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Mémoire - M2PDE - YAO SRABELO Hervé
Mémoire - M2PDE - YAO SRABELO Hervé
Unité-Progrès-Justice
*****************
Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de
l’Innovation
*****************
UNIVERSITE OUAGA II
Sous la direction de :
Docteur ROGER ZERBO
Maître de Recherche en Anthropologie
Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique
Sous la codirection de :
Docteur NATEWENDE SAWADOGO
Maître-Assistant en Sociologie
Université Ouaga II
[Février 2020]
BURKINA FASO
Unité-Progrès-Justice
*****************
Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de
l’Innovation
*****************
UNIVERSITE OUAGA II
Sous la direction de
Docteur ROGER ZERBO
Maître de Recherche en Anthropologie
Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique
Sous la codirection de :
Docteur NATEWENDE SAWADOGO
Maître-Assistant en Sociologie
Université Ouaga II
[Février 2020]
[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
SOMMAIRE
SOMMAIRE .............................................................................................................................I
DEDICACES ............................................................................................................................I
REMERCIEMENTS ............................................................................................................... II
ABSTRACT ............................................................................................................................ XI
INTRODUCTION .................................................................................................................. 2
CONCLUSION ...................................................................................................................... 97
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DEDICACES
A monsieur Séri Henri et son épouse Hélène que nous appelons affectueusement
¨Père et Mère¨, pour leur soutien multiforme afin de nous donner une bonne éducation et
une formation de qualité malgré les difficultés.
Mme Eva Ouédraogo, que nous appelons affectueusement ¨Marraine¨ pour son accueil
et toute l’attention manifestée à notre égard.
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REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail, nos remerciements vont à l’endroit de :
Notre directeur de mémoire, docteur Roger ZERBO, Maître de Recherche en
Anthropologie au Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique. Merci
pour votre disponibilité dans la direction de ce travail.
Au docteur Natéwindé SAWADOGO, Maître-Assistant en Sociologie, Enseignant-
Chercheur, à l’Institut Universitaire de la Formation Initiale et Continue de l’Université de
Ouaga II qui a accepté co-diriger ce travail. Merci pour votre disponibilité à nous
accompagner. Vous avez créé en nous le goût de la recherche scientifique.
Au corps enseignant de l’Institut Universitaire de la Formation Initiale et Continue de
l’Université de Ouaga II ;
Au personnel du Centre de Santé et de Promotion Sociale du secteur 30 de Karpala,
avec à sa tête Madame l’Infirmière Chef de Poste. Merci pour votre disponibilité qui a facilité
la réalisation de notre travail.
A notre très chère Rebecca RAMDE, pour ces multiples encouragements et son
soutien durant ces années de formations. Merci pour ton amour.
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DS District Sanitaire
DSF Département de la Santé des Forêts
ECHO Office d'aide Humanitaire de la Commission Européenne
ESPC Etablissement Sanitaire de Premier Contact
FS Formation Sanitaire
GEU Grossesse Extra-Utérine
HELP Hilfe zur selbsthielfe
HG Hôpital Général
IB Initiative de Bamako
ICP Infirmier Chef de Poste
IGB Institut Géographique du Burkina
INSD Institut National de la Statistique et de la Démographie
IRD Institut de Recherche pour le Développement
LNSP Laboratoire National de Santé Publique
MCD Médecin-Chef du District
MDM-F Médecin du Monde France
MEG Médicament Essentiel Générique
MS Ministère de la Santé
MSF-F Médecin Sans Frontière France
NPSP Nouvelle Pharmacie de la Santé Publique
ODD Objectifs de Développement Durable
OIG Organisation Internationale Gouvernementale
OING Organisation Internationale Non Gouvernementale
OMD Objectif du Millénaire de Développement
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONG Organisation Non Gouvernementale
ONU Organisation des Nations Unis
PCIME Prise en Charge Intégrée des Maladies de l'Enfant
PFMR Pays à Faible et Moyen Revenu
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PSP Poste de Santé Primaire
PTF Partenaires Technique et Financier
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Méthodologie : Il s’agit d’une recherche mixte consistant en trois études de cas. La première
étude de cas a consisté à une étude des conceptions des facteurs de l’indisponibilité des
médicaments au Burkina Faso dans l’opinion publique. A cet effet une revue systématique
des journaux et des rapports de certains organismes sur la corruption, a été menée. La
deuxième étude de cas a consisté à l’évaluation de l’accès des populations cibles aux
médicaments de la gratuité des soins dans le district sanitaire de Bogodogo. Une enquête par
questionnaire a été menée auprès de 230 patients éligibles à la gratuité des soins dans six
CSPS du district sanitaire. La troisième étude de cas a porté sur l’étude du circuit de
distribution du médicament sur la période du 25 septembre au 25 décembre 2018 au CSPS
du secteur 30 de Karpala. L’étude des ordonnances a été complétées par des entretiens auprès
de 14 personnes ressources. L’approche néo-wébérienne de l’action publique et des
légitimités professionnelles a servi de cadre d’analyse.
Résultats : Nous sommes parvenus aux résultats que l’efficacité de la politique de gratuité
des soins en faveurs des enfants de moins de 5 et des femmes enceinte au Burkina Faso est
mise en difficulté par l’existence de marchés de produits pharmaceutiques concurrents et la
recherche du profil d’intérêt personnel par certains agents de santé. L’absence de mesure de
prise en compte du rôle des professionnels de santé par l’Etat dans la mise en œuvre de cette
politique est apparue comme l’un des facteurs explicatifs de la faiblesse de cette politique.
Ces résultats suggèrent un meilleur contrôle de l’État sur les acteurs et le processus de mise
en œuvre de cette politique mais, et surtout une bonne implication et appropriation de cette
politique publique sanitaire par les professionnels de la santé.
MOTS CLES : Marché des produits pharmaceutiques, politique de gratuité des soins,
médicaments génériques, professionnels de santé, enfants et femmes enceintes, Burkina Faso.
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ABSTRACT
Issue: Access to medicines is one of the public health issues in Burkina Faso. Populations,
particularly children and women, encounter difficulties in accessing treatment because of the
financial barrier. In response to this situation, on 29 April 2016, the State adopted a policy of
free healthcare for pregnant women and children under five years of age. Through this study
we want to assess the effects of the dynamics of the pharmaceutical market on the
implementation of the free healthcare policy in Burkina Faso.
Methodology: This is a mixed research consisting of three case studies. The first case study
consisted of a study of public perceptions of the factors contributing to the unavailability of
medicines in Burkina Faso. To this end, a systematic review of newspapers and the reports
of certain organisations on corruption was carried out. The second case study consisted of
an evaluation of the target populations' access to free medicines in the health district of
Bogodogo. A quiz survey was conducted among 230 patients eligible for free health care in
six CSPS in the health district. The third case study was a study of the drugs distribution
circuit over the period from 25 September to 25 December 2018 at the CSPS in District 30
of Karpala. The study of prescriptions was supplemented by interviews with 14 resource
persons. The neo-Weberian approach to public action and professional legitimacy served as
a framework for analysis.
Results: We have come to the conclusion that the effectiveness of the policy of free care for
children under 5 and pregnant women in Burkina Faso is hampered by the existence of
competing pharmaceutical markets and the search for personal interest profiles by some
health workers. The absence of measures to take into account the role of health professionals
by the State in the implementation of this policy has appeared to be one of the factors
explaining the weakness of this policy. These results suggest better control by the State over
the actors and the process of implementing this policy but, above all, a good involvement
and appropriation of this public health policy by health professionals.
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INTRODUCTION
Depuis les dix dernières années, les déséquilibres dans l’état de santé des populations dans le
monde continuent de se creuser (OMS, 2008a). En effet, en 2008, le rapport de l'Organisation
Mondiale de la Santé sur la santé dans le monde rend compte de certains échecs et
d'insuffisances qui ont introduit des déséquilibres dans l'état de santé des populations dans le
monde. En effet, sur les quelques 136 millions de femmes qui devraient accoucher en 2008,
près de 58 millions ne bénéficieront d'aucune assistance médicale ni pendant l'accouchement,
ni après. Cela met en jeu leurs vies et celles de leurs nourrissons. En fait le taux mondial de
mortalité maternelle n’a diminué que de 2,3% par an entre 1990 et 2015 (OMS, 2019a). Selon
l’OMS, le risque pour un enfant de décéder avant son cinquième anniversaire est 8 fois plus
élevé en Afrique qu’en Europe. En 2017 par exemple, 50 % des décès d’enfants de moins de
5 ans dans le monde ont eu lieu en Afrique. Il ressort qu’un enfant sur 13 meurt avant son
cinquième anniversaire en Afrique subsaharienne (OMS, 2018). Selon l’UNICEF, au rythme
actuel, entre 2017 et 2030, 60 millions d’enfants, dont la moitié des nouveau-nés, mourront
avant leur cinquième anniversaire (UNICEF, 2017).
Au Burkina Faso, la situation sanitaire est restée caractérisée par des taux de mortalité
générale et spécifique élevés (Ministère de la Santé, 2011). Par exemple en 2010 le taux de
mortalité maternelle était de 41,7%. Ce taux va connaitre une légère baisse de 4,6% et passer
à 37,1% en 2015 (OMS, UNICEF et al, 2015). En effet, l’enquête sur le Module Démographie
et Santé (EMDS), menée en 2015 par L’Institut National de la Statistique et de la
Démographie (INSD) du Burkina Faso, révèle que le taux de mortalité infantile sur la période
de 2010 à 2015 est de 43 pour 1000 naissances vivantes (Ministère de la Santé, 2017).
Certes, depuis la Déclaration d’Alma-Ata dans les années 70, la situation sanitaire a
considérablement changé au niveau des pays (OMS, 2003). En effet, il y a eu des
améliorations en ce qui concerne le tableau de morbidité, les profils démographiques,
l’exposition aux risques majeurs et l’environnement socio-économique. On a également
observé des tendances à l’adoption de modèles de soins plus intégrés et à un pluralisme accru
dans le financement et l’organisation des systèmes de santé. A cet effet, en 2008, le docteur
Margaret Chan directeur général de l’OMS précisait ces réformes internationales en quatre
points en matière de soins de santé primaires (OMS, 2008b). Il s’agit des :
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- réformes de la couverture universelle qui font en sorte que les systèmes de santé
contribuent à l’équité, à la justice sociale et à la fin de l’exclusion, essentiellement en
tendant vers l’accès universel aux soins et à la sécurité sociale ;
- réformes des prestations de services qui réorganisent les services de santé autour des
besoins et des attentes de la population, afin de les rendre plus pertinents socialement
et plus réactifs aux changements du monde, tout en produisant de meilleurs résultats ;
- réformes des politiques publiques qui rendent les collectivités plus saines, en
combinant mesures de santé publique et soins de santé primaires, en menant des
politiques publiques saines dans tous les secteurs et en renforçant les interventions de
santé publique sur le plan national et trans-national ;
- réformes du leadership qui remplacent à la fois la quête disproportionnée de résultats
à court terme d’un côté et le laisser-faire du désengagement des pouvoirs publics de
l’autre, par l’autorité dirigeante inclusive, participative et négociatrice qu’appelle la
complexité des systèmes de santé contemporains.
Dans la région africaine, c'est l'Afrique du sud qui a expérimenté en premier la politique
d'exemption de paiement à partir de 1944 (Nabyonga et al., 2005). A ce jour, plus d'une
quinzaine de pays africains dont les revenus sont faibles et moyens ont suivi l'exemple sud-
africain (Yohou, 2015). Par exemple au Burundi on assiste en mai 2006 à une suppression
des frais d’accouchement et des soins curatifs chez les enfants âgés de moins de 5 ans ; en
république Démocratique du Congo, c’est la gratuité du traitement du paludisme chez les
enfants de moins de 15 ans et chez les femmes enceintes qui sera instaurée en juillet 2008
(Ibid. 2015). Quant au Burkina, les politiques y ont privilégié la subvention plutôt que la
gratuité, en laissant une faible part du prix à la charge des patients, tout en concédant peu à
peu quelques périmètres de gratuité (Olivier de Sardan & Ridde, 2012). En effet, dans la lutte
contre le paludisme, les Combinaisons Thérapeutiques à base d’Artémisinine (ACT) ont été
fortement subventionnés Le coût du traitement est de 100FCFApour les enfants. Un
programme de distribution d’ACT à ces prix par les agents de santé communautaires (ASC)
a été lancé à l’échelle nationale en 2011 (Ibid. 2012). En 2005, la prise en charge des cas de
paludisme grave est devenue gratuite. Les moustiquaires imprégnées sont aussi gratuites et
distribuées à l’échelle du pays depuis 2010. En ce qui concerne la santé maternelle, une
subvention de 60-80 % selon les services et le niveau d’accès aux soins est accordée pour les
accouchements eutociques comme pour les césariennes. Les dépenses sont avancées par les
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formations sanitaires et leur sont remboursées par l’État, dans un premier temps sur la base
d’un forfait et aujourd’hui sur la base des dépenses réelles (Olivier de Sardan et Ridde, 2012).
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Trois ans après sa mise en œuvre il convient de faire un état des lieux et de s’interroger sur
les effets de cette politique de gratuité des soins sur l’amélioration de la santé des populations
au Burkina Faso : en quoi la structuration du marché des produits pharmaceutique au Burkina
Faso permet une meilleure mise en œuvre de la politique de gratuité des soins des enfants de
moins de 5 ans et des femmes enceintes ? Répondre à cette interrogation générale, nécessite
de répondre aux questions spécifiques suivantes :
- Comment la CAMEG assure-t-elle le monopole du marché pharmaceutique au
Burkina Faso ?
- L’existence de marchés concurrents joue-t-elle sur une meilleure mise en œuvre de la
politique de gratuité des soins des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes
?
en place des politiques d’exemption, de plus 17% à Madagascar (Fafchamps & Minten, 2007),
et jusqu’à plus 80% en Ouganda pour les consultations en 1ère ligne (Yates, 2009). Au Ghana,
une étude a montré que les politiques d’exemptions, avaient permis une augmentation
significative des accouchements dans les structures sanitaires et des accouchements assistés
par du personnel qualifié dans des régions où habituellement les femmes accouchaient à la
maison (Penfold, Harrison, Bell, & Fitzmaurice, 2007).
On retrouve également d’autres études qui ont abordé les dépenses des ménages en matière
de santé. Ces études relèvent une incidence positive de la gratuité des soins sur les dépenses
de santé des ménages notamment les plus démunis. C’est le cas du Ghana où l’incidence des
dépenses catastrophiques sur le budget des ménages a connu une baisse (Asante, Chikwama,
Daniels, & Armar-klemesu, 2010).
D’une manière générale, les études ont démontré que les pays ayant adopté la gratuité des
soins connaissent des ruptures de médicaments dans les formations sanitaires (Ridde, Robert,
& Meessen, 2010). Au Niger par exemple, les retards de remboursement ont occasionné des
ruptures de stocks de médicaments dans les formations sanitaires, entraînant des pratiques
fréquentes de renvoi des patients de la part des prestataires vers d’autres formations sanitaires
(Olivier de Sardan et Ridde, 2012). Toutefois, la compréhension des causes de ces ruptures
reste insuffisante.
