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Université de LILLE

UFR PsySEF

L3 Sciences de l’éducation et de la formation

BCC 1 UE 1 : Inégalités sociales et territoriales

HOUSSEIN AHMED Wala : 42117401

Devoir 1:

M. Ugo Palheta 2023-2024


La France n'a jamais été exemptée de certaines formes de ségrégation, bien que cela varie
d'un territoire à l’autre, d’une région à l'autre et d'une communauté à l'autre. Pour mieux
comprendre ce phénomène de ségrégation, il est essentiel de commencer par le définir. D’après le
cours suivi s’intitulant « Inégalités sociales et territoriales », la ségrégation serait en quelque sorte la
distribution différenciée des personnes elles-mêmes selon leurs propriétés de classe, de genre,
ethno-raciales, d’âge, etc. : dans l’espace, dans le monde du travail, dans le système éducatif, etc.
D’après l’article sur le site Cairn, dont le titre est « ségrégation et discrimination: inégalité,
différence, altérité », « ségréguer, c’est, étymologiquement, séparer du troupeau, instaurer une
distance physique, spatiale, entre une partie (un ou plusieurs éléments) et le reste du groupe » (V. de
Rudder, C. Poiret & F. Vourc’h, 2000). La ségrégation peut se manifester à travers des disparités
socio-économiques, ethniques, résidentielles et en termes d'accès aux services et infrastructures.
Lorsque nous parlons de ségrégation nous impliquons forcément une population dans un territoire
donné. Nous savons que le territoire est toujours défini ou situé socialement et géographiquement.
Aujourd'hui, nous allons traiter cette question de ségrégation dans ma ville de résidence : Lille.
Ainsi, nous pouvons nous poser la question suivante : Dans quelle mesure les territoires du pôle
de la ville de Lille sont-ils ségrégués et quelles conséquences cela peut avoir ? Dans une
première partie, nous allons pouvoir énumérer les 3 types de ségrégations perceptibles à Lille, dans
une seconde partie nous allons traiter les données statistiques recueillies à travers l’étude d’une
seule forme de ségrégation. En troisième partie, nous allons finir par énoncer les conséquences des
formes de ségrégation.

Lorsque nous nous retrouvons dans un territoire, nous pouvons logiquement bénéficier des
opportunités et des services que ce territoire nous offre. Ces opportunités peuvent s’avérer inégales
puisque selon le territoire, nous pouvons avoir un accès ou non à certaines ressources. Nous
pouvons citer les transports publics, l’accès aux services médicaux et aux soins, l’emploi ou la
scolarisation. Concernant la ville de Lille, la ségrégation peut être observée sous plusieurs formes,
telles que la ségrégation socio-économique, ethnique ou encore spatiale. En termes de ségrégation
socio-économique, on observe souvent une concentration de populations défavorisées dans certains
quartiers de la ville, tandis que d'autres quartiers sont plus aisés. A Lille, on peut observer des
quartiers où les habitants ont des niveaux de revenus et des conditions de vie significativement
différentes. Comme nous le savons tous, c’est dans les quartiers les plus riches se situant du côté
Nord de Lille que résident les populations aisées tandis que les populations les plus modestes
occupent plutôt les quartiers défavorables au niveau du côté Sud de la ville. Ainsi, les habitants de
certaines parties de la ville peuvent se retrouver avantagés par rapport à d’autres à cause de leur lieu
de résidence.
La ségrégation ethnique peut également être un facteur de division, avec des quartiers où une
population particulière prédomine. Cette forme de ségrégation se réfère à la séparation physique ou
sociale des différentes origines ethniques, avec des conséquences sur la diversité culturelle et le
vivre-ensemble. La ségrégation ethnique peut donc être présente dans certains quartiers, avec une
concentration de populations issues de minorités ethniques. Cela peut entraîner des problèmes de
discrimination, d'intégration et de cohésion sociale.
En termes de ségrégation spatiale, Lille a connu une forme de séparation entre le centre-ville et les
quartiers périphériques. Rappelons que la ségrégation spatiale s'intéresse aux différences au niveau
des caractéristiques des espaces et aux individus qui les occupent. En effet, cette forme de
ségrégation découle généralement de la ségrégation socio-économique ou encore la ségrégation
résidentielle. À Lille, comme dans d’autres villes françaises, on retrouve une certaine logique
concernant la répartition de ses espaces: si nous provenons des groupes les plus socialement
favorisés, nous aurions tendance à vivre dans des quartiers où vivent des personnes ayant des
caractéristiques sociales similaires aux nôtres. Ainsi, cette forme de ségrégation peut causer d’autres
types de ségrégation, comme la ségrégation scolaire ou professionnelle par exemple.
Dans cette partie, nous allons nous intéresser à une forme de ségrégation qu’on voit à
l’échelle internationale, et qui ne cesse de s’accentuer à travers les années : on parle de la
ségrégation socio-économique. Si l’on fait un retour sur l’histoire socio-économique de la ville de
Lille, nous nous apercevons que dès le XIXe siècle, et suite à l’effondrement de l’industrie textile et
la tertiarisation de l’économie, une séparation entre population aisée et population précaire
s'accentue de plus en plus. En effet, la population bourgeoise voulait s’éloigner des quartiers
ouvriers, afin d’éviter les troubles sociaux et la pollution. Ainsi, elle créa ses quartiers d’habitation,
comme Marcq-en-Baroeul ou Lambersart, pour mieux cohabiter avec ses semblables dans de
meilleures conditions de vie. Du côté des classes populaires, cette crise a également provoqué la
précarisation de cette classe, notamment des ouvriers. Cette catégorie a subi une exclusion du
marché du logement, due aux prix exorbitants de l’immobilier dans les zones lilloises dites
favorisées, ce qui les poussait à aller vers les logements sociaux occupés principalement par les
populations précaires et se situant dans d’autres extrémités de la ville.

