Vous êtes sur la page 1sur 94

Institutions Administratives

INTRODUCTION
La France

En institutions administratives, la question de lʼEtat centralisé ou décentralisé est très


importante.
Pourquoi la France, état jacobin, bonapartiste, est devenu cet état hyper centralisé que
lʼon connaît ?
Date importante : 28 mars 2003 => révision constitutionnelle.

La décentralisation implique une démocratisation de la société, une plus grande


implication des petites entités et individus dans la vie politique.
On ne peut bien sur pas envisager une dictature décentralisée, puisque la légitimité par le
peuple sʼopposerait systématiquement au pouvoir central autoritaire.
Lʼétat de décentralisation est donc un indice précieux sur lʼétat de démocratisation dʼun
pays.

La France participe à la construction de la communauté et maintenant de lʼUnion


Européenne depuis plus dʼun demi-siècle. Les états-membres allaient progressivement
être pris en sandwich entre lʼapparition de la communauté supra nationale et les
collectivités territoriales de plus en plus puissantes.

Les idées libérales et néo-libérales ont depuis plusieurs années le vent en poupe. La
gauche classique, marxiste ou marxisante est en net recul. Le libéralisme est populaire, du
point de vue économique, social et politique. Pourtant les libéraux purs et durs nʼont
jamais vraiment eu de succès auprès des électeurs. Ces libéraux sont en faveur de
lʼaffaiblissement du pouvoir étatique central, et de la décentralisation.
LʼEtat (providence) assure une certaine protection sociale, la même pour tous partout sur
le territoire. Or la décentralisation implique des différences entre les personnes selon leur
situation géographique ; certains seront mieux gouvernés, mieux soignés, dʼautres auront
plus de facilités à sʼenrichir.

Le français moyen est-il prêt à accepter cette situation, que le citoyen américain ou
allemand accepte depuis longtemps ?

Chateaubriand a dit que ce nʼest pas la liberté qui intéresse lʼindividu avant tout, mais
lʼégalité.
Les français sont désarçonnés par lʼapprofondissement de la décentralisation, et un
certain nombre dʼentre eux appelle à un recentrage des compétences actuellement
attribuées aux collectivités territoriales.

Les voisins européens

De plus les autres pays européens, voisins et partenaires, se décentralisent eux aussi de
plus en plus.
La Suisse et lʼAllemagne sont des états fédéraux, et le fédéralisme est lʼantipode de la
position constitutionnelle adoptée par la France (seuls les Verts ont prôné une France
fédérale).
La France est un pays unitaire qui nʼétait pas franchement adepte dʼune décentralisation
pendant longtemps.

1/94
Institutions Administratives

La Suisse

La Suisse est composée dʼun certain nombre de peuples, de cultures, de langues,


dʼHistoires différentes. La structure fédérale sʼimposait par la nature même de cet état. La
Suisse se construit en révolte contre lʼempire germanique.

Les trois premiers cantons sont arrivé à sauvegarder leur liberté  : ce sont des
cantons petits, rebelles, militarisés. Même lʼAllemagne nazie a hésité devant lʼarmée
helvétique. Il nʼy a que 4 ans que la Suisse a intégré lʼONU. Ses rapports avec lʼUE sont
plutôt réduits. Dʼautres communautés montagnardes ont progressivement rejoint la suisse,
et de nouveaux cantons se sont joint aux anciens. La plupart de ceux là sont de langues
allemandes, mais aussi françaises, italiennes, ou encore la langue Reto-romanche. 

Le lien qui unit les cantons nʼest pas constitutionnel mais un lien international. La
Constitution fédérale suisse a été adoptée et les cantons ont cessé dʼêtre des entités
indépendantes pour devenir des états fédérés dʼun nouvel état fédéral. Néanmoins, le
nom officiel de la Suisse est « Confédération helvétique ».

Les cantons ont pourtant aussi connu lʼétat unitaire, à la fin du 18e et au début du
19s, sous lʼinfluence de la Révolution française. Il sʼagit en fait dʼune période plutôt
sombre pour la Suisse. Les armées révolutionnaires ont réuni de force les cantons au sein
de lʼEtat. Le rejet du fédéralisme évoque aux suisses de mauvais et dʼhumiliants
souvenirs. La Suisse ne pourrait plus vivre sans fédéralisme.

De nombreux pans de législation et règlementation helvétique relève de la


compétence cantonale, le droit fiscal par exemple. Il nʼaurait pas été possible autrement
aux cantons germanophones, francophones ou italophones de vivre ensemble, ou encore
entre les cantons ruraux et les cantons urbains.

Cela ne signifie pas quʼil nʼy a pas de tensions au sein de la confédération. La


principale est celle entre les cantons francophones et les cantons germanophones. Les
cantons francophones et italophones sont plus ouverts vers lʼUE, au contraire des
germanophones très réticents à lʼégard de lʼAllemagne. Les conflits internes suisses ne
sont cependant pas rares, comme la révolte du canton de Bern. Les francophones,
minoritaires, revendiquaient une égalité en droit avec les germanophones majoritaires, et
de guerre lasse le canton de Bern leur a laissé construire leur propre canton. Il sʼagit du
canton le plus récent, frontalier de la France, le canton du Jura.

LʼAllemagne

Le centre de lʼEurope, largement germanophone, plus ou moins étendu selon les


périodes, et irrigué par la lange et la culture allemande, où on trouve toute une série de
royaumes, de grands duchés, de principautés...Il y a eu des liens unissant les états et ces
micro états, tantôt fédéraux, tantôt confédéraux. Toujours le même souci dʼégalité en droit
et en obligation entre les entités germaniques. Lʼempereur dʼAutriche qui est aussi le roi
de Hongrie, et dʼautre part le roi de Prusse, ont été les plus puissants. Finalement il a été
décidé de sʼen tenir à une petite Allemagne, en excluant lʼAutriche.

Napoléon a institué un royaume de Rhénanie à la tête duquel il a placé un de ses


frères. Ce royaume a été un état unitaire. Apres la chute de Napoléon, les princes

2/94
Institutions Administratives
allemands ont continué leurs querelles habituelles. Une fois lʼAutriche écartée de la
course, le roi de Prusse a fait de Berlin un véritable centre politique, économique et
culturel.

On a là franchi un pas décisif immédiatement après la défaite de la France lors de


la Guerre de 1870. Otto Von Bismarck, chancelier du roi de Prusse, a proclamé lʼempire
allemand, le 2e Reich. La capitale prussienne, Berlin, devient la capitale du Reich. Mais il
nʼétait pas possible que cet état allemand devienne un état unitaire à la française. Rivalité
économique, politique, mais aussi religieuse, entre les princes allemands. Tout oppose la
très catholique Bavière à la très protestante Prusse. LʼAllemagne, selon Bismarck, sera
fédérale ou ne le sera pas.

Lorsque lʼempire chute en 1918 et que la République est proclamée à Berlin, une
chose est sure, cette nouvelle république sera à son tour fédérale. La république de
Weimar est donc un état fédéral composé de Länder. Les Länder sont assez nombreux, et
certains sont plus puissants que dʼautres (la Prusse et la Bavière). La république de
Weimar est assez tumultueuse, et la défaite de 1918 avec le traité de Versailles lui pèse
énormément.

Cette belle aventure démocratique prend fin a la prise de pouvoir du parti nazi (par
des moyens plus ou moins démocratiques) en 1933. Le nouveau chef, Hitler, assez
spontanément, centralise à lʼexcès le pouvoir. Le fédéralisme allemand devient une
coquille absolument vide. Hitler a peur du fédéralisme, qui peut devenir un foyer important
de dissidences. Le fédéralisme va renaître de ses cendres après la 2eme GM. Les Länder
referont leur apparition dans les 4 zones militaires occupées. Les Länder des zones
françaises, britanniques et américaines vont prendre contact entre eux et vont décider de
sʼunir au sein dʼun état allemand qui va sʼappeler RFA. Pour les allemands,
historiquement, le refus du fédéralisme nʼest pas seulement une difficulté pour vivre
ensemble, mais cʼest aussi un refus de la démocratie.

Dans le subconscient collectif allemand, on ne peut pas être en même temps


démocrate et antifédéraliste. Dans lʼautre état allemand dans la zone dʼoccupation
soviétique, la RDA, les Länder vont très vite être supprimés. Le nazisme est contre les
Länder, mais le communisme lʼest aussi. Equation logique ds lʼesprit allemand  : les
ennemis de la démocratie sont les ennemis du fédéralisme ; donc le fédéralisme, cʼest la
démocratie. Dès la chute du gouvernement communiste ds la RDA en 1989, les Länder
vont refaire leur apparition, et ce nʼest pas la RDA en tant que telle, ce sont les 5 Länder
de lʼEst qui adhéreront à la république fédérale et à la loi fondamentale de Bonn qui allait
être la Constitution.

Le fédéralisme en Allemagne est toujours très vivace, de vastes secteurs de la vie


sociale, économique, de la vie de tous les jours, dépendent non pas de la fédération mais
des Länder, les états fédérés. Récemment, il y a un an, un nouveau pacte fédéral a été
conçu, qui confère encore plus de compétences aux Länder. La situation en Allemagne ne
peut que déconcerter un français. Il nʼy a pas lʼéquivalent de lʼéducation nationale ds ce
pays. A tous les degrés, elle relève des seuls Länder, avec parfois des difficultés à la clé.
Un enseignant bavarois ne pourra jamais exercer son métier en Sarre ou en Saxe.

Ces cloisonnements entre Länder peuvent constituer un handicap. Le fédéralisme


allemand sʼest réveillé il y a une vingtaine dʼannées également lorsquʼon a vu les dégâts
causés par lʼUE. Cʼest lʼAllemagne qui prend les décisions au sein des institutions

3/94
Institutions Administratives
européennes, mais ces décisions sʼimposent forcement aux Länder. Les Länder ont donc
réagi contre la construction européenne, et ont remis en cause la suprématie de la
fédération ds certains domaines de la vie sociale. Il nʼest pas exclu que les Länder
puissent avoir des relations diplomatiques avec des Etats étrangers.

Le vécu historique nʼest pas du tout le même des deux rives du Rhin.

LʼEspagne

LʼEspagne, ressemble beaucoup à la France de par son Histoire. Elle a été


construite elle aussi petit à petit, en annexant de nouveaux territoires. Le roi de France a
su imposer sa suprématie aux dépens des seigneurs féodaux dont la plupart
reconnaissaient son autorité. Mais des états indépendants ont été annexés par la France
comme par exemple le Duché de Bretagne. LʼEspagne sʼest construite aux dépens des
communautés musulmanes, qui ont su créer une brillante civilisation au sein de laquelle
trois religions ont vécu en bonne entente pendant plus de trois siècles.

Mais la reconquista, reconquête des terres musulmanes, est devenu essentielle


pour les princes catholiques espagnols, qui étaient assez nombreux. Au fil des siècles
certains sont devenus plus puissants que dʼautres : le roi du Portugal, le roi de Castille, et
le roi dʼAragon. Le Portugal ne fera jamais parti de lʼEspagne sauf pendant une période
dʼune soixantaine dʼannées.

En revanche les autres royaumes chrétiens vont finir par unir leurs forces contre les
musulmans, lʼannée même de la découverte de lʼAmérique par Christophe Colomb, que la
dernière communauté musulmane est conquise, celle de Grenade. Le roi dʼAragon et la
reine de Castille vont se marier, et vont unir leurs deux royaumes au sein dʼun nouvel état
qui va sʼappeler Espagne. Un puissant royaume espagnol est construit à la fin du 15e s, il
va devenir surpuissant et démesuré grâce aux conquêtes coloniales aux Amériques, en
Afrique, en Asie. Il va se reposer sur les richesses pillées ds les colonies, notamment
américaines.

Les problèmes internes du royaume seront passés sous silence sauf un : celui de
lʼhomogénéité religieuse. Ferdinand et Isabelle sʼappellent eux même les rois très
catholiques dʼEspagne. Ils décrètent que ds leur royaume ne peuvent vivre que des
catholiques. Les juifs et musulmans sont appelés soit à se convertir, soit à quitter le pays
(pour lʼAfrique du nord ou encore lʼempire ottoman). En revanche, ds ce royaume très
catholique, continuent à coexister des peuples chrétiens à histoire, cultures, et langues
différentes. Cela ne pose pas de problèmes particuliers puisque la richesse est telle que
tout le monde peut en vivre, et vivre bien.

Mais lʼEspagne ne saura pas bien utiliser les richesses accumulées, qui seront
gaspillées de manière désordonnée. La Révolution industrielle ne touchera pas lʼEspagne
qui voit son empire colonial disparaître petit à petit. Coup de grâce  : occupation de
lʼEspagne par les armées napoléoniennes et la révolte des colonies américaines contre
Madrid. En quelque années lʼEspagne aura perdu ce qui faisait sa gloire et sa richesse ;
les colonies américaines.

LʼEspagne va devenir une puissance moyenne sur le déclin, la pauvreté gagnera


de larges parts de la population ibérique, et les problèmes qui ne sont que latents quand

4/94
Institutions Administratives
tout le monde est riche, deviennent de plus en plus apparents quand les individus
sʼappauvrissent.

Au 19e s les revendications autonomistes commencent à se faire sentir, ds les


régions qui ont une autre langue, une autre littérature : pays basque et Catalogne. Cʼest
au début du 20èmesiècle que les revendications autonomistes deviendront plus percutantes
et finiront par être accueillies par lʼEtat espagnol qui cesse dʼêtre un royaume pour devenir
une république, favorable à lʼégalité. Avec lʼAllemagne nazie et le fascisme italien, les
franquistes prendront le pouvoir en 1939.

Le franquisme est une réaction contre les atteintes fondamentales aux valeurs de
lʼEspagne  : la religion catholique et la langue espagnole (eux lʼappellent le castillan).
Parler catalan, basque ou galicien peut valoir la prison ; les minorités sont réprimées, tout
comme les oppositions libérales à ces dictateurs.

Franco crève en 1975, et 2 ans plus tard, lʼEspagne démocratisée adopte une
constitution largement démocratique. Juan Carlos adopte une constitution en faveur de la
démocratie. La constitution espagnole considère que si la langue officielle du pays est
lʼespagnol ou castillan, dʼautres langues peuvent être utilisées et considérées comme
officielles. Elle prévoit aussi une large décentralisation. Les collectivités territoriales
sʼappellent communautés autonomes. Une province nʼest pas obligée de sʼériger en
communauté autonome  ; elle le fera si elle le veut bien. Le pays basque, la Navarre, la
catalogne, la Galice, les îles Baléares, les îles Canaries, le feront immédiatement. Les
régions les plus traditionnelles hésiteront (ce sont en général les moins favorisées, les
moins riches).

Elles sont pour un pouvoir centralisé, mais devant lʼapparition des communautés
autonomes, elles vont à leur tour faire de même. Le territoire du royaume dʼEspagne est
actuellement couvert de communautés autonomes. Elles nʼont pas forcément toutes les
mêmes compétences, plus prosaïquement les mêmes pouvoirs. Elles rappellent le
Canada, état à fédéralisme asymétrique. Le communautarisme ou lʼautonomisme
espagnole est lui aussi asymétrique.

La communauté autonome qui possède la plus grande étendue de compétences


est le pays basque : il possède son propre gouvernement a la tête duquel se trouve le 1er
ministre basque, son propre parlement qui vote de véritable lois, ses propres élections
législatives, son propre pouvoir fiscal, et sa propre force de police. Ce pays basque
ressemble à sʼy méprendre à un état. La Catalogne a aussi beaucoup de compétences ; il
y a un an elle a su négocier le transfert de nouvelles compétences.

Quel est lʼavenir du régime politico administratif espagnol  ? Quel est lʼavenir de
lʼEtat espagnol lui même ?

Certains autonomistes veulent une indépendance pure et simple de leurs


communautés espagnoles par rapport à lʼEtat espagnol = indépendantisme, très puissant
ds le pays basque. Il y a deux ans le premier ministre basque, a proposé au
gouvernement de Madrid un pacte, qui à terme conduirait à une confédération entre le
royaume dʼEspagne et le pays basque, qui serait alors juridiquement un état indépendant.
Madrid a opposé une fin de non recevoir à cette proposition. Problème majeur  : le
terrorisme basque, qui ne peut pas être justifié ds un état démocratique comme lʼEspagne.
LʼETA représente un secteur de la nation basque qui ne veut en aucun cas sʼentendre

5/94
Institutions Administratives
avec les autres espagnols. Les radicaux veulent incorporer la communauté autonome de
Navarre, le pays basque du Nord (c'est-à-dire le pays basque français).

En Catalogne, il y a des mouvements politiques qui militent pour lʼindépendance


pure et simple de la Catalogne, et pour la proclamation de la république catalane.
Indépendantisme moins puissant ds les îles Canaries ou en Galice. Pays basque et
Catalogne représentent donc la contestation de lʼétat unitaire espagnol. Le castillan est
devenu minoritaire et opprimé ds ces province. Or le pays basque et la Catalogne ne sont
pas nʼimporte quelles communautés autonomes parmi celles de lʼEspagne contemporaine.
Ce sont de loin les deux régions du pays les plus prospères. Ce sont les plus riches qui
revendiquent le plus dʼautonomie, voir une sorte dʼindépendance, et ce sont les plus
pauvres qui veulent que lʼEspagne redevienne un Etat unitaire centralisé.

LʼItalie

LʼItalie est un pays phare pour lʼEurope moderne puisque la renaissance qui est la
quintessence de la culture européenne moderne sʼépanouit en Italie, surtout ds les villes
du nord de la péninsule.

Cependant les principautés italiennes ne sauront jamais sʼunir, et une fois les
siècles de prospérité passés, les principautés vont sʼaffaiblir et des puissances étrangères
mettront la main sur ces richesses. Ce sont lʼempire germanique et durant les derniers
temps lʼempire autrichien. Le roi de Naples, de Piémont, et des états ecclésiastiques du
Pape, restent indépendants. Le Pape est donc aussi à lʼépoque un chef dʼEtat temporaire.
Bien sur la révolution française passe par là et de grandes parties de lʼItalie seront
incorporées dans la République française puis dans lʼempire napoléonien. Apres Waterloo,
ses partisans même vont dʼailleurs reprocher à Napoléon ses origines non françaises et
ses accents italo corses.

Les idées de la Révolution française vont pénétrer ds de vastes secteurs de la


population de la péninsule, et resteront en place même après Waterloo et que lʼempereur
dʼItalie reprenne sa possession ds la péninsule. Cʼest Napoléon Ier qui a cherché à unir
lʼItalie à la France, et cʼest Napoléon III qui réussira presque cet exploit. Les armées de
napoléon III unies à lʼarmée du roi de Piémont Sardaigne vont enfin vaincre les autrichiens
qui seront obligés dʼabandonner toute la péninsule à lʼexception de Venise, Trieste, et
Tyrol du Sud. Dans les années 1860, lʼennemi autrichien a quitté pour lʼessentiel lʼItalie. Au
lieu néanmoins dʼannexer ces nouvelles terres, Napoléon III préfèrera contribuer à la
construction dʼun grand royaume dʼItalie, quʼil espère lʼallié éternel et reconnaissant de
Paris. (Quelques années après la chute de Napoléon III, lʼItalie deviendra une alliée zélée
de lʼAllemagne et de lʼAutriche).

Dans les années 1860, pour la première fois lʼItalie voit le jour. Le roi dʼItalie sera le
roi de Piémont Sardaigne, Victor Emmanuel. Symboliquement, le roi déplacera sa capitale
de Turin à Florence. Mais le rêve de Victor Emmanuel est la conquête de Rome, mais il y
a un obstacle  : le Pape qui ne veut pas perdre son pouvoir temporel. Les armées
italiennes et françaises envahissent les états ecclésiastiques et conquièrent Rome. Le
pape reste reclus ds son quartier de Rome appelé le Vatican, et refuse durant des
décennies de reconnaître le fait italien. Il sera lʼadversaire de lʼEtat unitaire italien.

6/94
Institutions Administratives
Les armées piémontaises se comportent surtout dans le sud comme en territoires
occupés. Les citoyens du sud sont comme des subalternes, exclus des postes dans
lʼéconomie la haute fonction publique et la politique. De vastes secteurs de la population
italienne seront carrément opposés à lʼétat italien. Dès lʼorigine ce sera un Etat faible, peu
légitime et contesté (politiquement et idéologiquement a cause de la religion et de
lʼopposition du Pape).

LʼItalie deviendra une grande puissance européenne dès la fin du 19e s et saura se
tailler un petit empire colonial. Elle sera lʼalliée des puissances de lʼentente durant la
guerre de14-18. LʼItalie annexera 2 nouveaux territoires aux dépens de lʼAutriche,
notamment la ville de Trieste.

A partir de la fin de la seconde guerre mondiale, des turbulences graves font naître
un nouveau parti politique avec à sa tête Mussolini, le fascisme. Ce parti se veut
autoritaire (il faut restaurer lʼordre et la légitimité de lʼEtat). Les autres partis, les
opposants, les syndicalistes sont jetés en prison. A lʼintérieur du parti, Mussolini va tenter
de légitimer ce pays un peu bizarre, et une grande partie des citoyens ne veulent pas. Il y
aura des mesures sociales, contre le chômage, et une lutte contre la criminalité (qui fait
ravage dans le Sud de lʼItalie  : mafia). Or jusquʼà présent aucun gouvernement italien
nʼavait lutté aussi efficacement contre les réseaux mafieux.

Mussolini comprend aussi que la vaste majorité des italiens suivent toujours le
Pape et sa condamnation de lʼEtat unitaire italien. Mussolini et le Pape vont alors signer le
traité de Latran en 1929, ou on reconnaît la souveraineté du Pape, et on fait du Vatican un
Etat à part et souverain. Le Pape va alors demander à ses ouailles de ne plus condamner
cet Etat.

Après la défaite de lʼItalie à la seconde guerre mondiale, et par référendum, lʼItalie


se proclame République. Cette république italienne sʼappuie sur la constitution de 1947,
assez libérale et démocratique, qui rompt avec le dogme dʼun Etat centralisé et puissant.
La République se veut dès le départ décentralisée. Les régions de la périphérie
bénéficieront dès le début dʼune large autonomie interne : la Sicile, la Sardaigne, le Haut
Adige (Tyrol du Sud des autrichiens), et le Frioul autour de Trieste et de Venise dans
laquelle les italiens cohabitent avec slovènes et croates le Val dʼAoste seule région
italienne majoritairement francophone.

La décentralisation ne va pas donner les résultats escomptés. Il faudra distinguer


entre les régions autonomes du Nord et du Sud. Partant de meilleures bases éco cul et
soc, les 3 régions du haut vont décoller alors même que la Sicile et la Sardaigne
continuent à se complaire ds un certain marasme. La criminalité y reprendra le dessus.

Le parti communiste et la démocratie chrétienne font un compromis en 1975  : la


décentralisation pure et simple pour tout le pays. Il y aura donc une vingtaine de régions
qui vont bénéficier progressivement dʼune large autonomie interne. Cela rappelle les
communautés autonomes de lʼEspagne.

Toutefois le système politique mis en place après la 2eme Guerre Mondiale va


sʼeffondrer au début des années 1990, après lʼeffondrement des 2 partis politiques. Le
parti communiste se transforme en parti de type socio démocrate, et les démocrates
chrétiens éclatent en une kyrielle de petits partis. De nouveaux partis se créent. Une
nouvelle attire lʼattention, la ligue lombarde, rebaptisée en Ligue du Nord. Ce parti est

7/94
Institutions Administratives
ouvertement anti-italien et il prône la disparition de lʼEtat italien, en tout cas
lʼindépendance des provinces du Nord. Ce futur Etat va sʼappeler Padani. Ce parti est
aussi ouvertement xénophobe et même raciste, eti prend essentiellement pour cible les
italiens du Sud «  des gens paresseux qui se contentent de bénéficier des subsides de
lʼEtat italien et de Bruxelles  ». Pour la Ligue du Nord la décentralisation des années 70
nʼest pas suffisante : le Nord ne peut plus supporter le fardeau du Sud. Selon un adage
bien connu très raciste, «  Milan travaille, Rome mange et Naples chante  ». Mais
lʼaudience de ce parti ne sera jamais assez suffisante, et tous les autres partis vont
condamner le racisme ouvert des thèses de la Ligue. Cʼest le cas évidemment des
anciens communistes transformés en socio démocratique, mais aussi le parti majoritaire
de droite, Forza Italia.

A la tête de Forza Italia, Berlusconi. Cʼest tantôt la droite (coalition entre Forza
Italia, la Ligue du Nord et les ex-fascistes), tantôt la gauche au pouvoir.
Depuis une quinzaine dʼannées lʼItalie est désorganisée, nʼa pas de projet politique
précis. On ne sait pas du tout de quoi lʼItalie de demain sera faite.
LʼEtat Italie a un âge dʼenviron un siècle et demi.

Il nʼest plus facile dʼavoir des Etats centralisés sur le modèle cher à la France, aussi
bien de lʼ Ancien Régime, que de la Révolution ou de Napoléon Bonaparte. Les
résistances sont trop grandes venant de la périphérie, et on peut dire que si la France était
à construire ex nihilo au 19e s, peut être nʼy aurait-il pas vraiment de France aujourd'hui.
Ce sont les rois de France qui ont fait la France. LʼItalie est venue peut être trop tard sur la
scène européenne.

Lorsque la démocratie peut sʼexprimer, des tensions entre provinces dʼun même
pays se manifestent allègrement. Quand tout commence à aller mal à partir de 1990, des
forces centrifuges se manifestent à leur tour.

Les forces centrifuges sont très précisément localisables. Ce nʼest pas la pauvre
Sicile, ni la Sardaigne sous développée, ni la Naples du marasme économique et sociale,
qui sont des forces anti-unitaires. Les forces centrifuges viennent du coeur de lʼItalie
prospère ; Milan, Turin, Venise, Florence, les plus riches qui veulent quitter le navire avant
que celui-ci ne coule complètement.

Finalement on peut dire quʼentre les deux modèles, un troisième a fini par se
manifester. On nʼest pas encore dans un Etat fédéral, mais on est plus dans un Etat
unitaire non plus. On appelle ça le modèle régionaliste, ou le modèle autonomiste.

La Belgique

Le cas belge mérite un examen particulier car cʼest un cas extrêmement éloquent
en ce qui concerne la décentralisation et pourquoi pas lʼavenir de la France elle même.
LʼEtat belge nʼa jamais existé jusquʼen 1930. A la veille de la Révolution française, la
Belgique faisait partie de lʼempire dʼAutriche. Cʼest un pays très catholique et
conservateur. La Révolution éclate à Paris et connaît de réels succès militaires et
politiques. La France conquiert la Belgique et les français sont très chaleureusement
accueillis ds ce pays francophone.

8/94
Institutions Administratives
Aujourd'hui le code civil est exactement le code civil napoléon, mis a part quelques
réformes. Les structures administratives et juridictionnelles sont très proches de la France.
Après Waterloo, la Belgique est enlevée à la France et cédée aux Pays bas. Sur tout le
territoire du Benelux va se construire la grande Hollande. Mais en 1830, la bourgeoisie
libérale essentiellement franc-maçonne de Bruxelles se révoltera contre lʼautoritarisme et
le conservatisme du roi néerlandais. Les bruxellois tiennent tête aux troupes envoyées par
le roi des Pays Bas au moment même où une nouvelle Révolution éclate en France.

La France veut alors récupérer la Belgique. Un compromis va être élaboré


essentiellement grâce aux britanniques et aux russes. On va créer dans cette contrée un
nouveau pays. Jules César décrit dans sa guerre de la Gaulle un farouche peuple celtique
qui sʼappelle « Belque ». Le nouveau royaume sʼappellera royaume de la Belgique. Cʼest
donc un Etat artificiel, résultat de vastes compromis politiques entre France, Royaume
Uni, Russie, Pays Bas et Autriche. Cet Etat se doit dʼêtre neutre, et ne doit pas appartenir
à lʼavenir à un autre pays européen. On parle de neutralité belge.

Elle va se doter dʼun vaste empire en Afrique notamment. Mais la neutralité belge
sera battue en brèche par lʼAllemagne au début de la deuxième guerre mondiale. Ils se
battent donc du coté franco-anglais.

Dans ce royaume si prospère il y a des tensions terribles depuis quelques années.


Il nʼy a pas de nation belge au sens linguistique et culturel. Il y a les francophones (les
wallons) et les flamands, qui parlent une langue dʼorigine germanique très proche du
néerlandais.

Les flamands ont pu vivre pendant quelques années au sein de la grande hollande.
Ce ne sont pas eux qui se sont révoltés contre le roi hollandais, mais les francophones
essentiellement de Bruxelles. Dans le nouveau royaume de Belgique les flamands ne
trouvent pas tout à fait leur place. Ce sont pour lʼessentiel des paysans assez appauvris à
une époque où lʼon ne jure que par lʼindustrialisation et lʼexploitation du charbon. La
Wallonie est pleine de mines de charbon et dʼindustries lourdes. Le français est la langue
officielle, et le flamand est le patois de quelques millions de paysans.

Après le 19e s, les belges dʼexpression néerlandaise sont tout compte fait beaucoup
plus nombreux. Les flamands forment des associations culturelles et politiques. Il
commencent à revendiquer un meilleur partage du pouvoir économique dans le royaume.

Mais en conséquence les flamands sont aussi majoritaires dans lʼarmée belge lors
de la première guerre mondiale. Mais lʼencadrement de lʼarmée nʼest que francophone, et
les soldats flamands ne peuvent pas comprendre les ordres. En 1915 dans les Flandres,
lʼarmée allemande réussit à emporter une grande victoire contre lʼarmée anglaise et
lʼarmée belge. Les anglais parviennent a organiser un retrait ce qui nʼest pas le cas des
belges, et on assiste à une véritable hécatombe belge. Le massacre des soldats flamands
en 1915 est devenu un acte fondateur pour les revendications flamandes.

Lors de la 2de GM, lʼoccupant nazi considère les flamands comme un cousin de la
race aryenne pure. Les nazis jouent donc cette carte contre les francophones. Mais en
réalité aussi bien des flamands que des francophones résisteront aux nazis.
Contrairement à son gouvernement qui sʼexile à Londres et qui lutte contre lʼoccupation, le
roi des Belges préfère rester à Bruxelles et on ne peut pas exclure que le roi ait largement
collaboré. A la libération il y a un référendum contre le roi Léopold 3. Une grande majorité

9/94
Institutions Administratives
en Wallonie se prononce contre le maintient au trône du collabo, au contraire des
flamands.

Electoralement la division du pays est consommée. De pus les flamands sont


chrétiens démocrates à droite, et les francophones sont socialistes, laïques et à gauche.
Le roi démissionne finalement au profit de son fils. Ainsi donc lʼunité de façade de la
Belgique sera préservée.

Mais les flamands sont sûrs maintenant de leur poids politique, parce que
démographique. Rapidement il devient inconcevable que le premier ministre belge soit
francophone. Néanmoins, cela ne suffit pas aux flamands. La langue française reste une
langue mondiale qui fait encore des ravages ds les campagnes flamandes. Les plus
nationalistes des flamands ne peuvent pas se contenter du poids politique que leur donne
leur importance. Ils veulent stopper lʼavancée inexorable de la langue française aux
dépens de la langue flamande.

Le royaume sera divisé en 2 grandes communautés : la communauté flamande et


la communauté française. Ce sont de véritables frontières administratives internes,
responsables de lʼéducation et de la culture. Un compromis sera élaboré pour Bruxelles
qui est devenu la capitale du royaume, et la capitale de lʼEurope. Néanmoins Bruxelles
reste très largement une ville francophone. Depuis les années 70 le pays est vraiment
divisé. La langue de lʼautre est enseignée à titre obligatoire dans les écoles, mais en tant
que langue étrangère. Or traditionnellement, les flamands apprenaient beaucoup plus le
français, mais le considérant en perte de vitesse, il préfèrent à présent apprendre lʼanglais.
Les Wallons eux considèrent le néerlandais inutile.

Au fur et à mesure que les générations «  belgiquantes  » disparaissent, les deux


communautés ne communiquent plus entre elles, sauf grâce à lʼanglais.

Dans les années 1970 verra le jour une troisième communauté  : la communauté
allemande, concentrée sur des territoires anciennement allemands mais annexés par la
Belgique avec le traité de Versailles. Se sachant minoritaire elle ne pose pas de problème.

