fixant les taux et tarifs des droits fixes et taxes et redevances résultant de
l’octroi, renouvellement de la prorogation du transfert et l’amodiation de titre minier qui
affecte l’intégralité de la taxe superficiaire à la collectivité locale de la zone d’extraction.
Cette situation a favorisé l’installation d’une cacophonie dans la gestion des ressources
locales provenant de l’exploitation minière et des carrières. Ainsi, dans chaque région ou
préfecture, l’autorité administrative applique les textes qui correspondent à ses intérêts
particuliers. Il est important de savoir que les structures de gestion des collectivités
territoriales administratives telles que la région administrative et la préfecture sont des
démembrements de l’Etat. Par conséquent et conformément à l’esprit de l’article 142 du code
minier, elles sont exclues des bénéficiaires des impôts, taxes et redevances payées par les
sociétés minières.
Même le recouvrement de la taxe superficiaire pose souvent des problèmes alors qu’elle est
réservée à réparer les dommages occasionnées par l’ouverture des puits (recherche), des
mines (exploitation) ou des carrières. Selon l’arrêté conjoint N° A/2007/033/MEDEMMG/
SGG du 29 janvier 2007, la société minière ou l’exploitant de la carrière doit verser
directement le montant de la taxe à la collectivité locale. Dans les zones ou le Président de la
CRD ou le Maire dispose d’une forte influence et maîtrise les textes, il arrive à s’imposer et à
faire valoir les droits de sa collectivité. Dans les autres cas, c’est la préfecture, par le biais du
Chef du Service Préfectoral des Mines et Carrières, qui collecte ces taxes et les répartit en
fonction des directives de l’autorité préfectorale.
Notons pour finir les collectivités locales que l’article 130 du nouveau code minier de 2011
consacré au développement de la communauté locale dispose : « Tout titulaire d’un titre
d'exploitation doit contracter une Convention de Développement avec la communauté locale
résidant sur ou à proximité immédiate de son titre d'exploitation ou de sa concession minière.
Les modalités d'élaboration de ces conventions sont définies par arrêté conjoint des ministres
en charge des mines et de la décentralisation.
L’objet de cette convention est de créer les conditions favorisant une gestion efficace et
transparente de la contribution au développement local payée par le titulaire du titre
d’exploitation, et qui tienne compte du renforcement des capacités des communautés locales à
la planification et à la mise en œuvre de leur programme de développement communautaire.
La convention doit inclure, entre autres, les dispositions relatives à la formation des
populations locales et plus généralement des guinéens, les mesures à prendre pour la
protection de l’environnement et la santé des populations, et les processus pour le

11
4
développement de projets à vocation sociale. Les principes de transparence et de consultation
seront appliqués à la gestion du Fonds de Développement Local ainsi qu’à toute convention
de développement de la Communauté locale qui sera publiée et rendue accessible à la
population concernée.
Le montant de la contribution du titulaire d’un titre d'exploitation au développement de la
communauté locale est fixé à zéro virgule cinq pour cent (0.5%) du chiffre d'affaire de la
société réalisé sur le titre minier de la zone pour les substances minières de catégorie 1 et à un
pour cent (1%) pour les autres substances minières.
Il est créé un Fonds de Développement Local (FDL) qui sera alimenté par cette contribution
du titulaire du titre minier dès la première année d’exploitation.
Les modalités d'utilisation de cette contribution et les règles de fonctionnement et de gestion
du Fonds de Développement Local sont définies par un Décret du Président de la
République. »
Il reste à attendre les textes prévus par cet article et leur efficacité sur le terrain. L’avenir nous
le dira.

Paragraphe 2 : La société civile et les partenaires au développement

Ici nous traiterons les ONG et les autres organisations de la société civile, avant voir les
partenaires bilatéraux et multilatéraux.

Les ONG et autres organisations de la société civile


Le rôle d’accompagnement du développement communautaire des ONG et d’autres
organisations de la société civile mérite aussi d’être signalé.
Les organisations de la société civile jouent un double rôle, à savoir : (i) la promotion de la
transparence dans la gestion des taxes et redevances minières et (ii) la formation des membres
des structures de gestion des collectivités locales dans les domaines de la gouvernance
administrative et financière.
Dans le domaine de la promotion de la transparence dans la gestion des taxes et redevances
minières, la coalition nationale « Publiez Ce Que Vous Payez » (PCQVP) a installé des
antennes dans les zones minières avec comme mission la promotion de la transparence dans la

11
4
gestion des ressources provenant du secteur minier. Dans certaines zones comme Sangarédi,
l’antenne est très dynamique et entretient des relations de partenariat avec le bureau de la
commune rurale et la direction décentralisée de la CBG qui l’utilise dans la sensibilisation des
communautés pour une meilleure gestion de l’eau et de l’électricité. Par contre, dans les
autres sites miniers, ces antennes ne sont pas encore opérationnelles.
Il a été aussi constaté l’existence de quelques ONG locales qui sont appuyées par le
Programme concerté de Renforcement des capacités des Organisations de la société civile et
de la Jeunesse Guinéenne (PROJEG). Ces ONG jouent un rôle assez important dans la
promotion de la gestion transparente des redevances minières et le renforcement des capacités
des membres des structures de gestion des collectivités locales dans des domaines comme la
gestion administrative et financière ainsi que la passation des marchés. Mais elles ne sont pas
bien structurées Les acteurs de la société civile impliqués dans la promotion de la bonne
gouvernance se classent en deux catégories, à savoir les ONG internationales comme le CECI
et les ONG locales. Il est à préciser que la plupart de ces ONG s’impliquent dans plusieurs
domaines, comme l’éducation, l’environnement, la santé, le développement local et la
gouvernance. Celles qui travaillent dans le domaine de la gouvernance du secteur minier et
qui ont été rencontrées sur le terrain sont indiquées ci-après.

Le Centre d’Etudes et de Coopération Internationale (CECI)


C’est une ONG internationale qui est présente en Guinée depuis 1986. Dans le domaine de la
gouvernance du secteur minier, le CECI dispose d’une expérience reconnue à travers un
projet de développement communautaire en appuyant le Comité Préfectoral de
Développement (CPD) de Siguiri dans la gestion des 0,4% du chiffre d’affaires, contribution
au développement local versée par la SAG. Le second projet porte sur le développement
communautaire des communes rurales de Kamsar, Kolaboui et Sangarédi.

Le Centre d’Appui au Développement (CAD)


Le CAD est une ONG nationale basée à Conakry et constituée par l’ancienne équipe de
l’United States African Development Foundation (USADF). Il est chargé de la mise en œuvre
et du suivi des projets USADF en Guinée. Le CAD a été retenu comme opérateur du PACV à
Fria et récemment dans un projet de développement communautaire à Boké (Tanènè, Boulèrè
et Sangarédi), ceci dans le cadre du partenariat Guinea Alumina Corporation (GAC) / USADF
pour la promotion et le développement de PME/PMI dans la zone d’intervention de la GAC.

11
4
La Coalition Nationale « Publiez Ce Que Vous Payez » (PCQVP)
La coalition nationale PCQVP regroupe des ONG, des syndicats et autres associations. Les
membres de la coalition PCQVP sont aussi membres de l’ITIE et reçoivent des appuis de
leurs partenaires pour le suivi de la mise en œuvre de cette initiative. Elle a réalisé la diffusion
du rapport de l’ITIE 2005 dans les zones minières à travers ses antennes locales à Fria,
Kamsar, Sangarédi, Kindia, Kouroussa, Siguiri et Dinguiraye. Ces antennes n’ont pour le
moment que le mérite d’exister : Elles ne sont pas opérationnelles, faute de moyens.

Guinée 44
Cette ONG nationale basée à Kindia depuis 1987 intervient dans le développement rural et
l’appui à la jeunesse, la décentralisation, l’artisanat et la petite entreprise. Elle appuie aussi la
commune rurale de Mambia dans le renforcement des capacités, la redevabilité et la recherche
de partenaires pour son développement. Guinée 44 développe des outils assez intéressants tels
l’intercommunalité et la création d’un fonds préfectoral de développement.