Après une documentation sur les sites proposant des données statistiques liées à cette ségrégation,
nous avons réussi à obtenir des éléments démontrant ce phénomène dans la ville de Lille. D’après
l’étude qui a été mené en 2012 par l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques
(INSEE), s’intéressant à la part des ménages à bas et hauts revenus au sein des carreaux du pôle
urbain de Lille, nous voyons une forte séparation de la population en fonction des ressources
économiques. En effet, à travers cette carte nous voyons que la commune de Roubaix regroupe
principalement les populations ayant de faibles ressources économiques, les populations ayant des
revenus mixtes se trouvent plutôt au niveau du centre-ville et aux alentours. Cependant, les
populations les plus aisées sont fortement concentrées au niveau du nord de l’agglomération lilloise,
comme à Croix par exemple.

En
2019, l’étude menée par l’INSEE sur la mixité et les revenus, démontre que dans le pôle de Lille, on
remarque un changement au niveau global de la situation socio-économique de la population. En
effet, on voit que le pôle de la ville de Lille est occupé par des populations ayant des revenus très
variés selon les différentes zones de la ville. D'après la carte, nous constatons qu’une grande partie
des habitants de la ville de Lille sont partagés entre la population aisée et la population mixte. On
constate également trois zones qui sont principalement marquées par la précarité et où les plus bas
revenus du pôle sont surreprésentés ; ici on parle de Roubaix, Tourcoing et Lille-Sud. En effet, dans
ces trois communes se trouvent également les QPV (quartiers prioritaires de la ville), c'est-à-dire
« les territoires où s’appliquent les politiques de la ville, politique qui visent à compenser les écarts
de niveau de vie avec le reste du territoire », d’après la définition proposée par le Centre
d’Observation de la Société (2018). En effet, plus de trois roubaisiens sur quatre vit dans un QPV ce
qui nous explique pourquoi Roubaix se distingue à l’échelle nationale par une très forte
concentration de la pauvreté. À Lille Sud, Tourcoing et Roubaix on retrouve le plus d’individus
exposés aux fragilités socio-économique, tel que le chômage ou la mono parentalité, c’est
également dans ses zones-là où les habitants occupent le plus de logements du parc social. Si l’on
s’intéresse à la question de la mixité socio-économique, on observe qu’en 2019, d’après la carte de
l’INSEE, 19% de la population du pôle de Lille réside dans les quartiers où les revenus sont mixtes,
on cite la commune de La Madeleine, le côté sud d’Hellemmes, Haubourdin ou encore Faches-
Thumesnil. Ce chiffre reste moindre, et il n’a cessé de diminuer à travers le temps. En effet, cette
régression des quartiers mixtes est principalement causée par la gentrification de certains territoires
dans le pôle de Lille (ex: Wasquehal) ou alors l’appauvrissement d’autres (ex: Wattrelos).