Le second niveau qui justifie notre étude est sa pertinence pratique. En effet, en Afrique, la
part des dépenses de santé supportée directement par les ménages est très importante,
souvent largement au-dessus des 50% (Ridde & Bicaba, 2009). Celle qui constitue une des
barrières à l’accès aux soins des populations. Au Burkina Faso par exemple, en 2008, la mise
en œuvre du paiement direct des médicaments a occasionné des dépenses des ménages (dont
56,5% vivent avec moins de 625 F CFA par jour) estimées à 38,8% du financement total de
la santé (Saouadogo, Amoussou, & Ouédraogo, 2012). Aujourd’hui, avec la politique de
gratuité des soins, les médicaments devraient donc être disponibles à tout moment et en
quantité suffisante, de qualité garantie et gratuits pour les femmes enceintes et les enfants de
moins de 5 ans vivant au Burkina Faso. Mais entre ce qui doit être et ce qui est, il existe un
fossé dont l’explication réside dans le fonctionnement du marché pharmaceutique. Cette
étude pourrait donc aider à comprendre le mode de fonctionnement du marché
pharmaceutique et son rôle dans l’accompagnement de la politique de gratuité des soins des
enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes au Burkina Faso.
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Notre travail a été réalisé à travers une approche méthodologique mixte consistant en trois
études de cas. La première étude de cas analyse les conceptions des facteurs de
l’indisponibilité des médicaments au Burkina Faso dans l’opinion public. Elle s’est effectuée
à travers l’exploitation d’archives de journaux et rapports grâce à une revue documentaire.
La deuxième étude a porté sur l’accès aux médicaments par les patients éligibles à la gratuité
des soins. L’étude de cas a été réalisée dans 6 formations sanitaires du district de Bogodogo
auprès des enquêtés. Enfin la dernière étude de cas a porté sur le circuit de distribution du
médicament au CSPS du secteur 30 de Karpala. Cette étude a été réalisée grâce à une revue
documentaire et des entretiens. Elle a permis de comprendre le mode d’organisation du
circuit de distribution du médicament et les voies d’accès aux médicaments de la politique de
gratuité des soins par les populations éligibles.
Les résultats issus des analyses ont été présentés selon le plan suivant :
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précisé les conditions éthiques et déontologiques dans lesquelles s’est réalisée l’étude. Ensuite,
les difficultés rencontrées dans la réalisation de l’étude ont été présentées. Enfin nous avons
de façon détaillée expliqué le déroulement général de cette étude.
La seconde partie présente les résultats de la recherche en quatre chapitres. Les trois premiers
chapitres traitent chacun d’une étude de cas. Le quatrième chapitre présente la discussion des
résultats. Le chapitre 1 présente les conceptions des facteurs d’indisponibilités des
médicaments au Burkina Faso dans l’opinion publique burkinabé. Cinq facteurs ont été
relevés par l’opinion publique. Il s’agit :
• des dysfonctionnements dans la gestion des formations sanitaires
• du coût élevé des médicaments
• de l’existence des marchés parallèles de ventes de médicaments
• des fréquentes ruptures ou pénuries de stocks de médicaments et
• des vols et détournements de médicaments dans les formations sanitaires.
Dans le chapitre 2 nous avons présenté les résultats de l’enquête sur l’évaluation l’accès des
populations aux médicaments de la politique de gratuité des soins. Ces résultats ont révélé
une indisponibilité des médicaments prescrits sur les ordonnances. Le chapitre 3 présente
les résultats de l’étude du circuit du médicament de la politique de gratuité des soins au CSPS
du secteur 30 de Karpala. Les résultats ont montré que le circuit de distribution des
médicaments de la gratuité des soins présente des insuffisances à deux niveaux : au niveau de
la prescription des médicaments et au niveau de l’approvisionnement de ces médicaments.
Pour ce qui concerne la prescription, on note que les agents de santé prescrivent
fréquemment des produits qui ne sont pas disponibles dans les dépôts pharmaceutiques des
centres de santé. Au niveau de l’approvisionnement, deux problèmes ont été relevés :
l’absence de système formel d’organisation du marché pharmaceutique qui réponde aux
exigences de la politique de gratuité des soins et l’incapacité de la CAMEG à assurer
totalement l’approvisionnement des formations sanitaires en produits pharmaceutiques.
Enfin le chapitre 4 a porté sur la discussion des résultats de nos trois (3) études de cas en
rapport avec à nos deux hypothèses. Au terme de ces discussions nous sommes parvenus à
conclusion que le monopôle du marché pharmaceutique échappe à la CAMEG. La CAMEG
n’assure pas à elle seule, bien qu’elle soit l’organe désigné, l’approvisionnement du marché
pharmaceutique au Burkina Faso. Cette situation entrave la mise en œuvre de la politique de
gratuité des soins au Burkina Faso parce qu’elle accentue le problème de l’indisponibilité des
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1.1.2. Le médicament
Selon les dispositions de l’article 208 de la loi N° 23/94/ADP du 19 mai 1994 portant code
de santé publique du Burkina Faso « on entend par médicament, toute substance ou
composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard
des maladies humaines ou animales ; ainsi que tout produit pouvant être administré à
l’homme ou à l’animal en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou
modifier leur fonction organique ». Sont aussi des médicaments selon la loi suscitée :
o les produits d’origine humaine ;
o les remèdes traditionnels ;
o les produits diététiques qui renferment dans leur composition des substances
chimiques ou biologiques ne constituant pas par elles-mêmes des aliments, mais dont
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
la présence leur confère soit des propriétés spéciales recherchées, soit des propriétés
thérapeutiques de repas d’épreuve.
Dans le cas de cette étude, la forme diététique sera celle que nous consacrerons au terme
médicament.
Le même code définit par ailleurs certaines catégories de médicaments. Ainsi, en son Article
209 la spécialité pharmaceutique est définie comme étant : « tout médicament préparé à
l’avance dans l’industrie pharmaceutique ; présentée sous un conditionnement particulier et
caractérisé par une dénomination spéciale ». Le code de santé publique du Burkina Faso
définit le médicament générique comme : « toute copie d’un médicament déjà mis sur le
marché, qui a les mêmes principes actifs que celui-ci et qui revendique la même activité pour
les mêmes indications ».
On entend par médicament générique toute copie d’un médicament original dit aussi
médicament « leader », dont la production et la commercialisation sont rendues possibles
notamment par l’expiration des brevets dans le domaine public, une fois écoulée la période
légale de protection ; peuvent être considérés comme génériques aussi bien des médicaments
vendus sous leur dénomination scientifique usuelle ou sous la dénomination commune
internationale du ou des principes actifs qu’ils renferment, dénomination qui doit être assortie
d’une marque ou du nom du fabricant (Saouadogo, 2003 : 40).
Depuis 1996, un article est introduit dans le code de santé publique du Burkina Faso dans la
partie relative à l’autorisation de mise sur le marché. L’article L.601.6 stipule que :
(...) La spécialité générique d’une spécialité de référence est définie comme celle qui a la même
composition qualitative et quantitative en principe actif, la même forme pharmaceutique, et
dont la bioéquivalence avec la spécialité de référence est démontrée par des études de
biodisponibilité appropriées.
C’est cette définition que nous attribuerons dans le cas notre recherche à l’expression
« médicament générique ».
Au Burkina Faso, les structures de contrôle et de surveillance de la qualité des médicaments
sont les suivantes : la Ligue nationale des consommateurs, le Comité national du médicament,
le Comité d’éthique, le Laboratoire national de santé publique, la Centrale d’achat des
médicaments essentiels génériques, les grossistes répartiteurs, la DGPML qui contribue au
contrôle, la structure de contrôle et de surveillance qualité, l’Autorité de Réglementation
Pharmaceutique (ARP), le Contrôle post marketing.
1.1.3. Population cible de la politique de gratuité des soins
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Afin de mieux comprendre la notion de gratuité des soins, il convient de revisiter les notions
de : « recouvrement de coût », « subvention de paiement », et « d’exemption de paiement ».
- Le recouvrement de coût des actes de santé : Il consiste au partage des frais de
soins de santé entre l’Etat et les usagers. Adopté dans les années 1980 par les Etats à travers
l’Initiative de Bamako, le recouvrement de coût vise la participation des ménages au coût de
la santé afin d'accroître et de compléter les dotations budgétaires de l'Etat aux formations
sanitaires. Également, la décentralisation et la viabilité des services. Le recouvrement des
coûts va de pair avec la transparence et la responsabilité dans la gestion car les populations,
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en acceptant de payer, veulent comprendre comment leur agent est utilisé. C'est pour cette
raison que les formations sanitaires sont autorisées à prélever 65 % des recettes de
recouvrement courant (entretien, achat matériel, fournitures, etc…). Les fonds sont gérés par
des comités des gestion (COGES) composés des représentants des bénéficiaires des
prestations et du prestataire de soins de la localité.
- La Subvention de paiement :
Bien qu’il soit largement employé en économie, le terme “subvention“ est rarement défini.
Souvent, il est utilisé comme un antonyme du mot taxe, désignant un transfert d’argent des
pouvoirs publics à une entité du secteur privé. Tel est le cas, par exemple, dans le dictionnaire
Oxford en ligne, où une subvention est définie comme une somme d’argent accordée au
moyen de fonds publics pour aider un secteur ou une entreprise à maintenir le prix d’un
produit ou d’un service à un niveau peu élevé (OMC, 2006). Dans le cas des paiements des
frais de santé, au Burkina Faso par exemple, pour abaisser les barrières à l’utilisation des
services de santé maternelle, le gouvernement burkinabè a mis en place en 2006 une politique
nationale de subvention des soins obstétricaux et néonataux d’urgence (SONU) qui prend en
charge 80 % des frais normalement exigés aux patientes. Cette politique est entièrement
financée par l’État et son budget avait été voté par le parlement pour la période 2006-2015
(Samb, Belaid, & Ridde, 2013).
L’exemption de paiement de frais consiste de ce fait à affranchir les populations des frais à
payer pour se soigner. L’exemption de paiement cumule un argument d’« équité » en faveur
des plus vulnérables ou des plus pauvres, et un argument de « levier », l’exemption du
paiement devant accroître de façon significative l’accessibilité générale et la fréquentation des
formations sanitaires en levant la barrière financière (Olivier de Sardan et Ridde, 2012). Les
mesures d’exemption de paiement peuvent être totale ou partielle ; en faveur de certaines
catégories de la population, ou pour certains services de santé. On note les exemptions telles
que la prise en charge et la prévention du sida – ARV (gratuité partout) ; les césariennes
(gratuité au Mali et Niger, subvention, puis gratuité envisagée au Burkina Faso) ; les femmes
enceintes et enfants de moins de cinq ans (Ibid. 2012).
Les politiques de gratuité de soins consistent à abolir les paiements formels directs payés
par le patient aux prestataires de santé. Le champ d’application de cette gratuité varie sur deux
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axes : d’abord la population ciblée qui va de certains groupes spécifiques plus ou moins
importants à l’ensemble de la population présente sur un territoire ; ensuite, le panier de soins
couverts par cette gratuité, qui peut se limiter à certains services spécifiques ou couvrir un
panier de soins plus large, voire même l’ensemble du panier de soins délivré au niveau des
services de santé primaire (OMS, 2017).
Quand elle s’applique à des groupes de population particuliers, ces derniers sont
généralement caractérisés par une vulnérabilité d’origine médicale ou financière. Des critères
sociodémographiques (âge, grossesse etc.) ou sociogéographiques (espace géographique
défini) aisément observables sont utilisés de manière à déterminer si une personne est éligible
à la gratuité des soins. Cela marque une différence importante avec le recours à des
évaluations individuelles appliquées pour déterminer si une personne a droit à l’exemption
de frais d’utilisation ou si elle peut bénéficier d’une prime d’assurance maladie subventionnée
(Ibid. 2017).
L’initiative de Bamako lancée en 1987 caractérisée par le recouvrement des coûts comme
modalité de financement des formations sanitaires a été jugée peu satisfaisante, et à même les
problèmes d’accès équitable aux soins de santé (Ridde, 2005). Les pays africains se sont
orientés vers l’adoption de mesures visant à les abolir. C’est ainsi qu’au Burkina Faso, il s’est
agi dans un premier temps de mesures de subvention avant d’en arriver aujourd’hui aux
exemptions de paiement direct dont la gratuité de soins ciblée, pour les femmes enceintes et
les enfants de moins de cinq ans.
Dans le cadre notre travail, les exemptions fondées sur une évaluation individuelle de la
vulnérabilité économique ne sont pas considérées comme faisant partie des politiques de
gratuité.
Le manque d’information est un autre problème qui a été aussi rapporté. En Afrique du Sud
et au Ghana, les soignants et les gestionnaires se plaignent de manquer de soutien pour
implanter la politique d’abolition (Walker et Gilson, 2004 ; Witter et Adjei, 2007 ; Witter,
Arhinful et al, 2007). Au Ghana, il ressort que les communautés n’avaient pas bien compris
la mesure d’abolition, malgré la publicité faite par différents moyens (Witter, Arhinful et al,
2007). La communication en sens inverse s’est aussi avérée problématique au Ghana. Les
structures et autorités sanitaires locales n’ont pas rendu compte au niveau central de
l’utilisation des fonds reçus (Witter et Adjei, 2007 ; Witter, Arhinful et al. 2007).
D’une manière générale, les pays ayant adopté la gratuité des soins connaissent des ruptures
de médicaments dans les formations sanitaires (Olivier de Sardan et Ridde, 2012).
L’impréparation de ces politiques explique souvent les difficultés observées dans leur mise
en œuvre (Ridde, Robert et al, 2010). Au Burundi par exemple, le fait qu’elle a été
soudainement décidée sans mesure d’accompagnement a chamboulé le système de santé en
aggravant les ruptures de stock (Nimpagaritse & Bertone, 2011). Au Niger, les retards de
remboursement ont occasionné des ruptures de stocks de médicaments dans les formations
sanitaires, entraînant des pratiques fréquentes de renvoi des patients de la part des prestataires
vers d’autres formations sanitaires (Olivier de Sardan et Ridde, 2012).
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
Au titre des difficultés rencontrées par ces politiques de gratuité de soins certaines sont plus
récurrentes. Nous les avons repartis en deux catégories : celle du financement et de la
disponibilité des produits et celle de la croissance des marchés concurrents particulièrement
des marchés illicites de vente de médicaments. En Côte d’Ivoire, en juillet 2010, avant donc
les mesures de gratuité étudiées, la situation de la PSP était préoccupante (Belaid, Baudry,
Queuille, & Ridde, 2013). Elle ne disposait que d’un stock de 2,5 milliards de F CFA pour
des besoins estimés à 25 milliards et les appels d’offre étaient trop espacés pour espérer le
renouvellement de son stock. Fin 2011, après la gratuité pour tous instaurée en avril, la PSP
n’offrait plus ses services qu’aux programmes verticaux et à l’aide d’urgence internationale.
Les besoins estimés en intrants pharmaceutiques concernant les mesures de gratuité ciblée
sont de 22 milliards pour les urgences, cinq milliards pour les enfants et quatre milliards pour
les femmes enceintes. Seuls trois milliards ont été fournis par le programme d’urgence
présidentiel. Ainsi, la PSP a des besoins urgents de liquidité financière et
d’approvisionnement en produits pharmaceutiques. Le taux de satisfaction des commandes
des districts à la PSP est passé de 30 % avant la gratuité à 10 % depuis (mais 25 % dans les
districts appuyés par une ONG). L’épuisement rapide des stocks d’intrants médicaux et des
ressources financières ont paralysé le système tant au niveau central que périphérique. En
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
l’absence de médicaments dans les FS publiques, les usagers doivent se fournir dans les
officines privées, auprès des vendeurs de rue, etc. Cela encourage les patients à consulter
ailleurs (secteur privé, tradipraticiens, etc.). Les coûts s’en trouvent souvent augmenté
(médicaments, transport, etc.) et la confiance des populations envers le système de santé
publique fortement altérée (Belaid, Baudry et al, 2013).