Dans les années 1980, on procède à une nouvelle séparation du royaume. Aux
trois communautés va se superposer une autre division  : les régions. Elles sont
responsables dans un tas de domaines de la vie administrative économique courante, à
lʼexception de lʼéducation et de la culture. La communauté flamande coïncide avec la
région Flandres, sauf quʼelle sʼintéresse également aux flamands bruxellois. La capitale de
la région flamande était dʼabord Gand, mais elle lʼa en fait transférée à Bruxelles même.

La Wallonie qui a comme capitale Namur, coïncide plus ou moins avec la


communauté française, à lʼexception de la communauté allemande et des francophones
de Bruxelles, qui dépendent de la communauté française mais pas de la région Wallonie.
La région Flandres connaît un vrai décollage économique à partir des années 60.
Parallèlement la région Wallonie sombre tant économiquement que socialement. Les
flamands sont surtout des agriculteurs et réussiront à développer un secteur
agroalimentaire de haut vol, et ils vont développer le secteur des services (tourisme et
commerce).

Le poumon économique flamand est le port dʼAnvers. Mais en Wallonie les mines
de charbon ferment les unes après les autres, de même que les usines sidérurgiques ou

10/94
Institutions Administratives
les usines de textiles. La Wallonie nʼarrive toujours pas à prendre le train de la modernité
économique. La Flandre prospère, au contraire de la Wallonie. En 1993, la Belgique cesse
officiellement dʼêtre un état unitaire pour devenir un Etat fédéral avec trois états fédérés,
qui sont les trois régions : Flandre, Wallonie, et Bruxelles capitale. La fédéralisation de la
Belgique a comme conséquence le transfert de larges compétences de lʼEtat belge aux
trois régions.

Les flamands continuent à revendiquer de plus en plus de compétences. La grande


question est le sort de la Sécurité sociale. Or la Sécu est belge et nationale, fédérale. Cela
veut dire que chaque année des milliards dʼeuros sont transférés de la région la plus
prospère avec peu de chômage vers la Wallonie ou le chômage atteint presque 20% de la
population active. Les flamands veulent régionaliser la Sécu pour cesser de payer pour
les wallons. Mais ceci serait le divorce définitif.

Si la majorité des politiques flamands sont en faveur du statu quo, un des partis
flamand est xénophobe, dʼextrême droite militante et a pour slogan « Crève Belgique ». Il
est de mieux en mieux installé, surtout à Anvers. Il y a beaucoup de haine qui sʼaccumule
dangereusement en Belgique. Finalement, quʼest ce qui retient les flamands ? Ils sont plus
nombreux, plus riches, ils ont le gouvernement fédéral pourtant. Ce qui les retient peut
être avant tout est le sort de Bruxelles, qui est la ville la plus riche, au patrimoine culturel
extraordinaire, et la vraie capitale de lʼUnion Européenne. Ils savent que sʼils provoquent
une scission en Belgique, Bruxelles ne les suivra pas.

Voilà donc un Etat récent et artificiel qui a connu une heure de gloire éphémère.
Ses composantes sʼentendent de moins en moins entre elles, mais cʼest la composante de
loin la plus riche qui veut quitter le navire, comme en Espagne ou en Italie. Les plus riches
ne veulent plus se montrer solidaires des moins riches. Lʼéconomie wallonne est presque
en lambeaux, une Wallonie indépendante ne serait pas viable. Certains parlent de
rattachement à la France.
Lʼautre solution de bon sens est de maintenir la Belgique qui malgré tout ne
démérite pas.

La Grande Bretagne

Dès le début du 18e s, le Royaume Uni comporte la totalité des îles britanniques. Le pays
est très centralisé mais on trouve aussi des éléments de décentralisation surprenants.

Lʼanglicanisme nʼest pas partout la religion officielle. Les écossais sont


presbytériens, les irlandais restent très majoritairement catholiques. Dans cet Etat
coexistent néanmoins plusieurs systèmes juridiques différents. La Common Law, est
applicable en Angleterre et en Pays de Galles. Le droit écossais est très différent. Il existe
même un droit nord irlandais. Il y a un droit séparé sur la petite île de MaNN. Il y a
également les droits des îles anglo-normandes. Bref, il y a un état archi centralisé, mais où
coexistent différents ordres juridiques assez éloignés.
Depuis des décennies, lʼIrlande du Nord a acquis une autonomie interne, mais il y a
une difficile cohabitation entre les protestants et les catholiques. Depuis lʼaccord de Belfast
de 1998 les choses se mettent en place petit à petit.

LʼEcosse a pu avoir une petite autonomie interne en profitant de lʼexpansion


coloniale britannique, mais avec son reflux, les écossais se sont retrouvés dans leur pays

11/94
Institutions Administratives
aride et économiquement arriéré. Au point de vue des prestations culturelles, sociales,
culturelles, ils diffèrent de lʼAngleterre. Dès les années 30 naît le Scottish National Parti,
réunion de deux partis nationalistes  qui prônent indépendance de lʼEcosse.
Progressivement le parti conservateur britannique va disparaître de la scène politique
écossaise.

Or avant Tony Blair pendant 2 décennies, cʼétait les conservateurs qui faisaient la
pluie et le beau temps au Royaume Uni. Les écossais ont acquis le sentiment dʼêtre
gouverné par des non écossais. Tony Blair organise un référendum local en Ecosse dès
son accession au pouvoir, qui a pour objet la « devolution » (en anglais), qui est une forme
avancée dʼautonomie interne. Le référendum connaît un grand succès en Ecosse mais
pas au pays de Galles. La devolution est beaucoup plus avancée en Ecosse, ou il y a un
Parlement régional, ainsi qu un gouvernement régional, qui ont leur siège à Edinburgh.

Le premier ministre écossais est le first minister. Il est responsable de lʼéducation et


de la culture, et a des compétences dans le domaine social et fiscal. Le gouvernement
écossais est travailliste, les conservateurs sont durablement éliminés en Ecosse, mais se
trouve toujours aux aguets le parti national écossais, qui est probablement aujourd'hui le
premier parti écossais. Un argument de poids séduit de plus en plus les écossais  :
lʼEcosse peut devenir un état indépendant viable, grâce au pétrole et aux hydrocarbures
de la mer du Nord. La devolution fut un coup de génie de Blair. Si on ne donne pas
dʼautonomie à lʼEcosse cʼest lʼindépendance écossaise qui est la seule alternative.

Retour en France

La vaste plaine de la Gaulles a peu de frontières naturelles au nord.


Les grecs et les romains ont envahi la Gaulle historique du Sud.
Le roi Soleil est le modèle éternel du roi absolutiste. Mais les élites françaises en ont
marre des éternelles disputes entre seigneurs féodaux, la pacification du pays ne peut se
faire que par lʼabsolutisme, qui est un grand progrès social pour lʼépoque.

La religion des sujets du roi est en majorité le catholicisme, mais il y a des minorités
israélites et des minorités protestantes. Les guerres de religion sont une plaie de la France
dans lʼancien régime. De très nombreux protestants français représentatifs des métiers les
plus en avance devront quitter le royaume, se réfugier aux pays bas, en Allemagne, en
Amérique du Nord, ou en Amérique du Sud.

Autre facteur dʼhétérogénéité : le roi contrôlait directement de vastes parties de son


royaume mais ailleurs sa suprématie nʼétait pas totale. Son pouvoir était même
ouvertement défié. Par exemple, des juges locaux, les parlements provinciaux, pouvaient
grâce aux remontrances, empêcher les édits royaux de sʼappliquer dans la province dont
ils avaient la charge.

En 1789, les révolutionnaires, souvent des juristes, veulent prendre le pouvoir. Ils
veulent un régime centralisé, essentiellement pour pouvoir plus facilement faire répandre
leurs idées partout dans le royaume qui bientôt deviendra république. Cela dit les
provinces ne sont pas tout a fait dʼaccord. La Révolution est surtout une affaire parisienne.
Le Tiers-état qui sʼautoproclame assemblée nationale avoue immédiatement sa dette à la
ville de Paris. Lʼemblème sera les deux couleurs de la ville de Paris (le bleu pour les eaux

12/94
Institutions Administratives
de la Seine, et le rouge qui était la couleur de lʼuniforme traditionnel des marins de la
Seine). Le blanc sera ajouté (dynastie des Bourbons).
Les provinces les plus périphériques, les plus diversifiées par rapport à la France
standardisée deviendront des foyers de rébellion. Il y aura une sorte dʼalliance entre les
défendeurs des cultures et des langues régionales, les nobles et lʼEglise locale, et le roi de
France qui va comploter.

Très tôt les députés composant la constituante auront droit à un rapport de lʼabbé
Grégoire et de Barnave, qui porte sur les langues et les cultures régionales. «  La
superstition parle basque, breton ou alsacien ». Les philosophes des Lumières parlent et
écrivent en français. Parallèlement, il y aura un vaste programme pour exterminer
militairement les foyers provinciaux de la contre-Révolution.

Alors que les révolutionnaires se battent contre les cultures et autonomies


juridiques régionales, pour une unification administrative, politique, culturelle et
administrative du pays, ceux qui défendent le régionalisme vont se trouver du coté des
royalistes.

Il y aura un match nul pendant le reste du 19e s entre le centre et la périphérie


jusquʼà la troisième République qui se veut lʼhéritière de 89. Ils militeront activement pour
lʼunification totale de la France, il y aura quelques facteurs importants qui provoqueront
cette unification française, dont bien sur la première guerre mondiale. Les tranchées
achèveront la formation dʼune grande et unique nation française.

La IIIe République va accélérer lʼunification grâce à un projet de Jules Ferry, lʼécole,


gratuite obligatoire et universelle pour tous. Elle devient immédiatement le moyen
dʼimposer la langue française à des français qui ne parlaient pas le français encore dans
les années 1870. La IIIe République militera activement pour lʼanéantissement des
régionalismes. Elle le considère comme une sorte dʼanti-républicanisme. Les catholiques
nʼhésiteront pas à sʼériger en défendeurs zélés des régionalistes.

Charles Maurras est le chef dʼun mouvement dʼextrême droite, Action française, et milite
contre la République. Apres la Guerre il sera poursuivit pour trahison et collaboration.
Lorsquʼil apprend que le maréchal Pétain est devenu président du conseil et quʼil a
demandé une armistice aux allemands, Maurras sʼécrit : quelle divine surprise.

Lʼoccupant nazi cherchera à tirer parti de lʼhétérogénéité de la France. Il suscitera


des foyers de rébellion anti-français. Il sera particulièrement actif en Flandres française et
en Bretagne, sans parler de lʼAlsace Lorraine qui a été reannexée. En Bretagne, il y aura
création de mouvements militants pour une République bretonne. Ce mouvement va
assez vite verser dans la collaboration et ds la poursuite des opposants et des juifs en
Bretagne.

A la libération le nouveau pouvoir, Charles de Gaulle, sera impitoyables vis-à-vis


des traîtres, en condamnant les indépendantistes collabo. Les dirigeants bretons
sʼexileront en république dʼIrlande. Ce sont les nazis qui nous apprennent définitivement
que la France est une nation pratiquement indivisible.

La IVe République on tirera certaines conclusions. Elle adoptera une loi en 1954 qui
permettra lʼenseignement de certaines langues régionales dans lʼécole publique à titre
optionnel. Sous la Ve pratiquement toutes les langues auront droit de cité dans les écoles.

13/94
Institutions Administratives
Exceptions : en Outre-mer, le tahitien par exemple est obligatoirement enseigné à lʼécole.
La langue corse est elle aussi devenue obligatoire dans les faits.

Les provinces deviendront progressivement lʼobjet de quelques assouplissements.


A partir des années 80 on instaure un vrai régime de décentralisation : les départements
régions ou collectivités pourront prendre des initiatives locales, qui portent aussi sur le
domaine de la culture ou des langues.

14/94
Institutions Administratives

1ère Partie  : LʼADMINISTRATION


DʼETAT
Titre 1 : Lʼadministration centrale

Chapitre 1 : Lʼadministration au niveau de la présidence


de la République

Section 1  : Les compétences administratives du


Président de la République
La IIIème République a été fondée sur des lois constitutionnelles du 25 février
1875.
Lʼart.3 énonce que «  le Président de la République surveille et assure lʼexécution des
lois. »

On se trouve au cœur même de ce quʼon appelle compétence administrative.


La seule autorité administrative sous la IIIème République est le Président de la
République.

Mais à peine 4 ans après lʼadoption de cette loi constitutionnelle, en 1879, le maréchal de
Mac Mahon est obligé de démissionner devant les succès électoraux considérables des
républicains.
A sa place est élu par les parlementaires républicains, Jules Grévy.

Une des revendications des républicains de lʼépoque était le transfert de la


compétence dʼexécution des lois au Gouvernement qui était politiquement responsable
devant les deux chambres du Parlement.

Dès son premier jour de présidence, Grévy déclare quʼil nʼentend pas gouverner le
pays. Les constitutionalistes parlent de la Constitution Grévy. A vrai dire il nʼy a pas
modification des lois constitutionnelles de 1875, cʼest la pratique politique qui change
radicalement.

Selon le texte cʼest le Président de la République qui est la plus haute autorité
administrative française, dans les faits le président en a très peu. Lʼessentiel de ces
dernières est transféré au chef du Gouvernement qui à lʼépoque sʼappelle président du
Conseil.

On va vivre avec cette situation jusquʼà la fin de la IIIème République. Apres la


libération, la IVème République fondée sur la Constitution de 1946, rectifie le tir en
mettant en harmonie la pratique et les textes. Selon la Constitution de 46, lʼautorité
administrative suprême est bel et bien le Président de la République. Cette situation prend

15/94
Institutions Administratives
fin avec la constitution du 4 octobre 1958 sur laquelle se base notre régime politique
actuel, la Vème République.

La Vème République ne supprime pas le Président du conseil, qui est rebaptisé


premier ministre, mais elle accorde de larges compétences administratives au Président
de la République. La Vème a un exécutif bicéphale : le président de la République et le
Premier Ministre.
Déjà en période normal, mais surtout en période non normale lorsque le très célèbre art.
16 de la constitution est mis en vigueur.

I. Les compétences administratives du Président de la République en période


normale

Pour lʼessentiel cʼest lʼart.13 al.1 qui décrit les compétences administratives du Président
de la République : « le Président de la République signe les ordonnances et les décrets
délibérés en conseil des ministres ».
On voit immédiatement les domaines sur lesquels porte cette compétence administrative
présidentielle : les ordonnances et les décrets délibérés en conseil des ministres.

A) Les ordonnances

Le terme dʼordonnance se trouve à plusieurs reprises dans les textes constitutionnels.


Ainsi on le trouvait dans un art.92 de la Constitution qui portait sur une période transitoire
entre le tout début de la Vème République et la mise en place progressive des institutions
du nouveau régime.

Pendant un moment un certain nombre dʼorganes importants de lʼEtat ne


fonctionnaient pas encore. Cet art.92 permettait au président de la République de se
substituer aux organes qui nʼétaient pas encore en fonction, essentiellement le Parlement.

Durant lʼautomne 58 et lʼhiver 59 le Président De Gaulle a pris un certain nombre


dʼordonnances qui portent sur le domaine législatif. Ces ordonnances sont parfois
extrêmement importantes :
 Cʼest sur la base dʼune ordonnance de novembre 58 que fonctionne le Conseil
Constitutionnel
 que fonctionne lʼassemblée nationale et le Sénat
 et sur la base dʼune ordonnance du 29 janvier 1959 que pendant longtemps
fonctionneront les finances publiques de lʼEtat

Un certain nombre des ces ordonnances restent en vigueur, mais certaines sont modifiées
par un loi.

Lʼart.92 couvrait une période transitoire. Cet article est donc purement historique.
Cela dit il est resté dans le texte jusquʼà un grand toiletage de la Constitution, une révision
opérée en 1995, et lʼart.92 a été officiellement abrogé.

On trouve aussi le terme dʼordonnance dans lʼart.47 al.3 qui permet de continuer à
financer les services publics de lʼEtat par ordonnance en cas de défaillance du parlement
dʼadopter la loi de finances annuelle dans un délai de 70 jours. Une telle situation ne sʼest
jamais produite jusquʼà présent.

16/94
Institutions Administratives
On retrouve le terme dʼordonnance après la révision constitutionnelle de 2003. Il est
permis au Président de la République dʼétendre par ordonnance à telle ou telle collectivité
dʼOutre mer une loi votée par le Parlement.

Les ordonnances qui intéressent le plus couramment la vie administratives et


politique française sont celles de lʼart.38 de la Constitution. Elles ont un ancêtre  : les
décrets-lois de la IIIème République. A lʼinitiative dʼune ordonnance se trouve le premier
ministre.

 Une ordonnance porte sur un domaine matériel relevant de la compétence du


Parlement. Cʼest un acte de lʼexécutif qui va porter sur une matière législative. Le
premier ministre demande une autorisation au parement de légiférer par
ordonnance. Cʼest la loi dʼhabilitation votée par le parlement.

Lʼart.13 al.1 : « Le président de la République signe les ordonnances ».
Dans le langage juridique français, lʼindicatif du présent véhicule une obligation
dʼaction. Un président qui refuserait sa signature peut être commettrait une violation de la
constitution. Cʼest ce qui sʼest passé lors de la première cohabitation en 1986 entre un
premier ministre de droite Jacques Chirac et un pré socialiste, France Mitterrand.

Mitterrand refuse de signer des ordonnances que lui soumet Chirac, qui portent sur
le domaine social, car il les considère peu favorables aux travailleurs. La droite crie
immédiatement à la violation de la Constitution par le Président de la République,
Mitterrand persiste et ne signe pas.

Cʼest la première fois où on se trouve en face dʼune telle difficulté juridico politique.
En général, en doit, lorsquʼune obligation est imposée à quelqu'un, il y a également des
procédures obligeant celui sur lequel pèse une obligation de la réaliser. Mais il nʼy a
aucune procédure de prévue dans ce cas la. Lʼobligation de lʼart.38 est donc une
obligation imparfaite.

Blocage total  ? Pas tout à fait, car le Premier Ministre de par la Constitution a un
autre moyen pour faire face à cette difficulté imprévue : il nʼa cas demander à sa majorité
parlementaire de voter une loi reprenant lʼessentiel du texte de lʼordonnance que le
Président de la République refuse de signer.

Les dispositions chères à Chirac à lʼépoque prendront la forme dʼune loi au lieu
dʼune ordonnance. Mais toutes ces procédures ont retardé lʼaction du premier ministre.
Le même art.13 al.1 dit que le Président de la République signe les décrets délibérés en
conseil des ministres.

B) Les décrets délibérés en Conseil des ministres

On les appelle plus brièvement les décrets en conseil des ministres.


Cʼest le Président de la République qui signe ces derniers et qui préside les réunions en
Conseil des ministres, quelle que soit la configuration politique. Même avec le
gouvernement de gauche de Lionel Jospin, cʼétait quand même le Président Chirac qui
présidait le Conseil des ministres.

Quels sont ces décrets ? Comment les définir, les cerner ?

17/94
Institutions Administratives
La constitution ne porte pas définition juridique des décrets en conseil des
ministres.

Les décrets simples ont comme auteur non plus le Président de la République mais le
Premier ministre, et ils ne sont pas délibérés en conseil des ministres.

Il devient urgent de déterminer les décrets en Conseil des ministres et pourtant la


Constitution garde sur ce point un silence quasiment absolu. Le texte constitutionnel
comporte deux exemples de décrets délibérés en conseil des ministres :
 art.36 al.1 : Lʼétat de siège est décrété en conseil des ministres
 art.13 al.2 : le Président de la République nomme aux emplois civils et militaires de
lʼEtat ; évidemment pas à tous. Lʼalinéa 3 du même article nous donne une liste de
ces emplois civils et militaires :
o conseillers dʼétat
o grand chancelier de la Légion dʼHonneur
o ambassadeurs
o conseillers maîtres à la Cour des comptes
o préfets
o représentants de lʼEtat dans les collectivités dʼOutre mer et en Nouvelle
Calédonie
o officiers généraux des armées
o recteurs des académies
o directeurs des administrations centrales
Cette liste nʼest pas exhaustive car lʼalinéa 13 du même article prévoit le vote dʼune
loi organique comportant une autre liste dʼemplois civils et militaires auxquels le
président pourrait nommer.

Cette loi organique, en lʼabsence dʼun parlement durant lʼautomne 58, va être
adoptée par le Président De Gaulle sous forme dʼordonnance de lʼart.92, le 28
novembre 1958.

En vertu de cette ordonnance le Président de la République nomme également les


magistrats, les professeurs des universités, les officiers des armées, les membres
du Conseil dʼétat et de la Cour des compte, et en général les membres de corps
dont le recrutement est normalement assuré par lʼENA. Le pouvoir de nomination
du Président de la République est qualitativement très important.

En dehors de la proclamation de lʼétat de siège et de la nomination à de hauts postes de


lʼadministration publique, la Constitution ne nous donne pas dʼexemple de décrets en
Conseil des ministres.

Dans un arrêt Meyet de 1992, est décret en conseil des ministres tout décret effectivement
délibéré en conseil des ministres, donc toute matière inscrite en tant que telle a lʼordre du
jour en conseil des ministres.

La jurisprudence Meyet a fait couler beaucoup dʼencre. Ses détracteurs disent que par le
biais de lʼarrêt Meyet, le Président de la République peut accaparer un immense pouvoir
administratif. Il lui suffira dʼimposer au Conseil des ministres lʼordre du jour quʼil souhaite et
son pouvoir administratif en deviendra plus important.
Bémol :

18/94
Institutions Administratives
 ce pouvoir du président dʼinscrire à lʼordre du jour pratiquement tout ce quʼil
souhaite trouve une limite logique  : la volonté du premier ministre. Si le premier
ministre ne veut pas collaborer, une réunion en Conseil des ministres sera une
coquille vide. En période de cohabitation ce risque est très réel. En période de
concordance de deux majorités, le premier ministre fera tout ce que le président de
la République lui demande.
Principe du parallélisme des forme : si une matière est régie par un décret en Conseil
des ministres, elle ne peut subir un changement que par un autre décret en Conseil des
ministres. Ainsi si une période de concordance prenait fin, le Président de la République
garderait un immense pouvoir administratif aux dépens de la nouvelle majorité
parlementaire.

Anti démocratique ?
Echappatoire : le premier ministre peut demander de voter une loi dont la matière est régie
par un décret. La jurisprudence Meyet nʼest pas si dramatique que ça.

II. Les compétences administratives du Président de la République dans le cadre


de lʼart.16 de la Constitution

Cet art.16 a été voulu tout particulièrement par le général de Gaulle. Si le président
avait eu un réel pouvoir, il aurait pu sʼopposer à Pétain et à la capitulation honteuse de la
France en 1940.

En période de grave risque pour la Nation et les institutions démocratiques, il devrait y


avoir quelqu'un dans lʼEtat susceptible de prendre pendant un bref laps de temps tous les
pouvoirs pour sauver la patrie. Il reprend une institution antique, celle du dictateur. En cas
de danger pour la nation romaine, les citoyens désignaient un dictateur pour une période
de 6 mois, ou les libertés étaient mises entre parenthèses.

En cas de danger grave pour la France le Président de la République, en vertu de lʼart.


16, peut cumuler la quasi-totalité des pouvoirs, notamment exécutif et législatif.
Cet article nʼa été mis en fonction quʼune seule fois durant lʼété 1960, face au risque de
coup dʼétat militaire lié aux événements dʼAlgérie.

Les mesures présidentielles pouvaient elles être contestées devant un juge ?


Dans lʼesprit des rédacteurs de la Constitution cela devait être impossible, mais ce nʼest
pas ce quʼa décidé le Conseil dʼEtat.

Ce dernier a été saisi dʼun recours pour excès de pouvoir à lʼencontre dʼune mesure
présidentielle. Dans son arrêt du 2 mars 1962, appelé Rubin de Servens, le Conseil dʼEtat
établit une distinction entre acte présidentiel portant sur un domaine législatif ou
administratif.

Cette distinction est très importante en droit administratif. Le juge administratif ne


peut contester dʼaucune manière une loi. En revanche il peut contester la légalité dʼune
mesure administrative.
Le Président de la République a donc énormément de pouvoir, mais avec de véritables
limites.

19/94
Institutions Administratives

Section 2 : Lʼadministration élyséenne


I. Traits généraux de lʼadministration élyséenne

Lʼexécutif de la Vème est bicéphale.


Pour que le Président puisse faire face à ses nombreuses compétences administratives, il
a besoin dʼêtre assisté dʼun personnel qualifié, hauts fonctionnaires de lʼEtat.

On aurait pu songer à une administration présidentielle et une administration


gouvernementale.

Charles de Gaulle a écarté cette disposition :


 impossible dʼhéberger dans le palais de lʼÉlysée les nombreux fonctionnaires dʼune
telle séparation
 il nʼimaginait pas un instant que son premier ministre pouvait être une personnalité
venant dʼun autre camp politique que le sien.
 Le texte constitutionnel de manière claire établit le principe de lʼunicité de
lʼadministration française. Lʼart.20 de la Constitution dit que le Gouvernement
dispose de lʼadministration. Lʼart.21 dit que cʼest le premier ministre qui dirige
lʼaction du Gouvernement. A la tête de lʼadministration française se trouve le
premier ministre.

Comment le président de la république pourra, lui, disposer de moyens administratifs
(financiers techniques et surtout humains) ?
Cʼest au premier ministre de mettre à la disposition du palais de lʼElysée les moyens
appropriés. Ces moyens seront relativement légers.

En règle générale les premiers ministres ont satisfait à toutes les demandes venant de la
présidence de la république, même en période de cohabitation.
A partir du moment ou un premier ministre espère être élu Président de la République un
jour, il ne fera jamais rien pour diminuer le prestige de cette fonction.
En période de concordance de majorités présidentielles et parlementaires, le Président de
la République a des relais dans chacun des ministères, mais en cohabitation, ces relais
disparaissent (officiellement du moins).

Il a alors besoin dʼétoffer ses services présidentiels. De toute façon, le Président de la


République depuis le début de la Vème République a une visibilité de plus en plus grande.
Il intervient dans des domaines de plus en plus nombreux, et certains même appellent
dans leurs vœux lʼavènement dʼun régime politique présidentiel pur et simple, plus ou
moins à lʼaméricaine.

Sous les deux mandats de Chirac, les moyens mis à la disposition de lʼElysée ont
considérablement augmenté, de presque 500%.

Certains députés recrutés autant dans la majorité que lʼopposition sʼen inquiètent. Cette
montée en puissance du budget et des service de lʼÉlysée, lʼadministration reste
relativement légère et peu étoffée  : il nʼy a que quelque centaines de personnes qui
composent lʼÉlysée.
 les personnes dʼentretien et celle attachées à la sécurité

20/94
Institutions Administratives
 hauts fonctionnaires très qualifiés et qui conseillent le Président en connaissance
de cause

Lʼorganisation de la présidence élyséenne nʼobéit pas a des texte, sauf à un décret de
1954 qui nʼest pas tout a fait respecté depuis plusieurs décennies.
Lʼorganisation élyséenne est en grande partie empirique. Cʼest par touches successives
que les présidents de la république ont fait cette organisation. De Gaulle a bien sur laissé
une marque indélébile.

II. Les services de la présidence de la République

Ils sont au nombre de trois :

A) Le Cabinet du président de la République

Ce Cabinet correspond à ce quʼon appelait sous la IIIème et la IVème la « maison civile du


président ».

Il est peu étoffé : deux, trois, quatre, une dizaine de collaborateurs. Il organise la gestion
administrative et financière du palais de lʼÉlysée, ainsi que lʼemploi du temps du Président
de la République, sa communication.

Le général de Gaulle a immédiatement conçu lʼimportance de pouvoir communiquer


directement avec le peuple français. Il a dévoilé ses grands projets par le biais de
conférences de presse. Le Cabinet accorde de nos jours encore une attention toute
particulière à la communication présidentielle.

Le Cabinet peut facilement faire écran entre le président et la Nation. Le président doit
pouvoir faire une grande confiance aux collaborateurs qui composent son cabinet.

Chirac a recruté comme chef de la communication sa propre fille, Claude.


De Gaulle qui avait e sens de la formule avait pour habitude de dire que le cabinet du
Président de la République a pour mission de sʼoccuper des rapports du président avec la
Nation.

B) Le secrétariat général de la présidence de la république

SI pour de Gaulle le cabinet sʼoccupe de ses rapports avec la nation, le secrétariat général
de la présidence sʼoccupe des rapports du président avec lʼEtat.

Il y a quelque dizaines de collaborateurs qui fonctionnent sous la tutelle du


secrétaire général et du secrétaire général adjoint de lʼÉlysée. Sa mission est de suivre les
dossiers qui arrivent à lʼÉlysée des ministères ou du secrétariat général du gouvernement.

Le secrétaire général de lʼÉlysée doit pouvoir suggérer des solutions au Président


de la République.

Il doit également rechercher des infos supplémentaires. Cela surtout en période de


cohabitation. Sous certains présidents de la république, le secrétariat général à la
présidence a acquis un rôle politique fort important. Il est devenu une sorte de

21/94
Institutions Administratives
gouvernement bis. Le véritable poids politique du secrétariat général de lʼÉlysée
dépendra du président de la république.

Bien sur le secrétariat général ne pourra pas jouer un rôle de tout premier plan en
période de cohabitation. Il sera peu utile quʼil joue un grand rôle politique en période de
concordance quand le premier ministre est un fidèle du Président de la République. Mais
quand malgré une concordance de deux majorités, le premier ministre pose politiquement
des difficultés au Président de la République, le secrétariat général cherchera plus ou
moins consciemment à contourner le gouvernement.

Cette situation a été vécue sous Pompidou avec comme premier ministre Jacques
Chaban-delmas. Les deux personnalités issues tout de même du gaullisme ne pouvaient
pas vraiment sʼentendre. Pompidou était allergique au projet de nouvelle société cher à
Chaban-Delmas. Le secrétariat de Pompidou fera tout pour que Chaban-Delmas échoue
et finisse par présenter sa démission.

Une période analogue a été vécue à la fin des année 80 quand Mitterrand a du
nommer comme premier ministre Michel Rocard. Les deux sont socialistes mais ils ne
sʼentendent pas du tout. Il y aura une guérilla mitterrandienne contre le gouvernement
Rocard.

Néanmoins, le secrétaire général de lʼÉlysée aura toujours du pouvoir, mais il


exerce ce pouvoir en coulisses. IL est peu connu du grand public, très probablement à
tort, car il fut des périodes ou cʼétait littéralement le secrétaire général qui a gouverné la
France, comme dans les dernières années de mandat de Pompidou quand il était malade
du cancer. Ce secrétaire deviendra premier ministre des décennies plus tard  : Edouard
Balladur.

De même le tout premier secrétaire général de lʼÉlysée sous Mitterrand est au


départ un grand inconnu mais deviendra plus tard premier ministre : Pierre Bérégovoy.

Le tout dernier secrétaire général de lʼÉlysée sous Mitterrand sera pendant 5 ans
ministre des affaires étrangères sous le gouvernement Jospin.

Mais le plus célèbre est le premier secrétaire général sous le mandat de Chirac,
actuellement premier ministre, De Villepin.

Quelques personnalités peuvent utiliser le secrétariat général de lʼÉlysée comme tremplin


pour une future carrière politique de grande envergure.
Ce sont presque tous des énarques, souvent même des conseillers dʼétat.

A coté il y a encore des conseillers choisis personnellement par le Président de la


République qui est ébloui par leurs compétences et leur intelligence, comme Jacques
Attali, devant lequel Mitterrand se prosternait. Il a longtemps conseillé Mitterrand, il pouvait
le contacter directement à nʼimporte quelle heure du jour ou de la nuit.

Célèbres également sont restés les deux conseillers spéciaux de Pompidou qui ont eux
aussi gouverné la France  avec Balladur durant la maladie du président : Marie France
Garrot et Pierre Juillet. Juillet a joué un rôle déterminant dans le démission premier
ministre Chaban-Delmas, le qualifiant « dʼhomme le plus dangereux pour la France ».

22/94
Institutions Administratives
Jacques Foccart était conseiller spécial de Charles de Gaulle. Il avait une mission  : la
gestion de la décolonisation en Afrique, mais aussi la gestion au quotidien de la France
Afrique, c'est-à-dire lʼinfluence française dans ses anciennes colonies africaines.