La mise en œuvre des initiatives ITIE et le PK


La Guinée a officiellement adhéré à l’Initiative de Transparence dans les Industries
Extractives (ITIE) en avril 2005. Cette initiative a pour objectifs i) d’assurer la transparence
des paiements et des revenus générés par les industries, ii) de rendre cette information
accessible à la société civile et au grand public et iii) de favoriser ainsi le bon usage de cette
richesse afin qu’elle soit un moteur de la croissance économique et contribue au
développement durable et à la réduction de la pauvreté.
Les principes auxquels souscrivent tous les pays qui adhèrent à cette initiative sont :
 La publication régulière de tous les paiements faits par les sociétés et de tous les
revenus perçus par le Gouvernement guinéen de façon compréhensible et accessible à
un large public ;
 La réconciliation des informations sur les paiements versés et les revenus perçus ;
 L’audit indépendant de ces paiements et de ces revenus ;
 L’inclusion des organisations de la société civile dans la mise en place, le suivi et
l’évaluation de ce processus ;
 Le développement d’un plan d’action soutenable pour la mise en œuvre de l’initiative
avec le soutien des partenaires au développement.
Les bénéfices attendus de l’ITIE sont :

11
4
 Une plus grande transparence, une meilleure gouvernance et une plus grande efficacité
dans la gestion des revenus du secteur minier ;
 Un renforcement de l’image de la Guinée pour attirer les investissements
internationaux ;
 De meilleurs rapports entre les sociétés minières, les administrations et les populations
de régions minières ;
 Un meilleur dialogue avec la société civile.
Depuis son adhésion la Guinée s’est attelée tout d’abord à la mise en place des organes qui
sont :
 Le Conseil de Supervision responsable de l’orientation politique de l’initiative. Il est
présidé par le Premier Ministre et comprend le Ministre chargé des mines, le Ministre
chargés des finances, le Président de la Chambre des Mines de Guinée et le Président
de la Société Civile ; le Président du Comité de Pilotage étant le rapporteur ;
 Le Comité de Pilotage est l’organe dont le mandat est d’assurer le fonctionnement de
l’ITIE. Il comprend 24 membres dont 12 de l’administration publique et 12 de la
société civile et des sociétés minières. Il est présidé par le Secrétaire Général du MMG
 Le Secrétariat Exécutif est l’organe d’exécution des activités de l’ITIEG : suivi,
gestion, organisation et fonctionnement quotidien des activités. Il est composé d’un
secrétaire exécutif, d’un secrétaire exécutif adjoint, d’un chargé du suivi-évaluation et
d’un responsable de la passation des marchés. Ce personnel est assisté par un
comptable recruté par la Banque Mondiale et un personnel contractuel d’appui.
L’ITIE a bénéficié d’un appui de la Banque Mondiale pour sa mise en œuvre depuis 2006.
Dans ce cadre, les principales activités réalisées jusqu’à nos jours sont les suivantes :
 Collecte, réconciliation, audit des données de l’exercice 2005 ;
 Publication en octobre 2007 du rapport exercice 2005 et diffusion du rapport au
niveau de Conakry et dans les zones minières de l’intérieur du pays ;
 Elaboration du rapport provisoire de l’exercice 2006 dont la finalisation devrait
intervenir très prochainement ;
 Parallèlement, la Guinée a entamée en 2009 le processus de validation du processus
qui devrait intervenir en mars 2010. Malheureusement, en raison des problèmes
sociopolitiques que le pays a connus depuis le coup d’Etat de décembre 2008 et des
évènements du 28 septembre 2009, la communauté internationale a fait un embargo
sur le pays.

11
4
C’est ainsi qu’aucun consultant n’a répondu à l’appel d’offre pour la sélection du
validateur.
Pour toutes ces raisons, la Guinée a demandé et obtenu auprès de l’ITIE international
une suspension volontaire à compter de décembre 2009 pour une durée d’un an. Il est
à rappeler que la BM a suspendu toute son aide à la Guinée y compris les projets en
cours comme l’ITIE ;
 Poursuite du renforcement des capacités et le maintien des acquis à travers des
séminaires en Guinée et à l’extérieur du pays avec l’appui de la coopération
allemande.
Il est à constater que l’ITIEG avait pris un bon départ, ce qui avait permis à la Guinée
de tenir ses engagements vis-à-vis de l’ITIE et lui a valu sa place au sein du Conseil
d’administration de l’ITIE Internationale. Mais au fil du temps, pour des raisons
diverses, le processus s’est grippé accusant des retards dans la production des rapports,
ce qui occasionne un décalage certain entre l’année en cours (2010) et l’année à
auditer (2006).
Malgré les difficultés évoquées plus haut, l’ITIEG a permis d’atteindre un certain nombre de
résultats utiles pour toutes les parties :
 Pour les administrations, une meilleure vue d’ensemble des revenus générés par le
secteur minier alors que certaines informations n’étaient centralisées que de façon
incomplètes par le Ministère en charge des finances ;
 L’identification d’un certain nombre de points techniques à améliorer dans la gestion
par les finances publiques des revenus du secteur minier. L’audit a permis de préciser
ces points et de faire des recommandations d’amélioration ;
 Une formulation et une présentation des gabarits pour les données statistiques des
paiements effectués par les sociétés minières et des revenus perçus par les
administrations publiques ;
 Une amélioration de la qualité et de l’exhaustivité des informations remises par les
entreprises;
 Un début de dialogue avec la société civile sur l’ensemble de ces enjeux ;
 Une information des citoyens du pays pour les revenus miniers perçus audités de
façon indépendante pour l’exercice 2005.
Depuis le gel du financement de la Banque Mondiale, l’ITIE manque de ressources pour sa
mise en œuvre. L’Etat n’a pas pu, à travers la loi des finances, assurer le fonctionnement de

11
4
cette structure. Lors de sa dernière mission en Guinée (août 2010), la BAD s’est engagée à
l’appuyer, notamment pour la publication des rapports et le renforcement des capacités.
L’ITIE dépend exclusivement du financement extérieur, ce qui est un handicap pour la mise
en œuvre du processus. Ainsi depuis que la Banque Mondiale a suspendu son aide, les
activités sont quasiment à l’arrêt et l’ITIE n’est pas en mesure de continuer les activités
identifiées dans le plan d’action et d’assurer la pérennisation des acquis.

Le Processus de Kimberley (PK)


Le PK est une initiative commune des gouvernements, de l'industrie internationale du diamant
et de la société civile pour endiguer le flot des "diamants des zones de conflit" ou "diamants
de sang", les diamants bruts qui sont utilisés par des mouvements rebelles pour financer des
guerres contre des gouvernements légitimes.
Le PK a pour objectif le contrôle de la circulation des diamants bruts, ceci en vue d’engager la
lutte contre les diamants servant à financer les rébellions.
Le Secrétariat Permanent du PK en tant qu’organe consultatif constitue le relai technique de
l’organisation en Guinée. A ce titre il a pour mission :
 De conseiller le MMG sur les mesures à prendre dans le cadre de la production et la
commercialisation des diamants en conformité avec les dispositions du Processus de
Kimberley ;
 La mise en oeuvre des décisions et recommandations issues des rencontres de
l’organisation ;
 Le suivi et la traçabilité du circuit des diamants en rapport avec les structures locales
(BNE, Brigade Anti-Fraude des Matières Précieuses, DNM, Division de l’exploitation
artisanale) à travers le commerce national et mondial ;
 Le contrôle interne, en rapport avec la Brigade Anti-Fraude des Matières Précieuses
(BAFMP) des diamants et de la mine en passant par les collecteurs, les comptoirs
jusqu’aux formalités d’exportation sous la responsabilité du BNE ;
 De veiller à ce que l’origine des diamants bruts vendus dans les comptoirs puissent
être identifiée ;
 D’effectuer des recoupements entre les chiffres des exportations et ceux de la
production à chaque étape de la commercialisation ;
 De veiller à ce que la production des mines artisanales soit enregistrée régulièrement
et communiquée à la fois au BNE et au Secrétariat Permanent du PK pour publication
sur le site Internet du PK ;

11
4
 De développer en collaboration avec les pays limitrophes, un programme coordonné
de lutte contre la contrebande des diamants.
Dans le cadre de l’atteinte de ces objectifs, un comité du PK a été créé en juin 2009, mais
pour des raisons financières, ce Comité n’est pas encore opérationnel.
Le Secrétariat Permanent du PK s’assure auprès du BNE de la certification de tous les
diamants d’origine guinéenne. Malgré ses ambitions et son importance, cette structure
manque de moyens humains (avec une seule personne), de matériels et de financement pour
réaliser toutes ses missions. Actuellement il est soutenu par le BNE.

2 - Les Partenaires au développement

La Banque Mondiale
En 2006, la Banque Mondiale a appuyé le Gouvernement guinéen dans le cadre de la mise en
œuvre de l’ITIE en Guinée. Elle a utilisé deux dons (IDF et FIAS) pour réaliser les actions
suivantes : i) évaluation du régime fiscal dans le code minier, par rapport à ce qui existe dans
les autres pays, ii) l’appui à l’élaboration du nouveau contrat minier type, iii) des provisions
sur le transfert des prix, iv) la relecture et la révision du code minier et v) la formation des
membres du Comité de Revue Interministériel et de Négociation des Conventions.
En 2007/2008, la Banque Mondiale a initié un projet de renforcement des capacités
institutionnelles du MMG avec un don espagnol. Ce projet a été annulé après le coup d’Etat
du 23 décembre 2008.
Dans le secteur minier, la coopération avec la Banque Mondiale est très active dans le cadre
de l’harmonisation des politiques fiscales au niveau des organisations régionales MRU et
CEDEAO. C’est dans ce cadre qu’elle a appuyé l’analyse stratégique du secteur minier Ouest
Africain plus connu sous l’appellation West African Mineral Sector Stratégic Assessment
(WAMSA) et l’organisation d’un atelier sous-régional sur l’utilisation en commun des
infrastructures dans l’espace de la MRU.
Elle compte appuyer l’élaboration d’un projet de Code Minier Ouest Africain à proposer aux
Etats membres de la CEDEAO. Elle projette aussi d’appuyer, avec d’autres bailleurs de fonds,
le lancement d’un projet régional de gouvernance du secteur minier.

