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Introduction
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L’État-nation a le plus souvent été créé par le centre (Bruxelles, Paris, …) et a agrégé
différents éléments. Il est le fruit de l’imposition d’une culture centrale par le centre. Dans la plupart
des pays, une langue a été imposée de manière contraignante dans l’ensemble du territoire.
Dans quelques cas plus spécifiques, la construction de l’État-nation a conservé les spécificités
périphériques, le centre n’imposant pas aux périphéries, comme la Suisse, où il existe 4 langues
officielles.
b. Le clivage Eglise-Etat
Le clivage Église-État, qui est un clivage fonctionnel, et a un long parcours historique et
est très ancien.
L’État-nation moderne s’est construit en opposition à un ou des souverain(s), et à l’Église
(dans les pays catholiques), étant proche du pouvoir absolu. Dans certains cas, la révolution
nationale s’est accompagnée d’une grande violence envers l’appareil religieux, comme en France où
beaucoup de religieux ont été massacrés, et des abbayes, monastères ou églises ont été détruites.
Dans la plupart des pays occidentaux, cela a donné un clivage entre les élites bourgeoises
laïques, et ce qui reste de l’appareil ecclésiastique.
Dans les pays nordiques et en Allemagne, la situation est plus spécifique : au Danemark et en Suède,
pays de culture protestante, il y a eu une sorte d’union, d’arrangement entre les élites protestantes
et le pouvoir civil. Ceci s’est fait dans un climat de négociation, ce qui a mené à l’existence d’une
église officielle aujourd’hui. L’Église est alors dans l’État.
2. La révolution industrielle
La révolution industrielle a, elle aussi, produit potentiellement deux clivages structurant au
sein de la société :
le clivage industriel-rural
le clivage possédants-travailleurs
a. Le clivage industriel-rural
Le clivage industriel-rural est un clivage où les intérêts de la classe sociale industrielle,
localisée dans les villes et à leurs alentours, s’opposent aux intérêts liés aux territoires ruraux. Ainsi,
s’opposent les bourgeois, qui s’installent dans les villes, aux paysans et propriétaires terriens qui
vivent à la campagne.
Avant la révolution industrielle, le pouvoir économique était détenu dans les campagnes
mais, en très peu de temps, il a été transmis au secteur secondaire. Cela s’est traduit par un exode
rural important.
Dans certains cas, ce clivage est resté très important, surtout là où le monde rural a gardé
son importance, comme en France, où dans les pays nordiques où des partis agrariens se sont créé.
Cela a contribué à maintenir ce clivage politiquement saillant.
Ce clivage est cependant peu activé en Belgique, où le monde rural n’existait que peu sur le territoire
au moment de la révolution industrielle. Le monde rural a tellement décliné dans sa proportion dans
le pays, qu’il n’existe plus réellement de pôle rural, et il n’y a jamais eu de parti agrarien. C’est le
parti catholique qui a plutôt défendu ces droits.
b. Le clivage possédants-travailleurs
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Le clivage possédants-travailleurs, qui a été théorisé par Marx, montre l’émergence d’une
classe laborieuse, travaillant sous l’autorité du capital. Ce clivage départage la bourgeoisie et les
prolétaires en termes de qui a accès au capital, à la richesse.
Sur le plan socio-économique, on peut parler du clivage gauche-droite.
Ce clivage est devenu le plus important dans beaucoup de pays européens, et moins dans
de nouveaux pays, comme le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
3. Critical junctures
L’Histoire n’est pas linéaire dans nos démocraties européennes : il y a eu deux grandes
jonctions critiques (ou critical junctures, pour Lipset et Rokkan), qui créent des systèmes différents,
des clivages. Ces jonctions critiques sont des phases transitoires critiques, c’est-à-dire des
révolutions nationale ou industrielle.
La forme que prennent les différents clivages varie beaucoup suivant les pays, et peuvent
être entrecroisés, imbriqués.
Aux Pays-Bas, la forme que prend le clivage Église-Etat est très différente de la Belgique : aux Pays-
Bas, on observe une triptyque catholiques-protestants-francs-maçons, tandis qu’en Belgique,
s’opposent les catholiques et les francs-maçons. Il y a une séparation géographique de ces
populations, comme en Irlande. Parfois les petits partis territoriaux subsistent.
Une troisième révolution serait une révolution internationale, qui opposerait, selon Lipset et
Rokkan, les communistes et les socialistes, et engendrerait alors une séparation supplémentaire
entre les travailleurs.
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Le schéma de Lipset et Rokkan peut être un peu simpliste, à cause de cette logique binaire.
Il peut en effet y avoir plus de deux pôles qui s’opposent, comme c’est le cas des Pays-Bas, de
l’Allemagne ou encore d’Israël.
Peu d’auteurs ont déterminé de manière empirique l’existence totale de ces clivages. On ne
peut pas dire que ces clivages sont 100 % ou 0 % présents. C’est une zone grise.
La manière d’objectiver l’existence d’un clivage est de voir l’existence de conflits, mais surtout celle
d’organisations spécifiques. Seiler, politologue belge, a établi une généalogie des partis politiques
en Europe en fonction de ces clivages.
La plupart des grands partis politiques classiques se sont construits autour d’un clivage ou
d’un pôle, mais sont tout de même amenés à se positionner sur d’autres clivages, voire à devenir
porteurs d’un des pôles. Ces positionnements stratégiques peuvent les amener à changer leurs
positions sur leur clivage d’origine. Ils peuvent également changer de label ou de nom, ou encore
refouler certains aspects.
B. De nouveaux clivages ?
La plupart des grands partis politiques classiques se sont structurés autour d’un clivage,
comme les partis catholiques, les partis agraires, ou encore les partis socialistes/ouvriers.
Néanmoins, la plupart des partis politiques sont amenés à se positionner sur d’autres sujets,
d’autres clivages. En Irlande, les partis catholiques irlandais sont devenus les défenseurs des
travailleurs ruraux par exemple.
La plupart des partis doivent se positionner de manière stratégique, ce qui peut les amener à changer
leur position sur le clivage sur lequel ils se positionnent à l’origine.
Il n’est pas non plus toujours facile de situer, sur ces clivages, les partis qui changent leur
nom ou leur label. C’est le cas du CDH, qui était auparavant le Parti social-chrétien, mais qui a changé
de nom, essayant de gommer la notion catholique.
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gel des clivages : grâce à la consolidation des clivages, on a une routinisation des clivages
et donc les deux ennemis s’acceptent et sont moins violents entre eux, négocient, …
La lutte devient alors idéologique, et non armée.
suffrage universel : davantage de groupes différents atteignent le pouvoir, et donc négocient
entre eux
Dans des systèmes politiques plus autoritaires, la manière de résoudre des clivages est toute autre.
Au Rwanda, qui sort d’une période de grande violence, le régime autoritaire a nié l’existence d’un
clivage.
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Lijphart a fait une comparaison de 36 démocraties dans le monde. Dans son ouvrage de
1999, il examine dans quelle mesure les principaux clivages potentiels sont activés dans les
différents pays. Il a aussi une vision plus large des clivages, et en rajoute d’autres.
Plus on descend dans le tableau, plus faible est le nombre de clivages effectivement activés.
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Sur le schéma, les partis en italiques ont subi des modifications de leur programme, les
partis en pointillés ont été contraints stratégiquement de se positionner sur les clivages, et les
partis en gras se sont positionnés initialement sur un clivage, qui a alors défini le parti à sa création
1. Le clivage centre-périphérie
En Belgique, le clivage centre-périphérie se manifeste par une opposition entre Wallonie et
Flandre.
Les partis successifs définis historiquement comme les défenseurs de la périphérie
culturelle flamande sont les partis autonomistes flamands, dont les noms se sont succédé dans
l’Histoire. Les autonomistes francophones n’existaient pas politiquement, n’étaient pas structurés,
même s’il y avait des militants, qui étaient des intellectuels et défendaient plutôt le centre, la
Belgique unitaire. Se sont créés par la suite des partis autonomistes francophones dans les années
1960, le RW (Rassemblement Wallon) et DéFI (Démocrate fédéraliste indépendant), qui ont défendu
l’autonomie francophone face aux flamands.
Tous les grands partis nationaux, ainsi que les communistes, défendaient une Belgique
unitaire, qui était un positionnement stratégique contre la montée de l’influence des partis
autonomistes flamands.
2. Le clivage Église-État
Concernant le clivage Église-Etat, il est très activé du côté des partis politiques sur le
territoire belge.
La Belgique est un exemple typique de l’existence de partis catholiques, qui entretiennent
des relations directes avec l’appareil religieux, défendant le pilier chrétien, l’enseignement
catholique, avec des organisations spécifiques …
Face à cela se sont définis des partis défendant la laïcité contre les intérêts de l’Église. Ces
partis laïcs sont les libéraux principalement. Le parti libéral est le plus vieux parti créé en Belgique,
issu de la bourgeoisie laïque (qui compose également la franc-maçonnerie), qui s’est défini très tôt
contre l’Église.
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Néanmoins, dans les années 1960, les libéraux ont choisi stratégiquement de s’ouvrir aux élites
catholiques, à la bourgeoisie catholique, ce qui fait que le parti libéral n’est plus le porte-parole de
la laïcité. Structurellement, le parti est cependant toujours un parti anticatholique.
Les partis socialistes et communistes étaient aussi, dans les années 1920 à 1960, laïcs et francs-
maçons, même si cet enjeu était relativement secondaire. Ils défendaient alors la laïcité et
l’enseignement officiel.
Le clivage Église-État est resté fort existant pendant longtemps, même s’il a un peu perdu
de son potentiel de conflit, dû au réalignement des libéraux ainsi qu’à une série de grands accords
sur le pacte scolaire.
3. Le clivage rural-urbain
Le clivage rural-urbain est le seul clivage qui n’a pas été fortement structuré sur le plan
partisan en Belgique. Historiquement, il y a tout de même un parti qui a défendu les intérêts du
monde rural : le parti chrétien.
4. Le clivage gauche-droite
Le parti socialiste, tout comme le parti communiste, s’est créé comme un parti de combat
défendant la classe ouvrière, et, par réaction, les libéraux se sont définis comme les défenseurs des
intérêts des classes moyennes supérieures et de la bourgeoisie.
Le parti chrétien ne s’est pas présenté sur l’axe gauche droite, parce qu’il était segmenté en
son sein en différents groupes. Il y a toujours eu trois groupes : un groupe plutôt de droite, libéral,
une composante centriste défendant les intérêts des agriculteurs, et une partie plutôt de gauche,
défendant la classe ouvrière.
Les partis chrétiens ont longtemps participé à des coalitions, jouant alors un rôle de modération
dans ce clivage gauche-droite.
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1. Le clivage centre-périphérie
Le clivage centre-périphérie a gardé son importance, malgré les différentes réformes de
l’État, qui auraient pu l’estomper, mais ont plutôt fait l’inverse.
Des partis se sont structurés et ont continué à activer ce clivage, surtout les partis autonomistes
flamands, la NVA et le Vlaams Belang. Le FDF (Front Démocratique des Francophones, ou DéFi) était
plutôt de base un parti de réaction aux partis flamands, et est devenu un parti se battant pour une
Belgique unitaire.
La vigueur de ce clivage a détruit les partis nationaux chrétiens, libéraux et socialistes, qui
se sont divisés. Il leur est devenu impossible de trouver des accords en leur sein, et se sont alors
scindés entre partis flamands et francophones.
