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Introduction
Conclusions
Bibliographie
Annexes :
Annexe 1 – Entretien
Notre travail de traducteur nous confronte souvent à des termes qui n'existent pas dans la
langue cible. Que faire ? Une première question que nous pouvons nous poser dans l'intérêt
de la pureté de la langue est la suivante : pouvons-nous exprimer la même chose avec une
trois scénarios possibles : faire un calque, un emprunt, ou l'invention d'un nouveau terme.
Que l'on opte pour le calque, l'emprunt ou l'invention du terme, il ne s'agit jamais d'un choix
aléatoire. Le choix doit répondre à des considérations justifiées sur le plan linguistique.
suivi.
Une deuxième partie comprendra les termes qui représentent des difficultés pour une
traduction fidèle. Enfin, grâce à une sorte de « permis de tuer la langue », j’expliquerais la
Pour des raisons de confidentialité, je ne peux pas incorporer le texte source ; cependant,
de la traduction. Lorsque nous avons été chargés de traduire un texte sur la « réingénierie »1
pour le faire connaître pour la première fois en Colombie, nous avions déjà réussi à éradiquer
certains anglicismes fréquemment utilisés dans le monde du sport. Les commentateurs des
expressions telles que « tiro de esquina » au lieu de « corner », « pena máxima » au lieu de
autres. Ce phénomène de récupération de la richesse linguistique s'est produit dans les années
1980.
« […] C'était dans les années 80, quand il y a eu une étincelle, une proposition de retour
à l'identité. Une identité qui les Colombiens n'ont jamais vraiment eu. Un changement
a été proposé, non seulement dans le jargon sportif, mais aussi dans d'autres espaces.
Par exemple, les gens parlaient du LP, du "long play", du disque, et ont commencé à
dire |eledé|, pour longue durée. Le fait curieux est que l'Académie a fini par accepter
|élépé| alors que le disque vinyle n'était plus utilisé. Eh bien, il semble faire un retour
en forcé…
Ce mouvement intéressant, mené par El Espectador et soutenu par certains médias et
quelques journalistes, comme José Fernández Gómez du Noticiero Nacional, [...]
À El Espectador, le chef de file de cette tendance était Roberto Cadavid Misas, un
chroniqueur [...] Le changement a commencé à être remarqué, y compris chez les
commentateurs sportifs, si importants dans la diffusion de l'usage de la langue, [...] en
Colombie, le terme "corner" a été changé par "tiro de esquina", qui traduit en fait coin ;
"fuera de lugar", "falta"... au lieu de "off-side", "fault". » 2
1
J'ose d’utiliser ce terme en m'appropriant « le permis de tuer... »
2
« […] Fue en la época de los 80, cuando se dio un chispazo, una propuesta de retorno a la identidad, [...] Se planteó un cambio, no solo en
el argot deportivo, sino en otros espacios. Por ejemplo, se venía hablando del LP, el “long play”, el disco, y empezó a decirse eledé, por
larga duración. El dato curioso es que la Academia terminó aceptando ‘elepé’ cuando el disco de vinilo ya no se usaba. Bueno, parece que
ahora vuelve […]
Este movimiento interesante, liderado por El Espectador y apoyado por algunos medios y unos cuantos periodistas, como José Fernández
Gómez, del Noticiero Nacional, […]
En El Espectador, quien lideraba esta tendencia era Roberto Cadavid Misas, un columnista […] y empezó a notarse el cambio, incluidos los
narradores deportivos, tan importantes en la divulgación del uso de la lengua, […] en Colombia se cambió “corner” por ‘tiro de esquina’,
que realmente traduce esquina; ‘fuera de lugar’, ‘falta’… en vez de “off-side”, “fault” » Entretien avec Puno Ardila Amaya, communicateur
social et doctorant en philologie hispanique, réalisé par Yaneth Camargo, le 28 novembre via une communication Whatsapp.
Comme Fernando Ávila documente dans son article intitulé Fútbol y penaltis3, aujourd'hui
tiro de esquina, árbitro, 16,50 metros, au lieu de corner, arbitre et 18 yards […] », tandis
Nous avons été amenés à traduire un texte qui présentait le processus de « réingénierie »1
Sur le portail des Nations Unies, UNTERM nous trouvons la définition de la « réingénierie »1
suivante :
Par définition, le terme fait référence à plusieurs processus (analyse, re-conception) dans
La création du terme est attribuée à Michael Hammer qui le définit comme un changement
redessiner radicalement les processus pour obtenir des résultats spectaculaires qui peuvent
3
« […] la terminología española de este deporte se impuso sobre la inglesa: tiro de esquina , árbitro , 16,50 metros, en vez córner, referee y
18 yardas » Fútbol y penaltis. Article de Fernando Avila, publié dans le journal El Tiempo, le 29 août de 1993.