L’Agence Française de Développement (AFD)


L’AFD intervient dans trois axes au niveau du secteur minier.
Le premier axe est constitué par la mise en place à partir de 2008 une assistance technique
qui cible le renforcement des capacités institutionnelles du Ministère des Mines et de la

11
4
Géologie dans le domaine des politiques publiques. Les domaines d’intervention sont très
larges et couvrent, entre autres, les activités suivantes :
 L’appui technique au Programme de Promotion d’Investissement pour une meilleure
cohérence avec les stratégies nationales et sectorielles ;
 L’appui à la recherche de financements auprès de tous les bailleurs de fonds de la
coopération multilatérale et bilatérale ;
 Faire office de Conseiller du Ministre sur les questions stratégiques, juridiques et la
participation de l’Etat aux projets miniers ;
 L’appui au Secrétariat de l’ITIE dans la révision du code minier, l’élargissement du
débat à la Chambre des Mines de Guinée et la validation par un cabinet international ;
 L’appui à la consultation restreinte entre le Ministère des Mines et de la Géologie et la
Banque Mondiale ;
Le deuxième axe d’intervention se situe dans le domaine du développement local. Il a
consisté, dans la cadre d’un partenariat public-privé (PPP) entre l’Etat, Alcan / Rio Tinto et
l’AFD à l’initiation d’un projet de développement local au niveau de trois CRD de la
préfecture de Boké, à savoir Kamsar, Kolaboui et Sangarédi, en mettant en œuvre un
mécanisme de politique publique se basant sur l’approche de développement communautaire
du PACV.
Le troisième axe de son intervention porte sur le secteur de la formation professionnelle.
Elle se décompose en deux étapes :
 Fin 2008, l’AFD a appuyé la réalisation d’une étude de faisabilité pour la
redynamisation des Centres de formation professionnelle (CFP) qui se situent dans les
zones minières en ciblant une dizaine de corps de métiers en partenariat avec les
sociétés minières ;
 En 2010, il a été admis le principe de reformulation des CFP. Il convient de signaler
qu’il est important pour la coopération française que cette réforme puisse se faire en
partenariat avec les miniers qui vont absorber les étudiants qui seront formés. Pour le
moment, il existe un comité de pilotage de ce processus et la Coopération Française
compte y jouer un rôle majeur.

La Coopération Internationale Allemande


Les appuis de la coopération allemande se limitent largement aux appuis à l’ITIE en Guinée.
Il s’agit de :

11
4
 La participation du Secrétaire Exécutif Adjoint de l’ITIEG à la conférence sur «
Taxing Natural Ressources : New Challenges and Perspectives » à Washington (USA)
entre le 25 et le 27 septembre 2008 ;
 La participation de deux cadres du Comité de Pilotage de l’ITEIG au séminaire «
Consolider l’ITIE - vers la Validation », à Berlin du 6 au 8 mai 2009 ;
 L’appui technique à l’organisation d’un atelier préparatoire pour la consolidation de la
validation du processus en Guinée, du 24 au 26 juin 2009 ;
 La facilitation du dialogue avec le Secrétariat International de l’ITIE à Oslo ;
 L’appui conseil au Secrétariat Exécutif de l’ITIE dans la mise en œuvre du plan
d’action de l’ITIE ;
 L’élaboration d’un dépliant d’informations et le développement d’un site Web
(www.itieguinee.org) sur les interventions de l’ITIE en Guinée,
 La formation de 25 experts guinéens en matière d’évaluation des impacts des
politiques et des programmes, avec focus sur la gouvernance du secteur minier (février
2011).

La Banque Africaine de Développement (BAD)


La BAD compte appuyer le MMG dans les domaines suivants :
 La réalisation d’études diagnostiques et l’appui à la mise en place des textes juridiques
et des documents de stratégie (audit institutionnel du MMG, étude de l’impact du
MEF, étude sur l’harmonisation des approches du développement local dans les zones
minières, l’élaboration du code pétrolier et des textes d’application et la Lettre de
Politique Minière) ;
 Le renforcement des capacités (dotation des moyens matériels et formation ciblée en
faveur des cadres du MMG) ;
 L’appui à l’ITIEG pour la réalisation des audits en 2007, 2008 et 2009, prévus au
titre de l’adhésion à cette initiative et la vulgarisation des résultats des audits.
Les résultats attendus de ces différentes actions sont :
 L’augmentation de la contribution du secteur minier au PIB de 14,7% en 2009 à 20%
en 2013 ;
 L’augmentation de la contribution du secteur aux recettes de l’Etat de 20,4% en 2009
à 25% en 2013 ;
 La levée de la suspension de la Guinée à l’ITIE avant juin 2011 ;

11
4
 La validation de la Guinée à l’ITIE avant décembre 2011.

Section 2 : Le cadre législatif et règlementaire de protection de l’environnement du


secteur minier de la Guinée

L’environnement en général, celui du secteur minier en particulier ne peut être géré


efficacement sans lois. Le droit est indissociable de la protection de l’environnement minier
parce qu’il est étroitement lié à toute forme de protection. Les institutions chargées de
l’environnement s’appuient ainsi sur des normes juridiques pour concilier les activités
humaines et la protection de l’environnement. Ces lois prennent des formes différentes.
Certains peuvent être inclus dans des déclarations, d’autres dans la constitution et d’autres
encore, dans la majorité des cas, font l’objet de lois particulières.
Le droit guinéen de l’environnement s’est progressivement enrichi par l’adoption de toute
une série de textes législatifs et réglementaires de portée globale et sectorielle .ce mouvement
de production normative, quoi que déclenché à un rythme soutenu et a rapidement abouti à la
promulgation de plusieurs lois, complémentaires dans certains cas par leurs textes
d’application. C’est pourquoi ici nous examinerons d’abord les codes minier et de
l’environnement ainsi que leurs textes d’application (Paragraphe 1), avant de voir les autres
codes dont le code foncier, le code de l’eau, le code forestier et tant d’autres (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Le code minier et le code de l’environnement et ses textes d’application

La politique de libéralisation et de modernisation de l'économie guinéenne adoptée par le


Gouvernement en 1985 a permis l’adoption 1986 du premier code minier à travers
l’ordonnance 076 /PRG/86 du 21 mars 1986. Ce code à travers son titre III s’intéressait aux
zones fermées, protégées ou interdites à la reconnaissance, à la recherche et à l’exploitation
des mines. Pour des raisons de libéralisation et plus d’attraction et d’incitation, dans le souci
de d’attirer plus d’industries senior notamment les leaders mondiaux des mines, le code de
1986 fut remplacé par la loi L95/036/CTRN.
Ce code minier de 1995 a été élaboré par une commission du MMG et validé à l’interne au
cours d’un atelier national et à l’externe par la Division Mines du groupe de la Banque
Mondiale. Ce code minier a été jugé, au moment de sa promulgation, globalement satisfaisant
comme cadre incitatif de promotion de l’activité minière. Mais son application a souffert de
négligence, voire de blocages, de la part des industries extractives et d’une administration

11
4
incapable de se hisser à la hauteur des enjeux et se complaisant dans des pratiques dénoncées,
depuis longtemps, comme peu transparentes favorisant la corruption57.
Les textes d’application essentiels, tels le décret d’application faisant obligation au
Gouvernement guinéen de mettre en œuvre la nouvelle loi dans un délai donné ou les contrats
types miniers, n’ont jamais été promulgués. Plusieurs autres textes rendant le code
opérationnel n’ont pas été pris et ceux qui l’ont été n’ont pas été toujours appliqués.
Lors du Forum Minier 2004 de Bel Air, le processus de révision du code minier a été engagé
au département avec l’appui de la Banque Mondiale, a permis l’audit et l’évaluation de la
performance de la législation et des conventions minières. La Banque Mondiale et la Société
Financière Internationale (SFI) ont ainsi appuyé, depuis 2005, les efforts du Gouvernement
guinéen dans la relance du secteur à travers des fonds fiduciaires en favorisant l’actualisation
du code en prenant en compte les amendements suggérés par l’atelier d’appui aux
négociations minières tenu en octobre 2006 à Conakry et en assurant une ouverture aux
nouveaux standards internationaux en matière de protection de l’environnement, de
développement durable et de développement des infrastructures, rédiger les contrats types
miniers et les autres textes d’application et entreprendre la mise en conformité des
conventions et contrats miniers existants avec la nouvelle législation et la réglementation de
son application.
Ce travail de révision a aboutis l’adoption de l’actuel code de minier à travers la loi L / 2011 /
006 / CNT du 9 septembre 2011 portant code minier de la République de Guinée rédigé par
SOFRECO sur financement de l’AFD.
Le nouveau Code Minier de la République de Guinée a été adopté par le Conseil National de
Transition et promulgué le 9 septembre 2011 par le Président de la République, le Professeur
Alpha Condé, par la loi L/2011/006/CNT.
Il est le résultat d’un processus de révision de deux années, conduit par des hauts
fonctionnaires du Ministère des Mines et de la Géologie, en collaboration avec un Cabinet
international SOFRECO sur financement de l’Agence Française de Développement. Ce
travail a permis de faire évoluer l’ancien Code vers de meilleures pratiques dans un échange
participatif avec tous les acteurs du secteur minier guinéen : société civile, administrations,
sociétés minières et bailleurs de fonds.