Sous le septennat giscardien, le cabinet du président avait fusionné avec le secrétariat


général de la présidence, mais cette expérience est restée sans lendemain.

C) LʼEtat-major particulier

Il correspond à ce quʼon appelait autrefois la «  maison militaire du Président de la


République ».
Il gère aussi les rapports du président avec lʼEtat, en ce qui a trait à la défense nationale.
En toute logique ceux qui composent lʼEtat-major sont des militaires expérimentés,
souvent visionnaires, et presque toujours hauts gradés.

Selon lʼart.15 de la Constitution, le Président de la République est le chef des


armées, et selon De Gaulle, le domaine militaire est lʼun des deux domaines réservés au
Président de la République. Le général De Gaulle va donner un lustre, un prestige à lʼEtat-
major particulier. Il est militaire de formation et il va toujours sʼintéresser aux problèmes de
la Défense.

Dans les années 1930 il sʼintéressait déjà beaucoup en tant que théoricien aux
ouvrages sur la Défense. Il était un grand admirateur de lʼarmée allemande et il avait
compris que si la France voulait gagner le prochain conflit avec lʼAllemagne, il lui fallait
impérativement abandonner la stratégie qui a été la sienne entre 14 et 18. Il voulait donner
à lʼarmée française une grande mobilité. Evidemment lʼEtat-major de lʼarmée française nʼa
pas suivi De Gaulle et a préféré défendre le territoire en plein immobilisme à cause de la
ligne Maginot.

Sʼil a mis en place lʼEtat-major avec autant de soin, cʼest en pensant à ses successeurs.
Tout cela prend une nouvelle importance à partir du moment ou la France se dote de
lʼarme nucléaire. Un décret de 1964 permet au seul Président de la République dʼengager
les forces aériennes stratégiques. Elle va bientôt sʼappuyer sur des missiles et des sous
marins. Heureusement un décret de 1996 soumettra la totalité des possibilités
dʼengagement nucléaire de la France à la disposition du Président de la République.

La plupart du temps le chef de lʼEtat major particulier de lʼÉlysée sera un amiral, et parfois
sortira des coulisses dans lesquelles il évolue habituellement et fera son apparition sur la
grande scène politique avec lʼaccord du président. Célèbre est resté en lʼespèce le
contournement du ministre de la Défense de Chevènement par le chef de lʼétat major
Lanxade.

En règle générale, le chef de lʼétat major particulier de lʼÉlysée devient le chef de lʼétat
major des armées (le plus haut gradé de lʼarmée française) une fois quʼil aura quitté
lʼÉlysée.

23/94
Institutions Administratives

Chap.2 : Lʼadministration au niveau du Gouvernement


Sous chapitre 1 : Le premier ministre
Le premier ministre dirige lʼaction du Gouvernement. Il est donc au dessus de autres
membres qui composent le gouvernement. Une telle disposition faisait défaut dans la
constitution de 1946.

Section 1  : Les compétences administratives du


premier ministre

Le premier ministre possède un pouvoir réglementaire selon lʼart.21 al.1 troisième phrase :
le premier ministre assure lʼexécution des lois. Selon la quatrième phase, le premier
ministre, sous réserve des dispositions de lʼart.13, exerce le pouvoir réglementaire.

Dans la tradition française sous la IIIème et la IVème, celui qui exerce le pouvoir
réglementaire assure également lʼexécution des lois  ; Les deux expressions sont en
France traditionnellement synonyme.

Pourquoi lʼart.21 les distingue ?


Sous la Vème et pour la première fois dans lʼhistoire constitutionnelle et administrative de
ce pays, un règlement pourra ne pas servir à lʼexécution dʼune loi. La constitution de 1958
conçoit pour la première fois en France des règlements dits «  autonomes  » dont parle
encore lart.37 de la Constitution.

Or le premier ministre est là pour assurer lʼexécution des lois par des règlements, mais
également pour adopter des règlements autonomes qui nʼont rien a voir avec lʼexécution
des lois. Ces règlements autonomes sont très peu fréquents (1%).

Le pouvoir réglementaire du premier ministre sʼexerce sous réserve des dispositions de


lʼart.13, qui énumère les compétences administratives du Président de la République. Si
on combine les articles 13 al.1 et 21 al.1, on peut conclure que lʼautorité détentrice du
pouvoir réglementaire en France est bel et bien le premier ministre à lʼexception de
certains domaines spécifiquement dits par la Constitution où cʼest le Président de la
République qui détient le pouvoir réglementaire (il signe les ordonnances et les décrets en
conseil des ministres). Pour le reste le pouvoir réglementaire est détenu par le premier
ministre.

Le premier ministre nʼest pas étranger aux ordonnances et aux décrets en conseil des
ministres. Selon lʼart.19 de la Constitution, les actes du Président ont besoin du
contreseing du premier ministre. Signification juridique ?

Il ne faut pas penser que en contresignant le premier ministre deviendrait coauteur de ce


décret. Seul le Président de la République est auteur des décrets en conseil des ministres.

Il a surtout une signification politique.

24/94
Institutions Administratives
Sous les régimes républicains, les présidents de la république sont politiquement
irresponsables, lʼAssemblée Nationale ni le Sénat ne peuvent renverser le Président de la
République.

En revanche, sous la Vème le Président peu dissoudre lʼAssemblée Nationale.


Le premier ministre, par le biais du contreseing, assume la responsabilité politique pour
les actes quʼil contresigne. La «  colère  » du parlement sera portée contre le premier
ministre. Sʼil estime quʼil ne peut pas assumer politiquement tel ou tel acte politique, il
refusera son contreseing, mais dans ce cas le Président ne pourra pas adopter lʼacte.
Certains actes comme la dissolution de lʼAssemblée Nationale ne nécessitent pas le
contreseing du premier ministre.

Sinon, le premier ministre, selon toujours la quatrième phrase de lʼart.21 al.1 possède un
pouvoir de nomination aux emplois civils et politiques sous réserve des dispositions de
lʼart.13.

Sur la base de lʼordonnance portant loi organique du 2 novembre 58 et sur la base de


lʼart  .13, le Président de la République nomme à une centaine de postes tant civils que
militaires.

En règle générale le pouvoir de nomination du Président est très important. Certains


auteurs disent quʼau fond le pouvoir de nomination du premier ministre sʼapparente à une
coquille vide, ce qui est nettement exagéré. Le pouvoir de nomination du premier ministre
est toutefois durement concurrencé par celui du Président de la République.
Le président Mitterrand avait mis en place un comité composé dʼhommes politiques mais
surtout de constitutionalistes chargés de réfléchir à de possibles révisions de la
Constitution.

Ce comité est le comité Vedel du nom du doyen Georges Vedel. Le rapport du comité
Vedel propose formellement une drastique modification de lʼart.13 afin de limiter autant
que possible le pouvoir de nomination du président. Mitterrand na pas donné suite, mais
en 1995, un candidat totalement outsider a protesté contre lʼexcessif pouvoir de
nomination du Président, et a promis de faire quelque chose sʼil étai élu à la présidence.
Ce candidat, Chirac, a totalement oublié cette promesse une fois élu.

Le premier ministre doit prendre en considération les compétences analogues du


Président de la République. En cas de doute, une compétence administrative relèvera du
premier ministre et non du Président de la République. Il y a une présomption en faveur du
premier ministre. Dans ce cas, on comprend pourquoi lʼart.20 met lʼadministration à la
disposition du premier ministre.

Section 2 : Les services du premier ministre


Le premier ministre existe seulement depuis 1958. La IVème République mais aussi la
IIIème en pratique connaissaient un Président du conseil. Les régimes politiques
antérieurs parfois ne connaissaient pas de premier ministre sauf le régime de deux
chartes constitutionnel de 1815 et 1830.

Les lois constitutionnelles de 1875 de la IIIème République ignorent totalement la fonction


de président du conseil. Elles ne connaissent quʼune seule autorité administrative, le

25/94
Institutions Administratives
Président de la République. Dans les faits, il y aura parmi les ministres un ministre qui
aura une place prépondérante, on lʼappellera dans la pratique Président du conseil (or la
présidence du conseil des ministres a toujours été occupée par le Président de la
République).

Pendant longtemps, la présidence du conseil sera totalement dépourvue de moyens


financiers, techniques, humains, ou de locaux.
Mais comment le président du conseil pouvait exercer ses fonctions ?
On avait trouvé un contournement. Le Président du conseil était en même temps ministre
au Gouvernement. Pierre Valdec Rousseau (1899-1902), ou Georges Clemenceau
(1906-1909) étaient en même temps président du conseil et ministre de lʼintérieur.

Il fut un temps ou il nʼétait plus humainement possible dʼêtre Président du conseil et


détenteur dʼun portefeuille ministériel important comme lʼIntérieur ou la Guerre.
Le premier président de conseil a ne pas être en même temps ministre fut Viviani en 1914.

Un décret de 1912 accordait généreusement trois postes supplémentaires au cabinet du


ministre qui était président du conseil.

Pendant la guerre un jeune conseiller dʼétat membre du parti socialiste et célébrissime


futur président de conseil, Léon Blum, va se pencher soigneusement sur les défauts
français au niveau de la présidence du conseil.

En 1917 Blum publie ses lettres sur la réforme gouvernementale. Il sʼinspire des
expériences britanniques quʼil connaît bien. Le premier ministre du Royaume Uni est chef
incontestable et possède de vastes moyens administratifs. Apres la guerre en 1919 un
auteur a écrit dans la RDP (revue du droit public) que la présidence du conseil nʼa ni
argent, ni locaux, ni personnel.

En France ce nʼest quʼune loi de finance de 1934 qui pour la première fois permet au
Président du conseil de disposer de réels moyens administratifs.

I. Le cabinet du premier ministre

Il correspond à la fois au cabinet du Président de la République et au secrétariat général


de la présidence de la République. Le cabinet du premier ministre sʼoccupe des rapports
de ce dernier et avec la Nation, et avec lʼEtat. Il sʼagit dʼune équipe de collaborateurs
personnels du premier ministre oeuvrant sous lʼautorité du directeur du cabinet. Le
directeur du cabinet et les autres sont des fidèles du premier ministre.
Le directeur est expérimenté, souvent énarque ou conseiller dʼEtat. Choisir un excellent
directeur de cabinet est crucial pour un premier ministre, un mauvais directeur de cabinet
peut être un cause dʼéchec. En réalité le directeur de cabinet représente lʼéchec ou la
réussite du premier ministre.

Le premier ministre doit être au courant de tout. Il est à la base de la direction du pays.
Mais il ne peut pas être présent dans tous les domaines : cʼest alors son cabinet qui devra
être partout présent. La quasi-totalité du travail est fait par le Cabinet, et cʼest le directeur
de Cabinet qui trie les dossiers et décide lesquels sont les plus importants afin de les
confier au premier ministre.

26/94
Institutions Administratives
La France devient de plus en plus difficile à gérer, et le Cabinet du Premier Ministre est de
plus en plus pléthorique.
Sous la IVème République il comptait une douzaine de membres, au début des années
1980 un cinquantaine, et plus de 150 membres à la fin des années 1990.
Le Cabinet est très hiérarchisé  : il est dirigé par le directeur de cabinet et un chef du
cabinet qui sʼoccupe de lʼimage politique, de la communication, et de la sécurité du
Premier Ministre.

Il faut aussi préciser quʼil existe une structure à part : le Cabinet militaire, car selon lʼart.21
al.1 : le Premier Ministre est responsable de la Défense Nationale.

II. Le Secrétariat Général du Gouvernement

Il nʼest pas lʼéquivalent du Secrétaire Général du président, car le Secrétariat Général du


Gouvernement nʼest pas un organe politique, mais un organe purement technique et
administratif, politiquement neutre.

Un tel organe faisait défaut aux présidents du Conseil. Il existe pourtant depuis des siècles
outre-manche.
En France, il existe formellement depuis 1975, mais il nʼa pas bien fonctionné dans les
faits, car il été beaucoup trop largement politisé.

Cʼest à De Gaulle que lʼon doit le premier Secrétariat Général du Gouvernement


fonctionnant effectivement à Alger. Le tout premier secrétaire général du Gouvernement
sera un proche collaborateur de De Gaulle, Josse, de 1943 à 1946, pendant son exil
londonien.

En 1946, le conseiller dʼétat André Ségalat assuma son mandat jusquʼen février 1958,
c'est-à-dire durant toute la durée de la IVème République.
La stabilité administrative passe par le Secrétariat Général du Gouvernement.
Le secrétaire général du gouvernement reste en place même lorsque le Premier Ministre
quitte ses fonctions.

 Marcel LONG a quitté le Secrétariat Général au Gouvernement en 1982 parce quʼil


a eu une promotion : il est devenu vice président du conseil dʼEtat : le vrai patron du
conseil dʼEtat
 Jacques FOURNIER reste à ce poste de 1982 à 1986 : il est congédié par Jacques
CHIRAC : cela est inhabituel.
o Depuis DE GAULLE jamais un Secrétaire général au Gouvernement nʼavait
été congédié mais CHIRAC entamait la neutralité politique de cet organe
puisque trop à gauche. Il a quand même été nommé directeur de la SNCF
 Raymond DE SAINT MARC y reste jusquʼen 1994 : il quittera son poste pour la vice
présidence du conseil dʼétat
 Intérim de Jacques SCHOTTL
 Jean-Marc SAUVE
 Serge LAVIGNIES est le Secrétaire Général au Gouvernement actuel
 Organe stable et politiquement neutre et assure la continuité de la politique
française depuis la IVème République : « conscience de la république »
 Il réceptionne les différents projets de lois, de décrets, envoyés à Matignon et
donne son avis éclairé : il sʼagit toujours dʼun connaisseur du droit administratif

27/94
Institutions Administratives
 Le Secrétaire Général au Gouvernement veille à la bonne exécution des textes
adoptés, il défend devant le Conseil Constitutionnel les lois attaquées pour vice de
constitutionnalité
 Il joue un très grand rôle dans la détermination de lʼordre du jour du conseil des
ministres auxquelles il est toujours présent.
 Il est le seul à pouvoir prendre des notes uniquement manuscrites lors des réunions
du conseil des ministres, les seules notes du Secrétaire Général au Gouvernement
constituent les archives gouvernementales.
 Par ailleurs, il est le directeur des journaux officiels et notamment du journal officiel
de la République française des lois et décrets
 Il est le président de la maison de la documentation française où sont publiés tous
les actes du gouvernement
 Il préside des organismes qui dépendent plus ou moins de lʼautorité du premier
ministre.

III. Les services rattachés au premier ministre

A) Remarques générales

Matignon : siège du Premier Ministre


 Les services du Premier Ministre sont dispersés dans la ville de Paris, ils ne sont
pas caractérisés par le principe de la cohérence
 Parmi ces services, certains sont devenus désuets : parfois ces services changent
de nomination et parfois ils fonctionnent, parfois non.
 Le comité central dʼenquête sur le coût et les rendements du service public
 Le haut comité de la langue française
 Le comité interministériel de la sécurité routière
 Le conseil supérieur du cheval
 Etc.…

Il y a également des services qui concernent la direction générale du gouvernement qui ne


sont pas rattachés au premier ministre :
 La direction du budget : certes il y a eu quelques gouvernements dans lesquels ce
service fut rattaché à lʼhôtel Matignon mais ces dernières 50 années ce service fut
rattaché au ministère de la finance, pourtant il sʼagit dʼune tâche qui en dernier lieu
revient au Premier Ministre : cʼest son rôle dʼarbitrage budgétaire.
 Le rattachement de la préfectorale, c'est-à-dire de lʼensemble des préfets. Un préfet
contrairement à ce que lʼon pense, nʼa pas comme supérieur hiérarchique le
ministre de lʼintérieur, il doit une égale obéissance à tous les membres du
gouvernement or, les ministres sont rattachés au Premier Ministre, cependant la
préfectorale demeure rattachée au ministère de lʼIntérieur.
o Ces services ont souvent un budget très important. On aurait pu avec tous
ces services créer un ministère de la présidence du conseil. Mais en France
la réserve de ces services était trop grande  : certains de ces services
auraient du quitter lʼhôtel Matignon, leur prestige sʼen serait vu réduit.

B) Les principaux services rattachés au Premier Ministre

Le commissariat général au plan  : a été mis en place à la libération par le Général DE


GAULLE sur le conseil de Jean MONNET : père du projet communautaire européen.

28/94
Institutions Administratives
 Cela avait pour objectif la planification de lʼéconomie française  : construire des
logements, développer les infrastructures
 Administration de mission qui sʼoppose à une administration de gestion  : le
commissariat général au plan a perdu son lustre après les années 80  :
perturbations
 Jusquʼen septembre 2005, le commissariat général au plan a survécu mais il fut
supprimé par DE VILLEPIN

1) La DATAR

A été créé par la volonté du général DE GAULLE lors du premier mandat présidentiel
sous la Vème République en 1963. Elle est créée sur le rapport dʼolivier GUICHARD qui a
joué un très grand rôle dans la décentralisation.
 Néanmoins à la fin des années 1940
o Jean François GRAVIN dans «  Paris et le désert français  » souligne le
déséquilibre économique, démographique et culturel de la France.
o La DATAR veut justement rééquilibrer la situation de la France
o Délégation à lʼAménagement du Territoire et à lʼAction Régionale

Deux missions :
 Développer un certain nombre de métropoles régionales afin de concurrencer la
capitale  : Lille, Grenoble, Nantes, Toulouse, Marseille, Lyon, Nice et Strasbourg  :
sont situées à lʼextrême périphérie du pays  : le centre du pays continue dʼêtre
désertée par la population.
 Un effort de rééquilibrage du pays au niveau des régions les plus déséquilibrées
c'est-à-dire le Centre et lʼOuest  : le centre continu son déclin mais lʼOuest depuis
quelque années sʼest fortement développé

La DATAR est accusée dʼune grande planification, une grande centralisation du pouvoir
alors que ses objectifs lʼamènent à une forte décentralisation.
Les régions françaises sont plus en mesure de comprendre leurs problèmes : pas facile de
coordonner la DATAR aux actions des différents conseils régionaux : fraude à la DATAR
qui entraîne sa disparition récemment.

La DIACT est lʼenfant de la DATAR.


Délégation Intergouvernementale à lʼAménagement du Territoire et à la Compétitivité du
Territoire : crée par décret du premier ministre en décembre 2005
 Mettre en œuvre la politique nationale dʼaménagement et de développement du
territoire. En réalité sa mission est plus large que son ancêtre  : en effet elle ne
sʼoccupe pas seulement de lʼaménagement mais aussi de la compétitivité du
territoire et ainsi a pour mission de préparer la reconversion industrielle.

2) Le secrétariat général de la défense nationale (SGDN)

Cʼest le secrétariat au conseil de la défense, son rôle est comparable à celui du


Secrétariat Général au Gouvernement au niveau de la défense.
Il a un rôle important en matière de sensibilisation aux questions de la défense au sens le
plus large : antiterrorisme, anti-espionnage (notamment industriel)

29/94
Institutions Administratives
3) Services relatifs à la fonction dʼEtat

Le conseil supérieur de la fonction publique dont la présidence est assuré de droit par le
Premier Ministre.
Il y a également une direction générale de lʼadministration et de la fonction publique
rattachée elle aussi à lʼhôtel Matignon.
Il existe certains services de formation des fonctionnaires :
 LʼENA créée en 1945 par DE GAULLE
 Elle forme pendant un an et demi les très hauts fonctionnaires : formation théorique
et pratique
 Concours dʼentrée difficile, concours de sortie extrêmement difficile : il détermine la
carrière des très hauts fonctionnaires : les premiers choisissent le conseil dʼEtat ou
la cour des comptes, etc.… les autres sont obligés de choisir parmi des
administrations moins prestigieuses
 Le concours se base essentiellement sur le droit (administratif) et lʼéconomie.
 On peut passer le concours 3 fois jusquʼà lʼâge de 27 ans
 LʼIEP de Paris reste la meilleure préparation à lʼENA

On a pu à juste titre considérer que lʼENA nʼétait pas suffisante à la formation.

 En 1966 de Gaulle va être à lʼorigine des IRA = instituts régionaux


dʼadministrations.
Il y en a 5 en France.
Concours national.
Formation dure soit 1 et demi soit 2 ans.
Pendant que vous êtes élèves, vous êtes fonctionnaire et avez donc une paye.

SOUS CHAP 2 : La structure du gouvernement


Le Président de la République nomme les autres membres du Gouvernement  : ils sont
donc placés constitutionnellement sous la tutelle du Premier Ministre et du Président de la
République.
Lʼarticle 8 de la Constitution reste muet sur leur nature, le titre III parle lui aussi des
membres du Gouvernement  : à lʼévidence, si les ministres sont membres du
Gouvernement, il peut y avoir des membres du Gouvernement qui eux ne seront pas
ministres.

SECTION 1 : Les membres du gouvernement


Dʼaprès lʼart 8 alinéa 2 de la Constitution, cʼest sur proposition du Premier Ministre que le
Président de la République nomme les membres du Gouvernement.
Les autres membres sont donc placés sous la tutelle du Premier Ministre et du Président
de la République.
Ni leur entré en fonction, ni leur sortie, ne dépend dʼeux.
Mais qui sont ces autres membres du Gouvernement ?
Lʼart 8 de la C° reste muet sur la question, tandis que le titre 3 art. 20 à 23 sʼintitule « le
gouvernement », et parle lui aussi des membres du Gouvernement, tout en employant le
terme de ministre.
Il peut y avoir des membres du Gouvernement qui eux ne seront pas ministres.

30/94
Institutions Administratives
I) Les catégories de membres du gouvernement

A) Les ministres

1- Les ministres proprement dits

Etymologie : minus : le serviteur, hiérarchiquement inférieur qui doit servir celui qui lui est
hiérarchiquement supérieur.
Le titre de ministre se verra réapparaître après la Révolution.
Le ministre est placé à la tête dʼun département ministériel ou le ministère : ils constituent
le noyau dur dʼun gouvernement français. Cela ne veut pas dire quʼils seront majoritaires
 Le garde des Sceaux est le premier du rang protocolaire
 Puis viennent les ministres contrôlant les finances, lʼintérieur, les affaires étrangères
et puis les ministres dont les départements sont issus du ministère de lʼintérieur et
cela suivant lʼordre chronologique du détachement de leur département du
ministère Intérieur
 Mais cet ordre peut être bousculé

2) Les ministres dʼEtat

Titre qui vient de lʼAncien Régime éclipsé au 19ème Siècle et réapparaît à la fin de la IIIème
République. Depuis lors il nʼa pas vraiment dʼattributions, il nʼest pas à la tête dʼun
département ministériel : cʼest un ministre sans portefeuille.
 Il exerce au sein du Gouvernement une politique de représentation
 De nos jours, un ministre dʼEtat est un vrai ministre disposant dʼun portefeuille
ministériel parfois très important : il nʼest pas nécessaire pour le Gouvernement de
disposer de ministres dʼEtat  : JOSPIN nʼen avait pas. Lʼactuel gouvernement DE
VILLEPIN comporte un seul ministre dʼEtat : Nicolas SARKOZY.
 Etre ministre dʼEtat ne signifie pas être à la tête dʼun ministère important doté dʼun
gros portefeuille (cf. Malraux qui était à la culture, on ne voulait que distinguer cette
haute personnalité)

3) Les ministres délégués

A la base ils nʼétaient rattachés quʼau Premier Ministre mais depuis 1980 ce nʼest plus le
cas.
2 catégories :
 Ceux auxquels sont confiés de manière permanente une partie des attributions du
ministère de rattachement. Ainsi ces ministres sont détachés de lʼhumeur du
ministre de rattachement. Mais parfois la cohabitation est difficile  ; par exemple
entre le ministre des affaires étrangères et le ministre délégué à la coopération
internationale, ou celui délégué aux affaires européennes.
 Parfois le décret du Président de la République oublie de décrire les attributions du
ministre délégué, ainsi il dépendra du ministre duquel il dépend  : position parfois
peu avantageuse : sans rien du tout (locaux, attributions, etc.)

B) Les secrétaires dʼEtats

Ils peuvent être relativement nombreux dans un Gouvernement, et parfois sont plus
nombreux que les ministres. Ils permettent au Premier Ministre et au Président de la

31/94
Institutions Administratives
République qui les nomme, de créer un certain nombre de départements ministériels
spécialisés qui fait généralement plaisir à la classe socioprofessionnelle qui y correspond.
 Pourquoi ne pas mettre à la tête de ces nouveaux départements ministériels, un
ministre ? On voit alors lʼutilité des secrétaires dʼEtat : en principes ils sont exclus
des réunions du conseil des ministres sauf sʼil y est invité explicitement (à lʼordre du
jour se trouve une question pour laquelle le secrétaire dʼEtat est compétent)

Il y 2 catégorie de secrétaires dʼEtat :


 Autonome : exerce ses fonctions auprès du Premier Ministre ou des ministres ; le
décret prévoit ses attributions : il risque fort de se trouver dans une position plus
avantageuse quʼun ministre dʼétat sans département
 Délégué  : ne dispose pas de budget ni de locaux, dʼadministration et ne participe
aucunement aux réunions du conseil des ministres  : jeunes loups de la politique
auxquels on donne leur chance de faire leurs premières armes.

Lʼinstitution des secrétaires dʼEtats sert à caser des femmes au sein du gouvernement
français : inégalité politique flagrante entre les 2 sexes.
 JUPE  : Très grand nombre de femmes au gouvernement pour la première fois
cʼétait des secrétaires dʼEtat aux attributions extrêmement vagues. (Premier
gouvernement)
 Le deuxième gouvernement lui ne comportait que peu de femmes puisquʼil y avait
très peu de secrétaires dʼEtat.

II) Le Rôle des ministres

Le pouvoir politique dépendra de nombreuses inconnues.


La principale contrainte politique qui pèse sur les ministres est lʼindispensable solidarité
gouvernementale, tout manquement peut être parfois sévèrement sanctionnée par le
Premier Ministre, voir le Président de la République.
Il faut savoir parler aux gens et à la presse, avoir de bons contacts avec les autres
membres du gouvernement : quelqu'un de peu expérimenté ne va pas se faire de vieux os
au gouvernement. (Années 90)
« Un ministre ça ferme sa gueule si ça veut lʼouvrir ça démissionne » CHEVENEMENT

A) Les compétences administratives des ministres

Les ministres sont dépourvus pour lʼessentiel dʼun pouvoir réglementaire.


La combinaison des articles 13 alinéa 1 et 21 alinéa 1 nous dit que le pouvoir
réglementaire est possédé par le seul Premier Ministre sauf exception pour le Président
de la République.

Un ministre normalement et à fortiori un secrétaire dʼEtat nʼa pas de compétences


réglementaires. Si par contre cʼétait le cas, il y aurait une sorte de chaos juridico
administratif.

Le constituant a préféré doter une ou deux personnalités de ce pouvoir, mais


exceptionnellement par voie dʼattribution explicite être délégué dʼun pouvoir réglementaire,
sous la forme dʼune loi ou dʼun décret du chef de lʼEtat ou du gouvernement.
Sʼil excède les limites dans son arrêté ministériel, il sera annulé par le Conseil dʼEtat pour
incompétence de leur auteur.
 Il est possible de faire des arrêtés interministériels (entre plusieurs ministres)

32/94
Institutions Administratives
 Chaque fois donc un acte administratif est pris par une et une seule personne
physique : il nʼy a pas en France de pouvoir gouvernemental collectif.
 Le pouvoir de règlementation interne est attribué à tout ministre et tout chef
dʼadministration  : jurisprudence JAMARD de 1936  : «  pouvoir de prendre les
mesures nécessaires au bon fonctionnement de lʼadministration placée sous leur
autorité. »
o Il nʼest pas spécifiquement attribué aux ministres mais à tout chef
dʼadministration : (donc pas les délégués)
o Elle donne un pouvoir dʼorganisation interne du service administratif en
question  : cette jurisprudence ne va pas au delà des limites du
fonctionnement interne du service administratif
o Les ministres et les secrétaires dʼEtat possèdent un pouvoir de contreseing :
multiplication des contreseings : retarde lʼentrée en vigueur des décrets

Le conseil des ministres à Bruxelles : eurodéputés

 Un ministre ne peut pas être en même temps un député, avant de devenir membre
du gouvernement, il est normalement élu député mais dès sa nomination au
gouvernement il doit présenter sa démission
 Mais il ne sera pas ministre toute sa vie : il ne peut donc jamais négliger les affaires
de son fief électoral : cʼest un nomade qui va de son siège électoral à Paris, parfois
à Bruxelles. A lui seul il ne se suffit pas dʼoù lʼimportance du cabinet ministériel
composé de fidèles politiques du ministre en question.
 Parfois originalité  : embauchent des personnalités qui nʼappartiennent pas à leur
camp politique (cf. PASQUA ministre de lʼintérieur qui avait nommé un socialiste)
 Le cabinet ministériel nʼest pas une spécificité française mais il en comporte  :
restauration des Bourbon  : époque où lʼon expérimente les cabinets ministériels  :
sʼoccupent des affaires du ministre : communication avec tous
 Le cabinet ne sʼoccupe pas uniquement des affaires politiques du ministre mais il a
aussi des compétences administratives alors que par nature cʼest un organe
politique, il interviendra donc dans le fonctionnement du ministère.
 En France il y confusion voulue entre politique et administratif par le biais des
cabinets ministériels  : le ministre qui vient du monde politique, qui est porteur de
messages politiques, qui représente les choix politique du peuple souverain, vient
occuper un poste au sein de son ministère et se confronte à la technocratie de son
ministère.
 Choc de mentalités, de culture : lʼadministration est toute puissante, elle sait tout :
très facilement elle pourrait opposer sa volonté au ministre porteur du message
politique du peuple souverain, le peuple a peut-être voulu changer dʼorientation
politique mais la bureaucratie arrivera toujours à imposer sa volonté au ministre.
Les organes mixtes et administratifs que sont les cabinets ministériels ont alors été
créé.
 Le ministre expérimenté arrivera donc mieux à sʼimposer à la bureaucratie
ministérielle  : place de choix au choix politique du peuple souverain  : le cabinet
ministériel est donc symbole de démocratie.

Les administrations elles-mêmes sont intéressées dʼavoir leur propre représentant au sein
du cabinet : meilleur contact entre ministre et technocratie.
Les membres dʼun cabinet ministériel :
 28 juillet 1948, décret qui nous dit quʼil y a 10 postes budgétaires pour un ministre
et 7 pour un secrétaire dʼEtat mais ce nʼest pas suffisant : les cabinet comportent

33/94
Institutions Administratives
tous plusieurs dizaines de membres  : comment les autres membres vont-ils être
rémunérés ?
o Membres officiels
o Membres officieux : leurs noms sont publiés dans le JO
o Mode de rémunération : parfois pas de rémunération de tout. Ce sont parfois
des proches du ministres, des membres de sa famille  : tremplin pour une
carrière administrative, ou intéressement de passer de lʼautre coté de la
barrière. Dʼautres membres officieux veulent une rémunération  : somme
mise à la disposition du ministre ou du secrétaire dʼEtat : somme ridicule qui
ne correspond pas à la stricte réalité  : gérance de sommes importantes en
toute liberté qui leur est attribuée par la loi de finances de chaque année : le
montant est détaillé mais pas son utilisation  : le ministre rémunère des
indications anonymes.
 Le premier ministre peut utiliser le reste comme il lʼentend et parfois
lorsquʼil quitte ses fonctions il peut rester une grosse somme dʼargent
quʼil peut traditionnellement emporter.
 Ces sommes sont utilisées en dernier lieu pour rémunérer les
membres officieux de son ministère mais là il y un marchandage car il
nʼest pas obligé de rémunérer son cabinet  : il choisit alors qui
embaucher, etc.…
 Quelques abus ont eu lieu : du temps de JOSPIN, on a pris quelques
mesures dʼassainissement de la situation qui nʼont pas toujours eu les
effets escomptés

B) Les services rattachés aux ministres

Le secrétariat général : supprimé au profit des cabinets ministériels qui cumulent les deux
fonctions sauf pour le ministère des affaires étrangères qui a comme mission de créditer la
France dʼune réputation de confiance (ministère sensible) qui doit traverser les décennies
et les gouvernements.
 Jamais de grandes modifications de cette institution nʼont eu lieu

Au sein et au profit du ministère de lʼéconomie et des finances est crée également un


secrétariat général au moment où lʼon se dote de lʼEuro  ; celui-ci détermine les grandes
orientations de lʼéconomie française qui doit rester stable.
Le ministère de la défense dispose dʼun cabinet militaire : pour le ministère de lʼoutre-mer
également car cʼest ce ministre qui est chargé de la protection militaire des possessions
ultramarines françaises.