Les francophones sont devenus des partis défendant la Belgique unitaire plus que l’autonomie
wallonne, tandis que les néerlandophones se sont mis à plaider pour l’autonomie flamande. On trouve
donc maintenant en Belgique des partis ethno-régionalistes défendant à la fois l’autonomie de la
périphérie (NVA), et l’unité du centre (FDF).
2. Le clivage Église-État
Le clivage Église-État est resté fort activé parce que les partis chrétiens sont restés des
partis pivots, importants dans les coalitions.
Le Parti Chrétien du Peuple est resté longtemps le parti dominant en Flandre.
Face à eux se sont retrouvés uniquement les socialistes, que se sont alors voués à la défense de la
laïcité, en réaction aux velléités des partis chrétiens.
Aujourd’hui, ce clivage reste doublement saillant par rapport à deux types d’enjeux :
l’enseignement : officiel contre catholique
les questions éthiques : l’IVG, la PMA, l’euthanasie, l’abaissement de la majorité sexuelle, …
Le parti chrétien flamand, le CD&V, bloque sur les questions éthiques. Dans ce genre de débat, au
sein du parti libéral, la consigne donnée aux élus est d’être libres de voter ce qu’ils veulent, pour ne
pas créer de division interne.
3. Le clivage rural-urbain
Le clivage rural-urbain a toujours été et est toujours un clivage peu important sur le territoire
de Belgique.
4. Le clivage gauche-droite
Le clivage gauche-droite est resté relativement stable, avec le parti chrétien comme
modérateur. De par la présence du parti chrétien dans beaucoup de coalitions, on a eu des politiques
socio-économiques modérées, ce qui a modéré les conflits sociaux, les conflits gauche-droite, …
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Les clivages ont évolué avec l’émergence de nouveaux partis (et notamment régionalistes).
Cela confère un côté multi partisan à la Belgique, où tous les partis ont accès à des sièges
parlementaires, ce qui renforce leur durabilité. Cela a complexifié le système. De plus, en Belgique,
le côté pluri partisan est à la fois modérateur et source de conflits politiques. Les partis émergents
maintiennent la pression sur les clivages, notamment les partis régionalistes.
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V. De nouveaux clivages ?
A. De nouveaux enjeux
D’après Rihoux, il n’y a pas vraiment de nouveaux clivages, malgré la création de nouveaux
enjeux, de nouveaux axes.
Le travail de Lipset et Rokkan a été écrit dans les années 1960. Or, depuis ces années, se sont
produites beaucoup de choses sur le plan socio-structurel en Belgique, notamment la tertiarisation
de la société, ainsi que l’émergence graduelle des classes moyennes. Certains ont appelé la
révolution éducationnelle l’accès de la masse à l’enseignement supérieur dans les années 1960.
Dans ce contexte, on a vu l’émergence d’un nombre assez important de « nouveaux » partis
politiques. Certains sont réellement nouveaux (comme c’est le cas des partis verts), et d’autres
sont des partis réactivés, ou avec des origines plus anciennes (comme les partis populistes,
communistes …).
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D. La révolution mondialiste
La révolution mondialiste a frappé la Belgique, et certains suggèrent qu’elle active de
partiellement nouveaux clivages, selon les questions du territoire et de l’ethnicité.
Seiler et Frognier ont suggéré que, dans ce contexte, il y aurait deux nouveaux clivages :
le territorialisme (c’est-à-dire la défense d’une territorialité face à des flux de personnes),
contre la déterritorialisation
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Il n’est pas évident de parler de clivages parce que les partis écologistes, chrétiens,
libéraux, ... ne considèrent pas vraiment ces sujets comme centraux.
Par ailleurs, le Vlaams Belang se définit aussi selon le clivage rokkanien de centre-périphérie.
Il y a néanmoins de vrais débats de société qui sont à l’œuvre en Belgique, mais pas vraiment, pour
Rihoux, de nouveaux clivages au sens de Lipset et Rokkan.
E. Un clivage libertarisme-autoritarisme ?
Kitschet parle d’une évolution de l’espace de compétition partisane, de la forme de l’espace
politique et idéologique autour duquel se définissent les partis.
Quelles sont les demandes des sociétés contemporaines ? On peut essayer de résumer l’espace
idéologique, selon lui, au long de deux axes :
dimension gauche-droite : socialist politics et capitalist politics
dimension du lien social (manière dont doit être organisée la société) : libertarian politics et
authoritarian politics
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VI. Conclusion
En Belgique, il n’y a pas d’émergence de nouveaux clivages au sens de Rokkan, mais il y a
tout de même de nouveaux acteurs et de nouveaux partis, ce qui peut exacerber ou rendre saillants
de nouveaux enjeux lors de campagnes électorales.
Bien sûr que le schéma de Lipset et Rokkan est simple, et qu’il ne prend pas forcément en
compte le fait qu’il peut y avoir beaucoup plus de pôles différents au sein des clivages. Néanmoins
ce cadre reste important.
Il y a au moins deux clivages qui ont tendance aujourd’hui à se replacer en situation de
parallélisme. C’est en particulier le clivage gauche-droite et le clivage centre-périphérie. On peut en
effet recouper périphérie avec droite, et centre avec gauche.
Du côté belge francophone, on voit une prédominance d’électeurs et de partis politiques de gauche
et de centre-gauche (Parti Socialiste, PTB, Ecolo). A contrario, du côté flamand, on a une
prédominance des partis de droite (CDNV, OpenVLD et NVA). On a donc une opposition structurelle
entre une Flandre socioéconomiquement de droite, et une Wallonie socioéconomiquement de
gauche. Cela donne aux deux plus grands partis, le PS et la NVA, une place de leaders qui s’opposent.
Pour l’instant, cela met seulement un blocage, mais, dans d’autres pays, cela peut donner lieu à des
conflits plus violents ou des blocages plus profonds. Aujourd’hui, la thèse des cross-cutting
cleavages de Lipset et Rokkan ne fonctionne pas en Belgique.
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I. La pilarisation
A. Clivages et institutionnalisation
Les principaux travaux sur les piliers ont été écrits dans la foulée des travaux de Lipset et
Rokkan sur les clivages. Lijphart et Daalder ont beaucoup travaillé sur cela. Ils se sont demandé
comment, dans certains pays, les clivages s’institutionnalisent de manière plus forte qu’ailleurs.
Afin qu’un clivage existe, les recherches de Lipset et Rokkan ont montré qu’il fallait que se créent
des institutions, c’est-à-dire des organisations durables et de grande taille. En revanche, dans
certains pays, ces institutions se développent plus fortement et sont plus puissantes que dans
d’autres, et finissent alors par créer des piliers. C’est donc la multiplication d’associations
puissantes qui constitue les piliers.
En anglais, on parle de pillars, et de pillarization. En néerlandais, on parle de verzuiling (zuil =
couche), et de lager (camps) en autrichien.
Les pays les plus similaires à la Belgique sur le plan des piliers en Europe sont les Pays-Bas,
l’Autriche et le Luxembourg. Israël et la Malaisie sont aussi assez proches de la Belgique.
Ce qui distingue cependant le cas de la Belgique des Pays-Bas est que ces derniers ont connu une
forte pilarisation, avant de connaître une dépilarisation.
B. Piliers et construction de l’Etat belge
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L’effet miroir a été vraiment loin. La Belgique est un des rares pays où le monde laïc a créé
des rituels laïcs, des rites de passage, de la même manière que les rituels religieux comme le
baptême, …
3. La construction du pilier socialiste
Émerge assez rapidement une troisième force politique importante : le socialisme. Cette
sphère émerge à partir des années 1870-1880, et explose en 30 à 40 ans, grâce à la création d’un
parti politique, de coopératives et de syndicats (FGTB), de mutualités, … C’est un pilier laïc.
En réaction, se constituent alors un syndicat chrétien (CSC) puissant. La Belgique est aujourd’hui
un des rares pays où coexistent un syndicat catholique et un syndicat socialiste. S’est créé plus
tard un syndicat libéral (CGSLB), plus petit.
Le parti Fourier belge crée une structure commune avec le syndicat et les organisations
culturelles, en créant ce qu’il appelle l’« action commune socialiste » (ACS). L’ACS fait de la
concurrence aux piliers catholique et libéral, en créant de nombreuses institutions et organisations.
Les Faucons rouges, qui sont un mouvement de jeunesse, sont créés en opposition aux scouts
catholiques. En réaction, les catholiques créent, à leur tour le Patro, catholique mais orienté pour
les jeunes moins favorisés.
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Les piliers socialiste et catholique, eux, contrairement au pilier libéral, sont restés
relativement puissants, ce qui est majoritairement dû :
aux résultats électoraux
à la logique de solidarité laïque entre libéraux et socialistes, qui a favorisé les socialistes
à l’ouverture des socialistes aux libéraux, ce qui a divisé ces derniers
à la composition socio-démographique au sein du pilier libéral, qui ont moins besoin de
services d’entraide, de soutien, d’aide sociale, ... ce qui a donné moins d’importance à ces
organisations
Il y a donc des partis politiques visibles en Belgique, avec, derrière, des réseaux
d’organisations informelles qui les relient à leur pilier. La plupart des organisations ont une origine
dans les piliers, sauf les organisations récentes, dans les domaines de l’environnement, des
nouveaux belges, …
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L’UCLouvain, en anglais, s’appelle l’University of Louvain, et le terme catholique n’apparait donc pas.
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très favorisés dans les négociations, comme le sont les catholiques en Belgique, qui ont bénéficié
de moyens très importants dans le cadre du Pacte scolaire notamment.
Un exemple de consociationalisme est le RER, qui est une règle voulant que tout investissement
dans les chemins de fer en Belgique se base à 40% en Wallonie, et 60% en Flandre, alors que cela
coûte moins cher en Flandre, dû au relief.
On a par la suite élargi ce principe à d’autres composantes pour d’autres groupes, notamment par
l’introduction de cours de religion islamiques, juifs, ... dans les écoles.
Ce principe consociatif, principe proportionnel, s’oppose au principe de majorité, que l’on
retrouve dans des pays ayant un système de vote majoritaire, comme la France ou le Royaume-Uni.
Ici, la décision de la majorité s’impose aux minorités.
B. Unionisme
Avant la création des partis politiques, il existait un système d’unionisme en Belgique, entre
les élites catholiques et libérales, qui ont régné ensemble, dans les quelques premières décennies
du pays. Cela a duré jusque 1846, et est une première manifestation du consociativisme.
D. Conflits et coopération
Beaucoup d’auteurrices idéalisent le système belge en parlant de véritable coopération
entre les élites, mais il ne faut pas oublier que la Belgique est marquée par un vrai conflit de fond.
De nombreux conflits de fond ont marqué le paysage politique belge, tout au long de son histoire :
questions ethnolinguistiques dans les années 1960
enseignement
enjeux de bioéthique aujourd’hui
...
Ce pays est donc très conflictuel, malgré un apaisement des tensions au travers des négociations.
Quand la situation devient très tendue, l’on crée des sommets entre cheffes de partis, des
commissions parlementaires, ... Le but est de s’en sortir et de garder la face, en trouvant des
compromis.
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F. Concertation sociale
Les patrons et les syndicats peuvent se concerter, et négocier de grands arrangements par
secteur, avec la méthode du log-rolling. Une fois l’accord conclu, il est avalisé par des politiques.
En Belgique, système néo-corporatiste, les deux grandes séries d’organisations (syndicats et
fédérations patronales), se retrouvent dans différents lieux structurés, comme le Conseil central de
l’économie notamment, afin de négocier.
C’est ce que l’on appelle la concertation sociale.
