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Sélection de souches de microalgues

Article · February 2012

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3 authors, including:

Simon Barnabé Réjean Tremblay


Université du Québec à Trois-Rivières Université du Québec à Rimouski UQAR
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BTD 12-4 Février 2012

bioproduits industriels
Sélection de souches
de microalgues

Source : Palmer, Mervin. 1962. Algae in water


Sommaire supplies: U.S. Department of Health, Education
and Welfare. #Pub.-216489.

1. Introduction

2. Problématique
2.1 Classification et propriétés des souches
1. Introduction
2.2 Disponibilité de collections
2.3 Information sur la productivité commerciale
des souches Les microalgues suscitent un intérêt
d’investissement mondial, car elles
3. Applications
permettent, entre autres, de générer une
3.1 Sélection d’une souche de microalgues
variété de produits à valeur ajoutée et des
3.2 Cas des biocarburants : le biodiésel biocarburants de troisième génération sans
3.3 Cas des produits à haute valeur ajoutée : entrer en compétition avec le marché des
les oméga-3 et oméga-6 produits alimentaires. Leur productivité
3.4 Cas de la phycoremédiation dépasse celle des plantes et leur production
peut s’effectuer à des emplacements peu
4. Perspectives
propices à l’agriculture. Leur utilisation est
5. Glossaire intéressante pour le marché des énergies
renouvelables, mais aussi pour le secteur
6. Références
de la phycoremédiation, comme processus
de séquestration du gaz carbonique face
à la problématique des gaz à effet de serre,
ou pour l'épuration des nutriments et des
métaux contenus dans les eaux usées.

L'innovation au profit
des bio-industries

www.cqvb.qc.ca
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1. Introduction

Toutes les nouvelles applications potentielles des ments). Des milliers de souches sont actuellement
microalgues dépendent d’une première étape primor- disponibles, et la bioprospection des microalgues est
diale : la sélection des souches. Les microalgues faite depuis une quarantaine d’années par plusieurs
sont très diversifiées, tant par leur forme (cellule groupes dans des environnements extrêmes ou
unique, en chaînes ou en groupes de cellules), que locaux (cours d’eau, eaux usées industrielles, etc.).
par leur taille (entre 2 et 100 μm), leur composition Ce BioTendance® discutera de cette étape importante,
en pigments et autres composés cellulaires, le milieu en examinant plus particulièrement les microalgues,
aquatique d’où elles proviennent (eaux douce, qui sont très prometteuses en matière d’algocarbu-
saumâtre, marine, hypersaline) et leurs conditions rants et de produits à haute valeur ajoutée.
de culture (température, pH, disponibilité en nutri-

Note : les mots soulignés se trouvent dans le glossaire.

2. Problématique 2

La sélection de souches est un élément essentiel sur la sélection et le maintien de souches actives.
dans l’élaboration d’un procédé de production de Ceci permettrait de soutenir le développement des
microalgues pour obtenir une productivité maximale entreprises dans le domaine et l’intégration de la
du produit recherché. En effet, chaque espèce production de microalgues à des infrastructures
possède une capacité de synthèse unique en matière existantes (p. ex. : stations de traitement des eaux
de produits dérivés et de quantité, la rendant plus
usées ou des industriels qui souhaitent se lancer dans
appropriée pour certaines applications. Afin d’assurer
la production de microalgues de façon connexe).
des rendements stables et élevés en biomasse
microalgale ou en produits et coproduits dérivés,
un processus de sélection s’impose. Ce processus 2.1 Classification et propriétés des souches
est complexe, car les souches disponibles sont
Le nombre d’espèces de microalgues identifiées et
abondantes, les produits synthétisés diffèrent entre
analysées s’élève à environ 30 000, mais une part
les espèces et leur capacité d’adaptation au milieu
importante de la diversité réelle, estimée à plusieurs
est variable. Cette section présente les critères de
millions, reste à découvrir. Les familles se distinguent
classification des microalgues, les espèces les plus
reconnues pour leur applicabilité dans divers marchés par leurs pigments photosynthétiques (couleurs),

et les différentes collections disponibles pour s’appro- leur réserve énergétique, leur paroi cellulaire, ainsi
visionner. Il est également question de l’intérêt de se que par de nombreuses caractéristiques structurales
doter d’une collection provinciale de microalgues qui (mode de groupement, morphologie, mobilité, patron
offre un service de recherche et développement (R-D) de division cellulaire) qui permettent de les identifier [1].
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2. Problématique

Dépendamment de la famille de microalgues, l’énergie des lipides (2-40 %) et des acides aminés dans des
est accumulée sous diverses formes de réserve : proportions qui diffèrent selon les espèces et les
des polymères de glucose (amidon, chrysolamina- conditions de culture (Tableau 1). D’autres composés,
rine, paramylon, etc.) ou des lipides. Les cellules dont les pigments, les antioxydants, les vitamines,
de microalgues contiennent essentiellement des sont déterminants pour la valeur globale de la biomasse.
protéines (10-70 %), des carbohydrates (10-60 %),

Tableau 1. Composition de quelques espèces de microalgues comparées à certains aliments

Source Protéines Carbohydrates Lipides


Viande 43 1 34
Lait 26 38 28
Riz 8 77 2
Graine de soya 37 30 20
Chlamydomonas rheinhardii 48 17 21
Chlorella vulgaris 51–58 12–17 14–22 3
Dunaliella salina 57 32 6
Porphyridium cruentum 28–39 40–57 9–14
Scenedesmus obliquus 50–56 10–17 12–14
Spirulina maxima 60–71 13–16 6–7

Source : adapté de Richmond (2004) [1]