57
Bonnie Campbell, Ressources Minière en Afrique : Quelle Réglementation pour le Développement, Pesse
Universitaire du Québec, 2010

11
4
Ce nouveau Code Minier marque de très sérieuses avancées par rapport à celui de 1995 en
tout cas sur papier:
1 - De la Gestion des Titres Miniers
 La limitation en nombre et superficie des permis de recherche pour éviter la
spéculation, encourager l’intensité de la recherche et ouvrir la Guinée à un plus grand
nombre d’investisseurs;
 Les modalités d’octroi des permis d’exploitation et des concessions minières
empêchant le gel de l’exploitation des ressources minérales ;
 La règlementation de l’exploitation artisanale par l’octroi de titres miniers;
2 - De la Transparence et de la Bonne Gouvernance
 La mise en place de deux nouvelles structures de contrôle : la Commission Nationale
des Mines et le Comité Technique des Titres ;
 Le caractère non dérogatoire de la convention minière à la loi;
 Des principes de transparence et de lutte contre la corruption affirmés, imposant un
Code de bonne conduite de tous les acteurs intervenant dans le secteur minier et un
Plan de Surveillance contre la Corruption mis en œuvre par chaque société;
 La publication par voie de presse et Internet de tous les contrats, conventions,
décisions administratives et répartition des taxes issues de la gestion de l’activité
minière dans le Budget de l’Etat ;
3 - De la Protection de l’Environnement
 Des mesures de protection de l’environnement et de la santé tout à fait nouvelles à
travers les chapitres VII et VIII, appuyées par une réglementation progressive et
détaillée, soucieuse d’une protection maximale de l’environnement ;
 La mise en place dès le début de l’activité minière d’un fonds séquestre pour garantir
la remise en état des sites exploités, article 144 ;
4 - Du Développement Communautaire
 L’établissement d’une convention de développement entre les collectivités locales et
les sociétés minières qui identifient en amont les attentes de toutes les parties
prenantes;
 Le versement intégral des taxes superficialités annuelles à chaque collectivité au
prorata de son occupation pour tout type de titre minier, afin de compenser les
dommages causés aux collectivités locales par les activités de prospection et
d’exploitation minières ;

11
4
 Le versement d’une taxe sur le chiffre d’affaires, de 0.5% pour les exploitations de
bauxite et de fer, et de 1% pour les exploitations d’autres substances minières, qui
devrait servir à développer des Activités Génératrices de Revenus autour de
l’exploitation minière, et donc des emplois, afin de compenser dans les collectivités
locales riveraines la perte d’emplois due à la fermeture inéluctable de la mine ;
 Le versement de 15% de la taxe minière, des droits fixes, de la taxe sur les substances
de carrières et sur la production artisanale au budget local de l’ensemble des
Collectivités locales du pays, afin d’assurer une péréquation des revenus des taxes
minières au niveau national. Une gestion rigoureuse de ces revenus devrait permettre
un développement harmonieux des exploitations minières et des collectivités dans un
climat social apaisé ;
5 - Des Revenus et Retombées pour le secteur minier
 Des dispositions favorables à la création des PME/PMI à toutes les étapes de l’activité
minière, afin de développer des services domestiques à des prix compétitifs permettant
à terme de réduire les coûts de la sous-traitance;
 Des quotas d’emploi des Guinéens définis pour toutes les étapes de l’activité minière,
encourageant le développement de l’expertise nationale et l’optimisation des coûts de
la main d’œuvre ;
 Des revenus de l’Etat significativement augmentés par la limitation des exonérations
au-delà des incitations nécessaires;
 Des taux de douane allégés sur le matériel destiné à la transformation. Les
exonérations fiscales et douanières favorisent l’exploration minière et la construction
de la mine ;
 Les taxes minières ne sont plus alignées sur des prix FOB, source de tractations
parfois obscures, mais sur des prix de référence de marchés internationalement
reconnus, permettant un traitement équitable des sociétés ;
 Plusieurs dispositions encouragent la transformation des minerais bruts.
6 - De la participation de l’Etat
La participation de l’Etat au titre de la mise à disposition des ressources a été maintenue à
15% mais étendue à toutes les substances, disposition tout à fait conforme aux pratiques
régionales permettant à l’Etat d’être présent dans le processus de l’exploitation minière, qui
est un élément de développement socioéconomique du pays.

11
4
Nous pouvons donc affirmer avec force, et confiance en l’avenir, que ce nouveau Code
Minier préserve les droits des investisseurs en leur assurant des procédures plus claires et plus
transparentes. Ses dispositions devraient favoriser un climat des affaires plus serein. En
contrepartie, ce Code Minier accorde à l’Etat et à l’ensemble de la population de Guinée de
plus justes revenus de l’exploitation de ses ressources minérales, dans un partage mieux
compris de sa valeur ajoutée.
Pour finir avec le code minier retenons qu’un an après sa promulgation aucun texte
d’application n’a encore été adopté. Il reste d’espérer que tous les textes d’application seront
mise en place et que l’application du nouveau texte sera effectifs même si les dernière
incidences de Zogota ne rassurent pas pour un avenir meilleur.
A l’instar du code minier, le code de l’environnement s’intéresse bien aux activités
minières. Promulgué par l’ordonnance N°045/PRG/du 28 mai 1987. Ce code est une « loi
cadre » d’avant RIO comme l’indique la date. Il a une portée interministérielle et est complété
par trois (3) textes d’application pour être réellement applicable .Il est subdivisé en sept (7)
titres. Comme nous pouvons le savoir une loi-cadre est avant tout une loi qui va fixer les
règles et principes généraux en matière de gestion de l´environnement. De manière générale,
elle va encadrer l´élaboration des politiques environnementales, l´organisation des
institutions, les relations entre les acteurs environnementaux, la prévention des pollutions
ainsi que la réglementation de la pollution, la protection des ressources naturelles ainsi que les
régimes de contrôle et de sanction. Une loi-cadre n´a pas pour vocation de règlementer tous
ces aspects de l´environnement de manière détaillée. Elle a pour but d´assurer une cohérence
entre des législations sectorielles environnementales détaillées. Il s´agit avant tout d´un
instrument d´intégration juridique de la gestion de l´environnement58.
Indiscutablement, la création de lois-cadres environnementales procède d’une logique de
rationalisation et d’organisation pyramidale du droit. Il n´existe pas de loi-cadre
environnementale type et donc pas de définition exacte d’une loi-cadre environnementale. Il s
´agit d´un instrument juridique flexible qui s´adapte au contexte historique, économique,
culturel et environnemental du pays auquel il a vocation à s´appliquer.
Selon Emmanuel G. Moutondo, d’un point de vue général, une loi-cadre environnementale est
« un instrument qui encourage une gestion visant à centraliser et à coordonner les différentes
interventions ou approches, ainsi que les régimes qui sont centrés autour des ressources
fonctionnelles des différents secteurs d’intervention pour «protéger l’environnement ». C’est
58
Emmanuel G. Moutondo, « Les lois-cadres environnementales dans les pays francophones d´Afrique », in
Aspects contemporains du droit de l´environnement en Afrique de l´ouest et centrale, ouvrage coordonné par
Laurent Granier, UICN, Droit et politique de l´environnement, n°69, 2008, P. 58.