SECTION 2 : Les départements ministériels


I) La diversification des départements ministériels

Le nombre de ces structures ne cesse dʼaugmenter en France.


Question purement politique dʼavoir beaucoup ou relativement peu de départements
ministériels à tel ou tel moment : voix qui prononce une limitation drastique du nombre de
ministère : il faudrait limiter leur nombre dans la loi, voir dans la constitution. (Exemple des
Etats-Unis : 13 départements ministériels, pas plus).

34/94
Institutions Administratives
Sous lʼAncien Régime, les ministres nʼétaient responsables que devant le roi  : lʼAncien
Régime connaît 6 départements ministériels
 La chancellerie : le garde des Sceaux en est à la tête, en même temps quʼil garde
les sceaux royaux, il sʼoccupe de la justice
 Le contrôle général des finances
 Les affaires étrangères
 Le ministère de la guerre
 Le ministère de la marine
 Le ministère dit des affaires particulières : fourre-tout (futur ministère de lʼintérieur)

Bouleversements important durant la Révolution mais on retrouve ces ministères dès 1815
à la Restauration.
 Cʼest à partir de là que leur nombre augmente : fin de lʼEtat gendarme au profit de
lʼEtat providence : on renomme et on rassemble certains ministères (les 3 premiers
restent stables)
o Le ministère de la marine sʼoccupe notamment de la marine de guerre mais
aussi des colonies, et comme le commerce à lieu entre métropole et colonies
essentiellement, ce ministère est dans le fait aussi le ministère du commerce
o Le Ministère de la guerre devient le ministère des anciens combattants
o En 1936 est crée le ministère de lʼair (vols civils et militaires)
o A la libération une partie du ministère de lʼair, de la marine et le ministère de
la guerre vont sʼunir pour créer le ministère de la défense nationale
o Le ministère le lʼintérieur va subir le plus de détachement :
 En 1928, on créé à partir de ce ministère, le ministère de lʼinstruction
publique
 En 1881 ce grand ministère cèdera sa place : agriculture, commerce,
travaux publics
 En 1906 est créé le ministère du travail
 Le ministère de lʼurbanisme et du logement, de lʼenvironnement, du
plan, de lʼaménagement du territoire, de la recherche de la
consommation ,de la ville, de la femme, de la mer viennent plus tard
o Certains ministères on fini par disparaître  : le ministère des affaires
tunisiennes et marocaines, des affaires algériennes, de lʼinformation
(propagande gouvernementale dʼaprès les britanniques)
o Les américains ne comprennent pas lʼexistence du ministère de lʼagriculture

II) Types de départements ministériels 

 La première catégorie est composée de départements géographiques.


Un ministère a une compétence qui ne concerne quʼun seul territoire.
De nos jours, seul reste le département, parfois le secrétariat dʼEtat est chargé de
lʼoutre mer.
Lʼavantage de ce type de département ministériel, est quʼau sein même de ces
départements, les fonctionnaires connaissent à la perfection les besoins du
territoire en question.
Cependant il y a aussi un inconvénient de taille, qui a trait à lʼapprofondissement
des dossiers qui reste parfois un peu minime.

 A ce dernier égard, mieux vaut donc avoir des départements ministériels


appartenant à la deuxième grande catégorie, les départements dits verticaux :
Ils sʼoccupent de toutes les questions relatives à une matière.

35/94
Institutions Administratives
Par exemple, la sécurité intérieur, la défense, lʼéducation.
Les départements ministériels verticaux sont de très loin les plus nombreux.
Dans un monde qui devient de plus en plus complexe, il est indispensable dʼavoir
des administrations capables dʼanalyser une question sous tous ses aspects
diversifiés, avantage indiscutable pour les départements ministériels verticaux.

Lʼinconvénient, est que les départements ministériels verticaux connaissent


uniquement leur domaine matériel dʼintervention, et ignorent ce quʼil se passe dans
les ministère voisins.

Par exemple, lʼéducation nationale ne sʼintéresse quʼaux questions relatives à la


formation des jeunes, et se désintéresse des questions sociales, ou de sécurité.
Autre inconvénient, les départements ministériels verticaux peuvent empiéter les
uns dans le domaine des autres. Les frontières entre matière relevant dʼun
ministère ne sont jamais des frontières imperméables, bien au contraire, il y aura
toujours des zones grises, qui peuvent relever de tel ou tel ministère.
Ex : lʼéducation : collèges et lycées français à lʼétranger relèvent du ministère
des affaires étrangères. Lʼacadémie militaire relève du ministère de la défense
national. Les lycées agricoles relèvent du ministère de lʼagriculture.
Ex : la sécurité interne du pays, qui relève du ministère de lʼintérieur, ce qui
nʼest pas le cas de tous les pays (ministère de lʼintérieur et ministère de la sécurité
intérieur)
La police nationale relève directement du ministère de lʼintérieur.
La sécurité extérieure relève, elle, du ministère des affaires étrangères et du
ministère de la défense nationale.

Traditionnellement il y a 2 grands corps qui sʼoccupent de la sécurité, la police et la


gendarmerie (en dehors des villes, dans les campagnes). Ils relèvent du ministère
de la défense nationale.
On trouve aussi le corps des douanes, qui relève du ministère de lʼéconomie et des
finances.
Il y a parfois de grandes rivalités entre police et gendarme.
Il y a eu par le passé de très sérieux couacs entre gendarmerie et police nationale
en matière de lutte anti- terroriste, cela nʼest pas original puisque dans dʼautres
pays de telles rivalités défrayent la chronique (FBI et CIA)
EN France SARKOZY a obtenu dʼavoir sous ses ordres en matière de sécurité
intérieur, et la police nationale et la gendarmerie, ce nʼest pas pour autant que la
gendarmerie ne continue pas à relever du ministère de la défense.

 3ème type  : les ministère horizontaux  : Il nʼy en a quʼun seul, le ministère de


lʼéconomie et des finances.
Toutes activité a besoin dʼêtre financée, et ce financement viendra du ministère des
finances, or le ministère avant de financer exige et obtient un droit de regard sur les
dépenses quʼil entend engager.
Il met son nez là où il lui est possible.
BERCY est une vraie forteresse, cʼest là où réside le vrai pouvoir, le ministre des
finances est souvent très proches du Président de la République et du 1er ministre,
cela même si en dernier lieu, les arbitrages budgétaire seront effectué par le 1er
ministre lui-même.

III) Lʼorganisation des départements ministériels

36/94
Institutions Administratives

Les ministères ont chacun leurs propres missions, budget, et traditions. Lʼorganisation des
différents ministères sʼen ressent.
En principe ils se trouvent à Paris, même si aucun texte ne lʼapprouve.
Une grande majorité des sièges centraux des ministères se trouvent à Paris.
Tous les ministères veulent réaliser quelques économies immobilières, et donc se situent
en dehors de la capitale, en province, mais attention ce nʼest pas une déconcentration.
Ils continuent à relever directement du ministre ou du secrétaire dʼEtat compétent.
Ce phénomène est celui de la délocalisation.
Ex : LʼENA qui siège depuis quelques années déjà, à Strasbourg.

Globalement, le nombre de fonctionnaires travaillant dans les administrations centrales est


relativement réduit.
Lʼorganisation interne des ministères dépend évidemment du ministre ou du secrétaire
dʼEtat lui-même, et elle sʼapplique sur la Jurisprudence JAMAR du conseil dʼEtat.

Mais le gouvernement a toujours son mot à dire en matière dʼorganisation interne des
départements ministériels.
Souvent donc, cette organisation sera déterminée par décret, notamment du 1er ministre.

La principale division interne dans les différents ministères français, sont les
directions.
Il y a environ 180 directions. On parle de direction générale lorsque celle-ci a sous sa
tutelle plusieurs direction, ou encore quand elle comporte de nombreux services extérieurs
(encore appelés déconcentrés).
Les directeurs et les directeurs généraux des ministères constituent des emplois
discrétionnaires, ou encore à la discrétion du Gouvernement.
Cʼest une nomination qui met à son poste le directeur ou le directeur général. A tout
moment il peut être remercié, car il sʼagit de postes éjectables, et les titulaires de ces
postes ne bénéficient dʼaucune garantie.
Dans plusieurs ministères, les directions sont divisées en plusieurs sous directions, sous
lʼautorité dʼun chef de service.

Les sous directions et les divisions sont à peu près 500, tous ministères confondus.
A la base de lʼorganisation se trouve la cellule la plus petite, le bureau.
Il y a plus de 2000 bureaux actuellement, dont lʼimportance est extrêmement variable  :
certains comportent 4 ou 5 fonctionnaires, dʼautres en comportent plus de 200.

Depuis quelques années on assiste à lʼéclosion dʼun phénomène, celui de lʼapparition


dʼautorités administratives indépendantes.

Chap.3 : Les autorités administratives indépendantes


Les AAI possèdent trois caractéristiques :
 Autorité :
Une autorité administrative indépendante peut prendre des décisions exécutoires,
ce qui la distingue des juridictions, dont les décisions ont l'autorité de la chose
jugée, et de l'administration consultative, ne donnant que des avis. Néanmoins, une
autorité administrative indépendante peut posséder également des compétences
juridictionnelles et consultatives, comme la Commission bancaire. Ce pouvoir

37/94
Institutions Administratives
règlementaire pourrait venir concurrencer celui du premier ministre, il doit donc être
selon le Conseil constitutionnel limité à un domaine précis. Son pouvoir ne
sʼapparente pas à un pouvoir règlementaire autonome mais au seul pouvoir
dʼexécution des lois, et il est de plus utilité dans un but de régulation. Cette notion
de régulation manifeste la volonté pédagogique des AAI qui veulent échapper au
vocabulaire du contentieux mais cache souvent de vraies décisions administratives.
Toutes les AAI n'ont pas de pouvoir règlementaire.
 Administrative
Les autorités administratives indépendantes font partie intégrante de lʼÉtat : ce ne
sont pas des établissements publics dotés de la personnalité morale. En
conséquence elle n'ont pas de patrimoine, ne peuvent agir en justice, ni conclure un
contrat. Et surtout, agissant au nom de l'État, elles sont responsables de leurs
actes.
Mais la loi peut leur donner certains éléments de la personnalité comme le pouvoir
de recruter ses agents ou une autonomie financière.
L'Autorité des marchés financiers, bien que considérée comme AAI, possède la
personnalité morale. Cet exemple sera peut-être à l'avenir suivi pour les autres AAI.
 Indépendante
Bien quʼà lʼintérieur de l'État, elle est indépendante dans le sens où elle est
soustraite au pouvoir hiérarchique. Cette indépendance est voulue par l'État pour
offrir une crédibilité et une légitimité à ces organismes évoluant dans des domaines
sensibles. Néanmoins un éclatement de l'État peut devenir problématique quand
des compétences clés échappent au contrôle du gouvernement.

Il sʼagit bel et bien dʼautorités, cela signifie quʼelles ont la capacité de faire des actes
administratifs, c'est-à-dire des actes qui imposent un certain comportement à certaines
personnes, physiques ou morales.
Cela dit toutes les autorités administratives indépendantes nʼont pas forcément les même
capacités.
Ex : Le médiateur de la république, créé au départ par une Loi de 1973, et qui a
pour base de son statut actuel une loi de 1975.

Le médiateur peut-être saisi par les citoyens lorsque ces derniers ont une difficulté
avec tel ou tel administration de lʼEtat français.
La saisine nʼest pas directement faite par le citoyen, le législateur a voulu une
saisine indirecte, député, sénateur, ou encore euro député français.
Le médiateur est nommé par le Président de la République (ailleurs nommé par le
Parlement)
Le médiateur nʼest pas une autorité administrative indépendante collégiale, elle est
unipersonnelle. Cela dit les tâches du médiateur se sont multipliées et les citoyens
ont découvert lʼutilité de cette institution.

Le médiateur ne pouvait plus faire face au nombre extrêmement élevé de saisine, il y a


donc des délégués par départements du médiateur qui travaillent sous lʼétroite tutelle du
médiateur de la République.
Là où le bat blesse est que le médiateur ne peut pas adopter des décisions
administratives à lʼencontre dʼautres administrations française qui agissent de manière
délicate ou illégale à lʼégard du citoyen.

La force du médiateur est une force de persuasion, morale.


Lorsquʼil sʼengage cʼest quʼil est convaincu que le citoyen a raison.

38/94
Institutions Administratives
Il nʼest pas forcé que lʼadministration ait eu un comportement illégal, souvent dans les faits
il aura produit des effets inéquitables.

On sʼadresse à lui lorsque les lois mêmes ne peuvent pas donner gain de cause.
En principe les administrations se plient aux recommandations du médiateur.
Il est possible également que le comportement de lʼadministration ait été illégal, dans ce
cas est ce que cela vaut la peine de sʼadresser au médiateur, puisquʼil est possible dʼaller
devant un tribunal.

Certains préféreront le médiateur parce que comme cela on se trouve dans un cadre non
contentieux.
Cʼest une méthode plus douce de régler les problèmes dans une société.
Depuis quelques années il y a un autre médiateur, le «  défenseur des enfants  »  : ses
tâches sont limitées à la protection de lʼenfance.

Sinon la quasi-totalité des autorités administratives indépendantes sont collégiale et ont la


possibilité dʼacquérir des actes administratifs.
Le pouvoir réglementaire est partagé entre le 1er ministre et le Président de la République,
et maintenant on veut quʼon reconnaisse une partie du pouvoir règlementaire à des
autorités administratives indépendantes.

Le conseil constitutionnel saisi a pu se trouver dans lʼembarras, petit à petit il à élaboré


une Jurisprudence favorable aux administrations indépendantes, elles peuvent avoir
pouvoir règlementaire sous 2 conditions :
 leurs pouvoirs sont bien délimités
 seul le législateur peut leur conférer une telle parcelle de pouvoir règlementaire.
Ex  : le CSA qui peut adopter un certain nombre de recommandations, et qui peut
prendre de vraies décisions administratives infligeant des amendes, ou encore en levant la
licence à telle ou telle radio, a telle ou telle chaîne de télévision.
Une autre auto administrative indépendante, cʼest la CNIL  : commission nation
informatique et libertaire.
Autre exemple : CADA commissions dʼaccès aux documents administratif.

Une autre, au pouvoir administratif particulièrement fort, le conseil de la concurrence qui


peut infliger des amendes à lʼencontre dʼentreprises violant la réglementation sur la
concurrence commerciale.
Toutes ces autorités sont qualifiées dʼindépendantes, même si elles sont rattachées au 1er
ministre.

Cette indépendance connaît des limites, les décisions administratives doivent toujours
pouvoir être contestées devant le juge administratif.
Quelques exception, les décisions du conseil de la concurrence ne peuvent pas être
contestées devant le conseil dʼEtat mais devant la Cour dʼAppel de Paris ou devant la
Cour de Cassation.

39/94
Institutions Administratives

TITRE II : Lʼadministration


déconcentrée
Notion de déconcentration.
La décentralisation implique lʼexistence dʼautorités totalement indépendantes vis-à-vis de
lʼEtat.
Les entités de la décentralisation appelée collectivités territoriales sont pourvues dʼun
véritable pouvoir normatif.
Les autorités de la déconcentration ont aussi un pouvoir normatif, mais qui est soumis à la
tutelle, sous plusieurs aspects, dʼun supérieur hiérarchique et en tout premier lieu, du
Gouvernement français.
Derrière elle se trouve toujours lʼEtat, à la tête duquel se trouve toujours le Gouvernement.
Le gouvernement a donc le droit de modifier les décisions déconcentrées.
La principale autorité de la déconcentration est le préfet.

Chap 1 : Géographie de la déconcentration


Etude pour la déconcentration et la décentralisation.
En effet souvent tel ou tel cadre géographique de la déconcentration aura son pendant
dans la décentralisation.
Ex  : le département, cadre de la déconcentration, mais à qui correspond une
collectivité territoriale décentralisée qui sʼappelle elle aussi département.
Cela est également vrai pour les régions et les communes.
Il y a en réalité davantage de cadres de déconcentration que de cadres pour la
décentralisation.

Section n°1 : Le département, cadre privilégié de


lʼaction déconcentrée
Lʼossature de la déconcentration française est composée des départements.
Le département est contesté, il mène littéralement une bataille sur 2 fronts, contre divers
cadres infra départementaux et surtout contre divers cadre supra départementaux.

Certains disent que le département est devenu superflu.


Le lobby départementaliste arrive très bien à se défendre.
Le département nʼa pas toujours existé.

I) Une création révolutionnaire

Créé par la révolution française de la fin du 18ème siècle, et sa création a été une
conséquence dʼextrême radicalisme politique et administratif.
LʼAncien Régime ne connaissait pas les départements.
Lʼhistoire de ce pays a fait que les subdivisions internes du territoire royal ont été tout sauf
obéissantes à un modèle dʼuniformité, une très grande hétérogénéité des structure
existaient sous lʼAncien Régime.

40/94
Institutions Administratives
Il y avait 3 grandes catégories de subdivisions :
- les provinces situées à proximité de lʼIle de France, vrai cœur de ce pays.
Ce sont surtout les régions du centre du pays qui sont soumises très directement à
lʼadministration royale.
- Puis il y a certaines autres provinces qui théoriquement jouissent dʼune certaine
autonomie interne (souvent des terres conquises).
Ces provinces sont souvent faibles du point de vue de leur économie, et pour des
tas de raison, ce type de provinces a besoin du rôle actif du pouvoir royal
- Enfin, certaines autres provinces souvent récemment acquises par le roi, où il
existe de vraies traditions dʼautonomie interne.
Dans de telles provinces, le pouvoir royal est relativement effacé, et les édits royaux
ne sont pas automatiquement applicables.

Le pays est très hétérogène sous lʼAncien Régime, ce qui veut dire que les actes
juridiques, mais également les personnes et les idées ne circulent pas librement.
Il y a de nombreux obstacles, or cette situation expliquée par lʼHistoire a pu être
considérée comme très anachronique au début du 19ème siècle.
La philosophie des Lumières a lʼambition de changer cette conception féodale de la
France.
Sous la pression des philosophes, les rois ont pris de temps à autres des initiatives, par
exemple sous Louis XIV, le territoire du royaume a été divisé en un certain nombre de
généralités, mais cela nʼa pas toujours été le cas.

Cʼest durant la 2ème moitié du 18ème siècle que le roi de France a chargé lʼun de ses
conseillers dʼune réflexion approfondie sur une nouvelle division du territoire royal.
Ce marquis remet son rapport en 1764, dans lequel il propose de diviser le territoire en un
certain nombre de départements, mot qui vient du verbe départir qui à lʼépoque signifiait
partager.
Les réactions des provinces ont été très négatives.
Le roi a classé sans suite ce rapport.
Ce nʼest quʼen 1787 que Louis XVI se décide enfin sous la pression de son 1er ministre à
homogénéiser les structures internes du royaume.
L Royaume est censé se diviser en un certain nombre de districts, mais cela nʼa jamais
vraiment été mis en œuvre.
2 ans plus tard un grand changement va se produire.

La Révolution Française souhaite procéder à une réorganisation des structures


administratives de lʼEtat.
Le vieux rapport du marquis est déterré mais il nʼy a pas quʼun seul projet soumis à la
constituante.
Il y en a 2 principalement :
- MIRABEAU, qui veut une France divisé en 120 entités administratives, chacune
des ces entités correspondant à une des provinces historiques du royaume
français ;
- Projet du député THOURET qui sera complété par le projet de lʼAbbé SIEYES,
projet assez radical, qui propose la mise en place de 80 départements (hormis
Paris) ayant une stricte forme géométrique, un carré dʼun longueur de 72 Km, les
départements allaient être numérotés.

Cʼest ce projet qui va lʼemporter (THOURET).


MIRABEAU voulait certes réorganiser mais sans trop perturber les traditions locales, cʼest

41/94
Institutions Administratives
ce que ce souhaitait lʼautre projet  : détruire les solidarités locales susceptibles dʼêtre à
lʼorigine de foyers contre révolutionnaires.

Déjà à lʼépoque on se rend compte que si la révolution triomphe a Paris, dans certaines
provinces on fomente des rébellions, et prise de peur la constituante va plébisciter le
projet THOURET, officiellement adopté le 26 février 1790.
Cʼest un Projet radical, qui lʼa emporté moyennant certains adoucissements, ainsi donc la
stricte forme géométrique nʼest plus tout a fait de rigueur, mais la plupart des
départements français ont une forme analogue, une population analogue, et une taille
analogue.

A lʼorigine on aura donc 83 départements.


On rejettera aussi la simple numérotation des départements, la constituante voudra
donner de véritables noms à ces départements.
Il faudra trouver de toutes nouvelles appellations, de toutes pièces, et pour cela il faudra
mobiliser des lieux géographiques, fleuves, montagne, lacs….
Pas dʼAlsace du nord, mais département du Bas-Rhin.
Un autre problème était dans le choix du chef lieu de chaque département. On a voulu
mettre en place un critère fonctionnel, un homme à cheval devait pouvoir atteindre le chef
lieu du département à partir de nʼimporte quel coin du département en moins de 24H. =>
privilégie les villes aux centres du département.
Cette situation va durer très longtemps.

II) Une institution enracinée

On aurait pu croire que par la suite la création des départements allait elle-même être
balayé.

A) Lʼévolution de la géographie départementale

Le régime Bonapartiste sauvegardera le département et va en plus lui donner un lustre


tout particulier.
Cʼest la Constitution de lʼan 8, qui pour la première fois se réfèrera explicitement aux
départements français (Art 1er de la Constitution)
Napoléon nʼest que le prolongement des années révolutionnaires.

Cependant le régime de la Restauration à son tour sauvegardera les départements.


Les Bourbons réinstallés à Paris trouveront dans le département Paris, et surtout dans le
préfet, des structures susceptibles de mettre en place un régime politique étroitement
surveillé, à vrai dire policier.
Les autres régimes politiques ne vont pas porter atteinte aux départements.
(La IIIème république ne changera pas non plus les divisions)

Le nombre de département à lʼorigine est de 83 mais va connaître quelques


modifications.

Le découpage dʼorigine sera très strictement respecté.


Lʼempire de Bonaparte à son apogée sera composé de 130 départements, les nouveaux
départements se trouvent dans les territoires annexés.
Par ex : lʼactuel grand duché était un département français appelé le département
des forêts.

42/94
Institutions Administratives
Après 1815 le départements décroît.

Mais quelques nouveaux départements seront créés notamment sous Napoléon III, qui a
aidé à la création du royaume dʼItalie.
Le roi dʼItalie, pour le remercier, va remettre la Savoie et le comté de Nice qui est trop petit
pour constituer un département, donc on y ajoute quelques terres enlevées au
département voisin du Var.

Or jusque là la frontière entre lʼempire français et le piémont était le fleuve Var.


Le fleuve Var ne se trouve donc plus dans le département du Var.
Il y aura de nombreuses nouvelles créations de départements au 20ème siècle, notamment
après la 2ème Guerre Mondiale.

4 vieilles colonies (Réunion, Guadeloupe Martinique et Guyane) seront les départements


dʼoutre mer, mais constituent tout de même de vrais départements français.
En 1975, la Corse va être divisée entre 2 départements.
La réforme du 1er janvier 1968 entraîne la création de 8 nouveaux départements en région
parisienne.

La ville de Paris elle-même va devenir un département français.


De 1976 à 1985, le dernier vestige français en Amérique du nord, St pierre et Miquelon se
départementalise.

En 1985, MITTERAND décidera la départementalisation de St Pierre et Miquelon.


Va devoir sʼappliquer la politique commune de pêche or 1985 est lʼannée dʼadhésion de
lʼEspagne et du Portugal.
St pierre et Miquelon nʼest donc plus soumise à la politique commune de pêche.

La Loi protège les limites et les noms des départements.


Cela ne signifie pas que des modifications des limites ne sont pas possibles.
Si les conseils généraux concernés son dʼaccord, la modification des limites peut
intervenir par décret du 1er ministre.
Si ils nʼarrivent pas à se mettre dʼaccord, cette modification doit cette fois-ci prendre la
forme dʼune loi.

Le changement de nom dʼun département intervient par décret du 1er ministre mais doit
être du à une initiative formelle du Conseil Général concerné.
Les changements de nom ne sont pas très fréquents, le dernier changement date de la fin
des années 80 (situé en Bretagne, «  les côtes du nord  » => Côte dʼArmor (=mer en
breton))

B) le département : objet de critique

Pour les révolutionnaires la départementalisation du pays est un moyen pour remporter


une victoire sur la contre-révolution.
On peut parler dʼadministration de proximité. Lʼadministré doit pouvoir se sentir proche de
lʼadministration, mais quand lʼadministré est proche, lʼadministration lʼest aussi.

Grâce à la naissance des institutions préfectorales, lʼadministration arrive à tout contrôler


dans son département.
Le contexte très marqué des années de la révolution aurait en changeant pu faire

43/94
Institutions Administratives
disparaître les départements.

Les départements nʼont jamais disparu, ce nʼest pas pour autant que le département à
cessé de faire lʼobjet de critique idéologiste et royaliste.
Pour certains les départements sont de vraies inventions du diable.
Bien plus tard, un régime revanchard, rétrograde et archi réactionnaire qui veut ressusciter
cette France éternelle, le régime de Vichy, va chercher à supprimer ces départements.

Régime qui ne pourra rien changer.


La libération en 44-45 ne cesse de louer les départements dans lesquels elle trouve une
incarnation de la République.
Pourtant à la libération, certains hommes vont dresser un bilan très critique de lʼinstitution
départementale.
Michel Debré, jeune conseiller dʼEtat, va critiquer le département dʼun strict point de vue
économique et social, surtout après lʼexode rural de la 1ère et de la 2ème Guerre Mondiale.

Plusieurs départements se sont vidés de leur population.


Debré propose la création de 47 entités, il était urgent de dépasser le cadre départemental
conçu à la fin du 18ème siècle.
Le projet de Debré sera oublié jusquʼà ce quʼil devienne le premier 1er ministre de la Vème
République.
Arrivera alors la régionalisation de la France, qui va cruellement concurrencer le
département.

Section n°2 : les cadres supra départementaux


I) La région

La région a donné lieu un affrontement difficile.


Il nʼétait pas question sous la IIIème République de toucher à cet héritage de 1789,
pourtant cʼest sous la IIIème République quʼune première mais très timide régionalisation
se mettra en place.

En 1917 le ministre du commerce CLEMENTEL mettra en place le dépassement du


cadre départemental pour les chambres de commerce et dʼindustrie.
Son projet commencera à se concrétiser après 1919, pendant longtemps ces régions
CLEMENTEL seront le seul dépassement du cadre départemental.
Le régime de Vichy voue une haine idéologique féroce aux départements.
Les départements ne seront pas dissous, mais Vichy cherche à régionaliser avec les
anciennes provinces du royaume de France.

Il mettra en place les préfets régionaux, qui auront 2 tâches caractéristiques de lʼépoque :
 La police
 Le ravitaillement de la population.
A la libération on se hâte de les supprimer.
Pourtant très vite, en 1948 on va se souvenir de ces supers préfets.
Il y a des choses qui se passent, et en France et en Europe.
1948 est lʼannée où le parti communiste prend le pouvoir en Tchécoslovaquie.
Au même moment il y a en Loraine de très longues grèves de la CGT, grèves qui sont
dures et prennent une grande ampleur.

44/94
Institutions Administratives
Elles touchent surtout les mines de charbon, charbon qui est essentiel pour le
redressement économique du pays.

Le gouvernement met en place les IGAME.


Ceux sont des supers préfets dont lʼautorité sʼétend sur plusieurs départements et pas
seulement sur celui quʼils administrent habituellement.
Ils entrent en fonction quand des situations de type insurrectionnelles se présentent.
IGAME = inspecteur général dʼadministration en mission extra ordinaire.
Les régions CLEMENTEL, après les IGAMEs, petit à petit malgré dʼénormes résistances,
on se fait à lʼidée que le département nʼest pas forcément la panacée pour le
développement du pays, surtout économique.
Il va falloir attendre Debré pour passer en force à une véritable régionalisation de la
France.

EN 1960, vont être mises en place 21 circonscriptions dʼaction régionale.


Le projet est dʼy regrouper les services extérieurs des ministères, car en effet, les
différents ministères français avaient pris la mesure de lʼétroitesse du cadre
départemental, et chacun à son tour ont dépassé le cadre départemental, du moins pour
certains services.
Or comme cela nʼétait pas prévu par les textes, il va y avoir une cacophonie, cʼest pour
cela quʼen 1960 on entend lutter.
Les services ministériels vont pouvoir se déconcentrer.
Certaines dérogations sont prévues pour le délai accordé.
En 1964, sont institués les préfets de région, pour ne pas être confondus avec le régime
de Vichy.

Ces préfets de région ont pour mission, dans le cadre dʼune région, de coordonner les
activités des préfets des départements qui font partie de la circonscription dʼaction
régionale.
La loi de 1972 donne des avantages juridiques aux régions, puisquʼelle créé les
établissements publics régionaux, organes propres, budgets propres, et le droit dʼaller en
justice.
La loi du 2 mars 1982 va instituer les régions, tant au point de vue de la
déconcentration quʼau point de vue de la décentralisation.

Le découpage régional date de 1960, à lʼépoque, il y a 21 régions, un peu plus tard


vont être adjointe à ces 21 régions, 4 région dʼoutre mer, 4 ROM (Martinique Guadeloupe,
Guyane, Réunion)
A chaque ROM correspond un DOM.

On a dont au total 25 régions, sauf quʼen 1970 la corse se détache de la vaste région
PACA pour constituer à elle seule la région corse.
On a donc 26 régions, donc 4 dans lʼoutre mer.
26 régions au sens de la déconcentration.
Pendant longtemps, les régions au sens de la décentralisation étaient également de 26.

Mais une Loi de 1991 va supprimer la région corse et y instituer une collectivité territoriale
unique, la Corse.
25 régions depuis 91 au sens de la décentralisation.
Sinon les limites territoriales des régions sont protégées par le code général des
collectivités locales.

45/94
Institutions Administratives
Grande stabilité des régions depuis 1960, 1er découpage.

Derrière cette grande stabilité, le seul couac, est le détachement de la Corse, qui cache
quelques tendances qui peuvent par la suite modifier le découpage régional.
En 1960 en créant les régions, on nʼa pas pu éviter les références aux anciennes
provinces historiques de lʼAncien Régime.
Il y a une véritable cohésion dans ces régions qui correspondent à dʼanciennes provinces,
mais parallèlement on a des régions qui sont faites de toutes pièces.
Ces régions sont caractérisées par un certain déséquilibre, et il y a une certaine tendance
centrifuge.

Autre problème, pour satisfaire des hommes politiques locaux, on a établit en 1960 des
compromis peu cohérent :
Ex  : la Normandie, divisée en 2  : la basse (agricole et conservatrice) et la haute
(très industrialisée et plutôt à gauche).

Il y a beaucoup de régions, petites et au point de vue de la population, et au point de vue


de lʼétendue géographique. Or dans lʼUnion Européenne actuelle, il y a les régions qui se
trouvent également en compétition, pas seulement les Etats.
Il y a sans doute trop de régions en France, et sûrement trop petites et faibles.
Il y a quelques frémissements en matière de remembrement régional, dans un cadre tout
à fait différent, celui de lʼélection des eurodéputés français.

Depuis les lois SARKOZY de 2004 les élections sont au nombre de 8, il dʼagit dʼun grand
Nord, dʼun grand Nord-Est, ….. , et de lʼîle de France.
Peut-être cette circonscription préfigure de futurs remembrements, mais il faut compter
avec les fortes résistances locales.
Sociologiquement parlant, le français aime les petites structures.
Certains pensent que les 2 départements savoyards pourraient constituer une Savoie à
part.

Peu de région française sont riche (PIB), cʼest le cas de lʼîle de France, la région PACA, la
région Rhône alpes et la région Alsace.
Tout cela sans oublier les 4 ROM qui sont monodépartementales.