G. Inconvénients du consociationalisme
La pratique consociationaliste a quelques inconvénients et peut parfois soulever plusieurs
problèmes :
les problèmes ne sont pas réglés mais gelés, c’est-à-dire qu’on ne les résout que
temporairement
le principe peut mener à la particratie : les partis deviennent fort présents, ont de plus en
plus d’importance (dans la nomination des fonctionnaires par exemple)
des coûts importants sont impliqués : même sans forte demande d’un des côtés, on attribue
parfois des moyens, afin d’égaliser l’allocation des ressources et apaiser les conflits
le système néo-corporatiste et elite-driven est fermé et réservé aux élites traditionnelles
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I. L’offre partisane
A. Les partis « traditionnels » contre les partis « protestataires »
Les conflits et oppositions entre les partis en Belgique ont toujours existé, et ont marqué
l’agenda politique et la prise de décisions. Les partis libéral et socialiste ne voulaient notamment
pas accepter le suffrage des femmes, puisqu’ils pensaient qu’elles allaient voter davantage pour le
parti catholique. Il a alors fallu attendre 1949 pour obtenir le suffrage des femmes.
Face aux partis classiques, des partis protestataires se sont créés, afin de les challenger.
Jusque dans les années 1950-1960, le seul challenger était le parti communiste (PCB). Celui-ci ne
challengeait en réalité que le parti socialiste, et n’a été puissant qu’aux alentours de la Seconde
Guerre mondiale, étant donné que le PS a réussi à garder les ouvriers dans son giron, et a mis en
place le grande Pacte social, qui a offert beaucoup de choses aux travailleurs. La Belgique a
également connu Rex, parti d’extrême droite francophone (entre 1930 et 1945), ainsi que le VNV,
parti nationaliste flamand ancêtre du Vlaams Belang.
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Ces partis se sont figés à entre 15 et 25% de l’électorat, et restent des partenaires stables au
sein de coalitions.
Pour ce qui est des partis chrétiens, le CDH et le CD&V, ils étaient proches de la majorité
absolue en termes de voix (45%) dans les années 1940-1950, avant de fortement décliner jusqu’à
peser aujourd’hui environ 15% de l’électorat, ce qui en font des acteurs non indispensables pour
les coalitions, et ne sont donc plus des partis pivots.
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A. Le vote structurel
L’image générale, est, qu’en Belgique, le pourcentage du vote expliqué par le vote structurel,
est en baisse : seulement 40% des votes peut être expliqué par cela, et l’on vote de plus en plus sur
base d’enjeux ponctuels liés à l’élection. Cela signifie qu’il devient de plus en plus difficile de prédire
le vote des citoyennes en fonction de leurs caractéristiques :
l’âge n’est plus un très bon indicateur, même si les jeunes électeurrices sont plus mobiles,
votant tantôt pour un parti, tantôt pour un autre, et votent davantage pour des partis moins
classiques
le genre est de moins en moins une variable unique pouvant déterminer le vote, mais ce qui
est plus important est l’entrecroisement entre le genre et l’activité économique
Ainsi, les femmes au foyer votent davantage à droite par exemple. Les femmes sont également plus
pratiquantes religieuses en moyenne, ce qui joue aussi sur les votes.
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III. Conclusion
Le système électoral est belge est marqué de contrastes, dans le sens où le système
électoral flamand est très fragmenté et éclaté, et que les partis antisystèmes (majoritairement de
droite) ont un poids majeur et de plus en plus important en Flandre.
La volatilité électorale est également plus importante en Flandre qu’en Wallonie, où le PS a mieux
survécu que les partis classiques flamands.
On peut observer une érosion des déterminants structurels classiques du comportement
électoral, de plus en plus de choses rentrent en compte, et les enjeux changent. Cela rend le système
et la formation de coalitions très complexes, d’autant plus que les élites politiques ont des
comportements de moins en moins consociatifs. Ce système de vote structurel fait place à un vote
conjoncturel, moins stable politiquement.
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La seule manière de savoir si un parti a gagné ou perdu des électeurs se fait au niveau micro,
en observant les transferts de voix entre les différents partis au sein du paysage politique.
I. Méthodologie et concepts
A. Enquêtes et questions
Afin d’étudier le transfert de voix entre partis, il est nécessaire de faire des enquêtes au
niveau micro : une pré-électorale et une post-électorale, en demandant ce qu’on vote ou ce que l’on
a voté à cette élection, ainsi que ce qu’on a voté auparavant.
Cela permet de voir les électeurs mobiles, les movers, et ceux dont le vote reste stable, les stayers.
B. Le modèle « movers-stayers »
Il y a une fausse stabilité dans les partis, qui perdent des électeurices au profit d’autres
partis, tout en en gagnant au détriment d’autres partis. En Wallonie, seulement 25 % des électeurs
passent d’un parti à un autre, tandis qu’en Flandre, la part des électeurices volatiles est de 35 %.
Plus le niveau d’éducation d’un électeur est élevé, plus il aura tendance à voter de manière
stratégique. L’enquête RepResent a montré qu’il y a un plus grand pourcentage de vote stratégique
lorsqu’il y a plusieurs élections en même temps.
C. La volatilité électorale
La volatilité électorale désigne la tendance qu’ont les électeurices à changer d’affiliation
à un parti politique entre deux échéances électorales. On distingue la volatilité individuelle et la
volatilité agrégée. Cette dernière est plus faible que l’individuelle.
II. Résultats
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C. L’influence de la crise
Lors des crises économiques, comme en 2008-2012, il n’y a pas d’impact direct sur le
comportement électoral, mais l’effet indirect est une plus grande issue saliency des enjeux socio-
économiques, les bread and butter issues. Ainsi, les partis qui s’intéressent à ces enjeux, comme
les partis socialistes ou libéraux, bénéficient d’une plus grande visibilité lors de la campagne
électorale.
D. La campagne électorale
Beaucoup d’études belges ont montré que la campagne électorale n’avait pas de grand effet
sur le choix des électeurs.
Cependant, la communication politique non maîtrisée par les partis, peut avoir un effet important.
On a même montré que les campagnes pouvaient avoir un effet contre-productif pour les
élections : l’électeurrice est dans le flou et ne sait pas situer chaque parti sur des enjeux précis.
Des messages contradictoires sont également parfois transmis par les partis politiques au sein des
campagnes électorales. Ainsi, à part pour les individus très politisés et informés, les campagnes
brouillent les idées des électeurs, ce qui peut réduire la prévisibilité des votes.
Des individus ont été interrogé dans un test électoral, et on leur a demandé dans quelle mesure ils
pouvaient classer les partis sur une série d’enjeux concrets. À mesure que la campagne progressait,
les individus savaient de moins en moins le faire.
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I. La saillance, ou saliency
Dans une étude, Baudewyns et De Winter se sont demandé dans quelle mesure les questions
liées à la forme de l’État sont des questions saillantes pour les élites et les citoyennes belges.
Pour les électeurrices, beaucoup d’autres enjeux, comme la sécurité sociale, l’emploi, la santé,
l’éducation, … sont beaucoup plus saillants que les questions de réforme de l’État, dans une mesure
différente en Flandre et en Wallonie.
Pour les dirigeantes par contre, c’est tout autre chose : près de 24 % des élues flamandes et
près de 20 % des élues francophones considéraient cela comme l’enjeu le plus important.
Les enjeux de réforme de l’État sont alors beaucoup plus portés par les élites politiques que par les
citoyennes. La saillance est alors plus grande auprès des élues qu’auprès de la population.
II. Identité(s)
À quelle entité les belges se sentent iels attachées ? Les individus doivent dire dans quelle
mesure ils se sentent appartenir à la Wallonie, à la Belgique francophone, à la province, à la ville, ou
autre. Est mise en œuvre ici la question Moreno, qui consiste à ordonner les différentes identités,
qui ne sont alors pas opposées mais peuvent se combiner.
VOIR TABLEAU
À la fois les citoyennes wallonnes et les élites politiques wallonnes se sentent avant tout
belges. Il y a donc un alignement et une bonne congruence entre les électeurices et les élites. Très
peu (environ 15%) se sentent wallons ou francophones avant tout. De nombreuxses élues (25%)
sont aussi attachées à leur ville ou leur localité, tout comme 20% des citoyennes.
En Flandre, pour les électeurrices, la première identité (mais beaucoup moins forte qu’en
Wallonie), est belge. Du côté des élites flamandes, usuellement 40 % se sentent d’abord belges, et
beaucoup se sentent flamandes.
Ce qui est important c’est que pour les citoyennes flamandes, les identités belge et
flamande ne sont pas opposées, contrairement à ce que pensent les élites politiques flamandes.
Les élues poussent donc l’agenda flamand vers une prise de décision politique davantage
régionaliste que ne le voudrait la population. Il y a donc un réel décalage entre les élites et la
population flamandes.
Cela signifie qu’aujourd’hui, si les élites politiques flamandes pouvaient décider, elles choisiraient
une autonomie de la Flandre, mais les électeurrices ne suivraient pas. C’est donc pour cela que
Bart de Wever doit freiner l’aile la plus radicale de son parti, sachant que la cession de la Belgique
ne passerait pas pour les électeurrices.
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On observe donc une double asymétrie : les élites politiques flamandes sont beaucoup plus
régionalistes que les élites wallonnes, mais sont également plus flamandes que leur peuple. Cela a
un vrai impact sur la politique. Cela veut dire aussi que les élites wallonnes sont en bonne
congruence avec leur population, contrairement aux élites flamandes.
Il y a tout de même un déficit d’identité wallonne en Belgique, ce qui crée un problème de légitimité
des élues politiques en Belgique francophone.
IV. Conclusions
A. L’asymétrie
Le premier mot clé est l’asymétrie : en Belgique, on voit des différences profondes entre le
Nord et le Sud du pays, qui sont contrastés en termes :
de richesse du pays (Flandre > Wallonie)
de démographie (Flandre > Wallonie)
de rapports de force politiques (centres de gravité : Flandre à droite et Wallonie au centre-
gauche)
de sentiment d’appartenance
...
On a donc deux sociétés similaires mais qui s’opposent politiquement.
B. Le groupe PAVIA
Le groupe PAVIA a été créé par des universitaires wallons et flamands, et qui tente de créer
une circonscription fédérale, avec des élues qui parleraient au pays dans son entièreté, ce qui
modérerait ce clivage Nord-Sud.
Cette idée reçoit une grande méfiance, voire une hostilité en Flandre, malgré des négociations de la
part d’élues wallonnes.
C. La faible congruence des élites-masses en Flandre
Les élites flamandes sont peu congruentes avec leurs citoyennes. Les politiques, qui sont
elite-driven peuvent alors mener à des conflits politiques importants, notamment sur la question
identitaire, étant donné que les élites font pression, plus que les citoyennes.
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C’est la même chose qu’au Pays Basque et qu’en Catalogne, où les pressions sont effectuées par
les élites, même si maintenant les électeurrices catalanes sont de plus en plus en faveur de
l’indépendance.
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2. Synchronisations et séparations
Les élections tentent de se synchroniser entre les différents niveaux de pouvoir : les
élections régionales et européennes, depuis 1999, sont synchrones, tout comme les élections
communales et provinciales. L’accord gouvernemental Di Rupo, « accord papillon », en 2011, a posé
une resynchronisation des élections pour la Chambre, les assemblées régionales et européennes,
afin d’éviter la fièvre électorale ainsi qu’une campagne permanente empêchant la prise de décisions
courageuses mais impopulaires.
Par ailleurs, il est interdit, en Belgique, de figurer sur différentes listes : en 2010, les trois quarts
des députés du Parlement flamand figuraient sur les listes législatives. On observe donc un
(con)fusion des niveaux et un levelhopping des candidates entre les différents niveaux de pouvoir.