2. Les inconvénients d'une traduction fidèle et précise
syntaxiques : il était utilisé comme verbe, comme adjectif, comme nom et comme adverbe.
a)
TP* : … activos esenciales luego de ser revisados y XXXX [ADVERBIO] por ingenieros…
VF** : ... les actifs essentiels après avoir été examinés et XXXX [ADVERBE] par les
ingénieurs...
g)
traduction :
Pour exprimer la même chose en espagnol, il fallait utiliser une périphrase. L'utilisation d'une
expression composée rend la traduction des déclinaisons des exemples tirés du portail ISO
très complexe, et le texte traduit aurait fini par être très lourd.
nous a semblé clairement qu'il s'agissait de l'analyse et de la refonte des processus et systèmes
d'entreprise en vue d'un changement radical ou d'une amélioration des performances. Nous
avons alors envisagé l'option d'emprunter ou de faire le calque le terme. En fait, d'après les
recherches effectuées sur ces deux portails, nous sentons un dilemme similaire dans la
Selon le Robert dico en ligne l’emprunte linguistique es le « […] 3. Processus par lequel
une langue accueille directement un élément d'une autre langue ; élément (mot, tour) ainsi
Tant que le calque linguistique est la « 3. Traduction littérale (d'une expression ou d'un mot
en emploi figuré) d'une langue dans une autre. « Lune de miel » est un calque de l'anglais.
« honeymoon ».
3. 007 Permis de tuer, la langue ?
Dans le monde artistique, il est bien connu que les auteurs, les compositeurs et les interprètes
ignorent, souvent consciemment, les règles grammaticales dans les paroles de leurs
chansons. Ils s'octroient une sorte de « licence » pour s'écarter de l'usage correct de la langue
Chez les traducteurs, il est courant de jouer sur les mots pour illustrer, de manière
« concubin(e)» . Nous parlons du « Hall of Shame », une allusion claire au « Hall of Fame »
pour désigner les principales erreurs de traduction. Je me souviens très bien que nous avions
plaisanté sur le « permis de tuer » la langue, une allusion évidente au célèbre film « Licence
to kill »5. Nous avons pris le risque de « transgresser » l'usage de la langue pour utiliser
uniquement des mots du dictionnaire de la Real Academia Española. Nous avons choisi
d'aller à contre-courant de ce qui prévalait dans le monde du sport et qui perdure en Colombie
le patrimoine culturel et l'identité de notre société. Dans le cas de l'incorporation d'un mot, il
En effet, cette « licence » auto-accordée n'est pas capricieuse, elle répond à des besoins
spécifiques et à des problèmes linguistiques tels que celui décrit dans cet article.
4
Alister. Résumé de l’Anthologie des bourdes et autres curiosités de la chanson française.
5
Licence to Kill (Permis de tuer), 1989 © Danjaq. S.A. and United Artists Company - © 1987 United Artists Company and Danjaq LLC.
Nous avons décidé d'incorporer le calque reingeniería afin de maintenir la fluidité du texte
cible, surtout après avoir vérifié, dans chaque cas, que les différentes déclinaisons ou
A l'époque, nous avons fait ce projet de traduction dans lequel nous avons gardé le terme
anglais surligné et en gras pour faire une discussion ultérieure. Nous étions limités par une
clause de confidentialité et, comme d'habitude, nous avions un délai serré et inflexible. Cela
a empêché une consultation ouverte avec des collègues et d'autres professionnels. Ce sujet a
été présenté comme innovant, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas de précédent dans le pays à cet
égard.
Sur la base des exemples cités du portail ISO, j'ose aujourd'hui me livrer à l'exercice de
vérification du calque et de ses marques lexicographiques. J’ai fait une tentative de traduction
reingeniería. [SUSTANTIVO]
VF** : ... En outre, cette analyse et cette représentation permettent d'identifier les
des niveaux d'interopérabilité plus élevés sont souhaités et qui nécessitent donc un
VF** : ... qui peuvent nécessiter ou justifier une « réingénierie »1. [NOM] g)
éléments d'un artefact VisioTM et une « réingénierie »1 BPMN... est évidente. [NOM]
[SUSTANTIVO].