Les microalgues se diversifient également quant à Le genre Chlorella est particulièrement étudié pour
leur mode trophique : autotrophe, hétérotrophe ou son applicabilité commerciale de production d’énergie
mixotrophe. Les microalgues autotrophes sont les et de protéines alimentaires. Cette espèce a une
plus répandues. La culture hétérotrophe à partir de efficacité photosynthétique élevée, autour de 8 %, et
sucres en biofermenteur est limitée par le coût de la peut croître autant en autotrophie qu’en hétérotro-
source de carbone qui est un obstacle majeur à la phie [2]. Le coût d’une culture en hétérotrophie est
commercialisation. La source de carbone sélectionnée considéré comme étant 10 fois moindre que celui en
doit permettre la production commerciale de façon autotrophie. Ce type de culture élimine le problème
soutenue, en qualité et en quantité, et sans dépendre de la limitation en lumière ou de photoinhibition,
d’une autre production agricole ou industrielle dont procure un meilleur contrôle de la culture et facilite la
le prix sur le marché alimentaire pourrait en être séparation en raison de la plus forte densité cellulaire.
influencé (p. ex. : le sucre de canne). Seuls quelques Actuellement, deux compagnies œuvrent dans le
genres de microalgues peuvent croître dans ce domaine : Solazyme (États-Unis) et Fermentalg
mode trophique, dont Chorella, Nitzschia, Cyclotella, (France). Finalement, les microalgues capables
Tetraselmis, Crypthecodinium, Schizochitrium, etc. de mixotrophie possèdent ces deux métabolismes
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2. Problématique

(autotrophie et hétérotrophie), ce qui leur permet au rouge (Figure 1). C’est la lumière utilisable, aussi
une alternance de leurs sources d’énergie, selon la appelée radiation active de photosynthèse (RAP).
disponibilité en lumière ou de carbone métabolisable L'énergie lumineuse est fournie sous forme de photons,
[3]. La sélection de la souche peut non seulement dont le potentiel énergétique est inversement propor-
avoir un impact sur le mode de production,
tionnel à la longueur d’onde. Ainsi, le photon de la
mais aussi sur les intrants, donc sur le coût de
lumière bleue (400 nm) est plus énergétique que
production.
celui de la lumière rouge (700 nm). Cela est détermi-

En autotrophie, la croissance microalgale est forte- nant pour l’espèce cultivée en phototrophie, selon

ment influencée par la pénétration d’une bande de les pigments qu’elle possède et qui lui permettent
lumière dans la colonne d’eau, dont les longueurs de capter une certaine portion des photons du spectre
d’onde vont de 400 à 700 nm, soit la bande du bleu de lumière.

Figure 1. Spectre de la lumière et radiation active de photosynthèse

Source : figure adaptée de Wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Lumi%C3%A8re_visible)

Divers groupes de pigments existent, notamment couleur des microalgues. La chlorophylle permet à
les chlorophylles (pigments verts), les caroténoïdes elle seule de capter 30 à 40 % de la RAP. Pour élargir
(pigments jaunes ou oranges) et les phycobilines l’étendue du spectre utilisable, les microalgues ont
(pigments bleus ou rouges). Les groupes de des pigments accessoires qui améliorent l’utilisation
pigments absorbent mieux certaines longueurs de l’énergie lumineuse et qui leur confèrent une
d’onde. Présente chez l’ensemble des microalgues, couleur différente selon la combinaison de pigments
la chlorophylle absorbe bien les lumières bleues et (Figure 2). Par ailleurs, chaque espèce possède un
rouges, mais pas la lumière verte, ce qui explique la optimum d’irradiance : un excès de lumière peut lui
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2. Problématique

être nuisible. Quand la lumière est trop intense, il y a Figure 2. Spectre d’absorption des différents pigments
photoinhibition; la chaîne de réaction de la photosyn-
thèse est bloquée momentanément, ce qui permet de
dissiper le surplus d'énergie et de réajuster l’assimi-
lation des photons à la capacité de métaboli­sation.
En fait, le rendement photosynthétique d’une espèce
varie selon la nature de ses pigments et leur quantité
relative. Une espèce peut ainsi être sélectionnée
en considérant la composition pigmentaire, afin de
maximiser, via le rendement photosynthétique, la
production de microalgues ou de produits [4].

Les principales familles taxonomiques retrouvées


dans les eaux du nord de l’Amérique sont : les
Chlorophyceae, Bacillariophyceae, Chrysophyceae,
Cryptophyceae, Dinophyceae, Euglenophyceae,
Eustimatophyceae, Haptophyceae, Prasinophyceae
5
et Cyanophyceae (Tableau 2). Source : figure adaptée de Williams (2010) [4]

Tableau 2. Caractéristiques des principales familles de microalgues

Quelques
Groupe Nom commun Réserve Pigments1, 2, 3 Paroie cellulaire représentants les
plus reconnus
Diatomées Crysolaminarine, Chla, c Frustule de silice Chaetoceros sp.; Cryp-
Lipides Caroténoïdes: tomonas sp.; Phaeo-
(fucoxantine, dactylum tricornutum;
Bacillariophyceae β-carotène) Thalassiosira pseudona-
na; Amphora sp.; Skele-
tonema sp.; Navicula sp.

Chrysolaminarine, Chla Cellulose Tribonema sp.


Xanthophyceae Mannitol, Caroténoïdes
— Glucose
(Tribophyceae)

Algues vertes Principalement Chla, b Cellulose, Écailles Dunaliella sp.; Hae-


l'amidon, Caroténoïdes matococcus pluvialis;
Lipides sous en condition Chlorella sp; Neochloris
certaines de stress oleoabundans; Botryo-
conditions (Xantophiles, coccus braunii; Chloro-
Chlorophyceae Carotènes) coccum sp.; Scenedes-
mus sp.; Stichococcus
sp.; Chlamydomonas
reinhardtii; Ankistrodes-
mus sp.

