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Master M2 Dynamique des Fluides et Energétique — D5DFE03 Université Paris-Sud 11

Examen de Techniques Expérimentales Avancées


4 novembre 2011

Durée : 3 heures - sans document.

Chaque exercice sera noté avec un même coefficient. Remettre une copie séparée pour chaque exercice,
en pensant à reporter le numéro d’identification sur chaque copie.

1 Étude par diffusion acoustique d’un écoulement de Couette


La Figure 1 représente le schéma de principe d’un dispositif expérimental, avec lequel on veut mesurer le
champ de vitesses dans l’entrefer d’un dispositif de Couette cylindrique, par une technique de vélocimétrie
à ultrasons.

Figure 1: (a-b) cellule de Couette cylindrique et champ de vitesse dans l’entrefer ; (c-d) schéma du dispositif de mesures
acoustiques.

Un transducteur “émetteur-récepteur” émet tous les Tr = 1 ms, à t = 0 + kTr , un train d’ondes, de


durée τ = 100 ns, de sinusoı̈des à f = 40 MHz (4 sinusoı̈des). On note ∆tk , le temps mesuré à partir
de l’instant d’émission du “ k ème ” train d’onde (∆tk désigne donc le temps lu sur la base de temps de
l’oscilloscope, lorsque celui-ci est déclenché par le signal d’émission, comme sur la Figure2). Lorsque l’on
ensemence le fluide cisaillé dans l’entrefer, avec des particules de polystyrène, de diamètre a = 10 µm,
un signal (fluctuant) apparaı̂t entre ∆t = tmin = 13.5 µs et ∆t = tmax = 15.5 µs, comptés sur la base
de temps de l’oscilloscope. Dans tout l’exercice, on négligera les effets de courbure des parois internes
de la cellule de Couette, et on considérera que le faisceau acoustique rencontre 3 interfaces “parallèles”:

1
entre l’eau (densité ρe , vitesse d’onde de compression ce ), la paroi (ρp , vitesse d’onde de compression cp )
et le fluide de l’entrefer (ρ0 , c0 ).
1. Pourquoi la cellule de couette et le transducteur sont-ils immergés dans de l’eau (cf Fig. 1c)? Quel
est, selon vous, le but de la recirculation d’eau mentionnée sur la Fig. 1c ?
2. Quelle relation relie θe et θ0 ? Calculer θ0 .

Figure 2: (a) Exemple de signal, mesuré sur l’oscilloscope, déclenché par le ke signal émis. (b) Zoom du ke signal (·) et
du k + 1e signal (◦ ) mesurés.

3. À quoi correspondent ∆t = tmin = 13.5 µs et ∆t = tmax = 15.5 µs? Donnez l’expression de


(tmax − tmin ). En déduire l’épaisseur e de l’entrefer du Couette.
4. Quel est le nom donné au type de signal, représenté Fig. 2a, mesuré en présence des sphères de
polystyrène? Que représente-t-il ?
5. On admet que le décalage des k e et (k + 1)e signaux, zoomés entre ∆t = 13.94 µs et ∆t = 14.04 µs,
(Fig. 2b), peut être estimé à ∆t = 2, 6 ± 0.1 ns. En déduire la valeur de la vitesse du fluide
V = dy/dt pour une position dans l’entrefer y (y comptée le long du faisceau, à partir de la paroi
interne du cylindre extérieur). On estimera à la fois les valeurs de V et y et leurs précisions relatives
respectives. En déduire la valeur de la vitesse orthoradiale Vθ correspondante.

Figure 3: k (k = 1 − 20) signaux reçus, codés en niveaux de gris, et placés les uns au-dessous des autres.

6. La Figure 3 représente les k (k = 1 à 20) signaux recus, codés en niveaux de gris, et placés les uns au-
dessous des autres. Comment transformer les variables de chaque axe pour obtenir un “diagramme
spatio-temporel” en (t, y)? Donnez l’allure (qualitative) du champ de vitesse dans l’entrefer, en
vous appuyant sur les observations faites sur la Figure 3 (justifiez votre réponse).
7. Aucune onde de cisaillement n’a été considérée ici. En existe-t-il ? Si oui, où se propage/propagent-
elle(s) ? Où est /sont-elle(s) générée(s)? Que devient/deviennent-elle(s)? Pourquoi peut-on la/les
ignorer ?
Données numériques :
ρe = ρ0 = 103 kg/m3 ρp = 1500 kg/m3 .
ce = c0 = 1500 m/s cp = 2000 m/s
θe = 48◦

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2 Etude par PIV 2C3D du sillage d’un cylindre

Figure 4: Ecoulement en aval d’un cylindre, et champ de vision souhaité pour les mesures de PIV.