11
4
aussi le moyen formel d’obtenir un système intégré de gestion environnementale, en
rassemblant des régimes juridiques souvent autonomes à chaque secteur, tout en établissant un
régime généralisé d’interfaces entre les secteurs». L´analyse de lois-cadres environnementales
mises en place dans différents pays du continent africain permet de se rendre compte que l´on
retrouve régulièrement certains aspects spécifiques :
 les principes généraux ;
 les arrangements institutionnels ;
 les mécanismes de lutte contre la pollution ;
 les systèmes de protection de la nature ;
 l’information et la participation du public ;
 les procédures d’évaluation des impacts sur l’environnement ;
 les fonds pour l’environnement et
 les régimes de contrôle et d’application de la loi59.
Cependant le code de l’environnement de la Guinée est difficile à structurer. Ce texte
commence les principes fondamentaux sans citer un seul des principes généraux du Droit de
l’environnement. Pendant que le code oublie certains éléments nécessaires à une loi cadre
environnementale, il se lance en détails dans d’autres chapitres qui devraient se trouver dans
des textes spécifiques. Ce qui explique son chevauchement avec les autres codes spécifiques
comme le code forestier ou encore le code de l’eau.
C’est pourquoi il est difficile de qualifier notre code de l’environnement de « loi-cadre »car
une loi-cadre environnementale est une loi qui va fixer les principes généraux et les grandes
orientations juridiques et institutionnelles en matière de gestion de l´environnement. Elle n´a
pas pour vocation à règlementer tous les aspects de la protection de l´environnement de
manière détaillée. Des législations sectorielles sont toujours censées intervenir à la suite de la
loi-cadre environnementale.
En 1997 un Plan National d’Actions Environnemental (PNAE) a été élaboré en vue de rédiger
le code de l’environnement et ses textes d’application. Actuellement, une nouvelle politique
environnementale est en cours d’élaboration dont le document devrait être bientôt validé pour
aboutir à la rédaction d’un nouveau code environnemental. Mais ce processus n’a pas encore
abouti.

59
Emmanuel G. Moutondo, « Les lois-cadres environnementales dans les pays francophones d´Afrique », in
Aspects contemporains du droit de l´environnement en Afrique de l´ouest et centrale, ouvrage coordonné par
Laurent Granier, UICN, Droit et politique de l´environnement, n°69, 2008, P. 59.

11
4
Dans le cadre de leur mise en conformité avec les nouvelles dispositions, les sociétés minières
en exploitation, qui n’avaient pas présenté préalablement d’EIES, devaient subir des audits
environnementaux pour s’assurer du niveau de respect des principes fondamentaux en matière
de gestion environnementale et élaborer des Plan de Gestion Environnementale et Sociale
(PGES).
Cet actuel code de l’environnement de la Guinée qui date d’avant RIO est présentement en
phase de révision et nous espérons que le législateur Guinéen tiendra compte de cette diziènne
d’éléments recommandés par l’IUCN lors de la mise en place du code l’environnement de la
RDC que nous transposons au compte de la Guinée et qui sont :
 Une réflexion devrait être menée pour déterminer si la loi-cadre environnementale est le
meilleur outil juridique pour améliorer le droit de l’environnement en Guinée.
L’élaboration d’un texte normatif devrait anticiper sur les futurs besoins du pays en termes
de progrès de la norme environnementale.
 L´élaboration d´une loi-cadre environnementale moderne en Guinée devrait prendre en
compte les dernières évolutions du droit de l´environnement. De plus, elle ne peut se faire
sans la participation des acteurs environnementaux dans le cadre de la «gouvernance
environnementale ».
 Il est important qu´un projet de texte unique soit dégagé de la part des institutions
politiques de la Guinée afin d´accélérer le processus d´élaboration d´une loi-cadre
environnementale.
 Il est important que la loi-cadre environnementale respecte le partage des compétences
opérée par la Constitution de la Guinée entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.
 La rédaction de la loi-cadre environnementale devrait se faire en des termes clairs et non
équivoques. De plus, elle doit s’adapter au contexte juridique national de la Guinée.
 La loi-cadre environnementale doit refléter les engagements internationaux pris par la
Guinée et mettre en place des dispositifs et des mesures respectant les obligations
découlant des traités internationaux que le pays a ratifiés.
 La loi-cadre environnementale de la Guinée doit respecter les obligations des accords
régionaux auxquels elle a adhérés, notamment la Convention d´Alger devenue convention
de Maputo depuis 2003.
 Le texte final doit prendre en compte la réalité sociale de la Guinée ainsi que les moyens
dont dispose le pays pour mettre en place des réglementations environnementales. Cela lui
permettra d’assurer une meilleure efficacité et efficience de la norme environnementale.

11
4
 Il est important que le législateur encadre l’articulation des normes nouvelles avec les
normes préexistantes. Cette question dépendra en partie de la nature du texte final qui sera
adopté. Il faudra alors procéder soit à la modification, l’insertion ou l’abrogation des
textes existants.
Par ailleurs comme le code de l’environnement, il faudra réviser ses textes d’applications
auxquels on va s’intéresser maintenant. Il s’agit décret d’application n° 199/PRG/SGG/89 du
18 novembre 1989, portant champ d’application de l’étude d’impact et l’arrêté
990/MRME/SGG/90 du 31 mars 1990 réglementant le contenu, la méthodologie et la
procédure de l’étude d’impact en Guinée. Et le décret no 200/PRG/SGG/89 du 18 novembre
1989 portant régime juridique des «installations classées pour la protection de
l'environnement».
Conformément au décret d’application n° 199/PRG/SGG/89 du 18 novembre 1989,
portant champ d’application de l’étude d’impact, les travaux, ouvrages et aménagements
soumis à la présentation d’une Etude d’Impact sur l’Environnement sont classifiés en neuf (9)
catégories :
1. Aménagement rural
Défrichement des bois et forêts à usage commercial ou industriel supérieur à 10 ha.
2. Domaine public maritime et fluvial
 Concession d’endigage
 Installations portant occupation du domaine public maritime et fluvial de l’Etat et ses
dépendances.
 Travaux de construction et d’aménagement des ports.
 Recherche et exploitation des ressources minérales dans les zones maritimes soumises
à la souveraineté o la juridiction guinéenne.
 Installation d’aquaculture.
 Etablissements de pêche maritime industriels.
 Installations susceptibles de rejeter des substances dans le milieu marin.
3. Secteur de l’énergie
 Travaux de construction et d’aménagement de barrages hydroélectriques et de
centrales thermiques d’une puissance supérieure à 500 KW.
 Construction de lignes électriques d’une puissance supérieure à 225KW.
 Installations de stockage souterrain des hydrocarbures liquides ou liquéfiés dont la
capacité est supérieure à 3.000m

11
4
4. Extraction de matériaux
 Travaux d’exploitation des carrières.
 Mines : concession et exploitation minières
 Stockage souterrain des déchets industriels.
5. Infrastructures de transport
 Construction d’aérodrome
 construction de voies ferrées
 Construction de routes
 Travaux de canalisation pour le transport d’hydrocarbures (oléoducs ), de gaz
(gazoducs) ou de substances chimiques.
6. Installations classées
Installation classée de première classe
7. Secteur du tourisme et des loisirs
 Installations de camping et caravaning touristiques
 Etablissements hôteliers d’une capacité supérieure à 50 lits
 Etablissements de loisirs ouvrant la nuit (dancings, etc.).
8. Travaux, ouvrages ou aménagements intéressant les eaux continentales
 Programmes d’aménagement des cours d’eau.
 Travaux et ouvrages d’adduction d’eau.
 Programme d’irrigation
9. Urbanisme
Exécution des projets d’urbanisation (création de zones industrielles et résidentielles,
programmes d’assainissement comportant des stations d’épuration et de traitement) 60.
Il est à constater d’entrer que cette liste ne fait pas la différence entre les notices d’impact, et
l’étude d’impact approfondi.
Nous croyons qu’il faut bien réaménager le texte sur l’étude d’impact pour qu’aucun projet
annexé à l’activité minière n’échappe l’étude d’impact ou à la notice quand il s’agit d’un petit
projet.
Depuis ce décret D199/SGG/PRG/89 du 8 novembre 1989, une étude d’impact sur
l’environnement est exigée dans la politique guinéenne de gestion environnementale des
activités minières depuis la promulgation du code minier de 1995 et continué par celui de
2012. Les EIES sont un outil majeur de la prévention de la dégradation de l’environnement
60
Décret n°199/PRG/SGG/89 du 18 novembre 1989 portant codification des études d’impact