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2. Problématique

Tableau 2. Caractéristiques des principales familles de microalgues (suite)

Quelques
Groupe Nom commun Réserve Pigments1, 2, 3 Paroie cellulaire représentants les
plus reconnus
Algues dorées Chrysolaminarine Chla, c Diversifié:
Caroténoïdes Aucune, cel-
Chrysophyceae (fucoxantine, lulose, Lorica —
β-carotène) Écaille de silice,
Polysaccharidique

Cryptomonades Amidon Chla, c Périplast Chromonas salina;


Phycobilines: Rhodomonas salina;
Cryptophyceae (PC ou PE) Oocystis sp.; Chrypto-
monas sp.

Amidon Chlb, c Thèque, Écailles Tetraselmis suecica


Prasinophyceae —
Caroténoïdes

Inclus les cocco- Chrysolaminarine, Chla, c Écaille non Isochrysis galbana;


lithophoridées Lipides Caroténoïdes: silicieuses, Pavlova lutheri (ancien-
Prymnesiophyceae (fucoxanthin) emboitées dans nement Monochrysis
(Haptophyta) un mucilage et
parfois calcifié
lutheri); Pleurochrysis
sp.
6
(coccoliths)

Dinoflagellées Amidon, Chla, c Thèque, Plaque Crypthecodinium cohnii;


Lipides Caroténoïdes: de cellulose Amphidinium carteri;
Dinophyceae (peridinine) Gauniaulax sp.; Thraus-
(Pyrrophytes)
tochytrium sp.; Schizo-
chytrium sp.

Lipides Chla Polysaccharidique Nannochloropsis sp.;


Eustigmatophyceae — Caroténoïdes: Monodus subterraneus
(violaxanthin)

Algues rouge Amidon Chla Cellulose ou xylan Porphyridium cruentum


Rhodophyceae Phycobilines: et mucillage poly-
(PC, PE, APC) saccharidique

Euglénoïdes Paramylon, Chla, b Pellicule Euglena gracilis


Euglenophyceae Lipides

Bactéries pho- Amidon cyano- Chla Matrice de pep- Arthrospira platensis


tosynthétiques, phycéen Phycobilines: tidoglycane avec (spiruline)
Cyanophyceae Cyanobactéries (PC, PE, APC) une couche de
lipopolysaccharide

1. Les caroténoides sont classés en deux groupes : ceux qui ne contiennent que des hydrocarbures (carotènes: α-carotène,
β-carotène) et ceux qui contiennent des hydrocarbones oxygénés (xantophiles : astaxanthine, zeaxanthine,
canthaxantine, fucoxanthine, peridinine)
2. Les Phycobiline sont classés en trois groupes : PE= phycoerythrin (rouge); PC= Phycocyanine (Bleu); APC= Allophycocyanine
3. La chlorophylle (vert) est classée en trois types: Chl a (α), Chl b (β) et Chl c

Source : adapté de Richmond 2004 et Wehr, 2003 [1, 5]


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2. Problématique

Plus de 30 % de la production mondiale de micro- antioxydants et acides gras polyinsaturés


algues est destinée à l’alimentation animale et aqui- à longues chaînes [1,6].
cole. À l’exception d’Arthrospira platensis (spiruline),
Plusieurs compagnies commercialisent des produits
peu d’espèces sont recherchées pour leur valorisation
dérivés des microalgues. La demande mondiale en
sur le marché de l’alimentation humaine en raison du
acides gras polyinsaturés et en caroténoïdes (astaxan-
contenu élevé en cellulose qui les rend difficilement
thine, β-carotène, lutéine) représente un marché
digestibles. Les autres marchés pour les microalgues important, actuellement très convoité par plusieurs
sont, entre autres, la cosmétique, la pharmaceutique, groupes et entreprises. Les microalgues d’intérêt
la nutraceutique, les matières bioplastiques, les maté- commercial sont, entre autres, Haematococcus
riaux composites, la chimie fine, la phycoremédiation pluvialis (pigments et antioxydant-astaxanthine),
et les fertilisants. Les microalgues ont des applica- spiruline (protéine alimentaire, antioxydant),
tions industrielles diversifiées, car elles sont riches Chlorella sp. (protéine alimentaire) et Dunaliella salina
en protéines, vitamines, sels minéraux, pigments, (antioxydant-β-carotène) (Tableau 3).

Tableau 3. Compagnies commercialisant les microalgues sur divers marchés

Produits de synthèse
des microalgues
Microalgue Prix ($ US) Producteur 7
β-carotène Dunaliella 300–3 000/kg ƒƒ AquaCarotene (Washington, États-Unis)
ƒƒ Cognis Nutrition & Health (Australie)
ƒƒ Cyanotech (Hawaii, États-Unis)
ƒƒ Nikken Sohonsha Corporation (Japon)
ƒƒ Tianjin Lantai Biotechnology (Chine)
ƒƒ Parry Pharmaceuticals (Inde)
Astaxanthine Haematococcus 10 000/kg ƒƒ AlgaTechnologies (Israël)
ƒƒ Bioreal (Hawaii, États-Unis)
ƒƒ Cyanotech (Hawaii, États-Unis)
ƒƒ Mera Pharmaceuticals (Hawaii, États-Unis)
ƒƒ Parry Pharmaceuticals (Inde)
Cellule entière en Spirulina 50/kg ƒƒ BlueBiotech International GmbH (Allemagne)
supplément allimentaire Chlorella ƒƒ Cyanotech (Hawaii, États-Unis)
Chlamydomonas ƒƒ Earthrise Nutritionals (Californie, États-Unis)
ƒƒ Phycotransgenics (Ohio, États-Unis)
Cellule entière pour Tetraselmis 70/L ƒƒ Aquatic Eco-Systems (Floride, États-Unis)
l'aquaculture Nannochloropsis ƒƒ BlueBiotech International GmbH (Allemagne)
Isochrysis ƒƒ Coastal BioMarine (Connecticut, États-Unis)
Nitzschia ƒƒ Reed Mariculture (Californie, États-Unis)
Acides gras polyinsaturés Crypthecodinium 60/g ƒƒ BlueBiotech International GmbH (Allemagne)
(AGPI) Schizochytrium ƒƒ Spectra Stable Isotopes (Maryland, États-Unis)
ƒƒ Martek Biosciences (Maryland, États-Unis)
Biomasse ou lipides Botryococcus N/D ƒƒ Cellana (Hawaii, États-Unis)
en biocarburant Chlamydomonas ƒƒ GreenFuel Technologies (Massachusetts, États-Unis)
Chlorella ƒƒ LiveFuels, Inc. (Californie, États-Unis)
Dunaliella ƒƒ PetroAlgae (Floride, États-Unis)
Neochloris ƒƒ Sapphire Energy (Californie, États-Unis)
ƒƒ Solazyme, Inc. (Californie, États-Unis)
ƒƒ Solix Biofuels (Colorado, États-Unis)