On s’intéresse au sillage instationnaire en aval d’un cylindre pour un nombre de Reynolds Re =


U d/ν ' 1000, où U est la vitesse amont, d le diamètre du cylindre et ν la viscosité cinématique du fluide
(cf. figure 4). Pour cette valeur de Re, on sait que le sillage présente un détachement tourbillonnaire
périodique de fréquence f (allée de Bénard von Karman), caractérisé par un nombre de Strouhal St =
f d/U ' 0.21. On sait également que les tourbillons ne sont pas strictement invariants selon z (le long
du cylindre), mais présentent des instabilités secondaires 3D.
Afin de caractériser expérimentalement ces instabilités secondaires, on souhaite mettre en place un
système de PIV 2C3D (2 composantes à 3 dimensions) destiné à mesurer le champ de vitesse dans des
plans (x, y) à différentes hauteurs z. Ce système est basé sur la translation rapide, selon la direction z,
d’une nappe laser dans le plan (x, y), permettant de ”scanner” (balayer) le volume de l’écoulement. La
position et la dimension de la zone imagée, pour une hauteur z donnée, est représentée en pointillé sur
la figure 4. On souhaite que le volume balayé soit cubique, de taille 3d selon chaque direction x, y et z.
On dispose d’une caméra rapide, de résolution 1024 × 1024 pixels et de fréquence d’acquisition 2 kHz, et
d’un laser pulsé à 2 kHz.

1. Pour un cylindre de diamètre d = 3 cm et un écoulement dans l’eau (ν = 10−6 m2 s−1 ), calculer la


vitesse U de l’écoulement ainsi que la fréquence f de détachement tourbillonnaire.
2. Expliquer comment, à partir du faisceau laser, il est possible d’obtenir une nappe laser dans le plan
(x, y) en translation rapide selon z [10 lignes max et schéma(s) explicatif(s)].

3. Quelles précautions prendre concernant les réglages de l’objectif de la caméra afin que les images
soient nettes quelque soit la position z de la nappe laser ?
4. Afin d’obtenir des champs 3D instantanés de cet écoulement instationnaire, il est nécessaire que le
temps de balayage Tb du volume par la nappe laser soit très court devant la période T = 1/f de
détachement tourbillonnaire : on choisit Tb /T = 0.01. Combien d’images maximum pourront être
réalisées au cours d’un balayage ? Quelle sera la résolution spatiale selon z ?
5. Dans chaque plan (x, y), on effectue des calculs de PIV 2D2C. Pour cela, on calcule la corrélation
entre 2 images I(x, y) obtenues à une même hauteur z lors de 2 balayages successifs séparés d’un
temps ∆t. Des quantités suivantes,
1 2
ux , uz , ωy , ωz , k= (u + u2y + u2z ), ∂ux /∂z, ωz ∂uz /∂z, ∇2 ωz ,
2 x
lesquelles seront calculables ? (~
ω désigne la vorticité).

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6. Les calculs de PIV sont effectués avec des fenêtres d’interrogation de 16 pixels, avec un taux
de recouvrement des fenêtres de 50% (i.e., une fenêtre tous √les 8 pixels). Les couches limites au
voisinage du cylindre sont d’épaisseur caractéristique δ ' d/ Re. Sera-t-il possible d’obtenir des
mesures dans ces couches limites ?

7. Si l’on suppose que l’on a ∆t = Tb (les balayages se suivent sans interruption), quel sera le
déplacement moyen des particules (exprimé en pixels) entre 2 images successives à z donné ? Est-
ce qu’un calcul de PIV simple sur fenêtres de 16 pixels conviendra ? Proposez une (ou plusieurs)
méthode(s) de calcul de PIV permettant de mesurer de tels déplacements.
8. En utilisant le dispositif expérimental, il est possible de traiter les images de façon à réaliser des
mesures de PIV 3C3D (3 composantes à 3 dimensions). Décrire [10 lignes maximum] cette technique,
et discuter ses avantages et inconvénients par rapport à la méthode de PIV 2C3D précédente. Des
quantités listées en question 5, lesquelles seraient alors calculables ?