II) Les autres cadres supra départementaux

Certains ministères ne seront pas régionalisés, ce qui ne veut pas dire quʼils ne peuvent
pas dépasser le strict cadre départemental.

Or il existe ici, plusieurs cas de figure :


Ainsi donc il peut y avoir des ministères dont les cadres supra départementaux
comprennent plusieurs régions, comme il peut y avoir des ministères dont les cadres
supra départementaux trouvent place a lʼintérieur dʼune même région.
Enfin il y a des ministères qui ne respectent pas du tout le découpage régional.
Par ex : il y a trente académies en France (ministère de lʼéducation)
Une académie peut encore sʼétendre sur plusieurs régions. La région PACA comprend 2
académies, celle dʼAix et celle de Nice.
Souvent une académie épousera fidèlement les limites dʼune région. (Strasbourg et la
région Alsace)

46/94
Institutions Administratives

Le ministère de la défense nationale a ses propres divisions territoriales, ainsi le


territoire comporte 2 régions aériennes, selon les périodes 2 ou 3 régions maritimes, et 3
régions militaires (Metz, Bordeaux Lyon)
Chacune de ces régions comporte plusieurs circonscriptions militaires de défense.

Enfin le ministère de la Justice comporte des cadres territoriaux assez différents


des régions, les ressorts des Cour dʼAppel ne coïncidant pas toujours avec les régions.
Il en va également des ressorts des Tribunaux administratifs ou des ressorts des
chambres régionales des comptes.
Parfois se créent des situations grotesques.

Section n°3 : les cadre infra départementaux


Les plus importants sont les arrondissements, dont 15 se trouvent dans les 4 DOM.
Les arrondissements ne sont pas à confondre avec les arrondissements parisiens,
lyonnais ou marseillais.
On peut confondre les 2 types dʼarrondissement, cʼest pour cela que lʼon appelle les
arrondissements au sens de la déconcentration, sous préfecture, car il y a à la tête un
sous préfet.

La circonscription électorale, dite législative, tout au long de la Vème République  : le


scrutin pour lʼélection des députés est un scrutin majoritaire uni nominal à 2 tours.
Il a fallu créer un cadre territorial pour lʼélection de nos députés.

Autre cadre, le Canton.


Il y en a environ 4 250 dont environ 150 dans les DOM.
Il sert à la déconcentration notamment pour certains ministères.
Pour le Ministère des finances, il y a une perception par canton en principe.
Le canton est également utile à la décentralisation, parce que cʼest là quʼest élu un
conseiller général.
A lʼintérieur de chaque canton se trouvent les communes, qui intéressent également la
décentralisation.

 Mais il y a 3 cadres déconcentrés auxquels correspondent 3 collectivités territoriales :


Région, Département et Commune.

Les communes ont été créées en décembre 1789 sur la base dʼun projet de MIRABEAU.
Il fallait créer une commune par paroisse dʼéglise catholique => 44  000 paroisse, donc
autant de communes.
Sous Bonaparte le nombre a été réduit à environ 38 000.
Actuellement le nombre de communes pose toujours problème, il y en a plus de 36 500.

Le pays  : Il a été imaginé au sens juridique pour la première fois par un ministre de
lʼintérieur et de lʼaménagement, CH. PASQUA.
Loi de 1995 qui met en place les pays.
Quʼest ce quʼun pays ?
Art. 23 de la loi PASQUA  : «  le pays exprime la communauté dʼintérêts économiques et
sociaux ainsi que les cas échéants, les solidarités réciproques entre la ville et lʼespace
rural. »

47/94
Institutions Administratives

Le pays reste donc encore de nos jours, une espèce dʼobjet juridique non identifié.
Le pays a été développé par une Loi VOISNET de 1999, sans pour autant que cette loi
clarifie de manière importante les compétences ou la statut des pays.
En principe font partie dʼun pays, un certain nombre de communes, de structures
intercommunales et souvent le département lui-même.
Cʼest surtout la France rurale qui a adopté le concept de pays, afin de développer le
tourisme mais aussi les produits agro alimentaire locaux.
Il existe environ 330 pays, dont 10 en alsace.

Il peut y avoir un contrat de pays signé par le pays avec sa région respective.
Les pays ont failli être officiellement supprimés par RAFFARIN, mais en général en France
on préfère accumuler les cadres, les structures, les institutions, sans rien supprimer.

48/94
Institutions Administratives

Chapitre 2 : Les institutions de la déconcentration


Section 1 : Le préfet
Lʼorganisation territoriale et administrative du royaume avant 1789 nʼétait pas homogène.
Un effort dʼhomogénéisation a été fait par Louis IV qui a divisé le pays en généralités, à la
tête desquels ont été placés des intendants du roi.
A la Révolution le nouveau régime veut démocratiser les structures trop autoritaires de
lʼAncien Régime.

Une certaine anarchie sʼempare de la France rurale. Les conséquences se sont vite faites
sentir. Lʼanarchie génère lʼinsécurité, la criminalité, lʼévasion fiscale, et lʼévitement du
service militaire, à une époque où la France se trouve devant dʼénormes périls intérieurs
et extérieurs. Toute lʼEurope se coalise devant la Révolution française.

Lʼéconomie souffre énormément.


Le Directoire va chercher à prendre des mesures qui seront inefficaces, et cʼest le
consulat qui prendra les mesures qui sʼimposent.
Bonaparte va se souvenir des intendants du roi. Il va désigner pour chaque département
français un représentant direct de lʼautorité centrale. Il va appeler ces représentants les
préfets.

Ils sont immédiatement dotés de très grands moyens juridiques et matériels. Ce sont des
hommes très compétents, souvent autoritaires car ils viennent souvent de lʼarmée
républicaine.

La première tâche de préfet sera de restaurer la confiance dans les départements et de


combattre tous les périls internes précédemment cités. Leur succès sera très rapide. Une
fois la criminalité éliminée, lʼéconomie va pouvoir reprendre, le commerce va retrouver son
élan, et une prospérité sera au rendez-vous dans cette France pourtant toujours en péril
extérieur.

Napoléon va dire que le bonheur des français date des préfets.


Il est clair que cette institution typiquement bonapartiste va devenir un succès pour la
France mais aussi pour beaucoup dʼautres pays qui vont la reprendre.
Plusieurs régimes politiques vont par la suite utiliser les préfets à des fins purement
politiciennes et policières.

La gauche dans son programme des années 70 désire la démocratisation des institutions,
et remet en cause les préfets.
Quand Mitterrand et la gauche sʼinstallent au pouvoir au début des années 80 ils
découvrent que lʼinstitution peut leur servir. Ils vont donc la conserver, mais vont chercher
à amadouer lʼopinion publique en les changeant dʼappellation.
On garde les préfets mais on les appelle commissaires de la République, ce qui est
cocasse car la Constitution continue de parler de préfets.

En 1986 le nouveau gouvernement sous Chirac va rétablir aux préfets leur nom ancestral
et il nʼy aura plus de changement.
En 1982, la décentralisation mitterrandienne va passer par là. A cause de la
décentralisation les commissaires de la République vont perdre une grande part de leur

49/94
Institutions Administratives
compétence juridique, au profit des institutions de la décentralisation qui sont toutes élues
par la population locale et qui sont indépendantes du pouvoir central.
Les préfets vont avoir un sentiment de malaise et dʼinutilité.

Dans les faits la décentralisation profite à presque 37.000 maires et conseils municipaux.
La plupart se trouvent dans la France rurale, ce sont de très petites communes, avec
quelques centaines dʼhabitants, et les petits maires de campagne nʼont ni les
compétences ni les moyens pour faire face à leurs nouvelles responsabilités. Les préfets
et sous-préfets vont être la pour les aider, les conseiller, leur dénicher des subventions
aussi.
Le rôle des préfets change mais il reste tout de même capital.

I) Le préfet dans le département

Il y a eu des conceptions assez différentes en ce qui concerne le statut des préfets.


Les préfets étaient choisis personnellement par Napoléon sur de multiples critères : fidélité
à lʼempereur et compétences. Napoléon fait ensuite confiance ses préfets et met à leurs
dispositions de très grands moyens.

Les régimes politiques suivants vont sauvegarder cette institution bonapartiste, car ils vont
voir dans les préfets des courroies de transmission extrêmement utiles pour lʼassise même
de leur pouvoir.

Cʼest le cas pendant la restauration des Bourbon, un régime politique faible qui a besoin
des préfets qui vont faire la chasse aux opposants libéraux du régime. Il y a une très
grande épuration du corps électoral.

Les très grandes compétences individuelles des préfets peuvent sous les bourbons être
un handicap, car le régime cherche surtout des préfets policiers.
Stendhal nous donne une image très éloquente des préfets sous les Bourbon  ; des
personnalités faibles qui tremblent de se faire éjecter si des libéraux arrivent à prendre la
parole.

Même la IIIème République va extrêmement politiser le corps préfectoral. Les préfets sont
là pour propager les idées républicaines à lʼoccasion de faire œuvre dʼanticléricalisme,
etc., etc.

Ce nʼest que vers sa fin que la III va sʼatteler à choisir pour préfets des gens qui ont une
compétence notoire, sur concours (dans les années 30).
En 1940 la plupart des préfets républicains vont devenir de fervents fidèles du régime de
Vichy, et vont donner au corps préfectoral une image détestable de collaborationnisme.

Rare seront les préfets qui resteront fidèles à lʼidéal républicaine.


Lʼun dʼeux est Jean moulin.

A) Le statut du préfet

1- Le recrutement des préfets

A la libération il va y avoir une épuration drastique du corps préfectoral par De Gaulles,


mais le nouveau régime va a nouveau se livrer à une politisation accrue du corps

50/94
Institutions Administratives
préfectoral.
Mais le général se montre clairvoyant et efficace et constate que cette situation ne peut
plus durer.

Sʼinspirant de quelques expériences de la fin de la IIIème République, le Général de


Gaulle va chercher à obtenir une formation de haut niveau pour les futurs préfets, sous
préfets et autres hauts fonctionnaires de la République. Cʼest le rôle qui sera donné à
lʼENA.

La carrière de préfet est très dure et ingrate.


Aujourd'hui les préfets sont des français de tous horizons et de tout lieux. Pour devenir
préfet il faut avoir, après lʼENA, fait lʼessentiel de sa carrière en tant quʼadministrateur civil
au sein du ministère de lʼintérieur.
Il faut dʼabord devenir sous-préfet territorial, puis sous préfet fonctionnel, et enfin préfet.

Les 4/5è des préfets sont obligatoirement choisis parmi les sous préfets de moins de 52
ans. Ce sont des emplois à la discrétion du gouvernement, c'est-à-dire il sʼagit de
véritables postes éjectables.
Si un préfet ne donne pas satisfaction au gouvernement il est remercié sans aucune autre
forme de procédure.

Ils sont nommés par décret en conseil des ministres : par le Président de la République
sur proposition du ministre de lʼintérieur.
Quand le Président de la République et le gouvernement ne sont pas du même bord
politique il y a marchandages.
Le préfet a pour obligation dʼêtre un exécuteur fidèle des décisions du gouvernement en
place.

Exceptionnellement pour 1/5è des postes du corps préfectoral, des hommes et des
femmes peuvent être choisis en dehors du cercle habituel.
Les préfets sont beaucoup plus nombreux que les départements, seuls la moitié sont
effectivement préfets dans les départements.
Les autres travaillent au ministère de lʼintérieur, ou peuvent être à la tête dʼentreprises
publiques, ou travailler pour les affaires étrangère.

2- Les obligations du préfet

La principale obligation est la fidélité au Gouvernement.


Le Gouvernement doit savoir à qui il a à faire. Ainsi donc au ministère de lʼIntérieur sont
gardées des fiches hyper détaillées sur chacun des préfets mais aussi sur les membres de
leurs familles.

Il sʼy trouve les conceptions politiques du préfet, du conjoint, du milieu familial, les
conceptions philosophiques, religieuses, et les prises de position sur telle ou telle sujet de
la société.

Les préfets ont par ailleurs une obligation de résidence forcée dans leur département. Ils
habitent dans un palais que le Conseil Général du département doit mettre à leur
disposition.

Le palais préfectoral comporte de vastes salles de réception, car le préfet doit recevoir les

51/94
Institutions Administratives
personnalités éminentes du département.
Une autre obligation du préfet est de se mettre au contact quotidien de la population de
son département.

Le préfet est dans le département pour prendre le pouls de la population et faire passer le
message politique du Gouvernement.
Il nʼest pas facile pour le préfet de quitter son département. Pour le quitter il doit être muni
dʼune autorisation écrite du ministre de lʼintérieur.

B) Les attributions du préfet

Il a également le pouvoir dʼadopter des mesures en matière de police administrative


générale.
Elle diffère de la police judiciaire
Cʼest en fait que lʼautorité concernée peut adopter des actes administratifs qui imposent
un comportement aux citoyens.

1- Rôle politique du préfet

Selon le régime il a pu être chargé de la répression policière de lʼopposition.


Mais depuis toujours il a été chargé de véhiculer le message politique du Gouvernement.

Dans lʼart 72 al.6 de la Constitution : le préfet dans le département est le représentant de


tous les membres du gouvernement.
Il doit donc exécuter et faire exécuter les politiques de tous les ministres et secrétaires
dʼEtat. Or il nʼest pas sur que les différents ministres dans un Gouvernement donné auront
la même conception des choses sur la même question.
Au final le préfet peut être totalement perdu. Il a alors à faire une synthèse de tous les
messages selon ses convictions intimes et en tenant compte de la sensibilité au sein de
son propre département.
Appliquées de manière purement mécanique, les directives parisiennes seraient contre
productives.

Le préfet doit donc être un honnête intermédiaire entre la province et le pouvoir central, en
adaptant façon « couleur locale ».
De nos jours les préfets doivent être extrêmement attentifs car la Justice se mêle et
il peut y avoir des condamnations pour des agissements en dehors des actes normaux de
préfet.

En 1985 la Cour de Cassation a condamné un préfet à de la prison ferme pour avoir par
de fausses nouvelles surpris ou détourné des suffrages.

2- Les tâches administratives du préfet

De tous temps, un préfet devait être familier du droit administratif. Mais depuis la libération
ils doivent aussi être compétent dans les domaines de lʼéconomie et de la gestion.

A la libération il a fallu reconstruire au plus vite une France ruinée par la Guerre.
Les préfets sont devenus de véritables gestionnaires.
De nos jours le ministère de lʼintérieur prend surtout en compte le résultat économique
obtenu par un préfet dans son département.

52/94
Institutions Administratives

UN TRES IMPORTANT décret du 20 octobre 1999 change la donne  : dorénavant les


compétences des préfets dans leur département ne sʼappuient pas sur délégation des
compétences ; en principe un préfet est censé être compétent pour tout ce qui touche les
compétences de lʼEtat dans le département.

Avant 99 il y avait une présomption en faveur des membres du Gouvernement ; depuis ce


décret la présomption joue en faveur du préfet.
Le préfet a à sa disposition les forces de police et de gendarmerie, et il peut engager les
dépenses de lʼEtat, il coordonne lʼaction des directeurs départementaux des différents
ministères.

Bien sûr certains domaines échappent à la compétence préfectorale.


Jusquʼà la loi du 2 mars 1982, le préfet nʼétait pas seulement la principale autorité
déconcentrée, il était également lʼorgane exécutif du département vu comme collectivité
territoriale, donc organe de la décentralisation.
Depuis 1982 lʼorgane de décentralisation est le président du Conseil Général.
Politiquement le préfet reste omniprésent dans le domaine de la décentralisation ne serait
ce quʼen tant que conseiller fidèle loyal et accessible des maires des petites communes
rurales.

II) Le préfet de région

On a pu voir que les préfets de région sont vraiment créés en 1964.


Ils obtiendront un peu plus de pouvoir grâce à une loi de 1972 créant les établissements
publics régionaux.
De nos jours ces établissements ont été remplacés par les régions au sens de la
déconcentration.

Le préfet des régions nʼest pas nommé explicitement. Il est toujours un préfet dʼun
département.
Est es qualité préfet de région, le préfet du département sur le territoire duquel se trouve le
chef lieu régional.
Ex  : le chef lieu de la raison Alsace est Strasbourg qui est dans le département du Bas
Rhin. Celui qui est nommé préfet du Bas Rhin est automatiquement es qualité préfet de la
région Alsace.

Pendant longtemps ce dédoublement fonctionnel nʼa guère posé de problèmes. Il va poser


des problèmes lorsquʼune loi du 6 février 1992 donne quelques véritables pouvoirs de
coordination mais aussi de nature hiérarchique au préfet de région sur les autres préfets
des départements de la région.
Ainsi le préfet du Bas Rhin également préfet de la région Alsace exerce une sorte de
pouvoir sur le préfet du Haut Rhin.

Le problème réside dans le fait que les départements sont en émulation les uns avec les
autres, il y a une concurrence indéniable.
Il peut y avoir un danger que le préfet de région privilégie son propre département au
détriment des autres départements de la région.
Certaines voix sʼélèvent pour abandonner ce dédoublement, mais cette suggestion nʼa
pas été suivie dʼeffets.

53/94
Institutions Administratives

Section 2 : Autres institutions de la déconcentration


I) Les sous-préfets

Ils sont recrutés essentiellement parmi les anciens élèves de lʼENA.


2 catégories de sous-préfets :
 Territoriaux
o Ils exercent leur compétence à lʼintérieur de leur arrondissement
o Ils sont responsables du maintien de lʼordre dans leur arrondissement et
peuvent bénéficier dʼune délégation de compétence de la part du préfet du
département, en matière de contrôle de légalité pour les actes des autorités
décentralisées
o Il est lʼincarnation de lʼEtat dans la France rurale, celui que les maires des
petites communes voient en tant quʼautorité étatique
 fonctionnels
o ils exercent leurs compétences au chef lieu de leur département
o le secrétaire général de la préfecture a le statut de sous-préfet fonctionnel. Il
est responsable des aspects économiques et sociaux de la vie du
département. Il suppléé le préfet lorsque ce dernier quitte les limites du
département. Le secrétaire général de la préfecture fait également office de
sous-préfet territorial pour lʼarrondissement où se trouve le chef lieu du
département.
o Le directeur du cabinet du préfet sʼoccupe de la sécurité publique et des
affaires politiques sensibles

II) Chefs des services déconcentrés

Le décret de 1960 a cherché à mettre un terme à la cacophonie des ministères en matière


de déploiement de leurs services déconcentrés.
Le même décret dans le cadre cette fois ci du département cherche à mettre le plus
possible sous la tutelle locale du préfet les chefs du service déconcentrée des ministères.

Les directeurs départementaux oeuvrent sous la tutelle du préfet, mais aussi de leur
propre ministre  : une relation triangulaire sʼinstaure, dont la gestion nʼest pas toujours
évidente, mais en principe le préfet sʼincline si le ministre exige tel ou tel agissement de la
part de son chef local du service déconcentré.
Certains services publics locaux échappent à la tutelle du préfet : cʼest le cas de
lʼéducation nationale, des services fiscaux, de lʼinspection du travail, de la Défense et de
la Justice.

II) Le maire

Cʼest certes une institution déconcentrée, mais on le connaît plus comme autorité
décentralisée.
Le maire va porter une double casquette  : il est lʼorgane exécutif indépendant de la
commune, mais aussi représentant du pouvoir central dans un cadre déconcentré qui est
la commune.

En tant quʼautorité décentralisée, il est totalement indépendant du Gouvernement.

54/94
Institutions Administratives
Il est donc important de discerner les compétences que le maire exerce en tant quʼautorité
décentralisée de celles quʼil exerce en tant quʼautorité déconcentrée.
 Déconcentration
o Publication des lois et règlements  : le maire doit mettre gracieusement un
exemplaire du JO à la disposition de ses citoyens
o Il établit les listes électorales et délivre les cartes dʼélecteurs
o Au nom du ministre de la défense nationale, le maire est responsable du
recensement des appelés du contingent
o Le maire est officier dʼétat civil. Cʼest à lui de délivrer aux citoyens les actes
de naissance et de célébrer les mariages civils

55/94
Institutions Administratives

DEUXIEME PARTIE : LES


COLLECTIVITES TERRITORIALES
TITRE 1 : Théorie générale de la décentralisation
Chapitre introductif

Il est tout dʼabord assez naturel quʼun nouveau régime politique se montre intéressé par la
centralisation.
Il en va de même pour un Etat qui est nouveau, peu expérimenté, qui ne va pas trop jouer
avec le partage du pouvoir obligatoirement impliqué par une décentralisation.
Les nouveaux Etats ou régimes politiques vont toujours fortement flirté avec la
centralisation.
Le pouvoir doit rester concentré entre quelques mains.

La Révolution française de 1789 est éloquente : cʼest un régime qui se veut démocratique
et anti autoritaire, et qui pourtant va devenir lʼun des régimes politiques les plus
centralisés.
Un politologue va théoriser cette marche des Révolution vers la concentration des
pouvoirs : Bertrand De Jouvenel. Son principal ouvrage de 1947 est « Du Pouvoir ».

Un passage nous dit ceci  : «  les Révolution en fin de compte travaillent pour le pouvoir.
Elles liquident la faiblesse et accouchent la force. Cela même si leur objectif est la lutte
contre la tyrannie. Dans un régime politico administratif centralisé, il peut y avoir deux
variantes dʼorganisation du pouvoir, la concentration et la déconcentration.

Concentration  ; toutes sortes de décisions administratives sont prises par le


Gouvernement.
Il sʼagit aussi bien des décisions de gestion quotidienne des affaires nationales, que des
décisions qui engagent lʼavenir de la Nation et de lʼEtat. Il est totalement impossible
quʼune personne physique puisse adopter la totalité des décisions administratives.

En réalité jamais un tel régime nʼa existé. Même les régimes fortement centralisés vont
opter pour une forme de déconcentration du pouvoir.
Ex  : Napoléon, très centralisé, tout part de lʼempereur, pourtant cʼest à Napoléon quʼon
doit la déconcentration préfectorale ; Les décisions administratives de moindre importance
ne seront pas prises par lʼempereur mais par ses représentants locaux.
La déconcentration ouvre-t-elle la loi vers la décentralisation ?

Très réelle différence entre les deux. Toutes les autorités déconcentrées dépendent du
centre, du gouvernement, du chef de lʼétat. Elles peuvent avoir une marge de manœuvre
locale, mais toujours limitée.
Ex : le recteur de Lyon sʼest opposé à lʼouverture dʼun collège musulman, mais le ministre
de lʼéducation nationale a totalement réformé la décision du recteur local.
Cela vaut même pour les autorités déconcentrées élues par la population locale.

56/94
Institutions Administratives
(Aujourdʼhui cette forme dʼautorité nʼest plus incarnée que par le maire).
Le maire qui contredit les ordres centraux ou préfectoraux peut faire lʼobjet dʼune
révocation dans lʼexercice de ses compétences déconcentrées.

En revanche les autorités décentralisées, qui sont toutes élues, ont totale indépendance
dans leurs compétences. La décentralisation sera une véritable tentation pour un régime
politique consensuel, politiquement bien assis. La Vème est un bel exemple. A ses débuts
ce nouveau régime politique opte pour la centralisation.

Le parti gaulliste est très peu encré dans les campagnes. Il ne voit aucune raison
particulière pour partager son pouvoir avec les élus locaux. Mais au fur et à mesure la
Vème va évoluer vers plus de décentralisation.
Les raisons qui poussent une nation à la décentralisation sont très nombreuses.
 Cʼest une exigence démocratique  : on peut concevoir un régime démocratique qui
opterait pour la centralisation, mais on ne peut concevoir un régime totalitaire
décentralisé. En général démocratie et décentralisation vont de paire
 La décentralisation est un impératif pour les libéraux. Grâce à elle, les citoyens
sʼimmiscent de plus en plus dans la gestion des affaires politiques. La décentralisation
peut devenir une pépinière de nouveaux talents politiques.
 Si tel ou tel modèle fait ses preuves dans un départ ou une région, il peut être reproduit
à grande échelle pour lʼEtat lui-même
La décentralisation implique aussi un certain nombre de dangers :
 un certains nombre de collectivités territoriales voudraient se détacher de la
République française
 la décentralisation implique des écarts dans le développement des différentes
collectivités territoriales.
 Elle implique un certain coût, du fait de la multiplication des bureaux administratifs. La
décentralisation a surtout été une décentralisation de compétences, mais pas de
moyens financiers et fiscaux.
 Elle fragilise lʼadministration prise globalement. Il est plus facile de corrompre un élu
local que de corrompre un élu bien connu au niveau national.

La décentralisation a de bons et de mauvais côtés.


La quasi-totalité des partis politiques sont pour la décentralisation malgré quelques
nuances ;
Tel nʼa pas été le cas pendant toute lʼhistoire de la France moderne et contemporaine.

57/94
Institutions Administratives

Chap.1 : Histoire de la décentralisation


Décentralisation  : possibilité pour les populations locales de manière plus ou moins
autonome leurs propres affaires locales.

Section 1 : Les tâtonnements de la démocratie locale


I) Les origines de la démocratie locale

Il y a une célèbre controverse entre lʼécole romaniste et germaniste.


 romaniste  : la démocratie locale a été importé en Gaulle par les romains. Les colons
romains quand ils fondaient des colonies dans la gaule conquise sʼinspiraient des
institutions municipales de leur ville de référence, Rome
 germaniste : la démocratie locale en gaulle a surtout des références germaniques. Les
francs ont importé la démocratie locale. Dans les tribus franques il y avait une sorte de
démo entre les guerriers.
 Pour dʼautres il y a des réminiscences des deux courants

Cʼest vers lʼan 1000 que la Gaulle devenue la France sʼhabitue à une gestion locale plus
ou moins autonome des affaires locales. Ce sont surtout les bourgs qui commencent à
pousser comme des champignons, surtout à lʼemplacement des grandes foires, qui vont
pouvoir sʼauto administrer. Mais ces bourgs ont à lutter constamment contre le seigneur
féodal. Les bourgeois vont trouver en la personne du roi de France un allié de taille. Lui
aussi se bat contre les seigneurs féodaux.

Lʼorganisation du bourg est empirique, mais il y a lʼensemble des habitants libres de la


commune qui constitue lʼassemblée générale qui élit à des intervalles réguliers les
membres de la chambre de ville, qui sont le plus les commerçants le plus forts du bourg.
A leurs tour ceux-ci élisent le meilleur. Le bourg peut recruter des personnels spécialisés
dans la gestion de tel ou te domaine dʼaffaires locales.

Le roi de France se veut lʼallié des bourgs, il accepte lʼauto-administration et les structures
internes des bourgs. Il y aura un moment ou le roi nʼa plus besoin des bourgs comme
alliés.
Il a déjà gagné la partie contre les seigneurs féodaux, il se veut monarque absolu. Il ne
veut pas détruire les structures empiriquement crées des bourgs, mais va les noyauté.
Cʼest le roi qui va désigner les membres de la chambre de ville et les maires.

Cʼen est fini de la démocratie locale même si les structure de lʼadministration locale
demeurent.
En 1787, les premiers ministres réformistes de lʼépoque ont cherché à homogénéiser les
structures de la déconcentration du royaume.

II) Les bouleversements révolutionnaires et napoléoniens

La première particularité est que les autorités déconcentrées à lʼépoque étaient toutes
élues par les habitants locaux. Elle sʼétaient pourtant soumises au pouvoir central. Elles
devaient donc exécuter les décisions du pouvoir dans les départements, les
arrondissements communaux et les communes. Mais problème  : comment une autorité
élue donc démocratiquement légitimée se considère comme simple courroie de

58/94
Institutions Administratives
transmission au profit du pouvoir central ?

Les élus démocratiques ne pouvaient pas se soumettre facilement au roi, dʼoù une rupture
dans la chaîne administrative qui a engendré la criminalité.
Cʼest pour faire face à cette situation explosive que l directoire puis Napoléon vont prendre
les mesures nécessaires : institution de préfets.
La commune elle-aussi était vue comme un cadre de déconcentration, mais elle était en
même temps considérée comme un ensemble dʼhabitants. Il y avait la mémoire des
bourgs qui sʼauto-administraient sous lAR.

La vie locale disparaît subitement avec Napoléon Bonaparte.


Le maire nʼest plus élu mais nommé par le préfet dans les petites commune et par
Bonaparte danss les communes importantes. Le maire est un simple exécutant des
consignes préfectorales et impériales.

Les conseillers sont eux aussi nommés. Les conseils de préfecture ont une compétence
juridictionnelle administrative  : ils jugent les litiges opposant les acquéreurs de biens
nationaux à lʼEtat. Les dits acquéreurs ont surtout une peur : que le clergé et la noblesse
reviennent revendiquer leurs biens.

Napoléon est un réel génie de la politique. Ce sont surtout des acquéreurs de biens
nationaux qui sont nommés conseillers de préfectures. Par ce coup de génie les
acquéreurs de bien nationaux deviennent politiquement des partisans fidèles du régime
impérial.

Plus tard, dʼautres compétences juridictionnelles vont leur être reconnus  : les cdp vont
demeurer mais se séparer totalement des conseils généraux. Ils sont les ancêtres de nos
actuels tribunaux administratifs (début des années 1950 sur une base interdépartemental).

II) Les attitudes changeantes des régimes du XIXème siècle

Aucune évolution sous la restauration des Bourbons. Ils vont garder intactes les structures
administratives Napoléonniennes. Ils trouvent des outils précieux en la personne des
préfets pour réprimer lʼopposition libérale dans les provinces.
Mais cʼest cette opposition qui va faire des libertés locales son moyen de propagande
politique le plus puissant.

A la tête au moins au niveau communal se trouve un prof dʼhistoire à l(université de paris


qui sʼappelle Guizot. Charles X ets renversé par la Révolution de 1830. Le nouveau
régime est aussi monarchique, au trône parvient Louis Philippe, nommé roi des français.
La monarchie de juillet va se montrer immédiatement sensible au thèses de lʼancienne
opposition libéral qui prônait la décentralisation. Assez vite Guizot deviendra premier
ministre et va mettre à exécution ses promesses dʼantan.

Dʼabord une loi de 1831 rétablit lʼélection des membres des conseil municipaux, et une
autre de 1833 celle des membres de conseils généraux. Cependant le maire nʼest toujours
pas élu, il est suivant la taille de la commune nommé soit pa le préfet soit par le
gouvernement, mais il est obligatoirement conseiller municipal élu par la pop locale.
En 1837 les communes seront reconnues comme collectivités territoriales, donc dotées de
la personnalité juridique de droit public. LʼEtat nʼest plus le seule personne morale de droit
public.

59/94
Institutions Administratives

Il a en face de lui les presque 37.000 communes 


Une commune a ses propres organes, son propre patrimoine.
Par ailleurs en 1838 une autre loi va implicitement reconnaître la personnalité morale des
départements.

Il y a deux problèmes basiques : le premier est la quantité et la qualité des compétences


des communes et départements, qui sont insignifiantes.
Le deuxième concerne la qualité des électeurs et des élus aux conseils municipaux et
généraux. Cʼest partout la même caste qui gouverne. Pour être électeur il faut payer un
cens. Pour pouvoir être candidat il faut pouvoir payer un cens encore plus élevé.
Démocratie locale certes, mais tellement censitaire quelle nʼest pas vraiment légitimée.

La monarchie de juillet prend fin avec la Révolution de février 1848 qui instaure la IIème
République. Elle se montre tout de suite favorable à la décentralisation.
Le suffrage universel remplace le suffrage censitaire.

Du même coup les conseils municipaux et généraux se voient pousser des ailes, car
légitimés par la « totalité » des habitants.

La IIème a également comme ambition de supprimer le préfet en tant quʼorgane exécutif du


département. Mais la République nʼaura pas le temps de faire élire par les conseillers
généraux lʼexécutif du gouvernement. Le préfet sera remplacé par le président du conseil
général en 1982 alors que le projet datait de 1848.

La IIème république sera supprimée par son président élu lui-même. LNB sera lʼinstigateur
dʼun coup dʼétat le 2 décembre et sera proclamé empereur des français, et installe le IId
empire.
Cʼest un régime assez policier et musclé. Certains le voient comme le prototype même
des dictatures du XXème siècle (Victor Hugo).
En ce qi concerne la décentralisation, le régime ne parle pas toujours dʼune même voix. Il
a une certaine hétérogénéité bien connue de Nap III.