Source : adapté de Rosenberg (2008) [7]


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2. Problématique

2.2 Disponibilité de collections


Des milliers d’espèces sont conservées dans des ou des consortia de microalgues adaptées à un
collections à travers le monde. Il est possible de se milieu spécifique, souvent à des conditions extrêmes
procurer des souches auprès de plusieurs collections ou toxiques. D’ailleurs, la robustesse des souches
(Tableau 4). Il est également possible de sélectionner sauvages face à des conditions climatiques, toxiques
les souches endémiques au lieu de production en ou extrêmes réduit les risques de contamination.
prélevant de l’eau en milieu naturel. Cette biopros-
pection permet de sélectionner des souches sauvages

Tableau 4. Certaines collections de microalgues

Collection Pays

Alfred Wegener Institute (AWI) -Souches Antarctique- Allemagne


Algobank-Caen (Université de Caen) France
Australian National Algae Culture Collection (ANACC) Australie 8
Botryococcus Culture Collection (BCC) États-Unis
Canadian Center for Culture Collection (North East Pacific Culture Collection (NEPCC) et Collection de UBC) Canada
Canadian Phycological Culture Centre (CPCC, University of Toronto Culture Collection) Canada
Cawthron Institute Culture Collection of Micro-Algae (CICCM) Canada
Coimbra Culture Collection of Algae (ACOI) Portugal
Collection of the Goettingen University (SAG) Allemagne
CSIRO Collection of Living Microalgae (CCLM) Australie
CSIRO Collection of Living Microalgae (CCLM) Australie
Culture Collection of Algae at the University of Cologne (CCAC) Allemagne
Culture Collection of Algae at the University of Vienna (ASW) Autriche
Culture collection of algae de l'Université de Göttingen (SAG, Sammlung von Algenkulturen) Allemagne
Culture Collection of Algae of Charles University Prague (CAUP) République tchèque
Culture Collection of Autotrophic Organisms (CCALA) République tchèque
Culture Collection of Cryophilic Algae (CCCryo) Allemagne
Culture Collection of Microorganisms from Extreme Environments (CCMEE) États-Unis
Culture Collection of Algae & Protozoa (CCAP) Danemark
Dunaliella Culture Collection at Brooklyn College (DCCBC) États-Unis
Institute of Applied Microbiology (IAM) Japon
Marine Biotechnology Institute Culture collection (MBIC) Japon
Microbial Culture Collection at the National Institute for Environmental Studies (NIES Collection) Japon
National Center for Marine Algae and Microbiota (NCMA, anciennement le CCMP) États-Unis

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2. Problématique

Tableau 4. Certaines collections de microalgues (suite)

Collection Pays

National Institute for Environmental Studies (NIES) Japon


NITE Biological Resource Center (NBRC) Japon
Northeast Pacific Culture Collection (NEPCC) Canada
Pasteur Culture Collection of Cyanobacteria (PCC) France
Plymouth Culture Collection of Marine Algae (PLY) Danemark
Roscoff Culture Collection (RCC) –Souches Arctique– France
Scandinavian Culture Collection of Algae and Protozoa (SCCAP) Danemark
University of Texas Algal Culture Collection (UTEX) États-Unis

2.3 Information sur la productivité commerciale des souches


9
Plusieurs études ont permis de caractériser les Au Québec et au Canada, il serait pertinent de se
espèces de microalgues et d’étudier la variation doter d’un centre de recherche permettant de carac-
de leur composition cellulaire, de même que leur tériser les souches potentielles pour la production de
productivité en fonction de divers paramètres de produits d’intérêt commercial. Ce centre permettrait
culture. D’autres études ont caractérisé l’espèce du de conserver en banque des souches, leurs profils
point de vue de la génétique pour en identifier ses biochimique et génétique, ainsi que des informations
gènes d’intérêt. Toutes ces études sont essentielles, sur leur productivité et les conditions de culture
quoiqu’elles soient difficilement comparables entre optimales à l’échelle pilote. Ceci pourrait favoriser
elles. En effet, les conditions, le système et le volume l’investissement dans le domaine en fournissant des
de culture varient généralement d’une étude à renseignements pertinents aux entreprises et autres
l’autre. Ces cultures sont le plus souvent effectuées groupes désireux de se lancer dans la production
à l’échelle du laboratoire et donnent peu de rensei- de microalgues.
gnements sur la réponse de la microalgue à l’échelle
industrielle. Quoi qu’il en soit, ces études identifient Le laboratoire Arizona Center for Algae
les espèces d’intérêt et servent à orienter le choix Technology and Innovation (AzCATI) a développé
des conditions de culture pour la mise à l’échelle une expertise sur la sélection de souches et valide
commerciale. leur applicabilité industrielle sur divers systèmes de
production. Des vidéos du centre AzCATI, disponibles
sur leur site internet, présentent leurs installations.
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3. Applications