11
4
minier et de développement durable des communautés locales et régionales. Elles ont pour but
d’identifier, d’analyser et d’évaluer les impacts et des mesures de réduction, atténuation et de
compensation. Elles déterminent comme résultats des travaux d’investissement spécifique,
des Plans de Gestion Environnementale et Sociale (PGES), des Plans de Réhabilitation et de
Fermeture (PRF) et des Plans de Relocalisation.
Ces études étaient élaborées d’abord comme un élément des études de faisabilité. Récemment
elles s’élaborent en une phase préliminaire, se déroulant pendant les travaux de recherche et
de prospection et anticipant sur les impacts de ces travaux. Une phase finale est réalisée avant
le début des travaux de construction et validée par l’autorisation de construction délivrée par
le Ministère en charge de l’environnement.
Le suivi a posteriori accompagne la réalisation du projet minier aussi bien dans la phase du
chantier que lors de son exploitation et des opérations d'entretien. Il a pour objet : (i) de
vérifier si les conditions énoncées dans les textes autorisant ou approuvant l'activité sont bien
respectées et si les mesures réductrices sont efficaces, (ii) d'examiner tout impact dans un
souci de bonne gestion et pour dissiper les incertitudes et (iii) de vérifier l'exactitude des
prévisions antérieures faites dans le cadre de l'étude d'impact, ceci afin de tirer des leçons
pour les activités du même type entreprises à l'avenir.
Au-delà de ces objectifs techniques, le suivi a posteriori doit permettre au maître d'ouvrage
d'asseoir sa crédibilité en tenant ses engagements relatifs à la protection de l'environnement.
Le champ d'application de ce suivi peut aller d'un simple suivi des composantes de petite et
moyenne importance, jusqu'aux bilans plus complets couvrant le moyen terme pour des
composantes plus importantes et/ou impliquant des enjeux environnementaux majeurs.
Dans la pratique en Guinée, une cellule interne à l’entreprise, d’importance variable jusqu’au
rang de Département, est chargée de la mise en œuvre et du suivi du PGES. Un comité qui
implique des partenaires extérieurs (administration publique, collectivités locales et société
civile) est suggéré pour le suivi et l’évaluation permanente du PGES et pour l’évaluation des
impacts d’accidents écologiques éventuels. Ce comité peut solliciter l’appui de laboratoires et
d’institutions scientifiques, publics ou privés. Les conséquences à long terme d'un projet
peuvent être suivies dans le cadre d'un observatoire de l'environnement.

Paragraphe 2 : Les autres textes liés à l’exploitation minière en Guinée

La liste ci-après, qui est non-exhaustive, reprend les lois environnementales actuellement en
vigueur ou celles qui ont d’importantes répercussions sur la gestion de l’environnement. Il
convient de noter que la plupart des lois ci-après figurent en tête de la liste officielle et, dans

11
4
la plupart des cas, il y a un flux important de «textes d’application» qui ont été également
élaborés (ou qui sont en cours d’élaboration) pour clarifier et mettre en application ces
«codes».
1. Le code de l’eau – la loi L/94/005/CTRN portant code de l’eau – 15 février 1994
2. Le code forestier – la loi L/99/013/AN du 22 juin 1999 portant code forestier
3. Le texte d’application du code forestier – le projet de décret d’application de la loi
L/99/013/AN du 22 juin 1999 (2005)9
4. La politique agricole : la politique nationale de développement agricole : Vision 2015
5. La politique de gestion des pâturages : la loi L/95/51/CTRN du 29 août 1995, portant code
pastoral
6. La protection de la faune sauvage et les règlementations de la chasse : la loi L/99/038/AN
adoptant et promulguant le code de protection de la faune sauvage et de réglementation de la
chasse.
Outre la législation, la Guinée a élaboré et adopté un certain nombre de politiques stratégiques
et de plans d’action en matière de gestion des ressources naturelles. Ce pays a élaboré une
politique forestière nationale en 1989, qui a été suivie par l’adoption d’un plan d’action
nationale sur la foresterie en 1990, un plan d’action nationale sur l’environnement en 1994,
une stratégie nationale pour la conservation de la diversité biologique et l’utilisation durable
des ressources en 2002, enfin un plan d’action nationale pour lutter contre la désertification et
la sécheresse en 2006. 10 Tous ces textes et plans d’action donnent la priorité à la protection
de l’environnement et à l’utilisation durable des ressources naturelles.
Les politiques, plans d’action et législation relatifs aux ressources naturelles sont mis en
œuvre par un ensemble de services techniques qui changent constamment.
La remarque générale est que les politiques sont tout à fait progressistes lorsqu’il s’agit de
concilier les préoccupations environnementales et le développement local. En ce qui concerne
le code forestier adopté en 1999, Catterson et al. font remarquer ce qui suit :
«Cette nouvelle législation reconnaît explicitement la nécessité d’amener les populations
rurales à prendre part à un processus de gestion collective pour à la fois les forêts classées et
les forêts communautaires. Entre autres choses, cette législation nécessite que les agents du
service forestier passent du statut d’agents chargés de l’application des lois à celui de
conseillers/-ères. Elle reconnaît en outre qu’il faut que les plans d’aménagement des forêts
soient préparés en collaboration avec la population locale. Un plan d’aménagement des forêts
devrait trouver le juste milieu entre les besoins socioéconomiques des populations et la

11
4
nécessité de protéger les ressources, de façon à atteindre à la fois les objectifs de production et
de protection»61.
Il faudrait noter que l’orientation politique qui consiste à transférer les responsabilités aux
populations locales en vue d’atteindre le développement durable, dépasse le cadre de la
législation sur «l’environnement» au sens strict du terme. Parmi les exemples, on peut citer la
politique foncière rurale qui suit.

1 - l'Ordonnance O / 92 / 019 du 30 mars 1992, portant code foncier et domanial


Si l’on s’en tient à la lecture du code foncier et domanial, la politique foncière guinéenne
semble éloignée et coupée des réalités de l’utilisation des terres rurales, notamment des zones
minières. Le code foncier et domanial prend essentiellement en compte le milieu urbain. Bien
que des commissions foncières aient été créées au niveau des préfectures, par la loi foncière
de 1992, peu d’entre elles ont été mises en place, et il est toujours difficile, pour la plupart des
acteurs ruraux, d’obtenir des titres fonciers.
Pour devenir une propriété, la ressource doit être inscrite sur un plan foncier qui est conservé
par une «collectivité territoriale» ; une unité administrative décentralisée investie de pouvoir
juridique (article 3).
Par ailleurs, le détenteur d’une propriété doit faire immatriculer son immeuble sur le livre
foncier tenu par le service de la conservation foncière (article 3). Cette seconde formalité
confère au titulaire du titre les droits réels de propriété (article 10). La procédure
d’immatriculation est définie aux articles 135-151 du code foncier et domanial. Le moins que
l’on puisse dire, c’est que la procédure d’immatriculation est «compliquée».
Les conditions de limitations de la propriété privée sont :
• l’expropriation pour cause d’utilité publique justifiée (article 55) ; ou
• pour cause d’aménagement du territoire en milieu urbain ou rural (articles 84-95) ; et
• lorsque l’intérêt public justifie la limitation des droits de propriété (autre que l’expropriation
pure et simple – article 94).
Les limitations de la propriété privée ne sont ni inhabituelles ni exceptionnelles et se
retrouvent pratiquement dans tous les systèmes de propriété privée du monde entier.
L’application de ces restrictions n’est pas non plus prise à la légère en Guinée :
l’expropriation pour cause d’utilité publique doit se conformer à un processus public strict

61
Thomas M. Catterson et al, Programmatic Environmental Assessment of Co-Management of Reserved Forests
in Guinea, préparé pour le compte de l’USAID/Guinée, avril 2001. Cité par USAID- Guinée, Examen des
politiques : Droit foncier, Gestion des ressources naturelles (GRN) et Législation minière, Novembre 2008.

11
4
(voir l’article 57) et donner lieu au «paiement d’une juste et préalable indemnité» (article 55).
Ce qu’il faut retenir, c’est que les droits de propriété privée foncière reconnus légalement sont
assez bien protégés en Guinée.
Même si les droits coutumiers ne sont explicitement reconnus nulle part dans le code foncier
et domanial, l’article 39 laisse une ouverture aux détenteurs coutumiers de droits fonciers en
incluant dans la définition de «propriétaires» (titulaires de propriété) ceux qui occupent de
façon continue un immeuble. Ces droits de propriété peuvent être officiellement enregistrés, à
condition que des investissements aient été faits conformément aux normes locales, et après
une procédure publique visant à confirmer qu’il n’existe aucune réclamation contradictoire
relative à l’immeuble (article 39).
L’article 49 crée une commission foncière dans chaque préfecture ainsi que dans chacune des
communes de la capitale, Conakry. La commission se compose de sept membres, dont quatre
sont nommés par les ministres chargés de l’Urbanisme, de l’Agriculture, de l’Intérieur, et des
Mines ; les trois autres doivent être nommés par le préfet ou le gouverneur (article 50). Les
commissions foncières sont chargées de vérifier si les investissements exigés ont été faits par
les demandeurs de titres fonciers (article 52). Ce même article dispose que, dans les zones
rurales, «l’investissement» signifie des constructions, des ouvrages, des travaux d’irrigation et
de drainage, la plantation d’arbres ou la culture de plantes L’article 96 définit le «domaine
public» et le classe dans deux catégories : «naturel» et «artificiel».
Les éléments constitutifs du domaine public naturel et artificiel sont recensés dans les articles
97 et 98. D’une manière générale, le domaine public de la propriété de l’Etat comprend les
zones naturelles et artificielles qui couvrent les services publics ou sont à la disposition de la
population (article 96).
Les droits de propriété détenus par l’Etat sur le domaine public sont inaliénables et
imprescriptibles (article 101). Les substances minérales se trouvant dans ce sol sont donc la
propriété de l’Etat. Elles peuvent devenir une propriété privée que par le biais de l’acquisition
d’une licence ou d’un permis.
Pourtant de façon générale, les droits coutumiers de propriété sont prédominants dans les
zones rurales à cause des problèmes liés à l’application des politiques législatives, au pied de
la lettre62.
C’est pourquoi pour faire face à ces lacunes, une politique foncière spécifiquement rurale, (la
déclaration de la politique foncière en milieu rural) a été adoptée en 2001. Contre toute

62
USAID- Guinée, Examen des politiques : Droit foncier, Gestion des ressources naturelles (GRN) et
Législation minière, Novembre 2008.