Au Sénégal, depuis plus d’une décennie, la vente illicite des médicaments gagne du terrain à
Dakar avec le développement des circuits officieux d’approvisionnement (Camara, 2006). En
marge des circuits pharmaceutiques légaux, on voit se multiplier l’offre sur le marché ou aux
portes à porte des médicaments aux quantités chimiques douteuses, aux posologies
fantaisistes. Cette pratique peut être inscrite dans le registre de l’informel et se développe
dans un contexte d’automédication généralisée. Pratique illégale sans nul doute, elle se
développe davantage à Dakar à cause de l’action conjuguée de plusieurs facteurs socio-
économiques, voire politiques, tels que : la défaillance du secteur officiel
d’approvisionnement en médicaments, la perméabilité des frontières et l’échec des politiques
de promotion des soins de santé primaires et des médicaments essentiels en particulier. Avec
la demande grandissante des populations en besoins médicamenteux, les vendeurs qui,
conscients de l’inégalité de cette pratique y persistent car ils y trouvent leur compte.
Le sociologue Émile Durkheim soutient l’idée d’une relation étroite entre l’Etat et les
professionnels (Le Bianic & Vion, 2008). Il prône un rétablissement des corporations qui
devraient permettre de contrebalancer les risques d’individualisation des sociétés modernes,
dus à la spécialisation et à la division croissante du travail en dotant les individus d’une morale
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
collective dont sont dépourvues la plupart des activités ; et cela à travers la dimension
régulatrice et socialisatrice des groupements professionnels. Pour Durkheim, la morale
professionnelle ne saurait à elle seule réguler et encadrer l’ensemble des activités des
individus. Ainsi l’Etat à travers la synthèse d’autres sphères notamment la famille, l’école, la
communauté peut organiser les groupements professionnels. Durkheim parle alors du rôle
régulateur des professions par l’Etat. L’Etat est ainsi appelé à jouer un rôle actif et doit
demeurer le niveau central de régulation, englobant tous les autres : « l’enseignement qui se
dégage des faits est que la corporation doit prendre un autre caractère, qu’elle doit se
rapprocher de l’Etat sans s’absorber en lui, c’est-à-dire qu’elle doit, tout en restant un groupe
secondaire, relativement autonome, devenir nationale » (Durkheim, 1950, p. 46).
En clair, les corporations telles qu’envisagées par Durkheim sont bien adaptées à la forme de
solidarité qui caractérise les sociétés modernes. Il existe de ce fait des rapports entre les
individus et l’Etat. Durkheim (1950) évoque à la fois la notion de morale professionnelle et
la morale civique. Parlant de morale professionnelle, il avance deux sortes de règles. D’abord,
il y a celles qui s’appliquent à soi-même. Elles constituent la morale individuelle et celles qui
concernent nos rapports avec les hommes qui sont la partie culminante de l’éthique. Mais il
existe une sorte de règles dont la diversité est encore plus marquée : ce sont celles qui forment
la morale professionnelle. Il faut donc qu’il y ait des règles qui disent à chacun ses droits et
ses devoirs, et cela non pas seulement d’une manière générale et vague, mais précise et
détaillée. Cependant une morale ne s’improvise pas, elle est l’œuvre du groupe même auquel
elle doit s’appliquer. Quand elle fait défaut, c’est que ce groupe n’a pas une suffisante
cohésion.
La morale civile est quant à elle définie comme l’ensemble de règles sanctionnées qui
déterminent ce que doivent être les relations entre l’individu et le groupe politique ou société
politique. Dans la mesure où chaque membre ne relève que de lui-même et ne dépend pas du
pouvoir central, il constitue une société politique, un Etat proprement dit. Au contraire s’il
est subordonné à un organe qui lui est supérieur, il est un simple groupe secondaire. La société
politique est définie comme celle formée par la réunion d’un nombre plus ou moins
considérable de groupes sociaux secondaire, soumis à une même autorité, qui ne ressortit
elle-même à aucune autre autorité supérieure régulièrement constituée. L’Etat sera donc les
agents de l’autorité souveraine et la société politique sera le groupe complexe dont l’Etat est
l’organe éminent. La morale civique est alors les principaux devoirs que les citoyens ont
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
envers l’Etat et, réciproquement, ceux que l’Etat a envers les individus. Quand l’Etat pense
et se décide, il ne faut pas dire que c’est la société qui pense et se décide par lui, mais qu’il
pense et se décide pour elle. Il est dans un certain sens le centre organisateur des groupes
eux-mêmes. L’Etat n’exécute rien, il donne des ordres pour qu’on agisse ; de par lui-même,
l’Etat n’est pas producteur. Pour Kant l’Etat est une personnalité morale et par cela même
investie d’un caractère spécial qui en fait un objet de respect aussi bien à l’état civil qu’à l’état
dit de nature (Durkheim, 1950, p. 56)
Dans les rapports de l’Etat et de l’individu, les fonctions de l’Etat doivent s’étendre sans qu’il
en résulte pour cela une diminution de l’individu ou que l’individu se développe sans que
l’Etat ne régresse car l’activité de l’Etat serait essentiellement libératrice de l’individu. L’Etat
dans nos grandes sociétés est tellement loin des intérêts particuliers, qu’il ne peut tenir compte
des conditions spéciales, locales dans lesquelles ils se trouvent. Il ne peut que leur faire
violence lorsqu’il se résout à les réglementer. Le pouvoir fondamental de l’Etat est d’appeler
progressivement l’individu à l’existence morale, car la morale civique ne peut avoir d’autres
pôles que les causes morales. Aménager le milieu social de manière à ce que la personne
puisse s’y réaliser plus pleinement, régler la machine collective de manière à ce qu’elle soit
moins lourde aux individus, assurer l’échange pacifique des services.
De même en s’appuyant sur les travaux de Michel Foucault, Johnson estime que les
professions participent pleinement de cet essor du contrôle de l’Etat sur les populations au
moyen de savoirs institutionnalisés.
L’Etat est un ensemble de procédures, de tactiques, d’institutions, de calculs, de connaissances
et de technologie, qui ensemble constituent une forme particulière de gouvernement (…). La
gouvernementalité est cette forme de gouvernement des hommes et des choses qui s’appuie
sur des institutions, des procédures, des calculs, des analyses, des réflexions, des tactiques (T.
Johnson, 1995, p. 8).
1.3.2. L’Etat comme une instance neutre
Le fonctionnalisme fait une lecture de l’Etat comme instance neutre d’enregistrement des
conflits internes aux groupements des professions. Dans ce cadre, l’Etat intervient
principalement pour enregistrer les efforts déployés par les groupes professionnels, leur
accordant une autonomie en matière de régulation, mais n’intervient pas directement dans
leurs affaires. Les professions se voient donc confier par délégation de puissance publique, le
soin de régler leurs affaires internes et de prendre en charge un domaine de la vie sociale.
Contrairement à Durkheim qui établit un lien étroit entre Etat et profession, Marshall tout
comme l’ensemble de fonctionnalistes, invite à une faible prise en compte du rôle de l’Etat
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dans le processus d’institutionnalisation des professions. Marshall estime que dans les
sociétés démocratiques modernes, l’Etat et les professions s’assimilent de plus en plus l’un à
l’autre. Il précise cependant que cela ne signifie pas l’absorption des professions par l’Etat,
mais le fait que tous deux, partants de directions opposées, se rencontrent dans une position
moyenne (Marshall, 1939).
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
Talcott Parsons définit l’autonomie comme résultant des propriétés des valeurs
professionnelles et comme condition nécessaire de l’usage de leurs valeurs spécifiques au
service de fonctions de régulation et de contrôle de la structure sociale (Parson, 1951).
Eliot Freidson fait de l’autonomie le fondement de la troisième logique de régulation des
rapports d’échanges à côté de l’Etat et du marché (Freidson, 2001). L’autonomie
professionnelle s’impose lorsque les prestations ne peuvent être standardisées.
Pour Sarfatti (1988) : « l’autonomie procède de la quête de professionnalisation comme
tentative de transférer un ordre de ressources connaissance spécialisée dans un autre ordre
de ressources rares, des rétributions économiques et sociales » (Sarfatti Larson, 1988, p.
1988). La question de la compatibilité entre profession et organisation tenait aux problèmes
de compatibilité entre régulation autonome par la profession et hétéronome de l’organisation.
Le contrôle hétéronome peut être renvoyé au marché lorsque, sous contrôle des autorités
publiques, la concurrence supplante le monopole et les prestataires privés sont mis en
compétition avec les services publics. On note alors que l’autonomisation des groupes ainsi
constitués et la demande d’expertise des organisations peuvent alimenter la revendication
professionnelle.
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CHAPITRE II : METHODES
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médicaments au Burkina Faso tels que présentés dans les rapports du REN-LAC et la presse
écrite. L’approche qualitative a été l’approche choisie pour mener cette étude. La technique
de collecte de données utilisée dans cette étude a été la revue documentaire.
La deuxième étude de cas s’est intéressée à l’accès aux médicaments par les patients éligibles
à la gratuité des soins. L’objectif était d’évaluer le niveau de disponibilité des médicaments de
la gratuité des soins pour les patients. Elle s’est déroulée dans six (6) CSPS du district sanitaire
de Bogodogo. Cette étude a porté sur la collecte de données par questionnaire afin d’évaluer
le niveau d’accès aux médicaments de la gratuité des soins. L’approche quantitative est celle
qui a donc été retenue.
Enfin la troisième étude a eu pour objectif d’analyser le circuit de distribution des
médicaments de la gratuité des soins. Elle s’est déroulée au sein du CSPS du secteur 30 de
Karpala. La structuration du circuit de distribution des médicaments de la gratuité des soins
révèle des pratiques et comportements de différents acteurs qui conditionnent le mode
d’accès aux produits pharmaceutiques et la mise en œuvre effective de la politique de gratuité
des soins. L’approche qualitative a donc été choisie pour comprendre les différentes pratiques
des acteurs sur le terrain. La revue documentaire et les entretiens ont été les techniques
utilisées pour la collecte des données.
La confrontation des résultats de ces trois études de cas permettra de mieux comprendre
l’impact de l’organisation du marché pharmaceutique sur l’accès aux médicaments de la
gratuité des soins.
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de soins sont organisées en trois niveaux qui assurent des soins primaires, secondaires et
tertiaires. Le premier niveau comprend deux échelons. Le premier échelon de soins est
composé de Centres médicaux (CM), de Centres de santé et de promotion sociale (CSPS), de
dispensaires et maternités isolés. En 2015, on dénombrait au compte du sous-secteur public
1 698 CSPS, 43 CM, 12 maternités isolées et 119 dispensaires isolés. Le deuxième échelon de
soins est le Centre Médical avec Antenne Chirurgicale (CMA). Il est le centre de référence
des formations sanitaires du premier échelon du district. En 2015, le nombre de CMA
fonctionnels était de 47. Le deuxième niveau de soins est représenté par le Centre Hospitalier
Régional (CHR) qui sert de référence pour les CMA. Il existe au total neuf (09) CHR dans le
pays. Le troisième niveau est constitué par le centre hospitalier universitaire au nombre de
quatre (04) en 2015. Ce sont les centres hospitaliers universitaires Yalgado Ouédraogo,
Pédiatrique Charles De Gaulle, Sourou Sanou et le CHU Blaise Compaoré. Ces structures
constituent le niveau de référence le plus élevé. Il existe d’autres structures publiques de soins
telles que les services de santé des armées (SSA), les infirmeries des sociétés et les services de
santé de l’Office de santé des travailleurs. On dénombrait 435 structures privées de soins
toutes catégories confondues dont 240 à Ouagadougou et 74 à Bobo-Dioulasso en fin 2012.
En plus de ces structures, il y’a la pharmacopée, la médecine traditionnelle et la santé à base
communautaire qui contribuent également à l’offre des services de santé à la population
(Ministère de la santé, 2017). En plus des structures publiques, le Burkina Faso compte des
structures privées concentrées dans les villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. En
2017, on dénombre 519 structures privées de soins.
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répartiteurs privés agréés par le MS approvisionnent les hôpitaux, les officines (49% des
importations).
Des opérateurs privés interviennent dans l’équipement biomédical et l’approvisionnement
des structures sanitaires en réactifs de laboratoire (CD4, charge virale VIH, dépistage
paludisme, TB et VIH). La DGPML coordonne et suit les activités du secteur privé par le
suivi des stocks au niveau national. Des comités techniques ont été mis en place par arrêté
du MS pour la coordination de la gestion des intrants des programmes de santé prioritaires
(paludisme, TB, VIH, SR, nutrition). Ils font une revue trimestrielle de la quantification des
besoins, la planification des achats, du suivi des plans d’approvisionnement et de la
supervision de la gestion des intrants. La problématique de l’usage rationnel des produits de
santé est un défi dont la DGPML se doit de relever. Ce, afin de promouvoir l’utilisation
rationnelle des produits de santé et atténuer le poids des dépenses liées aux produits de santé.
Pour ce faire, la DGPML à travers son centre de documentation et d’information sur le
médicament (CEDIM) met à la disposition du personnel, l’information pharmaceutique
régulière en vue de sensibiliser à la prescription rationnelle. Elle procède également avec
l’appui de certains partenaires à la formation des prestataires sur l’usage rationnel. Selon la
réglementation applicable au Burkina Faso, tous les produits de santé sont soumis à
l’enregistrement, à la surveillance sur le marché, à l’inspection et à la vigilance. Il s’agit
notamment des médicaments (spécialités pharmaceutiques et médicaments génériques,
vaccins et sérums, médicaments traditionnels améliorés), des réactifs d’analyse de biologie
médicale, des consommables médicaux et du matériel médico-technique, des denrées
alimentaires particulières de même que les produits cosmétiques (Ministère de la santé, 2017).
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Le District Sanitaire de Bogodogo fait partie des cinq districts de la région du centre. Il est
situé dans la zone Sud-Est de la province du Kadiogo. Il est limité au nord par le DS de
Nongr-Massom, au nord-est par le DS de Ziniaré, à l'ouest par le DS de Baskuy, à l’est par le
DS de Zorgho, au sud par le DS de Kombissiri et au sud-ouest par le DS de Boulmiougou.
Le DS de Bogodogo couvre les communes rurales de Saaba (23 villages) et de Koubri (25
villages) ainsi que les arrondissements 5, 10, 11 et 12 de la commune de Ouagadougou. Il
s’étend sur une superficie de 1167,77 Km2 répartie comme suit selon l’Institut Géographique
du Burkina (IGB) 2011 : commune rurale de Koubri (555 km2), commune rurale de Saaba
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Dans l’étude de cas réalisée dans les 6 formations sanitaires du district sanitaire de Bogodogo,
la population d’étude est composée des bénéficiaires de la politique de gratuité des soins
venue consulter durant l’enquête. Il s’agit :
- des enfants de moins de 5 ans ;
- des femmes enceintes ;
- des femmes en post partum jusqu’à 42 jours après accouchement ;
- les femmes vivant avec une fistule obstétricale ;
- les femmes âgées de 25 à 55 ans (dépistage lésions précancéreuses) ;
- les femmes âgées de 15 ans ou plus (examens physiques des seins).