3.1 Sélection d’une souche de microalgues

Les souches disponibles sont nombreuses, et leur Pour le moment, aucune souche connue ne répond
choix dépend de plusieurs critères. Cette section à tous ces critères. Le choix d’une espèce se fait
énumère et discute ces critères pour différentes appli- d’abord en sélectionnant des espèces ayant un
cations. Le choix et la mise en culture d’une souche
taux de croissance cellulaire rapide, pour permettre
de microalgues qui permettent à la fois d’obtenir un
d’atteindre de fortes productivités en biomasse
taux de croissance satisfaisant et un contenu intéres-
(Tableau 5). Ensuite, selon le mode de culture et le
sant sur le marché incarnent des critères essentiels.
La souche sélectionnée devrait posséder, autant que produit ciblé, d’autres critères entrent en considéra-
possible, les caractéristiques suivantes : tion. La souche doit être résistante aux conditions de
cultures imposées et à la contamination, et capable
1) productivité élevée de biomasse;
de synthétiser une quantité appréciable du produit
2) productivité élevée du produit valorisé;
recherché. La sélection de la souche dépend des
3) capacité élevée de fixation du CO2, produits et coproduits visés; par exemple, une espèce
en autotrophie;
fortement productrice de lipides est intéressante dans
4) capacité élevée d’utilisation de la lumière, un contexte de production de biodiésel. La souche
en autotrophie; doit aussi être facile à récolter. L’étape de la récolte 10
5) capacité d’utilisation d’une source de glucose est le goulot d’étranglement des procédés de produc-
peu dispendieuse et largement disponible, tion d’algues à des fins énergétiques. La sélection
en hétérotrophie; d’une souche pourra influencer les choix technologi-
6) capacité de dominance sur les espèces ques pour sa production, la récolte de la biomasse
indigènes en système ouvert; et le conditionnement de celle-ci pour en extraire
7) tolérance à une large gamme de température, les produits à haute valeur ajoutée ou fabriquer
suivant les variations diurnes et saisonnières. des biocarburants.

Tableau 5. Productivité de quelques espèces de microalgues [8]

Taux de croissance maximum (J-1) Temps de doublement (Jour)


Botryococcus branii 0,2 3,4
Chlamydomonas rheinhardii 3,8 0,2
Chlorella vulgaris 1,8 0,4
Dunaliella tertiolecta 3,5 0,2
Isochrysis galbana 2,0 0,3
Navicula muralis 2,6 0,3
Pleurochrysis carterae 0,7 1,1
Rhodomonas salina 0,6 1,2
Spirulina platensis 0,5 1,4
Thalassiosira pseudonana 2,5 0,3
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3. Applications

Les recherches menées par le Laboratoire national nologie durable, relativement facile à opérer, avec
d'énergie renouvelable (NREL), aux États-Unis, via une capacité de production élevée, nécessitant peu
son programme Aquatic Species Program (ASP), ont d’investissement en infrastructure. Cyanotech
permis d’identifier plus de 3000 espèces intéressantes Corporation, à Hawaii, et Earthrise Farms, en
pour la production de biodiésel en étangs [9]. Les Californie, cultivent sur des superficies respectives
espèces identifiées proviennent principalement des de 75 000 et 437 000 m2, avec des bassins de type
familles des Chlorophyceae et des Bacillariophyceae. « piste de course » de 1000 à 5000 m2 (Figure 3).
Les espèces indigènes sont souvent les plus appro- La culture en système ouvert est relativement plus
priées en système ouvert, car elles dominent en cas économique, tant au niveau du coût en capital que
de contamination par d’autres espèces et s’adaptent de l’entretien du système. Cependant, ces systèmes
plus facilement aux conditions du milieu. Certaines sont affectés par la contamination microbienne, des
microalgues qui produisent des toxines sont à éviter, espèces indigènes qui supplantent l’espèce cultivée,
principalement des cyanobactéries et des dinofla- ou par des prédateurs (p. ex. : daphnies, copépodes,
gellés, dont Alexandrium spp., Pfiesteria piscicida, rotifères, protozoaires) qui broutent une partie de
Pseudo-nitzschia spp. qui sont répertoriées par la biomasse [3]. En milieu ouvert, il est difficile de
Richmond [1]. maintenir une culture monospécifique, à moins qu’elle 11
ne soit produite en conditions sélectives peu favora-
La sélection de souches doit également tenir compte bles à d’autres espèces : par exemple, la croissance
du système de culture utilisé. La production de de spiruline en milieu très alcalin, Chlorella en milieu
microalgues en autotrophie peut se faire avec diffé- riche en nutriments ou Dunaliella salina en milieu
rents systèmes de culture, notamment en milieu hypersalin. Le bassin doit idéalement être couvert
ouvert (bassin) ou fermé (photobioréacteur). pour protéger la culture de l’environnement externe
Le système ouvert est le plus ancien et le plus (précipitation, contamination, etc.) et permettre un
simple des systèmes de culture. C’est une tech- contrôle de la température en climat plus froid.