11
4
attente, cette nouvelle politique critique ouvertement la législation foncière actuelle et se
démarque, à maints égards, des politiques en vigueur. La nouvelle politique foncière rurale
reconnaît explicitement les droits coutumiers de propriété et tente de protéger les droits des
groupes vulnérables ou socialement marginalisés, tout en favorisant l’investissement
productif. En fait, la nouvelle politique préconise, en matière d’enregistrement des droits de
propriété, une approche qui commence par un inventaire des droits existants, formels ou
informels63. La nouvelle politique décrit un plan d’action qui, entre autres choses, révise des
articles spécifiques du code foncier et domanial, et prend en compte les insuffisances
institutionnelles actuelles.
Cependant, cette politique foncière en milieu rural n’est qu’une politique et non une loi.
De toute façon cette politique foncière rurale, adoptée en 2001, constitue un progrès important
et prometteur par rapport au cadre législatif créé par le code foncier et domanial.
Contrairement au code foncier et domanial, la Déclaration de la politique foncière en milieu
rural (DPFMR) est beaucoup moins technique ; elle comporte à la fois une analyse/critique de
la législation foncière actuelle de la Guinée ainsi qu’une série de principes pour sa
réorientation. Dans ses grandes lignes, cette réorientation comprend :
 l’amélioration de l’efficacité de la législation foncière existante ;
 la clarification et la protection des droits de la propriété foncière ;
 la décentralisation de la gestion foncière et la promotion de la participation des acteurs
locaux ;
 le renforcement du cadre institutionnel de l’administration chargée du foncier ; et
 l’élaboration de programmes pilote.
De plus, la politique foncière rurale reconnaît les droits coutumiers et propose un programme
(le Plan foncier rural – PFR) d’inventaire des droits existants, vise à protéger les droits des
groupes sociaux vulnérables ou marginaux, et tente d’harmoniser les droits de propriété dans
l’ensemble des législations régissant les ressources naturelles.
Pour finir avec le foncier retenons que la législation foncière en Guinée est incomplète. Bon
nombre de textes d’application prévus n’ont pas encore été élaborés, par exemple :
 la définition d’une procédure juridique pour l’établissement des droits de propriété
fondée sur l’absence d’une réclamation contradictoire ;
 la mise en application du plan foncier ; et
63
Cette approche, dénommée en abrégé Plan foncier rural (PFR), a été mise au point dans des pays voisins tels
que le Burkina Faso, le Bénin et la Côte d’Ivoire. Voir, par exemple, Hubert Ouédraogo et al., Etude
comparative de la mise en œuvre des plans fonciers ruraux en Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Côte
d’Ivoire ; Land Net West Africa (Ouagadougou), janvier 2004.

11
4
 les règles relatives à la création de zones d’exploitation64.
De même, la politique foncière rurale, adoptée plus récemment, est ambitieuse quant à la
portée et à l’échelle de la législation qui doit en découler.

2. Le code forestier (la loi L/99/013/ AN du 22 juin 1999 portant code forestier) :
La structure des droits de propriété fondamentaux sur les ressources végétales se définit en
termes de «domaine forestier» et de ses sous-domaines. Le «domaine forestier» comprend
l’ensemble des zones de végétation, qui ne sont pas sujettes à la production agricole ou à la
restauration de l’environnement (article 16). Le domaine forestier comprend :
• le domaine forestier de l’Etat ;
• le domaine forestier des collectivités décentralisées, des districts et des villages ;
• le domaine forestier privé ; et
• le domaine forestier non-classé.
Le domaine forestier de l’Etat comprend les forêts classées et les parcs, et il appartient bien à
l’Etat (article 18). De même, font partie du domaine forestier des collectivités locales, les
forêts qui ont été désignées comme telles (par décret), et qui sont la propriété des collectivités
(article 19). Les collectivités sont les organes légalement constitués du gouvernement, en
particulier les communes urbaines et les communes rurales. Les textes juridiques qui
déterminent les droits de propriété des personnes ou associations spécifiques, définissent
également le domaine forestier privé (article 20). Enfin, le domaine forestier non-classé se
compose du reliquat du «domaine forestier» (tel que défini ci-dessus) qui n’entre pas dans les
catégories susmentionnées (article 21).
Même si nous ne disposons pas actuellement de statistiques fiables, nous pensons que la plus
grande partie du domaine forestier - qui comprend une grande portion ou la plupart des zones
boisées se trouvant dans les zones d’exploitation minière – se compose du quart des sous-
domaines définis ci-dessus ; par ex. le domaine forestier non-classé. Toutefois, il est
également possible de trouver tous les autres sous-domaines dans ces mêmes zones.
Il est important de noter que la catégorisation juridique des zones n’est pas définitive.
L’article 23 du code forestier crée une «commission de classification des forêts» dans chaque
préfecture, ce qui indique que les zones se trouvant au sein du domaine non-classé, sont des
candidates éventuelles à la classification même si nous assistons tous les jours à l’inverse. Le

64
atkins international, profil environnemental de la guinée, rapport final pour la commission européenne,
septembre 2007, p.30, cité par le projet pilote droits de propriété et développement du diamant artisanal
(DPDDA) : examen des politiques : législation relative au régime foncier, a la gestion des ressources naturelles
(GRN) et aux ressources minières

11
4
statut juridique d’une zone donnée devrait pouvoir être vérifiable étant donné qu’un cadastre
forestier comprenant tous les documents juridiques qui définissent les trois domaines établis
par la loi et mentionnés ci-dessus (article 31), est conservé par le Ministère en charge des
Forêts.
Quel que soit le classement juridique des différentes parties du domaine forestier,
l’exploitation des ressources forestières est soumise à des règles précises. L’exploitation
d’une zone définie au sein du domaine forestier, peut être faite par un tiers à qui l’on a
attribué un «contrat de gestion forestière» (article 35) ou par un service de l’Etat qui détient
un permis délivré (mine) par arrêté ministériel (article 38).
Dans un cas comme dans l’autre, les détails du contrat ou du permis sont conformes au plan
de gestion qui a été établi pour atteindre l’objectif relatif à la protection de l’environnement et
l’objectif socioéconomique (articles 33 et 39-41). Le plan de gestion doit, à son tour, se
conformer au décret sur le classement (article 40).
Le domaine forestier des collectivités décentralisées, des districts et des villages, tout comme
le domaine forestier de l’Etat, peut être exploité par un tiers, en vertu d’un contrat de gestion
forestière. Comme c’est le cas pour les forêts de l’Etat, ces contrats doivent se conformer aux
plans d’aménagement approuvés par le Ministère en charge de la gestion des forêts.
En résumé, lorsqu’ils sont établis, les droits de propriété sur les ressources forestières –
qu’elles soient privées ou publiques (administration centrale ou locale) – sont soumis aux
conditions définies dans le plan de gestion forestière approuvé par l’Etat.
Enfin, le code forestier confirme les droits coutumiers en ce qui concerne l’utilisation des
produits forestiers, basés sur les usages «traditionnels», à condition qu’ils ne donnent lieu à
aucune commercialisation des produits (article 94). Ces droits dépendent de la capacité de
régénération et, en cas de nécessité, l’exercice de ces droits peut être suspendu par le Ministre
en charge des Forêts (article 97). Néanmoins, cette suspension donne droit à une
compensation au profit de l’usager des ressources forestières (article 97).
Finissons en disant que ce texte souffre d’un manque d’application terrible surtout dans les
zones minières.

3. Le code de l’eau (la loi L/94/005/CTRN portant code de l’eau – 15 février 1994)
En Guinée, les ressources en eau font partie du «domaine public naturel» de l’Etat (tel que
défini dans le code foncier) et les entités privées ne peuvent se les approprier (article 4).
Cependant, l’utilisation spécifique des ressources en eau peut être autorisée de façon
temporaire et limitée (article 4).

11
4
Toute personne a le droit inaliénable d’utiliser de l’eau pour satisfaire ses besoins personnels
(article 6). Ce droit devrait s’exercer en tenant compte de la nécessite de préserver la
ressource ainsi que des besoins des autres usagers (article 6). Toute utilisation autre que privé
de l’eau est subordonnée à l’obtention d’un permis ou d’une concession (article 7).
Selon l’article 26 du code de l’eau, il faut nécessairement obtenir une autorisation auprès des
Ministères de l’Hydraulique et des Transports avant d’entreprendre la construction d’un
ouvrage sur une voie navigable ou une zone inondable. L’article 27 interdit toute action (telle
que le prélèvement de terre ou autre action pouvant affecter les digues), susceptible de mettre
en danger les digues et les ouvrages de protection.

