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net/publication/305661360
Tassement des fondations superficielles dans les sols fins à partir des essais
de pénétration statique (CPT) et dynamique (DPT)
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All content following this page was uploaded by Ali BOUAFIA on 27 July 2016.
** University Yahia Farès, Faculty of Technology, Dept of Materials Eng., Médéa, Algeria.
mirmouna@gmail.com
Résumé : Les essais de pénétration statique et dynamique offrent d’importantes perspectives de reconnaissance
géotechnique. Outre l’apport de reconnaissance qualitative du sol (lithologie, homogénéité, variabilité spatiale…), ces
deux essais permettent une quantification aisée des caractéristiques mécaniques du sol (résistance à la pénétration,
rigidité) et s’apprêtent à fournir des outils de dimensionnement modernes des fondations faisant d’ailleurs l’objet des
prescriptions réglementaires (Eurocode-7, AASHTO, CFEM…).
La communication a pour objectif de contribuer à l’évaluation du tassement de consolidation primaire dans les sols fins.
Le travail est basé sur une analyse fine des corrélations développées entre la résistance à la pénétration en pointe
(statique ou dynamique) et les paramètres de compressibilité mesurés par l’essai œdométrique, à travers une base de
données géotechniques locales relative à une dizaine de sites du nord Algérien.
Une telle analyse a permis de proposer une méthodologie de calcul du tassement par intégration des tranches le long de
la zone utile de tassement sous une fondation. L’étude comparative entre l’approche proposée et la méthode
conventionnelle basée sur l’essai œdométrique a permis de la caler en vue d’aboutir à une bonne qualité de prévision
des tassements. Toutefois, la généralisation de l’approche nécessite un approfondissement en élargissant la taille de la
base de données.
Mots-clés: Base de données, Corrélation, Essai DPT, Essai CPT, Essai œdométrique, Fondations superficielles, Tasse-
ment.
1. INTRODUCTION
Jusqu’aux années soixante, le calcul du tassement des fondations superficielles dans les sols fins saturés s’effectuait
souvent à la base de la théorie de consolidation primaire unidimensionnelle de Terzaghi et des paramètres de
compressibilité obtenus à partir de l’essai œdométrique au laboratoire sur des échantillons supposés intacts. Or,
l’émergence des essais in-situ en tant qu’outil de reconnaissance géotechnique pratique, rapide, de manipulation simple
et dispensant de l’opération d’extraction des échantillons à partir des sondages carottés, souvent délicate, longue et
nécessitant un équipement lourd, a généré une révolution au niveau du développement des méthodes de
dimensionnement des fondations superficielles. S’inscrivant dans une logique pragmatique évitant les complications
théoriques issues de la modélisation du comportement complexe du sol, les méthodes modernes de calcul du tassement
sont plutôt du type semi-empirique et basées sur des corrélations entre la résistance à la pénétration en pointe (statique
ou dynamique) et les paramètres de compressibilité mesurés par l’essai œdométrique, aboutissant ainsi à une
formulation simple et pratique de calcul du tassement œdométrique à la base des essais de pénétration statique (CPT :
Cone Penetration Testing) ou dynamique (DPT : Dynamic Penetration Testing).
Le tassement sc de consolidation primaire unidimensionnel d’une tranche de sol, épaisse de H0 et soumise en son
milieu à une contrainte effective σv’, est généralement calculé à partir du module œdométrique M évalué à partir de la
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courbe de chargement oedométrique, obtenue de l’essai œdométrique comme suit (voir figure 1) :
v '
sc z H 0 H0 (1)
M
Vu le comportement non linéaire du sol, le module M augmente avec l’incrément de contrainte appliquée au milieu
de la tranche, soit :
Le module oedométrique intial M0 correspond à la rigidité verticale initiale du sol, soit à un incrément de contrainte
nul (Δσv’=0).
L’Eurocode 7 recommande une méthode pratique d’estimation du module oedométrique M par corrélation avec
l’essai CPT ou DPT, issue des normes allemandes DIN 4094-1 et DIN 4094-2, à la base de l’équation suivante [1] :
v '
n
v 0 ' 2 (3)
M mPa
Pa
Pa est la pression atmosphérique, égale à 100 kPa, et m est un coefficient quantifiant la raideur du sol, en fonction de
la résistance pénétrométrique qc de l’essai CPT ou du nombre de coups Nd de l’essai DPT, donné par les tableaux 1 et 2.
L’exposant n prend la valeur de 0.5 pour les sables mal gradués (CU ≤ 3), et 0.6 pour les argiles peu plastiques
(Ip ≤10 et ωl ≤ 35%).