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V. La formule électorale
Jusqu’en 1899, les élections belges se font au scrutin majoritaire. Depuis, elles se font
plutôt au scrutin proportionnel.
Il existe un ou plusieurs niveaux territoriaux de calcul de sièges : jusqu’en 1993, était en place le
calcul à double niveau avec le système de l’apparentement provincial.
L’électeurrice peut exprimer son vote ou sa préférence pour un candidat ou un parti de deux
manières :
en votant en tête de liste, marquant son accord avec l’ordre des personnes dans le parti
en votant pour une ou plusieurs personnes dans la même liste
Le vote de préférence est ainsi plural, et correspond au nombre de sièges à attribuer dans la
circonscription. Le panachage, qui consiste à voter pour des candidates de listes différentes, est
interdit.
Il existe des seuils de vote, en dessous desquels les candidates ne peuvent pas obtenir de
siège : ceux-ci sont à 5% depuis 2003 au niveau de la circonscription.
Cette méthode consiste à l’attribution du premier siège au parti A, qui a le plus de voix. Chaque fois
qu’on attribue un siège à un parti, on divise par 2 (puis 3, puis 4, ...). On compare ensuite ce qu’il
reste, avec les résultats des autres partis.
La méthode Imperiali, elle, est un système qui favorise encore plus les grands partis. Elle a
été créée par un sénateur catholique, dans le but de limiter la représentation des petites listes en
prolifération après l’introduction du suffrage universel masculin en 1919.
Les leaders électoraux demeurent toujours aussi attractifs pour les électeurs. Dans les
circonscriptions où les leaders électoraux sont candidates, la proportion de votes préférentiels est
restée stable depuis 2003. En revanche, là où aucun grand leader n’est sur la liste, les votes de
préférence sont en nette baisse.
Par ailleurs, nous pouvons constater une nette baisse des performances électorales des partis
traditionnels (démocrates-chrétiens, socialistes et libéraux) au profit de formations plus jeunes
(NVA, PTB-GO, PP, ECOLO, Groen). Or, les partis traditionnels peuvent s’appuyer sur un plus grand
nombre de députées sortantes et d’élues locaux qui attirent les voix de préférence. Nous
pouvons donc observer une réduction du nombre de candidates populaires pouvant figurer sur les
listes pour attirer de nombreux votes préférentiels : l’interdiction des multiples candidatures aux
régionales, fédérales et européennes par une même personne, ainsi que la limitation du cumul
mandats locaux et régionaux en Wallonie y ont un rôle.
Enfin, nous nous dirigeons de plus en plus vers une « présidentialisation » des partis politiques : les
présidentes de partis et quelques top leaders captent l’attention des médias et des électeurrices,
et restent les « faiseureuses de voix ». La personnalisation se déplace de tous les candidats vers
quelques figures de proue.
Dans ce tableau, Franky, qui est tête de liste, est le moins populaire de la liste. Afin de
distribuer les sièges au sein du parti, on prend alors le chiffre électoral du parti (c’est-à-dire
l’ensemble des votes soit en tête de liste, soit pour un ou plusieurs candidats du parti), que l’on
divise par le nombre de sièges obtenus +1. On obtient alors 12 000, qui est le chiffre qu’il faut
obtenir pour pouvoir siéger. Franky en a obtenu 3000, et il va alors puiser 9000 dans le réservoir des
votes en tête de liste, afin d’obtenir les 12 000. Michel fait le même raisonnement : il puise 7000,
Albert pareil. Ainsi, avant 2003, c’était principalement les candidates en tête de liste qui étaient
élues. Seulement 1% des parlementaires avaient été élues alors qui n’étaient pas en tête de liste.
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Depuis 2003, l’attribution des sièges se fait différemment. Désormais, seulement 50% des
votes en tête de liste sont attribuables. Cela permet aux personnes qui ne sont pas en tête de liste
d’être élues. Cette méthode casse l’ordre utile et augmente l’impact du vote de préférence. Mais cet
impact reste quand même relativement faible. Pour preuve, à la Chambre, sur les 150 députées,
environ 15 ont gagné leurs sièges en vertu du vote préférentiel.
En Wallonie, depuis 2018, l’attribution se fait uniquement en fonction des voix de préférence
pour les élections communales, tandis qu’en Flandre, elle se fait en fonction sur système fédéral,
avec une réduction à un tiers du réservoir des votes en tête de liste. On observe donc un
empowerment des votes de préférences.
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Le processus de la formation d’un gouvernement belge est le plus complexe des pays de
l’Union Européenne, et est donc devenu le processus décisionnel le plus crucial dans le système
politique belge étant donné que lors de la formation d’un gouvernement, les politiques publiques sont
décidées lors d’un accord gouvernemental. Plus le nombre de partis est important, plus il est
compliqué de former un gouvernement et des accords.
L’enjeu dépasse également la distribution de postes ministériels, lors de la formation d’un
gouvernement : jusque dans les années 1990, on distribuait aussi des postes de l’administration
publique, dans des entreprises semi-parastatales, dans l’enseignement public, … Il fallait donc
décider de la clé de répartition.
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F. La pression internationale
La Belgique souffre d’une pression internationale et européenne, étant donnée la taille de la
dette publique, qui est supérieure à 100% du PNB. Cela rend le processus de formation du
gouvernement très complexe.
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l’Etat, dont la mise en œuvre en termes de lois a pris 1000 pages. Le gouvernement Michel a
cependant battu la longueur de cet accord sans aucun accord spécifique.
Le Belgique a connu 44 gouvernements depuis 1946, avec une durée moyenne de 554 jours, tandis
que dans le nouveau système, il peut durer 4 ou 5 ans. On a donc un gouvernement très instable. On
a un gouvernement si :
la composition partisane change
Par exemple, le gouvernement Martens III est un gouvernement tripartite avec trois partis : ce qui
change, c’est l’arrivée des libéraux au gouvernement.
la tenue d’élections législatives a bien lieu
un changement du poste de premier ministre
un gouvernement démissionne et que le roi accepte cela,
Un formateur doit alors être nommé afin de former un nouveau gouvernement.
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I. Le Parlement belge
A. Hiérarchie, division du travail et ressources
En ce qui concerne la hiérarchie interne du Parlement, en Belgique, on trouve :
lea Présidente (2011-2014 : Flahaut, PS ; 2014-2019 Bracke, NVA)
la Conférence des présidentes de groupe
Notons la différence entre lea cheffe de file et lea présidente du parti. Lea cheffe de file est lea
ministre lea plus importante de sa couleur politique. Lea présidente de parti est lea cheffe de
l’organisation du parti. Parfois, une même personne peut avoir les deux rôles.
Pour ce qui est de la division du travail au sein de la Chambre des Représentants, elle
s’exerce entre :
les commissions parlementaires
les groupes parlementaires, où règnent discipline de parti et collégialité.
Enfin, les ressources humaines et matérielles disponibles au sein du Parlement belge sont
d’ordre :
institutionnelles
individuelles
des groupes et partis.
B. Le ou la présidente du Parlement
Le ou la présidente du Parlement est le ou la représentante de la Chambre en tant
qu’institution, élue par l’assemblée plénière pour la durée d’une session (ce qui équivaut à un an).
En pratique, cette personne reste à son poste pour la durée de la législature, sauf en cas de
changement de gouvernement. Généralement, le ou la présidente fait partie de la majorité, puisque
son poste est inclu dans la répartition des portefeuilles. En concertation avec les présidentes des
groupes politiques, il ou elle dirige les activités de la Chambre : il maintient l’ordre pendant les
séances, demande l’avis du Conseil d’Etat, … Le ou la présidente a cependant une autorité et une
influence variable selon l’expérience, la personnalité et le statut de son parti.
La conférence des présidentes est composée :
du ou de la présidente et des vices-présidentes de la Chambre
des anciennes présidentes encore députées
du ou de la présidente ainsi que d’une membre de chaque groupe politique
Une ministre chargée des relations avec la Chambre assiste également à ces réunions, afin de
communiquer les préférences d’agenda du gouvernement.
La Conférence délibère chaque semaine sur le règlement des travaux de la séance plénière, ainsi que
sur la coordination entre les différents organes de la Chambre (c’est-à-dire entre séances plénières
et commissions par exemple). Le but est de trouver un compromis délicat entre le droit de gouverner
de la majorité, et le droit de s’opposer de l’opposition, ainsi que les droits individuels des
parlementaires en termes de : temps de parole, de priorité des initiatives législatives sur l’ordre de
jour, de mise en question des ministres et des nominations aux postes importants au sein de la
Chambre.
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F. L’absentéisme parlementaire
Les chiffres récents manquent et sont secrets, mais entre 1979 et 1981, la présence
moyenne en séance plénière était de 61%, tandis que la présence moyenne en commissions était
de 73%.
La Chambre, comme la plupart des parlements régionaux, a adopté un règlement visant à pénaliser
les députées en cas d’absence trop importante lors du vote en séance plénière. Ce règlement
prévoit que si le parlementaire a pris part sans excuse admise à moins de 80%, 70% ou 50% des
votes en séance plénière, son indemnité parlementaire sera amputée respectivement de 10%, 30%
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ou 60%. En moyenne, un à trois députées par mois sont sanctionnées. A partir des élections de
2019, sera également sanctionné l’absentéisme au sein des commissions.
G. Le déclin du Parlement ?
Depuis quelques années, des chercheureuses et organismes de presse appuient la thèse
du déclin des parlements. Cependant, ce n’est pas vraiment une réalité, étant donné que l’on voit
une augmentation :
des propositions de loi
des réunions de commission
des questions orales
des questions écrites
Cependant, il y a bien un déclin des interpellations en séance plénière depuis 1995, à cause de leur
transfert vers les commissions.
Il n’y a donc pas de vraie preuve quantitative et empirique de la thèse du déclin du parlement belge.
En revanche, on peut parler d’un déclin qualitatif par :
la fragmentation du système de partis
les contraintes de l’accord gouvernemental sur l’initiative parlementaire
la nécessité de discipline de parti et de coalition
le manque de moyens de l’opposition et des parlementaires individuelles
la faible infrastructure collective
la prolifération des activités en-dehors du Parlement
la précarité de la carrière parlementaire, par le turnover
La plupart de ces causes du déclin sont structurelles, et présentes depuis au moins les années
1970.
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qui logent dans la capitale pendant les jours de travail parlementaire. Cela consomme en moyenne
8 heures par semaine, et regroupe un très large panel d’activités variées.
Les permanences sociales, de « service aux électeurrices individuelles » sont en net
déclin : en 1983, cela représentait 2134 dossiers par an (soit 50 dossiers par semaine, ce qui
équivaut à plus de 5 heures de travail), mais plus que 204 dossiers par an en 2013 (soit 4 dossiers
par semaine).
Les députées flamandes en reçoivent cependant deux fois moins que les députées wallonnes.
Ce déclin a donc beaucoup plus marqué la Flandre que la Wallonie.
On observe également de grandes différences entre les partis : la majorité des dossiers concernent
le PS et le CDH, tandis que les partis non-traditionnels n’en reçoivent que très peu. Le Vlaams Belang
et la N-VA en reçoivent également beaucoup plus que les autres partis non-traditionnels, notamment
les partis verts.