Sous le second empire plus aucune élection nʼétait organisé, tous étant nommés.
En 1868-1869, les historiens parlent de lʼempire libéral.
En 1870, tout sʼécroule lors de la bataille de Sedan contre la Prusse et ses alliés.
Avant que le régime ne sʼeffondre, lʼopposition libérale plus ou moins républicaine avait
refait de la décentralisation son cheval de bataille, et a adopté le programme de Nancy
(Jules Simon)  : «  ce qui est national à lʼEtat, ce qui est régional à la région, ce qui est
communal à la commune ».

Au moment de leffondrement du régime impérial, les troubles à Paris sont très importants,
et un nouveau régime pol sʼy installe, qui entend sʼétendre sur le reste de la mais qui ne
pourra jamais le faire. Ce régime, la Commune de Paris, sera toujours confiné aux
frontières de la capitale. Cʼest le premier régime communiste au monde. Ils prônent une
décentralisation à outrance, ainsi que le fédéralisme. Lʼobjectif à terme est le
dépérissement de lʼEtat, qui deviendra plus tard un des grands principes du marxisme.
Une autre force politique, les Versaillais, apparaît, ils seront plus tard les premiers
dirigeants de la IIIème république.

Cʼest dans les années 1830 que les communes et les départements cessent detre

60/94
Institutions Administratives
uniquement des cadres de la déconcentration pour devenir aussi des collectivités
territoriales.

De même les conseillers généraux sont élus, selon un suffrage censitaire.


Sous Nap III et le IId empire la démocratie ni locale ni nationale nʼest au RDV. Mais ce
régime policier évolue vers la fin, et lʼopposition démocratique républicaine libérale conçoit
le programme de Nancy pour une décentralisation.
Le régime bonapartiste chute soudainement en 1870 avec la défaite de Sedan. L
Le régime de la commune de Paris est circonscrit dan lʼespace et dans le temps.

Section 2 : Lʼère de la décentralisation


La décentralisation au sens moderne commence avec la IIIème République.

I) Lʼœuvre de la IIIème République

La IIIème République va être instituée officiellement par les lois constitutionnelles de


février 1875, à une voix près.
Il y avait beaucoup de royalistes, mais ils acceptent une république provisoire dans le
secret espoir du retour des Bourbons.

A) Les grandes lois*

La première grande loi date dʼavant la proclamation officielle de la République.


Il sʼagit de la loi du 10 août 1871 qui porte sur les départements et les conseils généraux.
Le département nʼest pas seulement un cadre de la déconcentration, mais aussi une
collectivité territoriale qui sʼauto administre par le biais dʼun Conseil général, dont les
conseillers sont librement élus par la population locale. Lorgane exécutif du département
reste le préfet.

La IIIème République attache dès la chute de la commune de Paris un important intérêt à


la décentralisation.
Les républicains vont concevoir un vaste plan de décentralisation en suivant le député
Léon Gambetta. Pour Gambetta, il faut que les idéaux républicains pénètrent ds toutes les
parties de la France profonde. La décentralisation est un bon moyen dʼhabituer les
populations aux élections libres.

Le nouveau régime se montre assez réticent quant à la décentralisation au niveau


communal. Beaucoup considèrent que cʼest dans les département cʼest bien, mais au
niveau des communes ça peut se révéler dangereux pour la stabilité du pays.
Le temps passant, le régime va faire un important geste en direction des communes, en
votant le 5 avril 1884 la loi sur les municipalités. On sʼinspire de ce qui a préexisté  : la
commune nʼest pas seulement un cadre de la déconcentration, elle est aussi une
collectivité territoriale qui sʼauto-administre.

Lʼorgane exécutif de la commune est le maire, obligatoirement conseiller municipal et élu,


sans intervention extérieur de ses collègues conseillers municipaux.
Ces deux grandes lois de 1871 et de 1884 constituent encore aujourd'hui la véritable
ossature de notre droit relatif à la décentralisation. Elles ont cependant été modifiées, et
on en trouve aujourd'hui les dispositions modifiées au sein dʼun code général des

61/94
Institutions Administratives
collectivités territoriales adopté par le Parlement en 1996.

B) Lacunes et déclin

On a trouvé lʼéquilibre idéal entre lʼadministration nationale et lʼadministration locale.


Dès les lois constitutionnel de 1875, on fait du Sénat le représentant des collectivités
territoriales de la France.

Le Sénat organise dans les jardins du Luxembourg un vaste banquet républicain au mois
de janvier 1900 où sont conviés les maires de France. Environ 20.000 maires de France
vont participer.

Il y a une crise sociale et économique, et les maires et conseillers municipaux sont


confrontés aux défis de la reconstruction au nord et à lest du pays. Les maires vont
prendre des initiatives dans le domaine économique. Il faut investir dans les services
publics locaux jugés indispensables. Le fait que des autorités publiques interviennent en
matière économique contrarie le dogme du libéralisme économique. LʼEtat central rejette
cet interventionnisme des maires, appelé le « socialisme municipal ».

Ce rejet des initiatives locales dans maintes communes françaises va détériorer et créer
un climat de suspicion entre le centre et la périphérie. La crise va perdurer dans les
années 20 et 30 jusquʼau milieu des années 30, où les libertés locales vont être très
limitées. Le régime de Vichy va décidément mettre entre parenthèse les libertés locales
comme les libertés tout court.

Le régime de Vichy est revanchard, par rapport à a Révolution de 1789.


Vichy va sʼattaquer à lʼinstitution des départements, qui en 1790 ont porté un coup dur à
lʼidée de France éternelle et historique du royaume avec ses provinces.
Vichy entreprendra des démarches pour supprimer les départements et restaurer les
anciennes provinces sous lʼappellation de régions.

Il nʼaura pas le temps de faire aboutir ces projets, et les communes verront supprimer
toute trace de démocratie.
Les conseillers municipaux et maires, sans élection, sont nommées par les membres du
Gouvernement.

II) La décentralisation depuis 1945

A) Les hésitations initiales

A la libération on renoue avec la tradition décentralisatrice du début de la IIIème


République. Les communes et département sont remis en place et les élections sont
dorénavant libres.

Cependant la IVème République a une attitude ambiguë vis-à-vis de la décentralisation.


Il est vrai que pour la premiere fois en France c la Constitution de 1946 qui comporte un
titre consacré tout entier aux collectivités territoriales. Plusieurs art. De la Constitution sy
réfèrent mais le plus important est lʼart.87.

Le premier alinéa énonce le principe de libre administration des collectivités territoriales.


Conseil d'Etat principe existait en tant que tel dans les lois de la III mais cette fois ci on le

62/94
Institutions Administratives
constitutionnalise.

Le deuxième alinéa de lʼart.87 ns parle des organes exécutifs des communes et des
départements. Ces collectivités territoriales doivent être administrées par des personnes
librement élues.
Le principe étant posé il faut faire une loi  : suppression du préfet en tant quʼorgane
exécutif. Mais lʼAN ne votera jamais ce projet de loi.

La III se veut à ses débuts très décentralisatrice, mais très vite es vieux réflexes
centralisateurs et jacobins reprendront le dessus.
La Constitution du 4 octobre 1958 elle aussi comporte un titre spécial relatif aux
collectivités territoriales.

Art.72 consacre le principe de libre administration des collectivités territoriales. En


revanche il ne nous dit rien au sujet de lʼexécution des délibérations des conseils
municipaux et généraux. La V se montre donc plus prudent que la IV.
Au début, la décentralisation nʼest pas vraiment lʼaffaire primordiale pour le personnel
politique de la V (événements algériens). Le parti gaulliste est encore très faible dans les
campagnes et nʼa aucun intérêt à ce que les collectivités territoriales soient administrées
par des conseils qui lui seraient hostile politiquement.

Il faudra attendre la fin de la guerre dʼAlgérie, plus généralement la fin des conflits
coloniaux, pour qui le personnel politique et lʼopinion public commencent à sʼintéresser à
la décentralisation.
Michel Rocart, jeune député dʼun parti socialiste unifié, élu député dans les Yvelines, lance
un slogan célèbre  : il faut décoloniser la province. Lʼattention de la classe politique peut
maintenant être accaparée par les problèmes internes en F.

Le général de Gaulle lui même se montrera sensible à ce slogan, en 1968 il dira : «  lʼeffort
multiséculaire de centralisation qui fut longtemps nécessaire à notre pays pour réaliser et
maintenir son unité, malgré les divergences des provinces qui lui étaient successivement
rattachées, ne sʼimpose plus désormais. »

En 1969 De Gaulle soumet aux français un référendum qui entre autre prévoit des
avancées en matière de décentralisation : le projet prévoit la régionalisation pure et simple
du pays. Le référendum est rejeté par une majorité de lʼélectorat, et de gaulle présente
aussi tôt sa démission.

Le personnel politique est traumatisé par cet échec, ne sait pas à quoi lʼattribuer.
Les gaullistes qui restent au pouvoir vont adopter un profil bas en matière de
décentralisation.

Le nouveau premier ministre Jacques Chaban Delmas va déclarer en 1970 quʼil faut faire
les régions sans défaire la France.
Une loi de 1972 instituera les établissements publics régionaux. Cette loi donne une plus
grande visibilité à une régionalisation rampante. Attention  : ces établissements ne sont
pas des collectivités territoriales.

Beaucoup de débat durant le septennat giscardien. Mais il hésitera jusquʼà la fin à


entreprendre des démarches véritablement décentralisatrices.
Mais ces débats préparent lʼopinion publique et les institution.

63/94
Institutions Administratives

B) Lʼapprofondissement récent de la décentralisation

Mitterrand est élu Président de la République au printemps 1981 et sʼadresse aux françasi
le 14 juillet. «  La France a eu besoin de pouvoir fort et centralisé pour se faire. Elle a
aujourd'hui besoin dʼun pouvoir décentralisé pour ne pas se défaire. »
Cʼest une synthèse De Gaulle/Chaban Delmas.

Pour Mitterrand la décentralisation nʼest pas un luxe, cʼest une nécessité historique, pour
que la France ne prenne pas de retard par rapport aux autres nations.
Le premier Gouvernement socialiste de 81 a à sa tête Pierre Mauroy, et le numero deux
est Gaston Defferre.

Deferre est le ministre chargé de lʼIntérieur, mais également de la décentralisation. Pour la


première fois on voit un portefeuille à la décentralisation dans le gouvernement français.

La grande loi ne tardera pas dʼêtre adoptée : elle est promulguée en 2 mars 82 : cʼest la loi
relative aux droits et libertés des communes, département et régions.
 il y a suppression de la tutelle préfectorale sur les collectivités territoriales
 il y a transfert du pouvoir exécutif des mains du préfet au main dun tout nouveau
pour président du Conseil général
 la région est imposée telle quelle au point de vue de la déconcentration en même
temps quʼelle devient une collectivités territoriales au même titre que les communes et
les département

Cette loi sera suivie de beaucoup dʼautres lois portant sur la décentralisation.
Un vaste chantier législatif va occuper aussi bien le gouvernement Mauroy que le
gouvernement Fabius qui lui succédera  ; la décentralisation est le grand chantier du
premier septennat mitterrandien.

La décentralisation se fera par la gauche socialiste et communiste.


Historiquement la gauche a té plutôt centralisatrice et jacobine. Les choses changent sous
la V et il est caractéristique que la loi du 2 mars 82 ne sera pas plébiscitée par les deux
partis de la droite républicaine, le RPR et lʼUDF.

Or voilà que la droite regagne les élections législatives en 1986.


Le premier ministre Jacques Chirac donne immédiatement le ton : pas question de toucher
à lʼhéritage mitterrandien en matière de décentralisation, mais il prône une pause
législative.

Les réformes étaient si rapides et si nombreuses que tout le monde se perdait. Il fallait
pour Chirac que le peuple français et les élites politiques puissent avoir le temps
dʼassimiler les réformes portant sur la décentralisation. Cela n'empêchera pas tout de
même la droite de prendre certaines mesures législatives susceptibles d'améliorer le
fonctionnement de la décentralisation.
En 1988 la gauche gagne les élections législatives : premier ministre : Michel Rrocart.

Sous Rocart on a beaucoup dʼautres problèmes, souvent de politique européenne et


internationale. La décentralisation ne sera pas un chantier important, mais néanmoins les
socialistes ne sont pas inactifs durant cette période.
Le nouvelles lois de janvier et février 1992 apportent de multiples améliorations,

64/94
Institutions Administratives
particulièrement en matière de démocratie interne dans les conseils municipaux généraux
et régionaux.

La gauche a fait la décentralisation, la droite a su en profiter.


Cʼest la droite qui gouverne la plupart des collectivités territoriales à lʼépoque. Le fait que
les gouvernement de gauche prônent la démocratie interne dans les conseils
décentralisés est tout bénéfice pour les partis de droite à lʼopposition.

En 1993, cʼest la droite qui regagne les législatives, le nouveau premier ministre Edouard
Balladur laisse intact lʼhéritage en matière de décentralisation.
En 95 chirac est élu Président de la République. Son premier ministre Alain Juppé ne
prendra pas de dispositions historiques en la matière, mais en 1997 après la dissolution
pourrie, la gauche regagne les législatives. Le premier ministre Jospin veut donner une
nouveau souffle à la décentralisation.

Deux tendances opposées  : jacobine et décentralisatrice. Pendant longtemps ces deux


tendances vont se neutraliser réciproquement : résultat = inertie du gouvernement Jospin.

La tendance jacobine est personnifiée par JP Chevènement, et la tendance


décentralisatrice est incarnée par Dominique Voynet.Il y aura lʼadoption dʼune très
important loi Chevènement en 99 portant sur lʼintercommunalité.

Le premier ministre mettra en place une commission composée de personnalités


politiques de tous les partis représentés au parlement. Quelque universitaires seront la
aussi . Cette commission est présidée par Pierre Mauroy. Mauroy soumettra au premier
ministre un rapport sur ce quʼil faut faire en matière de décentralisation en 2001. Il est vrai
que les représentants de la droite ont quitté la commission Mauroy mais il serait erroné de
dire que le rapport Mauroy reflète uniquement les idées de la gauche en la matière.
Il fait figurer des idées très variées nombreuses et consensuelles.
Jospin va remercier Mauroy mais il ne fera toujours rien.
Le rapport Mauroy malgré son importance, dort encore de nos jours au fond dʼun tiroir
ministériel.

En 2002 chirac gagne les présidentielles et nomme comme premier ministre Raffarin. Il a
déjà fait une carrière nationale, mais il se fait surtout un nom en tant que président du
conseil régional de Poitou-Charente. Il est donc quelque part assimilé à la déconcentration
régionale. Il est membre dʼun parti «  démocratie libérale  » . Ce parti se veut le
représentant principal en France du libéralisme politique et économique.

Voilà donc un libéral issu de la décentralisation à lʼhôtel Matignon. Raffarin effectivement


va s'intéresser de très près et très rapidement au dossier de la décentralisation et à la
nécessité dʼouvrir un acte II en matière de décentralisation.
Les lois ont largement épuisé les marges accordées par la Constitution de 58. Pour
Raffarin il est urgent de modifier la Constitution elle même afin de permettre de plus
grandes initiatives au législateur. Sarkozy nʼest pas très enthousiaste, Chirac non plus.
Quant aux présidents de lʼassemblée nationale, Debré il est franchement hostile, et
qualifie Raffarin dʼintégriste de la décentralisation. Mais ils laissent faire, et tan bien que
mal Raffarin obtiendra que le congrès à Versailles révise la constitution.

La loi constitutionnel est promulguée le 28 mars 2003. La plupart des modif concernent le
titre 12 intitulé « des collectivités territoriales ».

65/94
Institutions Administratives
Lʼart.72 sera largement modifié, mais cʼest le cas aussi dʼautres articles, et de nombreux
nouveau articles seront ajoutés.
Lʼart.1 de la Constitution va à son tour subir une modification. Une dernière phrase est
ajoutée.

Un certain nombre de lois ordinaires et organiques vont sʼavérer nécessaire, et vont être
adoptées en 2003 et 2004 essentiellement.
Loi du 13 aout 2004 relative aux libertés et responsabilités locales. Avec Raffarin , la droite
parlementaire a retrouvé le terrain de la décentralisation. La gauche nʼa pas d'objection
essentielle a ce nouvel état, il n'empêche il y a une relative confusion actuellement sur
lʼétat de la décentralisation et surtout sur les perspectives de son fonctionnement correct.

On décentralise les compétences mais as les moyens dʼaction.


C'est-à-dire quʼon ne met pas suffisamment de moyens matériels et surtout financiers et
humais à la disposition des autorités décentralisées.
On charge beaucoup les conseils généraux. Ils ont un rôle capital en matière de politique
sociale. Par exemple le RMI est une charge qui incombe aux conseils généraux, c'est-à-
dire aux département, ou encore la sécurité sociale pour tous. La CMU dépend aussi des
conseils généraux. Ce nʼest pas le Gouvernement qui finance, mais les conseils généraux.

En conséquence ce sont les impôts locaux qui ne cessent dʼaugmenter aux niveaux
communal, départemental, régional. Dans ces conditions lʼEtat peut se permettre de
baisser l'impôt sur le revenu puisquʼil a moins de charge en matière sociale.

Les autorité décentralisées sont de plus en plus désemparées devant cette situation
gauche et droite confondues.
Par ailleurs, il y a toujours une sorte de confusion quant aux limites exactes des
compétences des différents types de collectivités territoriales et de lʼEtat. La loi de 2004 ne
règle pas vraiment ces questions de limites de compétence.

De nos jours il y a certaines voix qui s'élèvent pour demander un vrai moratoire en matière
de décentralisation. Ces voix se trouvent surtout à gauche mais aussi à droite. Sarkozy
surtout par le biais de son aide de camp déclare quʼon a déjà atteint un stade très avancé
de décentralisation. Il ne faut pas sʼattendre a de nouveau grands bouleversements en la
matière.

Chap 2 : Le principe constitutionnel de libre


administration des collectivités territoriales
Section 1 : Le contenu du principe de libre
administration
Le principe de libre administration est inscrit pour la première fois dans les deux grandes
lois de la III. Il sera constitutionnalisé en 1946 et lʼart.72 de lʼactuelle constitution le
reprendra à son compte.
Avant la révision constitutionnel de 2003 collectivités territoriales lʼalinéa 2 de lʼart.72 qui
l'explicitait. Apres 2003 il sʼagira de lʼalinéa 3 de lʼart.72.

« Dans les conditions prévues par la loi, les collectivités sʼadministrent librement par des

66/94
Institutions Administratives
conseils élus et disposent dʼun pouvoir réglementaire pour lʼexercice de leur
compétence. »

Avant la révision de 2003 cet alinéa sʼachevait par les mots « par des conseils élus ». Ce
qui suit est un ajout de la loi constitutionnel du 28 mars 2003.
Le pouvoir réglementaire est partagé entre le premier ministre et le Président de la
République.

Formellement il nʼy avait pas de place pour un quelconque pouvoir réglementaire de qui
que ce soit dʼautre. Mais petit à petit on a dégagé une parcelle de pouvoir réglementaire
pour les autorités indépendantes, un pouvoir réglementaire délégué pour les ministres, et
une pouvoir réglementaire local pour les collectivités territoriales.

Avec la révision constitutionnel de 2003 le doute nʼest plus permis. Le pouvoir


réglementaire des collectivités territoriales est très limités : il est là pour lʼexercice de leurs
compétences.

I) Les conditions dʼadministration

Le principe est la libre administration. Mais les quelques mots qui inaugurent la disposition
de lʼalinéa 3 de lʼart.72 sont : « dans les conditions prévues par la loi ».
Il va de soi que les collectivités territoriales ne sont pas de mini Etats souverains. Le
législateur qui agit au nom de lʼEtat central, au nom de la France, chaque fois pourra et
même devra délimiter les domaines dans lesquels les collectivités territoriales sʼauto-.

Dʼautre part, si on donne car blanche au législateur, sous prétexte de prévoir des
conditions pour lʼexercice du droit de libre administration, il pourra porter sévèrement
atteinte au principe li même.

Jusquʼoù peut aller le législateur, en dʼautres termes, la France ?


On peut dire quʼil y a toujours un noyau dur de libre administration auquel le législateur ne
peut sous aucun prétexte porter atteinte.
Quel est ce noyau dur ?
Il nʼest pas explicité par la constitution, et cʼest à celui qui apprécie la conformité des lois à
la constitution quʼincombera la tache de tracer empiriquement les contours du noyau dur
du principe de libre administration : le Conseil Constitutionnel.

Le CC a développé une riche jurisprudence portant sur lʼart.72 al.3. Les spécialistes
parlent carrément dʼun droit constitutionnel local. Certains apports de la jurisprudence
constitutionnel en matière de décentralisation ont été favorablement accueillis par le
Congrès en 2003.

Certains ont été codifiés dans de nouveau articles de la Constitution, comme par exemple
lʼapport jurisprudentiel du CC concernant les ressources des collectivités territoriales./ Il va
y avoir en 2003 un nouvel article 72-2. Le premier alinéa de cet article nouss dit  : «  les
collectivités territoriales bénéficient de ressources dont elles peuvent disposer librement
dans les conditions fixées par la loi. »Lʼalinéa 3 dispose que « les recettes fiscales et les
autres ressources propres des collectivités territoriales représentent […] une part
déterminante de lʼensemble de leurs ressources ». Si on prive les collectivités territoriales
de ressources, celles-ci ne sont plus en mesure dʼaccomplir leur compétence. Le principe
d libre administration va devenir une coquille désespérément vide.

67/94
Institutions Administratives

Par ailleurs, selon lʼart.72 ce sont les collectivités territoriales qui bénéficient du principe
de libre administration. Qui sont ces collectivités territoriales  ? Cʼest la Constitution elle
même qui le dit dans lʼart 72 alinéa 1  : il sʼagit des communes, des département, des
régions, des collectivités à statut particulier et des collectivités dʼoutre mer régies par lʼart.
74 de la Constitution. Lʼart.74 se réfère surtout aux anciens territoires dʼoutre Mer.
Pendant longtemps il y a eu controverse sur la qualification juridique actuelle de la
Nouvelle Calédonie. Elle était autrefois un territoire dʼoutre Mer. Elle était donc une
collectivités territoriales.

Mais depuis une révision constitutionnel de 1999, un titre spécial de la constitution le titre
13 est consacré à la seule Nouvelle XCalédonie. La controverse nʼa pas totalement
disparu et cʼest en 2007 que le Conseil dʼEtat a officiellement reconnu que la Nouvcelle
Calédonie nʼétait plus à qualifier de collectivités territoriales de la république française. Par
ailleurs, parmi les collectivités territoriales de lʼart.72 on trouve maintenant les régions ;

Jusquʼà Raffarin et la revision constitutionnel de 2003, cʼétait uniquement la loi qui les
qualifiait. Maintenant les régions ont été constitutionnalisés. En revanche on ne qualifie
pas en 2003 de collectivités territoriales les regroupements de collectivités territoriales,
essentiellement le regroupement de communes, ce qui est bizarre alors même que
lʼintercommunalité se trouve en pleine extension.

Par ailleurs, lʼart.72 nous parlait du principe de libre administration des collectivités
territoriales, et lʼart.34 de la Constitution parlait lui des collectivités locales.

Cet art.34 établit pour lʼessentiel la compétence législative, c'est-à-dire la compétence du


Parlement. Or parmi les domaines législatifs, lʼart.34 comporte la libre administration des
collectivités locales de leur compétence et de leur ressources.

Collectivité locale et collectivités territoriales sont-elles la même chose ?


On a fini par assimiler les deux expressions de lʼat.34 et du titre 12. Il est vrai quʼon avait
pas vraiment idée de ce que le constituant avait en tête en 58, car les travaux
préparatoires de la constitution nʼétaient pas accessibles.

On les connaît à présent. Il nʼest pas certain que dans la tête du constituant que les
expressions étaient synonymes.

Pour couper court à toutes ces controverses, le constituant du mois de mars 2003 a
systématiquement remplacé dans les texte constitutionnel lʼexpression collectivité locale
par lʼexpression collectivités territoriales. On ne trouve donc plus trace du mot collectivité
locale, pas même dans lʼart.34.

II) Lʼeffectivité de la libre administration

A) Lʼadministration par des conseils élus

On reprend lʼalinéa 3 de lʼart.72. Ce sont les conseils élus qui administrent librement les
collectivités territoriales. Elus au suffrage universel direct. Cʼest un grand principe instauré
au début de la III par les deux grandes lois (1871 pour les département, 1884 pour les
communes). Cela nʼa connu quʼune éclipse pendant le régime de Vichy.

68/94
Institutions Administratives
Le terme conseil englobe les conseils municipaux, les conseils généraux, les conseils
régionaux, mais aussi les différents organes délibérant des territoires dʼOutre Mer.

Lʼappellation de tel ou tel conseil nʼa pas dʼimportance. En principe un conseil administre
librement une seul collectivités territoriales. Cʼets normal et logique, mais il y a une
exception/
Elle concerne le Conseil de Paris, qui lui administre deux collectivités territoriales
distinctes : la commune de Paris et le département de Paris.

Le cas de lʼOutre Mer en Guyane, Martinique Guadeloupe et à la Réunion, il y a chaque


fois un conseil général qui administre le département respectif, mais aussi un conseil
régional qui administre la région respective. Or les limites du département et de la région
coïncident. Les deux conseils vont donc à chaque fois devoir cohabiter.
Les collectivités territoriales sʼadministrent librement par ses conseils élus. Juridiquement
cela veut dire que la démocratie locale est purement représentative. La Constitution de la
V fait une certaine place à lʼinstitution du référendum. La démocratie au niveau national
est pour lʼessentiel représentative mais aussi référendaire. Rien de tel au niveau local.
Mais à partir des années 1970 il va y avoir des réactions négatives à lʼencontre de laquelle
la démocratie locale devait être uniquement représentative.

Dès les années 1970 certains maires ont pris lʼinitiative dʼorganiser des référendums sur
telle ou telle question dʼintérêt local. Les tribunaux administratifs saisis ont déclaré illégaux
ces référendums locaux. Mais les populations locales ne comprenaient pas ce manque de
démocratie et ressaient pour un changement de politique jurisprudentiel.

Le conseil dʼEtat va assouplir sa position dans les années 1980. Il acceptera de ne plus
qualifier dʼillégaux les référendums locaux sous condition que les résultats de ces
référendums ne lient pas le conseil municipal. Car cʼest uniquement au conseil municipal
dʼadministrer la commune.

Si la population locale votait en faveur de la solution X, le conseil municipal pouvait lui


voter en faveur dʼune solution Z sur la même question. Plus facile à dire quʼà faire : on voit
mal un conseil municipal adopter le contre-pied de la position des population locales.
La jurisprudence administrative précise quʼil ne peut pas y avoir de référendums locaux
dans une année dʼélection locale ou nationale. Mais il y a souvent des élections en
France.

Bien entendu cʼétait au conseil municipal lui même de convoquer les électeurs et de
formuler la question posée.
Il faut retenir une chose : selon la jurisprudence du Conseil dʼEtat, le référendum en tant
que tel ne constituait pas un acte administratif. Il fallait obligatoirement que le conseil
municipal passe derrière pour adopter une délibération qui seule avait qualité dʼacte
administratif. Les référendums municipaux étaient purement consultatifs.

Un loi du 9 février 1992 va codifier cette jurisprudence du conseil dʼEtat. La révision


constitutionnel de 2003 va assez radicalement changer la donne.
Le constituant de 2003 va ajouter au titre 12 de la Constitution un nouvel article, lʼart.72-1.
Le premier alinéa porte sur le droit de pétition. Les électeurs dʼune collectivités territoriales
peuvent sʼadresser par pétition au conseil élu de leur collectivité et donc lui demander de
faire ou de ne pas faire telle ou telle chose.
Le Conseil peut ne donner aucune suite.

69/94
Institutions Administratives
Le deuxième alinéa est autrement lus important. Il porte sur le référendum. La constitution
en 2003 va beaucoup plus loin que la loi de 1992. Voici les apports essentiels :
 le référendum local nʼest plus seulement limité aux communes. Il peut concerner
nʼimporte quelle collectivités territoriales.
 Le résultat du référendum lie juridiquement le conseil, il est lui même un acte
administratif
 Lʼorganisation du référendum est laissée à la seule initiative du Conseil élu, il nʼy a pas
dʼinitiative populaire. Cʼest là que ce trouve lʼimportance du droit de pétition  : les
électeurs peuvent demander au conseil dʼorganiser un référendum.
Le conseil qui a organisé le référendum peut être politiquement désavoué. Il vont donc se
montrer beaucoup plus prudents que par le passé. Alors que le constituant voulait un
recours plus fréquent aux référendums locaux, on va avoir le résultat inverse. De temps à
autre tel ou tel conseil général évoque la possibilité dʼorganiser une référendum
départemental sur les OGM, un enjeu politique et agricole très important dans certains
départements.

Naturellement, le référendum ne peut pas porter sur nʼimporte quelle question  ; elle doit
être de la compétence de la collectivités territoriales concernée.
Par le passé le Conseil dʼEtat a eu lʼoccasion dʼannuler des référendums municipaux en
considérant que la question qui allait être posé relevai dʼune politique nationale et pas
locale.

Par ailleurs, lʼadministration par des conseils élus ou art.72-1 al.1 lʼadministration par voie
référendaire porte sur lʼadoption de décisions administratives relevant de la compétence
des conseils. Et la question qui se pose est : est ce que le principe de libre administration
peut également concerner lʼexécution soit des délibérations des conseils soit des
décisions référendaires ?

Le CC implicitement mais assez clairement, va nous dire que lʼexécution des délibérations
ne relève pas du principe de libre administration de lʼart.72. Cette position du CC a été
critiquée par la doctrine, car exécuter une délibération cʼest quand même quelque part
administrer, donc le principe de libre administration devrait englober le volet exécution,
mais il aurait été politiquement très difficile au CC de désavouer toute la pratique jusquʼà
la loi du 2 mars 1982. Cʼest à peine cette loi qui a supprimé le préfet en tant quʼorgane
exécutif de la collectivité départementale.

B) La fonction publique territoriale

Les lois des années 1980 portant sur la décentralisation ne pouvaient pas oublier les
moyens humains mis à la disposition des collectivités territoriales et de leurs autorités.

Depuis très longtemps, les communes essentiellement emploient des personnels


spécialisés. Quelque fut le régime politique ou administratif en matière de décentralisation,
il y a toujours eu des employés municipaux et plus tard des employés départementaux.
Ceux-ci étaient soit contractuels soit avaient la qualité de fonctionnaire. Il nʼy avait pas
jusquʼà une date récente de statut unique de fonctionnaire de la fonction publique
territoriale.

Chaque conseil général établissait ses propres règles pour les fonctionnaires du
département.
La fonction publique dʼEtat possède un statut depuis la Libération , et sons statut a été

70/94
Institutions Administratives
modifié en 1983.
La loi du 26 janvier 1984 portant disposition statutaire relative à la fonction publique
territoriale : sont concernés les personnels des communes, des département, des régions,
mais aussi des groupements de ces collectivités territoriales.

Le législateur veut donner des garanties aux fonctionnaires, et pense à juste titre pouvoir
rendre la fonction publique territoriale plus attractive, ce qui ʻétait pas du tout le cas.
Un fonction publique territoriale attractive deviendrait un atout pour les collectivités
territoriales elles-même. Mais à coté de tout cela, il y a un obstacle constitutionnel,
juridique  : peut on vraiment imposer aux collectivités territoriales telle ou telle règle en
matière de recrutement de leur personnel ? Ne sʼagit il pas la dʼune atteinte au principe de
libre administration des collectivités territoriales ?
Voilà le dilemme du législateur.

Le nouveau législateur de droite qui sʼinstalle en 1986 nʼest pas tout a fait dʼaccord sur
lʼesprit même de la loi de 1984 sur la fonction publique territoriale. Certains députés de
droite veulent supprimer le statut unique de la fonction publique territoriale.

Le premier ministre Chirac va résister à ces sirènes, mais il fer adopter une nouvelle loi en
1987, qui est davantage favorable aux collectivités territoriale, prend davantage en
considération lʼimpératif constitutionnel de libre administration des collectivités. Il
n'empêche la fonction publique territoriale nʼest pas supprimée.
Une loi de 1994 cherche à établir une synthèse entre lʼesprit des deux lois qui lʼont
précédée (84 et 87).