Une corrélation directe du module oedométrique avec la résistance pénétrométrique statique a été aussi recomman-
dée par l’Eurocode 7, à la base de l’équation suivante [1], [2] :
M = αqc (4)
Domaine de validité
m Résistance qc Type de sol
(MPa)
167Log(qc)+113 5 ≤ qc ≤ 30 Sable mal gradué (CU ≤ 3) au dessus de la nappe
463Log(qc)-13 5 ≤ qc ≤ 30 Sable bien gradué (CU >6) au dessus de la nappe
15.2qc + 50 0.6 ≤ qc ≤ 3.5 Argile peu plastique ferme (0.75≤ Ic≤ 1.3) au dessus de la nappe
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Le coefficient α est donné pour différents types de sols, mais il n’est pas précisé s’il s’agit d’un module oedomé-
trique initial ou non. Les marges données pour le coefficient α sont par contre assez larges, ce qui limite le calcul à une
estimation assez grossière du tassement oedométrique. Une telle approche n’est valable qu’en phase préliminaire d’une
étude géotechnique ou lorsque le tassement n’est pas un critère essentiel dans la conception des fondations de l’ouvrage.
Robertson et Cabal (2010) proposent la corrélation suivante entre le module oedométrique sécant et la résistance à
la pénétration statique qt :
M M qt v 0 (5)
Des rapports d’études géotechniques courantes ont été collectés et filtrés en vue de créer une base de données
contenant les paramètres requis, à savoir les résultats détaillés de l’essai de compressibilité oedométrique et ceux de
l’essai CPT ou DPT. La majorité étant située dans le nord de l’Algérie et plus précisément dans les wilayas suivantes :
Alger, Blida, Boumerdès et Tipasa. Pour les corrélations avec l’essai DPT, le nombre de sites étudiés est de 36, le
nombre de sondages carottés est de 38 et le nombre d’échantillons étudiés est de 23, tandis qu’avec l’essai CPT, le
nombre de sites est de 10, le nombre de sondages carottés est de 20, et le nombre d’échantillons étudiés est de 52. Tous
les échantillons étudiés sont des argiles peu à très plastiques (classes LCPC : Ap, At) et pratiquement saturés, le degré de
saturation dépassant 82%.
La première étape d’analyse est de construire la courbe de chargement œdométrique Δσv’=f(εz) à partir de la courbe
de compressibilité œdométrique e=f(Log(σv’), e étant l’indice des vides mesuré. La déformation verticale εz est calculée
du tassement mesuré sc comme suit :
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sc e
z (6)
H 0 1 e0
L’analyse de la courbe de chargement œdométrique expérimentale montre que, dans presque tous les cas étudiés,
elle a une allure quasiment hyperbolique définie par la formule suivante :
εZ
Δσ 'V (7)
a b.ε Z
L’ajustement au sens des moindres carrés de cette courbe par la fonction hyperbolique permet d’obtenir le module
œdométrique M0 qui représente la pente de la tangente initiale à la courbe :
1
M0 (8)
a
Le calcul du module œdométrique sécant est défini par la pente de la droite reliant l’origine au point actuel
déterminé pour chaque incrément de charge. Ce module est calculé par la formule suivante :
Δσ'V
M (9)
εz
Pour chaque essai œdométrique, la courbe liant le rapport M/M0 à la variation relative des contraintes Δσv’/σv0’est
tracée. Il a été constaté que dans la quasi-totalité des cas, cette courbe peut s’ajuster, avec une excellente qualité
d’ajustement par moindre carrés, à une droite de la forme :
M Δσ'V
cd (10)
M0 σ V0
En absence de la surcharge (Δσv’=0), on doit avoir l’égalité entre le module œdométrique sécant M et le module
œdométrique initial M0, ce qui exige que c=1. L’ajustement linéaire effectué sur l’ensemble de données a permis
d’obtenir les paramètres suivants : c= 1, d=0.018 et R= 98% (coefficient de régression linéaire) en cas où σv’< σc’, σc’
étant la contrainte de préconsolidation de l’échantillon à la profondeur étudiée. En cas où σ v’> σc’, on obtient c=1, d=
0.035 et R= 94% [4].
En combinant les équations (1) et (10), on aboutit à une formulation du tassement s c, comme suit :
v ' v '
sc z H 0 H0 H0 (11)
M v '
M 0 1 d
v 0 '
Le module M0 et la contrainte de préconsolidation σc’ sont à relier par corrélation à la résistance de pénétration sta-
tique qc ou dynamique qd respectivement comme suit :
M0=KECPTqc (12)
M0=KEDPTqd (13)
σc’=λCPTqc (14)
σc’=λDPTqd (15)
L’étude statistique des histogrammes du nombre modulaire KECPT et du coefficient de contrainte λCPT a permis
d’obtenir les valeurs caractéristiques suivantes : KECPT=2.2 et λCPT=0.06. La figure 2 illustre les histogrammes de KECPT
et λCPT et montre un excellent coefficient d’ajustement des histogrammes avec la loi normale de Gauss [5].
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Selon la même démarche, on obtient à partir de l’ajustement des histogrammes : KEDPT=0.60 et λDPT=0.08. Notons
que ces corrélations correspondent à un appareil DPT du type BORRO-B2, couramment utilisé en Algérie, et qui est
l’équivalent, en termes de caractéristiques mécaniques et géométriques, à l’appareil standardisé DPSH-A (DPT Super-
Lourd catégorie A), et que qd est obtenue à partir de la formule du battage dite des Hollandais [4].