VOIR TABLEAUX
Les causes du déclin du service aux électeurrices sont multiples :
la crise budgétaire de l’Etat « St Nicolas » : d’un Etat très généreux à un Etat faillite
l’objectivation du fonctionnement des administrations
la privatisation et l’autonomisation des entreprises publiques
l’émergence de différents types d’ombudsman
l’annulation de plus en plus de nominations politiques par le Conseil d’Etat
l’augmentation de la taille territoriale des circonscriptions électorales
le culture shift, renouveau politique ou nieuwe politieke cultuur : les citoyennes et médias
condamnent de plus en plus le clientélisme
les codes déontologiques parlementaires, qui mettent des contraintes au services aux
électeurrices
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Les services territoriaux décentralisés ont des compétences générales, qu’ils peuvent appliquer sur
un territoire défini. C’est le cas notamment des communes et des provinces en Belgique, qui
agissent localement.
Ces entités décentralisées doivent respecter la hiérarchie des normes : les collectivités
politiques locales ont des organes (comme les collèges communaux par exemple) dont les
règlements ou arrêtés doivent respecter la hiérarchie des normes.
En moyenne, dans un pays, il y a trois niveaux de collectivités : souvent un niveau fédéral,
régional et communal. En Belgique, nous avons quatre niveaux (auparavant trois) :
l’État fédéral
3 régions et 3 communautés (apparues à partir des années 1970)
10 provinces
589 communes
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Du côté francophone, on voulait étendre davantage cette région, ce qui s’est heurté à une
contestation du côté néerlandophone.
L’organisation des pouvoirs à Bruxelles a été également difficile. On a mis d’abord en place une
transition provisoire des régions, qui n’avaient pas vraiment de compétence, de pouvoir décrétal, et
ne pouvaient que donner leur avis. Il faut attendre 1980 pour que les régions wallonne et flamande
soient mises en place, et 1988-1989 pour la RBC.
3. La répartition des compétences
Ce qui est important également est que ce qu’on avait au départ défini comme des
communautés culturelles, en 1980, deviennent des communautés. Du côté néerlandophone, on
souhaitait en effet en élargir le domaine de compétences. C’est à ce moment-là qu’a été
implémentée la notion de matières personnalisables. Du côté flamand, on voulait que les matières
sociales soient gérées par les communautés, et non les régions.
Le transfert de compétences, comme l’enseignement, vers les communautés s’effectue en
1988-1989. Les communautés ont alors reçu de nombreuses compétences et ressources. Les
régions obtiennent aussi des compétences en termes de transports, de travaux publics, … C’est
cette année-là qu’est créée la RBC.
Un nouveau système de financement, d’abord attribué aux régions avant d’être aussi donné
aux communautés, est adopté : c’est le principe du « juste retour ». Ce dernier est adopté
progressivement jusqu’en 1999. En termes de financement des entités fédérées, le côté flamand
est maintenant beaucoup plus à l’aise que le côté wallon, disposant de davantage de ressources.
Pour les régions et les communautés, on a adopté le principe de compétences exclusives.
Une fois qu’une compétence est transférée à une entité fédérée, une autre ne peut plus intervenir
dans ce domaine de compétence.
Ce qui complique les choses, c’est que, si l’on applique ce principe, cela ne veut pas dire pour autant
que les compétences que l’on transfert sont homogènes. On ne transfert en effet pas forcément
l’ensemble d’un domaine de compétence. Le risque de conflit de compétence est alors beaucoup
plus élevé. C’est le cas du secteur du travail par exemple, qui est divisé entre le niveau fédéral et le
niveau régional.
La lecture de cette réforme est donc extrêmement compliquée, et génère un tas de procès et de
jurisprudence.
L’État peut décider de reprendre les compétences attribuées aux entités fédérées, en
réformant le système institutionnel. Ce n’est cependant pas simple, étant donné que ce sont des
lois spéciales, qui nécessitent donc des majorités spéciales.
4. L’asymétrie de la structure fédérale
Non seulement on a un système de compétences exclusives, mais en plus, la structure
fédérale est asymétrique :
du côté flamand : deux entités juridiques, mais un seul parlement, et un seul gouvernement
du côté francophone : deux entités juridiques avec chacune leur assemblée et leur exécutif
la Région wallonne peut transférer certaines compétences à la Communauté germanophone
la Communauté française peut transférer certaines compétences à la Région wallonne et à
la COCOF en RBC
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4 S. Jacob & C. Pasquet. Le fédéralisme conflictuel : identité régionale et gestion des conflits en Belgique. 253-262.
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l’association
l’avis conforme
l’accord de coopération
Les accords de coopération sont des traités sur le plan interne, entre les entités, qui se mettent
d’accord et règlent des conflits de compétences. Ceux-ci découlent soit d’obligations, soit de
nécessités sur les plans naturel ou technique, et sont conclus sur une base volontaire.
Ces accords de coopération se réalisent souvent au sein de conférences interministérielles.
b. Les mécanismes institutionnalisés de gestion des conflits
Il existe aussi en Belgique des mécanismes de gestion des conflits, lorsque l’on n’a pas pu
les éviter.
Les conflits de compétences sont alors réglés par un organe judiciaire, que ce soit le Conseil d’État,
pour les normes réglementaires, ou la Cour constitutionnelle, pour les normes législatives.
Pour ce qui est des conflits d’intérêt, c’est le comité de concertation, composé de ministres
fédéraux et fédérés, qui tranche le conflit.
Le mécanisme de la sonnette d’alarme, permet, lui, de régler des conflits d’intérêt ayant lieu au sein
d’une même institution (et non entre les différentes entités). Cela permet notamment de protéger
les minorités.
c. Les mécanismes non institutionnalisés de gestion des conflits
Il est également possible de mettre en place des mécanismes non-institutionnalisés,
comme l’encommissionnement, ou encore la négociation informelle.
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d. Le contrôle de tutelle
Le législateur peut également organiser un contrôle de tutelle sur les actes des autorités
décentralisées. Au niveau des communes, on a affaire à des pouvoirs subordonnés, donc c’est le
niveau supérieur qui peut imposer sa volonté par le biais de contrôles de tutelle : c’est le niveau
régional qui le fait. Ce contrôle concerne autant les décisions prises dans l’intérêt communal, que
celles prises en cogestion.
Cette prérogative légale régionale est fondée sur le respect de la loi sensu lato, ou de l’intérêt
général.
5 Matières cogérées : missions confiées par d’autres niveaux de pouvoir, pour lesquelles l’action de la commune est
requise
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2. Les provinces
En Belgique, le pays est divisé en 10 provinces : 5 provinces en Wallonie et 5 provinces en
Flandres, mais plus en RBC. Les régions ont la possibilité de supprimer des provinces afin de les
remplacer par d’autres institutions supra-communales.
Conseil provincial Collège provincial Gouverneur
élu à la proportionnelle tous députation permanente désignation par le
les 6 ans pouvoir exécutif de gouvernement régional sur
compétent pour les matières publication et d’exécution des avis conforme du
d’intérêt provincial ainsi que décisions du Conseil gouvernement fédéral
les matières cogérées responsable de la direction représentant du pouvoir
des services et central
établissements provinciaux pouvoirs propres en matière
de police administrative
responsable de l’exécution
des lois et arrêtés des
niveaux supérieurs
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Le problème majeur de cette option est qu’il y a une tendance de la part du pouvoir central à
faire supporter, par le pouvoir local, des dépenses qu’il ne veut pas assumer. Souvent, la
compensation financière que les pouvoirs locaux reçoivent pour l’exécution de ces missions est
inférieure aux ressources nécessaires pour les mettre en œuvre. Cela réduit les possibilités de
mettre en place des initiatives locales.
2. L’option égalitaire
Dans l’option égalitaire, chaque niveau de pouvoir a ses compétences, et dispose de ses
propres services administratifs pour mettre en œuvre ses compétences. Chacun met alors en œuvre
les politiques dont il a la responsabilité ou la compétence.
Le problème posé est la coordination politique et administrative entre les différents niveaux
de pouvoir, qui est alors alourdie. La répartition des compétences entre le fédéral, les régions et les
communautés n’est pas homogène. De plus, beaucoup de politiques publiques nécessitent de
combiner plusieurs domaines de compétences, et donc une coordination entre plusieurs acteurs
publics. On le voit bien dans le cadre de la crise du coronavirus.
Même si des accords de coopération, ou des conférences interministérielles peuvent être mises en
place, rien n’a été institué dans le cadre de la coordination administrative. C’est réellement au cas
par cas que l’on gère la coordination.
En France, les préfets, qui sont des agents du pouvoir central, sont chargés de coordonner les
services du pouvoir central et ceux des régions et départements. Cela pourrait être une fonction
donnée au gouverneur de province en Belgique, mais ce n’est pas encore le cas, sauf en ce qui
concerne le maintien de l’ordre et les services de secours.
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C’est le cas de la SABENA (ancêtre de Brussels Airlines), de la SNCB, de la Régie des Télégraphes et
des Téléphones, … Un monopole est accordé aux communes pour ce qui est de la distribution du gaz
et de l’électricité au bénéfice de la population.
en vue d’associer les forces sociales du pays à la gestion des intérêts publics.
L’assurance sociale, après la Seconde Guerre mondiale, a été généralisée, mais l’on voulait que les
employeureuses et les employées puissent prendre part à l’organisation de la gestion de ces
organes. On a donc créé des organismes décentralisés fonctionnellement, en matière de sécurité
sociale, où l’on a pu intégrer des représentantes de la société civile. C’est le cas de l’ONSS, l’Inami,
l’ONEM, …
2. Les principes d’organisation des organismes décentralisés fonctionnellement
Les organismes décentralisés fonctionnellement sont des personnes juridiques distinctes,
chargées d’une mission spécifique. Ils ont un caractère public, ce qui signifie qu’ils ont des rapports
étroits avec la puissance publique, par la tutelle, mais également un statut dérogatoire par rapport
au droit commun des sociétés privées.
Ces organismes sont créés par voie de fondation, c’est-à-dire grâce à une loi particulière qui en règle
l’organisation, ou par voie d’association, en vertu de la loi, de personnes publiques, ou de personnes
publiques et privées.
Ce sont des services marchands-administratifs, ou non-marchands, et dont l’activité de la mission
peut être exercée en monopole public.
3. La décentralisation fonctionnelle au niveau central
a. La loi du 16 mars 1954 relative au contrôle des organismes d’intérêt
public
Il a fallu mettre un peu d’ordre dans ces organes décentralisés. La première mesure qui a été
prise a alors été la loi du 16 mars 1954, qui est la première tentative pour essayer faire rentrer ces
initiatives dans un cadre législatif commun, afin que l’État y puisse plus facilement appliquer sa
tutelle.
Cette loi, cependant, ne déclare pas totalement ce qu’on définit comme décentralisation
fonctionnelle : on en fait une liste seulement. D’emblée, tous les organismes publics ne sont donc
pas repris dedans. Elle n’est en plus que partielle, dans le sens où elle ne règle pas toutes les
questions relatives à la décentralisation fonctionnelle.
Cette loi règle trois choses : les principes relatifs aux pouvoirs de décisions, les règles concernant
les budgets et la comptabilité, et la détermination des statuts du personnel.
Cette loi introduit alors une classification des organismes d’intérêt public en fonction du
degré d’autonomie par rapport à l’autorité politique. La structure la plus proche du ministre est le
ministère, qui fait partie du pouvoir central sur le plan juridique.