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Pour la première étude de cas, portant sur l’exploitation des journaux et des rapports
du REN-LAC, nous avons privilégié une stratégie d’échantillonnage systématique. Pour les
articles de la presse en ligne, nous avons procédé à une revue systématique des articles
contenant des mots clés se rapportant au secteur de la santé au Burkina Faso : gratuité, santé,
soins, politique de gratuité, système de santé, plainte dans la santé etc. Les recherches ont
permis de passer en revue 14082 numéros de journaux papiers couvrant la période de 1985 à
2018, 16 numéros de la presse en ligne et 17 rapports du REN-LAC (de 2000 à 2017). Au
total ce sont 56 articles de journaux (presse écrite et presse en ligne) qui ont été retenus par
rapport au thème de la recherche.
Tableau 1: Les articles retenus dans les journaux et les rapports du REN-LAC
Sources documents Total numéros Total
lus
SIDWAYA 9094 numéros
Presse écrite L’ÉVENEMENT 230 numéros
L’OBSERVATEUR PAALGA 3618 numéros 14082
LE PAYS 1140 numéros Numéros
Presse en ligne Le Faso.net 16 numéros 16 numéros
Rapports Rapports REN-LAC (2000 – 17 rapports
2017)
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éventuellement les caractéristiques des personnes non couvertes par l'enquête, il est possible
de constituer un échantillon correct en se rendant dans de tels lieux et en procédant, sur place,
à un tirage au sort parmi les personnes présentes (Matalon, & Ghiglione, 1998). La taille de
notre échantillon est de 230 patients éligibles à la politique de gratuité, enquêtés dans 6 CSPS
du district sanitaire de Bogodogo.
Les variables étudiées dans cette étude sont :
- l’identification des patients (types de patients) ;
- le niveau d'instruction des patients ;
- le lieu d'habitation des patients ;
- la profession des patients ;
- le(s) problème(s) de santé des patients ;
- le mode d'accès aux médicaments par les patients.
Le choix de ces variables a été orienté par d’autres travaux ayant porté sur l’accès aux
médicaments dans le cas des politiques d’exemption de frais. C’est le cas lorsque le domaine
a déjà été bien étudié, que le vocabulaire utilisé est connu, que les hypothèses ont déjà été
élaborées, ou peuvent l’être à partir d’autres travaux (Matalon, & Ghiglione, 1998).
Enfin, dans l’étude de cas réalisée au CSPS du secteur 30 de Karpala, nous avons eu
recours à un échantillonnage systématique des consultations médicales des patients
bénéficiaires des mesures de la gratuité des soins venus consulter au sein du CSPS du secteur
30 sur la période du 25 septembre au 25 décembre 2018. 6371 ordonnances ont fait l’objet
d’une analyse systématique. Nous avons par la suite interviewé des personnes ressources
ayant un rapport direct avec la mise en œuvre de la politique de gratuité des soins. Cela a été
réalisé par une méthode d’échantillonnage par choix raisonné. Cette méthode est basée sur le
jugement du chercheur par rapport au caractère typique des personnes ressources
interviewées, leur connaissance sur l’objet de l’étude (Dufour & Hamel, 2012). Une gérante
du dépôt pharmaceutique ; un point focal de gratuité ; le major du CSPS du secteur 30 et 11
délégués médicaux ont été interviewés. Ces interviews ont été réalisées du 07 au 14 Février
2019.
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Cette technique a été utilisée pour la collecte des données des journaux et rapports du REN-
LAC, également pour la collecte des données des ordonnances des trois derniers mois (25
septembre au 25 décembre) de l’année 2018 au CSPS du secteur 30 de Karpala. Comme
outils de collecte des données : Nous avons procédé de la façon suivante :
Au niveau des données sur les journaux et articles du REN-LAC, nous avons utilisé une grille
de lecture, une fiche de repérage et un appareil photo. La grille de lecture contenait les
rubriques suivantes à remplir :
- le titre du document ;
- la localisation du document (source) ;
- l’intérêt du document par rapport à notre sujet de recherche.
L’appareil photo nous a permis de prendre des images des textes d’articles qui se rapportaient
à notre sujet de recherche, afin de continuer les lectures hors du centre de recherche après
fermeture, puisque les documents ne pouvaient être emportés.
Au niveau des ordonnances exploitées, deux grilles de lecture ont été élaborées, elles
comportaient les différents éléments constitutifs de l’ordonnance notamment :
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Le questionnaire : cette technique a été utilisée pour la collecte des données auprès des
patients enquêtés dans les 6 CSPS et de délégués médicaux. Nous avons eu recours au
questionnaire comme outils. Les questionnaires ont été administrés aux patients en face à
face. Cette technique permet de mesurer la fréquence de caractéristiques (situations,
comportements, opinions ou attitudes…). Au total, nous avons pu remplir 230
questionnaires auprès des patients et 08 questionnaires auprès des délégués médicaux.
L’entretien est canalisé par un guide d’entretien qui est un mémento comportant une liste
de thématiques méritant d’être abordées, avec éventuellement des suggestions de questions,
des enchaînements possibles et surtout des relances destinées à approfondir les propos de
l’interlocuteur. Cette technique d’enquête a été utilisée dans l’interview des délégués
médicaux, des agents de santé du CSPS du secteur 30. Comme outils nous avons utilisé un
guide d’entretiens semi-directifs. Nous avons réalisé 03 entretiens avec les délégués médicaux
et 03 entretiens avec les agents de santé.
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où un visa d’accord a été posé. Cette autorisation a été présentée aux différents responsables
de CSPS où nous avons été pour notre étude. Nous avons pris le soin avant les enquêtes
d’expliquer l’objet de notre questionnaire et ou de notre entretien à l’ensemble des personnes
interviewées afin d’obtenir leur consentement (oralement) tout en respectant le principe
d'anonymat et de confidentialité.
Au niveau du centre de recherche de l’IRD, l’accès s’est fait par un abonnement annuel. Avec
cette carte d’abonnement nous avons eu accès à toute la documentation du centre sous la
supervision des gérants. Dans la pratique, durant les quatre mois qu’a duré notre recherche
(Juillet – Octobre 2018), nous avons procédé à des lectures de chaque recueil de journaux
(classés par année) à la recherche d’articles en rapport avec le domaine de la santé. Trois fois
par semaine nous nous sommes rendus au centre pour faire ce travail. La lecture des articles
se rapportant au domaine de la santé que nous retrouvons dans un journal, ne se faisait pas
sur place ; mais à l’aide d’un Smartphone nous avons fait des prises de vues, puis classé ces
articles dans un dossier dans notre ordinateur puisque aucun document ne peut être ramené
chez soi. Une fois à la maison, à l’aide de l’application « Google keep » nous avons extrait les
textes des images afin de les classer après lecture, dans la grille de lecture en fonction des
idées suggérées.
Pour ce qui concerne la collecte et l’exploitation des rapports du REN-LAC et de la presse
en ligne, cette recherche s’est faite sur internet en allant sur les sites respectifs des différentes
organisations de presses en ligne et du REN-LAC. Pour le REN-LAC cela n’a pas été difficile
de retrouver les rapports, qui étaient en ligne, il nous a suffi de les télécharger l’un après
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l’autre, puis en regardant le sommaire de chaque rapport de voir ceux qui abordent les
questions de santé au Burkina Faso. Chose faite, ces segments d’articles sont lus et classés
dans la grille de lecture suivant les idées suggérées. Par contre pour les journaux en ligne,
nous avons procédé par la recherche en intégrant des mots-clés de recherche tels que la
gratuité des soins, la santé, le système de santé au Burkina Faso, etc. Ces consultations en
ligne se sont faites concomitamment avec la lecture des journaux.
Le 10 janvier 2019, la direction régionale de la santé du centre a marqué son accord à notre
demande d’autorisation pour mener une recherche dans le district sanitaire de Bogodogo.
L’autorisation d’une validité d’un mois, a été transmise à la direction du district sanitaire de
Bogodogo qui nous a également marqué son accord. Dans la pratique, une fois l’autorisation
obtenue nous avons procédé à l’identification des formations sanitaires et à l’administration
du questionnaire aux patients. Une fois dans la formation sanitaire, nous nous rendons chez
le major muni d’une copie de l’autorisation signée par les deux directions, puis nous exposons
le contenu de l’enquête et les objectifs de l’enquête. Une fois l’accord du major obtenu, nous
sommes introduits par celui-ci/celle-ci auprès des patients afin de leur expliquer le but de
l’enquête et de les rassurer de la nature des travaux qui seront faits avec les informations
recueillies. Une fois cela fait, nous nous assurons toujours avant l’administration du
questionnaire de l’accord et du consentement de chaque personne interviewée. L’enquête a
duré 10 jours, du 16 au 26 janvier 2019. Les fiches journalières étaient automatiquement
enregistrées dans le logiciel de traitement des données SPHINX.
Le 23 janvier 2019, nous nous sommes rendus au district sanitaire de Bogodogo, pour mener
la recherche dans l’hôpital du district, mais après échange avec le gérant du dépôt nous avons
compris qu’il s’agissait d’un dépôt répartiteur et donc difficile d’avoir ce que nous cherchions.
Nous avons donc cherché à identifier le CSPS le plus proche, et dans les orientations nous
sommes arrivés au CSPS du secteur 30 de Karpala qui était à une quinzaine de minutes du
district sanitaire de Bogodogo. Après explication de l’objet de notre recherche nous avons
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
été orientés vers la gérante du dépôt et le point focal de la gratuité des soins. Sous la
supervision de ses deux agents, nous avons eu accès aux différentes caisses où sont conservés
tous les actes de consultation afférent à la gratuité. Nous avons choisi de faire la collecte des
informations sur les ordonnances du dernier trimestre de l’année 2018. Cette collecte s’est
faite à l’aide d’appareil photo avec lesquels des images de chaque ordonnance ont été prise
sur place l’une après l’autre, puis une fois à la maison analysées et intégrées dans le logiciel de
traitement des données SPHINX. Parallèlement à cette activité, nous avons mené des
entretiens avec la gérante du dépôt pharmaceutique toutes les fois que nous avions des
préoccupations sur tels ou tels aspects de la recherche. A la suite de la gérante, un entretien
a été réalisé avec le point focal afin de comprendre le fonctionnement au niveau de la gestion
du stock et des commandes des produits. Cette phase de collecte de données s’est déroulée
du 01 au 07 février 2019.
Au cours de la collecte des données, nous avons fait face à certaines difficultés. La principale
difficulté a été la réticence de certains enquêtés. Il s’agissait en particulier des délégués
médicaux pour la majorité et de certains patients. Des explications sur les exigences de cette
méthode de collecte des données ont été nécessaires pour convaincre certains participants.
Malgré tout, nous avons enregistré huit refus au niveau des délégués médicaux. Ces derniers
sans donner des raisons s’arrêtent parfois pendant le questionnaire et refusent de poursuivre,
ce qui nous oblige à éliminer ces questionnaires, mais aussi constitue des pertes de temps.
Une autre difficulté a porté sur la disponibilité des enquêtés. Plusieurs rendez-vous manqués
notamment au niveau de la CAMEG et du CSPS du secteur 30. Nous n’avons jamais pu
rencontrer les personnes ressources de la CAMEG malgré la correspondance que nous avons
envoyée.
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pourraient entraver l’accès aux médicaments en ce sens que la disponibilité des médicaments
dépend en grande partie de la qualité de la gestion des formations sanitaires. Si celles-ci sont
défaillantes alors l’accès aux médicaments est compromis.
1.1.1. Les présomptions de corruption et les détournements de fonds / matériels
de soins
En parcourant les différents rapports du REN-LAC on a relevé de nombreux paragraphe qui
évoquent une croissance de la corruption dans le secteur sanitaire ; chose qui est beaucoup
décriée par les populations. Des présomptions de pratiques récurrentes de pots de vin, des
rackets, et autres surfacturations soulèvent des questions quant au respect de l’éthique par les
responsables et travailleurs de ce secteur. En 2004, ce secteur a connu un progrès dans la
corruption de +8 dans le classement général. Le vol et la vente de certains biens médicaux
souvent gratuits, les détournements divers sont dénoncés dans les témoignages (REN-LAC,
2003). Certains préparateurs d’État en pharmacie utiliseraient le nom DRD pour passer des
commandes personnelles. Il en serait de même de certains hôpitaux où le code de commande
des médicaments auprès de la CAMEG porterait le nom et les prénoms des pharmaciens ou
du préparateur d’État en pharmacie. Ceci entraîne des confusions entre les commandes
publiques et les commandes personnelles qui vont alimenter des marchés parallèles (REN-
LAC, 2004). C’est une petite corruption routinière, qui serait visible dans tous les services et
qui côtoierait, une grande corruption perceptible dans la hiérarchie administrative, autour des
marchés publics (REN-LAC, 2001).
Bien que non spécifique aux services de santé, la pratique serait couramment rencontrée dans
les centres hospitaliers et les districts sanitaires du fait de leur statut d’EPA1 et plus récemment
d’EPS2 pour les hôpitaux ou en raison de leur « autonomie de gestion » (REN-LAC, 2004).
1
EPA : Etablissement Public à caractère Administratif
2
EPS : Etablissement Public de Santé
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De nombreux témoignages relevés dans nos lectures renseignent que les différentes
orientations que connaît la politique sanitaire au Burkina Faso ne seraient pas assez bien
élaborées et bien préparées. Un médecin soulignait dans un des articles que l’instauration de
la politique de gratuité s’est faite sans une préparation préalable des acteurs de terrain.
Ensuite, il estimait aussi que la politique de gratuité a été instaurée sans mesure
d’accompagnement tout en pointant du doigt l’absence de ressources humaines suffisantes
dans certains centres de santé, l’absence d’infrastructures et de matériel technique pour la
prise en charge adéquate des malades (Ouedraogo, 2018).
Pour Hamadi Konfé, SG de la sous-section SYNTSHA :
Le Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) est très malade, (…) les
services manquent de tout, y compris parfois le minimum (…), les pannes fréquentes
d’équipements, les ruptures de consommable et de réactif sont le lot quotidien des services.
(…) A la maternité on note la panne sans cesse de l’aspirateur du nouveau-né (Tankouano,
2017 : 22).
A ces faits s’ajoute la crise qui a secoué la CAMEG durant des mois (Kouaman, 2017) qui
accentue les ruptures de médicaments dans les formations sanitaires. Cette situation a été
reconnue par la direction générale de la pharmacie, du médicament et des laboratoires
(DGPML) lors de sa conférence de presse du 07 octobre 2016.
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infectées par le VIH. Les prévisions permettent donc d’anticiper les besoins et de rendre
disponibles les produits à temps. Si la situation perdure, soit les personnes chargées de ce
volet seraient incompétentes, soit il y aurait des gens qui y trouvent leur intérêt (Barry, 2011,
p. 12).