Le recrutement des fonctionnaires territoriaux repose à la fois sur une politique locale et
sur une politique nationale. Ce sont les collectivités chacune pour elle même qui
proclament les postes vacants. Personne ne peut obliger une commune ou un
département à créer un nouveau poste. Cʼest à la collectivité de recenser ses propres
besoins et de prendre les dispositions pour financer ces besoins en matière de
fonctionnaire. Sinon cʼest à un niveau national quʼest organisé le concours pour le
recrutement de certaines catégories de fonctionnaires territoriaux.

Fonctionnaires territoriaux de catégorie A = au moins un diplôme de l'enseignement


supérieur. Idem pour certaines catégories de fonctionnaires territoriaux de catégorie B (au
moins le bac). Pour eux le concours, les sujets, tout est national.
Certains candidats réussissent ce concours organisé par le CNFPT.

Les difficultés commencent alors pour trouver un emploi. Art.72 al.3  :  on ne peut pas
obliger telle ou telle commune à vous embaucher.
Il y aura toute une série dʼentretiens entre les maires, les DRH, et les candidats qui ont
réussi le concours. Il peut y avoir au final des candidats brillants qui ont réussi le concours
et qui ne pourront pas décrocher un poste. La liste de réussite (sur ordre alphabétique,
pas de mérite) vaut pour 4 ans. Cela renforce le principe de libre administration des
collectivités territoriales.

Les collectivités ont de plus en plus de besoins au fur et à mesure que lʼEtat les charge de
plus en plus de compétences. Elles ont donc de plus en plus besin de recruter.
Les avantages de la fonction publique territoriale surtout pour la catégorie A sont non
négligeables.
Vs êtes plus ou moins sur de rester sur le territoire de la collectivité que vous choisissez.

71/94
Institutions Administratives
Les collectivités territoriales qui ont les moyens se livrent à une concurrence pour chercher
à embaucher les personnels les plus méritants et les plus motivés. Les primes sʼenvolent
ces derniers temps. A diplôme équivalent, un fonctionnaire territorial est pratiquement sur
de gagner beaucoup plus quʼun fonctionnaire dʼEtat. Il y a la sécurité de lʼemploi. La
fonction publique territoriale est très attractive.

Toutes les universités ont des centre de préparation à ces concours administratifs.
Il y a également les fonctionnaires territoriaux de catégorie C (sans le Bac)  : il y a un
concours, mais organisé cette fois sur une base locale, par ce quʼon appelle les centres de
gestion. Les collectivités territoriales qui emploient moins de 350 fonctionnaires toutes
catégories confondues sont obligées de sʼaffilier au centre de gestion local. Les autres
collectivités peuvent sʼaffilier à un tel centre de gestion de manière facultative  ? Par
ailleurs le CNFPT et le centre de gestion sont responsables de la formation permanente
des fonctionnaires territoriaux.

Tout comme dans la fonction publique dʼEtat, on entre dans la fonction publique territoriale
pour faire carrière, et non pas pour occuper un poste donnée qui ne sera jamais modifié.
En Europe, on a le système de fonction publique de carrière auquel sʼoppose le système
de fonction publique dʼemploi. Ce dernier système est surtout connu dans les états
américains, surtout aux USA. On entre dans la fonction publique pour occuper un seul
poste toute sa vie durant. Pour occuper un autre poste plus intéressant il faut abandonner
son premier poste pour solliciter le nouveau. Le système européen est évidemment plus
favorable aux fonctionnaires ; on peut parler dʼune véritable fonction publique.

Il y a en France une troisième fonction publique : la fonction publique hospitalière.


Les effectifs de la fonction publique territoriale atteignent environ 2.000.000 de personnes,
soit 30 à 35% de la fonction publique dʼEtat.

Malgré les lois sur la fonction publique territoriale, il est toujours permis aux collectivités
territoriales dʼembaucher du personnel sur une base contractuelle. Il sʼagira en principe de
contrats administratifs. Les personnels contractuels sont en général mieux rémunérés que
les fonctionnaires territoriaux, mais ils ne sont pas surs de voir leur contrat renouvelé. En
principe ce sont les communes les plus importantes qui continuent dʼembaucher par la
voie contractuelle, notamment des personnels hautement qualifiés.

A lʼexception de lʼEtat français, le plus grand employeur en f est la ville de Paris. Un décret
spécial de 1994 fixe le statut des agents de la ville de Paris.

72/94
Institutions Administratives

Section 2 : Les limites à la libre administration


I) La nécessaire sauvegarde de lʼunité nationale

Lʼoption fédéraliste avait été discutée au moment de la Révolution de 1789.


Les courants majoritaires lʼont formellement condamné à lʼépoque.
Dans la théorie du fédéralisme la souveraineté nʼappartient pas au seul Etat fédéral.
La décentralisation nʼa pas la vertu de conférer ne serait ce quʼune infime part de
souveraineté aux collectivités territoriales.

Il est alors naturel que lʼEtat prenne des mesures pour contrôler les collectivités
territoriales dans leur comportement. Les modalités pratiques de ce contrôle seront
étudiées au II).

Lʼart.72 de la Constitution confère aux collectivités territoriales la libre administration.


Administrer ce nʼest pas gouverner. On ne confond pas ces deux termes. Certaines limites
naturelles à la possibilité conférée aux collectivités territoriales pour leur auto
administration.

Les frontières ne sont pas définies dans la Constitution. Ces frontières peuvent
parfaitement être mouvantes dans le temps.
Il y a certaines compétences qui dans un Etat unitaire comme le notre ne pourront jamais
être conférées aux collectivités territoriales. De manière empirique, on peut dire que parmi
ce noyau dur de la souveraineté nationale se classent les relations avec les Etats tiers et
les organisations internationales, c'est-à-dire la politique étrangère, la défense nationale,
le maintien de lʼordre ou encore la justice ou la possibilité de battre monnaie.

Il est vrai quʼil y a une entité infraétatique qui elle est coresponsable de ses relations
étrangères avec la France : la Nouvelle Calédonie. Depuis les accords de Nouméa en 98
et de lʼincorporation de son statut dans la Constitution en 2007, elle nʼest pls une
collectivités territoriales. Il sʼagit dʼun statut provisoire, qui a vocation à évoluer vers une
possible indépendance.

Si une nouvelle fois la population locale opte pour la non indépendance il faudra envisager
autre chose. Il a fallu modifier la Constitution afin de conférer à celle qui fait toujours partie
de la France des compétences qui touchent au noyau dur de la souveraineté française
comme certains accommodements du droit électoral ou encore la politique étrangère.

La nécessaire sauvegarde de lʼunité nationale a longtemps été conçue comme imposant


partout en France un régime administratif et juridique identique.
La France depuis longtemps possède des territoires dans lʼOutre Mer.
Grosso modo il y avait un droit français et un autre droit, le droit colonial. Le législateur a
tenu compte des spécificité locales.
Le colonisateur anglais nʼa jamais prétendu faire de ses propres colonisés les égaux des
britanniques.

La France quelque part a eu cette ambition. Cʼest donc pourquoi la France tient moins
compte des spécifiés locales que les colonisateurs britanniques.
A partir de la 2de Guerre Mondiale, la France cherche à pratiquer une politique

73/94
Institutions Administratives
dʼassimilation plus ou moins active.
La France nʼexcluait absolument pas que ses colonisés puissent être sur un pied dʼégalité
avec les métropolitains ; cependant lʼénorme écart sera la jusquʼà la décolonisation.

Apres la guerre lʼassimilation est très rapide.


Les lois votées a paris sont appliquées en métropole et dans les quatre TOM.
1958 : le projet de Constitution est soumis à tout ce qui dépend de la république française.

En ce qui concerne les TOM, ils peuvent choisir de sʼassimiler ou non à la métropole.
Un TOM peut aussi se transformer en Etat membre de la communauté qui est appelée la
communauté française, conçue comme une sorte de fédération.
Le 4eme choix est implicite, cʼest de rejeter en bloc la constitution et dans ce cas le TOM
devient une Etat indépendant, comme le fit la Guinée.
La plupart ont choisi de devenir Etat membre de la communauté, dont le président est le
président de la république française.

En 1960 ils deviennent tous membres de lʼONU.


A partir du moment ou les Etats quittent la communauté française, celle-ci ne garde quʼun
seul Etat, la République française. La révision constitutionnel consacrant ceci date de
1995, ou a été supprimée toute référence à la communauté.
La question qui sʼest posée après 1960 est : est ce que un territoire dʼoutre-mer pouvait
quitter la République française pour devenir indépendant ? En théorie non, mis la pratique
a été différente.

Les plus hautes autorités de la république feront sienne ce quʼon appelle la doctrine
Capitant. (cʼest lʼun des grands constitutionalistes français de l”époque).
La doctrine CAPITANT permet la poursuite de lʼauto détermination des peuples dʼOutre
Mer.

Cette doctrine va interpréter de manière audacieuse lʼart.53 de la Constitution. Lʼart. dit


que moyennant un traité ratifié par le Président de la République après habilitation
parlementaire, la France peut acquérir céder ou échanger des territoires, si ces territoires
sont peuplés, l'acquisition cession ou échange doit être précédée dʼune consultation de la
population locale.

La doctrine nous dit que la cession dʼun territoire peut se faire au profit dʼun état à créer un
Etat qui nʼexiste pas encore, si la population locale est dʼaccord.
Le CC adoptera cette doctrine dans une décision de « autodétermination des Comores ».

Les lois françaises y sont inapplicables, sauf si le parlement en décide autrement.


Depuis des révisions constitutionnel dans les années 90, avant dʼétendre lʼapplication
dʼune loi sur tel ou tel TOM, il faut au préalable consulter lʼassemblée territoriale du TOM
concerné.

La révision de 2003 supprime le bloc des TOM pour faire les collectivités dʼoutre mer. Le
principe reste le même : les lois françaises ne sʼappliquent pas.

On commence a avoir une différenciation dans les 4 DOM  : malgré leur assimilation, ils
avaient conservé une certaine aptitude dʼadapter les lois à certaines particularités locales.
La loi était la même à Strasbourg et à la réunion, mais a la réunion on pouvait tenir compte

74/94
Institutions Administratives
de telle ou telle spécificité locale ;

La révision constitutionnel de 2003 donne une plus grande marge de manœuvre dans le
domaine de cette adaptation dans les DOM.
Très explicitement, la Reunion est exceptée de dispositif.

II) Le contrôle de lʼEtat sur les collectivités territoriales

On a ajouté le 28 mars 2003 un nouvel alinéa a lart.72 de la Constitution.


Al.4 : « dans les conditions prévues par la loi organique, et sauf lorsque sont en cause les
conditions essentielles dʼexercice dʼune liberté publique ou dʼun droit constitutionnellement
garanti, les collectivités territoriales ou leurs groupements peuvent, lorsque, selon le cas,
la loi ou le règlement lʼa prévu, déroger, à titre expérimental et pour un objet et une durée
limitée, aux dispositions législatives ou réglementaires qui régissent lʼexercice de leur
compétence. »

Dans un Etat unitaire on ne peut pas admettre le principe de libre administration sans en
parallèle un contrôle de lʼEtat sur ces même collectivités.
Citer art.72 al.6 qui va avec 3

Représentant de lʼEtat est un terme générique qui sʼapplique surtout aux préfets.
On parlera du préfet et du contrôle préfectoral sur les collectivités.
Le contrôle préfectoral est nécessaire pour que lʼEtat français puisse survivre aux
pressions et éventuels abus des collectivités territoriales.
Le CC doit constamment veiller au grain, c'est-à-dire veiller a ce quʼil nʼy ait pas de loi
empêchant le préfet dʼexercer un tel contrôle sur les collectivités territoriales.
On peut concevoir plusieurs techniques de contrôle préfectoral. Cʼest la ou le bas blesse.

La problématique du contrôle des actes administratifs est au cœur de la discipline du droit


administratif.
Il y a toujours un recours empiriquement élaboré par le conseil dʼEtat  : le recours pour
excès de pouvoir : le R EP
Le requérant peut par ce recours demander au juge administratif dʼannuler un acte
administratif pour illégalité.

De nos jours, la dite illégalité doit être conçue de manière large. Il ne sʼagit plus seulement
des lois au sens strict du terme puisquʼun acte administratif ne doit pas non plus contrarier
les traités internationaux liant la France .
Il ne peut pas non plus contrarier les principes généraux du droit élaborés essentiellement
dans la jurisprudence du conseil dʼEtat.

Les actes administratifs peuvetn être de plusieurs sortes, décrets, arrêtés, acte du
recteur…
Cet acte doit imposer un comportement aux tiers (notamment aux citoyens) et oit être
unilatéral.

Face aux actes administratifs, il y a les contrats administratifs. Le R EP ne peut concerner


que les actes administratifs unilatéraux.
2 mars 1982  : loi sur les libertés des communes départements et régions change
radicalement le régime juridique applicable sur les collectivités territoriales.
Avant la réforme de 82, le préfet pouvait lui même annuler dans un délai de 15 jours un

75/94
Institutions Administratives
arrêté du maire ou une délibération du conseil municipal ou des actes analogues des
structures de lʼintercommunalité.

De même, dans un délai de 10 jours, le préfet pouvait demande au 1er ministre dʼannuler
une délibération du conseil général.
Si les deux délais sont dépassés, lʼacte local devient acte administratif unilatéral.
Ex : un arrêté du maire de Strasbourg imposant un sens unique dans une rue ne pouvait
devenir acte administratif unilatéral quʼà parti des 15 jours.
Apres cette loi, tout change. Dans sa première version, lʼacte local acquiert valeur
juridique dès son adoption par lʼautorité décentralisée. On oublie les délais de 10 ou 15
jours.

Un arrêté du maire de stras devient acte administratif dès sa signature par le maire. La
question est : et le contrôle préfectoral de lʼal.6 de lʼart.72 ?
Ce contrôle qui était a priori devient a posteriori.
Le préfet ne peut pas annuler pour illégalité un acte administratif.
Tout ce quʼil peut faire cʼest saisir le tribunal administratif en lui demandant lʼannuler pour
illégalité lʼacte administratif local.

Le cc dans sa décision du 25 février 1982 remarque un problème dans cette première


version  : comment voulez vous que le préfet puisse déférer au tribunal administratif un
acte administratif local pour illégalité si le préfet ne connaît pas la teneur de cet acte
local ?

Le CC a dit que les actes locaux ne peuvent pas acquérir force juridique contraignante
avant que le préfet ne prenne connaissance de leur teneur.
Le CC impose aux collectivités territoriales la transmission de leurs actes au préfet.
Dans sa décision le CC impose cette obligation à toutes sortes dʼactes locaux.

Nouvelle loi en juillet 82, qui fait une nette distinction entre deux catégories dʼactes
administratifs locaux : les actes locaux transmissibles et les non transmissibles.
 transmissible  : lʼacte local nʼacquiert valeur juridique quʼau moment même de sa
transmission au préfet
 non : il acquiert sa valeur jur dès sa signature par lʼautorité décentralisée
Le CC interprétant lʼart.72 avait bel et bien dit pourtant que tous les actes locaux doivent
préalablement être transmis au préfet.

Le déféré préfectoral :
Délai de deux mois, court de la date de transmission de lʼacte transmissible au préfet ,
mais le conseil dʼétat nous dit que le déféré préfectoral peut aussi parfaitement sʼattaquer
à des actes non transmissibles mais cette fois le délai cours dès la signature de lʼacte.

Lʼobjectif du déféré est dʼobtenir lʼannulation de lʼacte local par le tribunal administratif,
pour illégalité. Il est possible également au préfet de demander au tribunal administratif
une suspension des effets juridiques de lʼacte local, le temps pour les tribunaux
administratifs de pouvoir statuer sur le fond.
Un citoyen a la possibilité de demander au préfet de déférer un acte local au tribunal
administratif.

Le déféré préfectoral indirect sauvegarde les délais du recours pour excès du pouvoir.

76/94
Institutions Administratives

Titre II :Les collectivités locales de droit commun


 commune
 département
 région

Chap 1 : La commune


Cʼest la partie 2 du code général des collectivités territoriales qui porte sur les communes.

Section 1 : Les autorités communales


 le conseil municipal
 lʼexécutif communal à la tête duquel se trouve le maire

I) Le conseil municipal

Les effectifs sont variables. Tout dépend de lʼimportance démographique de la commune.


On trouve un tableau des correspondances entre fourchette des populations des
communes et nombre de conseillers municipaux.
Le minimum est celui des communes qui nʼont que 9 conseillers municipaux, pour les
communes de moins de 100 habitants.

A lʼopposé pour les communes de plus de 300.000 habitants, le nombre de conseillers


municipaux sʼélève à 69, sachant que Paris Lyon et Marseille sont en dehors de ce
tableau.
Les conseillers municipaux sont élus lors dʼélections au suffrage universel direct ayant lieu
tous les 6 ans.

Les électeurs sont les habitants de la commune ayant la nationalité française.


Les ressortissants habitant depuis plus de 5 ans sur le territoire national peuvent sʼinscrire.
Depuis la Libération tout a changé, et le régime actuel date de 1982.
Le législateur distingue deux catégories de communes : les petites et les grandes. Le seuil
pour passer de lʼune à lʼautre est de 3.500 habitants.

Pour les petites communes, le scrutin es un scrutin majoritaire à deux tours. Le décompte
des voix se fait par candidat et non pas par liste. Cela signifie que le panachage est
possible, c'est-à-dire que lʼélecteur peut exprimer sa préférence pour u n candidat de la
liste A, plus tel autre de la liste B, etc.. Une liste peut également ne pas être complète, et
les candidatures isolées sont aussi autorisées. Les très petites communes de moins de
2.500 habitants : on nʼest pas obligé de faire acte solennel de candidature : on peut être
élu sans être candidat.

Communes qui ont une population supérieure à 3.500 habitants  : elles sont peu
nombreuses, il y en a à peu près 2500 sur un total de 37.000 en F.
Il y a un scrutin majoritaire à 2 tours à liste bloquée. Les candidatures isolées ne sont pas
autorisées, le panachage non plus, et les listes doivent être complètes (comporter autant
de candidats quʼi y a de postes à pourvoir au Conseil municipal).

77/94
Institutions Administratives
Au second tour pourront participer uniquement les listes qui auront obtenu 10% des voix
exprimées au premier tour. Cela dit, une particularité mérite dʼêtre notée : une liste qui a
obtenu plus de 10% des voix au premier tour ne sera pas forcément de la même
composition entre les deux tours. Le législateur prévoit une possibilité pour des fusions de
listes. Une liste (plus de 10% exprimés) peut intégrer des candidats qui figuraient au
premier tour sur u ne liste ayant obtenu au moins 5% des voix exprimées.

Le mode de scrutin est ainsi fait que statistiquement une liste obtenant la majorité absolue
au premier tour est sur dʼobtenir au moins les ¾ des sièges au conseil municipal. Une liste
qui obtient la majorité relative au second tour est sure dʼobtenir au moins les 2/3 des
sièges. Globalement le message politique du législateur est celui-ci  : il faut dans les
conseils municipaux des majorités claires susceptibles dʼadministrer dans de bonnes
conditions la commune, mais un grand nombre de courants politiques minoritaires
pourront être présents au conseil municipal après les élections.

Quant à la circonscription électorale pour les élections municipales, la règle est que celle-
ci coïncide avec le territoire de la commune. Politiquement cela signifie que toutes les
difficultés de la commune pourront être débattues pendant la campagne électorale. Cela
dit il y a deux dérogations à cette règle dʼunicité de la circonscription électorale aux
élections municipales.
 Loi du 31 décembre 1982 concerne les PLM  : Paris Lyon et Marseille. La
circonscription électorale nʼest pas unique, e territoire de chacune de ces communes
est divisé entre un certain nombre de secteurs électoraux. A paris et a Lyon un secteur
électoral correspond à un arrondissement. Il y a 20 arrondissement à Paris, donc vingt
secteurs électoraux, donc vingt circonscriptions électorales différentes. A Lyon, 9. A
Marseille , il y a 8 secteurs électoraux auxquels correspondent 16 arrondissements
marseillais.
 Le sectionnement électoral, décidé non pas par le conseil municipal mais par le conseil
général du département dans laquelle se trouve la commune. Ce sectionnement
électoral concernera des communes composées de plusieurs agglomérations
distinctes. Condition : un secteur électoral dans ce cas doit avoir une population telle
quʼil lui sera permis dʼavoir au conseil municipal au moins deux conseillers municipaux.

Progressivement vers la fin du XXème siècle, le législateur a voulu élaborer un vrai statut
juridique pour les élus locaux. Ainsi par exemple la fonction de conseiller municipal nʼest
plus toujours totalement gratuite. Autrefois les conseillers municipaux ne pouvaient
bénéficier dʼaucune indemnité de fonction. De nos jours dans les communes de plus de
100.000 habitants, ils bénéficient automatiquement dʼindemnités de fonction. Dans les
autres commune sils peuvent être remboursés de certains frais exposés. Tous les
conseillers municipaux peuvent réclamer de leur employeur la possibilité dʼassister aux
séances du conseil municipal. Mais la perte de revenus résultant de cette absence du
travail est à la charge des conseillers municipaux. Rien nʼest prévu pour les conseillers
municipaux qui exercent des professions libérales.

La loi prévoit également la possibilité pour les conseillers municipaux de bénéficier de


stages de programmes de formation continue. Le législateur veut que les conseillers
municipaux obtiennent une certaine culture juridique économique ou de gestion. Mais
entre la théorie de la loi et la réalité pratique il y a un écart énorme  : il nʼy a pas les
moyens nécessaires pour une telle formation. Malgré une évolution surtout dans les
textes, le rôle dʼun conseiller municipal français reste un tantinet ingrat. A vrai dire il sʼagit
dans lʼimmense majorité des cas, dʼhommes et de femmes qui prennent de leur temps

78/94
Institutions Administratives
libre pour se consacrer aux difficultés de leurs concitoyens. Cʼest une espèce de
sacerdoce.

II) Lʼexécutif communal

Lʼexécutif communal est composé du maire et des adjoints au maire.


Maire et adjoints sont appelés globalement la municipalité. Il y a un maire par commune,
mais il y a plusieurs adjoints au maire. Combien ? Le nombre des adjoints dépend assez
classiquement de lʼimportance démographique des communes.
PLM exceptées, les communes françaises ont de 2 à 20 adjoints au maire.

Le maire depuis déjà le règne de Louis Philippe a une double le casquette : il est lʼorgane
exécutif de la collectivités territoriales qui sʼappelle commune, mais aussi le représentant
de lʼEtat au sein dʼun cadre de la déconcentration qui est encore une fois la commune. Le
maire est obligatoirement lui même conseiller municipal.

Les hypothèses dʼinéligibilité qui valent pour les conseillers municipaux valent aussi pour
le maire. Exception : Un ressortissant peut être élu conseiller mais pas maire.
Le maire est élu au suffrage universel indirect. Ce sont les conseillers municipaux qui
lʼélisent à la majorité absolue suivant un scrutin secret. Si le premier et deuxième tour ne
suffit pas, le maire peut être élu au troisième tour à la majorité relative.

Politiquement, il est le vrai chef, lʼâme de la liste victorieuse aux élections municipales.
Lorsque lʼélecteur vote en faveur dʼune liste UMP dans sa commune, il est pratiquement
sûr que cʼest la tête de liste de lʼUMP qui sera demain élue maire de la commune.

Ce qui vaut pour lʼélection du maire vaut aussi pour lʼélection des adjoints au maire.
Il est naturellement possible quʼun maire présente de sa propre initiative sa démission, ou
quʼil décède, ou encore quʼil soit contraint à la démission.

Dans de tels cas la commune ne peut pas rester sans maire ; le conseil municipal devra
procéder à une nouvelle élection, mais il devra alors être au grand complet. Sʼil nʼest pas
complet, des élections municipales partielles devront être organisées. Si le conseil
municipal doit élire en cours de mandat un nouveau maire, automatiquement il va devoir
élire aussi de nouveau x adjoints u maire.
Le législateur veut absolument quʼil y ait une grande cohérence et cohésion politique au
sein de la municipalité.

Traditionnellement en France, un maire pouvait exercer également de nombreux autres


mandats électifs (le cumul de mandats) tant locaux que nationaux. La figure du député
maire ou du sénateur maire est particulièrement courante.
Mais petit à petit il y a eu un vent de révolte contre cette pratique ancestrale, et deux lois
ont cherché à limiter le cumul des mandats électifs : une loi de 1985 et une loi de 2000.
Cela dit le cumul de mandat nʼest pas totalement interdit, il nʼest que limité.

Le maire qui traditionnellement exerçait gratuitement ses fonctions, a de nos jours


automatiquement droit à des indemnités de fonction, à la sécu ou encore à des pensions e
retraite. Cʼest donc une sorte de métier.

La gestion des villes est devenue extrêmement complexe, être maire est donc un métier à
plein temps. Les indemnités de fonction des maires peuvent aller selon lʼimportance

79/94
Institutions Administratives
démographique de la commune jusquʼà 95% du traitement le plus élevé dans la fonction
publique dʼEtat. Pour les maires des PLM elles correspondent à 115%. Il existe aussi un
certain nombre de primes.

Les adjoints ont aussi des indemnités qui correspondent à 40% des indemnités de leur
maire.
Cela dit un adjoint au maire a droit à des indemnités uniquement lorsquʼil exerce
effectivement une délégation que le maire lui accorde. Or un adjoint au maire nʼa pas
automatiquement vocation a obtenir des délégations de la part de son maire. Tout
dépendra de la volonté politique du maire, c'est-à-dire quʼil est dans lʼintérêt bien compris
dʼun adjoint de maintenir de très chaleureuses relations avec son maire.
En cours de mandat, sans justification, le maire peut priver un ou plusieurs de ses adjoints
de délégation. Il arrive que le maire délègue certaines de ses compétences à des
conseillers municipaux qui ne sont pas adjoints.

Le maire est celui qui a conduit à la victoire la majorité du conseil municipal. Il exerce donc
une influence politique considérable sur les conseillers de la majorité. En cas de problème,
la voie du maire contera double.
Il est celui qui a la maîtrise de lʼordre du jour du conseil municipal, une prérogative
extrêmement importante du point de vue politique.

Avant le maire fixait lʼordre du jour comme il lui semblait, mais une loi de 1992 a cherché à
démocratiser le fonctionnement des conseils municipaux. Ainsi donc il est obligatoire pour
les communes de plus de 3.500 habitants dʼadopter un règlement intérieur de leur conseil
municipal. Ce règlement intérieur a la valeur juridique dʼun acte administratif unilatéral, ce
qui signifie quʼil peut être contesté devant la justice administrative par le biais dʼun recours
pour excès de pouvoir.

Quelques limitations  : le droit de lʼopposition de demander et dʼobtenir des séances de


questions orales. En principe lʼopposition pourra sʼexprimer par le biais des questions
orales quʼelle posera au maire ou aux adjoints, auxquelles ces derniers se devront de
répondre. Sinon le conseil municipal est réuni au moins une fois par trimestre. Il peut être
réuni à tout moment par le maire mais également par le préfet ou le Gouvernement. De
même, un certain groupe de conseillers municipaux peuvent réclamer une session
extraordinaire du conseil municipal. Mais les conseiller municipaux en question doivent
être au moins le tiers de lʼeffectif normal du conseil municipal. Dans un cas normal cela
sera très difficile pour lʼopposition.
Le maire est également lʼorgane exécutif de cette collectivité territoriale quʼest la
commune.
En tant quʼorgane exécutif, il doit exécuter matériellement et/ou juridiquement les
délibérations de sons conseil municipal. Il ne doit pas déformer ou compléter de manière
excessive une délibération.

Tout cela est un peu artificiel, puisque dans les faits les délibérations sont préparées pour
ne pas dire rédigées par le maire lui même.
En principe sa majorité le suit sous peine de sanction politique.
Le maire est le chef du personnel communal. Cʼest à lui de faire les travaux publics de la
commune sans oublier que dans les limites du territoire communal, le maire possède la
police municipale.

La police municipale est par excellence une police administrative générale. En clair cʼest la

80/94
Institutions Administratives
capacité juridique du maire dʼédicter des règles imposant un comportement obligatoire aux
citoyens. Par exemple, faire en sorte que telle rue dans la commune soit à sens unique ou
à stationnement payant, ou que dans telle section de telle rue la vitesse soit limitée à
30km/h. Le maire veille plus particulièrement à la tranquillité, la sûreté et la salubrité de la
commune.

Certes dans certaines communes françaises, une part des attributions de police
municipale du maire a été conférée à des représentants de lʼEtat exerçant leur fonction
sous lʼétroite surveillance du préfet : il sʼagit des communes de plus de 10.000 habitants,
communes à police étatisée. Il sʼagit aussi des communes dans lesquelles la délinquance
a les mêmes caractéristiques que dans les communes de plus de 10000 habitants.

En revanche les maires bénéficient de certaines polices administratives dites spéciales.


Par exemple la police rurale ou encore la police des édifices menaçant ruine.

Depuis les lois de 188 il y a une règle dʼor sur le fonctionnement interne des communes :
« le conseil municipal règle par ses délibérations les affaires de la commune ».

1ere interprétation : lʼessentiel des compétences relèvent de lʼautorité du conseil et donc


non du maire. On doit présumer que nʼimporte quelle compétence revient au conseil.
Sans doute a IIIème République qui se veut une régime démocratique et républicain veut
souligner lʼimportance même la prépondérance du conseil municipal qui encore plus
directement que le maire représente les habitants de la commune.

Mais il y a une exception : en 1884, lʼAlsace Moselle ne faisait pas partie de la France. La
loi sur les municipalités ne lui était donc pas applicable. Après sa réintégration, la loi de
1884 nʼa pas été étendue dans les nouvelles communes alsaciennes et mosellanes. Quel
droit communal sʼy applique ? Cʼest le droit sur les communes élaboré à lʼépoque au sein
de lʼempire allemand. Ce droit a pu être modifié depuis mais cʼest toujours le droit
allemand qui est à la base.

En cas de doute dans les communes alsaciennes et mosellanes, une compétence relève
de lʼautorité du maire et non pas du conseil municipal. Le régime alsacien et mosellan des
communes est aux antipodes du droit communal dans le reste de la République française.
Sinon en Alsace ou ailleurs, le conseil municipal peut sous conditions déléguer certaines
de ses compétences au maire. Une première limitation est que jamais le conseil municipal
ne peut déléguer au maire le vote du budget de la commune. Sinon la délégation se fait à
un maire en considération de la personne physique quʼil est, en tant que Mr X ou Mme Z.
Si le maire décède, la délégation des compétences sʼannule automatiquement.

A tout moment, sans justification, le conseil municipal peut enlever une délégation quʼil
avait précédemment accordée au maire. Tous les ans au moins, le maire doit présenter à
son conseil municipal un rapport détaillé sur son action concrète dans les domaines sur
lesquels porte la délégation de compétence quʼil sʼest vu attribuée. Le maire ne peut pas
déléguer une délégation de la part du conseil municipal.

Un adjoint au maire ne peut bénéficier que de délégation de compétences propres au


maire. Dans les communes alsaciennes et mosellanes le maire a une certaine
prépondérance quʼil ne possède pas ailleurs dans le pays.

81/94
Institutions Administratives

Section 2 : Les compétences communales


Malgré ses efforts, le législateur français même celui de 2004 nʼa pas réussi jusquʼà
présent à établir des compétences claires et nettes indéniables au profit de telle ou telle
catégorie de collectivités territoriales. Dans lʼimmense majorité, toutes sorte de collectivité
peut exercer des compétences dans tel ou tel domaine. Par exemple, la région joue une
rôle prépondérant en matière de développement économique, mais cela ne signifie pas
que les communes nʼont pas de compétences en matière de régulation économique ou de
subventions accordées aux entreprises. Le problème ne se pose pas uniquement entre
différentes catégories de collectivités territoriales, mais aussi entre les collectivités et
lʼEtat, et parfois même entre les collectivités et lʼUE.

Les communes appliquent très mal le droit communautaire européen. Lʼun des derniers
rapports du conseil dʼEtat porte sur ces difficultés dʼailleurs.
Ces difficultés valent pour lʼensemble des collectivités territoriales, plus spécialement en
ce qui concerne les communes, car celles-ci contrairement aux département et aux
régions, nʼapparaissent pas dans le paysage politico-juridique créé, bien au contraire, les
communes ont un réel enracinement dans lʼHistoire française.
Forte de son enracinement la commune encore de nos jours se considère davantage
légitimée que les départements ou les régions. Elles sont des collectivités ayant une sorte
de compétence générale.