Figure 3. Bassins a) de Cyanotech Corporation à Hawaii et b) d’Earthrise Farms en Californie.

a) b)
Source : Habib, M.A.B.; Parvin, M.; Huntington, T.C.; Hasan, M.R. A review on culture, production and use of spirulina as food
for humans and feeds for domestic animals and fish. FAO Fisheries and Aquaculture Circular. No. 1034. Rome, FAO. 2008. 33p.
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3. Applications

Les systèmes fermés les plus connus sont les de souches adaptées à ces conditions pourrait offrir
photobioréacteurs (PBR) de diverses configurations. un potentiel à l’établissement de culture d’algues en
Les PBR ont l’avantage de générer des productivités milieu nordique ou en période hivernale. L’Université
optimales avec une concentration cellulaire élevée et Laval détient plusieurs souches Arctique isolées,
une uniformité dans la qualité du produit. Le système dont les travaux de caractérisation sont en cours afin
permet la culture monospécifique d’une multitude d’établir le lien entre leur composition cellulaire et
d’espèces, avec un faible risque de contamination. leur génétique.
Toutefois, la contamination dans ce système est
évitée en l’opérant de façon stérile, ce qui augmente 3.2 Cas des biocarburants : le biodiésel
cependant son coût d’entretien. La production
L’augmentation du prix des carburants fossiles, l’épui-
est économiquement viable pour la génération de
sement des ressources pétrolières et les changements
produits à valeur ajoutée qui compensent le coût
climatiques dus aux émissions de gaz à effet de serre
d’investissement. Ces systèmes ont certains désa-
accélèrent la R-D vers de nouvelles sources d'énergie
vantages importants (contrôle de la température,
renouvelables et durables permettant d’éviter des
diffusion du CO2, tendance des microalgues à adhérer
crises énergétiques ou environnementales.
aux parois et surface requise) qui constituent un
problème pour la mise à l’échelle industrielle. Il est
12
également possible de coupler ces deux systèmes : Les microalgues permettent la génération de plusieurs
photobioréacteur et bassin. Les microalgues sont types de biocarburants. La conversion peut se faire

d’abord cultivées en PBR pour obtenir des densités de par des moyens chimiques, thermochimiques et biolo-

microalgues élevées. La culture est ensuite inoculée giques. Le rendement énergétique varie d’un biocar-
burant à l’autre et le choix de la conversion doit offrir
en bassin, processus plus économique, permettant
un bilan de production d’énergie positif. La conversion
aux microalgues de supplanter les espèces indési-
chimique permet la production de biodiésel par
rables. Ce couplage permet d’atteindre des rende-
extraction des lipides, suivie d’une réaction de trans-
ments optimaux en plus d’avoir plusieurs unités de
estérification. La conversion biologique de la biomasse
production qui peuvent remettre sur pied une culture
en énergie inclut la digestion anaérobie et la
en cas d’éventuels problèmes. Ce système hybride
fermentation. La conversion thermochimique de la
apparaît comme l’option présentant le meilleur coût
biomasse en énergie inclut la combustion directe,
de production.
la liquéfaction, la gazéification et la pyrolyse [1].
Selon la technique de conversion choisie, des lipides,
Les microalgues de glace présentent également un des carbohydrates (sucres) ou de la biomasse de
intérêt parce qu’elles sont adaptées à de faibles lumi- microalgues sont requis. Ceci oriente alors le choix de
nosités et de faibles températures; elles favorisent, l’espèce.
en de telles conditions, une allocation préférentielle
au stockage de lipides. Les microalgues de glace
Critères de sélection de souches pour le biodiésel
ont une compo­sition biochimique et une allocation
photosynthétique intéressantes, mais leur taux de Ce sont les lipides neutres, di- et triglycérides, qui
croissance est nettement plus lent [10]. L’utilisation sont intéressants pour la production de biodiésel.
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3. Applications

Les espèces sont sélectionnées en fonction de leur la sélection d’espèces permet d’obtenir différentes
contenu en lipides neutres, mais également en propriétés de biocarburants. Les microalgues synthé-
fonction du profil lipidique de l’espèce. En effet, la tisent majoritairement des acides gras C14, C16 et
composition en acides gras des microalgues varie et C18. Ces lipides sont le plus souvent insaturés ou

Figure 4. Profil lipidique de différentes familles de microalgues [4]

13

mono-insaturés (Figure 4). Figure 5. Structure des chaînes


d’acides gras EPA et DHA [12]
3.3 Cas des produits à haute valeur ajoutée : les oméga-3
et oméga-6
 

Les acides gras polyinsaturés ω3 et ω6 sont dits essentiels.


N’étant pas synthétisés par l’organisme, ils doivent être assimilés
par l’alimentation ou en supplément. Ce sont des acides gras poly-
insaturés (AGPI), c'est-à-dire une chaîne de carbone sur laquelle
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3. Applications

se retrouvent plusieurs doubles liaisons (Figure 5). Tableau 6. Liste partielle de compagnies
en recherche, développement, production
ou distribution de AGPI ou produits
Le groupe des acides gras polyinsaturés ω3 comprend
contenant des AGPI [13]
principalement les acides : α-linolénique (ALA, 18:3
n-3), stéaridonique (SA, 18:4 n-3), eicosapentaé- Aventis S.A.
noïque (EPA, 20:5 n-3) et docosahexaénoïque (DHA,
22:6 n-3). Le groupe des acides gras polyinsaturés BASF A.G.
ω6 se compose des acides : linoléique (AL, 18:2 n-6),
Friesland Brands A.G.
γ-linolénique (GLA, 18:3 n-6), dihomo-γ-linolénique
(DGLA, 20:3 n-6) et arachidonique (AA, 20:4 n-6) Gist-brocades
[13]. Les acides gras EPA, DHA, GLA et AA. sont
particulièrement recherchés pour le marché de Heinz-Wattie's
l’alimentation humaine. Le tableau suivant présente
quelques compagnies qui commercialisent les AGPI Hoffmann-LaRoche A.G.

(Tableau 6). Les acides EPA et DHA, ayant 20 atomes


Jamieson
de carbone et plus, proviennent principalement de
sources marines [13]. Laboratorios Ordesa
14
Maarbarot
Critères de sélection de souches
pour les oméga-3 et oméga-6 Martek Inc.