Maintenant que nous avons étudié la ségrégation socio-économique du pôle de la ville de


Lille, il serait intéressant de comprendre ses conséquences ainsi que les conséquences des autres
formes de ségrégations préalablement citées. Les conséquences de la ségrégation peuvent être
nombreuses. L'une des principales est la reproduction des inégalités sociales et économiques déjà
existantes entre les différents groupes de population, ce qui provoquera une fragmentation sociale
ainsi qu'une dégradation de la qualité de vie et des services dans les quartiers les plus défavorisés.
Certaines parties de la ville, ( ici nous faisons référence aux trois zones cités où se retrouvent les
QPV ), peuvent être plus pauvres, ainsi les habitants peuvent avoir un accès limité à l'éducation, à
l'emploi et à des services de qualité, tandis que d'autres quartiers peuvent offrir davantage
d’opportunités. Ces conséquences peuvent créer des barrières culturelles et accentuer les inégalités
sociales. De ce fait, la ségrégation peut donc perpétuer un cercle vicieux de pauvreté menant
possiblement les individus concernés vers une exclusion.
La ségrégation peut également engendrer un manque de compréhension et de dialogue entre les
communautés, favorisant ainsi les préjugés sur certaines catégories. Ce manque de dialogue peut
conduire à des tensions et à des conflits entre les communautés, en favorisant le repli sur soi et
l'isolement social. Cette division peut créer une fracture urbaine, avec des conséquences sur
l'aménagement du territoire, la qualité de vie des habitants et la dynamique économique de la ville.
En effet, la ségrégation peut aussi limiter les opportunités de développement personnel et
professionnel pour ceux qui en sont victimes.

Pour conclure, cette étude m’a permis de mieux connaître mon territoire de résidence, cela
m’aidera à avoir un regard analytique de la société et du monde qui m’entoure. En effet, l’analyse
de la ségrégation socio-économique nous a conduit à la conclusion que la métropole lilloise est un
territoire aux fortes différenciations socio-économique dans lequel Roubaix apparaît comme une
polarité très précarisée. La ségrégation territoriale est un phénomène complexe qui peut avoir des
conséquences importantes sur la société et l'environnement social. Il est important pour les autorités
locales et la société civile de travailler collectivement pour atténuer les effets de la ségrégation en
promouvant une plus grande mixité sociale, en favorisant une meilleure inclusion de tous les
habitants de la ville et en luttant contre les discriminations. Cela peut passer par des politiques
d'aménagement urbain équilibré. En effet, l’État devrait investir dans des programmes de
rénovation urbaine afin de favoriser l'accès équitable aux services et aux opportunités. Une ville
plus inclusive et égalitaire est bénéfique pour l'ensemble de ses habitants, favorisant à la fois la
cohésion sociale et le développement économique.
BIBLIOGRAPHIE :

de Rudder, V., Poiret, C. & Vourc’h, F. (2000). 3. Ségrégation et discrimination : inégalité,


différence, altérité. Dans : , V. de Rudder, C. Poiret & F. Vourc’h (Dir), L'Inégalité raciste:
L'universalité républicaine à l'épreuve (pp. 47-70). Paris cedex 14: Presses Universitaires de
France. https://www.cairn.info/l-inegalite-raciste--9782130508861-page-47.htm

Ségrégation résidentielle marquée à Lille, les autres pôles urbains du Nord plus mixtes - Insee
Analyses Hauts-de-France - 158. (s. d.). https://www.insee.fr/fr/statistiques/7661482

Séparation résidentielle marquée dans les agglomérations de Lille, Creil et Amiens - Insee Analyses
Hauts-de-France - 19. (s. d.).
https://www.insee.fr/fr/statistiques/2019654

Louis.Maurin. (2018, 20 septembre). Quartiers prioritaires. Centre d’observation de la société.


https://www.observationsociete.fr/definitions/quartiers-prioritaires/#:~:text=Les%20quartiers
%20dits%20%C2%AB%20prioritaires%20%C2%BB%20de,revenus%20sont%20les%20plus
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