1.1.4. La mauvaise qualité de l’offre des soins
Ce facteur est lié à l’absentéisme de certains agents de santé, la qualité des soins offerts quand
ils sont présents, et bien d’autres attitudes qui rendent difficile l’accès aux médicaments pour
les patients. Il arriverait souvent que des patients fassent des va-et-vient à l'hôpital Yalgado
pour des consultations auprès des médecins qui ne sont pas toujours là. A ce propos, il y a
lieu de retenir que la plupart des médecins de Yalgado sont des spécialistes avec une triple
vocation : enseignants à l'université, chercheurs, encadreurs d'étudiants à l’intérieur de
l'hôpital. De ce fait, le médecin peut se trouver à l'université pour dispenser des cours aux
étudiants et être donc absent de l’hôpital à des heures que les patients ignorent. Le médecin
peut aussi être absent pour raison de séminaire ou de colloque à l'intérieur comme à l'extérieur
du pays. Tous ces faits sont des absences justifiées à ne pas confondre avec certaines absences
de médecins affairistes qui préoccupées par l'appât du gain feintent des heures à Yalgado
pour faire des consultations dans des cliniques privées (Ky, 2000, p. 6). Il y aurait des
dispensaires où on peut constater l’absence de personnel comme ce fut le cas au dispensaire
de Koko où l’infirmière de garde était introuvable : un premier groupe de patients arrivés peu
avant 20 heures a en effet été désagréablement surpris de constater que les locaux étaient
désespérément vides. Las d’attendre jusqu’après 22 Heures, les patients dont le nombre ne
cessait de croître vont finalement se décider à libérer les lieux (Kabore, 2005, p. 10).
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Pour certains responsables de dépôts, cette procédure, du fait des lenteurs administratives,
peut prendre plus d’un mois. « Et le plus souvent, elle n’aboutit pas, parce que la lenteur
permet à la CAMEG de se réapprovisionner. Pour commander avec le privé, c’est un
parcours du combattant, si bien que des fois, certains préfèrent attendre que le produit soit
disponible à la CAMEG, parce que, lorsqu’ils forcent pour commander avec les privés, il y a
des représailles qui ne disent pas leur nom (Ouedraogo, 2010).
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La vente des médicaments se ferait dans certaines structures privées en violation des textes
de la loi N° 034/98/AN portant Loi Hospitalière et le Décret N°2000/008/PRES/PM/MS
portant organisation de la pharmacie hospitalière (REN-LAC, 2004). Bien que des efforts
sont faits au niveau de la CAMEG au point de vue des prix de vente des MEG,
malheureusement ce n’est pas toujours que la baisse des prix profite aux consommateurs. Les
intermédiaires entre la CAMEG et les consommateurs ne respectent pas toujours les textes.
(L’Évènement, 2001- 2002, p. 10). Secrétaire général Raphaël Nanema, avait reconnu que de
1991 à aujourd’hui (2011), le taux d’inflation des soins est passé à plus de 300% (Zougmore,
2011 : 13).
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Les majors : « ce sont les maîtres des lieux qui s’imposent souvent à la hiérarchie ». La félinité
de leur approche met à contribution des infirmiers, manœuvres, filles de salle, brancardiers.
Chacun a pratiquement un rôle selon les occasions : placement des gants auprès des malades,
de solutés et autres médicaments de dotation, subtilisés ou détournés.
Les infirmiers /ères : dans la chaîne, des infirmiers/infirmières sont devenus de véritables
pharmaciens ambulants au chevet des malades. Ceux-là, au regard des ordonnances (ils y
accèdent facilement d’ailleurs), proposent presque quotidiennement des produits à des coûts
inférieurs à ceux pratiqués en pharmacie. Où se sont-ils ravitaillés ? Echantillons gratuits,
double prescription, réduction volontaire de doses pendant les soins, etc.
Les filles de salle : Il est aussi connu à l’hôpital que certaines filles de salle excellent dans la
vente des gants. La boîte de 100 coûte 9300 F. Elles, comme les manœuvres, sont par ailleurs
de sacrées championnes en matière de rendez-vous, moyennant « motivation », avec les
médecins généralistes ou spécialistes. « Mon oncle, mon cousin, mon beau… » ; Les
arguments tirés de la parenté suffisent le plus souvent pour obtenir d’un « collègue » un
rendez-vous qu’on a vendu.
Les sages-femmes : dans le milieu des sages-femmes, la vente des kits opératoires ou du
fameux syntocinon utile pour accélérer l’accouchement est bien connue. Tout est une
question de « circuit ».
Les médecins : et que dire des médecins qui détournent des malades de l’hôpital au profit
de leur « maison-clinique » ? C’est une des voies les plus sûres pour s’enrichir. La consultation
est à 5.000 F et le réseau utilise des infirmiers complices, prompts à inquiéter tout malade,
fatigué d’attendre sur le banc avec des arguments du genre : « Il vous sera dur de trouver le
médecin mais je peux vous aider ». Ainsi s’obtienne des ristournes ou toute autre faveur du
patron. On comprend dès lors l’attitude de ces malades qui préfèrent prendre les devants,
faire beau jeu, pour garantir un tant soit peu la rapidité et la disponibilité du personnel
soignant. Pour ceux-là « Il faut motiver l’infirmier/infirmière, motiver le major, motiver… ».
Le personnel de cuisine et autres : L’huile, les spaghettis, les boîtes de sardines constituent
un marché très florissant surtout quand on sait passer par des malades sortant de l’hôpital
avec le sac plein de bagages. Il n’y a pas ce service à l’hôpital YALGADO où on ne fait pas
des « affaires », des « business », à l’image de ces petits commerçants de marchandises
diverses (REN-LAC, 2000, pp. 28‑33).
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Les résultats de nos recherches ont permis d’une part de caractériser le marché des produits
pharmaceutiques au Burkina Faso, et d’autre part d’identifier les différentes sources
d’approvisionnement de ce marché.
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- certains médicaments de pharmacie sont aussi cédés aux mêmes vendeurs par des
personnes bénéficiant d’une réduction partielle ou totale de leurs frais d’ordonnances
et qui se font délivrer des ordonnances de complaisance. Les bons sont revendus à
des commerçants en contrepartie de liquidité. Le commerçant remplit le bon de
médicaments d’une valeur égale aux 100000f pour le revendre plus tard.
- l’agent titulaire du bon se fait lui-même livrer des médicaments d’une valeur égale au
bon avant de les revendre par le truchement du personnel soignant dans les
formations sanitaires.
- des médicaments offerts aux associations et autres ONG locales à but humanitaire
constituent également des sources d’approvisionnement des vendeurs ambulants. La
tricherie se ficelle entre le commerçant et le président d’Association.
- il faut ajouter le fait que certains vendeurs vont dans les officines pour se procurer
certains médicaments en vue de la revente ; l’entente évidemment se fait avec le
pharmacien bien souvent heureux de réussir à écouler ainsi ses produits.
Dans les formations sanitaires, les sources d’approvisionnement en médicaments par les
agents de santé sont les suivants :
- médicaments restant d’un patient récupéré (cas de la maternité)
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- les doubles prescriptions par les infirmiers « Nous n'allons pas pratiquer la médecine
de soumbala ou de gombo sec ; les affaires sont les affaires » (REN-LAC, 2000, p. 7).
De façon beaucoup plus élaborée, on peut citer trois grandes sources d’approvisionnements
qui alimentent le marché illicite de vente de médicaments :
La première source d’approvisionnement illicite consiste à recueillir auprès des délégués
médicaux les plus grandes quantités d’échantillons gratuits de médicaments. Ensuite on prend
le soin d’enlever les inscriptions « échantillon médical gratuit » où l’on change la boîte de
médicaments.
La deuxième source consiste à subtiliser des médicaments aux malades, généralement lors
des interventions chirurgicales, ou lorsque l’on doit placer des perfusions à des malades. Ainsi
à la maternité du Centre Hospitalier Yalgado Ouédraogo, la pratique consiste souvent à
récupérer des produits chez les malades à opérer pour constituer des « Kits Opératoires » que
l’on pourra revendre lors de prochaines interventions à des malades généralement en urgence.
La troisième source est d’acquérir des médicaments du service et de les vendre aux
malades à des prix défiant toute concurrence lors des consultations, des soins, des gardes et
des permanences (REN-LAC, 2004).
Le graphique ci-dessous résume sous forme schématisée, la structuration du marché
pharmaceutique à la lumière des résultats présentés plus haut.
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Les différents patients enquêtés au cours de notre étude exercent différentes activités
professionnelles, pour certains aucune activité. Le tableau ci-dessous présente par type de
patients, la profession.
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Les femmes enceintes CPN (41.86%) et les femmes enceintes hospitalisées (38,76%)
représentent 80% de cette catégorie. Les patients qui exercent une activité commerciale sont
ceux qui viennent en deuxième position avec un total de 36 patients soit 15, 65 %. Là
également on note que les femmes enceintes hospitalisées et les femmes enceintes CPN sont
les plus nombreuses soit 52,77%. Le troisième groupe est celui des élèves qui enregistre
quinze (15) patients soit 6, 52%. Le type de patient qui appartient à cette catégorie d’activité
est composé des femmes qui ont accouché.
Ce tableau présente le niveau d’instruction des différents patients enquêtés. Nous avons fait
un croisement de cette variable avec la profession des patients enquêtés afin de mieux décrire
le profil des enquêtés.
Tableau 5: Professions et niveau d'instruction
Professions / Niveaux Aucun Primaire Secondaire Supérieur Total
d'instruction
Secrétaire 0 0 100% 0 3
Chauffeur 0 100% 0 0 2
Electricien 0 0 100% 0 2
Enseignante 0 0 100% 0 2
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Coiffeuse 0 0 100% 0 1
Nettoyage 0 100% 0 0 1
Soudeur 0 0 100% 0 1
Q5/Quel est votre niveau Non réponse Aucun Primaire Secondaire Supérieur TOTAL
d'instruction ?
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Les résultats de l’enquête montrent que dans le groupe des femmes enceintes CPN qui
représentent dans notre étude 41,30 % des enquêtés, la moitié des patientes n’a aucun niveau
soit 21, 30%. Chez les femmes qui ont accouché (15,20% de la population d’étude), 8% des
patientes n’a aucun niveau. Les résultats de l’étude montrent que 85,92% des patients
enquêtés n’a pas un niveau d’instruction supérieur au niveau « primaire ».
Le graphique ci-dessous présente les problèmes de santé qui ont conduit les patients à venir
consulter dans les différents centres de santé.
Figure 8: Les Problèmes de santé selon le type de patients
120 101
92
100
80
60 34
40
20
0
consultation Accouchement Enfants malade
prénatale
Problème de santé
Source : enquête de terrain, mémoire master II, 10 au 26 Janv. 2019
Au cours de l’enquête, les problèmes de santé liés aux CPN (consultations prénatales)
présentent le plus fort taux avec 101 patientes, suivis des cas d’enfants de moins de 5 ans
malades qui s’élèvent à 92 patients. 03 non réponses ont été enregistrés. On constate donc
que les problèmes de santé liés aux consultations prénatales et les problèmes de santé des
enfants de moins de 5 ans représentent 83,91% des problèmes de santé.
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
Lors de l’enquête nous nous sommes intéressés aux types de maladies chez les enfants à
l’origine des consultations chez les enfants. Le tableau ci-dessous présente les différentes
maladies évoquées par les patients eux-mêmes.
Tableau 7 : Détails type de maladie chez les enfants de - 5 ans
60
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
Tableau 8 : Disponibilité des produits pharmaceutiques sur l'ensemble des 230 enquêtés
61
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
48%
52%
Non
Oui
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
Pour chaque centre de santé où s’est déroulé l’enquête, nous avons évalué de façon spécifique
à ces centres, le niveau de disponibilité des médicaments au regard des ordonnances ayant
été totalement ou pas satisfaite. Ce tableau nous présente les différents résultats.
Tableau 10 : Disponibilité de produits par nombre d’enquêtés par formations sanitaires
2.4. Mode d’accès aux produits pharmaceutique prescrits et non disponible dans
les csps
Dans cette section, nous présentons les différents modes d’accès aux médicaments qui ont
été prescrits mais qui n’étaient pas tous disponibles au dépôt pharmaceutique du centre de
santé. Ces résultats concernent les 230 patients enquêtés dans les 6 formations sanitaires.
Figure 10: Mode d'accès aux médicaments
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
76%
Non réponse
Nous avons croisé la variable « mode d’accès aux médicaments disponible » et le niveau
d’instruction des patients afin d’évaluer les moyens d’accès en fonction du niveau
d’instruction.
Tableau 11 : Niveau d’instruction et mode d’accès aux produits pharmaceutiques
Lieu d'accès Non Aucun Primaire Secondaire Supérieur Total
réponse
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
Les résultats montrent que sur les 169 patients qui ont eu accès aux médicaments au dépôt
pharmaceutique de l’hôpital, 50,29% n’ont aucun niveau d’instruction et 36,09% ont un
niveau primaire. Par ailleurs sur les 58 patients qui ont eu leurs produits au dépôt
pharmaceutiques et dans une pharmacie en dehors du centre, 56,89% n’ont pas de niveau
d’instruction contre 31,03% qui ont un niveau primaire.
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
On constate que les consultations des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans
s’élèvent à 95% de l’effectif de consultations. Les enfants de moins de 5 ans sont les plus
nombreux à consulter.
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
Ce tableau montre que sur les 24533 produits prescrits, 2312 étaient non disponibles, soit
9,42% de taux d’indisponibilité des produits prescrits. Cela devient beaucoup plus significatif
si nous faisons le rapport avec la moyenne de produits prescrits par ordonnances. Par
consultation nous avons 3,64 produits prescrits. Par rapport au nombre total de produits
prescrits non disponible (2312), on observe alors que 635 consultations sur les 6731 n’ont
pas été satisfaites. Cela correspond à environ 11% d’ordonnances non satisfaites. C’est-à-dire
que 11 patients sur 100 n’ont pas accès aux produits pharmaceutiques qui leur sont prescrits.
Au cours de l’étude, nous avons identifié les types de produits pharmaceutiques prescrits mais
qui n’étaient pas disponibles. Ses différents produits sont contenus dans le tableau ci-dessous.
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
Quinine
Antiparasitaire Athémeter + Luméfantrine Antihistaminique Chlorphénamine
(4) Albendazole (2) Complexe B
Métronidazole
Polyvidone iodée
Antimycosique (1) Nystatine Désinfectants (3) Bétadine
Bleue de méthylène
Chez les femmes enceintes qui ont consultés au cours de la période couverte par l’étude, nous
avons relevé un nombre de produits qui n’étaient pas disponibles. Les plus fréquents sont
présentés par la figure suivante.
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
6% Flacon
6% Carbotoux
7% Gants stérilisés
8% 51% Quinine
8% sonde urinaire
10% Nysatine
Complexe B
Enfants de - 5 ans
3%
5% 4% Paracétamol
6% Nystatine
21%
Amoxixiline
6%
Sirop Zinc
12% 16%
Cotri
13% 14% Chlorophétamine
Carbotoux
71
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
Liste de produits non disponible chez les femmes pour le col de l’utérus Pour
les patients « dépistages du Col de l’utérus et lésion pré-cancers », nous observons deux types
de produits indisponibles dont le produit « Sirop Douba » représente 67% du taux
d’indisponibilité.
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Figure 13: Produits non disponibles chez les femmes pour le col de l’utérus
33%
Sonde urinaire
Sirop Douba
67%
6%
11%
25 au 30 Sept
Octobre
55% Novembre
28%
du 01 au 25 Décembre
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
Pour chaque produit prescrit et non disponible, nous avons relevé le nombre de prescription
faite.
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
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4116 produits prescrits. Soit une moyenne de 02 produits de cette liste par ordonnance.
Sachant qu’en moyenne sur une ordonnance, 3,6 produits sont prescrits.