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3 Anémométrie laser par effet Doppler
On s’intéresse à l’écoulement de marche descendante schématisé sur la Figure 5. L’écoulement en amont
de la cavité, supposé uniforme, est caractérisé par une vitesse de l’ordre de 1 m/s. La dynamique de la
couche cisaillée, au décrochage de la marche, est instationnaire: elle est caractérisée par le lâcher régulier
de tourbillons de Kelvin-Helmholtz, ainsi que par la variation, au cours du temps, de son “point de
recollement” sur le fond de la marche. Le champ moyen de l’écoulement, obtenu en moyennant plusieurs
centaines de champs instantanés de vitesse, fait apparaı̂tre une bulle de recirculation, dans laquelle les
lignes de courant forment des boucles. Les vitesses, dans cette zone de recirculation, sont inférieures à
celle de l’écoulement externe d’un ordre de grandeur environ. La vitesse change de signe dans cette région
de l’écoulement.

Figure 5: Écoulement de marche descendante. En haut: écoulement instantané révélé par l’injection de traceurs colorés.
En bas: lignes de courant du champ moyen obtenu en moyennant plusieurs centaines de champs de vitesse instantanés.
L’axe horizontal est l’axe x du repère cartésien attaché au référentiel de laboratoire, suivant lequel est aligné l’écoulement
amont incident; l’axe vertical sera référencé z. Les unités sont arbitraires.

On cherche à déterminer les caractéristiques temporelles, en différents points, de cet écoulement, par
des mesures ponctuelles de vitesse. On utilise pour cela un système de vélocimétrie laser Doppler (LDV)
en rétro-diffusion, compact, pour mesurer la composante longitudinale vx = v · ex de la vitesse. Les
caractéristiques optiques du système LDV, données par le constructeur, sont les suivantes:

Longueur d’onde λ =660 nm


Distance interfrange Λ =3,345 µm
Focale f =300 mm

1. Rappeler, en quelques mots, en quoi consiste le montage à franges, sur lequel est basé le système
de LDV utilisé dans cette étude.
2. Faire un dessin représentant clairement le positionnement des faisceaux laser dans l’écoulement
pour réaliser la mesure de la compositante longitudinale vx . Dessiner le réseau de franges tel qu’on
le verrait en zoomant sur le volume de mesure, en y précisant les axes du repère.
3. Indiquez un avantage et une difficulté associés au choix de travailler en rétro-diffusion, c’est-à-dire
de détecter la lumière diffusée par les particules vers l’arrière (du côté de la source lumineuse).
4. Rappeler de quoi dépend le temps d’échantillonnage de la mesure. Dans quelle région de l’écoulement
s’attend-on à avoir un taux d’échantillonnage important?
5. Dans quelle partie de l’écoulement sera-t-il nécessaire d’intercaler une cellule de Bragg (modulateur
acousto-optique) sur l’un des deux faisceaux laser? Rappeler l’effet de la cellule de Bragg sur la
fréquence des photons issus de ce faisceau laser.
6. On détecte, à l’écran d’un oscilloscope, le signal de la Figure 6. À partir de la forme de ce signal,
et en justifiant votre réponse, que peut-on dire de la taille des particules relativement à la distance
interfrange du réseau d’interférence?

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Figure 6: Signal transmis par le photo-détecteur et visualisé à l’écran d’un oscilloscope. L’axe horizontal est l’axe des
temps, l’axe vertical la tension détectée à l’entrée de l’oscilloscope.

7. Toujours à partir du signal de la Figure 6, combien de franges compte-t-on dans le volume de


mesure? En déduire la longueur du volume de mesure dans la direction des interfranges.

8. Quel est alors le temps de passage moyen d’une particule dans l’écoulement amont incident? En
déduire l’unité de temps de l’oscilloscope (durée associée à un créneau horizontal), ainsi que l’ordre
de grandeur de la fréquence d’échantillonnage maximale attendue, c’est-à-dire du nombre de par-
ticules maximum détectées par seconde.

9. On utilise, pour l’ensemencement de l’écoulement, de la fumée de spectacle injectée en amont de


la marche. Le temps d’échantillonnage moyen, obtenu lors de la mesure dans l’écoulement incident
amont, est de l’ordre de 5 kHz, au plus. Quelle(s) hypothèse(s) émettriez-vous pour expliquer l’écart
entre les fréquences d’échantillonnage obtenue et théorique?
10. Quelle sera l’ordre de grandeur de la fréquence Doppler obtenue lors d’une mesure dans l’écoulement
amont? Dans la bulle de recirculation?

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