Elle distingue donc quatre catégories en fonction de l’autonomie :
catégorie A : régies soumises au pouvoir hiérarchique du ministre, tout en constituant une
entité juridique séparée, avec un budget séparé devant être approuvé par le Parlement
catégorie B : établissements publics jouissant d’une autonomie organique et possédant
donc leurs propres organes de gestion ainsi qu’un budget séparé qui doit être approuvé par
l’autorité de tutelle
catégorie C : à l’origine les organismes financiers, qui ont le même régime que les OIP de
catégorie B, mais peuvent fixer eux-mêmes le cadre et le statut de leur personnel
catégorie D : auparavant organismes de sécurité sociale (mais plus depuis 1997)
VOIR EXEMPLE
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Chaque ministère a des missions précises à remplir. Lors de la création de l’Etat belge, leur
nombre s’élevait à cinq, et ils s’occupaient exclusivement des missions régaliennes, fonctions
d’autorité : finances, affaires étrangères, défense, maintien de l’ordre et justice. Au cours du XIXème
et du début du XXème siècle, le nombre de ministères s’est accru, en raison des nouvelles missions
économiques et sociales assumées par l’Etat. Les nouveaux départements ministériels (Education
nationales, Affaires économiques, Emploi et Travail, ...) remplissent dorénavant davantage des
fonctions de gestion.
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Les mécanismes centraux de gouvernement, ou MCG, sont, selon Molitor, des services ou
ministères à attributions générales exerçant à l’égard des autres une action de coordination, de
service ou de contrôle. Ce sont, dans le schéma précédent, ceux qui sont situés à gauche.
Avec la crise du coronavirus, on a mis en place le Conseil National de Crise, qui réunit la cheffe du
gouvernement, ainsi que les principaux ministres concernés par la crise, mais aussi les ministres
présidents des régions et des communautés. La cheffe du gouvernement joue un grand rôle afin
d’harmoniser les points de vue. Il est donc logique que le ou la Premierère ministre doit pouvoir
s’appuyer sur ces MCG, qui l’épaulent dans la coordination de l’action publique.
1. Les raisons du développement et du renforcement des MCG
En Belgique, depuis le roi Albert Ier, le roi n’assure plus la présidence du conseil des
ministres, et n’y assiste même plus. Il n’a donc plus de fonction de coordination du gouvernement.
La fonction de Premierère ministre a alors monté en puissance à partir de ce moment-là, par un
phénomène de présidentialisation. Ce rôle est devenu encore plus important après la Première
Guerre mondiale, où l’on a commencé à connaître des gouvernements de coalition.
2. Les MCG : structures et fonctions
a. Des organismes d’appui auprès du Premier ministre
Ces organismes sont généralement dédoublés entre ceux qui assurent une fonction
politique, et ceux qui assurent une fonction administrative. Le Premier ministre a donc autour de lui
la cellule de politique générale (ou cabinet ministériel), et le SPF Chancellerie.
Les MCG peuvent avoir plusieurs fonctions différentes, en termes d’appui au Premier ou à la
Première ministre :
fonctions d’intendance pour les organes collégiaux de décision (qui relèvent plutôt du SPF
Chancellerie)
Cela concerne le Conseil des ministres, le Conseil de Gouvernement, le Comité de concertation, et
les comités ministériels (permanents ou temporaires). Pour tous ces organes, il faut annoncer les
réunions, réserver les locaux, distribuer les documents, rédiger et distribuer les PV, …
contrôle général et parfois intervention directe dans des questions de compétence
intergouvernementale ou internationale
gestion politique quotidienne, c’est-à-dire relation entre le Gouvernement et le Parlement,
les partis, et les groupes de pression
gestion de l’appareil d’État, en ce qui concerne le personnel, les nominations importantes,
des impulsions aux réformes administratives, …
VOIR TABLEAU P. 26
b. Les organismes d’appui aux ministres
Auprès de chaque ministre se trouve un cabinet ministériel, que l’on appelle cellule de
politique générale. Les réunions inter-cabinets jouent un rôle très important, et c’est là que l’on
tranche des décisions politiques. Les aspects politiques sont discutés ici, entre les collaborateurs
des ministres.
c. Le rôle de soutien et de contrôle des départements horizontaux
Les départements horizontaux ont un rôle de soutien et de contrôle, en particulier de
l’Inspection des finances au niveau de la mise en œuvre du budget.
d. La coordination en réseau
Une coordination en réseau a lieu dans les différents domaines de politiques publiques, due
au fait que, en raison de la pilarisation de la société, les groupes de pression sont présents dans
différents organes de concertation et/ou de décision.
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6 Politisation au sens formel : en matière de sélection des fonctionnaires, embauchés sur base partisane
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Les collaborateurs, eux, sont davantage flexibles en termes d’horaires de travail, de carrières (c’est-
à-dire concernant la mobilité du personnel), …
le ministre est membre du gouvernement, et n’est pas seulement l’autorité hiérarchique
dans son département
Le ministre est membre du gouvernement, collégialement responsable des décisions du Conseil des
ministres, et a donc besoin d’appui, et surtout le Premier Ministre et les Vices-Premiers Ministres.
Leurs collaborateurs jouent alors un rôle d’« espions », et informent leurs ministres sur les dossiers
des autres ministères qui vont arriver au Conseil des ministres.
Le cabinet sert alors de « contre-pouvoir » afin de contrôler les projets politiques des ministres
appartenant aux autres partis de la coalition.
les cabinets sont des pépinières de futurs dirigeants politiques
Les cabinets sont une manière pour les partis, de tester la valeur de certains collaborateurs, qui
peuvent alors être soutenus afin d’occuper des fonctions de députés ou de ministres.
les cabinets sont une source d’information pour les partis, et s’immiscent dans les
procédures de nomination et de promotion des fonctionnaires
2. Le profil des conseillers politiques
La typologie de Connaughton, distingue plusieurs profils de conseillers politiques :
les experts : spécialistes de haut niveau dans un domaine relevant de la responsabilité du
ministre
les partisans : personnes désignées par le parti et chargées de veiller aux intérêts de ce
dernier au sein du cabinet
les coordinateurs : « généralistes » chargés de coordonner la politique gouvernementale, de
diriger et de surveiller la mise en œuvre de la politique du ministre par les fonctionnaires du
départements, et de participer aux réunions inter-cabinets
les gardiens : chargés de faire « éviter les pièges » au ministre, qui mettraient en péril son
avenir politique
David Aubin et Marleen Brans ont adapté cette typologie au cas belge, et ont montré qu’au
niveau fédéral, on trouve essentiellement des collaborateurs de cabinets, qui assurent le lien avec
les partis politiques.
3. Les critiques des cabinets ministériels
Il existe une série de critiques envers les cabinets ministériels, venant de l’administration,
d’experts universitaires ou d’observateurs de la société civile :
l’immixtion dans le fonctionnement quotidien des services en court-circuitant les
fonctionnaires généraux des administrations
le risque de décalage entre les vues très politiques et à court terme du cabinet, et la
nécessité pour l’administration de faire prévaloir des perspectives à long terme et une
continuité nécessaire à la mise en œuvre des politiques publiques
le phénomène de « cercle vicieux »
L’extension des cabinets a fini par déresponsabiliser et démotiver les fonctionnaires dirigeants, qui
sont dépossédés dans aspects essentiels des décisions politiques, ce qui peut finir par mettre à
mal leur expertise et leurs compétences techniques.
Une grande partie d’entre eux veulent rejoindre les cabinets en joignant un parti, ce qui politise
davantage l’administration lorsqu’ils y reviennent après la dissolution des cabinets. Cela renforce la
méfiance des ministres envers les hauts fonctionnaires, qui embauchent davantage des
collaborateurs, et ainsi de suite.
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La Belgique a été témoin de deux grandes réformes du système administratif en son sein au
cours du XXème siècle et du début du XXIème siècle :
la réforme « Camu » (1936-1940), élaborant un statut administratif et pécuniaire unique
pour l’ensemble du personnel des ministères
la réforme Copernic (1999-2003), tournant managérial visant la structure, les ressources
humaines et les méthodes de gestion de l’administration fédérale
Afin de comprendre les ressorts, le contexte, le contenu de ces réformes, nous allons nous
appuyer sur le modèle d’analyse de réforme des administrations publiques (public management
reform) élaboré par Pollitt et Bouckaert. Celui-ci nous aide à comprendre les dynamiques à l’œuvre
dans les transformations du système administratif.
Les réformes administratives qui sont réellement mises en œuvre dépendent de deux grands
facteurs : les forces socio-économiques et le système politique. Les variables socio-économiques
sont des changements à la fois du système économique, mais aussi du milieu socio-démographique,
qui engendrent des changements des politiques publiques, qui ont une influence sur la manière dont
les élites politiques conçoivent les réformes administratives. Au niveau du système politique, celui-
ci suscite la réflexion sur les idées politiques, à travers les programmes politiques, les relations que
les partis entretiennent avec les acteurs de la société, et donc portent certains projets à l’agenda.
C’est la combinaison de cela qui va amener au changement du système administratif, et alimente
les réformes.
Les auteurs insistent sur l’incidence de facteurs fortuits (chance events). Les bonnes idées ne
suffisent pas pour que les autorités politiques passent à l’acte, et certains événements internes ou
externes (crise, changement politique majeur, …) poussent les politiques à amener des
changements dans l’appareil administratif de l’État.
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l’assurance d’un juste équilibre entre les droits des agents et les intérêts supérieurs de
l’Etat
Pour ce principe, Camu élabore un statut disciplinaire relatif aux obligations des agents, en élaborant
des peines disciplinaires, tout en prévoyant un système de recours en cas de contestation sur le
signalement ou les peines disciplinaires.
l’assurance d’une collaboration permanente entre l’administration et ses agents
Il met en place des comités de personnel, associant les personnels à la bonne marche des services
et donnant aux organisations professionnelles la possibilité d’exprimer en toute liberté leurs avis
sur les problèmes qui dominent la carrière des agents.
Le statut consacre officiellement le syndicalisme administratif, tandis que le droit de grève
ne sera repris qu’en 1994 (ARPG) mais reconnu officieusement. On considérait que le droit de grève
était incompatible avec le principe de continuité du service public.
Le Service d’administration générale, rattaché auprès du Premier ministre, futur ministère de la
Fonction publique est créé. Il est le « gardien de l’uniformité » face aux velléités d’autonomie des
départements
II. Entre les réformes « Camu » et Copernic, les efforts de modernisation de 1980 à 1999
Entre 1950 et 1980, il ne s’est plus passé grand-chose en termes de réformes
administratives fondamentales.
A partir des années 1980, la Belgique se trouvait dans une situation financière difficile. Le Solde Net
à Financer, indicateur du déficit public s’est brusquement détérioré. Les politiques se sont alors mis
en alerte, craignant que la charge d’intérêt soit trop importante et fasse une pression trop forte.
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Cela réduisait les ressources disponibles pour d’autres secteurs. C’est un premier signal d’alarme,
qui va signifier une période d’austérité, où l’on va réduire, rationaliser, et dégraisser l’appareil d’État,
de manière à faire des économies. Parallèlement, une pression de type économique ou industrielle a
lieu.
On se rend alors compte que la question de la performance de l’appareil administratif se pose : on
doit faire en sorte de mieux gérer l’État. On a besoin de sécurité juridique, mais celle-ci ne doit pas
se faire au détriment de la performance.
Ce qui a freiné le développement de la réforme administrative sont les enjeux
communautaires. Les autorités politiques étaient occupées à mettre en place ces réformes
institutionnelles, qui voulaient régler les conflits internes sans se préoccuper de la performance de
l’État.
On peut se demander quelle a été la part du citoyen dans le déclenchement des réformes
administratives. La Marche blanche notamment, en octobre 1996, qui a mobilisé 300 000
personnes, a montré la désapprobation des carences de la police et de la justice.