Au cours de l’analyse des ordonnances enregistrées durant le mois de décembre 2018, nous
avons évalué le niveau de satisfaction des ordonnances, donc des patients. Il s’agissait de
mentionner « Oui » pour les ordonnances dont l’ensemble des produits était disponible et
avait été obtenu par le patient. Les réponses « Non » désignaient alors l’ensemble des
ordonnances comportant un ou plusieurs produits prescrits mais pas disponibles. Les
résultats sont contenus dans le tableau ci-dessous :
Tableau 19 : Niveau de satisfaction des patients
Le tableau révèle que 281 patients sont repartis de la formation sanitaire sans avoir obtenu
l’ensemble des produits prescrits sur l’ordonnance. C’est dire que si nous considérons la
quantité de molécules prescrites concernant les 22 produits pharmaceutiques sélectionnés,
soit 3022 pour un effectif de 1158 ordonnances, on peut déduire (selon la règle de trois) que
pour un effectif de 281 ordonnances, le nombre de molécules non disponibles est de 733,
3177 sur les 3022 molécules prescrites. Cela correspond à environ 25% de molécules
indisponibles. On note donc que sur les 1158 patients qui ont été en consultations au CSPS
du secteur de Karpala, 281 patients n’ont pas eu accès à tous les produits prescrits.
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Quantité spécifique de commandes pour les dix produits les plus demandés et
indisponibles
De façon spécifique, nous avons analysé les quantités de commandes et celles reçues pour
les 10 produits les plus indisponibles. Ce tableau présente un état pour chaque molécule.
Tableau 21 : Quantités des commandes par types de produits
Nom produits Quantité Quantité reçue Etat de la
commandée consommation
Paracétamol 60800 60000 -800
Gants stérilisés 7600 6800 -800
Amoxicilline 16800 1200 -15600
Athémeter + Lumé 2250 440 -1810
Cotrimoxazole 30800 11200 -19600
Phloroglucinol 20000 8000 -12000
Carbotoux 700 700 0
Mébendazole 300 0 -300
Quinine 6800 6000 -800
Chlorphénamine 30000 30000 0
TOTAL 176050 124340 -51710
Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019
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Une analyse détaillée des dix produits apparut comme les plus demandés et les plus
indisponibles, montre des insatisfactions de la commande de 8 produits sur les 10
sélectionnés. Seulement deux (02) produits ont été satisfaits au niveau de la quantité de la
commande. Par contre, un produit, « Le Mébendazole » n’a reçu aucune molécule de la
quantité commandée. On note un taux de 29,37% d’insatisfaction de ces produits.
Autres résultats : la somme des quantités de la commande des 10 produits les plus demandés
mais pas disponible qui est de 176050, représente 52,02% de la quantité totale de molécules
commandées. Tandis que la quantité de molécules insatisfaites pour les produits non
disponibles correspond à 42,80% de la quantité totale de molécules insatisfaites.
Pour notre troisième étude de cas, des entretiens ont été réalisés auprès des agents de santé
du CSPS du secteur 30 de Karpala. Les points abordés sont liés à la source
d’approvisionnement en médicaments du centre, la gestion des stocks et des ruptures. Cette
section présente les résultats.
La source d’approvisionnement
Au cours de notre étude, nous avons réalisé des entretiens avec le point focal de la gratuité
des soins du CSPS du secteur 30 de Karpala et la gestionnaire du dépôt pharmaceutique de
ladite formation sanitaire.
De ces entretiens il ressort que l’approvisionnement en produits MEG est exclusivement fait
au niveau du dépôt répartiteur du district sanitaire qui est Bogodogo, qui lui également est
exclusivement approvisionné par la CAMEG. « C’est le district sanitaire qui nous donne. (..)
C’est là-bas seulement. Il n’y a pas d’autres coins encore… C’est le DRD seulement qui nous
donne les produits. Les médicaments sont accessibles, mais le plus souvent on constate des
ruptures mais ça ce n’est pas lié au CSPS ni au district ça peut être lié au niveau national, c’est
une contrainte on faire avec ! » (Enquêtée GC).
Il y a de plus en plus de commande avec la gratuité. Dans le mois nous faisons le point de
notre consommation moyenne mensuelle et lançons la commande. Avant la gratuité nous
faisions nos commandes chaque fin du mois, mais maintenant comme il y a la gratuité, les
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
produits sortent beaucoup, d’ici 15 jours comme cela si on voit qu’il y a des produits qui sont
en ruptures nous faisons le point de nos besoins puis nous lançons la commande ». D’après
la gérante du dépôt : « Il peut arriver que les commandes se fassent deux fois dans le même
mois. Toutes les fois qu’il y a des ruptures de stock. Lorsqu’un produit est en rupture, il faut
attendre, il est difficile de faire une commande pour un seul produit, il faut attendre d’autres
produits. Le minimum pour lancer une commande est entre 30 à 40 molécules. C’est difficile
de lancer une commande pour un seul produit. On peut demander plus et on va nous donner
moins, comme il y a trop de CSPS, on peut demander 10 boîtes comme cela et on va nous
donner 05 et ça ne va pas arriver le temps que nous on veut. (Propos de l’enquêtée GC).
Les ruptures restent toujours une difficulté : la principale difficulté reste les ruptures
fréquentes des MEG. Puisque c’est un circuit et il y a un protocole à suivre, il y a des ruptures
sur toute la chaîne. Chaque mois il y a des ruptures qui sont signalées. Souvent cela crée des
frustrations des populations qui viennent et ne trouvent pas des produits. Lorsqu’il n’y a pas
les médicaments s’est compliqué à expliquer. D’autres comprennent, d’autres non, ils
pensent qu’il y a les produits et qu’on ne veut pas les donner. Donc c’est au niveau de la
CAMEG qu’ils doivent voir, pour qu’il n’y ait pas de rupture. Sinon ce n’est pas de la faute
du DRD, si on ne leur envoie pas le produit, ils ne peuvent pas nous servir. Mais des fois
aussi il peut avoir ruptures ici si la gérante n’a pas fait la commande à temps ». (Gérante C.).
Un même panier d’offre de médicaments source de rupture : C’est la même commande
qui est faite pour l’ensemble des patients qui viennent consulter au CSPS. Il n’y a pas de
distinction ni de commandes spécifiques qui concerne la gratuité. (Enquêtée Mj.)
3.3.3. Entretiens avec les délégués médicaux
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Cette section présente les résultats des entretiens et du questionnaire soumis aux délégués
médicaux. Les entretiens ont été réalisés avec 3 délégués médicaux, tandis que le
questionnaire a été soumis à 8 délégués médicaux. Les questions évoquées sont liées à la
compréhension du métier de délégué médical, les acteurs avec qui ils collaborent et le mode
d’écoulement des produits des officines privées par les délégués médicaux dans le contexte
de la gratuité des soins.
Un commercial qui démarche les agents de santé sur ses produits : Le boulot du
délégué médical se situe à un niveau précis de trois paliers de la chaîne : le laboratoire qui
fabrique, l’Agence qui promotionne, et les distributeurs. Alors le délégué se situe entre
l’Agence qui promotionne et le distributeur. Le métier de délégué médical c’est d’abord
d’apporter l’information médicale juste. Le délégué lui-même n’est pas un vendeur de
médicament. Il ne manipule pas les produits. (Propos de l’enquêté DM-R). Le travail de
délégué médical c’est un commercial, un commercial de médicament c’est-à-dire on démarche
les médecins en parlant des bienfaits de nos produits. C’est à dire, dire quels sont les avantages
des produits qu’on a par rapport à tel ou tel autre produit, par rapport à telle molécules, et
puis en ce moment il va faire le choix d’apprécier et de prescrire ou pas nos produits. Et si
l’argumentaire est bien élaborer bien sûr, il va peut-être d’abord viser plusieurs choses d’abord
y a la qualité du produit, le du cout du produit, c’est surtout ça le coût et la qualité du produit
pour pouvoir se décider. Il y a pleins de produits qui sont là donc pour faire le choix, il va
falloir au délégué médical qu’il soit en mesure de convaincre le médecin et le faire prescrire
ces produits (L’enquêté DM-S).
Dans ce métier de délégué, sur le terrain on a accès à tout le personnel de santé que ce soit
de l’infirmier en allant aux professeurs, voilà, toute la chaine comme on le dit est visitée. Tout
le monde, tous ceux qui peuvent avoir à prescrire sont visitées normalement. Tout le monde
peut être vu à n’importe quel moment il suffit de prendre un rendez-vous mais il est évident
que les gens vont courir dernière les infirmiers parce que y a beaucoup de CSPS dans les
zones et donc c’est beaucoup facile de les touchés c’est vrai par rapport à un professeur qui
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
est vraiment très occupé (L’enquêté DM-W). L’enquêtée DM-S précisera : Nous travaillons
plus avec les infirmiers. Les infirmiers eux ils sont beaucoup plus ouverts (L’enquêté DM-R).
- La CAMEG se ravitaille également auprès des laboratoires pharmaceutiques
privés
Selon l’enquêtée DM-S « souvent la CAMEG se ravitaille en spécialité, (…), l’année passée
on a eu un marché avec la CAMEG à plus de 500 mg. A notre niveau nous on le vend le
produit à plus de 6.000 en pharmacie et la CAMEG écoulait sur le marché à 2.000. En 2019
également ont vient d’avoir un marché avec la CAMEG. »
Certains facteurs favorisent la commercialisation des produits des officines privées par les
délégués médicaux.
- Les infections sévères
Selon l’enquêtée DM-S « Il y a des infections banales qui ne sont pas assez sévères qui
peuvent passer peut-être simplement : un enfant qui vient par exemple il a mal au ventre on
lui donne métro pourtant il y a une autre infection peut être assez grave qui aurait voulu qu’on
lui mette métro pour que ça calme mais du fait qu’on avait mis métro pour une infection
assez banale quand on lui met métro pour une infection assez sévère ça ne répond plus donc
il faut une spécialité. Donc c’est dans ces conditions que nous aussi on arrive à écouler parce
que tout compte fait on sait que nos produits sont efficaces, ils vont tourner- tourner là, ils
vont revenir. ».
- Les ruptures au niveau de la CAMEG
L’enquêté DM-W précise que « dans le cadre de notre travail nous apportons des solutions
au quotidien pour pouvoir traiter des pathologies chez certaines personnes si ces solutions la
rentrent en ligne de contre dans la gratuité tant mieux maintenant si ça n’entre pas en ligne
de compte dans la gratuité on sera obligé d’aller démarcher chez le médecin directement.
Quand il y a rupture, quand les produits ne sont pas disponibles on voit un pic au niveau des
commandes, les gens commande plus nos produits voilà parce qu’en ce moment ils n’ont
plus d’alternative, ils n’ont plus de produits donc sont obligés d’utiliser les produits je vais
dire de la gratuité qu’on vend dans les pharmacies ».
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
Face au contexte de la gratuité où les populations cibles (enfants de moins de 5 ans et femmes
enceintes) bénéficient de produits pharmaceutiques gratuits, les laboratoires privés de
produits pharmaceutiques ont trouvé des stratégies de commercialisation de leur produit.
C’est ce que traduisent les propos de l’enquêté DM-R qui nous rapporte que « Nous sommes
dans le marketing, tous les laboratoires pharmaceutiques ont une politique de marketing qui
consiste à tisser des partenariats donc c’est un canal qui déjà existe, quand on est en marketing
si tu n’entretiens pas ton prescripteur ou ta cible, tu ne vends pas. Donc les laboratoires on
définit ça dans leur politique. Au bas de l’échelle nous concernant, les délégués nous aussi
nous savons que c’est obligé. On dit quand quelqu’un t’aides, toi aussi tu dois voir dans quelle
mesure tu peux l’aider. Donc ce sont des choses que nous définissons, ça fait partir de notre
travaille ». L’enquêtée DM-S explique en quoi consistent ces partenariats : « par exemple, à
Yalgado l’OREL peut dire nous on a besoin d’un otoscope, peut-être un frigo, des lampes
tout et tout etc., pour travailler et en retour c’est uniquement nos produits qui seront prescrits.
Quand on aura besoin d’un antibiotique on va prescrire uniquement que le nôtre par exemple.
C’est comme cela, c’est du donnant – donnant ! Nous on s’engage on le fait et en retour ce
n’est pas à tout moment qu’ils prescrivent mais c’est quand il y a le besoin ».
- Les formations et activités de sensibilisation offertes
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
L’autre technique utilisée pour faire prescrire leur produit, consiste selon l’enquêté DM-W à
« par exemple décider de former les médecins ou les infirmiers sur une pathologie bien
précise. On peut faire une formation sur un produit et ne même pas parler du produit
maintenant c’est dans notre démarche journalière au quotidien qu’on pourra parler du produit
en tant que tel. On mise beaucoup à la formation ».
Selon l’enquêtée DM-S « Il y a aussi des gadgets qu’on envoie, des stylos, des trucs pour
décorer les tables, tout ce qui est gadgets, échantillons, les blouses tout et tout. Quand tu
donnes même sans payer le prescripteur ou sans lui donner autre chose, il se met à prescrire. ».
Pour l’enquêté DM-R cela « consiste à entretenir les relations avec les médecins, les
infirmiers, les sages-femmes et tout. Par exemple tu peux passer dire un petit bonjour à ton
médecin tu peux lui laisser un bon de carburant tu peux laisser des unités pour qu’il recharge
voilà ça existe c’est légal s’est constitué dans le labo et on le fait. ». L’enquête DM-S insiste
sur le fait que pour « un médecin qui est de garde tu peux l’appeler pour aller causer, tu payes
un poulet, du « dafani », des frites, tu vas t’asseoir, tu lui donnes ça pour la garde. Vous causez
pendant ce temps lui il reçoit seulement et tant qu’il y a le besoin de prescrire un produit de
ta gamme, toute la nuit c’est ce qu’il va mettre même quand tu vas partir c’est ce qu’il va
mettre. Il y a des agents de santé même qui appellent pour s’assurer de la disponibilité du
produit dans les pharmacies. Souvent même tu vas travailler, il y en a qui disent « faut
m’appeler à boire », c’est pour te faire payer… parce que si tu payes quand il va se lever ils
vont prescrire. Au niveau des pharmacies aussi, il y a des délégués qui travaillent avec les
vendeurs en pharmacies souvent au cours de leur garde leur apportent à manger, souvent
confectionnent des tee-shirts pour eux. En retour ce sont ces produits qu’on conseille. Des
gens même qui ne s’y connaissent pas, quand ils viennent on leur dit dans telle infection il
faut conseiller tel produit. Ça arrive quand ces délégués sentent qu’ils ont déjà perdu les
prescripteurs alors ils vont en pharmacie ». L’enquêtée conclue pour dire « Il y a trop de
complot, tous les moyens sont bons pour se faire des chiffres ».
- Les rétributions financières
L’autre moyen de motiver le personnel de santé pour faire prescrire les produits des
laboratoires privés, consiste à leur verser une somme par mois. C’est ce que dit l’enquêtée
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
DM-S « jusqu’à présent il y a des gens à qui on donne de l’argent chaque fin du mois pour
qu’ils puissent prescrire. Par exemple moi mes infirmières à qui je donne, c’est 10.000 elles
sont 3. Chacune à 10.000 à la fin du mois. Hier nuit même on m’a appelé pour me dire qu’ils
ont prescrit un produit il n’y en avait pas. Je suis allé régler. Ou bien tu vas il te dit : il y a
beaucoup de produits, toi tu as tels produits, celui-là en a, toi tu fais quoi pour moi ? Tu fais
pour moi que je prescrive ton produit ? ». Pour l’enquêté DM-W cela paraît une évidence,
car selon lui « Tu ne peux pas être dans la visite médicale et ne pas rencontrer ces cas-là ça
arrive. Même si ce n’est pas le laboratoire toi-même tu peux gérer comme ils aiment le dire
au-delà de ça il faut dire que c’est une situation générale. Il faut forcément donner quelque
chose à quelqu’un donc quand il y a cette somme-là qu’on remet, on se dit que la personne
est obligée de prescrire c’est comme un mur, c’est de la corruption en fait, ça il faut le dire
tout haut ».