Les microalgues à la base de la chaîne alimentaire Mead Johnson Nutritionals


marine sont les principales productrices d’EPA et
de DHA. Les microalgues d’eau douce sont, quant Nagase and Co.
à elles, riches en acides gras saturés ou mono-insa-
Nestle S.A.
turés avec généralement des concentrations élevées
en C16 et C18, dont l’ALA. Les espèces préférentielles
Novartis
sont celles ayant un contenu élevé en EPA ou DHA et
celles ayant une paroi cellulaire relativement facile Nutricia
à briser, permettant ainsi de libérer plus facilement
le contenu intracellu­laire. Le contenu en AGPI varie Nutrinova Celanese A.G.
entre les espèces, mais aussi avec les conditions du
Pronova
milieu (p. ex. : nutriments, lumière, température,
etc.), le système de culture et le mode de récolte Ross Products (Div of Abbott)
(discontinu, semi-continu, continu). Les paramètres
de culture doivent être optimisés pour obtenir les Suntory Ltd.
rendements les plus élevés que possible en AGPI
(Tableau 7). Walmart

Wyeth
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3. Applications

Tableau 7. Données du profil en AGPI de plusieurs espèces provenant de différentes études [12]

Rendement
Microalgue Système Mode récolte Mode trophique EPA (mg/l)
Amphidinium carterae — Batch Hétérotrophique 8,3

Isochrysis galbana Fermenteur Continu Photoautotrophique 7,2

Isochrysis galbana Fermenteur Continu Photoautotrophique 15,3

Isochrysis galbana Tube verre Semi-continu Photoautotrophique 4,6

Isochrysis galbana Fermenteur cylindrique Continu Photoautotrophique 23,8

Monodus subterraneus — Batch Photoautotrophique 96,3

Monodus subterraneus Erlenmeyer Continu Photoautotrophique 25,7

Monodus subterraneus Photobioreacteur plat Semi-continu Photoautotrophique 58,9

Nannochloropsis sp. Photobioreacteur tubulaire Continu Photoautotrophique 32,0

Navicula saprophila — Batch Mixotrophique 34,6


15
Nitzschia laevis — Perfusion Hétérotrophique 1112, 0

Nitzschia laevis Fermenteur Perfusion Hétérotrophique 174,6

Phaeodactylum tricornutum — Batch Photoautotrophique 131,0

Phaeodactylum tricornutum Tube verre, Batch Photoautotrophique 19,0

Phaeodactylum tricornutum Contenant verre Continu Photoautotrophique 25,1

Phaeodactylum tricornutum — Continu Photoautotrophique 100,9

Phaeodactylum tricornutum Tube verre Semi-continu Photoautotrophique 5,0

Phaeodactylum tricornutum Contenant verre Batch Mixotrophique 34,0

Phaeodactylum tricornutum — Batch Mixotrophique 356,4

Porphyridium cruentum Flasque Batch Photoautotrophique 3,6

L’EPA est généralement abondant chez les genres en plus faibles proportions, soit les Cryptophyceae,
Bacillariophyceae, Chlorophyceae, Cryptophyceae, Prasinophyceae et Prymnesiophyceae [12, 14].
Chrysophyceae, Eustigmatophyceae et La quantité produite ainsi que le profil sont étroite-
Prymnesiophyceae. Les genres qui produisent du ment liés aux conditions de culture, mais permettent
DHA sont habituellement limités aux Dinophyceae et de faire une présélection d’espèces pour des essais
aux hétérotrophes marins. Seules certaines espèces sur le système de culture à l’échelle pilote
produisent de l’EPA et synthétisent à la fois du DHA (Tableau 8).
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3. Applications

Tableau 8. Données du profil en AGPI de plusieurs espèces provenant de diverses études [12]

AGPI (% acides gras totaux)


Microalgue
20:4 (AA) 20:5 (EPA) 22:6 (DHA)