[NOM].
por ingenieros…
VF** : ... les actifs essentiels après avoir été examinés et soumis à « réingénierie »1
[SUSTANTIVO].
VF** : ... de manière à ce que les valeurs réelles ne puissent pas être modifiées ou
Les mots étrangers font partie de l’espagnol. Le dictionnaire de la RAE, version 2001, compte
222 termes étrangers, la plupart de l’anglais (71%), suivi du français (18%) et de l’italien (6%)
selon Juan José Alzugaray7. Poursuivis par les uns comme “passagers clandestins”, comme le
conçoit Alzugaray7, ou accueillis par les autres, comme Villanueva avoue, il faut « […]
s’incliner devant la réalité. « La langue est la propriété de ceux qui l’utilisent »7. L’inclusion
de nouveaux termes obéit à des critères d’utilisation et de validité bien définis. Les
XXI Siècle (CORPES XXI) pour l’examen de chaque néologisme. Chaque terme est retracé :
Quand est-il entré en usage dans la langue cible ? d’où vient-il ? avec quelle signification ?
ainsi que son actualité ou sa modification. Ces néologismes sont soumis à une quarantaine
d’environ 5 ans7. L’exception à la quarantaine, souvent représentée par des termes qui
Les traducteurs, ainsi que les autres professionnels qui travaillent quotidiennement avec la
langue et les échanges linguistiques, ont un rôle non négligeable à jouer dans la préservation
6
«Las lenguas son construcciones culturales que cambian y se renuevan para responder al uso. La importancia y el valor de la
lengua está en su uso y su poder de comunicar. – Manual Álvar (afirma uno de los sociolingüistas más importantes de España)».
Annotation de Mónica Sanabria en Colombia uno de los países que mejor habla español en el mundo. Mis en ligne le Jun 28,
2019.
7
«Cuando el inglés usurpa la riqueza léxica del español» Villareal, Antonio, publié dans le blog ABC, le 26/04/2014.
de la langue et de ses expressions linguistiques. Face au dilemme du nouveau, de l'intraduisible
Il ne s'agit pas simplement de s'octroyer un permis pour tuer la langue, au contraire, il s’agit de
faire usage de la licence linguistique pour explorer de nouveaux champs philologiques. Lorsque
nous optons pour l'incorporation de nouveaux mots, nous devons veiller, en tant que gardien,
à ce qu'ils se conforment rigoureusement aux règles du bon usage de la langue, afin d'enrichir
Il reste à voir comment ce terme a été abordé dans la langue française et quelles considérations
ÁVILA, Fernando. 1993. Fútbol y penaltis. El Tiempo. [En ligne] mis en ligne le 29 août
1993, consulté le 5 décembre 2022. URL :
https://www.eltiempo.com/archivo/documento/MAM-208387
GRIJELMO, Alex. 2017. Palabras en el ‘pit lane’. AS Journal. [En ligne] mis à jour le 13
mai 2017, consulté le 25 novembre 2022. URL :
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SANABRIA, Mónica. 2019. Colombia uno de los países que mejor habla español en el
mundo. Vínculos colombianos en el exterior [En ligne] mis en ligne le 28 juin 2019,
consulté le 11 décembre 2022. URL : https://vinculos.co/colombia-uno-de-los-paises-que-
mejor-habla-espanol-en-el-mundo
Images
Traduction libre d’un entretien avec Puno Ardila Amaya, communicateur social, doctorant en
philologie hispanique, réalisé par Yaneth Camargo, le 28 novembre via une communication
Whatsapp.
YC : En Colombie, au cours de quelle décennie s'est produit le phénomène selon lequel les
commentateurs de football sont revenus à la richesse linguistique de l'espagnol pour éradiquer des
termes tels que corner, off-side, penalty, fault, etc. ? Quelle a été la raison de ce phénomène ?
PAA : « C'était dans les années 80, quand il y a eu une étincelle, une proposition de retour à
l'identité. Une identité qui les Colombiens n'ont jamais vraiment eu. Un changement a été proposé,
non seulement dans le jargon sportif, mais aussi dans d'autres espaces. Par exemple, les gens
parlaient du LP, du "long play", du disque, et ont commencé à dire eledé, pour longue durée. Le
fait curieux est que l'Académie a fini par accepter "élépé" alors que le disque vinyle n'était plus
utilisé. Eh bien, il semble faire un retour en force...