Les délégués médicaux peuvent vérifier que leurs produits sont prescrits par les agents de
santé, à deux niveaux :
- La sollicitation des agents de santé
D’après les propos de l’enquêtée DM-S « pour se rassurer que le produit soit bien disponible
pour qu’il ne prescrive pas et que les ordonnances reviennent, il préfère t’appeler pour se
rassurer « est-ce que telle pharmacie, dans telle zone il y a tel produit ? » Si tu n’es pas sûr tu
vas vérifier, s’il n’y en a pas tu fais tout possible pour faire la mise en place. Souvent il le fait
sans rien te demander. Souvent même il t’appelle « Allô ! Tu n’as pas tel produit dans ta
gamme ? ».
- Le suivi en pharmacie
L’enquêtée DM-S affirme que le suivi peut se faire parfois en pharmacie « On peut le savoir
comme ne pas le savoir, puisqu’en pharmacie on peut vérifier ça. S’il y a par exemple un
produit qui vient à chaque fois, qui vient à chaque fois, souvent même la pharmacie remarque
le nom. Donc quand tu vas et tu demandes (comment ça se passe pour ton produit), on te
dit ah ! Tel produit est prescrit, il y a telle personne qui prescrit ça. Tu sais automatiquement
que c’est lui. »
Les résultats ont montré que les officines privées ont un rôle dans l’accès aux médicaments.
Ce paragraphe nous donne des précisions sur le type de délégués médicaux enquêtés, les
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
quantités de produits commercialisés et les alternatives dont ils usent dans le contexte de la
gratuité pour faire écouler leurs produits.
Nous présentons ici les données des différents délégués médicaux que nous avons enquêté.
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
De nombreux moyens sont mise en œuvre par les délégués médicaux pour pouvoir faire le
maximum de vente malgré le contexte de gratuité des soins. Ce tableau ci-dessous présente
quelques moyens évoqués par certains enquêtés.
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
Nous rencontrons d'abord les prescripteurs, en vue de présenter nos produits, les
échantillons en démontrant leur efficacité, leur accessibilité à tous (à un coût social). Nous
accompagnons les prescripteurs avec des gadgets.
Mettre l'accent sur les produits qui ne sont Matériels promotionnels (échantillons +
pas dans la gratuité et saisir l'opportunité gadgets) formation de recyclage et
des ruptures de la CAMEG contributions diverses au financement des
acticités
Présenter les produits qui ne sont pas pris Matériels de promotions entre autres des
en compte par la gratuité en cas de rupture échantillons, des gadgets
de la CAMEG
Source : enquête de terrain, mémoire master II, 26 Janv. au 07 Févr. 2019
Les résultats de ces deux derniers tableaux confirment ceux des entretiens réalisés avec les
trois autres délégués quant aux moyens utilisés pour faire écouler leurs produits
pharmaceutiques.
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
CHAPITRE IV : DISCUSSIONS
Ce chapitre présente la discussion des résultats en rapport avec nos hypothèses de recherche.
Ces hypothèses étaient les suivantes :
- le monopole du marché pharmaceutique échappe à la CAMEG ;
- l’existence de marché concurrent entrave une meilleure mise en œuvre de la politique
de gratuité des soins.
Les résultats ont permis de lever un point d’ombre sur le contexte dans lequel a été instaurée
et évolue la politique de gratuité des soins au Burkina Faso. Un contexte caractérisé par des
problèmes de gestions, dont les défaillances sont à l’origine des fréquentes ruptures et
d’indisponibilités des produits pharmaceutiques. Les résultats montrent l’existence d’un
circuit illicite de ventes de médicaments, circuit dans lequel sont impliqués mêmes certains
acteurs et professionnels de la santé. Olivier de Sardan, et Ridde, (2014) soulignaient dans
leurs travaux sur la gratuité des soins au Burkina Faso, au Mali et au Niger que toute politique
qui veut élargir l’accès aux soins doit aussi promouvoir une meilleure qualité des soins et
lutter contre les dysfonctionnements des systèmes de santé (Olivier de Sardan & Ridde,
2014). C’est donc de toute évidence que le fonctionnement du système sanitaire tel que décrit
dans ces lignes, constitue une menace pour la politique de gratuité avant même qu’elle ne soit
mise en œuvre. D’où la pertinence de s’interroger sur l’organisation de la CAMEG du point
de vue du marché pharmaceutique pour remplir convenablement son rôle, mais aussi sur
l’impact des marchés parallèles développés par certains acteurs du système sur la réussite de
cette politique de gratuité des soins en faveur des enfants de moins de 5 ans et des femmes
enceintes.
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
Les résultats de cette recherche montrent que la CAMEG est le fournisseur exclusif en
médicaments des centres de santé. C’est elle seule qui est habilitée à approvisionner les
différents dépôts pharmaceutiques des centres de santé. Les achats et la distribution des
intrants relèvent de la CAMEG. Ce mode de gestion du marché pharmaceutique de politique
de gratuité de soins n’est pas spécifique au Burkina Faso. Dans ses recherches portant sur
l’analyse de la politique de gratuité des soins en Côte d’Ivoire Yohou (2015) présente les
acteurs clés du marché pharmaceutique. La Nouvelle Pharmacie de la Santé Publique (NPSP)
est l’organe qui a en charge les achats, le stockage et la distribution des intrants de santé. C’est
le cas dans l’ensemble des pays qui ont adopté les politiques de gratuité, la gestion de
l'approvisionnement en médicaments et intrants a été confiée à des organes spécifiques, les
pharmacies des districts, des CHR et HG, les gestionnaires de pharmacies, les personnels de
santé sont les acteurs clés de la bonne marche de ce volet.
décisions, des services gratuits à l’usager menacés par des ruptures fréquentes en intrants, une
forte bureaucratisation, l’absence de système de suivi-évaluation indépendant et rigoureux,
etc. Cette indisponibilité des médicaments est d’ailleurs confirmée par le pourcentage de
patients n’ayant pas eu accès aux médicaments. Les résultats montrent que 52% des patients
n’avaient pas eu accès aux médicaments (enquêtes réalisées auprès des patients). En moyenne
11 patients sur 100 n’arrivent pas à avoir tous les médicaments qui leur ont été prescrits au
dépôt pharmaceutique des centres de santé. Amidou (2010, cité par Yohou, 2015) dans une
étude réalisée au Mali avait trouvé un niveau d’inaccessibilité aux médicaments estimé à 72
%. Plus de 42 molécules répertoriées lors de notre étude sont fréquemment indisponibles.
Dans le cadre de cette étude, nous avons constaté que les produits pharmaceutiques les plus
demandés et indisponibles étaient les consommables médicaux (Sonde urinaire, Gants
stérilisés, Thermomètre, Flacon, compresse, Bande Nylex, Sparadrap, File de sutures, Clam
ombilical, Seringue, Coton Hydrophile) qui représentaient 25% de la demande. Dans une
étude sur « la santé financière des dispositifs de soins face à la politique de gratuité » réalisée au Niger,
Ousseini et Kafando, relevaient le cas de rupture de dix (10) molécules (Ousseini & Kafando,
2012, pp. 65‑68). L’analyse des ruptures de stock de ces dix principales molécules dans le
district sanitaire étudié démontre en effet que la politique de gratuité a entraîné ou accentué
des ruptures pour certaines molécules. C’est le cas notamment pour cinq molécules (aspirine
en comprimés, chloroquine en comprimés, fer en comprimés, ampicillines injectables et
cotrimoxazole en comprimés) parmi les dix principales molécules. Le nombre moyen de jours
de rupture de ces cinq molécules a été multiplié par plus de deux fois, passant de 116 jours
de rupture de stock avant la gratuité à 312 jours de rupture de stock avec la gratuité. La
demande s’est largement accrue, notamment pour les formes pédiatriques. La gratuité est peu
perceptible à cause des ruptures, de la disponibilité en pointillés des intrants : « Il faut amener
le stock d’intrant qu’il faut parce qu’aujourd’hui tu as 10 ou 15 cas de paludisme et demain tu
auras 30 cas de plus » (Sanogo, 2013, p. 65).
La seconde difficulté relevée est liée au panier d’offre de soins de la politique de
gratuité au Burkina Faso. En effet, les patients de la gratuité des soins et les patients ordinaires
partagent tous le même panier d’offre de soins. Le marché pharmaceutique tel qu’observé
dans notre étude est resté le même que celui qui existait avant la mise en œuvre de la politique
de gratuité. Il n’y a eu aucune organisation particulière dans la forme. Autrement dit, on a
assisté à la mise en place d’une coexistence entre deux sous-systèmes. D’un côté, des
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
consultations et des médicaments payants pour les catégories non exemptées. De l’autre, des
consultations et des médicaments gratuits pour les catégories exemptées. Les deux modalités
coexistent selon des architectures diverses et complexes. Notre étude confirme ainsi l’absence
de système formel d’organisation du marché pharmaceutique adapté aux exigences de la
politique de gratuité des soins. Le circuit du médicament de la politique de gratuité est resté
identique à celui de la politique générale de soins au Burkina Faso. Ces résultats sont
confirmés par les travaux de Olivier de Sardan et Ridde sur l’exemption des frais de paiement
de soins au Burkina, Mali et Niger (Olivier de Sardan et Ridde, 2012). Ses travaux ont
démontré que L’articulation entre ce que doit payer l’usager et ce qui lui est délivré
gratuitement est assez confuse du point de vue de l’usager. Les périmètres respectifs des deux
paradigmes (recouvrement/exemption) s’emboîtent fréquemment et le dispositif général est
complexe. Dans l’espace même de la « gratuité », l’usager ne sait jamais très bien quand il est
ou non exempté de paiement, et jusqu’à quel point. Au Mali, la consultation pour les enfants
de moins de cinq ans est payante, mais les médicaments antipaludéens sont gratuits, alors que
les médicaments pour les autres pathologies (parfois se combinant au paludisme) ne le sont
pas. Au Niger comme au Mali, les ruptures de médicaments aboutissent à délivrer des
ordonnances payantes aux malades exemptés (Olivier de Sardan et Ridde, 2012).
On note aussi des faiblesses dans l’organisation et la gestion des stocks de
médicaments et le mode de suivi des produits pharmaceutiques dans les formations sanitaires.
Ces aspects, qui nécessites une meilleure clarification et organisation sont laissé à la charge
de chaque responsable de centre. Chaque centre de santé s’organise comme il veut pour
réaliser une politique dite nationale. Il n’y a pas de cadre de concertation entre les autorités
politiques et les acteurs sur le terrain. Il en résulte de ce fait des problèmes de coordination,
de suivi et de gestion des stocks. Cela est ressorti dans les travaux de Belaid et al (2013). En
Côte d’Ivoire, la gestion nationale des approvisionnements en produits pharmaceutiques est
aussi rendue difficile par le fait qu’il n’existe pas de cadre de concertation permettant de traiter
la question du médicament, malgré l’implication de nombreux programmes nationaux et PTF
internationaux (FNUAP, Fonds mondial, OMS, ONG, UNICEF, etc.). Or, beaucoup d’entre
eux passent outre la PSP pour acheter et distribuer des intrants pharmaceutiques.
Il y a également l’existence d’un circuit illicite qui favorise la vente de produits. Ce
circuit est alimenté par des délégués médicaux employés par les laboratoires privés, des agents
de santé, les commerçants ambulants, les agents titulaires de bon d’achat de médicament, les
présidents d’associations et les préparateurs d’état en pharmacie.
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
Enfin la dernière difficulté qui est ressortie des résultats de notre recherche est la
résistance de certaines infections aux médicaments contenus dans le kit de la gratuité. Dans
ce cas, on note que la prescription d’une spécialité en lieu et place du générique relève de
l’appréciation de l’agent de santé. Cependant, il peut arriver que la prescription de la spécialité
soit faite dans l’objectif d’atteindre d’autres buts que celui du bien-être du patient.
Au terme de cette discussion autour de cette hypothèse, nous pouvons affirmer que bien que
la politique de gratuité des soins permette à une grande partie des patients d’avoir accès aux
produits pharmaceutiques, le monopole du marché pharmaceutique échappe à la CAMEG.
La CAMEG n’assure pas à elle seule, bien qu’elle soit l’organe désigné, l’approvisionnement
du marché pharmaceutique au Burkina Faso. La CAMEG, n’est toujours parvenue à résoudre
les problèmes de ruptures des stocks de produits pharmaceutiques et à satisfaire les
commandes de produits dans les CSPS. Cette situation accentue le problème de
l’indisponibilité des médicaments gratuits et donne libre cours à l’émergence de marchés
pharmaceutiques concurrents.
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aux dépens des autres groupes sociaux. Ces agents de santé font donc fi de toute forme de
morale professionnelle. Cependant, comme le dit Durkheim, lorsqu’une morale fait défaut
c’est que le groupe social d’appartenance n’a pas une suffisante cohésion (Durkheim, 1950).
Les résultats ont montré l’existence d’une collaboration non réglementée entre délégués
médicaux et agent de santé dans les centres de santé. Rien ne définit ni ne précise la nature
de collaboration entre les infirmiers/infirmières et les délégués médicaux. Pourtant nul ne
doute de leur rôle aussi important sur la prescription des produits pharmaceutiques. Le
délégué médical et l’agent de santé sont des acteurs incontournables du marché
pharmaceutique. Leur collaboration devrait faire l’objet d’une plus grande attention afin de
veiller à ce qu’elle soit pour l’intérêt des patients.
Les résultats des entretiens réalisés auprès des délégués médicaux, nous ont permis de
comprendre le mécanisme mise en place par ceux-ci pour faire prescrire leurs produits. Les
principaux collaborateurs des délégués médicaux dans les formations sanitaires sont les
infirmiers. Les délégués médicaux procèdent soient directement ou par l’entremise de leur
laboratoire par des dons en nature ou en espèces, des partenariats, des offres de formations.
Les résultats de cette étude reflètent la situation au Ghana relatée par Mahamé et Baxerres
(2015). La concurrence, notamment financière, entre les acteurs privés et publics est
omniprésente malgré un certain « fairplay ». Les grossistes privés ghanéens sont en
concurrence financière les uns vis-à-vis des autres. Le prix des médicaments est dans ce pays
laissé à la libre régulation du marché. Les avantages de paiement (à crédit ou cash, pendant
un temps plus ou moins long) et les cadeaux octroyés aux détaillants font partie des stratégies
développées par les grossistes pour conquérir et conserver leur clientèle. Les « sales
representatives » (délégués médicaux) et les directeurs des sociétés passent ainsi beaucoup de
leur temps à entretenir leurs « business relations », à aller saluer, maintenir le contact,
souhaiter l’anniversaire de leurs clients, à se manifester lors des évènements heureux (mariage,
naissance) et malheureux (funérailles) qui leur arrivent, tout en vérifiant le bon écoulement
des stocks de leurs produits, se renseignant sur les nouveaux produits arrivés sur le marché,
faisant la promotion des nouveaux médicaments qu’ils distribuent, etc (Mahamé & Baxerres,
2015).