Deuxième interprétation de la phrase du code général : toutes les affaires qui concernent
la commune peuvent être gérées par la commune elle même.
Risque : jusqu'où peut aller la vocation générale dune commune française en matière de
compétences ?

Une commune nʼest pas un petit Etat souverain à lʼintérieur de la France. Ses
compétences seront limitées. Mais par qui ou quoi ? Quelle est la distinction à établir entre
affaires locales et affaires non locales ?
La frontière qui sépare les affaires locales des affaires nationales ne peut être une
frontière immuable. Elle peut au contraire bouger.
Exemple  : celui de la possibilité pour une commune dʼintervenir dans le domaine de
lʼéconomie en établissant notamment des services publics locaux. Cette possibilité a été
historiquement la grande pomme de discorde entre les maires et lʼEtat central au début du
20ème siècle, essentiellement après la 1ère Guerre Mondiale.

Le maire et les conseillers municipaux, plus proches des besoins rudimentaires et


quotidiens de leurs concitoyens, nʼont pas hésité à prendre des initiatives qui à ʻépoque
étaient considérées comme trop audacieuses par la doctrine et la Nation.

Le Conseil dʼEtat a fini par être saisi par ces initiatives locales de certains maires, qui en
venant à lʼaide de la population locale, portaient atteinte au libre déroulement des activités
économiques. Un important arrêt du Conseil dʼEtat, lʼarrêt Casanova de 1901  : il a eu à
apprécier la légalité de lʼinitiative de la commune. Un service public local peut être créé
par une commune, mais uniquement dans des circonstances exceptionnelles. Deux
conditions doivent être cumulativement remplies :
 il doit y avoir un intérêt public fort
 il doit y avoir une carence marquée de lʼinitiative privée

82/94
Institutions Administratives
Ce sont des conditions difficiles à réunir, ainsi un grand nombre dʼinitiatives vont être
annulées pour illégalité par le Conseil dʼEtat.
Mais la situation nʼira quʼen empirant, surtout après la 1ère Guerre Mondiale.
Dans le Nord et lʼEst de la France, des maires, en dépit de Casanova, vont chercher à
apporter de lʼaide à leurs concitoyens. Sous la pression publique le Conseil dʼEtat va finir
par assouplir sa jurisprudence. Le nouveau jalon posé est arrêt de 1930, chambre
syndicale du commerce en détail de Nevers. Dans cet arrêt, formellement le Conseil dʼEtat
reste fidèle à sa jurisprudence Casanova qui précède. Mais il va estimer beaucoup plus
facilement quʼauparavant quʼun intérêt public fort existe, et constater plus facilement la
carence de lʼinitiative privée.

De nouvelles perspectives sont donc ouvertes en faveur de lʼinterventionnisme


économique des communes.
Ce qui autrefois nʼétait pas considéré comme local pourra lʼêtre, sauf naturellement que
tout ce quʼun conseil municipal ou un maire veulent accomplir ne peut pas forcément
correspondre à des affaires purement locales. Si elles touchent au domaine national, le
Conseil dʼEtat prendra la responsabilité dʼannuler.

Le conseil municipal nʼest pas compétent en matière de police municipale, sauf


indirectement  : si le maire doit faire le nécessaire pour la salubrité de la commune, le
maire doit bénéficier dʼun certain budget. Le budget est voté par le conseil municipal,
celui-ci aura donc indirectement son mot à dire.

Ce qui vaut pour cette police administrative générale vaut aussi pour une police
administrative spéciale.
En ce qui concerne les administrations, le maire a quand même de nombreuses
compétences. En matière sanitaire et sociale, la commune nʼa jamais véritablement perdu
ses compétences, mais par la force des choses elle est fortement concurrencée, surtout
par lʼEtat. Les soins médicaux ont progressé depuis le Moyen-Âge, et sont devenus de
plus en plus coûteux et compliqués à matérialiser. Il est totalement impossible à une petite
commune rurale française de mettre en place des structures hospitalières un tant soit peu
importantes. Le domaine sanitaire est caractérisé par la forte implication de lʼEtat, sauf
dans certaines grandes communes où des établissements publics hospitaliers ont le statut
dʼétablissements publics locaux créés ou gérés par la commune.

Le domaine de lʼenseignement est aussi concerné. Au Moyen-Âge cʼest la commune qui


cherchait à scolariser les enfants. De nos jours, il y a une répartition un peu plus claire des
compétences entre collectivités dans le domaine de lʼenseignement. La commune est
responsable uniquement pour lʼenseignement élémentaire et préélémentaire. La
commune est responsable de la construction, de la gestion et de lʼentretien des bâtiments,
mais sûrement pas de la pédagogie ou du recrutement et de la rémunération des
enseignants. Dans ce domaine, lʼEtat garde totalement ses compétences.

Ce qui vaut pour les écoles publiques vaut depuis 1959 également pour les écoles privées
sous contrat dʼassociation.
La commune a également des compétences dans le domaine de lʼaction culturelle. Il y a
une très grande liberté et chaque commune un peu importante se fait un point dʼhonneur
dʼoffrir des prestations cultuelles de qualité.

Pareil pour les activités sportives, de niveau amateur et professionnel.


En ce qui concerne lʼaménagement de lʼespace et lʼurbanisme, traditionnellement les villes

83/94
Institutions Administratives
françaises avaient une très large compétence. Mais ces compétences ont été confisquées
par lʼEtat à la Libération.
Depuis le début des années 80, certaines parties de cette matière ont été rétrocédées aux
communes.

Section 3 : Lʼintercommunalité


Cʼest un dossier brûlant en matière dʼadministration décentralisée en France.

I) La coopération entre communes

Autrefois les campagnes françaises avaient une véritable vie économique sociale et
culturelle. Mais après lʼexode rural consécutif aux Guerre Mondiale, de vastes parties de
lʼespace rural ont perdu beaucoup de leurs habitants. Il y a actuellement des département
de moins de 100.000 habitants, des régions de moins de 1.000.000 dʼhabitants, et
beaucoup de communes dont la , population devient quasiment nulle.

Il y a en France un peu plus de 36.500 communes. Or dans lʼUE des quinze avant les
élargissements récents, la France à elle seule avait davantage de communes que tous les
14 autres Etats, avec 33.000 communes.

Un pays a une population équivalente à celle de la France  : lʼItalie. Loin des 36.000
communes, elle se contente 8.074 communes.
La Belgique est un pays dʼune population de 10.000.000 dʼhabitants, nʼa que 596
communes.

Un émiettement communal français extraordinaire qui nʼa lieu nulle part ailleurs dans le
monde.
Mirabeau voulait garder intactes les structures de lʼAncien régime. Son credo  : une
commune par paroisse. La France étant à lʼépoque un pays très catholique, beaucoup de
paroisses et donc beaucoup de communes.
Leur nombre a été réduit dʼoffice par Napoléon Bonaparte, passant de 44.000 à 38.000
communes environ.

ON pourrait accepter cette situation si les communes étaient raisonnablement bien


peuplées, susceptibles dʼavoir la possibilité de mettre en place un certain nombre de
prestations pour leurs habitants.

Mais il nʼen est rien. En 1881, à la veille de la grande loi de la IIIème République sur les
municipalités (1884), il y avait déjà 700 communes dʼune population inférieure à 100
habitants. En 1981, ces communes sont au nombre de 4.200, dont 1.200 avec une
population inférieure à 50 habitants. Certaines communes nʼont plus du tout dʼhabitants,
ou une ou deux dizaines. Il sʼagit de 6 communes françaises qui pour leur plus grand
malheur se sont trouvées sur la ligne de front aux alentours de Verdun. Elles ont été
totalement réduites, et après la guerre leur reconstruction a été jugée très périlleuse.

Néanmoins, en considérant en 1918 que ces communes sont des communes martyres de
la cause nationale, lʼEtat français nʼa pas voulu solennellement les rayer de la carte.

Ces 6 communes ont une personnalité juridique et même des organes. Les maires de ces

84/94
Institutions Administratives
communes sont nommés par le préfet local, essentiellement parmi les descendants des
anciens habitants de ces communes.

Au delà de cette question, il faut prendre conscience du fait que dans la France de 2007, il
nʼy a que 5 communes dont la population dépasse les 300.000 habitants.
Mexico : 20.000.OOO habitants
Istanbul : 12.000.000 habitants
En France, dans lʼordre : Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux, Nice.
Une petite ville ou même moyenne, nʼest pas en mesure à elle seule de prester des
services à la population locale.

Les populations rurales en quête dʼune meilleure vie, quittent les campagnes au profit des
grandes villes. Ne pouvant pas facilement de sʼétablir dans les centres-villes, ils
sʼétablissent dans les périphéries, les banlieues, qui souvent constituent des communes à
part.

Avec lʼaccroissement des agglomérations, on constate que les quelques interstices ruraux
qui existent entre la grande ville et les villes voisines commencent à se remplir
dʼhabitations et dʼhabitants. Rien ne les sépare sauf le droit.
Pour lʼobservateur extérieur il sʼagit dʼune vaste conurbation.
Le plan gaullien et celui de Pompidou de fusion ont connu lʼéchec.
Une nouvelle procédure de fusion est celle de la fusion association, qui est à opposer à la
fusion pure et simple.

Dans la fusion pure et simple, une petite commune est absorbée totalement par la grande
commune voisine.
La fusion association est beaucoup plus souple  : la commune associée perd sa
personnalité juridique, nʼa plus de droit en justice, nʼa plus de patrimoine propre, mais
conserve certains aspects de la commune : elle a un conseil municipal qui lui est propre,
en dépit du fait que ses conseillers municipaux sont aussi ceux de la commune centrale.
Obligatoirement le sectionnement sʼopère dans le cas des communes associées. Le nom
même de la commune continue dʼexister.
Cela facilite politiquement la fusion.

Sous certaines conditions, il est possible que la commune associée quitte la commune
centrale pour retrouver son indépendance, mais cela reste très rare.
Mais elle reste toutefois difficile à mettre en œuvre.

Globalement toute forme de fusion reste donc un véritable échec.


La dernière solution face à lʼémiettement est dʼinciter les communes à coopérer entre
elles : cʼest lʼintercommunalité.
Cette intercommunalité commence à apparaître sous la IIIème République, mais très
timidement.
Le fait pour deux communes de coopérer entre elles en dehors du cas strict de la loi de
1890 peut valoir des poursuites pénales. Elle ne sera dépénalisée que le 2 mars 1982.

85/94
Institutions Administratives
A RATTRAPER

TITRE 3 : Les collectivités


territoriales Sui Generis
Sui generis = à statut particulier.
Il y en a plusieurs, notamment dans lʼOutre Mer. Mais on en trouve également sur le
territoire de la métropole.

Chapitre 1 : Paris


Section 1 : Lʼorganisation centrale
Ce sont les lois constitutionnelles de 1875 qui désignaient Versailles comme étant la
capitale.
Une révision de 1879 a biffé cette disposition.
Paris était le siège des rois de France, et il y a eu un royaume de France, avec des rois
qui avaient une politique très volontariste et ont construit un ensemble plus ou moins
homogène, un pays peuplé de peuples diversifiés.

Paris était aussi la ville dʼoù partaient les rébellions et les révolutions.
Paris est acclamée comme la capitale de la nouvelle France qui naît en 1789.
Le Tiers-état en 1789 auto-proclamé assemblée nationale, a donné au pays tout entier les
couleurs de la ville de Paris  : le bleu pour la Seine, et le rouge qui était la tenue
traditionnelle des nautes, les marins sur la Seine.

Le roi Louis XVI accepte cette assemblée, et celle-ci, pour le remercier, ajoute aux deux
couleurs choisies la couleur blanche de la royauté.
Dans une très grande mesure la ville de Paris incarne dans le subconscient collectif la
France elle-même.

Les autorités ont toujours eu peur du peuple parisien, en conséquence de quoi la ville de
Paris sera toujours sous la tutelle étroite du pouvoir central.
Dans la ville de Paris, tout comme à Marseille et Lyon, il faut faire une distinction entre une
organisation centrale et une organisation quelque peu décentralisée qui prend la forme de
lʼadministration par arrondissements.

I) Le Conseil de Paris

Il est le conseil élu librement par le biais duquel Paris est administré librement.
Or le dit Conseil de Paris a quelques particularités.
 Au point de vue historique, il nʼa pas toujours existé, et dans une très grande mesure
lʼhistoire du conseil de Paris se confond avec lʼhistoire administrative parisienne.
Paris nʼétait quʼune sous préfecture, un arrondissement au sens de la déconcentration.
Il était lʼune des trois sous préfectures dʼun vaste département, celui de la Seine. Or
Paris et ce département sont devenus des entités très peuplés suite à lʼexode rural. Le
général de Gaulles a jugé lorsquʼil a pris le pouvoir que Paris, le département de la

86/94
Institutions Administratives
Seine et plus généralement lʼIle de France étaient sous administrés.

Une réforme administrative en 1964 et en 1968 donne à lʼIle de France 8


départements.
Au cœur de lʼIle de France est créée une collectivité territoriale à statut particulier qui
sʼappelle ville de Paris.

Cette ville de Paris est entourée de département. Trois départements forment la petite
couronne, et quatre autres forment la grande couronne.
La ville de Paris elle même est délimitée par le boulevard périphérique.
Plus tard le législateur va supprimer le statut particulier de la ville de Paris et créer à la
place de lʼentité disparue un département de Paris et une commune de Paris.

Le statut actuel de Paris date dʼune loi du 31 décembre 1975 entrée en vigueur au 1er
janvier 1977.
Cette loi dote paris dʼun vrai maire pour la première fois.

Le Conseil de Paris doit alors administrer à la fois le département de Paris et la commune


de Paris.

Le conseil fait office des deux conseils étudiés : Conseil général et Conseil municipal.
Mais à quoi ressemble le plus un conseiller de Paris, général ou municipal ?
Un conseiller de Paris serait en réalité plus proche dʼun conseiller municipal. Le premier
indice vient du Conseil dʼétat. Dans un arrêt « Ville de Paris » de 1980, le Conseil dʼEtat se
doit de statuer sur le sort dʼun conseiller de Paris  : Jacques Chirac. Le dit Chirac venait
dʼêtre élu conseiller de Paris mais aussi conseiller général du département de la Corrèze.
Or la loi comporte une incompatibilité entre les deux fonctions. Mais le Conseil dʼEtat a
déclaré quʼil nʼy avait pas dʼincompatibilité.

On tire comme conclusion quʼun conseiller de Paris nʼest pas un conseiller général, Chirac
nʼest donc pas conseiller général deux fois, il peut donc cumuler les deux places.

Lʼautre indice vient directement du législateur. Les élections au Conseil de Paris au même
moment ou ont lieu les élections municipales.
Naturellement la durée du mandat des conseillers de Paris es
t de 6 ans, et de toute façon il nʼy a jamais à Paris dʼélections cantonales, car un conseiller
de Paris sert également à administrer le département de Paris.
Comme le Conseil de Paris administre deux collectivités territoriales, une commune et un
département, il vote également deux budgets, mais aussi un troisième budget : le budget
spécial du préfet de police à Paris.

Celui-ci est un organe de la déconcentration, nommé par décret en conseil des ministres
(donc par le Président de la République). Il sʼagit souvent dʼun haut fonctionnaire de la
police nationale.

II) Le maire de Paris

Contrairement à tous les autres maires, il ne possède pas réellement le pouvoir de police
administrative générale. On retrouve de nouveau le poids de lʼhistoire, car les rois mais
également les républicains avaient peur de la foule parisienne, et ont préféré administrer
en quelque sorte directement la ville de Paris.

87/94
Institutions Administratives
Partout ailleurs en France le maire exerce la police municipale, tranquillité, sécurité,
salubrité.

A Paris ce rôle est enlevé au maire, et confié à un organe déconcentré, le préfet de police
à Paris.
Cette situation perdure, et il est tout à fait caractéristique que lorsque le maire de Paris est
devenu premier ministre de la France, la situation nʼa pas changé (1986-1988 quand
Chirac cumulait les postes de premier ministre et de maire de Paris).

Le premier maire nʼa été élu quʼen 1977.


Mais pendant de brèves périodes l y en tout de même eu.
Tout dʼabord, sous la Révolution  : en 1789 il était quand même inimaginable que la ville
dʼoù est partie la Révolution ne puisse sʼauto administrer. Les habitants de Paris élisent
alors leur maire. 7 maires vont être successivement élus à Paris durant ces années
troublées, et aucun de ces 7 maires nʼest mort de mort naturelle.

On va aussi retrouver un maire dans la capitale en 1948 au début de la IVème


République, et puis plus rien.
La loi de 1975 donne lieu aux premières élections pour un maire de Paris qui ont lieu en
1977.

Chirac va continuer à se faire élire maire de Paris avec une très grande facilité.
Chirac va faire de la mairie de Paris un vrai bastion pour son parti politique de lʼépoque, le
RPR. Ce bastion va devenir aussi un tremplin pour accéder au poste de premier ministre
en 86 et au poste de Président de la République en 95.
Etre maire de Paris signifie être à la tête de la plus grande et la plus riche commune
française. Paris est le plus grand employeur.

Section 2 : Les arrondissements


On appelle les arrondissements étudiés dans le cadre de la déconcentration, sous-
préfectures.
Deux lois du 31 décembre 1982 dites lois «  PLM  » ont donné un statut dʼadministration
analogue à Marseille et Lyon.

I) Les élections

La circonscription électorale nʼest pas la commune toute entière, mais elle est le secteur
électoral qui coïncide à Paris et a Lyon avec les arrondissements, ce qui nʼest pas le cas à
Marseille.

Lʼélection se fait par secteurs électoraux, disons par arrondissements.


Les parisiens et les lyonnais nʼélisent que les conseillers de lʼarrondissement où ils
résident.
Or parmi les conseillers dʼarrondissement élus, les deux tiers ne sont que des conseillers
dʼarrondissement tandis que le tiers restant sont à la fois conseillers dʼarrondissements et
conseillers de Paris ou conseillers municipaux pour Lyon et Marseille.

Lʼensemble des conseillers de Paris élus dans chacun des 20 arrondissements parisiens
vont formé le conseil de Paris.

88/94
Institutions Administratives
Mais les arrondissements nʼont pas la même importance démographique.
Chaque arrondissement de Paris nʼa donc pas les mêmes effectifs en conseillers.
Conséquence : les conseillers de Paris venant du 19ème arrondissement très peuplé seront
beaucoup plus nombreux que ceux venant du 1er arrondissement.
Ce sont les conseillers de Paris qui vont élire le maire de Paris.

Chaque arrondissement a lui aussi son propre maire.


Lorsque les socialistes réfléchissent aux futures lois PLM en 1982, ils ne peuvent pas
oublier la mainmise de Chirac et du RPR. Ils conçoivent donc le système en légitimant le
plus possible les arrondissements au détriment du conseil de Paris.
Les partis de droite ont su alerter lʼopinion publique et les parisiens ont pu exprimer leur
contentement et leur fierté dʼavoir leur propre maire.

Les socialistes ont donc reculé et nʼont pas accordé aux arrondissements toute la capacité
qui normalement aurait du être la leur.
Il y a donc encore actuellement un grand paradoxe. Le vraie vie démocratique se déroule
aux seuils des arrondissements mais ceux-ci ont très peu de compétences.
Les conseils dʼarrondissement votent leur budget qui est annexé au budget global de la
commune.

Il est possible au conseil de Paris dʼaccorder des délégations de compétences aux


conseils dʼarrondissements, mais cela ne peut pas se faire facilement, car il y a ne
certaine fragilité institutionnelle. Centralement la ville, la mairie nʼa pas envie de se faire
délester de certaines compétences. De plus un facteur politique intervient : il est rare que
tous les arrondissements possèdent la même couleur politique que la mairie centrale.

Il reste que les lois PLM identifient certaines compétences propres aux arrondissements.
Elle sont très limitées  ; il sʼagit pour lʼessentiel de la gestion de petits équipements
socioculturels, c'est-à-dire ceux qui servent essentiellement aux habitants de
lʼarrondissement.

Les petits espaces verts seront gérés non pas par la mairie centrale mais par les mairies
dʼarrondissement.
De même pour les crèches, les gymnases ou les maisons des jeunes.
Parfois il ya des conflits de compétences, et cʼest au préfet de trancher.

Chapitre 2 : La Corse


Lorsque les troupes royales ont voulu établir lʼordre du roi de France, elles se sont
heurtées à une résistance farouche. Le plus grand résistant corse était un homme des
Lumières, le général Paoli, considéré actuellement par les corses comme celui qui
représente le mieux lʼîle.

Paoli a fait ensuite alliance avec les britanniques contre le France et sa Révolution.
Mais lʼastre de Paoli a été éclipsé relativement vite par un autre corse qui avait fini par
prendre le parti du roi de France : la famille des Bonaparte.
Certains avantages fiscaux restent toujours en vigueur.

Par ailleurs les corses ont été en général particulièrement actifs au sein de lʼempire
colonial français. La chute des empires coloniaux va petit à petit inciter un des écossais et

89/94
Institutions Administratives
les corses à sʼinterroger sur leur intégration dans leurs Etats respectifs.
Le terrorisme corse commence au milieu des années 1970. Il nʼa jamais pris les
proportions des conflits nord irlandais ou basques, néanmoins il cherche à établir une
nette distinction entre les corses natifs et les autres.

Lʼîle a fini par connaître un certain sous développement économique, du à sa petite


population, son insularité et son relief très montagneux.
Entre 1993 et 1995 sous le gouvernement Balladur, il nʼy avait pas moins de 7 ministres
corses (dont Pasqua).
La grande majorité des corses reste très rattachée à la France et à la République, mais il y
a également une minorité qui milite soit pour une autonomie substantielle, soit en faveur
dʼune éventuelle indépendance.

Ce courant reste très minoritaire (10-15%).


Les attentas terroristes ont eu quand même un effet politique majeur
Ils ont crée une vraie question corse. Les gouvernements français successifs ont fini par
reconnaître les spécificité corses, et ont cherché à donner à lʼîle de beauté des
instruments juridiques susceptibles de résorber u hypothétique déficit dʼamour pour la
France de la part des corses.

La Corse devient un terrain dʼexpérimentation de la décentralisation dès 1982.


La décentralisation nʼa pas été considérée comme étant suffisante, et en 1991 une
nouvelle loi établira un nouveau statut administratif. La Corse à lʼépoque cesse dʼêtre une
région au sens de la décentralisation pour devenir une collectivité territoriale à statut
particulier. Ce statut particulier demeure de nos jours en dépit de certaines modifications.

En Corse il y a un conseil élu au sens de lʼalinéa3 de lʼart.72.


Ce conseil sʼappelle Assemblée de Corse.
Lʼélection de ses membres de fait toujours à la proportionnelle, ce qui permet à un grand
nombre de partis de se faire représenter, y compris les indépendantistes.
Le vrai clivage passe entre ceux qui sont pour un rattachement indéfectible à la
République française et ceux qui veulent une plus grande autonomie et auraient envie de
négocier avec les autonomistes.

Lʼassemblée de Corse élit librement son président, et pourtant ce nʼest pas le président de
lʼAssemblée de Corse qui est lʼorgane exécutif de cette collectivité territoriale.

Lʼorgane exécutif est à part, il sʼappelle conseil exécutif corse, collégial composé de 7
membres élus par lʼAssemblée de Corse.
Ce conseil exécutif est politiquement responsable devant lʼAssemblée de Corse.
A chaque instant le gouvernement français doit prendre en compte le sentiment corse
majoritaire.

Si pour une raison X le conseil municipal normal veut retirer sa confiance au maire, il ne
pourra jamais lʼobliger à démissionner. Le maire nʼest pas tenu de tenir compte des
aspirations politiques au sein de son conseil municipal. Il en est de même entre le
président du conseil régional et son conseil.
Par contre en Corse, on a importé le système de responsabilité politique tel quʼon le
connaît au niveau national. LʼAssemblée de Corse peut obliger à démissionner le conseil
exécutif.

90/94
Institutions Administratives
Par ailleurs existent en Corse des structures participatives qui jouent surtout un grand rôle
en matière de diffusion de la langue et de la culture locale.

Chapitre 3 : Lʼoutremer

Section 1 : Les quatre « vieilles »


I) Les département dʼoutre mer

Depuis longtemps lʼ(Outremer nʼobéit pas à la même organisation administrative que la


France métropolitaine.
Certaines possessions ultra-marines françaises ont un statut similaires aux département
France métropolitaine : les DOM : Réunion, Martinique, Guadeloupe et Guyane.

La départementalisation de ces 4 plus vieilles colonies françaises permet de faire


progresser ces territoires, mais lʼassimilation tant rêvée avec la métropole nʼa toujours pas
eu lieu. Cela dit mieux vaut vivre en Martinique française que dans les îles des Caraïbes,
le niveau de vie nʼest pas du tout comparable.
Les quelques îles françaises sont comme des paradis. Mais cette relative prospérité
dépend étroitement de subventions nationales et communautaires.

En effet les 4 DOM font partie du territoire de lʼUnion et des communautés européennes :
les directives, règlements et autres actes de Bruxelles sʼy appliquent, tout comme les
traités internationaux liant la F.
Néanmoins certains particularismes ont mal résisté à la pression des communautés
européennes.

Au lieu de démanteler les quelque structures non conformes au traité CE, la France a
invité ses partenaires européens à réviser le traité instituant les communautés
européennes, notamment par le traité dʼAmsterdam.

La révision constitutionnelle française de 2003 a également accentué la possibilité de


prendre en considération les spécificité dans trois des quatre DOM, car de manière
expresse le DOM de la réunion est exclu.

II) Les régions dʼoutre mer


Pour la première fois elles ont été conçues par une constituante de 2003.

Section 2 : Les collectivités dʼoutremer


I) La Polynésie française

Elle est composée essentiellement de 4 grands archipels parfois très éloignés les uns des
autres.
Il y a un conseil élu qui sʼappelle assemblée territoriale.

Elle a son propre président mais cʼest le gouvernement polynésien qui constitue le vrai
organe exécutif de cette collectivité dʼoutremer.

91/94
Institutions Administratives
Tout comme en corse, le gouvernement local est politiquement responsable devant
lʼassemblée locale. La Polynésie acquiert au fur et à mesure des compétences dont els
autres collectivités territoriales françaises ne pourraient même pas rêver. Parfois il sʼagit
de compétences quasi régaliennes comme par exemple la participation de la Polynésie
dans la gestion de ses propres relations étrangères.
La France y est représentée par un haut commissaire.

II) Wallis et Futuna

Ce sont deux petits archipels assez éloignés lʼun de lʼautre.


Le système est très original. Il est prévu dans une loi de 1960.
Il nʼy a ni communes, ni séparation d lʼEglise et de lʼEtat. Les trois districts de cette
collectivité dʼoutremer sont présidés chacun par un roi, rois qui ont le statut de
fonctionnaires français.

III) Mayotte et saint Pierre et Miquelon

Lʼîle de Mayotte se trouve dans lʼocéan indien, et jusquʼà quelques décennies elle faisait
partie du TOM des Comores. Or les Comores ont opté pour lʼindépendance, cependant les
habitants de Mayotte ont préféré restés rattachés à la France.
Les gouvernements français nʼont pas voulu franchir le pas de la départementalisation,
sauf quʼune loi de 2001 accorde à lʼîle de Mayotte le statut de collectivité départementale.

La loi de 2001 a reconnu au profit de Mayotte le principe de lʼidentité législative, c'est-à-


dire les lois votées par le Parlement français sauf exceptions, sʼappliquent également à
Mayotte, comme dans les 4 DOM.

Cette spécialité législative est ce qui peut être caractérise le mieux les collectivités
dʼoutremer style Polynésie française ou Wallis et Futuna.

Au point de vue international, les traités internationaux qui lient la France ne sont pas ipso
facto étendus aux collectivités dʼoutremer. La Polynésie française ne fait pas partie du
territoire de lʼUE, elle nʼy est quʼassociée, en conséquence de quoi lʼ€ nʼest pas la
monnaie polynésienne, mais cʼest le franc pacifique.

St Pierre et Miquelon est un tout petit archipel (environ 7000 habitants).


Autrefois TOM, il a été départementalisé en 1976.
Mais en 1985 il est redevenu un TOM. Actuellement il est considéré comme une COM.

Sʼapplique à lʼarchipel le principe de la spécialité législative, mais les traités internationaux


liant la France ne sʼappliquent pas là bas.
Beaucoup plus récemment en février 2007, il y a eu deux nouvelles COM détachées du
DOM de la Guadeloupe : St Barthélemy et St Martin.
Ces deux nouvelles Com ne connaissent pas la spécialité législative, mais la monnaie y
est bel et bien lʼ€.

Autrefois étaient considérés comme DOM les TAAF.

IV) Les TAAF : terres australes et antarctiques françaises

Elles sont composées de 4 districts dont le plus grand est la terre Adélie. Un autre est les

92/94
Institutions Administratives
iles Kerguelen.
La révision constitutionnel de 2003 ne considère pas que les TAAF sont une collectivité
dʼoutremer.
Ils un statut tt a fait à part, caractérisé par lʼabsence totale dʼun conseil élu.
Le siège de lʼadministrateur des TAAF se trouve à St pierre.

Section 3 : La nouvelle Calédonie


Elle est considérée traditionnellement comme constituant un TOM. *Mais après lʼéchec
dʼun référendum pour lʼautodétermination en 1985, des troubles entre les
indépendantistes et les anti-indépendantistes ont créé un climat politique et social assez
exécrable.

Pour faire face à des problèmes élémentaires dʼordre public, le gouvernement de lʼépoque
présidé par Michel Rocard au début des années 90, a donné aux néo calédoniens de
nouvelles perspectives dʼautonomie par le biais dʼun référendum sur lʼautodétermination.

Lʼopinion référendaire était toujours favorable au maintien au sein de la France.


Durant les années 1998-1999 la nouvelle Calédonie acquiert un nouveau statut.
En 1998 ont été adoptés les accords de Nouméa , dont le préambule reconnaît les méfaits
dʼun colonialisme sauvage en Nouvelle Calédonie.
Les accords de Nouméa par référendum ont été intégrés dans la Constitution française.

La nouvelle Calédonie avait-elle quand même le statut dʼune collectivité territoriale


française ?

Le conseil dʼétat vient de répondre que sur la base de l Constitution et des accords
de Nouméa, la nouvelle Calédonie nʼest plus à qualifier de collectivité française.

Il y a une sorte de co-souveraineté par la France et par la Nouvelle Calédonie, une entité
en train, de gagner progressivement son indépendance.
En effet les compétences néo-calédoniennes dépassent de très loin les compétences
admissibles pour une entité infra étatiques. Ces compétences touchent certains domaines
régaliens comme la Justice, la fonction publique, les relations étrangères ou encore la
monnaie.

Ce nʼest que dans le domaine de la Défense que la France assure pleinement ses
responsabilités et sa compétence.
On a pas enterré lʼidée dʼun nouveau référendum qui aura lieu dʼici 10 ou 12 ans.
Pourront voter à ce référendum uniquement des personnes ayant certes la nationalité
française, mais établie de manière permanente en Nouvelle Calédonie depuis 1888, ou
bien les enfants de ces personnes.

Au point de vue interne, la Nouvelle Calédonie accuse dʼindéniables spécificité.


Lʼentité qui possède lʼessentiel des compétences de droit commun est la Province. Il y a
trois provinces néo-calédoniennes  : la province Nord, la province Sud et celle des îles
trucmuche.

Chacune de ces provinces possède sa propre assemblée. Comme la population est très
inégalement répartie au profit de la province Sud (avec Nouméa) les trois assemblées

93/94
Institutions Administratives
nʼont pas les mêmes effectifs.
Ensembles, ces trois assemblées provinciales forment le Congrès de Nouvelle Calédonie,
qui élit le Gouvernement calédonien.

La Nouvelle Calédonie elle même possède uniquement des compétences dans des
domaines qui intéressent tous les habitants, tous de Nouvelle Calédonie indépendamment
de la province de résidence, comme par exemple les transports.

94/94

Vous aimerez peut-être aussi