VOIR RÉCAPITULATIF DES RÉFORMES ADMINISTRATIVES
En 1980, sont mises en place les régions et les communautés (qui abandonnent l’adjectif
culturelles). Se pose alors la question du support administratif de ces nouvelles entités. On adopte
donc, grâce à l’arrêté royal sur les principes généraux communs à l’ensemble des fonctions publiques
(ARPG) de 1994, le modèle égalitaire de Mény : chaque entité met en œuvre elle-même ses propres
compétences et dispose de ses propres services administratifs. Chaque gouvernement dispose
d’une administration, d’institutions décentralisées, et d’un personnel, et peut aussi fixer le cadre
(c’est-à-dire le nombre d’emplois) et procéder aux nominations.
Les règles relatives aux relations entre les autorités publiques et les organisations
syndicales des agents relevant de ces autorités, ainsi qu’avec les membres de ces organisations
syndicales, relèvent en ce qui concerne les communautés, les régions et les personnes morales de
droit public qui en dépendent y compris l’enseignement, de la compétence de l’autorité fédérale, sauf
en ce qui concerne la RTBF et le Commissariat général aux relations internationales de la
Communauté française. Toutefois, le Gouvernement de la Communauté française peut décider
d’appliquer pour ces deux institutions les dispositions légales précitées. Ainsi, les régions et
communautés fixent les règles relatives au statut administratif et pécuniaire de leurs agents, à
l’exception des règles relatives aux pensions.
La question est de savoir si on donnait une totale liberté en ce qui concerne la gestion de la
fonction publique, ou si l’on impose le statut Camu. On trouve un compromis à la belge, comme
toujours : on donne alors une autonomie encadrée. L’arrêté royal fixe quelles mesures de la réforme
Camu vont être appliquées au personnel des communautés et régions.
Du côté flamand, des voix s’élèvent afin de pouvoir sortir de ce cadre. Cet arrêté royal est alors
supprimé en 2014, donnant une liberté totale aux régions et communautés quant à l’organisation du
statut de leur personnel.
En matière de mandats, au niveau des agents de niveau A, l’ARPG pose que le personnel n’est
plus nommé à vie, mais pour un mandat de 6 ans pouvant être renouvelé par une évaluation favorable.
Cela introduit un changement fondamental, qui pousse les fonctionnaires à être performants et
réactifs, en leur faisant intégrer qu’ils ne sont plus inamovibles.
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remplacé en 2016 par un contrat d’administration, qui regroupe les plans de chacun des
mandataires.
Les postes, pour les rangs n (présidentes de comité de direction) et n-1 (directeurrices
généralesaux), sont ouverts à des personnes venant du secteur privé ou d’autres organisations
publiques. Ils ne sont donc plus réservés à celles et ceux qui travaillent déjà dans l’administration
fédérale.
La procédure de recrutement se déroule comme suit :
présélection par SELOR, et classement en « aptes », « très aptes » et « moins aptes ».
choix des candidats par les ministres parmi les « très aptes » (et éventuellement dans une
catégorie inférieure si on ne trouve pas ce qu’on veut)
On appuie donc sur la compétence, et on laisse les ministres choisir les candidats. Le rôle du pouvoir
politique dans le recrutement des cadres dirigeants est reconnu, ce qui crée un climat de confiance
entre le pouvoir politique et le pouvoir administratif. Cela existait déjà, mais de manière occultée.
Ici, c’est officialisé.
IV. Conclusion
Quelles leçons peut-on tirer des transformations successives du système administratif ?
Quels points de comparaison peut-on établir entre les deux grandes réformes qu’a connues
l’administration fédérale ?
Pollitt et Bouckaert ont élaboré un modèle d’analyse des transformations du système
administratif. Pour qu’il y ait transformation du système administratif, certains facteurs doivent être
à l’œuvre : des conditions socio-économiques, ainsi que des conditions liées au système politique.
Dans la réforme Copernic comme dans la réforme Camu, on est dans des moments où la
Belgique rencontre des problèmes de finances publiques. En ce qui concerne la réforme Camu, la
Belgique fait face à la crise de 1929. Pour la réforme Copernic, c’est le moment où la Belgique
souhaite faire partie des pays adhérant à l’euro, et doit donc rencontrer certains objectifs de
convergence, en faisant des efforts afin d’améliorer la situation de ses dépenses publiques, en les
réduisant. Ces deux situations économiques sont différentes, mais montrent toutes deux un besoin
de réduire les dépenses publiques.
Alain Camu trouve son inspiration dans les réformes du civil service au Royaume-Uni, ainsi
que dans la pensée de l’administration en France, mais aussi dans l’organisation scientifique du
travail aux États-Unis.
Ces idées sont portées pas les partis politiques, qui ont un rôle d’impulsion : dans les deux cas, les
partis, compte tenu du contexte et des idées qui circulent, inscrivent ce point de la réforme
administratif dans l’agenda politique.
Parmi ces facteurs liés au système politique, Pollitt et Bouckaert soutiennent que la
pression des citoyenes joue également un rôle. Ici c’est difficile de déterminer si cette pression a
pu jouer, compte tenu de l’inexistence de la démocratie participative en Belgique, malgré quelques
exceptions de consultation.
Il y a eu une manifestation importante en 1996, la marche blanche, événement ayant secoué les
citoyens et les politiques, mais il est difficile de dire à quel point cette pression de la rue a pu avoir
un effet sur la mise à l’agenda de la réforme administrative.
Dans les deux cas, les partis politiques, surtout ceux qui étaient parti prenant au
gouvernement étaient conscients qu’il fallait rétablir la confiance dans l’autorité de l’État et les
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institutions. En 1935 à cause de la montée des partis extrêmes, et dans les années 1999 à cause
du scandale de la crise de la dioxine.
Pour que ces idées qui sont à l’agenda soient traduites en termes de réformes, il faut
d’autres éléments :
il faut souvent un entrepreneur politique, qui porte la réforme
Dans le cas de la réforme Camu, c’est un commissaire royal à la réforme administrative, tandis que,
dans le cadre de la réforme Copernic, c’est un ministre des réformes administratives. Camu est un
expert du privé, tandis que Van Den Bossche est un politique. Le rôle des entrepreneurs politiques
est important pour que la réforme soit traduite dans la loi puis dans les faits, en donnant des
directives à l’administration et en mettant en œuvre les décisions.
il faut également des événements fortuits, qui donnent un coup d’accélérateur aux choses
Dans le cas de la réforme Camu, cela concerne les scandales politico-financiers, qui ont érodé la
confiance. En ce qui concerne la réforme Copernic, c’est la crise la dioxine qui a accéléré les
changements administratifs.
Si l’on analyse le contenu des réformes, on peut voir des similitudes entre les deux réformes
administratives : réaménagement de la structure ministérielle, création de nouveaux départements,
mise en place d’un nouveau statut de la fonction publique, …
Enfin, un résultat non atteint ressort dans les deux réformes : un frein est mis à la
dépolitisation. C’est paradoxal, parce qu’il y avait une réelle volonté de dépolitisation.
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Ce qu’il est important de souligner et qu’il se peut qu’il y ait une certaine divergence résultant
soit de la discussion entre les partis, ou d’événements externes.
En France, le confinement a soulevé des problèmes de maintien de l’ordre dans certains quartiers.
Les autorités locales ont dû adapter, modeler la politique publique, afin de faire respecter le
confinement.
Les textes sont ainsi souvent adaptés, ce qui résulte du jeu des acteurs, qui négocient et modèlent
les produits concrets de la politique publique. Les décisions se prennent donc dans des
environnements socio-politiques spécifiques. La société civile réagit aux décisions prises. Le
pouvoir politique doit donc tenir compte de cela.
B. Les ministres
Les ministres sont choisis par les chefs des partis, et nommés officiellement par le roi.
C. Les parlementaires
Les parlementaires ont perdu progressivement une partie de leurs pouvoirs. Ils sont très
dépendants du parti, et doivent respecter la discipline du parti : ils n’ont pas beaucoup de marge de
manœuvre afin d’exprimer un vote individuel qui irait à l’encontre de la position du parti. Ils sont
contrôlés à travers les secrétariats de groupe, ainsi que lors de la constitution des listes.
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E. L’administration
On considère que l’administration a, en Belgique, peu d’influence dans le processus de
décision, à l’exception des corps de contrôle : l’Inspection des finances (contrôleur interne à
l’administration) et la Cour des comptes (auditeur externe agissant pour le compte du Parlement)
ont un rôle effectif dans le contrôle des finances publiques (recettes et dépenses).
Le Bureau du Plan ou le Banque Nationale de Belgique peuvent aussi avoir un certain rôle, mais sont
des exceptions.
Aubin, Brans et Fobe ont fait une analyse du middle management des départements
ministériels, concernant leur implication dans l’élaboration des politiques. Cette implication est
assez faible, et le middle management concentre environ 50 % de son activité à la mise en œuvre
des politiques, et 30 % à l’analyse juridique des projets émanant du gouvernement. Mise à part les
fonctionnaires dirigeants, l’administration est donc peu impliquée dans l’élaboration des politiques
publiques.
Cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs :
l’inexistence de grandes écoles (comme l’ENA) chargées de formée des cadres, de créer un
« esprit de corps » et de susciter une réflexion sur le fonctionnement de l’administration
Les politiques eux-mêmes sont réticents à créer une telle école, de peur que l’administration leur
fasse de l’ombre.
la faible estime de l’administration par la population
Cela peut témoigner d’un rejet du pouvoir central, mais cet argument ancien peut-être dû également
au fait de la domination historique de la Belgique par des autorités politiques étrangères, que la
population a toujours rejetées.
la méfiance des politiques quant à la loyauté de la haute administration
la dimension de court terme de la plupart des décisions publiques
F. Les experts
Les experts contestent en ce domaine le pouvoir d’influence des hauts fonctionnaires. Leur
influence est variable suivant les secteurs. Ils apportent une connaissance technique et leur
influence se produit directement sur le pouvoir politique, parce que ces experts sont souvent
présents directement dans les cabinets, et participent à des GT « techniques », …
Il y a plusieurs types d’experts :
consultants en organisation, cabinets d’avocats
« think-tanks »
organismes internationaux : UE, ONU, FMI, OCDE, …
G. La presse
La presse est parfois considérée comme un quatrième pouvoir, à cause du poids des grands
éditorialistes.
Dans le cas des dossiers communautaires, ceux-ci ont parfois joué un grand rôle et ont orienté la
réaction des partis politiques.
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budget, et d’autre part, en recourant pour le surplus à l’arbitrage du Premier Ministre ou, dans les
régions et les communautés, du ministre-président.
En Belgique, le Premier Ministre n’est pas celui qui a amené les partis vainqueurs aux élections. Il
est désigné par le roi parmi les partis vainqueurs. C’est un « premier parmi ses pairs », un
coordinateur, mais n’a pas l’autorité, comme c’est le cas en France ou encore au Royaume-Uni,
d’imposer son point de vue aux autres, sauf dans le cas d’une très forte personnalité.
Ces trois contraintes combinées de complexité, d’interdépendance et d’incertitude
entrainent différentes conséquences :
une charge intense de communication en face à face entre les ministres et entre les
collaborateurs
Cela contribue à créer des rapports de force et des jeux de pouvoir permanents entre les membres
de la coalition : on négocie perpétuellement des décisions entre les membres de la coalition. Chacun
cherche à mobiliser ses ressources afin d’influencer les dossiers, au risque d’un enlisement
généralisé dans la conflictualité.
Au plus on approche des élections, au plus le climat politique se détériore, et donc il devient de plus
en plus difficile de faire passer des dossiers en Conseil des ministres voire au Parlement.