Les pénétrogrammes qc et qd(z) ont été filtrés en éliminant les pics de résistance, ce qui aboutit à des profils péné-
trométriques plus doux correspondant à l’enveloppe des résistances minimales. Enfin, la corrélation avec l’essai DPT a
été limitée aux échantillons au dessus de la nappe phréatique, en vue d’éviter les valeurs non fiables de la résistance
dynamique qd dans les sols fins sous la nappe d’eau.
Le processus de définition de la méthode de calcul se base sur une multitude d’approximations (interprétation de la
courbe de chargement oedométrique, ajustement, et analyse statistique), ce qui nécessite un calage des formules
obtenues (équation 11) par rapport à la méthode conventionnelle basée sur l’essai oedométrique. Cette opération a été
effectuée en lançant le calcul du tassement par les deux méthodes de trois fondations fichées à 1.5 m par rapport au
terrain naturel et ayant les élancements L/B=1, 2 et 10. Les cas d’étude sont ceux ayant servi à l’élaboration de la
méthode pénétrométrique, soit de 10 sites.
Il a été constaté que le rapport scoed/scCPT diminue de 1.48 pour L/B=1 à 1.24 pour L/B=10 quelle que soit la pression
verticale appliquée sur la fondation. Le coefficient de calage du tassement diminue ainsi légèrement avec l’élancement
L/B, mais peut prendre une valeur moyenne de 1.35 avec un coefficient de variation de 9%, ce qui indique une assez
faible dispersion.
On peut enfin reformuler l’équation de calcul du tassement sc de consolidation unidimensionnelle d’une tranche du
sol, épaisse de H0 et soumise à une contrainte effective finale σv’ à partir de l’essai CPT, en tenant compte de ce calage :
H0
s C 0.6 F( v ' ) (16)
qc
v0 '
qc/σv0’ est la résistance pénétrométrique statique normalisée, et F(σv’) est adoptée fonction de répartition de contraintes
verticales, donnée par :
v '
v0 ' (17)
F ( v ' )
v '
1 d
v0 '
La figure 3 illustre la variation de la fonction F et sert en pratique comme un abaque pour l’évaluation graphique de
F en fonction de la variation relative des contraintes Δσv’/σv0’.
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H0
sC 3 F( v ' ) (18)
qd
v0 '
Le terme qd/σv0’ est la résistance pénétrométrique dynamique normalisée, et la fonction F peut être aisément déterminée
de l’abaque de la figure 3 en fonction de Δσv’/σv0’. Rappelons qu’une telle formulation est valable pour les tranches du
sol au dessus de la nappe phréatique.
Les équations (16) et (18) permettent ainsi un calcul pratique du tassement de consolidation unidimensionnelle d’une
tranche quelconque d’un sol fin. La qualité prédictive de ces deux méthodes est à tester par comparaison directe avec
les prévisions de la méthode basée sur l’essai oedométrique, à travers un nombre représentatif de cas, afin de se pronon-
cer sur leur applicabilité.
6. CONCLUSION
Dans le cadre d’un travail de recherche entamée à l’Université de Blida sur le comportement des fondations superfi-
cielles, l’analyse des données géotechniques comportant d’une part les résultats d’essai de compressibilité oedométrique
et d’autre part ceux de l’essai CPT ou DPT, a abouti au développement de deux méthodes de calcul du tassement de
consolidation primaire unidimensionnelle des sols fins à la base de l’essai CPT ou DPT.
Les résultats trouvés sont très encourageants car ils démontrent qu’en dépit des différentes approximations faites le
long du processus de définition de ces deux méthodes, il est possible de mener un calcul du tassement de consolidation
1D dans les sols argileux saturés sous des fondations superficielles, à partir des essais de pénétration statique et
dynamique, à la base de la méthode d’intégration des tranches du sol.
Il sera prononcé sur la qualité prédictive de ces deux méthodes après les avoir testé par comparaison directe avec les
prévisions de la méthode basée sur l’essai oedométrique, à travers un nombre représentatif de cas.
REFERENCES
[1] C.E.N "Eurocode 7: Geotechnical design -Part2:Ground investigation and testing", EN 1997-2:2007, March 2007, European
Committee for Standardization: Brussels, 158 pages. Version française Eurocode 7 : Calcul géotechnique – Partie 2 :
Reconnaissance des terrains et essais géotechniques, NF EN 1997-2, AFNOR septembre 2007.
[2] G Sanglerat, "The Penetrometer and soil exploration", 2 nd enlarged edition (1979), Elsevier Scientific Publishing Company, 1972
[3] P.K Robertson, K.L Cabal,"Guide to cone penetration testing for geotechnical engineering", 5th edition, 2012, 145 pages.
[4] K, Rahmani, ” Modélisation numérique de l’apport de l’essai DPT à l’étude du comportement des fondations superficielles”,
Thèse de Magistère en Génie Civil, Université de Saad Dahleb, Blida, Algérie, 2012.
[5] N. AOUALI, “Apport de l’essai de pénétration statique et des essais géophysiques de forage au calcul du tassement des fonda-
tions superficielles”, Thèse de Magistère en Génie Civil, Université de Saad Dahleb. Blida, Algérie, Juin 2013.
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