Bacillariophyceae

Amphora coffeaformis 4,9 1,4 0,3

Chaetoceros sp. 3,0 16,7 0,8

Navicula incerta - 25,2 -

Navicula pelliculosa - 9,4 -

Navicula saprophila 2,7 16,0 -

Phaeodactylum tricornutum - 34,5 -

Skeletonema costatum - 29,2 -

Chlorophyceae

Chlorella minutissima 5,7 45,0 -


16
Cryptophyceae

Chromonas sp. - 12,0 6,6

Cryptomonas maculata 2,0 17,0 -

Cryptomonas sp. - 16,0 10,0

Rhodomonas sp. - 8,7 4,6

Chrysophyceae

Pavlova lutheri 1,0 19,0 -

Isochrysis galbana - 15,0 7,5

Eustigmatophyceae

Monodus subterraneus 4,7 32,9 -

Nannochloropsis salina 1,0 15,0 -

Nannochloropsis sp. - 35,0 -

Nannochloris sp. - 27,0 -

Prasinophyceae

Hetermastrix rotundra 1,0 28,0 7,0


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3. Applications

3.4 Cas de la phycoremédiation tration est suffisante pour soutenir une production
industrielle de microalgues, alors que la concentration
La combinaison d’une production de biodiésel
atmosphérique, autour de 0,03 à 0,06 % (v/v), est
microalgal à un service de traitement environne-
insuffisante à cette échelle. Une concentration très
mental d’eaux usées ou de rejet de CO2 industriel
élevée en CO2 dans le milieu de culture induit cepen-
offre un avantage économique considérable. Ces
rejets constituent une source d’approvisionnement dant un changement métabolique chez les microal-
en éléments de croissance (nutriments et CO2) peu gues, qui présentent alors une moindre affinité pour
coûteuse à intégrer dans une production à grande le CO2 [15]. La concentration élevée en CO2 acidifie
échelle. également le milieu, et le pH influence les formes de
carbone et de nutriments disponibles. Par ailleurs,
Traitement des eaux usées les émissions de gaz industriels peuvent générer des
oxydes d’azote (NOx) et de soufre (SOx) qui inhibent
La culture de microalgues nécessite une quantité
la croissance de la plupart des espèces de microal-
appréciable de nutriments, dont l'azote (N) et le
phosphore (P). Ces nutriments peuvent être fournis gues. La concentration en SOx est plus dommageable
sous forme d’engrais, mais le coût associé est que celle des NOx, qui peuvent être utilisés comme
notable. L’utilisation de nutriments (NO3-, NH4+, PO43-)
provenant d’eaux usées ou de lisier de porc permet
source d’azote [16].
17
la réduction du coût de production et l’établissement Critères de sélection de souches
d’un service de traitement des eaux riches en nutri- pour la phycoremédiation
ments. Cela permet, entre autres, une réduction de
l’eutrophisation des habitats aquatiques liée au rejet L’utilisation du CO2 des industries et des nutriments
de nutriments dans l’environnement. Les microalgues résiduels des eaux usées rend la production de
ont également la capacité de capter les métaux et microalgues économiquement plus viable. L’espèce
de permettre la décontamination de certains métaux cultivée doit être adaptée à la contrainte du milieu
nuisibles dans l’environnement [1]. La valorisation
de culture. Plusieurs contraintes d'utilisation directe
des microalgues issues de la phycoremédiation est
des émissions industrielles de CO2 et des eaux usées
toutefois limitée à certains marchés.
imposent une pression de sélection sur les espèces
de microalgues tolérantes à ce type de conditions
Traitement des émissions de gaz industriels
sévères. Dans le cas des émissions de gaz industriels,
Le réchauffement global et les émissions croissantes les microalgues peuvent être exposées à des concen-
de CO2 issus d’activités humaines constituent une trations élevées en CO2, à la présence de NOx et de
préoccupation environnementale majeure. La combi- SOx, à de faibles pH et à des températures élevées
naison de la biofixation du CO2 et de la valorisation de
de culture. Dans le cas de l’utilisation des eaux usées,
la biomasse en biocarburant constitue un potentiel de
les microalgues peuvent soutenir des concentrations
développement prometteur pour la technologie. Cela
élevées en nutriments et la présence de composés
permet également de générer un marché de crédits
de carbone pour les pays qui légifèrent la réduction inhibiteurs de croissance. Chlorella vulgaris et
des émissions de gaz à effet de serre (GES). Les Scenedesmus sp. sont des espèces qui atteignent des
émissions de gaz industriels ont généralement un productivités intéressantes, allant jusqu’à 10 % de
contenu en CO2 autour de 2 à 15 %. Cette concen- CO2, et sont utilisées pour le traitement des eaux usées.
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4. Perspectives

Le domaine des microalgues suscite actuellement un et les industriels désireux de se lancer dans la
intérêt d’investissement mondial, et l’avancement production de microalgues ne savent pas quelle
des technologies est rapide. En ce moment, le coût souche sélectionner, ni s’ils doivent faire leur propre
de production est élevé, et cela oriente le développe- bioprospection. Il serait pertinent de former un
ment vers les marchés de produits à valeur ajoutée. groupe offrant un soutien aux entreprises et pouvant
Le développement des marchés se fait également rendre disponible l’information requise pour déve-
en valorisant la totalité de la biomasse, couplant par lopper ce domaine. Il serait d’autant plus intéressant
exemple la production d’ω3 et la transformation de la de regrouper dans un réseau l’expertise québécoise
biomasse résiduelle en bioénergie. Le développement sur la sélection de souches dans les universités
du domaine des produits à haute valeur ajoutée à (UQAR, UQTR, UL, UdeM) avec celle existante dans
partir de microalgues peut compenser l’investisse- les PME (Alga Genius, Alga-Labs, Nutrocean, etc),
ment, et des alternatives menant à la réduction des et d’y impliquer des centres collégiaux de transfert
frais d’exploitation des systèmes sont possibles. technologique pour accélérer le développement de
L’expertise développée permet de se positionner pour bioprocédés industriels à base de microalgues. Cela
le développement d’une source d’énergie durable à permettrait de consolider les efforts de bioprospection
partir des biocarburants de troisième génération. et de sélection de souches, ainsi que de faire de
la R-D à l’échelle pilote sur les souches et sur les 18
Au Québec, plusieurs souches sont disponibles, mais conditions appropriées aux secteurs émergents du
aucune consolidation n’est encore faite pour favoriser domaine. Les souches seraient ainsi caractérisées et
l’utilisation de ces souches et développer leurs appli- conservées en collection pour les rendre disponibles
cations potentielles. Les entrepreneurs-investisseurs aux industriels intéressés.

5. Glossaire

Autotrophes : microalgues capables de synthétiser sa matière organique par photosynthèse à partir du carbone
inorganique (CO2), de la lumière (énergie des photons) et de nutriments (ions nitrate, phosphate, etc.).

Hétérotrophes : microalgues incapables de synthétiser sa propre matière organique et qui nécessitent un apport en
carbone organique (p. ex. : glucose, acétate, glycérol, fructose, sucrose, lactose, galactose et mannose) comme source
d’énergie métabolisable.

Cyanophyceae : bactérie procaryote photosynthétique incluse dans les microalgues eucaryotes en raison de quelques
similitudes morphologiques communes.

Phycoremédiation : bioremédiation effectuée au moyen d’algues.


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6. Références

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Energy, 1999, 16, 1019-1022.
BTD 12-4 Février 2012

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Reproduction non autorisée

Direction et coordination : Rédaction :

Michel Lachance, Viviane Bélair


Directeur-Bioproduits industriels, Biologiste marine avec maîtrise en chimie, UQAR et UL
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Collaborateurs à la rédaction :

Simon Barnabé et Kokou Adjallé, Université du Québec à Trois-Rivières


Réjean Tremblay, ISMER, Université du Québec à Rimouski

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