Il existe une série de mécanismes de concertation au sommet afin de « réguler la pression » dans
la gestion des dossiers et projets politiques : le Conseil des ministres, le comité ministériel
restreint, les réunions des directeurs de cabinets, ou les réunions inter-cabinets.
l’omniprésence des jeux de pouvoir entraîne à son tour toute une série de dysfonctions liées
à la méfiance entre les partenaires
La pauvreté de la communication entre ces ministres obsédées par la peur de perdre la face
participe à affaiblir la qualité de la coordination au sein du gouvernement.
la conjonction des contraintes impose de travailler en réseau, plutôt que hiérarchiquement
Il s’agit alors d’absorber la charge de coordination en s’impliquant dans une diversité de relations
interpersonnelles.
le travail en réseau et les trafics d’influence forment un obstacle à la légitimation de l’action
politique
Tout cela nous donne un constat assez sombre du travail ministériel.
IV. Conclusion
Le « New Deal » est une politique en faveur de l’emploi, qui été lancée par le gouvernement
bruxellois à partir de 2011. Celle-ci visait à améliorer le contenu de la politique de l’emploi, mais
surtout à concevoir autrement l’action publique sur le territoire de Bruxelles. Le gouvernement
bruxellois a donc voulu essayer de trouver une autre manière d’élaborer les politiques publiques.
Ce dispositif vise à associer les différentes acteurrices compétentes sur le territoire bruxellois.
VOIR SCHÉMA
Ainsi, la RBC, son administration et ses agences, une série d’organes de concertation, les
commissions communautaires (entités décentralisées dépendant des deux communautés), les
deux communautés, les CPAS, les communes … interviennent dans la politique de l’emploi.
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Dans quelle mesure cette politique du « New Deal » cherche-t-elle à surmonter les
contraintes soulignées plus haut ?
l’interdépendance
Le fait que le gouvernement bruxellois, pour mettre en place sa politique, a besoin de mettre en place
un dispositif allant au-delà des compétences de la région, associant à la fois des acteurs publics et
privés, qui est une gouvernance en réseau, tend à tenir compte des contraintes, au sein d’une région
très fragmentée7.
la complexité
Pour résoudre ce problème, le gouvernement bruxellois a conclu une méthode de « coordination
ouverte » : un certain nombre de lignes de conduites de cette politique ont été discutées au sein du
CBCES (Comité Bruxellois de Concertation Économique et Social), instance où siègent les
partenaires sociaux et le gouvernement, où l’on s’est mis d’accord sur un certain nombre de points,
et l’on a confié des actions concrètes en exécution des lignes directrices à de groupes de travail qui
élaborent des directives pratiques afin de mettre en œuvre cette politique.
l’incertitude
Il faut, si l’on veut éviter l’incertitude et la méfiance, non seulement créer des organes comme les
groupes de travail ou le CBCES, mais également créer des synergies, mettre en commun des
connaissances et des compétences. Il faut pour cela des ressources et du temps afin de créer des
relations et des structures8. On espère alors arriver à une meilleure entente et une bonne
coopération.
Ce texte sur le « New Deal » est le résultat d’une évaluation qui a été faite du dispositif. Ce
qui en ressort est un certain nombre de points forts et de points faibles.
La coopération contribue à renforcer la confiance entre les acteurrices, et a permis de créer des
réseaux personnels informels, qui permettent d’assurer un bon processus. Des nouveaux liens de
coopération ont été créés entre des acteurrices qui ne se parlaient pas ou très peu.
En revanche, le « New Deal » n’a pas réussi à faire bouger la complexité de la situation
institutionnelle à Bruxelles : on aurait pu par exemple envisager une modification de la répartition
des compétences sur le territoire de RBC. De plus, dans ce genre de dispositif, vu que la région ne
peut pas imposer la coopération, on compte sur le bon vouloir des acteurrices : certaines sont
donc restées un peu à l’écart, n’ont pas joué le jeu. L’implication des acteurrices est donc très
variable entre eux, ainsi que dans le temps.
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On entend souvent dire que la Belgique est au bord de l’éclatement. On peut alors se
demander quel est réellement ce risque, et quels sont les scenarii possibles pour imaginer l’avenir.
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C’est le cas de la parité au Conseil des ministres, ainsi qu’au Collège réuni de la COCOM, qui
nécessitent un consensus ; mais également en ce qui concerne les règles de majorité spéciale au
Parlement fédéral pour modifier la Constitution et les LSRI ; ou encore de la procédure de la sonnette
d’alarme et celle de prévention des conflits d’intérêt.
Tout cela tend à montrer que le système possède des traits confédéraux.
II. Pourquoi le modèle belge de pacification est-il mis davantage sous pression ?
Comment peut-on expliquer la longueur des crises gouvernementales en 2007, 2011 et
2019-2020 ? Pourquoi est-il plus difficile d’arriver à conclure un compromis sur le plan institutionnel
aujourd’hui par rapport à il y a 20 ou 30 ans ?
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sur davantage de « sous » pour les Francophones en échange d’un accroissement de compétences
aux entités fédérées pour les Flamands – a conduit à une radicalisation des positions du côté
flamand, ce qui expliquerait la montée en puissance des partis nationalistes.
On a de plus un éparpillement des voix avec l’émergence de nombre de nouveaux partis, comme les
Ecolos et Groen.
Cela rend compliquée une décision.
1. Du côté flamand
La Résolution du Parlement flamand de 1999, adoptée par tous les partis, reste la ligne de
conduite des revendications :
une extension de l’autonomie fiscale des régions
une transformation des mécanismes de solidarité interrégionale de manière à diminuer les
transferts Nord-Sud
des paquets de compétences plus homogènes au bénéfice des entités fédérées
une structure fédérale de la Belgique fondée sur deux États fédérés, un flamand et un
francophone, flanqués de deux entités, Bruxelles-Capitale et la Communauté germanophone,
lesquelles n’auraient pas le même statut
C’est le modèle dit du « 2 + 2 ».
2. Du côté francophone
Au niveau politique, on n’a pas assisté à un changement politique majeur au niveau des partis
(malgré quelques changements électoraux) : le PS reste toujours le parti dominant, rassemblant
30% à 35% des voix et étant au pouvoir en coalition depuis 1988 sans interruption. Beaucoup
d’auteurrices en conviennent, même s’il n’a pas de majorité absolue, le PS possède toute une série
de réseaux qui gravitent autour de lui. La présence du PS dans la gouvernance est donc très
importante.
La dualité de l’espace francophone, entre la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles, avec des
institutions séparées, est un handicap à produire une vision partagée sur le long terme. Il y a donc
deux options à opter, qui divisent : jouer la carte régionale, notamment en transférant la compétence
sur l’enseignement de la Fédération à la Région, ou au contraire, privilégier l’option d’un espace
interrégional développant la collaboration entre Francophones wallons et bruxellois pour contrer
l’hégémonie flamande.
Les francophones s’accordent cependant sur le rejet du modèle « 2 + 2 » prôné par les flamands.
Les partis francophones restent aussi très attachés au fait d’avoir une autorité fédérale avec des
compétences étendues.
III. Quels sont les scenarii possibles pour l’avenir du modèle fédéral belge ?
A. La poursuite dans la lignée du modèle actuel
On pourrait garder le modèle actuel, c’est-à-dire une structure fédérale avec trois régions et
trois communautés. La négociation porte sur les points suivants :
des paquets plus homogènes de compétences
une plus grande responsabilité financière des régions
une Région de Bruxelles-Capitale plus forte, c’est-à-dire mieux organisée (par la
simplification) et mieux financée (en raison des charges supportées pour les autres régions)
la création d’une circonscription fédérale pour élire une partie des députées de la Chambre
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Pauline Huillard SPOL1BA 2019-2020
Cela aurait pour but de renforcer la responsabilité des élues vis-à-vis de l’ensemble de la
population, et pas seulement vis-à-vis d’une communauté.
des élections organisées simultanément à tous les niveaux de pouvoir
La sixième réforme de l’État s’inscrit clairement dans ce premier scénario. Tous les points
énumérés ci-dessus n’ont toutefois pas été rencontrés :
concernant les paquets de compétences, certains domaines sont devenus plus homogènes,
comme les allocations familiales, mais pas d’autres
on a accordé une responsabilité financière aux régions, mais on reste dans un mécanisme
très complexe combinant à la fois la responsabilité financière9 et la solidarité interrégionale
Certains mécanismes ont donc été gardés, tandis que l’on a quand-même accordé davantage de
responsabilité financière aux régions.
l’idée de créer une communauté métropolitaine entre Bruxelles et son « hinterland »10 est
restée une lettre morte en raison de l’opposition du Gouvernement flamand
Cette communauté aurait pour mission d’organiser une concertation (sans pouvoir de contrainte)
entre les trois régions portant sur la mobilité, la sécurité routière, les travaux routiers, autour et
vers Bruxelles.
la circonscription fédérale n’a pas non plus été acceptée
des élections organisées simultanément à tous les niveaux de pouvoir ?
La durée de la législature fédérale passe de 4 à 5 ans ; les élections fédérales auront lieu dorénavant
en même temps que les élections européennes. Mais dans le même temps, l’Accord prévoit que les
entités fédérées disposeront de l’autonomie constitutive pour éventuellement modifier la durée
(actuellement de 5 ans) de leurs propres législatures !
Plus fondamentalement, la question est de savoir où s’arrêtera ce scénario de fédéralisme
centrifuge. Cette question est cruciale.
B. Le confédéralisme
On parle ici de confédéralisme au sens donné à ce terme dans le débat politique belge et non
selon la définition juridique traditionnelle. Dumont envisage la constitution de deux pôles, un État
fédéré flamand et un État fédéré wallon-bruxellois. Le modèle adopte ici la logique (confédérale) du
« 2+2 », mais sans passer juridiquement par une séparation d’une des entités (en l’occurrence la
Flandre). Le nouvel article 35 serait mis en œuvre pour déterminer les (rares) compétences
attribuées au pouvoir fédéral (défense, affaires étrangères, nationalité, dette fédérale, …).
La difficulté à résoudre est d’abord d’amener les francophones à discuter d’un tel scénario.
À supposer qu’on puisse mettre le sujet sur la table, quelques questions seraient à soulever :
la délimitation territoriale de chaque entité, et en particulier de Bruxelles
la mise en place des mécanismes de coopération pour les projets communs à toutes les
entités (lignes de chemin de fer, gestion des cours d’eau, …)
la dette publique, supportée jusqu’à présent par l’Autorité fédérale
le statut à accorder à la Région de Bruxelles-Capitale, ainsi qu’à la Communauté
germanophone
9 Notamment par l’instauration d’un IPP régional et l’utilisation de la seule clé du revenu IPP dans chaque région pour
les dotations
10 Prévu par l’accord de gouvernement Di Rupo 2011
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D. L’éclatement de la Belgique
Même si en Flandre, plus de 40 % des électeurs votent pour des partis nationalistes, cela
ne veut pas dire que tous sont séparatistes. Seulement 15 % de l’électorat serait favorable à une
indépendance de la Flandre. Ce serait cependant possible d’établir une séparation complète de la
Belgique, en surmontant quelques difficultés :
la détermination des entités qui deviendront des Etats indépendants
l’accord sur le mode d’exercice du droit à l’autodétermination et sur la façon de s’inscrire
dans une structure confédérale
la délimitation territoriale de chaque entité
la dette publique supportée jusqu’à présent par l’autorité fédérale
le protection des minorités dans les communes à facilité
la réaction de la communauté internationale
les conséquences économiques
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