Ce mouvement intéressant, mené par El Espectador et soutenu par certains médias et quelques
journalistes, comme José Fernández Gómez du Noticiero Nacional, a même été critiqué à certaines
occasions par des personnes du journal El Espacio, qui voyaient dans cette initiative une critique
sérieuse de leur position de journalisme à sensation. À El Espectador, le chef de file de cette
tendance était Roberto Cadavid Misas, un chroniqueur qui signait sous le pseudonyme d'Argos. Il
était ingénieur, mais il connaissait très bien l'espagnol et avait un très large bagage culturel.
De plus, comme je l'ai mentionné, il y avait un journaliste et présentateur qui a servi de référence
dans l’emploi de la langue, José Fernández Gómez. D'un haut niveau idiomatique et culturel, il a
laissé pour l'histoire une réaction à l'ordre ministériel « d'interdire les adjectifs » (au lieu de
préciser que les adjectifs étaient interdits) dans les émissions journalistiques. Ce jour-là, Fernández
Gómez a commencé le journal télévisé en disant : « Noches. Venidos a las noticias ». Ce qui
pourrait se traduire en français par « Soirée, venus aux nouvelles » au lieu de « Bonne soirée,
bienvenus aux nouvelles » Les rires sur le plateau ont forcé une suspension momentanée de la
diffusion du journal télévisé, et la règle absurde a été immédiatement abandonnée.
Il a été proposé de suivre la ligne de gestion linguistique allouée par l'Espagne depuis des années,
qui défend culturellement l'usage de l'espagnol dans l'utilisation des signes et des lettres, dans le
matériel informatique et dans les chiffres ; dans les noms commerciaux et personnels, de sorte que
l'enregistrement de Maritza, Elizabeth ou John n'a pas été accepté, alors qu'ils pourraient être
Marisa, Isabel ou Juan ; et encore moins quand on va jusqu'à vouloir, par exemple, enregistrer des
noms en deux langues, comme John Jairo ; ou le même nom en deux langues, comme William
Guillermo.
En bref, il s'agit d'une défense sérieuse et fondée de l'identité culturelle, basée sur l'utilisation de
la langue. C'est pourquoi la campagne de promotion du respect et de l'attachement au bon usage
de la langue espagnole a commencé. Le changement a commencé à être remarqué, y compris chez
les commentateurs sportifs, si importants dans la diffusion de l'usage de la langue, qui
normalement cherchent des mots et ont leurs propres stratégies pour enrichir leur vocabulaire. Ils
sont imparfaits, bien sûr, mais ils sont essentiels à la diffusion, bonne ou mauvaise, des usages.
Alors que dans de nombreux pays d'Amérique latine, les termes anglais sont toujours utilisés, en
Colombie, le terme "corner" a été changé par "tiro de esquina", qui traduit en fait coin ; "fuera de
lugar", "falta"... au lieu de "off-side", "fault".
Aujourd'hui, nous revenons malheureusement à cette vieille habitude de fouiller dans d'autres
langues pour trouver des termes inutiles ; une "stratégie" séculaire pour paraître étranger, ou en
relation directe avec d'autres pays, ce qui est malheureusement important dans les pays d'Amérique
latine afin d'avoir plus de raisons d'être pris en compte. Mais, ça c’est une autre histoire.
Je mentionne le cas d'une personne à Socorro qui avait l'habitude de dire (je ne sais pas s'il le fait
encore) « |kompasdiks| ». Je lui demandais pourquoi, et il me répondait : "C'est parce que je préfère
le dire en anglais, parce que ce terme est en anglais". C'est une position générale : les gens préfèrent
mal prononcer l'anglais plutôt que d'essayer de le dire correctement en espagnol. Les gens préfèrent
dire, par exemple, |yimeilpuntokon|, gmail.com, plutôt que de dire |jemailpuntokom| et de terminer
par un eme bien prononcé.
Ici, en Colombie, on prononce |édsito|, éxito, |tátsi|, taxi, etc. On préfère les termes anglais, alors
qu'on ne prononce même pas bien l'espagnol, une langue qui, en plus de représenter un élément
clé de notre identité culturelle, est très belle.
Entrevista al comunicador social, candidato a doctor en filología hispánica, Puno Ardila Amaya,
realizada por Yaneth Camargo, el 28 de noviembre vía comunicación Whatsapp.
YC: En Colombia, ¿durante qué década se dio el fenómeno en el que los narradores de futbol
retornaron a la riqueza lingüística del castellano para erradicar términos como corner, off-side,
penalty, fault, etc.? ¿A qué obedeció este fenómeno?