4. Le code de protection de la faune sauvage et de réglementation de la chasse (la loi


L/99/038/AN)
Tout en reconnaissant les droits de la chasse, ce code cible la collecte durable des ressources
fauniques et la préservation des habitats naturels.

5. Le code des collectivités locales (la loi portant code des collectivités locales en
République de Guinée)
Le code des collectivités locales détermine le régime et les droits juridiques des collectivités
locales, définies, à l’article 2, comme étant les communes urbaines et les communautés
rurales de développement. Ces collectivités décentralisées sont des entités légales possédant
leurs propres ressources et propriétés. La propriété d’une collectivité se compose de deux
types de domaines, à savoir le domaine public et le domaine privé (article 37). Le domaine
public comprend non seulement les lacs, les rivières et les sources d’eau souterraines, ainsi
que les forêts publiques et les sites touristiques locaux, mais aussi les «réserves foncières de la
collectivité» (article 38). Le domaine privé se compose des ressources patrimoniales y
compris, vraisemblablement, les propriétés foncières (article 41). Toute fois, comme
d’ailleurs dans la plus part des pays Africains, les collectivités ne sont pas du tout associées à
tout ce qui touche l’exploitation minière.
Outre la législation, la Guinée a élaboré et adopté un certain nombre de politiques stratégiques
et de plans d’action en matière de gestion des ressources naturelles. Ce pays a élaboré une
politique forestière nationale en 1989, qui a été suivie par l’adoption d’un plan d’action
nationale sur la foresterie en 1990, un plan d’action nationale sur l’environnement en 1994
renouvelé en 2004, une politique minière en 1995, une stratégie nationale pour la conservation
de la diversité biologique et l’utilisation durable des ressources en 2002, enfin un plan

11
4
d’action nationale pour lutter contre la désertification et la sécheresse en 2006 65. Tous ces
textes et plans d’action donnent la priorité à la protection de l’environnement et à l’utilisation
durable des ressources naturelles.
En plus de ces textes nationaux La Guinée a ratifié les accords internationaux suivants en
rapport à l’environnement :
 La Convention de Ramsar sur les zones humides (1971),
 La Convention concernant la Protection du Patrimoine Mondial Culturel et Naturel
(1972),
 La Convention des Nations Unies sur le droit de Mer (UNCLOS) (1982),
 La Convention de Viennes sur la protection de la couche d’ozone (1985),
 Le Protocole de Montréal sur les substances appauvrissant la couche d’ozone (1987),
 La Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers des déchets
dangereux et leur élimination (1989, accession de la Guinée en 1995),
 La Convention de Bamako sur le mouvement transfrontalier des déchets en Afrique.
 La Convention sur la Diversité Biologique (1992),
 La Convention Cadre Sur le Changement Climatique (1992)
 La Convention des Nations Unies sur la Lutte Contre la Désertification (UNCCD
1994).
 Le Protocole de Kyoto (1997),…
Les politiques, plans d’action et législation relatifs aux ressources naturelles sont mis en
œuvre par un ensemble d’institutions qui changent constamment.

65
Cette liste de stratégies et plans d’action n’est pas exhaustive.

11
4
Conclusion
L’activité minière peut bouleverser tous les écosystèmes : physique, biologique et humain. Le
défi majeur des sociétés minières modernes consiste donc à délimiter, extraire et traiter les
ressources minérales, tout en causant le moins de dégradation possible à notre écosystème.
L’industrie minière est responsable des impacts négatifs que nous avons mentionné tout au
long de notre étude et beaucoup d’autres, au point qu’il s’agit là d’une des activités les plus
destructrices du monde.
En plus d’être non durable, du fait qu’elle exploite des ressources naturelles non
renouvelables, elles laissent sur son sillage un environnement et une société ravagés, la
plupart du temps de manière irréversible.
La situation est encore beaucoup plus critique lorsqu’il s’agit d’exploitation artisanale des
minerais par les paysans. Ces derniers travaillent dans des mines d’or et de diamant. Sans
aucune considération des règles élémentaires d’hygiène, de santé publique et surtout d’une
manière absolument inconsciente ou indifférente sur la protection de l’environnement.
Face à ce qui précède, il est impérieux que l’Etat guinéen, qui regorge d’énormes potentialités
minières et géologiques, se ressaisisse et mette en œuvre une législation adéquate avec un
accent particulier sur la protection de l’environnement pouvant être affecté par l’exploitation
minière.
Cette reforme constituera un cadre juridique renforcé, imbriquant des dimensions sociales et
environnementales ; étude d’impact environnementale, projet et plan de gestion

11
4
environnementale, sûreté financière pour réhabilitation environnementale ; contrôle et suivi
des mesures environnementales, plan d’ajustement environnemental, plan d’atténuation et de
réhabilitation et enfin le code de conduite de l’exploitation artisanale. Ceci s’inscrira dans le
cadre des grands principes phares du droit de l’environnement qui sont : le principe du
pollueur payeur, le principe de prévention, le principe de précaution et surtout le principe
d’information et de participation.
Au terme de ce travail, on note qu’en Guinée, la protection de l’environnement n’est pas
tellement prise en compte par les autorités. Les gouvernants se contentent activement de
signer des contrats de développement et de relance économique dans le domaine de
l’exploitation minière sans beaucoup de considération sur les questions liées à la protection de
l’environnement.
Ce qui a fait que la restructuration et la libéralisation du secteur minier entamée par le code
minier de 1995 sur l’ensemble du pays ont donné lieu à l’expropriation des terres des paysans
au profit d’autres secteurs miniers et des concessions minières, à la fraude généralisée et aux
contrats Léonins. De nos jours, on dénombre plus de 160 titres dont 130 titres en recherches et
10 titres en exploitations de mines accordés à quelques 73 firmes par le gouvernement de la
Guinée66.
Les concessions auxquelles ces titres se rapportent représentent 4,5% du territoire national. La
plupart de ces entreprises ne respectent nullement pas leurs engagements non seulement dans
l’appui au développement socio-économique des milieux dans lesquels elles œuvrent, mais
aussi les normes environnementales67 ».
On note que la pratique des EIES en République de Guinée est encore à ses balbutiements
même si les législations Nationales sont de plus en plus nombreuses à intégrer les études
d’impact environnemental. La mise en œuvre des EIES par le législateur Guinéen se met en
phase non seulement avec la communauté internationale en ce qui concerne les
préoccupations environnementales, mais aussi le respect des engagements pris auprès de
celle-ci. Pour ce faire, une panoplie de textes tant législatifs que règlementaires pour la
protection de l’environnement ne cesse de voir le jour. En plus d’avoir été consacré par le
nouveau code minier de 2011, des lois et règlements relatifs à la gestion de l’environnement
comme une nouvelle loi cadre sur l’environnement doivent révolutionner et règlementer tout
le secteur de l’environnement en Guinée.

66
Ministère des Mines et de la Géologie
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Document de stratégies et de croissance pour la réduction de la pauvreté (DSRP), Ministère du plan de la
Guinée, Juin 2006, p.35

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A coté de ces textes de base, il existe une multitude d’autres textes législatifs dont la
préoccupation principale est la préservation de l’environnement.
L’apport des partenaires, du PK et ITIE, ainsi que les ONG tant nationales qu’internationales
dans la protection de l’environnement affecté par les exploitations minières, n’est pas non
plus négligeable.
Les critiques et suggestions qu’elles formulent contribuent énormément à remettre sur les rails
les insuffisances souvent constatées dans le processus de protection de l’environnement dans
le secteur minier en Guinée.
Les problèmes identifiés tout au long de cette étude, doivent permettre aux pouvoirs de mettre
en place des stratégies appropriées afin que les dispositions concernant la protection de
l’environnement dans les projets miniers soient effectivement appliquées de façon objective et
rigoureuse.
Le gouvernement guinéen ayant ratifié un nombre important de conventions sous régionales,
régionales et internationales relatives à la protection de l’environnement, doit assumer toutes
les obligations nées de ces conventions.
La reforme du secteur minier entamé depuis 2008 par le gouvernement guinéen avec l’appui
de la Banque Mondiale et d’autres partenaires met un accent particulier sur la protection de
l’environnement minier. Ceci passera par la coordination des actions environnementales qui
est ressentie comme une véritable nécessité et devra être résolue pour le bien de
l’accomplissement correcte de la mission qui est dévolue dans ce sens aux gestionnaires
concernés ne serait ce que pour la promotion du développement durable en Guinée.
Enfin le gouvernement guinéen devra encourager la collaboration entre les différentes
institutions intervenant dans le domaine y compris le partenariat ONG/Entreprise minières
pour une gestion transparente de l’environnement affecté par les projets d’exploitation
minière.

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