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4.3.3. Impact des marchés concurrents sur la politique de gratuité des soins
Les résultats de cette étude démontrent que l’existence des marchés concurrents
marquée par la présence des officines privées à travers les délégués dans les formations
sanitaires constitue une entrave à une meilleure mise en œuvre de la politique de gratuité
des soins au Burkina Faso. Rappelons que la politique de gratuité des soins pour les
enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes vivant au Burkina Faso suggèrent la
prescription de MEG. L’objectif de cette gratuité est de faciliter un accès aux
médicaments à cette catégorie de la population en faisant sauter la barrière financière
qui a jusque-là été un grand frein pour ces populations vulnérables. C’est d’ailleurs cet
élément fondamental à la réussite de la politique de gratuité au Burkina Faso que
viennent remettre en échec l’existence de marchés concurrents. Les résultats de cette
étude ont relevé que l’existence des marchés concurrents favorise la prescription
d’autres médicaments, les spécialités qui sont vendues dans les pharmacies privées. Cela
entraine automatiquement des frais pour les populations concernées. Les résultats de
notre étude ont montré que sur les 119 patients, 115, soit environ 96% ont eu accès aux
produits pharmaceutiques dans une pharmacie hors de la formation sanitaire où se vendent
des produits pharmaceutiques non MEG. L’étude de cas 3 a révélé que sur 100 patients qui
viennent consulter, 11 patients seront obligés de se référer à d’autres structures en dehors des
dépôts pharmaceutiques de la gratuité pour s’acheter leurs produits. Or selon un rapport de
la DGPML (2010) sur les prix et l’accessibilité des médicaments, les médicaments de marque
d’origine présentent toujours des prix très élevés dans les officines pharmaceutiques et restent
donc inaccessibles pour la grande majorité de la population (DGPML, 2010). Angbo-Effi
(2011) dans une étude sur les « facteurs déterminant la consommation des médicaments de
la rue en milieu urbain », interpellait sur l’impact de l’existence des nombreux marchés
pharmaceutiques parallèles. Il a démontré que la forte prévalence de la vente des médicaments
de la rue pourrait s’expliquer par l’existence de nombreux marchés de vente de médicaments.
Ainsi, l’existence de marchés pharmaceutiques concurrents renforce la barrière financière que
tente de faire disparaitre les politiques de gratuité de soins (Angbo-Effi et al., 2011). Si
aujourd’hui le patient éligible à la politique de gratuité de soins ne paie pas les produits
pharmaceutiques dans les formations sanitaires, l’indisponibilité de ces produits et les
comportements licencieux des acteurs du marché pharmaceutique sur le terrain sont devenus
une autre voie de recourt pour faire payer le patient et affaiblir les politiques.
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En somme, la discussion menée sur cette deuxième hypothèse, nous a permis de confirmer
que l’existence de pharmaceutiques concurrents entrave fortement la mise en œuvre de la
politique de gratuité des soins au Burkina Faso. L’existence de ces marchés entraine la
prescription de médicaments aux coûts élevés qui se vendent dans les pharmacies privées.
Cela va engendrer des dépenses pour des populations déjà en situation vulnérable.
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CONCLUSION
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CONCLUSION
Les travaux de cette recherche ont porté sur la thématique du « marché des
produits pharmaceutiques et la politique de gratuité des soins chez les enfants de
moins de 5 ans et les femmes enceintes au Burkina Faso ».
L’objectif général de cette étude a été d’évaluer l’efficacité de la politique de gratuité de soins
des enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes au Burkina Faso, par l’analyse de la
structuration du marché des produits pharmaceutiques, précisément dans le district sanitaire
de Bogodogo à Ouagadougou. Comme objectifs spécifiques, il s’est agi d’une part d’évaluer
le monopole du marché des produits pharmaceutiques assuré par la Centrale d’Achat des
Médicaments Essentiels Génériques (CAMEG), et d’autre part de décrire l’impact des
marchés pharmaceutiques concurrents sur la mise en œuvre de la politique de la gratuité,
notamment sur l’accès aux kits de la gratuité. Partant de l’hypothèse générale que la
structuration du marché des produits pharmaceutiques permet une efficacité de la politique
de gratuité des soins des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes au Burkina Faso,
nous avons formulé les hypothèses spécifiques suivantes :
- le monopole du marché pharmaceutique échappe à la CAMEG ;
- l’existence de marchés concurrents entrave une meilleure mise en œuvre de la
politique de gratuité des soins.
L’approche méthodologique mixte a été l’approche choisie pour mener cette étude. Nous
avons donc fait recourt à des méthodes qualitatives et quantitatives, qui ont de façon
simultanée guidé la réalisation des différentes études de cas présentées. La revue
documentaire, l’entretien et l’enquête ont été les différentes techniques qui ont servi à la
collecte des différentes données. L’intérêt était de montrer le lien entre les formes
d’organisation du marché des médicaments et l’efficacité de la politique de la gratuité des
soins des enfants et des femmes enceintes. Le constat était que la façon dont se présente et
est organisé le marché des produits pharmaceutiques détermine les possibilités et moyens
d’accès aux médicaments par les bénéficiaires de la gratuité des soins.
Cette étude a montré que les patients éligibles à la politique de gratuité des soins n’ont
pas toujours accès aux médicaments de la gratuité des soins. Les populations : enfants de
moins de 5 ans et femmes enceintes continuent de payer pour avoir des médicaments qui
sont censés être gratuits. Ses patients s’orientent alors vers des pharmacies privées pour se
procurer les médicaments non disponibles dans les dépôts pharmaceutiques des formations
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Nous pouvons donc dire que nos hypothèses ont été vérifiées et que notre objectif
général a été atteint en ce sens que la structuration du marché pharmaceutique de la politique
de gratuité empêche l’efficacité de la mise en œuvre de la politique. Cette forme de
structuration du marché pharmaceutique sans réglementation des différents acteurs en
présence et emprunt aux nombreuses ruptures de produits pharmaceutiques et à toutes
formes de corruption entre agents de santé et délégués médicaux, rend difficile une bonne
efficacité de la gratuité des soins des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes au
Burkina Faso.
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population dans le cadre de ce système de soins conçu pour elle ? Cette question délicate
mérite une plus grande attention au regard du contexte de crises que nous connaissons
actuellement et qui fragilise encore plus les possibilités d’amélioration des conditions de vie
des populations. Il s’agirait donc ici d’évaluer aussi le niveau d’intérêt et l’implication de la
population qui est le consommateur et le bénéficiaire premier.
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SUGGESTIONS
A la lumière des conclusions de cette recherche, nous nous permettons de faire quelques
suggestions pour une meilleure efficacité de la politique de gratuité des soins qui passe
nécessairement par une meilleure structuration du marché pharmaceutique.
Au niveau de la CAMEG, nous proposerons de veiller à assurer un suivi sur le flux des
commandes spécifiques aux besoins en médicaments des populations concernées par la
politique de gratuité afin de faire de meilleures prévisions de commandes au niveau national.
De créer et séparer au niveau des formations sanitaires, des dépôts pharmaceutiques : des
dépôts exclusifs aux commandes et à la gestion des stocks de la gratuité et des dépôts pour
le reste des populations et de faire alimenter les dépôts de patients hors gratuité des soins
en partenariat avec les laboratoires pharmaceutiques privés afin de faire un meilleur suivi
du flux des besoins en médicaments au niveau des dépôts exclusifs de la gratuité.
Enfin à l’endroit des formations sanitaires, nous les invitons à faire preuve de plus de
rigueur dans le suivie et les commandes des produits afin d’éviter des retards dans
l’approvisionnement et surtout de veiller à rendre plus rigoureuse les évaluations des
produits selon leur niveau de demande tenant compte des périodes.
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ANNEXES
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Formations sanitaires
1 CM SAABA GRTE
2 CM URBAIN DU SECTEUR 15 OUAGADOUGOU GRTE
3 CSPS BALKUI GRTE
4 CSPS DASSASGHO GRTE
5 CSPS DE BOUDTENGA GRTE
6 CSPS DE DAYONGO GRTE
7 CSPS DE GUIGUIMTENGA GRTE
8 CSPS DE NIOKO 1 GRTE
9 CSPS DE TANVINAKAMTENGA GRTE
10 CSPS DIDRI GRTE
11 CSPS GAMPELA GRTE
12 CSPS GONSE GRTE
13 CSPS KOALA GRTE
14 CSPS KOUBRI NAGBANGRE GRTE
15 CSPS MANEGSOMBO GRTE
16 CSPS NONGTABA GRTE
17 CSPS PELE GRTE
18 CSPS PIKIEKO GRTE
19 CSPS SECTEUR 30 GRTE
20 CSPS SINSINGUENE GRTE
21 CSPS TANGHIN BOGODOGO GRTE
22 CSPS TANLARGHIN GRTE
23 CSPS TANSABLOGHO GRTE
24 CSPS TANSOBTENGA GRTE
25 CSPS TRAME D ACCUEIL DU SECTEUR 30 GRTE
26 CSPS TRAME D ACCUEIL OUAGA 2000 GRTE
27 CSPS TRAME D ACCUEIL SECTEUR 28 OUAGA GRTE
28 CSPS WEMTENGA GRTE
29 CSPS WENDEFAADE GRTE
30 CSPS YAMTENGA GRTE
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Années 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 Total
Numéros 6542 – 6581 6082 – 6123 6038 – 6080 5792 – 5784 5438 – 5489 5110 – 5185 4849 – 4911 4601 – 4662 4357 – 4418
6499 – 6541 6293 – 6332 5989 – 6037 5741 – 5788 5384 – 5437 5036 – 5109 4601 – 4662 4541 – 4600 4294 – 4356
6466 – 6498 6249 – 6292 5938 – 5987 5690 – 5740 5333 – 5383 4974 – 5035 4785 – 4848 4480 – 4540 4232 – 4293 2490
6415 – 6455 6207 – 6248 5887 – 5936 5639 – 5689 5283 – 5332 4912 – 4973 4541 - 4600 4419 – 4479 4173 – 4229 Numéros
6374 – 6494 6164 – 6206 5838 – 5886 5587 – 5637 5233 – 5281 4724 – 4784 4663 – 4723
6332 – 6373 6124 – 6163 5790 – 5837 5538 – 5585 5186 – 5232
Nb. N o 314 numéros 245 numéros 283 numéros 236 numéros 297 numéros 330 numéros 245 numéros 240 numéros 300 numéros
Années 2000 1999 1998 1997 1996 1995 1994 1993 1992 Total
Numéros 3926 – 3986 3673 – 3733 3417 – 3485 3169 – 3229 3107 – 3168 2859 – 2920 2549 – 2673 2176 – 2297 2049 – 2175
3987 – 4047 3862 – 3924 3486 – 3546 3230 – 3292 3043 – 3106 2797 – 2858 2426 – 2548 2299 – 2424 1927 – 2049
4048 – 4111 3797 – 3860 3610 – 3672 3292 – 3353 2982 – 3042 2736 – 2796 2215
4112 - 4172 3734 – 3796 3547 – 3609 3353 – 3416 2921 – 2981 2674 – 2735 Numéros
Nb. No 243 numéros 247 numéros 252 numéros 246 numéros 244 numéros 243 numéros 246 numéros 246 numéros 248 numéros
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│Février 2020│
[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
Années 1991 1990 1989 1988 1987 1986 1985 SIDAWAYA MAG PLUS Total
Numéros 1678 – 1797 1430 – 1551 1307 – 1429 932 – 1054 804 - 931 426 – 550 181 – 299 2008 - 2007 2006 - 2005
1800 – 1926 1552 – 1677 1181 – 1306 1055 - 1180 681 - 800 302 – 426 004 – 58 5491 – 5537
5789 – 6057 5190 – 5490 2265
Numéros
Nb. No 245 numéros 246 numéros 247 numéros 247 numéros 127 numéros 243 numéros 242 numéros 322 numéros 346 numéros
L’EVENEMENT
Années 2015 2012 2007 2005 – 2006 2002 – 2004 Total
Numéros 230 – 293 185 – 228 103 – 130 59 – 105 06 – 057 230
Nb. No 63 numéros 43 numéros 27 numéros 46 numéros 51 numéros Numéros
L’OBSERVATEUR DU DIMANCHE
Années 2011 2012 2006 - 2005 2004 2000 1999 Total
Numéros 737 – 758 784 – 822 449 – 498 398 – 448 203 – 252 156 – 202
701 – 782 499 – 569 5000 – 5062
4812 – 4870 529
4872 – 4933 Numéros
4935 – 4998
Nb. No 21 numéros 119 numéros 119 numéros 50 numéros 49 numéros 290 numéros
L’OBSERVATEUR PAALGA
Années 2013 2012 2011 2010 2009 2008 Total
Numéros 8469 – 8527 8038 – 8097 7790 – 7851 7727 – 7789 7373 – 7416 7042 – 7100
8285 – 8343 8098 – 8160 7852 – 7913 7540 – 7599 7292 – 7331 7166 – 7229
8332 – 8405 8161 – 8222 7914 – 7976 7601 – 7663 7332 – 7539 7002 – 7165 1681
8406 – 8468 8223 – 8284 7977 – 8037 7664 – 7726 7414 – 7477 7230 – 7291 Numéros
Nb. No 251 numéros 243 numéros 244 numéros 245 numéros 353 numéros 345 numéros
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
LE PAYS
Années 2018 2017 2016 2015 2014 Total
Numéros 6501 – 6561 6255 – 6316 6010 – 6069 5888 – 5947 5577 – 5636
6562 – 6622 6317 – 6377 6070 – 6132 5826 – 5887 5515 – 5574
6623 – 6684 6378 – 6440 6133 – 6193 5764 – 5825 5637 – 5699 1140
6441 – 6496 6194 – 6250 5948 – 6009 5700 – 5762 Numéros
Nb. No 181 numéros 238 numéros 237 numéros 242 numéros 242 numéros
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│Février 2020│
[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
DEDICACES ....................................................................................................................... I
REMERCIEMENTS........................................................................................................... II
ABSTRACT ....................................................................................................................... XI
INTRODUCTION .............................................................................................................. 2
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
1.1. Les dysfonctionnements dans la gestion des formations sanitaires au Burkina Faso ............................. 40
1.1.1. Les présomptions de corruption et les détournements de fonds / matériels de soins ................... 41
1.1.2. Les défaillances de la politique sanitaire ................................................................................................. 42
1.1.3. Le manque de rigueur et de compétences de certains responsables .................................................. 42
1.1.4. La mauvaise qualité de l’offre des soins.................................................................................................. 43
1.1.5. Les difficultés liées au système d’approvisionnement en médicaments ............................................ 43
1.1.6. Des présomptions de prescription des spécialités au détriment des MEG ...................................... 44
1.2. Le coût élevé des médicaments ....................................................................................................................... 46
1.2.1. Le non-respect des textes en matière de fixation de prix ................................................................... 46
1.2.2. La non-effectivité de la gratuité de certains soins dits subventionnés ............................................... 46
1.3. Les marchés parallèles de ventes de médicaments ....................................................................................... 47
1.4. Les ruptures ou pénuries de stocks de médicaments ................................................................................... 48
1.5. Les présomptions de vols et détournements de médicaments dans les formations sanitaires .............. 48
CHAPITRE II : ACCES DES POPULATIONS CIBLES AUX MEDICAMENTS DE LA
GRATUITE ....................................................................................................................... 55
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[MARCHÉ DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES ET POLITIQUE DE GRATUITÉ DES SOINS AU BURKINA FASO]
SUGGESTIONS................................................................................................................ 101
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