PAA: “Fue en la época de los 80, cuando se dio un chispazo, una propuesta de retorno a la
identidad, que el colombiano realmente nunca ha tenido en forma. Se planteó un cambio, no solo
en el argot deportivo, sino en otros espacios. Por ejemplo, se venía hablando del LP, el “long play”,
el disco, y empezó a decirse eledé, por larga duración. El dato curioso es que la Academia terminó
aceptando ‘elepé’ cuando el disco de vinilo ya no se usaba. Bueno, parece que ahora vuelve…
Este movimiento interesante, liderado por El Espectador y apoyado por algunos medios y unos
cuantos periodistas, como José Fernández Gómez, del Noticiero Nacional, llegó incluso a ser
criticado en algunas oportunidades por gente del periódico El Espacio, que veía en esta iniciativa
una crítica seria a su postura amarillista. En El Espectador, quien lideraba esta tendencia era
Roberto Cadavid Misas, un columnista que firmaba con el seudónimo de Argos. Él era ingeniero,
pero conocía muy bien el idioma castellano y contaba con un bagaje cultural muy amplio.
También, como lo mencioné, había un periodista y presentador que servía de referente en el manejo
del idioma, José Fernández Gómez. De alto nivel idiomático y cultural, dejó para la historia una
reacción a la orden ministerial de “prohibir los adjetivos” (en vez de precisar que se prohibían los
calificativos) en las emisiones periodísticas. Ese día, Fernández Gómez comenzó el noticiero
diciendo: «Noches. Venidos a las noticias». Las risas en el set obligaron a suspender
momentáneamente la emisión del noticiero, y la absurda norma se cayó de inmediato.
Se ha planteado seguir la línea de manejo idiomático propuesta por España durante años, que
defiende culturalmente el uso del castellano en el manejo de los signos y las letras, en equipos de
cómputo y en los números; en nombres comerciales y personales, de modo que no se llegaba a
aceptar el registro de Maritza, Elizabeth o John, cuando podrían ser Marisa, Isabel o Juan; y menos
cuando se llega al extremo de, por ejemplo, querer registrar nombres en dos idiomas, como John
Jairo; o el mismo nombre en dos idiomas, como William Guillermo.
En fin, se trata de una defensa seria y fundamentada de la identidad cultural, a partir del manejo
del idioma. Por ello, se empezó con la campaña para promover respeto y apego por el buen manejo
del idioma castellano, y empezó a notarse el cambio, incluidos los narradores deportivos, tan
importantes en la divulgación del uso de la lengua, que normalmente rebuscan palabras y tienen
sus estrategias para enriquecer su vocabulario. Tienen fallas, por supuesto, pero son clave en la
divulgación, buena o mala, del uso. Mientras en muchos países latinoamericanos todavía se usan
los términos en inglés, en Colombia se cambió “corner” por ‘tiro de esquina’, que realmente
traduce esquina; ‘fuera de lugar’, ‘falta’… en vez de “off-side”, “fault”.
Hoy lamentablemente estamos retornando a ese viejo hábito de rebuscar en otros idiomas términos
innecesarios; una “estrategia” secular de parecer extranjero, o en relación directa con otros países,
algo lamentablemente importante en los países de Latinoamérica para contar con más razones para
ser tenidos en cuenta. Pero esto es tema de otra conversación.
Menciono el caso de una persona del Socorro que decía (no sé si todavía lo hace) “|kompasdiks|”.
Yo le preguntaba el porqué, y esa persona me decía, “es que yo mejor lo digo en inglés, porque
ese término es en inglés”. Esa es una posición general: se prefiere pronunciar mal el inglés que
intentar decirlo bien en castellano. Se prefiere decir, por ejemplo, |yimeilpuntokon|, gmail.com en
vez de decir |jemailpuntokom| y terminar con la eme bien pronunciada.
Aquí, en Colombia, se pronuncia |édsito|, éxito, |tátsi|, taxi, y cosas así. Se prefieren términos en
inglés, cuando ni siquiera se pronuncia bien el castellano, un idioma que, además de representar
un elemento clave en nuestra identidad cultural, es muy bonito.
Puno Ardila Amaya, comunicador social, especialista en educación para cultura. Candidato a
doctor en filología hispánica. Editor y jefe de publicaciones de la Universidad
Industrial de Santander.
ANNEXE 2
ANNEXE 3
ANNEXE 4